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Université Ibn Zohr

Faculté des Sciences Juridiques,


Economiques et Sociales Agadir
Centre universitaire Guelmim

Droit des affaires

Semestre 5 — Gestion

Sections :
Professeur : Abdelkhalek LAHRACH

Année Universitaire : 2016-2017

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Introduction
Généralités sur le droit des affaires

Le droit des affaires est constitué par l'ensemble des règles applicables à
l'entreprisecommerciale et à son environnement. Il couvre dans une large mesure le droit
commercial, ens'intéressant non seulement au commerçant (personne physique ou
morale), mais àl'entreprise danssaglobalité. Il a ainsi vocation à régir non seulement les
activitéscommerciales mais aussi toutes les activités économiques (agricoles, artisanales,
libérales...)sous tous leurs aspects de droit privé ou public (commercial, social, fiscal,
pénal...). Le droitdes affaires revêt donc un caractère pluridisciplinaire.
Il déborde du cadre du droit commercial classique, mais il partage ses sources et
sescaractéristiques.

Ainsi, en tant que droit de l'entreprise, le droit des affaires englobe l’étude :
- du droit commercial général, qui régit le commerçant, les activités commerciales et le
fonds de commerce ;
- du droit des sociétés, qui a pour objet les groupements de personnes ;
- du droit des difficultés de l'entreprise commerciale ;
- du droit de la propriété industrielle.

Et en tant que droit de l'environnement de l'entreprise, le droit des affaires englobe


l’étude:
- du droit de la concurrence, qui fixe les normes régissant la libre concurrence et la
Rivalité entre agents économiques dans la recherche et la conservation de la clientèle ; du
droit de marketing, qui édicte les règles juridiques qui gouvernent les moyensd'actions
utilisés pour acquérir ou développer des parts de marché et le droit duconsommateur ;
- Du droit fiscal des affaires ;
- Du droit comptable ;
- Du droit cambiaire applicable aux effets de commerce ;
- Du droit bancaire, qui réglemente notamment les relations entre la banque
etl’entreprise, les responsabilités du banquier et l'organisation des banques ;
- Du droit des transports, qui traite des entreprises de transport, des contrats et
desresponsabilités s'y rapportant ;
- Du droit maritime, qui concerne l'ensemble des règles juridiques relatives à la
navigation maritime et au transport des voyageurs et des marchandises par mer
- Du droit pénal des affaires, qui a pour but de réprimer les infractions à la
législation en vigueur en la matière.

I–le particularisme du droit des affaires


Pour faire face aux besoins de l’entreprise le droit des affaires a développé un certain
nombre de règles totalement différentes de celles édictées en droit civil.
Certains sont venues pour répondre au besoin de rapidité, d’autres pour répondre au
besoin de crédit.
A -La rapidité

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Le droit des affaires a tendance à supprimer un certain nombre de formalités qui auraient
eu pour conséquence de retarder la conclusion ou l’exécution des opérations
commerciales. Plusieurs règles peuvent illustrer ce propos :
-En droit des affaires la preuve est libre (Art. 334 du c.com). Tel n’est pas le cas e
matière civile qui exige la production d’un écrit ou d’un commencement de preuve par
écrit pour des raisons de preuve (Art. 443 du D.O.C).
-Alors qu’en droit civil le délai de la prescription extinctive des obligations est de 15
ans, en droit commercial, en principe, le délai de prescription est de 05 ans, lorsque des
obligations sont nées entre commerçants.
-Toutefois le besoin de rapidités en matière commerciale n’empêche le développement
d’un formalisme nouveau en droit des affaires, ayant pour objet de faciliter les relations
commerciales et de permettre aux parties de contracter en toute sécurité.
Exemple : le contrat de société ou le contrat de dépôt doivent faire l’objet d’un écrit.

B- Le Crédit
Le droit des affaires assure et garantit le crédit en accordant aux commerçants un certain
nombre de garanties particulières :
La protection des créanciers contre les défaillances des débiteurs. D’une part, le débiteur
commerçant ne peut bénéficier de délai de grâce pour l’acquittement de ses dettes.
D’autre part, en matière commerciale, la solidarité est toujours présumée entre les
débiteurs commerçants.
Enfin, s’il est constaté que le débiteur commerçant se trouve en cessation de paiement, la
procédure prend alors la forme de redressement ou liquidation judiciaire. Cette procédure
d’exécution collective sur tous les biens du débiteur a pour but de réaliser l’égalité entre
tous les créanciers.
Le développement et l’organisation de la publicité de certains actes juridiques a pour
objectif d’assurer non seulement la sécurité juridique mais l’égalité des parties. C’est
ainsi que le défaut de publicité est sanctionné avec une vigueur toute particulière.

II -Sources du droit des affaires


A - Sources internes
Les sources internes du droit des affaires ne cessent de se diversifier. Il s’agit notamment
de la loi, la constitution, les usages commerciaux, la jurisprudence et la doctrine.
-La constitution
Elle fixe d’une part, le mode de désignation des organes essentiels de l’Etat ainsi que
leurs rôles respectifs et détermine d’autre part, les droits et les libertés des gouvernés.
Elle détermine les garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des
libertés qui transcendent le principe de la liberté du commerce.
La constitution marocaine a érigé le principe de la non rétroactivité des lois en règle
constitutionnelle. Il doit en résulter une certaine sécurité dans le domaine des affaires et
de l’entreprise.
- La loi

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Elle constitue la source la plus importante du droit commercial. Il s'agit des actes votés
par le pouvoir législatif et promulgués dans les formes prescrites par la constitution.
Ainsi en est-il du code de commerce, source principale du droit commercial ; du code des
obligations et descontrats (D.O.C.) ; et d'autres textes législatifs régissant les sociétés, la
propriété industrielle, les tribunaux de commerce, etc.
- Les usages commerciaux
Ce sont des pratiques commerciales répétées et généralisées dans le temps et dans
l'espace. L'usage fait référence aux habitudes de la profession, la pratiqueétant créatrice
derègles. Les usages en matière commerciale proviennent, à leur tour, des pratiques
internes et des pratiques internationales.
- La jurisprudence
La jurisprudence représente l’ensemble des décisions de justice. Son rôle est le même en
droit des affaires qu’en droit civil :
Elle interprète la loi, la complété et parvient même à la faire évoluer au gré des besoins.
- La doctrine
La doctrine joue un rôle important dans la formation du droit commercial. Elle fait œuvre
de réflexion et de synthèse en interprétant la règle de droit, afin de dégager des principes
rigoureux, et en émettant des propositions de réforme. Aujourd'hui, de nombreux
ouvrages scientifiques, traités, articles de doctrine et de thèses de recherches viennent
alimenter l'analyse et la réflexion sur le droit commercial, compte tenu de l'évolution
dynamique que connaît le domaine des affaires.
B-Sourcesinternationales
Le préambule de la Constitution énonce que le Maroc, en se souscrivant aux principes ;
droits et obligations découlant des organismes internationaux, reconnaît le principe de la
suprématie du droit international sur le droit interne. Ainsi, les traités et conventions
internationaux constituent des sources du droit commercial. Ces traités et conventions
sont des accords conclus entre Etats souverains et par lesquels sont fixées les règles
obligatoires uniformes pour des situations juridiques ou économiques qui se posent dans
les rapports internationaux. Parmi ces traités et conventions on note :
-Les conventions qui fixent les règles applicables aux transports internationaux par mer
(Convention de Bruxelles du 25 août 1924), par air (Convention de Varsovie du 12
octobre 1929) et par route (Convention de Genève du 19 mai 1956).
-L'accord concernant les tarifs douaniers et le commerce « General Agreement on Tarifs
and Trade » (C.A.T.T) signé le 30 octobre 1947.

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-L'Accord de Marrakech du 15 avril 1994 qui met en place l'Organisation Mondiale du
Commerce (O.M.C.) qui édicte une réglementation du commerce international.
– la Convention de Genève sur les conflits de lois en matière de lettre de change et de
Chèque ;
– la Convention de Vienne, qui réglemente la vente internationale (page 345) ;
– la Convention de Rome (19 juin 1980), dans le but de régler les conflits de loi quant
aux obligations contractuelles.

