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L'affaire Dreyfus est une grave affaire politique, militaire et religieuse qui divise
profondément la France entre 1894 et 1906.
Dreyfus s'est toujours déclaré innocent ; aussi sa famille, soutenue par des hommes
politiques et par des journalistes, dévoile les anomalies du procès et demande sa
réouverture. En effet en 1896, le colonel Picquart a découvert que l'auteur de la fuite au
profit de l'Allemagne est le commandant Esterhazy. L'armée refuse de se déjuger et
refuse l'ouverture d'un nouveau procès. En janvier 1898, par son texte
manifeste J'accuse publié dans le journal L'Aurore (dirigé par Georges Clemenceau),
l'écrivain Émile Zola porte l'affaire Dreyfus devant l'opinion publique. Il est condamné à
un an de prison par une cour d'assises. La France se divise alors en deux camps qui
s'affrontent violemment : les Dreyfusards partisans de l'ouverture d'un nouveau procès et
les anti-dreyfusards qui n'en veulent pas afin de ne pas affaiblir l'armée française.
En 1899, à Rennes, un nouveau procès déclare Dreyfus coupable mais avec des
circonstances atténuantes. Dreyfus est condamné à dix ans de détention. Dreyfus accepte
alors de la grâce du président de la République car il sait qu'il ne tiendra pas 10 ans en
prison et qu'il veut revoir sa famille, mais il est toujours considéré comme coupable (la
grâce ne modifie pas le jugement mais seulement la peine).
Sommaire
1 La condamnation de Dreyfus
4 La révision du procès
5 La réhabilitation de Dreyfus
6 Conséquences de l'affaire Dreyfus
La condamnation de Dreyfus
Le 15 octobre 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, affecté à l'État-Major de l'armée de
terre, est arrêté sur ordre du ministre de la Guerre. Il est soupçonné d'avoir communiqué
des secrets militaires par une lettre adressée à l'ambassade d'Allemagne à Paris.
L'accusation est basée sur la ressemblance de l'écriture entre l'auteur de la lettre et celle
de Dreyfus. Dreyfus est passible du conseil de guerre. L'instruction du dossier est faite
par un officier le général Paty de Clam. Pendant toute l'instruction, comme pendant son
procès, Alfred Dreyfus clame son innocence.
En décembre 1894, pendant le procès un dossier secret établi par le commandant Henry
est fourni au conseil de guerre. Il contient des « preuves » de la trahison de Dreyfus.
L'accusé n'a pas accès au contenu du dossier. Après un procès à huis clos , le 22
décembre 1894, le conseil de guerre (uniquement composé de militaires) déclare
Dreyfus coupable d'espionnage et d'avoir fourni des renseignements militaires à
l'Allemagne, qui est alors considérée comme notre ennemie puisqu'elle est la pièce
essentielle de la Triple Alliance dirigée contre la France. Dreyfus est condamné à la
dégradation militaire et à la déportation perpétuelle au bagne de l'île du Diable (Guyane)
où il est transféré au début de 1895.
Le 13 janvier 1898, en première page du quotidien parisien L'Aurore, dirigé par Georges
Clemenceau, paraît le manifeste « J'accuse », lettre ouverte au président de la
République, dans lequel l'écrivain Émile Zola attaque l'État-major qui avait fait
condamner un innocent (Dreyfus) et acquitté un coupable (Esterhazy) et demande la
réouverture du procès.
Poursuivi pour diffamation, Zola est traduit devant une cour d'assises qui le 23 février
1898, le condamne à la peine maximum (soit un an de prison ferme), à 3000 francs
d'amende (somme considérable à l'époque) et exclu de l'ordre de la Légion d'honneur.
La révision du procès
En août 1898, le lieutenant-colonel Henry reconnait avoir falsifié une partie du dossier
secret transmis au premier conseil de guerre qui avait condamné Dreyfus. Henry se
suicide le 30 août ... De nombreux chefs de l'armée française mis en cause doivent
démissionner. L'agitation est à son comble : au cours d'une visite à Auteuil, Émile
Loubet, le président de la République, est agressé à coup de canne. Le gouvernement
Waldeck-Rousseau, de Défense républicaine, décide la révision du procès Dreyfus et
traduit les chefs nationalistes devant la Haute-Cour.
La réhabilitation de Dreyfus
En 1904, on met à jour de nouvelles preuves innocentant Dreyfus. Celui-ci demande la
révision du procès de 1899.
Le procès est rouvert devant la cour de cassation qui casse le jugement de Rennes, et
sans renvoyer le procès devant une autre cour, décide elle-même que Dreyfus est
innocent. Le 13 juillet 1906, le capitaine Dreyfus est réhabilité et réintégré dans l'armée
avec le grade de commandant. Il reçoit la Légion d'honneur.
Conséquences de l'affaire Dreyfus
L'affaire Dreyfus eut d'importantes conséquences sur la vie politique française.
La République triomphait une fois encore de ses adversaires acharnés qu'étaient les
royalistes soutenus par une partie de la hiérarchie de l'Église catholique. Les
Républicains les plus avancés (pour l'époque) s'organisent et fondent le Bloc des
gauches qui triomphe aux élections législatives de 1902. Les socialistes français,
jusqu'alors tenus à l'écart de l'action gouvernementale sont intégrés à la vie politique
normale du pays. Afin de réduire l'influence de l'Église catholique dans la vie politique,
les républicains accentuent la lutte contre les congrégations religieuses catholiques qui
avaient été un soutien des anti-dreyfusards. Le Bloc des gauches vote en 1905 la loi de
séparation des Églises et de l'État qui est la base de la laïcitéen France. Cependant les
nationalistes et les antisémites se rejoignent pour rejeter la démocratie et le régime
républicain : pour défendre ces idées le journal l'Action française est fondée en 1899
par Charles Maurras.
L'armée, où une très grande partie des officiers sont d'opinions politiques monarchistes,
est la grande perdante. L'opinion antimilitariste se renforce en France. Les services de
renseignements sont démantelés, les crédits militaires sont réduits, le service militaire
long (accusé de "décérébrer" les soldats appelés), est mis en cause et, en 1905, il est
ramené à deux ans. En face, l'Allemagne de Guillaume II faisait une active course aux
armements.