L

L’un des nombreux avantages du béton autoplaçant (BAP) est que sa mise en place demande bien moins de main-d’œuvre et
engendre moins de nuisances vibratoires et sonores. Cependant, nombreux encore sont ceux qui éprouvent des difficultés à
mettre en œuvre des éléments en BAP. L’objectif de cet article est d’attirer votre attention sur certains aspects dont il convient
de tenir compte (propriétés mécaniques du béton durci, p. ex.).

CT Gros œuvre
Béton autoplaçant :
recommandations pour la mise en œuvre
✍✍ P. Van Itterbeeck, dr.-ir. arch., chef de projet, laboratoire Structures, CSTC
V. Dieryck, ir., chef adjoint du laboratoire Technologie du béton, CSTC

Cet article a été rédigé dans le cadre de la Guidance technologique NeoCrete ‘Nouveaux bétons spéciaux’ subsidiée par la Région wallonne.

La parution de la nouvelle norme d’exécu- fabrication d’éléments trop fortement armés

tion NBN EN 13670 en 2010 et du projet de
son annexe belge au printemps 2012 a permis
d’éclaircir certains aspects liés à la mise en
œuvre. Cette norme constitue, avec diverses
directives européennes et internationales, une
base pour la mise en œuvre correcte d’élé-
ments en BAP.
Un BAP est un béton qui se compacte sous son
propre poids, remplit les moindres recoins du
coffrage et s’écoule sans effort à travers une
armature dense. Ces atouts font de lui une
sorte de béton intéressante, pouvant faire une
grande différence sur chantier. Toutefois, sa
mise en œuvre diffère en certains points de
celle d’un béton vibré traditionnel et requiert,
par conséquent, toute l’attention nécessaire.
Apparu dans les années 80, le BAP connait
depuis lors un succès grandissant dans le
monde entier. Dans nos contrées, il se ren-
contre principalement dans le secteur du pré-
fabriqué. Sur chantier, l’utilisation d’un BAP
prêt à l’emploi se fait encore attendre. En
effet, ce dernier est seulement utilisé pour la
Fig. 1 Un BAP constitue la solution idéale pour des
éléments de structure fortement armés.
et/ou de forme trop complexe que pour être
fabriqués avec un béton vibré traditionnel. Le
coût important est souvent désigné comme un
obstacle à une plus large application du maté-
riau (en plus de l’étanchéité du coffrage, d’une
connaissance insuffisante, ...). Pour dresser
un état des lieux des avantages sociaux, tech-
niques et économiques d’un BAP, il convient
de considérer différentes facettes. Ainsi, bien
que le coût du matériau de base et du coffrage
soit important, il convient par exemple de
prendre en compte la mise en place rapide du
béton, le gain possible de main-d’œuvre, les
coûts de finition moins élevés et la limitation
des nuisances vibratoires et sonores.
Dans cet article, nous nous intéresserons tout
d’abord à la mise en œuvre correcte d’un BAP.
Nous passerons ensuite en revue les exigences
relatives au coffrage ainsi que les points
importants pour la mise en place du béton.
Enfin, nous consacrerons notre attention aux
performances mécaniques du BAP durci.
1 EXIGENCES RELATIVES AU COFFRAGE
L’étanchéité du coffrage doit être parfaitement
assurée en raison de l’extrême fluidité du BAP.
Ceci ressort également d’un sondage effectué
auprès des professionnels. En effet, le moindre
interstice peut entraîner une infiltration aux
conséquences néfastes pour l’élément réalisé
(formation de nid de gravier, diminution de
la résistance à la compression et de la durabi-
lité, ...). Les joints, les trous de brelage et autres
doivent dès lors être conçus de la manière la
plus étanche possible (au moyen de joints de
mastic, p. ex.). Par ailleurs, il convient égale-
ment de veiller à ce que les éléments légers
présents dans le coffrage (certains éléments du
chauffage par le sol, p. ex.) ne remontent pas
à la surface.
Fig. 2 La mise en place d’un BAP demande
beaucoup moins de main-d’œuvre.
Si l’on exécute un béton apparent avec un
BAP, le coffrage doit être en parfait état afin
d’éviter les irrégularités ou les saletés dans le
béton fini. A l’instar du béton vibré tradition-
nel, le choix du type d’huile de décoffrage est
très important pour, entre autres, limiter la for-
mation de bulles d’air.
Puisque l’utilisation du BAP accélère la mise
en place du béton, la vitesse de bétonnage peut
être augmentée. Toutefois, cette accélération,
combinée à d’autres facteurs (les propriétés
du béton frais, la forme et les dimensions du
coffrage, p. ex.), peut engendrer dans le cof-
frage une pression nettement supérieure à celle
du béton vibré traditionnel et pouvant même
atteindre des pressions hydrostatiques. Par
sécurité, de nombreux documents [1, 5, 11]
recommandent dès lors de concevoir le coffrage
en considérant aussi des pressions hydrosta-
tiques. La norme allemande DIN 18218 [4]
propose néanmoins des méthodes de calcul
permettant de calculer plus précisément les
pressions en fonction de différents facteurs tels
que la vitesse de remplissage, le temps de prise
et la température du béton.