L’étude du droit des affaires est si vaste qu’elle doit nécessairement être délimité, nous
nous contentons dans ce document de celle relative :
- Aux effets de commerce (Partie I).
- Al’organisation des juridictions de commerce (Partie II).
- Au traitement des litiges commerciaux (Partie III).
- A l’entreprise en difficulté (Partie III)

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Première partie – Les effets de commerce
L'effet de commerce est défini comme un titre négociable à ordre et au porteur
représentant une créance de somme d'argent non encore échue, exigible à vue ou à court
terme et constatant l'engagement d'une personne de payer ou de faire payer cette somme
d'argent à une échéance déterminée.

Les moyens de paiement se définissent comme étant tout instrument qui, quel que soit
le support ou le procédé technique utilisé, permet à toute personne de transférer des
fonds. Rentrent dans la catégorie des moyens de paiement : les espèces, les chèques, les
lettres, les lettres de change, les billets à ordre, etc. A ces moyens de paiement sont
effectuées, très souvent, des garanties qui constituent pour le créancier un moyen de
recouvrer sa créance en cas de non-paiement du débiteur. Ces garanties peuvent être :
un gage, un nantissement, un cautionnement, une hypothèque, etc.

 Le gage est un contrat par lequel une personne remet à. son créancier un objet
mobilier ou une valeur pour assurer l'exécution de ses engagements.
 Le nantissement est une sûreté conventionnelle. Le nantissement d'une chose
mobilière s'appelle un gage. Le mot nantissement est plus communément
utilisé par les praticiens pour désigner les sûretés portant sur les fonds de
commerce.
 Le cautionnement est une sûreté personnelle par laquelle une personne
nommée « la caution » s'engage à l'égard d'une troisième dite « le bénéficiaire
du cautionnement » à payer la dette du débiteur principal dit « la personne
cautionnée » pour le cas où cette dernière faillirait à ses engagements.
 L'hypothèque est une sûreté constituée sur un bien immeuble qui est affectée
au paiement d'une dette.
Les moyens de paiement cambiaires sont : la lettre de change, le billet à ordre et le
chèque.

CHAPITRE I- LA LETTRE DE CHANGE


I- Généralités
1-Définition
La lettre de change (ou traite), est un écrit par lequel une personne (tireur) donne l'ordre
à l'un de ses débiteurs (tiré) de payer une certaine somme à une date donnée à une
troisième personne (bénéficiaire) ou preneur ou à l’ordre de celle-ci.

2-Fonctions
A l'origine, la lettre de change était un moyen de change, c'est-à-dire un instrument de
transport d'argent dans le commerce international. Elle devient ensuite un instrument de
paiement par lequel les débiteurs payaient leurs créanciers.

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Mais elle n'est pas une monnaie car elle n'est libératoire que si elle est effectivement
payée.

Actuellement, la lettre de change est devenue un instrument de crédit car le tireur peut
l'escompter, c'est-à-dire la céder à un banquier sous déduction d'une commission et des
intérêts.
Contrairement au chèque et au billet à ordre, la lettre de change est un acte de
commerce par la forme, c'est-à-dire qu'elle est commerciale quelles que soient les
personnes qui l'utilisent (commerçants ou non) et quel que soit l'objet de la créance pour
laquelle elle a été émise (civile ou commerciale).

II. Les conditions d'émission de la lettre de change

1-La capacité

Tout signataire de la lettre de change doit avoir la capacité de faire le commerce car, en
vertude l'article 9 du code de commerce, la lettre de change est toujours un acte de
commerce. L'article 164 du code de commerce prévoit que «la lettre de change souscrite
par un mineur non commerçant est nulle à son égard, sauf les droits des parties
conformément au droit commun », c'est-à-dire le droit de le poursuivre civilement.
Mais la signature du mineur sur une lettre de change ne porte pas atteinte à la validité
des autres signatures en raison du principe de l'indépendance des signatures.

2-Les mentions obligatoires

La lettre de change n'est valable que si elle contient un certain nombre de mentions
obligatoires :
La dénomination « lettre de change » insérée dans le texte ;
- Le mandat pur et simple de payer une somme d'argent : « Payez » ;
L'indication de la date et du lieu où la lettre est créée ;
La signature du tireur ;
Le montant à payer ;
L'échéance ;
Le nom du tiré ;
Le lieu de paiement ;
Et le nom du bénéficiaire.

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A défaut de contenir les mentions obligatoires, le titre est nul. Le porteur de bonne foi
perd donc toutes ses garanties cambiaires de paiement.
Il est à noter que la domiciliation n'est qu'une mention facultative qui rend la traite
payable au domicile d'un tiers et qui permet de faire effectuer le paiement par la banque.
Mais elle est devenue obligatoire dans la pratique.

III-la circulation de la lettre de change


En tant que titre à ordre, la lettre de change est un effet destiné à circuler en permettant la
circulation de capitaux sans risque. Cette circulation s’opère par la technique de
l’endossement, c’est-à-dire par une mention écrite portée au dos du titre et la signature.
Il existe trois types d’endossements :
A- L’endossement translatif de propriété
L’endossement translatif de propriété a pour effet de transférer la propriété de la lettre de
change de l’endosseur à l’endossataire (créancier de l’endosseur). Il se fait par simple
signature au dos. L’endossement peut être :

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 Nominatif : il porte la mention « payer à l’ordre de X », le nom du bénéficiaire
est alors précisé ;
 Ou en blanc : il résulte de la simple signature au dos du titre, sans indication du
bénéficiaire et permet le transfert par tradition manuelle, c’est-à-dire par simple
remise matérielle du titre ;
 Ou au porteur : il vaut comme un endossement en blanc. Rappelons que s’il est
possible d’endosser une lettre de change au porteur, il est interdit de l’émettre au
porteur.
Cependant, il convient de préciser que le tireur a la possibilité d’exprimer sa volonté de ne
pas transmettre la lettre ; il lui suffit d’insérer dans la traite les mots « non à ordre » ou
« non endossable ».
B- L’endossement par procuration
L’endossement par procuration est celui par lequel le porteur confie le soin d’encaisser la
lettre pour son compte à un mandataire, qui est le plus souvent un banquier.
L’endossement de procuration résulte de la mention « valeur en recouvrement », « pour
encaissement », « par procuration » ou toute autre mention impliquant un simple mandat
(Art.172 C.com).
C-L’endossement pignoratif
L’endossement pignoratif est celui par lequel le porteur d’une lettre de change remet
celle-ci en gage à son créancier.
Résultant de la mention « valeur en garantie », « valeur en gage », ou toute autre mention
impliquant un nantissement (Art.172 al4 du C.Com), il permet au porteur d’exercer tous
les droits dérivant de la lettre de change. Il a à l’égard des signataires de la lettre, les
mêmes droits qu’un porteur légitime et de bonne foi.
IV – Le paiement de la lettre de change
La présentation au paiement doit être effectuée au jour de l’échéance ou l’un des 05 jours
ouvrables qui suivent, au lieu désigné (domicile du tiré ou domiciliation). La mention de
domiciliation, devenue obligatoire en pratique, permet de fixer le lieu de paiement à un
endroit convenu, autre que celui du tiré. Dans la pratique, il s’agit du domicile de la
banque, celle-ci n’acceptant la remise par encaissement ou pour escompte que lorsque le
titre est domicilié.
A- Les obstacles au paiement de la lettre de change
1-L ’opposition au paiement
La loi interdit l’opposition au paiement de la lettre de change, sauf dans trois cas : perte
ou vol de la traite et la situation de règlement judiciaire du porteur. Il appartient au porteur
ayant perdu le titre de faire opposition auprès du tiré afin d’empêcher le paiement du titre
à tout porteur illégitime : celui qui aura trouvé le titre. En cas de perte oude vol, le
paiement à qui de droit ne pourra alors se faire que sur autorisation du président du
tribunal, après avoir fait opposition aux mains du tiré, donné caution, et justifié de sa
propriété de la lettre de change. Dans le deuxième cas, le syndic du porteur en règlement

