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Jean Mawhin
Université Catholique de Louvain
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Jean Mawhin
Afin de minimiser, chez les débutants, les confusions trop fréquentes entre les
notions liées à l’ordre et celles liées à la distance, un chapitre regroupe les résultats
dépendant de la structure d’ordre de la droite réelle. C’est là qu’apparaissent les
fonctions monotones, les fonctions convexes et les premières fonctions transcen-
dantes élémentaires: l’exponentielle et le logarithme. La notion de dérivée d’ordre
supérieur et le développement de Taylor conduisent à l’étude des séries, permet-
tant l’introduction analytique des fonctions trigonométriques et des exponentielles
complexes. On dispose ainsi du matériel nécessaire pour aborder les équations
différentielles linéaires à coefficients constants. L’approche proposée ne fait appel
qu’à des techniques simples d’algèbre linéaire sur des espaces convenables d’ex-
ponentielles-polynômes. Le problème de Cauchy pour un système différentiel est
introduit, et l’unicité de sa solution prouvée par des considérations élémentaires.
La résolution de l’équation différentielle linéaire non homogène la plus simple
n’est rien d’autre que le problème de la primitivation d’une fonction, qu’on résoud
explicitement pour certaines classes de fonctions élémentaires, avant de se tourner,
dans le cas général, vers le concept de résolution approchée infiniment précise men-
tionné plus haut. Son interprétation géométrique conduit très naturellement à une
approche nouvelle de l’intégrale, due à Kurzweil et Henstock, que nous enseignons
depuis une vingtaine d’années. Formellement très proche de celle de Riemann,
dont elle conserve le support intuitif et la simplicité technique, cette définition
fournit une intégrale plus puissante que celle de Lebesgue capable, en particulier,
d’intégrer toutes les dérivées. Cette approche autorise une progression naturelle,
sans modification de définition, depuis le calcul intégral élémentaire jusqu’aux as-
pects avancés de l’intégrale de Lebesgue. Elle rend également inutile le concept
d’intégrale généralisée ou impropre: ce qui servait de définition à cette notion n’est
plus, ici, qu’un procédé de calcul d’une véritable intégrale. On lui rattache na-
turellement la convergence simple ou absolue des séries, ce qui permet un traite-
ment unifié des critères correspondants. On dispose alors des outils nécessaires pour
étudier la continuité, la dérivabilité et l’intégrabilité de limites de suites de fonc-
tions, les ensembles et les fonctions mesurables et les représentations intégrales des
fonctions. A cette occasion sont introduites non seulement des fonctions spéciales
classiques comme les fonctions de Bessel, les fonctions beta et gamma d’Euler, les
polynômes d’Hermite, la fonction hypergéométrique et la fonction zeta, mais aussi
des fonctions continues non dérivables, ces monstres mathématiques récemment
transformés en paradigmes scientifiques par la théorie des fractales. C’est aussi le
moment de faire les premiers pas en analyse harmonique en introduisant les séries
et intégrales de Fourier et le produit de convolution.
Après avoir défini les intégrales sur une courbe et sur une surface, les extensions
du théorème fondamental du calcul différentiel et intégral aux fonctions de plusieurs
variables (formules de Green-Riemann, Stokes-Ampère, Gauss-Ostrogradsky) sont
présentées d’une manière générale et unifiée à partir du concept de forme diffé-
rentielle, indispensable aujourd’hui aux mathématiciens et aux physiciens. Cette
élégante et féconde théorie trouve des applications directes en analyse vectorielle,
et dans l’étude globale des fonctions C-dérivables d’une variable complexe. Les
concepts fondamentaux de la théorie des fonctions holomorphes sont ainsi dégagés,
iii
pour aboutir à cette puissante technique de calcul que constitue le théorème des
résidus.
La notion d’espace métrique avec, comme cas particulier, les plus importants
espaces de Banach, est alors introduite. Elle unifie de nombreux types de passage à
la limite définis précédemment et fournit des théorèmes d’existence au problème de
Cauchy pour les systèmes différentiels. Elle mène au calcul des variations, illustra-
tion exemplaire de cette analyse fonctionnelle qui étudie les fonctions définies sur
des espaces de fonctions, et outil fondamental dans la formulation et l’étude des
lois de la mécanique et de la physique.
L’ouvrage se termine par un index historique, qui, en plus de son rôle pratique
usuel, montre que la mathématique est une oeuvre humaine en constante évolution,
esquisse quelques développements récents et formule plusieurs problèmes ouverts.
Des exemples variés illustrent les définitions, et des contre-exemples montrent la
nécessité des hypothèses de nombreux théorèmes. Ils serviront de modèles au lecteur
pour en construire lui-même de nombreux autres. A la fin de chaque chapitre sont
rassemblés des exercices, qui proposent une approche plus personnelle à quelques
compléments théoriques. Une petite anthologie rejoint les préoccupations de l’index
historique en montrant, par des citations appropriées de mathématiciens célèbres,
l’évolution de l’énoncé des grands concepts et des grands résultats du chapitre. Le
lecteur pourra juger par lui-même si, comme on peut l’espérer, cette évolution s’est
faite dans le sens d’une plus grande clarté et d’une plus grande précision.
Il reste à parler des figures, totalement absentes de cet ouvrage. Si elles ont cessé
d’être indispensables à la présentation rigoureuse de l’analyse, elles demeurent un
précieux outil de compréhension et de découverte. Absentes du support écrit, où ne
pourrait subsister que le résidu figé du processus dynamique de leur construction,
les figures sont omniprésentes dans l’exposé oral, avec la dimension temporelle, si
importante, de leur tracé. Le lecteur devra donc illustrer, par ses propres figures,
les notions et les théorèmes introduits.
Chacun sait qu’il est difficile d’apprendre une matière délicate en consultant un
seul ouvrage. Tout enseignant qui publie un livre espère susciter la lecture d’autres
traités. En se limitant à un choix restreint, mais issu d’horizons divers, on peut
citer, parmi de nombreux livres de niveau et d’esprit assez proches de celui-ci, les
références suivantes:
Le lecteur qui reste sur sa faim poursuivra son effort avec beaucoup de profit
en lisant l’incomparable livre
iv
Par ailleurs, les ouvrages suivants fournissent des développements, aussi diffé-
rents que remarquables, de l’analyse harmonique,
est sans rivale pour approfondir l’analyse fonctionnelle et ses applications actuelles.
Enfin, le lecteur curieux d’histoire pourra compléter ses connaissances en con-
sultant
Ensembles, graphes,
fonctions
(P ⇒ Q) ⇔ (¬Q ⇒ ¬P ),
1
2 CHAPITRE 1. ENSEMBLES, GRAPHES, FONCTIONS
d’axiomes que nous n’énoncerons pas formellement et que l’on peut d’ailleurs
présenter sous plusieurs formes.
Dans l’axiomatique de Zermelo-Fraenkel, le premier axiome affirme l’e-
xistence d’un ensemble sans élément : c’est l’ensemble vide, noté ∅.
Le deuxième axiome affirme que deux ensembles sont égaux dès qu’ils
ont les mêmes éléments. Dans l’approche naı̈ve des ensembles, un ensemble
est défini en extension lorsqu’on donne la liste de ses éléments.
Le troisième axiome affirme l’existence d’un ensemble z = {x, y} dont
les éléments sont deux ensembles quelconques donnés x et y. Cet ensemble
s’appelle la paire d’éléments x et y et, si x = y, la paire {x, x} est notée plus
simplement {x} et s’appelle le singleton de x. La paire {x, {x, y}} est notée
(x, y) et s’appelle le couple (x, y).
Le quatrième axiome affirme l’existence de l’union des éléments t d’un
ensemble d’ensembles x constituée des éléments z qui appartiennent à l’un
!
des t de x; cet ensemble est noté t∈x t. Si x et y sont des ensembles, la
réunion x ∪ y des ensembles x et y est la réunion des éléments de la paire
{x, y}. De manière plus naı̈ve, on peut écrire
x ∪ y = {u : u ∈ x ou u ∈ y}.
x ∩ y = {u : u ∈ x et u ∈ y}.
N = {0, 1, 2, . . .}
ce qui se lit “pour tout élément x de y, la propriété P (x) est vraie” ou “quel
que soit l’élément x de y, la propriété P (x) est vraie”. Le symbole ∀ est
appelé le quantificateur universel .
Si un élément x (au moins) de y vérifie la propriété P (x), on écrira
ce qui se lit “il existe (au moins) un élément x de y tel que la propriété P (x)
soit vraie”. Le symbole ∃ est le quantificateur existentiel .
La négation logique de la formule (1.1), ¬[(∀x ∈ y) : P (x)] est equivalente
à la formule
(∃x ∈ y) : ¬P (x),
et la négation logique de la formule (1.2), ¬[(∃x ∈ y) : P (x)] est équivalente
à la formule
(∀x ∈ y) : ¬P (x).
4 CHAPITRE 1. ENSEMBLES, GRAPHES, FONCTIONS
On voit que, pour nier (1.1) (resp. (1.2)), on a remplacé le quantificateur uni-
versel, (resp. existentiel), par le quantificateur existentiel (resp. universel),
et remplacé P (x) par sa négation ¬P (x). La proposition suivante montre
que cette règle s’étend aux formules contenant un nombre fini d’expressions
de type (∀x ∈ y), (∃u ∈ v) suivi de l’énoncé d’une propriété P dépendant
des éléments des ensembles correspondants.
Proposition. La négation d’une proposition du type
P (x1 , x2 , x3 , . . . , xm−1 , xm ),
contenant un nombre fini d’expressions du type (∀x ∈ y) ou (∃x ∈ y) suivi de
l’énoncé d’une propriété P s’obtient en remplaçant chaque ∀ par ∃, chaque
∃ par ∀ et P par ¬P .
Démonstration. Elle se fait par récurrence sur le nombre d’expressions
du type (∀x ∈ y) ou (∃x ∈ y) qui précèdent P . Nous avons admis le résultat
pour une formule contenant une seule de ces expressions. Supposons donc la
proposition vraie pour une formule de type (1.3) contenant m−1 expressions
du type (∀x ∈ y) ou (∃x ∈ y) et montrons qu’elle est vraie pour une formule
en contenant m, par exemple, pour fixer les idées, la formule (1.3). Si nous
posons
¬P (x1 , . . . , xm ).
1.2. GRAPHES, FONCTIONS, APPLICATIONS 5
et
(∃x ∈ y)(∃u ∈ v) ⇔ (∃u ∈ v)(∃x ∈ y),
mais une permutation de quantificateurs consécutifs d’espèces différentes
modifie le sens de la formule.
E × F = {(a, b) : a ∈ E et b ∈ F }.
et donc à la condition
ou encore, si et seulement si
Les propositions qui précèdent montrent que G est une injection de E dans
F si et seulement si G−1 est une injection de F dans E et que le composé
de deux injections est une injection. Lorsque G est une injection de E dans
F , G−1 est appelée la fonction réciproque de G.
Un graphe fonctionnel G de E dans F partout défini est appelé une
application de E dans F , et noté
G : E → F, a 2→ G(a).
1.2. GRAPHES, FONCTIONS, APPLICATIONS 9
Bien entendu, si G est une fonction de E dans F , alors G|dom G est une
application de dom G dans F : toute fonction restreinte à son domaine de-
vient une application. D’autre part, si G est une application injective de E
dans F , on sait que G−1 est une fonction de F dans E et des exemples sim-
ples montrent que G−1 n’est pas nécessairement une application de F dans
E. Ainsi, si E = {a1 , a2, a3 }, F = {a1 , a2 , a3 , a4 } et si G est l’application
injective de E dans F définie par
G : E → F, ai 2→ ai (i = 1, 2, 3)
alors la fonction inverse G−1 n’est pas définie en a4 et n’est donc pas une
application de F dans E. Si G est une application injective de E dans F ,
G−1 sera une application de F dans E si et seulement im G = F , c’est-à-dire
si et seulement si G est surjectif. Un graphe fonctionnel surjectif G de E
dans F est appelé une fonction surjective ou une surjection de E sur F . En
combinant les propriétés des graphes déjà obtenues, on voit facilement que
G est une application injective et surjective de E sur F si et seulement si
G−1 est une application surjective de F sur E.
Une application injective et surjective G de E dans F est appelée une
application bijective ou bijection de E sur F . En combinant les propriétés
de conservation du caractère fonctionnel, du caractère partout défini, de
l’injectivité et de la surjectivité par passage au composé, on obtient immédia-
tement le résultat suivant.
G : I → E, i 2→ G(i),
on utilise la notation
G : I → E, i 2→ Gi ,
B : N → 2N, n 2→ 2n,
1.3. ENSEMBLES FINIS, INFINIS, DÉNOMBRABLES 11
de l’ensemble des entiers naturels sur l’ensemble 2N des entiers naturels pairs,
partie propre de N, montre que N est infini.
Introduisons maintenant une importante classe d’ensembles infinis. In-
tuitivement, ce sont les ensembles infinis dont les éléments peuvent être
“numérotés” par tous les entiers naturels.
Définition. On dit que l’ensemble E est dénombrable s’il est équipotent à
N.
Comme N est infini, un ensemble dénombrable est évidemment infini. Si
B : N → E est la bijection donc l’existence est assurée par la définition, on
aura donc E = {B(n) : n ∈ N} = {B(0), B(1), . . .}.
Ainsi, les ensembles 2N et N∗ sont dénombrables (prendre respectivement
les applications B définies sur N par B(n) = 2n et B(n) = n + 1 pour chaque
n ∈ N). De même, l’ensemble N × N est dénombrable, puisque l’application
(m + n)(m + n + 1)
B : N × N → N, (m, n) 2→ +n
2
est bijective. Elle correspond en effet au schéma de numérotation suivant
l(l+1) l(l+1) l(l+1)
0 1 2 ... 2 +1 2 +2 ... 2 +l ...
(0, 0) (1, 0) (0, 1) . . . (l, 0) (l − 1, 1) . . . (0, l) ...
Définition. On dira qu’un ensemble E est au plus dénombrable s’il est fini
ou dénombrable.
On vérifie aisément que E est au plus dénombrable s’il existe une surjec-
tion de N sur E.
Il est évident que toute partie d’un ensemble au plus dénombrable est
au plus dénombrable. Le résultat suivant montre qu’une union dénombrable
d’ensembles au plus dénombrables est encore au plus dénombrable.
Proposition. Soit (En )n∈N une suite d’ensembles En telle que chaque En
!
soit au plus dénombrable. Alors l’ensemble E = n∈N En est au plus
dénombrable.
Démonstration. Par hypothèse, pour chaque n ∈ N, il existe une surjec-
tion Bn : N → En . Il en résulte que l’application
B : N × N → E, (n, m) 2→ Bn (m)
est également surjective. Comme on a vu plus haut qu’il existe une bijection
C : N → N × N, on obtient une surjection B ◦ C de N sur E.
et que l’on peut construire un ensemble R, l’ensemble des nombres réels, ou,
brièvement, des réels, qui contient strictement Q et possède les propriétés
suivantes. Nous n’aborderons pas ici le problème de la construction de R.
L’ensemble des réels ou corps des réels ou champ des réels est un ensem-
ble, noté R, pour lequel sont définies :
1) deux applications A et M de R × R dans R, respectivement appelées
l’addition et la multiplication sur R et pour lesquelles on peut utiliser respec-
tivement les notations A(x, y) = x + y et M (x, y) = x.y ou M (x, y) = xy ou
M (x, y) = x × y, qui se lisent respectivement x plus y et x fois y;
2) une relation G dite relation d’ordre de R dans R notée x ≤ y (ou
y ≥ x) si et seulement si (x, y) ∈ G, qui se lit x inférieur à y (ou y supérieur
à x);
qui vérifient les quatre groupes de propriétés suivantes.
(I) R est un corps commutatif ou champ.
En d’autres termes :
(i) pour tout x ∈ R, y ∈ R et z ∈ R, on a
x + y = y + x, x + (y + z) = (x + y) + z,
En d’autres termes, si les suites dans R (ak )k∈N et (bk )k∈N sont telles
que, pour chaque k ∈ N, on ait ak ≤ ak+1 < bk+1 ≤ bk , alors il existe au
moins un réel c tel que, pour chaque k ∈ N, on ait c ∈ [ak , bk ].
