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L’information locale se réfère aux renseignements, aux évènements liés à une proximité physique.
Le local, c’est à la fois l’action et le support de l’information. Dans cette continuité, l’hyperlocal
signifie le plus souvent le fait de couvrir l’information à un niveau de granularité très fin (on parle
de niveau communautaire, car n’intéressant plus qu’une petite communauté, définit par son
emplacement géographique).
Je pense pour ma part, qu’il faut entendre le terme hyperlocal, comme on doit entendre le terme
hypermatière. L’hyperlocal, c’est quand tout ce qui est localisé est transformé en information. Pire,
c’est ce qu’implique la localisation de toute information, de tout capteur, de tout objet, de tout
profil... L’hyperlocal, c’est quand tout est devenu localisé. C’est quand toutes les pratiques,
numériques, peuvent être interrogées par leur coordonnées géographiques. L’hyperlocal c’est quand
tout est média et tout média localisé. L’hyperlocal : c’est quand tout est localisé.
Tout le monde fait comme si tous les échecs - manifestes - à trouver cette audience locale
découlaient des défauts dans son approche, mais personne n'affronte la question de base : cette
audience potentielle existe-t-elle vraiment ?
L'audience de la presse local/départementale/régionale (version papier) est très âgée, vraiment
très âgée. Cette presse se révèle incapable, malgré de très nombreuses tentatives ces dernières
années, de toucher sur le papier un audience plus jeune (après tellement d'échecs, il va falloir
tout de même un jour reconnaître que c'est vraisemblablement impossible).
Certes l'approche initiale a été pour cette presse locale d'essayer d'utiliser le net comme un
appât pour ramener ce public jeune vers le papier. Et ça a échoué.
L'approche se modifie aujourd'hui pour essayer d'attirer et de fixer cette audience jeune sur le
net lui-même. Mais ça ne marche pas mieux.
Peut-être est-ce tout simplement parce que l'approche locale de l'info est un phénomène
fondamentalement lié à l'âge : ça n'intéresse pas les jeunes (et le net n'intéresse pas les vieux,
qui n'ont ni l'envie ni l'intérêt de modifier leurs usages quotidiens à leur âge, et préfèrent que
ça continue comme c'est, ce qui leur convient amplement).
Hors presse, je constate aussi que les approches hyper-locale telles que les sites d'immeuble ou
de rue excitent beaucoup les journalistes, mais dans la pratique, ça ne marche pas du tout : le
site de mon propre immeuble, par exemple (mais qu'on m'en montre d'autres !) ne fonctionne
absolument pas. Il n'intéresse personne parmi mes voisins.
Au niveau de mon quartier, aucun site ou blog, parmi de multiples tentatives, ne décolle, tout
simplement faute de combattant : ça n'intéresse personne.
Bien sûr il reste le service (les programmes de cinéma, les horaires des crèches et des
bibliothèques), mais ça ne suffira pas à justifier l'existence d'une offre journalistique, et puis
d'autres s'en chargent déjà.
Je comprends que ça soit difficile à admettre pour certains. Mais qu'on commence par me
démontrer qu'il existe une demande réelle pour du web local, et je voudrai bien réfléchir avec
vous à la meilleure manière de la satisfaire... ;-) http://novovision.free.fr/?L-hyperlocal-l-
avenir-en-panne-de
Il faut peut-être en venir à se demander s'il existe une réelle demande du public pour du local sur le
net... Des outils existent, plus ou moins adaptés et efficaces (sites des journaux régionaux,
cityguides, sites d'associations, blog locaux...), et ils ne sont pas pris d'assaut par des foules de
lecteurs/commentateurs en demande... Si la demande était importante et pressante, elle se
manifesterait même à travers des outils inadaptés, or ce n'est pas le cas. Alors, en fait, que demande
le peuple ?
J’ai tendance à penser que ce sont les usages qui dominent. Or quelle est la part du local dans notre
périmètre d’information ? Oui, le web est social. Le web est relationnel. Mais cela ne veut pas dire
qu’il soit local. Sur l’échelle des valeurs du web, quel est notre pourcentage d’information locale
que nous sommes prêts à accueillir ? Est-ce que cela veut dire que le local n’existe pas ?
Peut-être. En tout cas, la question mérite plus d’attention qu’on ne le pense.
Reste que le local n’existe pas aussi parce que nous ne le regardons pas.