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judiciaire pourra faire opposition au tiré et se faire payer à lui-même pour intégrer la
créance dans l’actif de la procédure collective.
2- Le refus de paiement
En cas de refus de paiement du tiré, le porteur doit faire dresser un protêt « faute de
paiement ». C’est un acte authentique dressé par un agent du greffe du tribunal qui
constate officiellement le refus de paiement et les motifs de refus. Cependant, si la lettre
porte le protêt.
B- Les recours cambiaires
Les recours cambiaires s’exercent toujours de manière ascendant en suivant l’ordre de
la chaîne des endossements sans jamais pouvoir la descendre de telle sorte que les
signatures qui auraient exécutés en lieu et place du tiré défaillant peuvent bénéficier du
recours.
Le porteur peut exercer ses recours contre les endosseurs et le tireur :
 A l’échéance, si le paiement n’a pas eu lieu ;
 Avant l’échéance, s’il y a eu refus, total ou partiel d’acceptation ou bien un
redressement judiciaire du tiré, accepteur ou non, ou celui du tireur d’une lettre
non acceptable. Le refus d’acceptation ou de paiement doit être constaté par un
protêt.
Le protêt faute d’acceptation doit être fait dans les délais fixés pour la présentation à
l’acceptation.
Le protêt faute de paiement d’une lettre de change payable à jour fixe ou à un certain délai
de date ou de vue doit être fait dans les cinq jours ouvrables qui suivent le jour où la lettre
de change est payable. Si la présentation a eu lieu le dernier jour du délai, le protêt peut
encore être dressé le lendemain.
Tous ceux qui ont tiré, accepté endossé une lettre de change sont tenus solidairement
envers le porteur. Le porteur ou tout signature de la lettre de change peut agir contre ces
personnes, individuellement ou collectivement sans être astreint à observer l’ordre dans
lequel elles sont obligées.
Après l’expiration des délais fixés pour la présentation d’une lettre de change à vue à un
certain délai de vue, pour la confection du protêt faute d’acceptation ou de paiement, le
porteur est déchu de ses droits contre les endosseurs, contre le tireur, et contre les autres
obligés à l’exception de l’accepteur. Certains recours subsistent :
- Du tiré accepteur sur le fondement de l’acceptation et sur les recours de droit
commun basé sur la provision.
- Du tireur s’il n’a pas fourni de provision à l’échéance (le tiré n’est pas son
débiteur)

C- les prescriptions des recours


Ce sont des délais très brefs fixés par le législateur en dehors desquels aucune action
cambiaire ne peut plus être exercée, on dit qu’elle est prescrite.

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En matière de lettre de change :
- L’action cambiaire contre le tiré accepteurse prescrit par 03ans à compter de
l’échéance ;
- Les actions du porteur contre les endosseurs et contre le tireurse prescrivent par un
ans à partir de la date du protêt dressé en temps utile ;
- Enfin les actions des endosseurs entre eux et contre le tireur se prescrivent par 06
mois à dater du jour du paiement de la lettre.

Chapitre II – Le billet à ordre


I –Spécificités
A-Définition
Le billet à ordre est un titre par lequel une personne (le souscripteur) s’engage à payer à
un bénéficiaire ou à son ordre une somme déterminée à une date déterminée.
A la différence de la lettre de change, le billet à ordre met en rapport seulement deux
personnes : le souscripteur et le bénéficiaire.
Le souscripteur est en même tireur et tiré dans la mesure où il se donne l’ordre à lui-même
de payer le bénéficiaire à l’échéance.
Le billet à ordre est également un moyen de paiement et de crédit dont le régime
s’apparente à celui de la lettre de change, mais il est moins utilisé dans le commerce.
B-Nature du billet à ordre
Le billet à ordre est réputé acte de commerce, même souscrit par un non commerçant,
lorsqu’il résulte d’une transaction commerciale. Ainsi, le billet à ordre ne sera commercial
que si la dette à l’occasion de laquelle il est souscrit est commercial ; par contre ; il sera
civil si l’opération est civile.
Par l’insertion de cette condition, la théorie de la commercialité du billet à ordre a été
détruite. Sa nature civile continuera de dépendre de la nature de l’opération en vertu de
laquelle il est souscrit ; donc, le droit applicable au billet à ordre sera déterminé en
fonction de sa nature civile ou commerciale.
C-Régime cambiaire
Sont applicables au billet à ordre, les règles de la lettre de change relatives à
l’endossement, au paiement, au protêt, aux recours ainsi qu’à la prescription, etc.
On doit toutefois remarquer qu’aucun renvoi n’est effectué à l’article 166 du code de
commerce, relatif à la provision, et aux articles 174 et suivants du dit code, relatif à
l’acceptation, ce qui se comprend aisément : l’acceptation est inutile puisque c’est le
souscripteur qui est lui-même obligé à l’échéance, et il est de même pour la règle qui
oblige le tireur à constituer la provision auprès du tiré puisqu’ en l’occurrence le
souscripteur cumule deux qualités.
II – Conditions de validité

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A-Les conditions de forme
Elles sont pratiquement identiques à celles la lettre de change, sauf pour quelques
originalités qu’il convient de signaler. Comme pour la lettre de change, pour être valable
le billet à ordre doit comporter un certain nombre de mentions obligatoires :
 La date et le lieu de souscription ;
 La clause à ordre ;
 Le lieu de paiement ;
 Le nom du bénéficiaire ;
 La signature du souscripteur
Contrairement à la lettre de change qui doit obligatoirement comporter la dénomination
« lettre de change », l’article 231 al 1 du code de commerce précise que la dénomination
« billet à ordre » n’est pas exigée et que le souscripteur peut se contenter d’inscrire la
clause à ordre, généralement insérer à la suite du nom du bénéficiaire. Faute de
dénomination ou de clause à ordre, l’écrit ne vaut que comme promesse de payer (art 233
du C. Com).
B-Les conditions de fond
C’est à ce niveau que nous rencontrons le plus de différences par rapport à la lettre de
change dues à la nature du billet à ordre et à l’absence du tiré.
- La capacité
La capacité de faire des actes de commerce n’est requise que lorsque l’acte est
commercial.
Dans le cas contraire, si le mineur contracte une affaire civile (et c’est là que le billet à
ordre n’est pas commercial par sa forme), le billet sera civil et le mineur devra seulement
être émancipé, sans avoir autorisé à faire le commerce. (sa signature sur le billet à ordre
ne sera pas nulle puisqu’il s’agit d’un acte civil qui nécessite l’émancipation du mineur).
- Absence de la notion de provision
En matière de billet à ordre, il ne peut être question de provision qui est normalement une
créance du tireur sur le tiré ; alors que dans le billet à ordre le souscripteur cumule ces
deux qualités.
- Absence de la notion d’acceptation
L’acceptation n’a pas de raison d’être en matière de billet à ordre puisque le souscripteur,
par sa signature à l’émission, s’engage juridiquement à payer l’échéance entre les mains
du bénéficiaire ou à son ordre ; c’est pourquoi l’article 237 précise que « le souscripteur
d’un billet à ordre s’engage de la même manière que l’accepteur d’une lettre de change »

Chapitre III – Le chèque


I-Les aspects techniques
A-Nature et fonctionnement du chèque

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Le chèque est un écrit par lequel le tireur donne l’ordre au tiré (qui est obligatoirement
une banque), de payer une somme déterminée au bénéficiaire ou à son ordre.
Le chèque est obligatoirement tiré sur un banquier, il est payable à vue (dès sa
présentation) et à ce titre il ne peut comporter une mention d’échéance de paiement.
Néanmoins, le chèque n’est pas une monnaie, sa remise n’est pas libératoire tant qu’il
n’est pas encaissé et n’opère pas novation de la créance.
Par ailleurs, contrairement à la lettre de change, il n’est pas commercial par la forme ; il
est commercial ou civil suivant la nature de l’opération en exécution de laquelle il a été
émis
B-Les conditions formelles
-Les mentions obligatoires
Le chèque doit contenir un certain nombre de mentions à défaut desquelles, il ne vaut pas
comme tel.
 La dénomination de « chèque »
 L’ordre de paiement pur et simple (payez)
 La somme à payer en chiffres et enlettres ;
 Le nom du tiré (la banque)
 Le lieu de paiement (adresse de l’agence bancaire)
 Le lieu et la date de création ;
 Le nom et la signature du tireur.
-Les mentions facultatives
Il peut être inséré dans le chèque un certain nombre de mentions facultatives :
 Le nom du bénéficiaire : Contrairement à la lettre de change, il n’est pas
obligatoire de mentionner le nom du bénéficiaire sur le chèque, car le chèque peut
être émis au porteur ou en blanc sans aucune indication, il est alors considéré émis
au porteur ; il peut être stipulé payable à personne dénommée ou à son ordre
(chèque nominatif), dans ce cas le bénéficiaire ne peut le transmettre que par
endossement ;
 La clause non endossable ou non à ordre : Cette clause interdit l’endossement
translatif de propriété du chèque, par conséquent, elle n’empêche pas
l’endossement par procuration. Elle ne peut toutefois être utile que lorsque le
chèque est nominatif ; puisque le chèque au porteur ou à blanc est transmissible
par simple tradition. Cette clause peut être utilisée dans deux objectifs : comme
sécurité (en cas de perte ou de vol), et comme preuve de paiement des dettes (au
moyen du relevé bancaire) ;
 Le barrement : il consiste à tracer sur le recto du chèque deux barres parallèles, il
ne sera alors payé qu’à un banquier ou à un client du banquier. Ainsi, le porteur
d’un tel chèque ne pourra se faire payer à l’endossant par procuration à son
banquier qui approvisionnera son compte du montant du chèque encaissé par ledit
banquier.
Comme il ne peut être payé qu’à une banque, le chèque barré a été conçu pour
éviter les risques de perte ou de vol des chèques ; mais l’effet de cette technique