Les Dossiers du CSTC 2012/3.4 | 1


Hypothèses :
• Masse volumique d’un béton frais : 25 kN/m³
• Temps de prise (tE) du béton : 5 h
• Coffrage étanche
• Serrage du béton vibré traditionnel à l’aiguille
vibrante (interne)
• Température du béton frais : +15 °C
160
Pression σhk,max exercée par le béton frais [kN/m²]
BA
140
120
100
80
60
Bé
40 n vib
Béto
20
0 0,0
0 1 2 3
Vitesse d’ascension [m/h]
fig 2
Fig. 3 Exemple de calcul de la pression engendrée dans le coffrage et des hauteurs de pression hydro-
statique selon la norme allemande DIN 18218.
Un tel calcul est illustré à la figure 3. On
considère une paroi de 6 m de haut, cou-
lée avec un béton dont la masse volumique
fraîche est de 25 kN/m3, un temps de prise de
5 heures, une température du béton frais de
+ 15 °C et pour lequel une vitesse d’ascension
de 3 m/h est utilisée. Nous constatons que la
hauteur de pression hydrostatique d’un béton
vibré traditionnel de classe de consistance F3
(étalement 420 - 480 mm) est de 2,4 m (avec
une pression maximale de 60 kN/m² (*))
tandis que celle d’un BAP est de 5 m (avec
une pression maximale de 124 kN/m² (*)),
laquelle est beaucoup plus importante que ce
Tableau Méthode de mise en œuvre d’un BAP
Méthode
Remplissage classique par la
partie supérieure du coffrage
CT Gros œuvre
Immersion d’un tube plongeur Un ferraillage dense et/ou
par la partie supérieure du un coffrage étroit nécessitent
coffrage une attention particulière
Remplissage du coffrage par Cette méthode permet
la partie inférieure du cof- d’éviter de faire chuter le
frage au moyen d’une pompe béton dans le coffrage
(*) Il ne s’agit pas d’une valeur de calcul (c.-à-d. sans facteur de sécurité), mais d’une valeur caractéristique. La norme allemande DIN 18218 fixe ce facteur de
sécurité à 1,5. Les pressions exercées doivent, par conséquent, être toujours multipliées par ce facteur. La norme EN 12812 mentionne en outre que cette charge
doit être combinée avec une action courante du vent de 200 N/m².
2 | Les Dossiers du CSTC 2012/3.4
Toutes les directives européennes et internatio-
nales s’accordent sur le fait qu’il faut au moins
prendre en compte les pressions hydrosta-
hs
tiques lors du pompage par la partie inférieure
1 hE du coffrage (cf. plus loin).
h
2 POINTS IMPORTANTS LORS DE LA
2 MISE EN ŒUVRE
σmax σmax,hydr
6,4 A la réception du BAP sur le chantier, il
convient de vérifier si le béton livré corres-
P
4 5,6 1 : béton frais pond au béton prescrit. Outre la vérification du
Hauteur de pression hydrostatique hs [m]
l,F 2 : béton durci bon de livraison, le contrôle de qualité consiste
n ne h : hauteur totale du béton
itio 3 4,8 également de préférence en une vérification
tra
d
e l, F hs : hauteur de pression hydrostatique
