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Introduction
1. Présentation du problème
1
B. N. Tatakis, La philosophie byzantine, in E. Bréhier, Histoire de la
philosophie, fasc. 2, Paris, 1949.
2
Alain de Libera, La philosophie médiévale, Paris, 1995, p. 9.
XII G. ARABATZIS
3
Sur la philosophie byzantine comme aventure moderne cf. Katerina
Ierodiakonou, « Byzantine philosophy revisited (a decade after) », The Many
Faces of Byzantine Philosophy, éds. K. Ierodiakonou et B. Bydén, Athènes, The
Norwegian Institute at Athens, 2012, p. 1-21; Michele Trizio, « Byzantine
Philosophy as a Contemporary Historiographical Project », Recherche de théologie
et philosophie médiévales, 74/1, 2007, p. 247-294.
4
Ernst Bloch, Subjekt-Objekt. Erläuterungen zu Hegel, Francfort, 1971, p. 12.
INTRODUCTION XIII
5
José Ortega y Gasset, Hegel y América, El espectador VII (1930), in Obras
completas, Madrid, Revista de Occidente, 1963, vol. II, pp. 563-570.
6
G. W. F. Hegel, Leçons sur la philosophie de l’histoire, trad. par J. Gibelin,
Paris, 1987, p. 259-262.
XIV G. ARABATZIS
7
Hegel avait lu les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et
de leur décadence (Amsterdam, 1776); cf. Dominique Janicaud, Hegel et le destin
de la Grèce, Paris, 1975, p. 231.
8
Edward Gibbon, The History of the Decline and Fall of the Roman Empire, 3
vols., éd. D. Womersley, Londres, 1994, p. 1068.
9
D. Zakythinos, « Le monde de Byzance dans la pensée historique de l’Europe à
partir du XVIIe siècle, 1. Du romantisme au nationalisme », Byzance: État-
Société-Économie, Londres, Variorum Reprints, 1973, p. 41-47 et 89-96.
10
Hegel, Leçons sur l'Histoire de la Philosophie, t. 6, La philosophie moderne,
trad. P. Garniron, Paris, 1985, p. 1453; la formulation un peu différente dans la
lettre 50 de Spinoza à Jelles datée du 2 juin 1674 (cf. Spinoza, Oeuvres complètes,
Paris, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1954, p. 1231).
INTRODUCTION XV
11
Hegel, La raison dans l'histoire (Introduction aux Leçons sur la philosophie de
l'histoire), traduit par K. Papaioannou, Paris, 1965.
12
Leçons sur la philosophie de l’histoire, op. cit., p. 33.
XVI G. ARABATZIS
quel objectif sert, donc, « l’édifice caduc »13 de Byzance, selon les
termes propres de Hegel?
Une autre analyse de Hegel nous sera utile dans notre étude sur
Byzance, est celle qui concerne la dialectique du maître et de
l’esclave (ou serviteur), tirée de la Phénoménologie de l’esprit14.
Comme on vient de le dire, l’homme est désir, mais ce désir ne
s’identifie pas à l’instinct animal et sa satisfaction ne peut pas être
une satisfaction animale. Ce que l’homme désire, avant tout, est la
reconnaissance de son désir par l’autre, c’est-à-dire que son désir soit
désiré – donc, le désir humain est le désir du désir. L’idéal serait la
reconnaissance générale de tout désir par tout désir et cela aboutirait,
plus ou moins, à la fin de l’histoire. Entretemps, on a la guerre de
tous contre tous et le trophée de cette guerre est la plus grande
reconnaissance possible. Mais dans ce combat, nous ne sommes pas
tous égaux. La guerre signifie l’auto-dépassement de l’instinct
(même de celui de survie), c’est-à-dire que la guerre entraîne la
possibilité d’une mort violente. La guerre signifie, donc, le risque et
le danger. Certains affrontent le risque de la mort sans faire pas
arrière : ce sont les maîtres. D’autres reculent devant le danger et
deviennent des esclaves. Le maître parvient à la reconnaissance,
mais, hélas, sa reconnaissance provient d’un esclave et donc n’a pas
de valeur intrinsèque : ainsi le maître est malheureux. L’esclave est
malheureux aussi, mais il possède un avantage par rapport au maître,
qui n’est que le travail qui lui offre la possibilité de dominer la
nature et, plus tard, de dominer le maître lui-même.