Révéler l’hyperlocal
Pour "croire" en l’essor de l’information hyperlocale, il faudrait déjà connaître le territoire
numérique local. Or, il faut bien le reconnaître, on ne sait rien des pratiques numériques qui ont
cours sur nos territoires. On ne les regarde pas. Et si on ne les regarde pas, c’est soit parce qu’elles
n’ont pas d’intérêt, soit qu’on n’imagine pas qu’elles puissent être exploitées - ou qu’on ne sait pas
encore comment.
Qui recense les blogs qui existent localement ? Qui recense et observe les Skyblogs des ados qui
s’expriment sur une ville ? Qui recense la grande diversité des sites locaux pour créer des
applications locales comme un moteur de recherche local par exemple ?
Qui va construire les nouveaux portails locaux - regardez celui de GrandGrenoble monté par
l’animateur de Greblog ? Que sait-on des usages professionnels numériques locaux ? Si on sait
identifier les entreprises qui travaillent localement avec un matériau numérique (agence web…),
comment repère-t-on les sites professionnels qui ne sont pas liés à un acteur local identifié : comme
un site dédié à une communauté particulière très active en ligne dont l’animateur serait un acteur
local ? Y a-t-il des habitants de ma ville qui proposent leurs appartements ou un couchage sur
hospitalityclub, e-cologis ou CouchSurfing par exemple ? Quelles sont les communautés
électroniques actives sur mon territoire ? Que sait-on de qui fréquente, localement, tel ou tel réseau
social ? Qui y trouve-t-on ? Quels usages localement sont-ils fait de Meetic, de eBay, de Facebook
ou de Viadeo - qui semble générer des usages d’échanges auprès des cadres et des patrons de PME
françaises notamment ? Quels usages fait-on du P2P localement - existe-t-il des modalités
d’échanges locales, comme il en existe dans des tribus d’amis ? Quels usages fait-on de la
messagerie instantanée ? Combien de personnes, localement, déclarent utiliser Skype par exemple,
puisque Skype permet d’interroger ses utilisateurs selon les localités qu’ils ont déclarés dans leur
profil ? Est-ce que cet usage progresse ?
Et comment interroge-t-on notre ville sur les réseaux ? Les requêtes locales sont-elles chaudes ? Où
précisément ? Quand les gens utilisent Mappy ou Google Maps pour avoir une information sur
notre territoire, qu’est-ce qu’ils recherchent ? Quelle partie de notre territoire suscite-t-elle le plus
de requêtes ? Pourquoi n’existe-t-il pas de cartographie des sites locaux, comme le montrait le
remarquable travail de Marina Dufeal sur l’internet marqueur de territoire (.pdf) (voir également ici)
? Quel site, originaire de mon territoire, reçoit le plus de fréquentation ? Quelle cartographie
donnerait mon territoire physique si on le regardait via l’activité des sites internet qui le
composent ?…
C'est en cela que je pense que l'information - surtout au niveau local -, n'est qu'un prétexte. Même
quand elle vous concerne personnellement, elle n'est qu'un prétexte. Ce n'est pas l'information que
les gens cherchent sur l'internet local, c'est la relation !
Enfin, il faut bien voir que le géocodage et le GPS de nos téléphones mobiles vont bouleverser la
mise à jour de cet immatériel hyperlocal. A terme, le Géo Web va permettre de donner des
coordonnées géographiques à tout document publié sur le web (pour autant qu’il soit un jour
incorporé à tous les services…). Le GPS va y ajouter la dimension temps réel. Demain
l’information locale va se localiser toute seule (ou presque). Le lieu géographique va être l’un des
coeurs de l’organisation automatique de toutes les références et données disponibles sur le web et
les serveurs mobiles. Est-ce que cela va donner pour autant une cartographie exacte ou fiable du
territoire ? Ne va-t-on pas se laisser subvertir par les services, qui offrent la carte et les données ?
Pire, l’hyperlocal ne va-t-il pas se faire subvertir par la trop grande profusion des paramètres
donnant des résultats au final inexploitables, truffés d’erreurs car fondés sur des données périmées
ou erronées…
On l’aperçoit en tout cas, il y a là un vrai chantier qu’il reste à documenter, avec ses outils à
construire, ses méthodes à faire connaître. Ce qui est sûr, c’est que pour pouvoir en dresser la carte,
il va nous falloir commencer par repérer de quoi est fait le territoire numérique.
La fouille de la réalité