Rappelons que Q est formé du sous-ensemble des éléments de R qui
peuvent s’écrire sous la forme ± m
n où m ∈ N et n ∈ N .
∗
h 1
−a > ,
n n
c’est-à-dire a < h−1
n . En vertu de la première inégalité de (1.6), il suffit donc
de prendre m = h − 1.
16 CHAPITRE 1. ENSEMBLES, GRAPHES, FONCTIONS
[ak−1 , bk−1] ⊂ [ak−2 , bk−2 ] ⊂ . . . ⊂ [a1 , b1] ⊂ [a0 , b0] ⊂ [a, b],
tels que,
xj /∈ [aj , bj ], (1 ≤ j ≤ k − 1),
prenons [ak , bk ] = [ak−1 , bk−1 ] si xk /∈ [ak−1 , bk−1] tandis que, si xk ∈
[ak−1 , bk−1], divisons [ak−1 , bk−1] en trois intervalles fermés de même lon-
gueur et prenons pour [ak , bk ] l’un d’entre eux qui ne contient pas xk . En
continuant de la sorte, on obtient une suite ([ak , bk ])k∈N d’intervalles fermés
emboı̂tés contenus dans [a, b] et tels que, pour chaque k ∈ N, xk /∈ [ak , bk ].
Le théorème des intervalles emboı̂tés implique l’existence d’un réel c appar-
tenant à chaque intervalle [ak , bk ], (k ∈ N). Dès lors, cet élément c de [a, b]
est différent de xk pour chaque k ∈ N, ce qui contredit la définition de B.
Nous avons donc démontré l’existence, à côté des ensembles infinis dé-
nombrables, d’ensembles infinis non dénombrables équipotents à R. On dit
qu’ils ont la puissance du continu. Le créateur de la théorie des ensem-
bles, Georg Cantor, et ses successeurs ont cherché sans succès à montrer
l’existence de parties infinies de R non dénombrables et non équipotentes à R
et ont été amenés à formuler la célèbre hypothèse du continu : tout ensemble
infini non dénombrable possède une partie équipotente à R. Paul Cohen
a démontré en 1962 que l’hypothèse du continu était indécidable (c’est-à-
dire ni vraie ni fausse) dans le cadre de la théorie des ensembles : on peut
ajouter indifféremment aux axiomes de la théorie des ensembles l’hypothèse
du continu ou sa négation et obtenir des théories ayant la même cohérence.
Définissons maintenant l’importante notion de valeur absolue d’un réel.
Définition. La valeur absolue du réel x, notée |x|, est le réel positif défini
par |x| = x si x ≥ 0 et |x| = −x si x < 0.
Il résulte aussitôt de cette définition que, pour tout x ∈ R, on a |x| = |−x|
et que |x| = 0 si et seulement si x = 0. En outre, il est très facile de montrer
que, a > 0 et x ∈ R étant donnés, on a les équivalences
x = (x − y) + y, y = (y − x) + x,
on obtient
et dès lors
|x| − |y| ≤ |x − y|, |x| − |y| ≥ −|x − y|,
ce qui équivaut à la seconde inégalité.
Remarque. On déduit aussitôt, de proche en proche, de la Proposition
précédente, que si x1 , x2 , . . ., xn sont des réels, alors
# #
#$n # $ n
# #
# xi # ≤ |xi|.
# #
i=1 i=1
|xy| = |x||y|.
Démonstration. Si x ≥ 0 et y ≥ 0, alors xy ≥ 0 et
|xy| = xy = |x||y|.
| · | : R → R+ , x 2→ |x|,
Rn × Rn → Rn , (x, y) 2→ x + y = (x1 + y1 , . . . , xn + yn ),
de Rn forment une base algébrique de cet espace vectoriel qui est appelée
base canonique. Tout élément x de Rn peut en effet s’écrire
n
$
x = x1 e1 + . . . + xn en = xi ei .
i=1
Enfin, si x ∈ Rn et y ∈ Rn , on a
n
$ n
$
|x + y|1 = |xi + yi | ≤ (|xi| + |yi |) = |x|1 + |y|1 .
i=1 i=1
Pour vérifier que | · |2 est une norme sur Rn , nous aurons besoin des
deux résultats importants suivants. Le premier porte le nom d’identité de
Lagrange.
Proposition. Pour tout x ∈ Rn et tout y ∈ Rn , on a
& n
' n ,
n
-2 n $
n
$ $ $ 1$
2
xi 2
yj − (xiyi ) = (xi yj − xj yi )2 .
i=1 j=1 i=1
2 i=1 j=1
Démonstration. On a
n $ n
1$
(xiyj − xj yi )2 =
2 i=1 j=1
n $ n n $ n n $ n
1$ $ 1$
x2i yj2 − xi yj xj yi + x2j yi2 =
2 i=1 j=1 i=1 j=1
2 i=1 j=1
& n
' n ,
n
- n
$ $ $ $
x2
i y2 − (xi yi ) (xj yj ) ,
j
i=1 j=1 i=1 j=1
n
& n
'1/2 & n
'1/2
$ $ $
xi yi ≤ x2i yi2 .
i=1 i=1 i=1
%n
Cette inégalité est évidemment satisfaite si i=1 xi yi < 0 et elle résulte de
%
l’inégalité de Cauchy si ni=1 xi yi ≥ 0.
On a évidemment
= |x|∞ + |y|∞ .
On a les inégalités suivantes entre les trois normes que nous venons de
définir sur Rn .
Proposition. Pour tout x ∈ Rn et tout 1 ≤ i ≤ n, on a
En outre, on a
n
$
|x|1 = |xi | ≤ n|xk | = n|x|∞ .
i=1
Enfin, on a trivialement,
n
$ n $
$ n
|x|22 = |xi ||xi| ≤ |xi ||xj | = |x|21 ,
i=1 i=1 j=1
On vérifie sans peine qu’il s’agit bien d’une relation d’équivalence sur
les normes de E. La Proposition que nous venons de démontrer montre
que les trois normes | · |i , (i = 1, 2, ∞) que nous venons de définir sur Rn
sont équivalentes. On montrera plus loin que toutes les normes sur Rn sont
équivalentes.
La notion de norme permet de définir la notion de boule dans Rn .
Définition. Soit a ∈ Rn , r > 0 et i = 1, 2 ou ∞. La boule de centre a et
de rayon r pour la norme | · |i est la partie Bi [a; r] de Rn définie par
et les boules sont donc des intervalles fermés. Réciproquement, tout inter-
valle fermé [a, b] de R corrrespond à la boule Bi [ a+b
2 ; 2 ].
b−a
et dès lors
x = x1 e1 + x2 e2 = x1 + ix2 ,
¯
z̄ = z, z + v = z̄ + v̄, zv = z̄v̄,
et
z z̄ = x2 + y 2 = |z|22 .
1.7. INTÉRIEUR, ADHÉRENCE, FRONTIÈRE 27
Dans C, la norme |z|2 de z, qui est donc égale à (z z̄)1/2, se note simplement
|z| et est souvent appelée (comme dans R), la valeur absolue de z ou le
module de z. On a, pour tout z ∈ C et tout v ∈ C,
des réels, a ∈ [a, b] mais a n’est pas intérieur à [a, b]. En effet, pour chaque
r > 0, B2 [a; r] /⊂ [a, b] puisque B2 [a; r] = [a − r, a + r] et a − r /∈ [a, b].
Définition. On dit que a est adhérent à E si, pour tout r > 0, on a
B2 [a; r] ∩ E /= ∅.
On le note aussi E.
Le résultat suivant est une conséquence immédiate de la définition.
Proposition. Si a ∈ E, alors a est adhérent à E.
La réciproque de cette proposition est fausse : un point peut être adhé-
rent à un ensemble sans lui appartenir. Par exemple, si a < b sont des réels,
a /∈ ]a, b[ mais a est adhérent à ]a, b[. En effet, pour chaque r > 0, on a
int ∅ = adh ∅ = ∅,
et que
int Rn = adh Rn = Rn .
int Q = int (R \ Q) = ∅,
et
adh Q = adh (R \ Q) = R.
Proposition. On a
= adh E ∪ adh F,
et
adh (E ∩ F ) = !int !(E ∩ F ) = !int (!E ∪ !F )
= adh E ∩ adh F.
1.7. INTÉRIEUR, ADHÉRENCE, FRONTIÈRE 31
]a, b[= int ]a, b[ = int [a, b[ = int ]a, b] = int [a, b],
[a, b] = adh ]a, b[ = adh [a, b[ = adh ]a, b] = adh [a, b].
Démonstration. Démontrons d’abord la première série d’égalités. Puis-
que
]a, b[ ⊂ [a, b[ ⊂ [a, b] et ]a, b[ ⊂ ]a, b] ⊂ [a, b],
et que ces inclusions se conservent par passage à l’intérieur, il suffit de
démontrer que
]a, b[ = int ]a, b[ = int [a, b].
La première égalité sera démontrée si l’on prouve que ]a, b[ ⊂ int ]a, b[. Soit
x ∈]a, b[, c’est-à-dire tel que a < x < b. Par une propriété des réels démontrée
plus haut, il existe donc r1 > 0 tel que a + r1 < x et r2 > 0 tel que x + r2 < b
et, en prenant r = min{r1 , r2 }, on voit que a < x − r < x + r < b ou encore
que B2 [x; r] = [x − r, x + r] ⊂ ]a, b[. Pour démontrer que ]a, b[ = int [a, b], on
sait déjà, puisque ]a, b[ ⊂ [a, b], que ]a, b[ = int ]a, b[ ⊂ int [a, b] et il suffit
donc de prouver que int [a, b] ⊂ ]a, b[. Si x ∈ int [a, b], il existe r > 0 tel que
B2 [x; r] = [x − r, x + r] ⊂ [a, b]. Par conséquent, on a
a < a + r ≤ x ≤ b − r < b,
et x ∈ ]a, b[.
Pour calculer les adhérences, il suffit, comme dans le cas des intérieurs,
de prouver que
[a, b] = adh [a, b] = adh ]a, b[.
Pour la première égalité, il suffit de nouveau de prouver que adh [a, b] ⊂ [a, b].
Si x ∈ adh [a, b], alors, pour chaque r > 0, on a
En d’autres termes,
(∀r > 0) : a ≤ x + r et x ≤ b + r.
On a vu plus haut que cette propriété équivaut à a ≤ x ≤ b, et donc
x ∈ [a, b]. Pour démontrer que adh [a, b] = adh ]a, b[, on déduit tout d’abord
de l’inclusion ]a, b[ ⊂ [a, b] que
et il suffit de prouver que [a, b] ⊂ adh ]a, b[, ce qui se ramène à {a, b} ⊂
adh ]a, b[ et a été démontré plus haut.
Remarque. Les exemples suivants montrent qu’on ne peut pas améliorer
les conclusions de la proposition sur l’intérieur d’une union et l’adhérence
d’une intersection. Si a < b < c sont des réels, E = [a, b[ et F = [b, c[, alors
E ∪ F = [a, c[ et
fr E = adh E \ int E,
puisque
adh E \ int E = adh E ∩ !int E = adh E ∩ adh !E.
1.8 Exercices
1. Soient a1 , a2 , . . . , an et b1 , b2, . . . , bn des nombres réels. Vérifier l’identité
& ' & '
n
$ n
$ n
$ $
aj bk −n ak bk = (aj − ak )(bk − bj ) =
j=1 k=1 k=1 1≤j<k≤n
n $ n
1$
(aj − ak )(bk − bj ).
2 j=1 k=1
Si, d’autre part, la totalité des éléments d’une multiplicité peut être con-
sidérée sans contradiction “comme un tout”, alors ils peuvent être rassemblés
en “une seule chose”. Je l’appelle une multiplicité consistante ou un ensem-
ble.
Fonctions, applications
Une fonction d’une quantité variable est une expression analytique com-
posée de quelque manière que ce soit de cette quantité variable et de nombres
ou quantités constantes.
Lorsque des quantités variables sont tellement liées entre elles que, la
valeur de l’une d’elles étant donnée, on puisse en conclure les valeurs de
toutes les autres, on conçoit d’ordinaire ces diverses quantités exprimées au
moyen de l’une d’entre elles, qui prend alors le nom de variable indépendan-
te; et les autres quantités, exprimées au moyen de la variable indépendante,
sont ce qu’on appelle des fonctions de cette variable.
Par le terme fonction, je considère une quantité dont les valeurs dépen-
dent d’une manière quelconque de la valeur de la variable, ou des valeurs de
plusieurs variables dont elle est composée. Ainsi, les fonctions considérées
n’ont pas besoin pour être admises d’être exprimées par une combinaison de
symboles algébriques, même entre des limites des variables arbitrairement
proches.
Par une application d’une système S, on entend une loi par laquelle
à chaque élément déterminé s de S est associé un objet déterminé, qui est
appelé l’image de s et noté φ(s); on dit, aussi, que φ(s) correspond à l’élément
s, que φ(s) est déterminé ou engendré par l’application φ à partir de s, que
s est transformé par l’application φ en φ(s).
que y est une fonction de x déterminée dans cet ensemble (X): la fonction
sera définie dans cet ensemble si la correspondance est définie. L’ensemble
(Y ) des valeurs distinctes que prend y est déterminé par la correspondance
même : dire que b est un élément de (Y ) c’est dire qu’il y a un élément a
de (X) auquel correspond le nombre b. A chaque élément de (X) corres-
pond un élément de (Y ) et un seul; mais rien n’empêche, dans la définition
précédente, qu’à plusieurs éléments différents de (X) corresponde un même
élément de (Y ).
Une fonction est une relation u telle que, si deux paires y; x et z; x ayant
le même second élément, satisfont à la relation u, il en résulte nécessairement
que y = x quelles que soient les valeurs de x, y, z.
Nombres réels
Il n’y a pas de doute que toute quantité peut être diminuée de telle
manière qu’elle s’annule complètement et disparaisse. Mais une quantité
infiniment petite n’est rien d’autre qu’une quantité qui s’annule et dès lors
la chose elle-même est égale à zéro. C’est en harmonie aussi avec cette
définition des choses infiniment petites, par laquelle les choses sont dites
inférieures à toute quantité assignable; elles devraient certainement n’être
rien, car à moins qu’elle ne soit égale à zéro, une quantité égale peut lui être
assignée, ce qui est contraire à l’hypothèse.
Nombres complexes
Gottfried W. Leibniz
Limites et continuité
39
40 CHAPITRE 2. LIMITES ET CONTINUITÉ
a pour domaine
|x|
|f (x) − 1| = ≤ 2|x| ≤ !,
|1 + x|
est tel que |f (x) − 1| ≤ ! pour tous les x ∈ dom f vérifiant l’inégalité
|x| ≤ δ. Dans ce sens précis, on peut dire que l’opération impossible “faire
prendre à f en 0 la valeur 1” est réalisée de manière approchée, et avec une
approximation aussi bonne que l’on veut. Dans ce processus, ! > 0 mesure
l’erreur maximale tolérée dans la réalisation de l’opération approchée et le
réel strictement positif δ qu’on lui associe délimite les valeurs de la variable x
pour lesquelles l’opération approchée est réalisée dans les limites de l’erreur
maximale tolérée. On voit tout de suite que si un δ1 > 0 convient, dans
ce qui précède, pour un !1 > 0 donné, il conviendra a fortiori pour chaque
! > !1 puisque |f (x) − 1| ≤ !1 entraı̂ne |f (x) − 1| ≤ !. Par contre, si ! < !1 ,
on constate facilement que le δ1 associé à !1 ne conviendra pas en général
pour !; il faudra prendre un δ < δ1 et être assuré de trouver des éléments x
dans dom f tels que |x| ≤ δ. Comme δ peut être arbitrairement petit, il est
important que dom f ∩ {x : |x| ≤ δ} /= ∅ pour tout δ > 0, c’est-à-dire que
0 ∈ adh dom f.
Nous pouvons maintenant formaliser ce qui précède et obtenir la définiti-
on suivante.
Définition. Soit f une fonction de Rn dans Rp, a ∈ Rn et b ∈ Rp . On dit
que f (x) tend vers b lorsque x tend vers a, ou encore que b est limite de f (x)
lorsque x tend vers a, et l’on écrit
f (x) → b si x → a,
si les deux conditions suivantes sont satisfaites :
1) a ∈ adh dom f ;
2) (∀! > 0)(∃δ > 0)(∀x ∈ dom f : |x − a|2 ≤ δ) : |f (x) − b|2 ≤ !.