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reste limité puisqu’il est possible d’endosser le chèque barré au profit d’un
bénéficiaire de bonne foi ;
 La certification :(le chèque certifié) elle remplace l’acceptation en matière de
lettre de change. Comme le chèque est payable à vue, il n’a pas besoin d’être
accepté ; l’article 242 interdit expressément l’acceptation du chèque. La
certification est faite par la banque tirée qui porte au recto du chèque la mention
« certifié » et sa signature. Elle doit alors bloquer la provision correspondant au
montant du chèque au profit du porteur, mais seulement jusqu’au terme du délai de
présentation qui est de 20 jours.

C- Existence de la provision
a- Définition et caractères de la provision
La provision est une somme d’argent égale au montant du chèque dont le tireur dispose
chez le tiré et qu’il peut utiliser par chèque au moment de la création du chèque. La
provision du chèque peut être constitué par :
 Le dépôt de fonds chez la banque (versement d’une somme d’argent)
 La remise d’effets de commerce pour escompte ou pour encaissement, mais la
provision dans ce cas ne sera constituée qu’après inscription de leur montant sur le
compte du client ;
 Elle peut aussi résulter d’une ouverture de crédit (à distinguer avec les facilités de
caisse)
b-le moment de la provision
Contrairement à la lettre de change dont la provision n’est exigible qu’à l’échéance, le
chèque doit avoir provision dès le moment de la présentation du chèque au paiement.
D- La circulation du chèque
Le chèque au porteur ou à blanc se transmet par tradition. S’il est nominatif, il est
transmissible par endossement, soit par endossement translatif de propriété, soit par
endossement à titre de procuration (au profit des banques en pratique).
Mais l’endossement du chèque ne peut jamais être fait en garantie (à titre pignoratif).

II-Le Paiement du chèque


L’étude dupaiement du chèque conduit à s’interroger sur deux questions essentielles. La
première concerne la procédure même de paiement, la deuxième porte sur les incidents de
paiement.
A. Présentation au paiement
Elle peut sefaire dès le jour de l’émission puisque le chèque est payable à vue. Le
porteur dispose néanmoins d’un certain délai pendant lequel il doit présenter le chèque au
paiement sous peine de perdre son droit au recours cambiaire. Les délais sont
actuellement de 20 jours de l’émission pour les chèques émis au et payable au Maroc, et
de 60 jours pour les chèques émis hors Maroc et payable au Maroc. Après l’expiration du

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délai de présentation, s’il a provision, le tiré est tenu quand même de payer (article 271)
sous peine d’une amende de 5000 à 50000 dirhams (article 319) .
Or en pratique, le délai de validité du chèque est désormais fixé 1 an et 20 jrs sans savoir
sur quelle base juridique.
Si la provision est insuffisante, le tiré a l’obligation de proposer au porteur le paiement
jusqu’à concurrence de la provision disponible ; dans le cas, ce dernier ne peut pas refuser
ce paiement et doit délivrer une quittance au tiré et mention de ce paiement partiel doit
être faite sur chèque (art.273).
Signalons qu’actuellement dans la pratique, les banques refusent tout paiement, même s’il
ne s’agit que d’une insuffisance dérisoire.et comme cette obligation, à la différence de la
précédente, est dépourvue de sanction, elle n’a pas beaucoup de chance d’être appliquée.
B- Les incidents de paiement du chèque
a-L ’opposition
L’opposition a pour effet d’interdire au banquier de payer le chèque qui lui sera
présenté. L’article 271 al 2 du code de commerce énumère les cas dans lesquels le tireur
peut légitimement effectuer une opposition.il s’agit des cas suivants :
 Perte ou vol, utilisation frauduleuse ou falsification du chèque.
 Redressement ou liquidation judiciaire du porteur.
b-Refus de paiement pour absence de provision
Il incombe au porteur victime de l’émission de chèque sans provision de prendre toutes
les mesures nécessaires pour que soit officiellement constaté le défaut de paiement, et
d’intenter des recours pour obtenir le paiement effectif du chèque.
1-Formalités consécutives au non-paiement du chèque
-Protêt du chèque
Le porteur du chèque non approvisionné doit faire établir un protêt pour constater le
non-paiement du chèque, et peut se réserver le droit d’exercer ses recours ultérieurement
contre les différents signataires du chèque (Art 283 du code de commerce).
Toutefois, la clause de « retour sans frais » ou toute autre formule équivalente dispense
le porteur, pour exercer ses recours, de faire établir un protêt (Art 286 du code de
commerce). Mais la clause ne dispense pas le porteur de la présentation du chèque dans
le délai prescrit, ni des avis à donner. La preuve de l’inobservation du délai incombe à
celui qui s’en prévaut contre le porteur.
-Avis du défaut de paiement
Le porteur doit donner avis du défaut de paiement à son endosseur, et au tireur dans les
huit jours ouvrables qui suivent le jour du protêt, et en cas de clause de retour sans frais,
le jour de la présentation (Art 285 al.1 du code de commerce).
Chaque endosseur doit, dans les quatre jours ouvrables qui suivent le jour où il a reçu
l’avis, faire connaitre à son endosseur l’avis qu’il a reçu.

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Le non-respect de cette disposition n’entraine pas la déchéance, mais celui qui n’a pas
donné l’avis dans le délai indiqué est responsable du préjudice causé par sa négligence,
sans que les dommages-intérêts puissent dépasser le montant du chèque (Art 293 al.
Dernier du code de commerce).
2- Recours pour défaut de paiement
-Conditions d’exercice des recours
Comme en matière de la lettre de change, le porteur d’un chèque impayé dispose
d’actions cambiaires contre tous les signataires du titre. Il a le droit d’agir contre eux
individuellement ou collectivement, sans être astreint à observer l’ordre dans lequel ils
se sont obligés (Art 287 al.4 du code de commerce).
Il s’agit là d’une action dont seul peut bénéficier le porteur diligent, qui a présenté le
chèque dans les délais légaux, et fait dresser un protêt sauf dispense dans le délai requis.
-Prescriptions des recours
L’article 295 a prévu trois délais de prescriptions en fonction des parties en présence :
 Pour les actions du porteur contre les endosseurs, le tireur et les autres obligés, la
prescription est de six mois à partir de l’expiration du délai de présentation.
 Pour les actions des divers obligés les uns contre les autres, la prescription est de
six mois à partir du jour où l’obligé a remboursé le chèque ou du jour où il a lui-
même été actionné en justice
 L’action du porteur du chèque contre le tiré se prescrit par un anà partir de
l’expiration du délai de présentation.
C-La responsabilité pénale des banques
Les violations des obligations bancaires sont érigées en infraction passible d’une amende
de 5000 à 50000 dirhams, notamment :
-Le défaut de déclaration à Bank AL Maghrib des incidents de paiement et des
émissions au mépris de l’interdiction ;
-Le refuse dedélivrer uncertificat de refus de paiement ;
-Le défaut d’adresser une injonction en cas d’incident de paiement invitant son auteur à
restituer les formules de chèques et de ne plus émettre de chèque pendant 10 ans.
Il appartient alors à Bank AL Maghrib de centraliser les informations concernant ces
infractions commises par les banques et de les communiquer au procureur du Roi.
D-Les sanctions pénales
L’article 316 du code de commerce prévoit des sanctions communes à toutes les
infractions en matière de chèque à savoir, l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une
amende de 2000 à 10.000 dirhams sans que cette amende puisse inférieure à 25% du
montant du chèque ou de l’insuffisance de provision contre :
-le tireur d’un chèque qui omet de maintenir ou de constituer la provision du chèque, en
vue de son paiement à la présentation.
- Celui qui fait opposition irrégulière au paiement du chèque.