nn hE : hauteur du béton frais (hE = v.tE) de la consistance (classe SF). En fonction du
ré tio
vib radi 4,0 tE : temps de prise domaine d’application du BAP et des exi-
o n t
é t r é F 2 v : vitesse de coulée gences spécifiques supplémentaires qui lui ont
B vib l,
ne σmax : pression maximale du béton frais
ton ion 3,2 été imposées (en matière de viscosité, p. ex.), il
é r a dit σmax,hydr : pression hydrostatique
B t
i b ré convient éventuellement d’effectuer quelques
v
ton 2,4
essais supplémentaires avec du béton frais
nel,
F1
t r a dition sur un nombre limité d’échantillons (écoule-
ré
1,6
ment à l’entonnoir en V ou boîte en L, p. ex.).
Néanmoins, un contrôle visuel durant la mise
0,8
en œuvre du BAP est toujours indispensable
afin de détecter à temps toute ségrégation (le
4 5 6 7 mélange n’est plus homogène) ou tout slump
flow insuffisant.
Un autre point important à souligner pour le
BAP est sa perte d’ouvrabilité. A la fin du
bétonnage, le béton doit en effet être encore
suffisamment fluide pour conserver ses pro-
priétés autoplaçantes. En outre, le BAP ne peut
que peut supporter un coffrage moyen. Il est absolument pas être vibré étant donné que le
évident que l’utilisation de cette norme alle- serrage peut entraîner la ségrégation du béton.
mande implique certains risques en raison des A l’instar du béton vibré traditionnel, l’ajout
nombreuses hypothèses faites lors du calcul. d’eau pour rendre le béton plus facile à travail-
En d’autres termes, un suivi rigoureux sur le ler est interdit.
chantier est indispensable. En outre un moni-
toring des pressions du coffrage est également La mise en place d’un BAP dans une paroi
conseillé pour pouvoir intervenir à temps et peut se faire en utilisant une des méthodes pré-
effectuer les adaptations nécessaires. Dans sentées dans le tableau ci-dessous.
cet exemple spécifique, l’hypothèse offrant
le plus de marge de sécurité est de considé- Le remplissage classique par la partie supé-
rer une hauteur de pression hydrostatique sur rieure du coffrage à l’aide, par exemple, d’une
toute la hauteur (mur de 6 m : pression maxi- goulotte de déversement peut se dérouler de la
male de 150 kN/m² (*)). même manière que pour un béton vibré tradi-
Remarque Spécificités
Risque de ségrégation Réduire la hauteur de chute à 1 m (comme pour le béton vibré traditionnel)
• le tube doit être choisi en fonction de la densité de l’armature, le coffrage et le
mélange de BAP
• la composition du BAP doit être adaptée à la pression de la pompe
• le coffrage doit être adapté
• il se peut que la pression exercée sur le coffrage dépasse la pression hydrostatique
• la composition du BAP doit être adaptée à la pression de la pompe
• les livraisons de béton doivent être bien planifiées