Rappelons que la condition 2 se lit comme suit : pour tout ! > 0, il
existe un δ > 0 tel que pour tout x ∈ dom f vérifiant l’inégalité |x − a|2 ≤ δ,
on a l’inégalité |f (x) − b|2 ≤ !. Pour chaque ! > 0 donné, on devra donc
trouver un δ > 0 (pouvant dépendre d’!) tel que |f (x) − b|2 ≤ ! pour tous les
x ∈ dom f tels que |x − a|2 ≤ δ. Dans l’exemple considéré plus haut, toutes
les conditions de la définition sont satisfaites avec a = 0 et b = 1, et l’on
peut donc écrire
1 1
− → 1 si x → 0.
x x + x2
Donnons maintenant un exemple de vérification de la définition pour une
fonction de plusieurs variables.
Exemple. Soit f la fonction de R2 dans R définie par
x 1 x2 x 1 x2
f (x1 , x2 ) = = 2 .
|x|2 (x1 + x22 )1/2
2.2. LIMITE DES VALEURS D’UNE FONCTION 43
f (x) → 0 si x → 0.
Soit ! > 0; il faut donc trouver un δ > 0 tel que, pour tout x = (x1 , x2 ) /=
(0, 0) vérifiant l’inégalité |x|2 ≤ δ, on ait
# #
# x1 x2 #
# #
# |x| # ≤ !,
2
c’est-à-dire
|x1 ||x2|
≤ !.
|x|2
L’étude de cette inégalité est simplifiée si l’on rappelle que, pour tout x =
(x1 , x2 ) ∈ R2 , on a
|xi | ≤ |x|2 , (i = 1, 2),
et dès lors, pour tout x ∈ R2 \ {0}, on a
si b est limite de f |E (x) pour x tendant vers a, c’est-à-dire si les deux con-
ditions suivantes sont satisfaites :
1) a ∈ adh (dom f ∩ E);
2) (∀! > 0)(∃δ > 0)(∀x ∈ dom f ∩ E : |x − a|2 ≤ δ) : |f (x) − b|2 ≤ !.
Exemple. Soit f la fonction de R dans R définie par f (x) = |x|
x
. On a
évidemment dom f = R \ {0}. Prenons E = R+ = {x ∈ R : x ≥ 0}, ce
qui entraı̂ne dom f ∩ E = R∗+ = {x ∈ R : x > 0}, et 0 ∈ adh R∗+ = R+ .
Montrons que
f (x) → 1 si x → 0 dans E.
On a, pour tout x > 0, f (x) = xx = 1 et donc |f (x) − 1| = 0. Si ! > 0 est
donné, on aura donc |f (x) − 1| = 0 ≤ ! quel que soit x > 0 et l’on peut donc
choisir n’importe quel δ > 0 dans la définition.
Il est évident que, pour chaque E ⊂ Rn tel que a ∈ adh (dom f ∩ E), on
a l’implication
(∀! > 0)(∃δ > 0)(∀x ∈ dom f ∩ B2 [a; δ]) : f (x) ∈ B2 [b; !],
(∀! > 0)(∃δ > 0)(∀x ∈ dom f : |x − a|2 ≤ δ) : |f (x) − b|2 ≤ r!,
(∀! > 0)(∃δ $ > 0)(∀x ∈ dom f : |x − a|2 < δ $ ) : |f (x) − b|2 < !, (2.2)
2.2. LIMITE DES VALEURS D’UNE FONCTION 45
où les signes ≤ sont remplacés par < (le changement de δ en δ $ n’a évidem-
ment aucune signification profonde et ne sert que pour clarifier la démonstra-
tion). Montrons tout d’abord que la condition 2 de la définition implique
(2.2) : si ! > 0 est donné, il faut donc trouver un δ $ > 0 tel que (2.2) soit
satisfaite. Par la condition 2 de la définition et la remarque 2, il existe un
δ $$ > 0 tel que
!
(∀x ∈ dom f ∩ E : |x − a|2 ≤ δ $$ ) : |f (x) − b|2 ≤ ,
2
ce qui entraı̂ne évidemment que
(∀! > 0)(∃δ > 0)(∀x ∈ dom f : |x − a|2 ≤ δ)(∀x$ ∈ dom f : |x$ − a|2 ≤ δ) :
|f (x) − f (x$ )|2 = |f (x) − b + b − f (x$ )|2 ≤ |f (x) − b|2 + |f (x$ ) − b|2 .
! !
|f (x) − f (x$ )|2 ≤ |f (x) − b|2 + |f (x$ ) − b|2 ≤ + = !.
2 2
(∃! > 0)(∀δ > 0)(∃x ∈ dom f : |x − a|2 ≤ δ)(∃x$ ∈ dom f : |x$ − a|2 ≤ δ) :
est vérifiée, alors la limite de f (x) pour x tendant vers a n’existe pas.
On notera que, dans la condition (2.4), il suffit de trouver un ! > 0 tel
que (2.4) soit satisfaite pour tout δ ∈ ]0, δ ∗ [ pour un δ ∗ fixé a priori, puisque,
si x et x$ conviennent dans (2.4) pour un δ > 0, ils conviennent pour tous les
δ supérieurs. On obtient évidemment une condition nécessaire de Cauchy
pour la limite de f (x) lorsque x tend vers a dans E en appliquant le résultat
précédent à f |E .
Exemples. 1. Nous avons vu précédemment que
x
lim = 1.
x→0, x>0 |x|
Montrons que
x
lim
x→0 |x|
n’existe pas, ce qui justifiera le fait mentionné plus haut que, lorsque E ∩
dom f ! dom f , l’existence de la limite de f (x) lorsque x tend vers a dans
E n’entraı̂ne pas nécessairement celle de la limite de f (x) lorsque x tend
vers a . Pour vérifier (2.4), il faut donc trouver des réels x et des réels
x$ arbitrairement proches de 0 tels que |f (x) − f (x$ )| reste supérieur à un
nombre positif fixe. Comme f (x) = −x x
= −1 si x < 0 et f (x) = xx = 1 si
x > 0, on voit que, pour tout x > 0 et tout x$ < 0, on aura
f (x) → b si x → a
tout x$ ∈ dom f tel que |x$ − a|2 ≤ δ, on a |f (x) − f (x$ )|2 ≤ 1. Dès lors, si
l’on fixe un x$ ∈ dom f ∩ B2 [a; δ], on trouve, pour tout x ∈ dom f tel que
|x − a|2 ≤ δ,
|f (x)|2 = |f (x) − f (x$ ) + f (x$ )|2 ≤ |f (x) − f (x$ )|2 + |f (x$ )|2 ≤ 1 + |f (x$ )|2 ,
(∀r > 0)(∀δ > 0)(∃x ∈ dom f : |x − a|2 ≤ δ) : |f (x)|2 > r),
celle de fonctions plus simples qui les composent. C’est l’objet des règles de
calcul des limites. La première exprime essentiellement que la limite d’une
somme est égale à la somme des limites. Rappelons que si f et g sont deux
fonctions de Rn dans Rp , la somme f + g de f et g est la fonction de Rn
dans Rp de domaine dom (f + g) = dom f ∩ dom g telle que, pour tout
x ∈ dom (f + g), on a (f + g)(x) = f (x) + g(x).
Proposition. Soient f et g deux fonctions de Rn dans Rp , a ∈ Rn , b ∈ Rp
et c ∈ Rp tels que a ∈ adh (dom f ∩ dom g). Si
alors
lim (f + g)(x) = b + c.
x→a
|(f + g)(x) − (b + c)|2 = |f (x) − b + g(x) − c|2 ≤ |f (x) − b|2 + |g(x) − c|2 .
alors
lim (gf )(x) = cb.
x→a
f
constante de R dans R partout égale à 1, on a g = 1g .f.
54 CHAPITRE 2. LIMITES ET CONTINUITÉ
avec c /= 0, alors
f b
lim (x) = .
x→a g c
Démonstration. En vertu de l’égalité fg = 1g .f. et du résultat sur le
produit des limites, il suffit de démontrer que, avec les hypothèses faites sur
g, on a
1 1
lim (x) = .
x→a g c
Notons que dom 1g = {x ∈ dom g : g(x) /= 0}, et montrons tout d’abord que
a ∈ adh dom 1g . En prenant ! = |c|/2, l’hypothèse et une inégalité classique
entraı̂nent l’existence d’un δ $ > 0 tel que, pour tout x ∈ dom g vérifiant
|x − a|2 ≤ δ $ , on ait
|c|
||g(x)| − |c|| ≤ |g(x) − c| ≤ ,
2
et dès lors, pour les mêmes valeurs de x,
|c|
|g(x)| ≥ .
2
En conséquence, dom 1g ⊃ dom g ∩ B2 [a; δ $], ce qui entraı̂ne aussitôt que
dom 1g ∩ B2 [a; r] /= ∅ pour tout r > 0. Pour tout x ∈ dom 1g , on a
# # # #
#1
# (x) − 1 # = # 1 − 1 # = |c − g(x)| .
# # #
#g c # # g(x) c # |c||g(x)|
Soit maintenant ! > 0; par hypothèse,
!|c|2
(∃δ $$ > 0)(∀x ∈ dom g : |x − a|2 ≤ δ $$ ) : |g(x) − c| ≤ .
2
Dès lors, en posant δ = min{δ $ , δ $$ }, on aura, en rassemblant les résultats
qui précèdent, pour chaque x ∈ dom 1g tel que |x − a|2 ≤ δ,
# #
#1
# (x) − 1 # ≤ !|c| . 1 . 2 = !.
# 2
#g c # 2 |c| |c|
2.4. RÈGLES DE CALCUL DES LIMITES 55
alors
lim (g ◦ f )(x) = c.
x→a
Dès lors, pour tout x ∈ dom (g◦f ) tel que |x−a|2 ≤ δ, on aura f (x) ∈ dom g
et |f (x) − b|2 ≤ η, et dès lors
lim |f |i(x) = 0.
x→a
lim fj (x) = bj .
x→a
Il ne faut pourtant pas en déduire que limx→0 f (x1 , x2 ) = 0, car cette limite
n’existe pas ! En effet, pour chaque point de la forme (x1 , x1 ) avec x1 /=
x2
0, on a f (x1 , x1 ) = 2x12 = 12 et l’on en déduit aussitôt que, pour chaque
1
δ > 0, si l’on choisit x = (δ, 0) et x$ = ( 21/2
δ δ
, 21/2 ), on a |x|2 = |x$ |2 = δ et
|f (x) − f (x$ )| = 12 , ce qui montre que la négation de la condition nécessaire
de Cauchy est satisfaite avec ! = 14 .
Montrons enfin que la limite respecte les inégalités non strictes entre
fonctions à valeurs réelles.
Proposition. Soient f et g des fonctions de Rn dans R, a ∈ Rn , b ∈ R et
c ∈ R. Si,
lim f (x) = b et lim g(x) = c,
x→a, x∈dom g x→a, x∈dom f
b = lim f (x))
x→∞
Enfin, les règles de calcul des limites s’étendent aussi, avec des démonstra-
tions analogues, à la limite à l’infini.
Si E est une partie de Rn , alors, en appliquant la définition ci-dessus
à f |E , on obtient immédiatement la notion de limite des valeurs de f (x)
lorsque x tend vers l’infini dans E.
Définition. Soit f une fonction de Rn dans Rp , b ∈ Rp et E ⊂ Rn . On dit
que f (x) tend vers b lorsque x tend vers l’infini dans E, et l’on écrit
f (x) → b si x → ∞ dans E,
on dit que f (x) tend vers b lorsque x tend vers plus l’infini (resp. moins
l’infini), et l’on écrit
et
(∀! > 0)(∃ρ > 0)(∀x ∈ dom f : x ≤ −ρ) : |f (x) − b|2 ≤ !.
Exemple. Soit f l’application de R dans R définie par f (x) = 1+|x| x
. Si
! > 0 est donné, alors, pour x ≥ 0, |f (x) − 1| = | 1+x − 1| = 1+x ≤ ! dès que
x 1
ce qui traduit simplement le fait qu’on peut ignorer les q premiers termes
d’une suite sans modifier l’existence et la valeur de sa limite. Lorsque la
2.6. LIMITES À L’INFINI ET CONVERGENCE DES SUITES 65
limite de (ak )k∈N existe, on dit aussi que la suite (ak )k∈N converge ou est
une suite convergente; sinon on dit qu’elle diverge ou est une suite divergente.
Les points ak de Rp sont souvent appelés les termes de la suite.
Exemple. La suite ( k1 )k∈N∗ converge vers zéro et la suite ((−1)k )k∈N diverge.
On le vérifiera comme exercice.
La condition nécessaire de Cauchy peut s’écrire, dans le cas d’une suite
(ak )k∈N dans Rp sous la forme équivalence
la suite (xk )k∈N ainsi obtenue est une suite dans dom f qui converge vers a
et est telle que f (xk )k∈N ne converge pas vers b.
La forme contraposée de cette caractérisation de la limite des valeurs
d’une fonction est souvent utile pour montrer que la limite n’est pas égale
à b : il suffira de trouver une suite (xk )k∈N dans dom f qui converge vers
a et soit telle que la suite f (xk )k∈N ne converge pas vers b. On en déduit
également un moyen utile pour prouver la non-existence de la limite : il
suffira de trouver une suite (xk )k∈N dans dom f qui converge vers a et soit
telle que la suite f (xk )k∈N converge vers b$ et une suite (x$k )k∈N dans dom f
qui converge vers a et soit telle que la suite f (x$k )k∈N converge vers b$$ /= b$ .
En appliquant le résultat précédent à f |E , on obtient une caractérisation
en termes de suites de la limite de f (x) lorsque x tend vers a dans E.
Définition. Soit f une fonction de Rn dans Rp . On dit que f (x) tend vers
l’infini lorsque x tend vers l’infini, et l’on écrit
lim f (x) = ∞,
x→∞
Définition. Soit f une fonction de Rn dans R. On dit que f (x) tend vers
+∞ (resp. −∞) lorsque x tend vers l’infini, et l’on écrit
de calcul des limites n’ont donc aucune raison de s’appliquer, et il est facile
de le montrer par des exemples. D’ailleurs les énoncés correspondants n’ont
eux-mêmes souvent aucun sens. Il convient donc de traiter ces notions avec
prudence en retournant aux définitions.
La notion de limite infinie fournit toutefois des compléments d’informati-
on sur les limites de quotients de fonctions dans des situations où les règles
de calcul classiques ne s’appliquent pas. Nous les formulons dans le cas où
x tend vers a. On a des résultats entièrement analogues lorsque x tend vers
l’infini, dont les énoncés et les démonstrations sont laissés au lecteur.
Proposition. Soit f une fonction de Rn dans Rp (resp. C), g une fonction
de Rn dans R (resp. C) et a ∈ adh (dom f ∩ dom 1/g). Si
lim g(x) = 0
x→a
et s’il existe δ1 > 0 et η1 > 0 tels que |f (x)|2 ≥ η1 pour tout x ∈ dom f ∩
B2 [a; δ1 ], (ce qui est le cas si limx→a f (x) = b /= 0), alors
f
lim (x) = ∞.
x→a g
Démonstration. Soit r > 0; et soient δ1 et η1 donnés par les hypothèses.
Puisque g(x) tend vers 0 lorsque x tend vers a, il existera δ2 > 0 tel que,
pour tout x ∈ dom g ∩ B2 [a; δ2 ], on a |g(x)| ≤ ηr1 . Dès lors, si δ = min{δ1 , δ2 }
et si x ∈ dom f ∩ dom 1/g ∩ B2 [a; δ], on aura
# #
# (x)# = |f (x)|2 ≥ η1 r = r.
#f #
#g # |g(x)| η1
2
lim g(x) = ∞
x→a
et si f est localement bornée en a, (ce qui est le cas si limx→a f (x) existe),
alors
f
lim (x) = 0.
x→a g
(xk )k∈N définie par xk = a pour chaque k ∈ N, on obtient une suite dans
dom f convergeant vers a et dès lors la suite (constante) (f (xk ))k∈N égale
pour tout k ∈ N à f (a) convergera vers b; mais sa limite est évidemment
f (a), ce qui entraı̂ne que f (a) = b.