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- Celui qui en connaissance de cause et accepte de recevoir ou d’endosser un chèque à la
condition qu’il soit réservé à titre de garantie.
- Toute personne qui contrefait ou falsifie un chèque.
- Toute personne qui, en connaissance de cause, accepte de recevoir, d’endosser ou
d’avaliser un chèque falsifié ou contrefait.
- Toute personne qui, en connaissance de cause, fait usage ou tente de faire usage d’un
chèque contrefait ou falsifié (Art.316 du code de commerce).

Deuxième partie – Organisation des juridictions de commerce


Aux termes de l’article 1er du Dahir 15 juillet 1974 tel qu’il a été modifié et complété en
dernier lieu par le Dahir du 17 Août 2011 portant promulgation de la loi n° 1-74-338 et
selon également le Dahir du 25 octobre 2011 portant promulgation de la loi n° 58-11,
relative à la cour de cassation, l’organisation judiciaire comprend Les juridictions de droit
commun suivantes :

1. Les tribunaux de première instance ;


2. Les tribunaux administratifs ;
3. Les tribunaux de commerce ;
4. Les cours d'appel ;
5. Les cours d'appel administratives ;
6. Les cours d'appel de commerce ;
7. La Cour de cassation.
Ces juridictions ont, soit une vocation générale (tribunaux de première instance, cours
d'appel, cour de cassation) en ce sens qu’elles ont de compétence de principe à connaître
de tous les litiges et contestations soulevés par les plaideurs sous réserve des affaires
expressément dévolues à d’autres juridictions, soit une compétence limitée à des affaires
déterminées : ce sont les juridictions spécialisées en matière administrative ou
commerciale.

I – Les juridictions de commerce


Les juridictions de commerce sont des juridictions spécialisées, compétents pour
connaître, en première instance, les affaires commerciales et même celles qui comportent
un objet civil.
Ces tribunaux ont été créés par le Dahir n°1-97-65 du 04 Chaoual 1417 (12 février 1997).

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Actuellement, le Maroc compte huit tribunaux de commerce, respectivement dans les
villes suivantes : Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech, Tanger, Agadir, Meknès et Oujda.
La spécificité des juridictions de commerce est soulignée tant au niveau de leur
organisation (A) qu’à celui de leur compétence (B).

A – Organisation
Les tribunaux de commerce comprennent :
- Un président, des vices présidents et des magistrats ;
- Un ministère public composé du procureur du roi et d’un ou plusieurs substituts ;
- Un greffe et un secrétariat du ministère public.
-

Le président
A la tête du tribunal de commerce est placé un président investi de nombreuses
attributions.
Outre que celles dévolues au président du tribunal de première instance par le code de
procédure civile, la loi confie au président du tribunal de commerce une compétence
générale en matière de référé.
Il peut dans les limites de la compétence du tribunal, ordonner en référé toutes les mesures
conservatoires ou une remise en état pour prévenir un dommage imminent ou pour faire
cesser un trouble manifestement illicite en présence d’une contestation sérieuse. Et même
en l’absence d’une contestation sérieuse le président peut toujours en matière de référé,
prescrire toutes les mesures qu’il estime nécessaires.
Le président du tribunal de commerce pour connaître les injonctions de paiement fondées
sur les effets de commerce ou des actes authentiques en application des dispositions du
chapitre III du code de procédure civile. Toutefois cette compétence du président du
tribunal obéit à trois conditions :
- Le débiteur doit avoir un domicile connu au Maroc
- Le paiement doit concerner une somme d’argent supérieure à 9000 Dirhams ;
- La dette doit être établie par un effet de commerce ou un acte authentique.
Les magistrats du siège
Chargés de trancher sur les procès qui leur sont soumis, les magistrats du tribunal de
commerce peuvent être chargés de fonctions qui revêtent une très grande importance dans
le domaine commercial.
Les magistrats du parquet
Il s’agit du procureur du Roi et de son ou substituts. Le parquet auprès du tribunal de
commerce n’ayant pas le droit d’exercer l’action publique, certains sont estimés que son
rôle n’a pas d’importance. Mais un fort courant soutient que le parquet a un rôle qu’il ne

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faut pas sous-estimer du moment que le code de commerce et la loi instituant des
juridictions de commerce, en partant de la nécessité de promouvoir le développement par
l’encouragement des investissements nationaux et étrangers, ont reconnu au ministère
public d’importantes attributions en matière de prévention et de traitement des difficultés
de l’entreprise, où il a le droit de demander l’ouverture de cette procédure. Il peut aussi,
selon l’article 620 du code de commerce, lorsque l’intérêt général des créanciers l’exige,
demander au tribunal la continuation de l’activité de l’entreprise soumise à la liquidation
judiciaire. Etant partie dans les procédures relatives aux difficultés de l’entreprise, le
parquet peut exercer les voies de recours contre les jugements at arrêts rendus en cette
matière.
Comme dans toutes les juridictions où existe un parquet dans les tribunaux de commerce,
il y a un greffe et un secrétariat du parquet :
Le greffe
En sus de ses attributions traditionnelles, le greffe dans ces juridictions a des attributions
spécifiques, notamment en matière du registre du commerce et des difficultés de
l’entreprise.
Le secrétariat du parquet
Il assiste celui dans l’accomplissement de ses fonctions.

B- Compétence des tribunaux de commerce


1 -Compétent en raison de la matière
Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaitre :
- Des actions relatives aux contrats commerciaux ;
- Des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités commerciales ;
- Des actionsrelatives aux effets de commerce ;
- Des différends entre associés d’une société commerciale
- Des différends à raison de fonds de commerce.

Le tribunal de commerce est compétent pour connaitre en premier et en dernier ressort,


des demandes dont le principal n’excédé pas la valeur de neuf mille dirhams (9000dhs), et
des demandes en premier ressort, de toutes demandes d’une valeur supérieure à ce
montant.
Il reste que ces tribunaux ne sont pas compétents pour connaitre des affaires relatives aux
incidents de la circulation, même si ces litiges se rapportent aux activités commerciales et
intéressent les commerçants. A l’exception de cet empêchement légal d’ordre légal, le
commerçant et le non commerçant peuvent toujours, par voie de compromis, attribuer
compétence aux tribunaux de commerce pour connaître les litiges pouvant les opposer à
l’occasion de l’exercice de l’une des activités des commerçants.
Les parties pourront convenir de soumettre leurs différends à la procédure d'arbitrage et de
médiation conformément aux dispositions des articles 306 à 327-70 du code de procédure
civile.

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2 -Compétence territoriale
La compétence territoriale appartient au tribunal du domicile réel ou élu du défendeur :
 Lorsque ce dernier n'a pas de domicile au Maroc, mais y dispose d'une résidence,
la compétence appartient au tribunal de cette résidence.
 Lorsque le défendeur n'a ni domicile, ni résidence au Maroc, il pourra être traduit
devant le tribunal du domicile ou de la résidence du demandeur ou de l'un d'eux
s'ils sont plusieurs.
 S'il y a plusieurs défendeurs, le demandeur peut saisir, à son choix, le tribunal du
domicile ou de la résidence de l'un d'eux.