Fig. 4 Remplissage d’un coffrage de voile avec un
BAP au moyen d’un système de tube par la partie
supérieure du coffrage (durant la mise en œuvre
d’essais à grande échelle au sein du laboratoire
Structures du CSTC).
tionnel. Le principal inconvénient de ce mode
de mise en œuvre est qu’il a tendance à aggra-
ver les phénomènes de ségrégation du béton ou
même à les générer. Le projet d’annexe natio-
nale de la norme NBN EN 13670 conseille de
réduire la hauteur de chute à 1 m (comme pour
le béton vibré traditionnel). Il est néanmoins
conseillé de contrôler attentivement le béton-
nage du béton et d’agir à temps lorsque les
premiers signes de ségrégation apparaissent.
La formation d’une couche manifestement
dépourvue de granulats grossiers sur la par-
tie supérieure du béton et l’apparition d’une
grande quantité de bulles d’air à la surface du
béton constituent les caractéristiques typiques
de ségrégation.
L’introduction d’un tube plongeur par la partie
supérieure du coffrage constitue une deuxième
méthode de mise en œuvre (cf. figure 4). Le
tube est introduit dans le fond du coffrage et
remonté au fur et à mesure du remplissage,
ce qui limite la hauteur de chute du béton. En
présence d’une importante densité d’arma-
ture et/ou d’un coffrage étroit, il convient de
réduire le diamètre du tuyau tout en gardant
à l’esprit que ce dernier doit encore pouvoir
pomper le BAP. Dans ce cas, la valeur Dmax
et la viscosité du mélange du béton jouent un
rôle déterminant.
Une dernière méthode de mise en place, spé-
cifique au BAP, est le remplissage par la partie
inférieure du coffrage à l’aide d’une pompe
(cf. figure 5). Cette méthode permet également
d’éviter la chute du béton dans le coffrage. Si
on opte pour cette méthode, il convient d’adap-
ter le coffrage et, lors de la conception de ce
dernier, d’au minimum prendre en compte les
pressions hydrostatiques. La pression exercée
par le béton peut même monter plus haut à l’en-
droit d’injection du béton (en bas du coffrage)
à la suite de l’effet dynamique du pompage.
Il est évident que cette méthode requiert un
planning de chantier rigoureux permettant de
suivre les livraisons de béton. Lors du pompage
par la partie inférieure du coffrage, il convient
évidemment d’équiper le point d’injection d’un
système de fermeture efficace afin de permettre
la déconnexion du tuyau.
Pour toutes les méthodes de mise en œuvre
dans lesquelles le BAP est pompé, il convient
de porter une attention particulière à la compo-
sition de mélange. En effet, cette dernière doit
toujours être adaptée à la pression de la pompe
exercée ou attendue afin d’éviter la ségréga-
tion du béton et/ou le bouchage des tuyaux.
Il est d’ailleurs préférable de mentionner lors
de la commande à la centrale de béton que le
BAP est destiné à être pompé. La pression de
pompage constitue un autre point important.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce
type de béton (qui est quand même très fluide)
nécessite parfois une pression de la pompe
plus importante que pour un béton vibré tra-
ditionnel. Cette constatation a été observée sur
quelques compositions de BAP lors d’essais
au laboratoire Magnel de l’UGent. A l’heure
actuelle, il y a lieu de confirmer s’il s’agit d’un
phénomène s’appliquant à tous les mélanges
BAP.
Quelle que soit la méthode retenue pour mettre
en place un BAP, il convient de limiter le che-
minement horizontal dans le coffrage. La lon-
gueur maximale acceptable est toujours fonc-
tion de la capacité du BAP utilisé à se déplacer
dans le coffrage tout en conservant son homo-
généité. Plus la distance de cheminement est
longue, plus le béton est susceptible de mani-
fester de la ségrégation dynamique (c.-à-d. qui
apparaît à la suite du mouvement du béton).
Cette dernière se manifeste en une couche de