Condition suffisante. Elle est évidente.
Cette proposition montre qu’en un point de continuité d’une fonction, il
suffit simplement, pour obtenir la limite, de calculer la valeur de la fonction
en ce point. On pourra donc gagner beaucoup de temps, dans le calcul des
limites, en identifiant rapidement les points de continuité d’une fonction.
Il existe une condition sur a et dom f qui assure toujours la continuité
de f en a.
Définition. Si E ⊂ Rn et si a ∈ E, on dit que a est un point isolé de E s’il
existe r > 0 tel que B2 [a; r] ∩ E = {a}.
En d’autres termes, a est isolé dans E si et seulement s’il existe un r > 0
tel que B2 [a; r] ∩ (E \ {a}) = ∅ c’est-à-dire si et seulement si a n’est pas
adhérent à E \ {a}.
Proposition. Si f est une fonction de Rn dans Rp et si a est isolé dans
dom f , alors f est continue en a.
Démonstration. Soit r > 0 tel que B2 [a; r] ∩ dom f = {a}. Si ! > 0 est
donné, alors,
{x ∈ dom f : x ∈ B2 [a; r]} = {a},
et évidemment, |f (a) − f (a)|2 = 0 ≤ !.
Considérons maintenant le cas d’un point non isolé du domaine.
Proposition. Soit f une fonction de Rn dans Rp et a un point non isolé de
dom f . Alors
n
$ n
$ n
$
L(cx) = (cx)j cj = cxj cj = c xj cj = cL(x),
j=1 j=1 j=1
et sera donc linéaire. En conséquence, toute application linéaire de Rn dans
Rp est de la forme (2.7) avec cj = L(ej ), (1 ≤ j ≤ n). Les éléments cj = L(ej )
s’appellent les coefficients de L dans la base canonique. Leurs composantes
Lk (ej ) = pk (L(ej )), (1 ≤ j ≤ n, 1 ≤ k ≤ p) définissent une matrice qui
représente l’application linéaire dans la base canonique. Ainsi, la donnée
d’une application linéaire de Rn dans Rp revient à la donnnée de n éléments
de Rp, c’est-à-dire de np réels. En particulier, la donnée d’une application
linéaire de Rn dans R revient à la donnée de n réels ou encore d’un élément de
Rn et celle d’une application linéaire de R dans Rp revient à la donnée d’un
élément de Rp . On notera aussi que L est l’application nulle si et seulement
si tous les cj sont nuls.
Exemple. Pour chaque 1 ≤ k ≤ n, l’application pk : x 2→ xk (projection sur
la ke composante) est une application linéaire de Rn dans R.
Le résultat suivant est la clef de l’étude des propriétés de continuité d’une
application linéaire.
Proposition. Soit k = 1, 2 ou ∞ et L une application linéaire de Rn dans
Rp . Pour tout x ∈ Rn et (i, j) = (1, ∞), (2, 2) ou (∞, 1), on a
|L(x)|k ≤ |L|k,i|x|j ,
# #
où |L|k,i = #(|L(e1 )|k , . . . , |L(en)|k )#i .
Démonstration. On a, pour chaque x ∈ Rn , en utilisant (2.6),
n
$ n
$
|L(x)|k ≤ |xj L(ej )|k = |xj ||L(ej )|k
j=1 j=1
et dès lors,
n
$
|L(x)|k ≤ |L(e )|k max{|x1 |, . . . , |xn|} = |L|k,1 |x|∞ ,
j
j=1
n
$
|L(x)|k ≤ max{|L(e1 )|k , . . . , |L(en)|k } |xj | = |L|k,∞ |x|1 ,
j=1
et, en utilisant l’inégalité de Cauchy,
1/2 1/2
n
$ n
$
|L(x)|k ≤ |L(ej )|2k x2j = |L|k,2 |x|2 .
j=1 j=1
74 CHAPITRE 2. LIMITES ET CONTINUITÉ
L(e2 ) = iL(e1 ),
2.10 Exercices
1. Pour chaque nombre rationnel x, il existe un et un seul couple d’entiers
(m, n) tels que n > 0, m et n soient premiers entre eux et x = m n (représen-
tation irréductible de x). Si l’on définit l’application f de R dans R par
f (x) = n si x est rationnel de représentation irréductible m
n , et f (x) = 0 si
x est irrationnel, montrer que f n’est localement bornée en aucun point de
R. (Raisonner par l’absurde).
2. On définit la suite de Fibonacci (uk )k∈N par u0 = u1 = 1 et
uk+2 = uk+1 + uk ,
v 2 − v − 1 = 0,
76 CHAPITRE 2. LIMITES ET CONTINUITÉ
c’est-à-dire √
∗ 1+ 5
v = = 1, 618 . . ..
2
Cette quantité est appelée le nombre d’or. Montrer que, pour tout k ≥ 1,
on a
|vk − v ∗ |
|vk+1 − v ∗ | ≤ ,
v∗
et dès lors
|v1 − v ∗ |
|vk+1 − v ∗ | ≤ .
(v ∗ )k
En déduire que (vk )k∈N converge vers v ∗ .
3. Si p ≥ 1 est un réel et si x ∈ Rn , on définit |x|p par
1/p
p
$
|x|p = |xj |p .
j=1
Montrer que
|x|∞ = lim |x|p,
p→∞
Montrer que cette fonction n’est pas continue en (0, 0) mais que les fonctions
x 2→ f (x, 0) et y 2→ f (0, y) sont continues en 0.
8. Soit (ak )k∈N∗ une suite dans Rp. Montrer que si limk→∞ ak = a, alors
%n
k=1 ak
lim = a.
n→∞ n
Suggestion. Soit ! > 0; il existe m$ ∈ N∗ tel que, pour tout k ≥ m$ , on a
|ak − a|2 ≤ 2! . Si n ≥ m$ , alors
# %n # # # %m" −1 %n
# k=1 ak # #$n
ak − a ##
# k=1 |ak − a|2 " |ak − a|2
#
# − a# = #
# # ≤ + k=m
n 2 # n # n n
k=1 2
%m" −1 %m" −1
|ak − a|2 n − m$ + 1 ! |ak − a|2 !
≤ k=1
+ ≤ k=1
+ .
n n 2 n 2
%m" −1
|ak −a|2
Prendre alors m ≥ m tel que k=1 n
$
≤ 2! lorsque n ≥ m. La récipro-
que est fausse, comme le montre l’exemple de ak = (−1)k .
On dit qu’une grandeur est la limite d’une autre grandeur, quand la se-
conde peut approcher de la première plus près que d’une grandeur donnée,
si petite qu’on la puisse supposer, sans pourtant que la grandeur, qui ap-
proche, puisse jamais surpasser la grandeur dont elle approche; en sorte que
la différence d’une pareille quantité à sa limite est absolument inassignable.
Limites infinies
Continuité
Les fonctions continues sont celles dont la nature est définie par une
relation précise entre les coordonnées exprimée par une équation; en sorte
que tous ses points soient déterminés par une même équation, comme par
une loi.
Une fonction f (x) qui varie selon la loi de continuité pour toutes les
valeurs de x situées à l’intérieur ou à l’extérieur de certaines limites n’est
rien d’autre que ce qui suit : si x est l’une quelconque de ces valeurs, la
différence f (x + w) − f (x) peut être rendue plus petite que n’importe quelle
quantité donnée si on fait w aussi petit qu’on le désire.
S’il est possible de déterminer une borne δ telle que pour toute valeur de
h, plus petite en valeur absolue que δ, f (x + h) − f (x) soit plus petite qu’une
80 CHAPITRE 2. LIMITES ET CONTINUITÉ
quantité ! aussi petite que l’on veut, alors on dira qu’on a fait correspondre à
une variation infiniment petite de la variable une variation infiniment petite
de la fonction.
Dérivabilité
f (x) − f (a)
∆af (x) = .
x−a
On remarquera que cette fonction ∆a f ne peut pas être définie pour une
fonction f de Rn dans Rp lorsque n > 1, puisqu’il n’existe pas de division
d’un élément de Rp par un élément de Rn .
La notion géométrique de tangente à une courbe et la notion mécanique
de vitesse instantanée conduisent alors à la notion suivante.
Définition. On dit que la fonction f de R dans Rp est dérivable au point
a ∈ dom f si la limite
f (x) − f (a)
lim ∆a f (x) ≡ lim (3.1)
x→a x→a x−a
df
existe. Dans ce cas, cette limite est notée f $ (a), Df (a) ou dx (a) et appelée le
vecteur dérivé de f en a (nombre dérivé si p = 1), ou encore, plus simplement,
la dérivée de f en a.
81
82 CHAPITRE 3. DÉRIVABILITÉ
dom f − a = {h ∈ R : a + h ∈ dom f },
et
|x| x
lim = lim = 1.
x→0+ x x→0+ x
lim r(h) = 0,
h→0
f (a + h) − f (a)
lim = b,
h→0 h
c’est-à-dire
f (a + h) − f (a) − hb
lim = 0.
h→0 h
Dès lors si l’on pose
f (a + h) − f (a) − hb
r(h) = ,
|h|
f (a + h) − f (a) − hb
lim = 0,
h→0 |h|
Les deux membres de cette égalité gardent un sens pour une fonction f
de Rn dans Rp à condition de prendre pour L une application linéaire de Rn
dans Rp , pour r une fonction de Rn dans Rp et de remplacer |h| par |h|2 .
Nous sommes ainsi conduits à la définition suivante.
Définition. Soit f une fonction de Rn dans Rp et a ∈ dom f . On dit que f
est dérivable (ou différentiable) au point a s’il existe une application linéaire
L de Rn dans Rp et une fonction r de Rn dans Rp définie au moins sur
(dom f − a) \ {0}, telles que
lim r(h) = 0
h→0
dom f − a = {h ∈ Rn : a + h ∈ dom f }.
et
f (x) = f (a) + L(x − a) + |x − a|j rj (x − a),
f (a + h) − f (a) − L(h)
lim = 0,
h→0 |h|2
3.2. FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES RÉELLES 87
h21 + h22
|r(h)| ≤ = |h|2 ,
|h|2
Lc : R2 → R, (h1 , h2 ) 2→ ch2 ,
h1 8 2 91/2 h2
rc (h1 , h2 ) = h1 − |h2 | −c ,
|h|2 |h|2
Soit ρ > 0 tel que B2 [a; ρ] ⊂ dom f. Comme B2 [ρ] ⊂ dom f − a, on aura,
pour chaque 1 ≤ k ≤ n, et chaque t ∈ ]0, ρ],
et dès lors
(L − M )(ek ) = [s(tek ) − r(tek )].
En faisant tendre t vers 0 dans cette égalité, et en utilisant les propriétés de
r et s et le théorème sur la limite d’une fonction composée, on obtient, pour
chaque 1 ≤ k ≤ n,
(L − M )(ek ) = 0,
et dès lors L = M , puisqu’une application linéaire de Rn dans Rp est nulle
si et seulement si elle s’annulle sur chaque élément de la base canonique de
Rn .
3.2. FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES RÉELLES 89
et en particulier
f $ (a) = fa$ (1).
La connaissance de la dérivée f $ (a) de f en a entraı̂ne donc, pour n = 1, la
connaissance de sa dérivée totale fa$ , et réciproquement.
Géométriquement, lorsque n ≥ 2 et que f est une fonction de Rn dans
R dérivable en a ∈ int dom f, le graphe de la fonction affine h 2→ f (a) +
fa$ (h) est le plan de Rn × R passant par (a, f (a)) qui fournit la meilleure
approximation du graphe de f au voisinage de (a, f (a)). On l’appelle le plan
tangent au graphe de f en (a, f (a)). On pourra visualiser la situation lorsque
n = 2.
La dérivabilité de f en a entraı̂ne sa continuité en ce point.
Proposition. Soit f une fonction de Rn dans Rp et a ∈ dom f . Si f est
dérivable en a, alors, pour chaque j = 1, 2 ou ∞, la fonction g de Rn dans Rp
90 CHAPITRE 3. DÉRIVABILITÉ
f (a+h)−f (a)
définie par g(h) = |h|j est localement bornée en 0 et f est continue
en a.
Démonstration. Soit j = 1, 2 ou ∞. Par hypothèse, il existe une appli-
cation linéaire L de Rn dans Rp et une fonction r de Rn dans Rp définie au
moins sur (dom f − a) \ {0} telle que limh→0 r(h) = 0 et
f (a + h) = f (a) + L(h) + |h|2 r(h)
pour chaque h ∈ (dom f − a) \ {0}. En conséquence, pour ces mêmes h, on
a
& '
f (a + h) − f (a) L(h) + |h|2 r(h) h |h|2
g(h) = = =L + r(h).
|h|j |h|j |h|j |h|j
On sait que le premier terme est une fonction localement bornée en 0 et, en
utilisant les inégalités entre normes, on voit aisément que le deuxième terme
est le produit par r d’une fonction localement bornée en 0; il tend donc vers
0 lorsque h tend vers 0, et est donc également localement borné en 0. Enfin,
pour tout x ∈ dom f \ {a}, on a
f (x) = f (a) + L(x − a) + |x − a|2 r(x − a),
et dès lors
lim f (x) = f (a),
x→a, x(=a
f $ (a; u) = (f ◦ g)$(0).
f (a + tu) = f (a) + fa$ (tu) + |tu|2 r(tu) = f (a) + tfa$ (u) + |t|r(tu),
f (a + h) − f (a) − L(h)
lim = 0, (3.8)
h→0 |h|2
On a
et dès lors
f (a + h) − f (a) − L(h) h2
lim = lim 1 = 0.
h→0 |h|2 h→0 |h|2
∇f (a)
ce qui montre que f $ (a; u) prend sa plus grande valeur lorsque u = |∇f (a)|2 .
Comme
f (a + tu) = f (a) + t(∇f (a)|u) + |t|r(tu),
∇f (a)
avec r(h) → 0 si h → 0, le résultat qui précède montre que u = |∇f (a)|2
est
la direction suivant laquelle f croı̂t le plus vite à partir de a. L’opposée −u
est la direction de plus grande pente.
En particulier, pour n = 1,
et
f (a + h) = f (a) + fa$ (h) + |h|2 r(h),
(f + g)(a + h) = f (a + h) + g(a + h)
= f (a) + fa$ (h) + |h|2 r(h) + g(a) + ga$ (h) + |h|2 s(h)
= (f + g)(a) + (fa$ + ga$ )(h) + |h|2 [r(h) + s(h)],
avec
lim [r(h) + s(h)] = 0.
h→0
Le cas n = 1 s’en déduit aussitôt puisque
En particulier, si n = 1, on a aussi
et
f (a + h) = f (a) + fa$ (h) + |h|2 r(h),
pour tout h ∈ (dom f − a) \ {0} et
= [g(a) + ga$ (h) + |h|2 s(h)][f (a) + fa$ (h) + |h|2 r(h)]
2
ga$ (h)fa$ (h)
= (gf )(a) + ga$ (h)f (a) + g(a)fa$ (h) + |h|2 g(a)r(h) +
|h|2
:
+ ga$ (h)r(h) + s(h)f (a) + s(h)fa$ (h) + |h|2 s(h)r(h)
= (gf )(a) + ga$ (h)f (a) + g(a)fa$ (h) + |h|2 q(h),
si l’on pose
ga$ (h)fa$ (h)
q(h) = g(a)r(h) +
|h|2
+ga$ (h)r(h) + s(h)f (a) + s(h)fa$ (h) + |h|2 s(h)r(h).
Comme la fonction h 2→ |h|−1
2 ga (h) = ga ( |h|2 ) est localement bornée en 0, on
$ $ h
voit que chaque terme de q est formé du produit d’une fonction localement
bornée en 0 par une fonction ayant une limite nulle en 0, et donc que
lim q(h) = 0.
h→0
f
dom = {x ∈ dom f ∩ dom g : g(x) /= 0}.
g
|g(a)|
|g(x) − g(a)| ≤ ,
2
et dès lors
|g(a)|
||g(x)| − |g(a)|| ≤ ,
2
ce qui entraı̂ne en particulier que, pour tout x ∈ dom g tel que |x − a|2 ≤ δ,
on aura |g(x)| ≥ |g(a)|
2 > 0. Donc dom f ∩ dom g ∩ B2 [a; δ] ⊂ dom fg et
a ∈ int dom 1g . D’autre part, g étant dérivable en a, il existe une fonction
r de Rn dans R définie au moins sur (dom g − a) \ {0} telle que, pour tout
h ∈ (dom g − a) \ {0}, on ait
= gf$ (a)(fa$ (u)) = gf$ (a)[f $ (a; u)] = g $ [f (a); f $(a; u)].