Par dérogation aux dispositions de l'article 28 du code de procédure civile, les actions sont
portées :
 En matière de sociétés, devant le tribunal de commerce du lieu du siège social de
la société ou de sa succursale ;
 En matière de difficultés de l'entreprise, devant le tribunal de commerce du lieu du
principal établissement du commerçant ou du siège social de la société ;
 En matière de mesures conservatoires, devant le tribunal de commerce dans le
ressort territorial duquel se trouve l'objet desdites mesures.
Les parties peuvent dans tous les cas convenir par écrit de désigner le tribunal de
commerce compétent.
D- La procédure devant les tribunaux de commerce
La procédure devant les tribunaux de commerce est conforme au schéma classiquede
quatre phases : la saisine, les convocations aux instances, les jugements ou ordonnances et
enfin l’exécution.
1-La saisine
Le tribunal de commerce est saisi par requête écrite et signée par un avocat inscrit au
tableau de l’un des barreaux au Maroc.
Les requêtes sont enregistrées sur un registre destiné à cet effet.
Le greffier délivre au demandeur un récépissé portant le nom du demandeur, la date du
dépôt de la requête, son numéro au registre et le nombre et la nature des pièces jointes. Le
greffier dépose une copie dudit récépissé dans le dossier.
Le président du tribunal désigne dès l'enregistrement de la requête un juge rapporteur
auquel il transmet le dossier dans un délai de vingt-quatre (24) heures.
Le juge rapporteur convoque les parties à l'audience la plus proche dont il aura fixé la
date.
2-La convocation aux instances
La convocation à l’audience est transmise soit par un huissier de justice, soit par décision
du tribunal de transmettre les convocations par les voies prévues aux articles 37, 38 et 39
du code de procédure civile ; à savoir par des agents du greffe, par la poste, par lettre

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recommandée avec accusé de réception, par voie administrative ou par voie diplomatique
si le destinataire réside dans un pays étranger.
Lorsque l'affaire n'est pas en état (l’une des parties n’était pas présente le jour de
l’audience), le tribunal de commerce peut la reporter à une prochaine audience ou la
renvoyer au juge rapporteur. Dans tous les cas, le juge rapporteur est tenu de porter
l'affaire de nouveau en audience dans un délai n'excédant pas trois mois.
3- les jugements et ordonnances du tribunal
A l’issue de l’audience, le tribunal de commerce fixe la date du prononcé de jugement lors
de la mise en délibéré de l'affaire. Le jugement ne peut être prononcé avant qu'il ne soit
dressé in extenso pour éviter le prononcé avant la rédaction de ses attendus.
4-L’exécution des jugements
Pour l’exécution des jugements, la loi prévoit que le président du tribunal désigne sur
proposition de l’assemblée générale, un magistrat chargé du suivi des procédures
d’exécution.
Celui -ci doit obtenir dans un délai de 10 jours, à dater de la demande d’exécution, soit
l’exécution de la décision, soit l’intention de la partie condamnée.
Le magistrat chargé de l’exécution est tenu de dresser un procès-verbal de saisie exécution
ou un exposé des motifs l’en ayant empêchée et ce, dans un délai de 20 jours à compter de
l’expiration du délai de mise en demeure.

II-Les cours d’appel de commerce

Les cours d'appel de commerce comprennent :


- Un premier président, des présidents de chambres, et des conseillers.
- Un ministère public composé d'un procureur général du Roi et de ses substituts.
- Un greffe et un secrétariat du ministère public.
Les cours d'appel de commerce peuvent être divisée en chambres suivant la nature des
affaires dont elle est saisie. Toutefois, chaque chambre peut instruire les affaires soumises
à la cour et y statuer.
Les cours d’appel de commerce connaissent des appels interjetés contre les décisions
rendues en premier ressort seulement par les tribunaux de commerce. Cette voie de
recours est assortie d’un délai franc de 15 jours à compter de la date de notification de la
décision
A cet égard, il convient de remarquer que ce délai, plus court que celui qui doit être
observé devant les tribunaux civils ainsi que la possibilité du recours à l’injonction de
paiement et le caractère définitif des jugements lorsque la valeur du litige ne dépasse pas
9000Dh, autant de dispositions qui permettent de conclure qu’il s’agit là de facteurs de
célérité qui répondent parfaitement aux exigences du monde des affaires. En cas d’erreur
ou si le demandeur ou le défendeur à l’action commerciale n’est pas satisfait, les

21
intéressés disposent du droit de se pourvoir en cassation pour faire contrôler la décision
rendue en dernier ressort par la cour de cassation.

Troisième partie : Le traitement des litiges commerciaux


Introduction
La pratique du contentieux en droit des affaires a beaucoup évolué au cours des dernières
années. Les contentieux se compliquent, les questions deviennent plus techniques ce qui
nécessite une modernisation de la justice.
Pour le traitement des litiges commerciaux, les commerçants peuvent recourir au système
judiciaire (tribunaux). Cependant, les nouveaux risques de différends ont modifié les
besoins des entreprises en matière de règlement de leurs litiges. Pour l'entreprise, ces
différends doivent se résoudre de façon non conflictuelle, rapide, impartiale,
professionnelle, avec une variété et une richesse dans les solutions négociées et avec des
coûts maîtrisés.
Ainsi, une autre voie s'ouvre aux entreprises pour lerèglement de leurs litiges
commerciaux, à travers les modes altératifs de règlement des litiges, dont :
L’arbitrage, comme un mode alternatif juridictionnel de traitement des conflits ;
Les modes alternatifs amiables de règlement des conflits : la conciliation et la médiation.
Chapitre I- L’arbitrage
1.Définition

22
L'arbitrage est un mode alternatif de règlement des litiges consistant à recourir à une ou
plusieurs personnes privées, dites arbitres ; choisies par les parties pour obtenir une
décision impérative, en dehors des juridictions étatiques.
La caractéristique fondamentale de l'arbitrage réside dans la soustraction aux tribunaux
étatiques des litiges qui relèvent normalement de leur compétence.
C'est dans ce cadre que la loi n° 08-05 abrogeant et remplaçant le chapitre VIII du Code
de procédure Civile (CPC) a été promulguée par le dahir no 1-07-169 du 30 novembre
2007 et publiée au bulletin Officiel no 5584 du Jeudi 6 Décembre 2007.
Cette loi a introduit de nouvelles dispositions relatives à l'organisation de l'arbitrage
interne notamment en ce qui concerne la clause d 'arbitrage, le tribunal arbitral et la
sentence arbitrale.
II. L'adaptation de la procédure d'arbitrage à l'évolution de l'organisation judiciaire
1-Généralités
La loi distingue entre la clause d'arbitrage et le compromis d'arbitrage.

La clause d'arbitrage est l'engagement des parties de à la résolution par l'arbitrage des
litiges qui pourraient naître ultérieurement. La clause d'arbitrage n'est valable qu'entre
commerçants.
Le compromis d’arbitrage est la convention par laquelle les parties d'un litige déjà né
s'accordent à soumettre celui-ci à l'arbitrage.
La loi a consacré le principe de l'autonomie de la clause d'arbitrage par rapport aux autres
clauses du contrat. A cet effet, l'article 308 de la loi dispose que « la clause d'arbitrage est
réputée être convention indépendante des autres clauses du contrat. La nullité, la
résiliation ou la cessation du contrat n'entraine aucun effet sur la clause d'arbitrage
comprise avec ledit contrat lorsque celle-ci est valable en soi ».
L'article 313 de la loi précise que la convention d'arbitrage doit toujours être établie par
écrit, soit par acte authentique ou sous seing-privé, Soit par procès-verbal dressé devant le
tribunal arbitral choisi.
L'alinéa 2 de L’article 313 de la loi donne une indication sur les modalités de
l'établissement de la convention d'arbitrage, qui peut « être consignée dans un document
signé par les parties ou dans un échange de lettres, de communications, télex, de

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télégrammes ou de tout autre moyen de télécommunication considéré comme convention
et qui en atteste l'existence, ou encore dans l'échange de conclusions demande ou de
conclusions en défense, dans lesquelles l'existence d'une telle convention est alléguée par
une partie et n'est pas contestée par l'autre».
2-Le champ d’application de l'arbitrage
La loi a élargi le champ d'application de l'arbitrage à toutes les personnes qui ont la
capacité civile de souscrire un compromis d'arbitrage sur les droits dont elles ont la
disposition.
Toutefois, les droits personnels qui ne font pas l'objet de commerce sont exclus de
l'arbitrage.
Les litiges relatifs aux actes unilatéraux de l'Etat, des collectivités locales ou autres
organismes dotés de prérogatives de puissance publique ne peuvent faire l'objet
d'arbitrage. Toutefois, les contestations pécuniaires qui en résultent peuvent faire l'objet
d'un compromis d'arbitrage à l'exception de celles concernant l'application d'une loi
fiscale.
Par ailleurs, les litiges relatifs aux contrats conclus par l'Etat ou les collectivitéslocales
peuvent fairel'objet convention d'arbitrage dans le respect des dispositions relatives au
contrôle ou à la tutelle.
3-Le tribunal arbitral
La loi distingue entre l'arbitrage ad hoc ou institutionnel.
Lorsque l'arbitrage est ad hoc, l'article 319 de la loi précise que le tribunal arbitral se
chargera de l'organiser en fixant la procédure à suivre, sauf si les parties en conviennent
autrement ou choisissent un règlement d'arbitrage déterminé.
En revanche, lorsque l'arbitrage est porté devant une institution d'arbitrage, celle-ci se
chargera de l'organiser et d'en assurer le bon déroulement conformément à son règlement.
En ce qui concerne les conditions requises pour exercer la profession d'arbitre, l'article
320 de la loi apporte le changement suivant : « La mission d'arbitre ne peut être confiée
qu'à une personne physique-en pleine capacité et n'ayant pas fait l'objet d'une
condamnation devenue définitive pour des faits contraires à l'honneur, à la probité ou aux
bonnes mœurs ou le privant de la capacité d'exercer le commerce ou de l’un de ses droits
civils ».