pâte qui se déplace avant le reste du béton. La
norme NBN EN 13670 ainsi que son annexe
nationale ne précisent aucune valeur maximale
pour le cheminement horizontal. Certaines
Fig. 5 Remplissage d’un coffrage de voile grâce au pompage d’un BAP par la partie inférieure du cof-
frage (durant la mise en œuvre des essais à grande échelle réalisés au Laboratoire Magnel de l’UGent).
directives européennes et internationales [3,
13] recommandent des distances de 5 à 10 m.
Etant donné que le BAP ne peut être vibré, il
convient de veiller à ce qu’aucune grosse bulle
d’air ne soit piégée lors du remplissage du cof-
CT Gros œuvre
frage. Certains documents de référence [11]
conseillent d’ailleurs de réduire la vitesse de
remplissage. Il convient – surtout pour les pro-
jets de grande envergure – de bien faire suivre
les livraisons de béton afin d’éviter tout joint
de reprise visible.
A l’instar du béton vibré traditionnel, la cure
du BAP requiert également une attention par-
ticulière pour, notamment, éviter toute fissura-
tion à la suite d’un retrait plastique.
3 PROPRIÉTÉS DU BÉTON DURCI
Les grandes différences de composition
(teneur en pâte plus élevée et utilisation
de fillers, notamment) suscitent souvent la
crainte que les propriétés d’un BAP durci
puissent différer fortement de celles d’un
béton vibré traditionnel durci. C’est la raison
pour laquelle le CSTC a mené, en collabora-
tion avec la KU Leuven, une étude de grande
envergure consacrée à ce thème. Dans ce
cadre, huit mélanges BAP ont été analysés.
On a principalement étudié l’influence de la
teneur en poudre, du type de filler, du E/C, ...
sur les performances mécaniques du BAP [9].
Nous donnons ci-dessous un aperçu des prin-
cipaux résultats des essais concernant la résis-
tance à la compression, le module d’élasticité
(module E) et le retrait du BAP.
La résistance à la compression est souvent le
seul paramètre mesuré et est le plus courant
dans le monde du béton. Par conséquent, les
normes internationales pour le calcul des struc-
tures en béton expriment de nombreuses autres
propriétés mécaniques – dont la résistance à
la traction et le module d’élasticité – en fonc-
tion de ce paramètre. C’est également le cas
de la norme NBN EN 1992 (Eurocode 2) qui
reprend la classification du béton uniquement
Les Dossiers du CSTC 2012/3.4 | 3
 1,1
1,0
fcm, cylindre/fcm,cube
0,9
0,8
0,7
0,6
20
Fig. 6 Le facteur de conversion de la norme NBN EN 206-1 semble légèrement sous-estimer la résistance à la compression du BAP.
sur la base de la résistance à la compression
de la norme européenne NBN EN 206-1 [2].
Dans cette norme, différentes classes de résis-
tance à la compression sont définies en fonc-
tion de celle que présente le béton lorsqu’il est
âgé de 28 jours (résistance à la compression
mesurée sur des cubes de 150 mm de côtés
et des cylindres de 150 mm de diamètre et de
300 mm de hauteur).
La figure 6 représente graphiquement les
facteurs de conversion expérimentaux obte-
nus avec les facteurs que l’on retrouve dans
la littérature scientifique (17 compositions
de mélange au total). Ces valeurs sont égale-
ment comparées aux facteurs de conversion
de la norme NBN EN 206-1. Il ressort de
la figure que pas moins de 95 % des résul-
tats se trouvent au-dessus de la courbe de la
norme NBN EN 206-1 et, en outre, que 30 %
des résultats se situent au-dessus de la limite
supérieure de la dispersion attendue [7]. En
moyenne, on peut donc supposer qu’un fac-
teur de conversion légèrement plus élevé s’ap-
plique au BAP. Quelques autres publications
ont récemment confirmé cette constatation [8].
Cela ne signifie cependant pas que la norme
NBN EN 206-1 n’est plus applicable pour le
60
55
50
45
CT Gros œuvre
Ecm [GPa]
40
35
30
25
20
15
20