Dès lors, pour chaque 1 ≤ k ≤ n, il vient
Dr (g ◦ f )(r, θ)
= D1 g(r cos θ, r sin θ)Dr f1 (r, θ) + D2 g(r cos θ, r sin θ)Dr f2 (r, θ)
3.6. C-DÉRIVABILITÉ 103
3.6 C-dérivabilité
Soit f une fonction de C dans C et a ∈ dom f . On peut évidemment la con-
sidérer simplement comme une fonction de R2 dans R2 (en oubliant la struc-
ture supplémentaire de champ de R2 ), et considérer sa dérivabilité en a au
sens de l’existence de la dérivée totale en a. Mais la structure supplémentaire
de C nous permet également de généraliser à une telle fonction la notion de
fonction taux d’accroissement en a (puisqu’on peut diviser un élément de C
par un élément non nul de C) et la notion de dérivée correspondante.
104 CHAPITRE 3. DÉRIVABILITÉ
cz − ca c(z − a)
lim = lim = c.
z→a z−a z→a z − a
f (a + h) = f (a) + hb + |h|r(h),
3.6. C-DÉRIVABILITÉ 105
que
1
D1 f (a) = b = D2 f (a),
i
et
f $ (a) = fa$ (1) = D1 f (a).
ou
Dk f (a) = Dk 8f (a) + iDk 9f (a), (k = 1, 2),
les conditions de Cauchy-Riemann s’écrivent également, en égalant les par-
ties réelles et imaginaires des deux membres de la condition b,
ou
D1 8f (a) = D2 9f (a), D2 8f (a) = −D1 9f (a).
La matrice jacobienne en a d’une fonction C-dérivable en a a donc ses termes
diagonaux égaux et ses termes hors-diagonale opposés.
Exemple. L’application f de C dans C définie par f (z) = |z|2 n’est C-
dérivable qu’en z = 0. En effet, si z = x + iy, on a
2a1 = 0, 2a2 = 0,
3.7 Exercices
1. Soit f une fonction de R dans R∗+ dérivable en a ∈ R. On appelle dérivée
logarithmique de f en a le nombre réel
f $ (a)
Dlog f (a) = = (log f )$ (a).
f (a)
Montrer que si f et g sont deux fonctions de R dans R∗+ dérivables en a ∈ R,
alors on a
Dlog (f g)(a) = Dlog f (a) + Dlog g(a),
f
Dlog (a) = Dlog f (a) − Dlog g(a).
g
2. Soit E une partie non vide de Rn , a ∈ E et b ∈ Rn tel que |b|2 = 1. On
dit que b est tangent à E en a s’il existe une suite (xk )k∈N dans E \ {a} qui
−a
converge vers a et est telle que la suite ( |xxkk−a| 2
)k∈N converge vers b. Montrer
que si a ∈ int E, alors tout b ∈ R tel que |b|2 = 1 est tangent à E en a.
n
lim r(h) = 0,
h→0
si et seulement s’il existe une base {b1 , b2, . . . , bn} formée d’éléments bj tan-
gents à dom f en a.
108 CHAPITRE 3. DÉRIVABILITÉ
f (ta) = tm f (a).
Les rapports ultimes dans lequels les quantités disparaissent ne sont pas
réellement les rapports de quantités ultimes, mais les limites vers lesquelles
les rapports de quantités, décroissant sans limite, s’en approchent toujours;
et vers lesquelles ils peuvent s’en approcher aussi près que toute différence
donnée, mais dont ils ne peuvent jamais les dépasser ou atteindre avant que
les quantités soient diminuées indéfiniment.
∆y f (x + i) − f (x)
= ,
∆x i
seront des quantités infiniment petites. Mais, tandis que ces deux termes
s’approcheront indéfiniment et simultanément de la limite zéro, le rapport
lui-même pourra converger vers une autre limite, soit positive, soit négative.
Cette limite, lorsqu’elle existe, a une valeur déterminée pour chaque valeur
particulière de x. Pour indiquer cette dépendance, on donne à la nouvelle
fonction le nom de fonction dérivée, et on la désigne, à l’aide d’un accent,
par la notation y $ ou f $ (x).
f (x0 + h) = f (x0 ) + c.h + h.h1 (h) où h1 tend vers zéro avec h et c est
une constante : là-dedans se trouve la véritable notion de dérivée.
∂f (x, y) ∂f (x, y)
df (x, y) = ξ+ η,
∂x ∂y
où ρ(ξ, η) et σ(ξ, η) sont des fonctions de ξ, η qui tendent vers zéro lorsque
ξ et η tendent vers zéro.
Dès que nous quittons le domaine d’une seule variable dans les appli-
cations des définitions fondamentales du calcul différentiel, nous sentons
presqu’immédiatement que nous nous trouvons sur un sol moins sûr. Il
ne peut pas, par la nature des choses, exister une théorie applicable aux
fonctions de deux ou plus variables aussi élégante et simple que celle du co-
efficient différentiel. Une connaissance des coefficients dérivées partielles
dans le cas le plus général n’est en aucune manière équivalent à celui du
seul coefficient différentiel d’une fonction d’une variable. En fait, gardant
à l’esprit l’interprétation géométrique usuelle, et, fixant notre pensée sur le
plan comme image géométrique de la région de variation de deux variables,
nous ne pouvons même pas affirmer qu’une connaissance des coefficients
différentiels dans toutes les directions issues du point constitue l’équivalent
de la connaissance du coefficient différentiel dans le cas d’une seule vari-
able. Pour comprendre et pour caractériser le comportement d’une fonc-
tion au voisinage d’un point, nous devons recourir à ce qui a été appelé la
différentielle.
C-dérivée
DxZ dx + Dy Z dy
Dz Z = .
dx + idy
dy
Si, d’ailleurs, on pose dx = tg-, cette dernière équation donnera
Dx Z cos - + Dy Z sin -
Dz Z = .
cos - + i sin -
112 CHAPITRE 3. DÉRIVABILITÉ
du dX + idY
dX
dx dx + dX
dy dy + ( dX
dx dx +
dY
dy dy)i
= = ,
dz dx + idy dx + idy
ou
dY dy
du
dX
dx + i dY
dx + ( dy + i dy ) dx
dX
= dy
.
dz 1 + i dx
En général, la dérivée dépend de la quantité dy
dx , et par conséquent de la di-
rection du déplacement infiniment petit donné au point z. A chaque direction
de déplacement correspond une dérivée particulière, et la fonction a ainsi,
pour une même valeur de z, une infinité de dérivées. Lorsque la valeur de la
dérivée est indépendante de la direction du déplacement, en d’autres termes,
lorsque la fonction admet une dérivée unique en chaque point, M. Cauchy
dit que la fonction est monogène.
Fonctions continues ou
dérivables
113
114 CHAPITRE 4. FONCTIONS CONTINUES OU DÉRIVABLES
est satisfaite.
Il est clair que f est localement bornée en a si et seulement s’il existe
δ > 0 tel que f soit bornée sur B∞ [a; δ].
La propriété pour f d’être bornée sur E est évidemment une propriété
globale de E. Elle implique évidemment la propriété locale correspondante.
Définition. On dit que f est localement bornée sur E si
|f (x)|2 ≤ r(a).
Il est clair que si f est bornée sur E, elle est localement bornée sur E, et
que f est localement bornée sur E si et seulement si f est localement bornée
en chaque a ∈ E, au sens de la définition du Chapitre 2. Par exemple, la
fonction f de R dans R définie par f (x) = x1 est localement bornée sur R∗+ .
En effet, étant donné a > 0, si l’on prend# δ(a) # = a/2, on voit que pour
#1#
x ∈ ] 2 , 2 ], on aura x ∈ [ 3a , a [, et donc # x # < a2 . La valeur r(a) = 2/a
a 3a 1 2 2
convient donc dans la définition. Par contre, cette fonction n’est pas bornée
sur R∗+ puisque, pour chaque r > 0, on aura 1/2r 1
= 2r > r. Ainsi donc, la
propriété: la fonction f est localement bornée sur l’ensemble E n’implique
pas nécessairement que f soit bornée sur E.
Comme autre exemple, considérons la propriété, pour une fonction f
de Rn dans R, d’être de signe constant sur E ⊂ Rn , c’est-à-dire d’être
strictement positive sur E ou strictement négative sur E. C’est une pro-
priété globale sur E qu’on peut localiser en disant que f est localement de
signe constant sur E si, pour chaque a ∈ E, il existe δ(a) > 0 tel que f soit
de signe constant sur E ∩B∞ [a; δ(a)]. Toute fonction de signe constant sur E
est évidemment localement de signe constant sur E, mais la réciproque est
fausse. Ainsi, l’identité de R dans R n’est pas de signe constant sur R \ {0},
mais elle y est localement de signe constant. En effet, si a > 0, on voit que f
est strictement positive sur [a/2, 2a/2] et si a < 0, f est strictement négative
sur [3a/2, a/2]. On voit donc que δ(a) = |a|/2 convient dans la définition.
Une propriété vérifiée localement sur E introduit donc une application
δ : E → R∗+ , a 2→ δ(a), dont la valeur en a fixe sur le rayon d’une boule
centrée en a telle que la propriété P ait lieu sur E ∩ B∞ [a; δ(a)]. Une telle
application sera appelée une jauge sur E. Nous allons développer une tech-
nique permettant de montrer que, pour certaines classes d’ensembles E de
Rn , une propriété localement satisfaite sur E y sera globalement vérifiée.
En utilisant le théorème des intervalles fermés emboı̂tés, nous montrerons
4.2. P-PARTITIONS D’UN PAVÉ ET LEMME DE COUSIN 115
d’abord que c’est le cas pour les intervalles fermés (bornés) de R et les pro-
duits cartésiens de tels intervalles dans Rn . C’est le fait qu’une boule en
norme | · |∞ soit un produit d’intervalles fermés bornés qui suggère, par com-
modité, le choix de cette norme. Nous étendrons ensuite le résultat à une
classe plus vaste de parties de Rn .
K = {x ∈ Rn : ai ≤ xi ≤ bi , (1 ≤ i ≤ n)},
K (i+1) ⊂ K (i).
l’hypothèse que (K (i))i∈N soit une suite de pavés emboı̂tés équivaut évidem-
(i)
ment à ce que, pour chaque 1 ≤ j ≤ n, la suite (Kj )i∈N soit une suite
d’intervalles fermés emboı̂tés de R.
Le résultat suivant, appelé théorème des pavés emboı̂tés, est une
conséquence facile du théorème des intervalles fermés emboı̂tés.
Proposition. Si (K (i))i∈N est une suite de pavés emboı̂tés de Rn , alors
7
i∈N K
(i)
/= ∅.
Démonstration. Soit (K (i))i∈N une suite de pavés emboı̂tés de Rn . Si,
pour chaque i ∈ N, on écrit
(i) (i)
K (i) = K1 × K2 × . . . × Kn(i) ,
(i)
alors, pour chaque 1 ≤ j ≤ n, la suite (Kj )i∈N est une suite d’intervalles
fermés emboı̂tés de R, et il existe donc un réel cj tel que, pour chaque i ∈ N,
on ait
(i)
cj ∈ K j .
Dès lors, c = (c1 , c2 , . . . , cn) ∈ Rn est tel que, pour chaque i ∈ N, on a
(i) (i)
c ∈ K1 × K2 × . . . × Kn(i) = K (i),
7
c’est-à-dire c ∈ i∈N K
(i)
.
Pour étudier les relations entre les pavés, pavés ouverts et semi-pavés, on
a besoin des compléments suivants sur l’intérieur et l’adhérence d’une partie
de Rn .
Proposition. Si m ≥ 1, p ≥ 1 sont des entiers et si A ⊂ Rm et B ⊂ Rp,
alors
int (A × B) = int A × int B,
adh (A × B) = adh A × adh B.
4.2. P-PARTITIONS D’UN PAVÉ ET LEMME DE COUSIN 117
où B∞
n [x; r] désigne la boule de centre x et de rayon r dans Rn avec n = m+p.
Comme
B∞n
[x; r] = B∞
m
[y; r] × B∞
p
[z; r],
on aura évidemment
m
B∞ [y; r] ⊂ A et B∞
p
[z; r] ⊂ B,
c’est-à-dire si et seulement si
y ∈ adh A et z ∈ adh B,
Alors,
int K = int J = int I = J,
K = J = I = K.
Rappelons que si E est un ensemble quelconque et (Eα)α∈A une famille
de parties Eα de E, on dit que (Eα)α∈A partitionne E ou est une partition
de E si les deux conditions suivantes sont vérifiées :
1) (∀α ∈ A)(∀β ∈ A : α /= β) : Eα ∩ Eβ = ∅.
!
2) E = α∈A Eα.
En d’autres termes, les Eα doivent être des parties mutuellement disjointes
de E dont l’union redonne E. Comme on travaillera en général avec des parti-
tions en un nombre fini d’ensembles, on utilisera l’abus de notation commode
consistant à désigner, lorsque A = {α1 , . . . , αm }, la famille (Eα)α∈A par
Bien entendu, (E) est une partition de E, que l’on qualifiera de triviale.
On se convaincra aisément que, à l’exception de la partition triviale, il
n’est pas possible de partitionner un pavé en un nombre fini de pavés et
qu’il n’est pas possible de partitionner un pavé ouvert en un nombre fini de
pavés ouverts. Ainsi, {[a, c], [c, b]} avec a < c < b n’est pas une partition
de [a, b] puisque [a, c] ∩ [c, b] = {c}, et {]a, c[, ]c, b[} n’est pas une partition
de ]a, b[ puisque ]a, c[ ∪ ]c, b[ /= [a, b[. Par contre, il est toujours possible
de partitionner un semi-pavé en un nombre fini de semi-pavés, puisque, si
=
a < c < b, {]a, c], ]c, b]} est une partition de ]a, b], et que si I = ni=1 Ii est
un semi-pavé de Rn et si, pour chaque 1 ≤ i ≤ n, les intervalles semi-ouverts
Ii1 , Ii2 , . . . , Iiki partitionnent l’intervalle semi-ouvert Ii , alors la famille finie
m
> m
>
I¯ = Ij = Ij.
j=1 j=1
4.2. P-PARTITIONS D’UN PAVÉ ET LEMME DE COUSIN 119
telle que :
1) (I j )1≤j≤m = {I 1 , I 2 , . . . , I m} est une partition de I en semi-pavés.
2) xj ∈ I j pour chaque 1 ≤ j ≤ m.
Ainsi, quel que soit c ∈ I, ¯ {(c, I)} est une P-partition du semi-pavé I
de R et {(0, ]0, 1]), (2, ]1, 3])} est une P-partition de ]0, 3]. Bien entendu,
n
sera une P-partition de I que l’on désignera souvent d’une manière impropre
mais commode par la notation {Π1 , Π2 , . . . , Πq }.
On a vu qu’une propriété locale P sur un ensemble E de Rn s’obtient
en associant à chaque point x ∈ Rn un nombre strictement positif (pouvant
dépendre de x) δ(x) tel que P soit satisfaite sur E ∩ B∞ [x; δ(x)], c’est-à-dire
en donnant une jauge δ sur E. La donnée d’une jauge sur l’adhérence I¯ d’un
semi-pavé permet de mesurer la “finesse” d’une P-partition de I.
A B
Définition. Si I ⊂ Rn est un semi-pavé, Π = (xj , I j ) 1≤j≤m une P-
¯ on dit que Π est δ-fine si, pour chaque
partition de I et δ une jauge sur I,
1 ≤ j ≤ m, on a
Démonstration. Faisons-la dans le cas où f (a) > 0, l’autre cas s’y ra-
menant en remplaçant f par −f. En prenant ! = f (a) 2 dans la définition de
continuité de f en a, on obtient l’existence d’un δ = δ(a) > 0 tel que, pour
tout x ∈ dom f ∩ B∞ [a; δ(a)], on aura
f (a) f (a)
− ≤ f (x) − f (a) ≤ ,
2 2
f (a)
et donc f (x) ≥ 2 > 0.