À l’évolution de la réalité des désirs correspond une évolution
dans la représentation des antagonismes ou, autrement, une évolution
dans l’idéologie. Dans le monde antique, la guerre généralisée entre
maîtres règne. Dans le monde romain qui s’ensuit, on constate une
intériorisation des antagonismes dans les philosophies du stoïcisme
et du scepticisme et, par la suite, dans le christianisme. Ce dernier
marque le dépassement de la guerre grâce au commandement de
l’amour, bien qu’au seul niveau imaginaire, c’est-à-dire de manière
abstraite. La pensée germanique viendra concrétiser le caractère
13
Ibid., p. 262.
14
G.W.F. Hegel, La phénoménologie de l’esprit (1806-1807), vol.1, trad.
J. Hyppolite, Paris, 1941, p. 161-162.
INTRODUCTION XVII
15
Leçons sur la philosophie de l’histoire, op. cit., p. 262.
16
Leçons sur la philosophie de l’histoire, ibid., p. 259.
17
Leçons sur la philosophie de l’histoire, ibid., p. 261.
XVIII G. ARABATZIS
18
Alexandre Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, Paris, 1947.
19
Gwendoline Jarczyk et Pierre-Jean Labarrière, « The Conceptualizing
Thought », The Philosophical Forum, 31/3-4, 2000, p. 203-215.
20
Cf. Dominique Aufret, Alexandre Kojève. La philosophie, l’état, la fin de
l’histoire, Paris, 1990, p. 249.
21
Leçons sur l'Histoire de la Philosophie, vol. 5, La philosophie du Moyen Âge,
trad. P. Garniron, Paris, 1978, p. 1139.
22
L’idée de cet établissement avec l’aide de Pléthon est née d’une remarque de
Marsil Ficin (cf. Ficin, Opera Omnia, II, Bâle, 1576, p. 1537) ; la réalité de cette
contribution pléthonienne a été récemment contestée; cf. J. Hankins, « The Myth
of the Platonic Academy of Florence », Renaissance Quarterly, 44/3, 1991, p. 429-
475.
XX G. ARABATZIS
23
Hegel, Leçons sur l'Histoire de la Philosophie, « Introduction : système et
histoire de la philosophie », t. II, trad. J. Gibelin, Paris, 1954, p. 56-58.
24
R. Klibansky, The Continuity of the Platonic Tradition during the Middle Ages –
Plato’s Parmenides in the Middle Ages and the Renaissance, Millwood NY, 1981,
p. 13-81, spécialement p. 19-21.
INTRODUCTION XXI
30
Bessarion, In calumniatorem Platonis, cité et trad. en anglais par R. Klibansky
dans son Plato’s Parmenides in the Middle Ages and the Renaissance, op. cit., p.
310-311.
31
Cf. Robert Stern, « Hegel’s Doppelsatz: A Neutral Reading », Journal of the
History of Philosophy, 44/2, 2006, p. 235-266; cf., aussi, M.W. Jackson, « Hegel:
The Real and the Rational », in: The Hegel Myths and Legends, Jon Stewart éd.,
Evanston, 1996, p. 19-21.
INTRODUCTION XXIII
36
F.W.J. Schelling, Vorlesungen uber die Methode des akademischen Studiums.
Hamburg, 1990.
XXVI G. ARABATZIS
Dans le présent volume, nous avons pris soin d’insister sur l’idée de
la modernité de la pensée byzantine. Dans ce but, nous avons
largement écarté la part de l’histoire de philosophie qui
naturellement occupe la place hégémonique dans des éditions
similaires. En effet, nous avons donné une priorité au découpage
moderniste des sciences et au travail comparatif. Ce volume
comprend, ainsi, une série d’études centrées sur la critique de
l’actualité de la philosophie byzantine. Il y a des articles qui traitent
de la question de l’héritage néoplatonique, double (Pelegrinis) ou
ambigü (Mantzanas), de la philosophie comparative (Nicolaou-
Patraghas, Papaioannou, Steiris), du langage philosophique
(Popovic), de l’éthico-esthétique (Arabatzis, Tounta), de l’onto-
théologie (Magoulas), de la philosophie sociale (Vassilikou), de
l’épistémologie (Couvalis). Les collaborateurs de ce volume, donc,
ont l’espoir de contribuer par leurs travaux à la mise en place
supplémentaire d’une philosophie nouvelle de la pensée byzantine.
Georges Arabatzis
Université d’Athènes