Fig. 7 L’Eurocode 2 peut correctement prédire les résultats du module d’élasticité.
4 | Les Dossiers du CSTC 2012/3.4
The first CEB International
Recommendations 1964
40 60 80 100
fcm,cube
BAP. Au contraire, l’utilisation de cette clas-
sification permettra toujours une sous-estima-
tion sans risque de la résistance à la compres-
sion du cylindre. Le seul inconvénient est que
le potentiel du matériau ne soit éventuellement
pas mis à profit.
On suppose souvent dans la littérature scien-
tifique que le module d’élasticité du BAP est
inférieur à celui du béton vibré traditionnel.
En effet, pour atteindre son caractère autopla-
çant, le BAP comporte une grande quantité
de pâte et moins de granulats grossiers [10,
12]. Toutefois, cette affirmation semble dif-
ficile à confirmer avec les résultats des essais
du CSTC et ceux publiés dans la littérature
scientifique (cf. figure 7). En effet, aucune
différence significative n’a pu être constatée
que ce soit pour des résistances à la compres-
sion faibles ou hautes. Tous les résultats –
tant pour le béton vibré traditionnel que pour
le BAP – se trouvent dans la même gamme
de valeurs. En outre, si on tient compte des
variations du module d’élasticité du béton
vibré traditionnel [6] – estimé à 30 % de la
moyenne (0,70 Ecm à 1,30 Ecm) –, tous les
résultats des mélanges BAP se situent dans
cette marge.
1,30 x Ecm
0,70 x Ecm
0,3
 fcm, cube 
Ecm = 22.  0,8.
 10 
30 40 50 60 70 80 90 100
Fcm, cube [MPa]
BAP : résultats exprimés dans
la littérature scientifique
BAP : résultats CSTC
EN 206-1 (EC2)
120
Outre le module d’élasticité, la littérature
scientifique considère également que le
retrait constitue un point important pour le
BAP. La figure 8 (p. 5) donne un aperçu des
résultats des essais du CSTC en fonction des
prédictions de l’Eurocode 2. Ces résultats
démontrent que cette norme prédit correcte-
ment le retrait total pour les mélanges BAP
étudiés, surtout si la dispersion attendue de
30 % reconnue pour le béton vibré tradition-
nel est prise en compte (cf. Eurocode 2). Une
analyse approfondie des résultats montre que
les paramètres des matériaux (type de fillers,
rapport ciment/poudre et teneur en poudre)
peuvent fortement influencer le retrait total
attendu. Si ce dernier constitue un éventuel
point important pour une application parti-
culière, il convient de bien choisir, comme
pour un béton vibré traditionnel, le mélange
en jouant notamment sur les paramètres sus-
mentionnés.
Les résultats de la recherche du CSTC,
menée en collaboration avec la KU Leuven,
indiquent que les performances mécaniques
du BAP (pour les propriétés étudiées, dont la
résistance en traction, le module d’élasticité,
l’adhérence des barres d’armature, la résis-
Eurocode 2
BAP : littérature scientifique
BAP : recherche CSTC
Béton vibré traditionnel
110
tance aux efforts tranchants, ...) sont en de outre, la RILEM publiera en hiver 2013 le CSTC servira certainement de base de discus-
nombreux points comparables, voire même State-of-the art report relatif aux propriétés sion au sein du Comité chargé de la rédaction
meilleurs que le béton vibré traditionnel. En mécaniques du BAP. La recherche menée au de ce rapport. n

CT Gros œuvre
700
Prédictions sécuritaires de l’Eurocode 2
 % e2
30 od
+ c
600 Euro M1
Prédictions de l’Eurocode 2 [µm/m]

M2
500
M3
0  %
-3 M4
400
M5

300 M6

M7
200
M8

100

Prédictions non sécuritaires de l’Eurocode 2

0
0 100 200 300 400 500 600 700
Retrait total mesuré expérimentalement [µm/m]

Fig. 8 Retrait total mesuré expérimentalement de huit types de BAP en comparaison avec les prédictions de l’Eurocode 2.

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Recommandations pour l’emploi des bétons auto-plaçants. Paris, AFGC, 2008.
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Les Dossiers du CSTC 2012/3.4 | 5