Remarque. La conclusion de la proposition précédente peut encore s’expri-
mer en disant que, pour tout x ∈ dom f ∩B∞ [a; δ(a)], on aura f (x)f (a) > 0.
Le théorème de Cousin permet, sous certaines conditions, de passer de
ce résultat local à un résultat global. Si f est une fonction de Rn dans Rp
et E ⊂ dom f , on dira que f est continue sur E si f est continue en chaque
point de E. Montrons tout d’abord qu’une fonction réelle d’une variable
réelle continue et non nulle sur un intervalle fermé garde un signe constant
sur cet intervalle.
Proposition. Soit f une fonction de R dans R continue sur l’intervalle
fermé [a, b]. Si, pour chaque x ∈ [a, b], on a f (x) /= 0, alors f (a)f (b) > 0.
Démonstration. Par la proposition précédente appliquée à chaque point
de [a, b], on trouve que
(∀x ∈ [a, b])(∃δ(x) > 0)(∀y ∈ [a, b] ∩ [x − δ(x), x + δ(x)]) : f (y)f (x) > 0.
On obtient ainsi une jauge δ : x 2→ δ(x) sur [a, b], et leAlemme Bde Cousin
garantit alors l’existence d’une P-partition δ-fine Π = (xj , I j ) 1≤j≤m de
I = ]a, b], que l’on peut évidemment toujours numéroter de telle sorte que,
si I j = ]aj−1 , aj ], on ait
a = a0 < a1 < a2 < . . . < am−1 < am = b.
Comme Π est δ-fine, on a, pour chaque 1 ≤ j ≤ m,
[aj−1 , aj ] ⊂ [xj − δ(xj ), xj + δ(xj )],
et dès lors
f (aj−1 )f (xj ) > 0, f (aj )f (xj ) > 0,
ce qui entraı̂ne aussitôt que
f (aj−1 )f (aj ) > 0,
et la thèse s’en déduit.
4.3. PROPRIÉTÉ DE VALEUR INTERMÉDIAIRE 123
et
m−1
$ am
p(−ρ) = −ρ m
am + aj (−ρ) j−m
≤ −ρm < 0.
j=0
2
x2 − y 2 = a, 2xy = b.
Son terme de degré n en x, i(d̄ − d)xn , est différent de zéro et, comme
p(x) = p(x) pour tout x ∈ R, p est donc un polynôme réel de degré impair
4.3. PROPRIÉTÉ DE VALEUR INTERMÉDIAIRE 125
(c’est-à-dire v ∈ [f (x), f (y)] si f (x) < f (y), v ∈ [f (y), f (x)] si f (y) < f (x) et
v = f (x) = f (y) si f (x) = f (y)). Par le théorème de continuité des fonctions
composées, la fonction g = f ◦ γ − v est une fonction de R dans R continue
sur [0, 1], et, par construction, elle est telle que
sont des ouverts de R (le vérifier). On les appelle respectivement des inter-
valles ouverts non bornés d’origine a et d’extrémité b.
Définition. On dit que F ⊂ Rn est une partie fermée ou un fermé de Rn si
tout point adhérent à F appartient à F .
En d’autres termes, F est un fermé si adh F ⊂ F , ce qui équivaut à
adh F = F , puisque l’inclusion inverse est toujours satisfaite.
Par exemple, ∅ et Rn sont des fermés de Rn , et [a, b] est un fermé de R.
D’autre part, ]a, b] et [a, b[ ne sont ni ouverts ni fermés dans R.
Les notions d’ouvert et de fermé s’échangent par passage au complémen-
taire.
Proposition. E ⊂ Rn est ouvert si et seulement si !E est fermé.
Démonstration. On a
[a, +∞[ = {x ∈ R : x ≥ a} et ] − ∞, b] = {x ∈ R : x ≤ b}
Remarque. Ce résultat est faux si la famille n’est pas finie. Ainsi, pour
7
chaque k ∈ N∗ , ] − 1k , k1 [ est un ouvert de R, mais {0} = k∈N∗ ] − k1 , 1k [ ne
l’est pas.
En utilisant les lois de De Morgan et les trois propositions, on obtient
aisément les résultats suivants sur le comportement des fermés : une in-
tersection quelconque de fermés est fermée; une union finie de fermés est
fermée.
128 CHAPITRE 4. FONCTIONS CONTINUES OU DÉRIVABLES
est ouvert. Soit x ∈ !Bj [a; r]. Alors, |x − a|j > r et il existe donc ! > 0 tel
que |x − a|j > r + !. Si y ∈ Bj [x; !], on a
c’est-à-dire Bj [x; !] ⊂ !Bj [a; r]; ce dernier ensemble est donc voisinage de
chacun de ses points.
2. Si a ∈ Rn , r > 0 et j = 1, 2 ou ∞, posons
Alors Bj (a; r) est un ouvert de Rn . En effet, si x ∈ Bj (a; r), alors |x−a|j < r
et il existera un ! > 0 tel que |x − a|j < r − !. Dès lors, si y ∈ Bj [x; !], on a
c’est-à-dire Bj [x; !] ⊂ Bj (a; r). Donc Bj (a; r) est voisinage de chacun de ses
points.
Il est naturel d’appeler Bj (a; r) la boule ouverte de centre a et de rayon
r en norme j dans Rn . Pour n = 1 et j = 1, 2 ou ∞, Bj (a; r) = ]a − r, a + r[.
On a les relations suivantes entre Bj [a; r] et Bj (a; r).
Proposition. Si a ∈ Rn , r > 0 et j = 1, 2 ou ∞, alors
ce qui entraı̂ne
r
|x − a|j ≤ ρ < r.
1+ |x−a|j
Condition suffisante. Soit a ∈ adh F ; alors il existe une suite (ak )k∈N dans
F qui converge vers a. Mais alors, a ∈ F , et donc adh F ⊂ F et F est fermé.
et donc Bj [a; r] ⊂ Bj [r + |a|j ]. Il est clair aussi que toute partie d’un borné
de Rn est un borné de Rn . En particulier, Bj (a; r) est un borné de Rn .
Les propriétés des bornés par rapport à l’union et l’intersection sont
analogues à celles des fermés. Leur démonstration est très facile et laissée
au lecteur.
Proposition. Si A est un ensemble quelconque non vide et (Bα )α∈A est
7
une famille de bornés Bα de Rn , alors α∈A Bα est un borné de Rn .
sur ¯
8 I, le9 lemme de Cousin implique l’existence d’une P-partition δ̃-fine
(y , J k )
k de I. Si k est tel que y k ∈ !F, on a donc δ̃(y k ) = r(y k ),
1≤k≤q
et
J k ⊂ B∞ [y k ; δ̃(y k )] = B∞ [y k ; r(y k )] ⊂ !F.
Dès lors, & '
q
> q
>
F = F ∩ I¯ = F ∩ Jk = (F ∩ J k )
k=1 k=1
>
= (F ∩ J k ).
{1≤k≤q : yk ∈F }
et dès lors,
! !
|f (y) − f (x)|∞ ≤ |f (y) − f (a)|∞ + |f (a) − f (x)|∞ ≤ + = !.
2 2
(∀a ∈ E)(∃δ = δ(a) > 0)(∀x ∈ dom f ∩ B∞ [a; δ])(∀y ∈ dom f ∩ B∞ [x; δ]) :
δE = min{δ(aj ) : 1 ≤ j ≤ m},
|f (y) − f (x)|∞ ≤ !,
134 CHAPITRE 4. FONCTIONS CONTINUES OU DÉRIVABLES
|f (y) − f (x)|∞ ≤ !.
Dans (4.4), on a la propriété plus forte que δ ne dépend que d’! et convient
pour chaque x ∈ E. On est ainsi conduit à la définition suivante.
Définition. Soit f une fonction de Rn dans Rp et E ⊂ Rn . On dit que f
est uniformément continue sur E si f est définie sur E et vérifie la propriété
(4.4).
Bien entendu, toute fonction uniformément continue sur un ensemble E
est continue sur E, et le théorème de Heine montre que la réciproque est
vraie lorsque E est fermé et borné. Une fonction continue sur un ensemble
E peut ne pas y être uniformément continue si E n’est pas fermé ou n’est
pas borné. C’est ce que montrent les exemples suivants. On notera que,
dans (4.4), on peut toujours demander que le δ cherché soit inférieur à une
quantité fixe donnée.
Exemples. 1. La fonction f de R dans R définie par f (x) = x1 est continue
sur le borné (non fermé) ]0, 1] mais n’y est pas uniformément continue. En
effet, pour chaque δ ∈ ]0, 1], si l’on prend x = δ et y = 2δ, on a |y − x| = δ,
# #
#1 1 ## 1 1 1
|f (x) − f (y)| = # − # =
# ≥ > ,
δ 2δ 2δ 2 4
(∀! > 0)(∃δ, jauge sur E)(∀x ∈ E)(∀y ∈ dom f : |y − x|∞ ≤ δ(x)) :
|f (y) − f (x)|∞ ≤ !,
4.6. IMAGES PAR UNE FONCTION CONTINUE 135
(∀! > 0)(∃δ, jauge constante sur E)(∀x ∈ E)(∀y ∈ dom f : |y − x|∞ ≤ δ) :
|f (y) − f (x)|∞ ≤ !.
f −1 (B) ∩ E = A ∩ E.
136 CHAPITRE 4. FONCTIONS CONTINUES OU DÉRIVABLES
f (E).
1
(∀y ∈ dom f ∩ B∞ [v; δ(v)]) : f (y) − f (v) ≤ (f (xv ) − f (v)),
2
et dès lors
1
(∀y ∈ dom f ∩ B∞ [v; δ(v)]) : f (y) ≤ (f (xv ) + f (v)) < f (xv ). (4.6)
2
En appliquant le lemme de Cousin à AE pour Bla jauge δ : v 2→ δ(v) ainsi
obtenue, on obtient une division δ-fine (v j , E j ) 1≤j≤m de E. Soit 1 ≤ l ≤ m
tel que
f (xvl ) = max{f (xvj ) : 1 ≤ j ≤ m}.
Si y ∈ E, il existe un 1 ≤ i ≤ m tel que y ∈ E i ⊂ E ∩ B∞ [v i ; δ(v i)], et donc
tel que
f (y) < f (xvi ) ≤ f (xvl ).
En prenant y = xvl dans cette inégalité, on obtient une contradiction.
Remarque. Le théorème de Weierstrass est faux si E n’est pas fermé ou
n’est pas borné. Ainsi, l’identité sur R est continue sur ]0, 1[ mais il n’existe
ni u ∈ ]0, 1[ ni v ∈ ]0, 1[ tels que, pour tout x ∈ ]0, 1[, on ait u ≤ x ≤ v (le
montrer par l’absurde). De même il n’existe ni u ∈ R ni v ∈ R tels que, pour
tout x ∈ R, on ait u ≤ x ≤ v.
Donnons quelques conséquences utiles du théorème de Weierstrass.
4.7. THÉORÈME DES BORNES ATTEINTES ET EXTRÉMANTS 139
f (x) → +∞ si x → ∞.
f (y) ≤ f (x).
140 CHAPITRE 4. FONCTIONS CONTINUES OU DÉRIVABLES
f (y) ≤ f (x).
En particulier, f (y) ≤ f (a), et dès lors, pour tout x ∈ E tel que |x|2 > ρ, on
aura
f (y) ≤ f (a) < f (x).
Pour ce faire, on note que l’application |p| : C 2→ R est continue et que, pour
tout z /= 0, on a
# & '# & '
# m−1
$ ak # m−1
$ |ak |
# k−m #
|p(z)| = #am z m
1+ z # ≥ |am ||z| m
1− |z| k−m
.
# am # |am |
k=0 k=0
Puisque
m−1
$ |ak | k−m
|z| → 0 si z → ∞,
k=0
|am |
il existera ρ > 0 tel que
m−1
$ |ak | k−m 1
|z| ≤
k=0
|am | 2
et dès lors
|p(z)| → +∞ si z → ∞,
L’existence d’un u ∈ C vérifiant (4.7) résulte du corollaire précédent.
La deuxième partie de la démonstration consiste à montrer que p(u) = 0.
Si p(u) /= 0, la fonction q définie par q(z) = p(u+z)
p(u) est un polynôme sur C
de degré m tel que q(0) = 1 et |q(z)| ≥ 1 pour tout z ∈ C. En conséquence,
q est de la forme
m
$
q(z) = 1 + bk z k ,
k=j
et dès lors
m
$ m
$
|q(z)| ≤ |1 + bj z j | + |bk ||z|k = 1 − r j |bj | + |bk |r k
k=j+1 k=j+1
m−j
$
= 1 − r j |bj | − |bj+k |r k .
k=1
Les deux notions locales que nous venons d’introduire sont liées par la
Proposition suivante.
Proposition. Soit f une fonction de Rn dans R, E ⊂ dom f et a ∈ E. Si a
est maximant (resp. minimant) local libre de f , alors a est maximant (resp.
minimant) local de f sur E. Si a est maximant (resp. minimant) local de f
sur E et si a ∈ int E, alors a est maximant (resp. minimant) local libre de
f.
Démonstration. La première assertion est immédiate. La seconde résulte
aisément du fait que, puisque E est voisinage de a, E ∩B2 [a; δ] sera voisinage
de a quel que soit δ > 0.
En particulier, pour tout réel t tel que 0 < |t| ≤ r, on aura a + tu ∈ B2 [a; r],
et dès lors
f (a + tu) − f (a) ≤ 0.
En conséquence, pour 0 < t ≤ r, on aura
f (a + tu) − f (a)
≤ 0,
t
d’où, en faisant tendre t vers 0,
f (a + tu) − f (a)
f $ (a; u) = lim ≤ 0.
t→0; t>0 t
De même, pour −r ≤ t < 0, on aura
f (a + tu) − f (a)
≥ 0,
t
d’où, en faisant tendre t vers 0,
f (a + tu) − f (a)
f $ (a; u) = lim ≥ 0.
t→0; t<0 t
Par conséquent, f $ (a; u) = 0.
Remarques. 1. La condition de Fermat n’est nullement suffisante pour que
a soit extrémant local libre de f ; ainsi, pour l’application f de R définie par
f (x) = x3 , on a f $ (0) = 0, et pourtant 0 n’est ni maximant, ni minimant
local libre de f , puisque x3 < 0 si x < 0 et x3 > 0 si x > 0.
2. La condition de Fermat n’est nullement nécessaire si a est un extrémant
local lié de f ; ainsi l’application identité sur R possède en 0 un minimant
local sur E = [0, +∞[ et f $ (0) = 1.
Corollaire. Si f est une fonction de Rn dans R qui possède en a ∈ Rn
un extrémant local libre et des dérivées partielles par rapport à toutes les
variables, alors on a
ce qui montre que 0 est un point critique de f , mais, pour tout r > 0,
ce qui montre que 0 ne peut être ni maximant local libre, ni minimant local
libre.
Une conséquence très utile des théorèmes de Weierstrass et de Fermat est
une condition suffisante d’existence d’un point critique, appelé théorème
généralisé de Rolle, en référence à un cas particulier pour des polynômes
réels énoncé en 1691 par Michel Rolle (qui fut pourtant un farouche ad-
versaire du calcul différentiel naissant).
Théorème. Soit f une fonction de Rn dans R et E une partie de Rn vérifiant
les conditions suivantes.
1. E est fermé, borné et d’intérieur non vide.
2. f est continue sur E.
3. Pour chaque 1 ≤ k ≤ n, Dk f (x) existe en chaque x ∈ int E.
4. f est constante sur fr E.
Alors, f possède au moins un point critique c ∈ int E.
Démonstration. Si f est constante sur E, alors pour chaque a ∈ int E,
on a fa$ = 0 et le théorème est démontré. Si f n’est pas constante sur E, le
théorème des bornes atteintes de Weierstrass entraı̂ne l’existence d’un u ∈ E
et d’un v ∈ E tels que, pour tout x ∈ E, on ait f (u) ≤ f (x) ≤ f (v), et,
comme f n’est pas constante sur E, on a nécessairement f (u) < f (v), et
donc u /= v. Comme f est constante sur fr E, u et v ne peuvent tous les
146 CHAPITRE 4. FONCTIONS CONTINUES OU DÉRIVABLES
est continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[ et, pour tout x ∈ ]a, b[, on a
En outre,
h(a) = f (b)g(a) − g(b)f (a) = h(b).