24
Toutefois, la loi conditionne l'exercice de la profession d'arbitre à une déclaration auprès
du procureur général près la cour d'appel dans le ressort de laquelle se trouve le siège
social de la personne morale (article 321 de la loi). L'alinéa 2 de l'article 321 de la loi
dispose « qu'après examen de leur situation, le procureur général délivre un récépissé de la
déclaration et inscrit les intéressés sur une liste des arbitres près la cour d'appel concernée
».
4-La procédure d'exécution des sentences arbitrales
L 'ordonnance d'exequatur (décision par laquelle tribunal étatique donne force exécutoire
à une décision arbitrale) n'est plus prononcée par le tribunal de première instance, mais
par le tribunal de commerce dans le ressort duquel la sentence a été rendue, ou s'il a été
compromis sur l'appel d'un jugement par la cour d 'appel.
Pour les litiges dans lesquels l'Etat est partie, c'est le tribunal administratif du lieu
d'exécution de la convention qui est compétent en matière d’exequatur.
En revanche, lorsque la sentence concerne l'ensemble du territoire c'est le tribunal
administratif de Rabat qui est compétent.
III - Développement des conditions et modalités de l'arbitrage
Tout en reprenant certaines dispositions en vigueur sur l'arbitrage, la loi susmentionnée
précise et développe les mesures permettant de combler les insuffisances inhérentes à ce
mode de règlement.
Par ailleurs, pour encourager le recours à l'arbitrage, la loi a ouvert la possibilité aux
parties de compromettre sur un litige déjà soumis à une juridiction de I 'Etat.
La loi précise également les modalités de choix des arbitres par les parties et les
conditions de leur récusation ou révocation, ou bien leur désignation par le juge en cas de
désaccord des parties. Elle a doté les arbitres de prérogatives importantes notamment
l'initiative de statuer sur la validité ou les limites de leur compétence et la possibilité de
prononcer des mesures provisoires ou conservatoires dans les limites de leur mission.
De même, la loi fixe la forme et le contenu de la sentence arbitrale, détermine ses effets
vis-à-vis des parties et des tiers et précise les conditions d'une possibilité de recours en
annulation contre la sentence arbitrale. Elle détermine également la forme de I
'ordonnance d'exequatur.

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Chapitre II - Les modes alternatifs règlement des conflits
Section I - La conciliation
I-Définition
La conciliation consiste pour les parties à un litige à se réunir devant un tiers (le
conciliateur) qu'elles ont choisi (conciliation conventionnelle) ou qui est pré désigné
(conciliation judiciaire) afin de tenter de résoudre le contentieux.
Le conciliateur s'efforce de suggérer à chacune d’elles des orientations qui lui paraissent
susceptibles de transformer la situation litigieuse en conciliation.

II - Types de conciliation
Il existe plusieurs types de conciliation :
- Conciliation ad hoc ;
- Conciliation institutionnelle ;
- Conciliation conventionnelle ;
- Conciliation obligatoire ;
- Conciliation les arbitres : et le nouveau code de procédure civile et administrative
a innové introduisant une nouvelle forme : la conciliation par les arbitres.
III - La conciliation en matière civile et commercial
La conciliation, telle qu'elle est organisée par le nouveau code, peut intervenir à l'initiative
des parties ou du juge à tout moment de l'instance.
Elle aboutit à un procès-verbal de conciliation ou de non conciliation signée par les
parties, le juge et le greffier.
Le procès-verbal de conciliation déposé au greffe constitue un titre exécutoire opposable à
la partie récalcitrante.
Toutefois, cette procédure suppose le respect de certaines conditions et a des effets précis.
A -Les conditions de mise en œuvre

La procédure de règlement amiable est ouverte à toute entreprise, commerciale ou


artisanale et, de manière générale, à toutes les personnes morales de droit privé.
Au sens de l'article 550 du code de commerce marocain, cette procédure de règlement
amiable est ouverte aux entreprises qui sont pas en cessation de paiement, éprouvant une

26
difficulté juridique, économique ou financière ou des besoins pouvant être couverts par un
financement adapté aux possibilités de l'entreprise.
1-Saisine du tribunal de commerce
Le Président du tribunal est saisi par une requête du chef de l'entreprise, qui expose sa
situation financière économique et sociale, les besoins de financement ainsi que les
moyens d'y faire face.
Le Président du tribunal peut même désigner un expert pour qu'il établisse un rapport plus
complet sur la situation de l'entreprise. Il peut obtenir des renseignements auprès des tiers
qui ne le Secret professionnel. Le président peut refuser le bénéfice du règlement amiable
notamment lorsque l'entreprise est en cessation de paiement. En outre, s'il considère que
ce moyen permettra de faire face aux difficultés, Le président du tribunal nomme un
conciliateur chargé de chercher l'accord entre le débiteur et ses créanciers.
Peuvent être désignés comme conciliateur toute personne compétente dans le
redressement d'entreprise comme des administrateurs judiciaires, les experts en diagnostic
d'entreprise, des experts- comptables ou des juges consulaires. Toutefois, le conciliateur
pas le Statut de mandataire de justice.
2- Missions du conciliateur
Cette mission est fixée le Président du tribunal pour une période de 3 mois renouvelable
pour 1 mois. Son but est de favoriser le fonctionnement de l'entreprise et non pas son
redressement et de chercher la conclusion d'un accord avec les créanciers. Cependant, le
règlement amiable n'est pas opposable à tous les créanciers. Il s'agit d'une mesure
collective. Par conséquent ceux qui acceptent d'y participer se voient opposer les mesures
décidées.
Le conciliateur a la possibilité de demander au président d’ordonner la suspension
provisoire des poursuites, s'il estime cette mesure de nature à faciliter l'accord. S'il accepte
de la prononcer, les initiatives individuelles, qu'il s'agisse d'actions en paiement ou de
mesures d'exécution sont paralysées. De son côté, le débiteur ne peut plus payer ses
créanciers sauf autorisation président.
Toutefois, cette mesure mit l'Objet d'une publicité au registre du commerce et met donc
fin à la confidentialité de la procédure.

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L'accord entre créanciers est un acte unique qui contient des délais de paiement, des
abandons de créances. Deux situations peuvent se présentées :
 Le conciliateur obtient l'accord de tous les : l'accord est obligatoirement
homologué par le président et déposé au greffe.
 Un accord est conclu avec seulement certains créanciers : le président a le droit de
l'homologuer et d'accorder délais de paiement pour les autres créances.