4.9. THÉORÈME DE CAUCHY ET RÈGLE DE L’HOSPITAL 147
lors
(x + 1)1/3 − 1 1 1
lim = lim = .
x→0, x(=0 x x→0, x(=0 3(x + 1)2/3 3
On a également une version correspondante de la règle de l’Hospital
lorsque x tend vers +∞ ou vers −∞. Sa démonstration, tout à fait semblable
à celle de la Proposition ci-dessus, est laissée comme exercice au lecteur.
Proposition. Soit I = ]a, +∞[ (resp. I = ] − ∞, b[) un intervalle ouvert
non borné de R, f et g des fonctions réelles d’une variable réelles dérivables
en chaque point de I. Supposons satisfaites les conditions suivantes.
1. limx→+∞ f (x) = 0 = limx→+∞ g(x)
(resp. limx→−∞ f (x) = 0 = limx→−∞ g(x)).
2. g $ (x) /= 0 pour chaque x ∈ I.
"
3. limx→+∞ fg" (x) = b
f"
(resp. limx→−∞ g " (x) = b).
Alors,
f
lim (x) = b
x→+∞ g
(resp. limx→−∞ fg (x) = b).
On dispose également d’une règle de l’Hospital pour couvrir certaines
situations où g tend vers l’infini et f n’est pas nécessairement localement
bornée. Nous la traitons dans le cas d’une limite lorsque x tend vers a, le
cas où x tend vers +∞ ou −∞ étant laissé au lecteur.
Proposition. Soit I un intervalle ouvert de R, a son origine ou son extrémi-
té, f et g des fonctions de R dans R dérivables en chaque point de I. Sup-
posons satisfaites les conditions suivantes.
1. limx→a, x∈I g(x) = +∞.
2. Pour tout x ∈ I, on a g $(x) /= 0.
150 CHAPITRE 4. FONCTIONS CONTINUES OU DÉRIVABLES
f"
3. limx→a, x∈I g " (x) = b.
Alors, limx→a, x∈I fg (x) = b.
Démonstration. Supposons pour fixer les idées que a soit l’extrémité de
I, l’autre cas étant semblable. Si ! > 0 est donné, alors, par l’hypothèse 3,
il existe δ $ > 0 tel que a − δ $ ∈ I et tel que, pour tout y ∈ [a − δ $ , a[, on a
# $ #
#f #
# (y) − b# ≤ ! .
# g$ # 2
D’autre part, en vertu de l’hypothèse 1, il existe δ $$ > 0 tel que a − δ $$ ∈ I
et tel que, pour tout y ∈ [a − δ $$ , a[, on a g(y) > 0. Posons δ $$$ = min{δ $ , δ $$}
et soient
a − δ $$$ ≤ y < x < a.
Le théorème de Cauchy sous forme quotient appliqué à l’intervalle [y, x]
entraı̂ne l’existence d’un c ∈ ]y, x[, et donc appartenant à [a − δ $$$ , c[, tel que
f (x) − f (y) f $ (c)
= $ ,
g(x) − g(y) g (c)
ce qui donne # # # $ #
# f (x) − f (y) # # f (c) #
# − b #= # − b # ≤ !.
# g(x) − g(y) # # g $ (c) # 2
Dès lors, pour ces mêmes x,
# # #4 54 5 #
# f (x) # # f (x) − f (y) f (y) ##
# − b #= # 1 − g(y) − b −
g(y)
b +
# g(x) # # g(x) g(x) − g(y) g(x) g(x) #
4 5
|g(y)| ! |g(y)| |f (y)|
≤ 1+ + |b| +
|g(x)| 2 |g(x)| |g(x)|
4 5
! ! |g(y)| |f (y)|
= + + |b| + .
2 2 |g(x)| |g(x)|
Le point y étant maintenant fixé, il résulte de l’hypothèse 1 qu’on peut
trouver un δ ∈ ]0, δ $$$] tel que, si x ∈ [a − δ, a[, on a
24 5 3
2 !
|g(x)| ≥ + |b| |g(y)| + |f (y)| ,
! 2
et dès lors # #
#f #
# (x) − b# ≤ ! + ! = !.
#g # 2 2
4.10. THÉORÈMES DE LAGRANGE ET DE LA MOYENNE 151
f
lim (x) = +∞ (resp. − ∞)
x→a g
lorsque
f$
lim (x) = +∞ (resp. − ∞),
x→a g $
f (a + T u) − f (a) = T f $ (a + θT u; u).
152 CHAPITRE 4. FONCTIONS CONTINUES OU DÉRIVABLES
pour chaque x ∈ dom f. On montre sans peine qu’elle est continue sur [a, b]
et dérivable en chaque point x ∈ ]a, b[, avec
et dès lors tel que f (b) = f (a). Comme a et b sont arbitraires dans I, f est
constante sur I.
Nous pouvons maintenant énoncer et démontrer des inégalités de la
moyenne pour les fonctions de Rn dans Rp. La première s’exprime en
termes de dérivée directionnelle.
Théorème. Soit f une fonction de Rn dans Rp , a ∈ Rn , u ∈ Rn tel que
|u|2 = 1 et T > 0 tels que f soit continue sur S = {a + tu : t ∈ [0, T ]} et
dérivable dans la direction u en chaque point de S0 = {a + tu : t ∈ ]0, T [}.
Alors il existe θ ∈ ]0, 1[ tel que
|f (a + T u) − f (a)|2 ≤ T |f $ [a + θT u; u]|2 .
4.10. THÉORÈMES DE LAGRANGE ET DE LA MOYENNE 155
$
= |h||fa+θhek (e )|2 = |h||Dk f (a + θhe )|2 .
k k
+...
n
$
+ f a + hk ek − f (a + hn en ) − hn−1 Dn−1 f (a)
k=n−1
4.12 Exercices
1. Soit ]a, b] un intervalle semi-ouvert et c ∈ [a,Ab]. Construire
B
une jauge δ
sur [a, b] telle que, pour toute P-partition δ-fine (xj , I j ) 1≤j≤m de ]a, b], on
ait nécessairement xj = c pour l’un des 1 ≤ j ≤ m.
2. Montrer que la fonction f de R dans R définie par
1
f (0) = 0, f (x) = sin si x /= 0,
x
est continue au sens de Darboux sur [0, 1] mais n’est pas continue sur [0, 1].
3. Soit g : [a, b] → R une application continue telle que g(a) ∈ [a, b] et
g(b) ∈ [a, b]. Montrer que le théorème de Bolzano appliqué à I − g entraı̂ne
l’existence d’au moins un c ∈ [a, b] tel que c = g(c). (Théorème du point fixe
de Rothe en dimension un). Le cas particulier où g([a, b]) ⊂ [a, b] s’appelle
le théorème du point fixe de Brouwer .
4. Soit f une application de R dans R continue sur R et telle que
Utiliser le théorème des valeurs intermédiaires pour montrer que f est sur-
jective. Il en est évidemment de même si
En d’autres termes, toutes les normes sont équivalentes sur Rn . (Il suffit de
noter que, pour x /= 0, ces inégalités se réduisent à
F F
F x F
a≤F
F |x|
F ≤ b,
F
2
|∇f (c!)|2 ≤ !. Suggestion : dans le cas non trivial où il existe a ∈ Rn tel que
f (a) > 0, appliquer un Corollaire du théorème de Weierstrass à la fonction
g : x 2→ f (x) + δ2 |x − a|22 , où δ > 0 est à déterminer. Cette fonction atteint
un minimum en un point yδ pour lequel
∇f (yδ ) + δ(yδ − a) = 0.
Dès lors,
δ
f (yδ ) + |yδ − a|22 ≤ f (a),
2
ce qui entraı̂ne
4 51/2
2f (a)
|yδ − a|2 ≤ ,
δ
et dès lors
|∇f (yδ )|2 ≤ (2f (a)δ)1/2 ≤ !,
!2
si l’on prend δ = 2f (a) . Il suffit alors de prendre c! = y !2 . La fonction
2f (a)
exponentielle fournit un exemple vérifiant ce résultat sans que sa dérivée ne
s’annule jamais.
10. Soit f une fonction de R dans R dérivable en chaque point d’un voisinage
d’un point a ∈ R. Utiliser le théorème de Lagrange pour démontrer que si
limx→a, x(=a f $ (x) = b, alors b = f $ (a).
11. Soit f une fonction de Rn dans Rp et a ∈ adh (dom f \ {a}). On dit
que f est fortement dérivable en a s’il existe une application linéaire L de
Rn dans Rp telle que
f (x) − f (y) − L(x − y)
lim = 0.
(x,y)→(a,a) |x − y|2
Montrer que :
a. Si f est fortement dérivable en a, alors f est dérivable en a.
b. Si f est fortement dérivable en a ∈ int dom f, alors nécessairement
L = fa$ .
c. S’il existe r > 0 tel que f soit dérivable en chaque point de B2 (a; r), et si
les fonctions dérivées partielles correspondantes x 2→ Dj f (x), (1 ≤ j ≤ n),
sont continues en a, alors f est fortement dérivable en a. (Utiliser le théorème
de la moyenne).
12. Soient f et g des fonctions de R dans R et a ∈ dom f ∩ dom g tel que
g(a) = 0. On dit que f est dérivable par rapport à g en a si
f (x) − f (a)
lim
x→a g(x) − g(a)
162 CHAPITRE 4. FONCTIONS CONTINUES OU DÉRIVABLES
df
existe, auquel cas cette limite est notée Dg f (a) ou dg (a). Utiliser le théorème
de l’Hospital pour montrer que si f et g sont dérivables sur un voisinage de
a et si g $ (a) /= 0, alors
f $ (a)
Dg f (a) = $ .
g (a)
Si h est une fonction de R dans R∗+ et a ∈ dom h, tel que a > 0, on appelle
(en économie mathématique) élasticité de h en a la dérivée en a de ln h par
rapport à ln x, et on la note Eh(a). Montrer que, si h est dérivable en a,
" (a)
alors Eh(a) = ah h(a) .
b2 a + b2 e − a3 − e3 − 3a2 e − 3e2 a = b2 a − a3 .
Il est clair que, si l’on supprime les termes semblables, tous ceux qui resteront
seront affectés de l’inconnue e; ceux en a seul se trouvent en effet les mêmes
de part et d’autre. On a ainsi : b2 e = e3 + 3a2 e + 3ae2 , et, en divisant
tous les termes par e, b2 = e2 + 3a2 + 3ae, ce qui donne la constitution des
deux équations corrélatives sous cette forme. Pour trouver le maximum, il
s’agit d’égaler les racines des deux équations, afin de satisfaire aux règles
de la première méthode, dont notre nouveau procédé tire sa raison et sa
façon d’opérer. Ainsi, il faut égaler a à a + e, d’où e = 0. Mais, d’après
la constitution que nous avons trouvée pour les équations corrélatives, b2 =
e2 +3a2 +3ae, nous devons donc supprimer, dans cette égalité, tous les termes
affectés de e, comme se réduisant à zéro; il restera b2 = 3a2 , équation qui
donnera le maximum cherché pour le produit dont il s’agit.
Depuis l’impression de cet ouvrage, j’ai reconnu qu’à l’aide d’une formule
très simple on pouvait ramener au Calcul différentiel la solution de plusieurs
problèmes que j’avais renvoyés au Calcul intégral. D’après ce qui a été dit
dans la septième Leçon, si l’on désigne par x0 , X deux valeurs de x entre
164 CHAPITRE 4. FONCTIONS CONTINUES OU DÉRIVABLES
f (X) − f (x0 )
= f $ [x0 + θ(X − x0 )].
X − x0
Or il est aisé de voir que des raisonnements entièrement semblables à ceux
dont nous avons fait usage pour démontrer l’équation précédente suffiront
pour établir la formule
Fonctions implicites
(∀b ∈ Rp )(∀! > 0)(∃δ > 0)(∀x ∈ dom f ∩ B2 [a; δ]) : |f (x) − b|∞ > !. (5.1)
(∀b ∈ Rp )(∃! > 0)(∃δ > 0)(∀x ∈ dom f ∩ B2 [a; δ]) : |f (x) − b|∞ > !. (5.2)
165
166 CHAPITRE 5. FONCTIONS IMPLICITES
Nous définissons ainsi une jauge ! : b 2→ !(b) sur Rp. Soit r > 0; par le
lemme de Cousin appliqué
A
au pavé
B
B∞ [r] et à la jauge ! sur B∞ [r], il existe
une P-partition !-fine (bj , E j ) 1≤j≤m de (] − r, r])n. Posons δ = min{δ(bj ) :
1 ≤ j ≤ m}. Si x ∈ dom f ∩ B2 [a; δ], alors, pour chaque 1 ≤ j ≤ m, on a
x ∈ dom f ∩ B2 [a; δ(bj )], et dès lors, par (5.3) et la définition de !-finesse,
(∀b ∈ Rp )(∃! > 0)(∃ρ > 0)(∀x ∈ dom f : |x|2 ≥ ρ) : |f (x) − b|∞ > !.
(∀! > 0)(∀δ > 0)(∃x ∈ dom f : |x − a|2 ≤ δ) : |f (x) − b|2 ≤ !. (5.4)
(∀! > 0)(∀ρ > 0)(∃x ∈ dom f : |x|2 ≥ ρ) : |f (x) − b|2 ≤ !. (5.5)
5.1. LIMITES INFINIES ET POINT D’ACCUMULATION 167
Bien entendu, dans ces définitions, le choix des normes est indifférent. Il
est immédiat que si b = limx→a f (x) (resp. b = limx→∞ f (x)), alors b est un
point d’accumulation de f (x) lorsque x tend vers a (resp. tend vers l’infini),
et c’est le seul. Mais f peut avoir des points d’accumulation lorsque x tend
vers a (ou vers l’infini) sans que la limite existe. Par exemple, -1 et 1 sont
des points d’accumulation de la fonction f : x 2→ x + |x| x
lorsque x tend vers
0 (le vérifier), alors que la limite correspondante n’existe pas.
En s’inspirant du résultat correspondant pour la limite, il est facile
d’obtenir les caractérisations suivantes d’un point d’accumulation en termes
de suites.
Proposition. Soit f une fonction de Rn dans Rp et a ∈ adh dom f (resp.
dom f non borné). Alors b est un point d’accumulation de f lorsque x tend
vers a (resp. x tend vers l’infini) si et seulement s’il existe une suite (xk )k∈N
dans dom f telle que xk → a (resp. xk → ∞) et f (xk ) → b lorsque k → ∞.
b est un point d’accumulation de la suite (ak )k∈N si et seulement s’il existe
une suite (kn )n∈N tendant vers l’infini telle que akn → b si m → ∞.
Par exemple, chaque réel b ∈ [−1, 1] est un point d’accumulation de la
fonction x 2→ sin x1 , puisque, si a ∈ [0, 2π] est tel que sin a = b, alors la suite
(xk )k∈N∗ = ( a+2kπ
1
)k∈N∗ converge vers 0 et est telle que sin x1k = b quel que
soit k ∈ N .
∗
(∃r $ > 0)(∀δ $ > 0)(∃x ∈ dom f ∩ B2 [a; δ $]) : |f (x)|2 < r $ ,
si l’on prend par exemple r $ = 2r et, pour chaque δ $ > 0, n’importe quel
x ∈ dom f tel que |x − a|2 ≤ min{δ, δ $ }.
Dans le cas des suites, le Corollaire ci-dessus a une formulation encore
plus simple due au résultat suivant.
Définition. On dit qu’une suite (ak )k∈N dans Rp est bornée si l’ensemble
{ak : k ∈ N} est borné.
Lemme. Soit (ak )k∈N une suite dans Rp. Alors (ak )k∈N est bornée si et
seulement si elle est bornée à l’infini.
Démonstration. La condition nécessaire est suffisante. Pour la condition
suffisante, (ak )k∈N est bornée à l’infini si et seulement s’il existe r > 0 et
m ∈ N tels que, pour tout entier k ≥ m, on a |ak |2 ≤ r, ce qui entraı̂ne
aussitôt que, pour tout k ∈ N, on aura
Définition. Soit (ak )k∈N une suite dans Rp. On appelle sous-suite de
(ak )k∈N ou suite extraite de (ak )k∈N toute suite de la forme (akn )n∈N où
(kn )n∈N est une suite dans N telle que kn < kn+1 pour tout k ∈ N.