Toutefois il paraît nécessaire de montrer que le débiteur, pour pouvoir bénéficier du


règlement amiable doit proposer un plan d'apurement de son passif.
Mais aussi un plan de redressement économique et financier de l'entreprise, par exemple :
les mesures de licenciement, apports de capitaux, restructuration de l'entreprise.
B. Les effets de la conciliation
Les effets du règlement amiable sont à la nature de l'accord conclu entre le débiteur et ses
créanciers. L'accord, selon article 557 du code de commerce marocain doit être signé et
daté par les parties et le conciliateur. Ce docunent est au greffe du tribunal.
A l'égard des parties qui ont participé à l'accord, la force obligatoire du contrat Chacun
doit respecter ses engagements. D'ailleurs, si l'accord a été homologué par le juge,
l'ordonnance d'homologation a autorité de la chose jugée f elle aux parties un titre revêtu
de la force exécutoire. Toutes les poursuites individuelles, portant aussi bien sur les
meubles que sur les immeubles du débiteur et ayant pour but d’obtenir le paiement des
créances, sont suspendues. Pendant la durée de l'exécution de l'accord.
A l'égard des tiers, le principe de l'effet relatif des contrats s'impose. Les créanciers qui
n'ont pas participé à l'accord ne peuvent se voir opposer le règlement amiable. Leur droit
de poursuite n'est pas suspendu, ce qui explique souvent l'échec de la procédure.
Toutefois, le Président peut accorder au débiteur des délais de paiement les créances non
incluses dans l'accord.
En principe le caractère confidentiel de ces négociations oblige tout créancier contacté,
même s'il refuse de traiter avec le chef d'entreprise, être lié par le secret professionnel sous
peine de sanction pénale.
En cas de non-respect de l'accord, procédure de redressement judiciaire ne peut être
ouverte, même si l'entreprise n'est véritablement en cessation de paiement. Les créanciers
signataires retrouvent alors leurs droits existants antérieurement à l'accord.

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Une procédure de redressement judiciaire peut être ouverte, ce qui entraine la résolution
du règlement amiable, cependant, dans les ûits, lorsque l'entreprise débitrice est dans
l'impossibilité d'exécuter engagements découlant de l'accord, il mut en conclure Se trouve
en état de cessation de paiement et dans ce cas une véritable procédure collective est
inévitable.
Section II -La médiation conventionnelle.
Le législateur marocain n'a pas donné une définition précise à la médiation. Il s'est limité à
mentionner quand on est-ce qu'on peut recourir à la médiation ainsi que la mission du
médiateur qui consiste en la facilitation de processus. Cependant, nous pouvons citer
quelques définitions pour éclaircir le terme.
1-Définition
La médiation est une pratique ou une discipline qui vise à définir l'intervention d'un tiers
pour faciliter la circulation d'information. Le tiers est appelé médiateur.
La médiation est un processus qui requiert l'accord libre et exprès des personnes
concernées de s'engager dans une action (la médiation) avec l'aide d'un tiers indépendant
et neutre (le médiateur), spécialement formé à cet art.
Quel que soit son domaine d'intervention, la médiation a un objectif ultime, à savoir la
résolution du Litige opposant les parties, pacifiquement.
La médiation mt être définie selon deux : selon sa finalité et selon sa fonctionnalité.
Quant à sa finalité, la médiation est un mode amiable de règlement des conflits par
l'entremise d'un tiers (médiateur), consistant à restaurer la relation entre deux ou plusieurs
parties et à faciliter la recherche d'une solution négociée.
Quant à sa fonctionnalité, la médiation exercée par une tiers indépendant, neutre et
impartial a pour fonction de coordonner les échanges conflictuels entre les parties, d'aider
à ce qu'elles s'écoutent, de vérifier qu'elles se comprennent mutuellement, de déceler et
hiérarchiser avec elles leurs biens respectifs, de leur mire imaginer le plus grand nombre
de solutions possible, de les inviter enfin à déterminer la solution la plus acceptable qui
permettra à chacun de sortir satisfait de I 'équilibre en médiation.
La médiation n'a pratiquement rien de commun avec la procédure formelle, l'arbitrage.
L'arbitrage est différent de la médiation. Où non seulement le médiateur n'a pas le pouvoir
de trancher dans le litige, mais où la décision émane des parties elles-mêmes.

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Les critères pour distinguer la médiation de I 'arbitrage valent également pour la
conciliation.
Cependant, à côté de ces distinctions fondamentales, les différences entre médiation et
conciliation sont si subtiles et parfois contradictoires qu'elles peuvent devenir
imperceptibles.

II -Les formes de la convention de médiation


La convention de médiation peut prendre deux : le compromis de médiation et la clause de
médiation.
a-Le compromis de la médiation
L'article 327-57 du CPC donne la possibilité aux parties de conclure la convention de
médiation même après la naissance du litige. Dans ce cas, nous parlons d'un compromis
de médiation. Il s'agit d'un recours conventionnel à la médiation sans clause contractuelle.
En prévoyant la possibilité d'établir le compromis de médiation, le législateur a voulu
promouvoir le recours à la médiation conventionnelle comme un mode alternatif de
règlement des conflits. En plus, le législateur veille à ce que la médiation soit appliquée,
par conséquent, il a prévu le recours à la médiation même en cours d'instance. Dans ce
cas, elle est portée à la connaissance de la juridiction dans les plus brefs délais et
interrompt la procédure judiciaire.
b-La clause de médiation
Il s'agit d'une stipulation inscrite et contenue dans le contrat principal, par laquelle
chacune des parties s'engage, lors de la d'un conflit dans le champ d'application de celle-
ci, à mettre en œuvre un processus de médiation afin de négocier, l'égide d'un médiateur,
les termes d'une solution à leur conflit.
III -Les conditions de validité de de médiation
Outre les conditions prévues par le Dahir des Obligations et des Contrats (DOC), à savoir
: la capacité pour s'obliger, la déclaration valable de volonté portant sur les éléments
essentiels de l'obligation, un objet certain pouvant former objet" d'obligation et une cause
licite de s'obliger ; l'article 327-58 ajoute la condition de l'établissement par écrit qui revêt
trois formes : soit par acte sous-seing privé, soit par acte authentique, soit par procès-
verbal dressé devant le tribunal.

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Concernant le contenu de la convention de médiation, outre l'exigence de l'écrit, d'autres
conditions doivent être réunies sous peine de nullité. Ces conditions sont différentes selon
qu'il s'agisse de compromis de médiation ou de clause de médiation, et aussi selon que les
parties aient prévu une médiation institutionnelle ou ad hoc.
 Pour le compromis de médiation : Les parties ayant convenu de recourir à la
médiation pour régler le litige doivent impérativement déterminer, dans le
compromis de médiation, sous peine de nullité, l'objet du litige né, comme ils
doivent désigner un médiateur ou fixer les modalités de sa désignation.
 Pour la clause de médiation : par application de l'article 327-62, la clause de
médiation doit être stipulée dans le contrat principal ou dans un document auquel
celle-ci Elle doit aussi soit désigner le -ou les médiateurs, soit prévoir les
modalités de leur désignation en se référant à un centre de médiation ou à une
institution pour désigner le médiateur.

IV -Les formes de médiation


L'article 327-62 alinéa 1 du CPC stipule que la médiation conventionnelle peut être
organisée :
 Soit par les parties elles-mêmes : on parle ainsi de la médiation ad hoc. Dans cette
frome de médiation, la convention de médiation est une convention de procédure
qui prévoit les cas de mise en œuvre, le dispositif de désignation du ou des
médiateurs, le processus de médiation, la répartition des honoraires et toutes les
modalités qui sont souhaitées.
 Soit par un centre de médiation au règlement duquel les parties conviennent de se
soumettre : Il s'agit alors d'une médiation institutionnelle. Le centre choisi désigne
le médiateur et organise la procédure en appliquant son règlement.

V-Les obligations des médiateurs


Contrairement aux relatives aux arbitres, le législateur n'a pas édicté, en détail, de
dispositions concernant les conditions requises dans la médiation.
Le médiateur choisi est tenu à l'obligation du secret professionnel à l'égard des tiers dans
les termes, et sous peine de sanctions relatives au secret professionnel prévues par le Code
Pénal. Le médiateur Ou le centre de médiation doit s'assurer que la politique relative à la

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confidentialité est communiquée aux parties et aux tiers appelés à intervenir dans le
processus de médiation. Il est fortement conseillé de mire signer par les parties un
engagement de confidentialité.
L 'autre condition qui découle de la loi est la non possibilité pour le médiateur de renoncer
à sa mission sauf accord des parties.
VI -Les garanties légales de la médiation
Pour encourager le recours à la médiation, le législateur dispose, dans l'article 327-66 du
CPC, les constatations du médiateur les déclarations qu'il recueille, ne peuvent être devant
le juge saisi du litige qu'avec l'accord des parties. Il ajoute dans le même article qu'elles ne
peuvent être utilisées dans une autre instance en cas d'échec de la procédure de médiation.

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