En d’autres termes, une sous-suite de (ak )k∈N est une suite obtenue en
composant (ak )k∈N avec une suite (kn )n∈N vérifiant kn < kn+1 pour chaque
n ∈ N. Par exemple, (2n)n∈N et (2n + 1)n∈N sont des sous-suites de (k)k∈N
(prendre respectivement kn = 2n et kn = 2n + 1). Notons que la condition
kn < kn+1 entraı̂ne évidemment que, pour chaque n ∈ N, kn+1 ≥ kn + 1, et
dès lors, par récurrence, que kn ≥ n.
La proposition suivante est une conséquence facile de la définition de
limite.
Proposition. Toute sous-suite d’une suite convergente converge vers la
même limite.
On a une autre caractérisation d’un point d’accumulation d’une
suite.
Proposition. b ∈ Rp est un point d’accumulation de la suite (ak )k∈N si et
seulement s’il existe une sous-suite (akn )n∈N de (ak )k∈N qui converge vers b.
Démonstration. Condition nécessaire. Soit b un point d’accumulation de
(ak )k∈N . En prenant ! = 1 et m = 1 dans la définition, on obtient un entier
k0 ≥ 1 tel que |ak0 − b|2 ≤ 1. En prenant ! = 12 et m = k0 + 1, on obtient un
entier k1 ≥ k0 + 1 tel que |ak1 − b|2 ≤ 12 . En continuant de la sorte, on trouve
pour chaque entier n ≥ 1 un entier kn ≥ kn−1 + 1 tel que |akn − b|2 ≤ n+1 1
.
En conséquence, (akn )n∈N est une sous-suite de (ak )k∈N qui converge vers b.
Condition suffisante. Soit (akn )n∈N une sous-suite de (ak )k∈N qui converge
vers b, et soient ! > 0 et m ∈ N. Par hypothèse, (∃q ∈ N)(∀j ≥ q) :
|akj − b|2 ≤ !. Dès lors, si n = kmax{m,q}, on a n ≥ km ≥ m et |an − b|2 ≤ !.
Théorème. Soit f une fonction de Rn dans Rp telle que dom f soit non
borné. Si f vérifie la condition de Cauchy lorsque x tend vers l’infini, alors
limx→∞ f (x) existe.
En appliquant ces résultats à la restriction f |E de f à E ⊂ Rn , le lecteur
obtiendra aisément les assertions correspondantes pour la limite de f (x)
lorsque x tend vers a ou vers l’infini dans E.
Enfin, le cas particulier d’une suite conduit aux formulations suivantes.
Appelons suite de Cauchy toute suite vérifiant la condition de Cauchy :
|ak − aq |2 ≤ !.
Lemme. Toute suite de Cauchy dans Rp est bornée.
h(y) = 0, (5.6)
y = y + h(y),
y = g(y). (5.7)
yk = g k (y0 ) = y0 + k,
(yk )k∈N = (22k )k∈N est divergente tandis que si l’on prend y0 = 12 , la suite
correspondante (yk )k∈N = (2−2k )k∈N converge vers 0. Remarquons aussi
que (yk )k∈N convergera vers 1 si et seulement si y0 = 1. Notons enfin que,
étant donnée une application h dont on veut déterminer les zéros, on peut
construire différentes applications g dont les points fixes fournissent les zéros
de h : par exemple, si L est une application linéaire inversible de Rp dans
Rp , on aura évidemment
h(y) = 0 ⇔ y = y + L[h(y)],
boule ouverte B2 (a; r) de Rn et s’il existe une constante α telle que, pour
tout x ∈ B2 (a; r), et tout h ∈ Rn , on ait
yk = g(yk−1) = g k (y0 ), k ∈ N∗ ,
αk
|yk − y ∗ |j ≤ |g(y0 ) − y0 |j .
1−α
Démonstration. Soit
8 y0 ∈9E. Notons tout d’abord que, puisque g(E) ⊂
E, la suite (yk )k∈N = g k (y0 ) des itérées de y0 est bien définie et est une
k∈N
suite dans E. Montrons que c’est une suite de Cauchy. Pour chaque k ∈ N∗ ,
on a # #
# #
|yk+1 − yk |j = #g k [g(y0)] − g k (y0 )# ≤ αk |g(y0 ) − y0 |j ,
j
et dès lors, si k ∈ N et q ∈ N, on a
αk + αq
|yk − yq |j ≤ |g(y0) − y0 |j . (5.9)
1−α
k
Comme α ∈ [0, 1[, la suite ( 1−α α
|g(y0 ) − y0 |j )k∈N converge vers zéro et dès
lors, si ! > 0 est donné, il existera m ∈ N tel que, pour tout entier k ≥ m ,
on a
αk !
|g(y0 ) − y0 |j ≤ ;
1−α 2
cela entraı̂ne que, pour k ≥ m et q ≥ m, on a |yk − yq |j ≤ !, et (yk )k∈N est
une suite de Cauchy dans E. Elle converge donc vers un élément y ∗ ∈ Rp
et, puisque E est fermé, on a y ∗ ∈ E. Montrons que y ∗ est un point fixe de
g; pour tout k ∈ N, on a
et dès lors, en faisant tendre k vers l’infini, on en déduit que |y ∗ −g(y ∗ )|j = 0.
On peut aussi obtenir le même résultat comme dans la section précédente
en utilisant la continuité de g. D’ailleurs, g possède un seul point fixe dans
E puisque, si y ∗ et y ∗∗ sont des points fixes de g dans E, on a
et dès lors
0 ≤ (1 − α)|y ∗ − y ∗∗ |j ≤ 0,
ce qui implique y ∗ = y ∗∗ . Enfin, pour chaque k ∈ N∗ , si l’on fait tendre q
vers l’infini dans (5.9), on obtient
αk
|yk − y ∗ |j ≤ |g(y0 ) − y0 |j .
1−α
|g(u) − g(v)| = |a||(sin u − sin v)| = |a|| cos(u + θ(v − u))(u − v)| ≤ |a||u − v|,
F (x, y) = ax + by + c,
où a, b et c sont des réels. Pour que le graphe F −1 ({0}) correspondant soit
une fonction de R dans R, il faut qu’à chaque x ∈ R corresponde au plus un
élément y ∈ R tel que
ax + by + c = 0,
c’est-à-dire il faut que l’équation linéaire en y
by = −ax − c
F −1 ({0}) = {(x, y) ∈ R × R : y 3 − x = 0}
est celui de l’application f de R dans R définie par f (x) = x1/3, est tel que
D2 F (x, y) = 3y 2 et donc D2 F (0, 0) = 0 au point (0, 0) de F −1 ({0}). La
condition D2 F (x, y) /= 0 n’est donc pas nécessaire. Toutefois, l’important
théorème des fonctions implicites, que nous allons démontrer, montre
que, sous certaines conditions de régularité sur F , la condition D2 F (x, y) /= 0
est suffisante pour que la restriction de F −1 ({0}) à un voisinage suffisamment
petit du point (x, y) de F −1 ({0}) soit une fonction. Nous donnerons d’abord
le théorème dans le cas particulier où p = 1 avant de l’étendre au cas où p
est quelconque.
Théorème. Soit F une fonction de Rn ×R dans R, (x0 , y0 ) ∈ dom F, r0 > 0,
R0 > 0 tels que
F (x, y) = 0 (5.11)
L
|D2 F (x, y) − D2 F (x0 , y0 )| ≤ ,
2
et dès lors, si x ∈ B2 [x0 ; r1], u ∈ [y0 −R, y0 +R], v ∈ [y0 −R, y0 +R], on aura,
pour le θ donné par le théorème de Lagrange, v + θ(u − v) ∈ [y0 − R, y0 + R],
et dès lors,
L 1
|G(x, u) − G(x, v)| ≤ |u − v|L−1 = |u − v|,
2 2
ce qui montre que, pour chaque x ∈ B2 [x0 ; r1], l’application G(x, ·) est lip-
schitzienne de constante 12 sur [y0 − R, y0 + R]. Pour pouvoir appliquer le
théorème du point fixe de Banach, il faut encore que G(x, ·) soit une applica-
tion de [y0 − R, y0 + R] dans [y0 − R, y0 + R]. On a, pour tout x ∈ B2 [x0 ; r1]
et tout y ∈ [y0 − R, y0 + R],
Par l’hypothèse 1 et l’hypothèse 2, il existe r ∈ ]0, r1] tel que, pour tout
x ∈ B2 [x0 ; r], on a
R
|L−1 F (x, y0 )| = |L−1 [F (x, y0 ) − F (x0 , y0 )]| ≤ ,
2
et dès lors, pour chaque x ∈ B2 [x0 ; r] et chaque y ∈ [y0 − R, y0 + R], on aura
|G(x, y) − y0 | ≤ R,
F (x, y) = Ax + By,
By = −Ax
5.5. FONCTIONS IMPLICITES : EXISTENCE 181
ait au plus une solution. La théorie des équations linéaires nous apprend que
ce sera le cas si et seulement si B est injective. Cela entraı̂ne en particulier
que p ≤ q et nous nous restreindrons au cas le plus simple où q = p. Dans ce
cas, la condition pour que F −1 ({0}) soit une fonction (en fait une application
de Rn dans Rp) est que B soit inversible, ou encore que det B /= 0. On notera
que si, pour chaque x ∈ Rn fixé, F (x, ·) désigne l’application (affine) de Rp
dans Rp définie par F (x, ·) = Ax + B(·), alors, pour chaque y ∈ Rp, B est
la dérivée totale de F (x, ·) en y, c’est-à-dire B = (F (x, ·))$y . On doit donc
s’attendre, dans le cas non linéaire, à trouver une hypothèse d’inversibilité
pour (F (x0 , ·))$y0 .
Théorème. Soit F une fonction de Rn × Rp dans Rp , (x0 , y0 ) ∈ dom F,
r0 > 0, R0 > 0 tels que
F (x, y) = 0 (5.12)
en l’inconnue y possède dans B2 [y0 ; R] une solution unique, que l’on notera
alors f (x). La deuxième partie de la thèse revient à prouver que f est
continue en x0 . Nous allons construire, pour chaque x ∈ B2 (x0 , r0) une
fonction de R dans R dont les points fixes y correspondent aux solutions
182 CHAPITRE 5. FONCTIONS IMPLICITES
Par l’hypothèse 3, il existe r1 ∈ ]0, r0[ et R ∈ ]0, R0[ tels que, pour tout
(x, y) ∈ B2 [x0 ; r1] × B2 [y0 ; R] et chaque 1 ≤ j ≤ p, on a
1
|Dyj F (x, y) − Dyj F (x0 , y0 )|2 ≤ ,
2p1/2|L−1 | 2,2
et dès lors, si x ∈ B2 [x0 ; r1], u ∈ B2 [y0 ; R], v ∈ B2 [y0 ; R], on aura, pour le θ
donné par le théorème de la moyenne, v + θ(u − v) ∈ B2 [y0 ; R], et dès lors,
1
|G(x, u) − G(x, v)|2 ≤ |u − v|2 ,
2
ce qui montre que, pour chaque x ∈ B2 [x0 ; r1 ], l’application G(x, ·) est lips-
chitzienne de constante 12 sur B2 [y0 ; R]. Pour pouvoir appliquer le théorème
du point fixe de Banach, il faut encore que G(x, ·) soit une application de
B2 [y0 ; R] dans B2 [y0 ; R]. On a, pour tout x ∈ B2 [x0 ; r1 ] et tout y ∈ B2 [y0 ; R],
1 R
≤ |y − y0 |2 + |L−1 F (x, y0 )|2 ≤ + |L−1 F (x, y0 )|2 .
2 2
Par l’hypothèse 1, l’hypothèse 2 et la continuité des applications linéaires, il
existe r ∈ ]0, r1] tel que, pour tout x ∈ B2 [x0 ; r], on a
R
|L−1 F (x, y0 )|2 = |L−1 [F (x, y0 ) − F (x0 , y0 )]|2 ≤ ,
2
|G(x, y) − y0 |2 ≤ R,
ce qui montre que G(x, ·) est une application du fermé B2 [y0 ; R] en elle-
même. Le théorème de Banach entraı̂ne donc, pour chaque x ∈ B2 [x0 ; r],
l’existence d’un point fixe unique y ∈ B2 [y0 ; R] de G(x, ·), c’est-à-dire l’exis-
tence d’un unique y = f (x) ∈ B2 [y0 ; R] tel que F [x, f (x)] = 0. Pour x = x0 ,
l’unicité entraı̂ne en particulier que f (x0 ) = y0 . Il reste à montrer que f est
continue en x0 . Si x ∈ B2 [x0 ; r], on a
1
≤ |f (x) − f (x0 )|2 + |L−1 [F (x, y0 ) − F (x0 , y0 )]|2.
2
Dès lors,
|f (x) − f (x0 )|2 ≤ 2|L−1 [F (x, y0 ) − F (x0 , y0 )]|2 ,
= F (x0 , y0 ) + (F (., y0 ))$x0 (h) + (F (x0 , .))$y0 (l) + |(h, l)|2α(h, l),
pour tout (h, l) ∈ (dom F − (x0 , y0 )) \ {(0, 0)}. Dès lors, si h ∈ Rp est tel que
|h|2 ≤ r $ avec r $ ∈ ]0, r] tel que |f (x0 + h) − f (x0 )|2 ≤ R lorsque |h|2 ≤ r $ (un
tel r $ existe toujours puisque f est continue en x0 ), il résulte de la définition
de f et de l’égalité précédente avec l = f (x0 + h) − f (x0 ) que
f (x0 + h) − f (x0 )
5.6. FONCTIONS IMPLICITES : RÉGULARITÉ 185
= −[(F (x0 , ·))$y0 ]−1 (F (·, y0 ))$x0 (h) + |(h, f (x0 + h) − f (x0 ))|2 β(h)], (5.13)
et tend donc vers 0 lorsque h tend vers zéro. En particulier, on peut trouver
un r $$ ∈ ]0, r $] tel que, pour tout 0 < |h|2 ≤ r $$ , on ait
1
|β(h)|2 ≤ ,
2
et dès lors, pour ces mêmes valeurs de h, on déduit de (5.13) que
# #
# #
|f (x0 + h) − f (x0 )|2 ≤ #[(F (x0 , ·))$y0 ]−1 (F (·, y0 ))$x0 (h)#
2
1 1
+ |h|2 + |f (x0 + h) − f (x0 )|2 ,
2 2
c’est-à-dire,
|f (x0 + h) − f (x0 )|2 ≤ 2|[(F (x0, ·))$y0 ]−1 [(F (·, y0 ))$x0 (h)|2 + |h|2 .
f (x0 +h)−f (x0 )
Il en résulte aussitôt que la fonction h 2→ |h|2 est localement bornée
en 0. Dès lors (5.13) peut s’écrire
f (x0 + h) − f (x0 )
#4 5#
# h f (x0 + h) − f (x0 ) ##
= −[(F (x0 , ·))$y0 ]−1 (F (·, y0 ))$x0 (h) + |h|2 ## , # β(h)
|h|2 |h|2 2
tend vers 0 lorsque h tend vers 0 comme produit d’une fonction localement
bornée en 0 par une fonction tendant vers zéro. Par la caractérisation de la
dérivabilité totale, f est dérivable en x0 et
Si, en outre, pour chaque 1 ≤ j ≤ p,la fonction y 2→ Dj g(y) est continue sur
B2 (y0 ; R0), alors g −1 est dérivable en chaque point de B2 (x0 ; r̃), telle que
on peut trouver dans {D1 g(a), . . ., Dmg(a)} p éléments formant une famille
libre et, en permutant si nécessaire les indices des variables, on peut, sans
perte de généralité, supposer que les p premiers éléments forment une telle
famille, c’est-à-dire supposer que
c’est-à-dire
v − g[f (v, ap+1, . . . , am ), ap+1 , . . ., am ] = 0,
avec [f (v, ap+1, . . . , am), ap+1 , . . . , am] ∈ B2 (a; r0).
Remarque. Par définition du rang, on a rang ga$ ≤ min{m, p} = p. Dès
lors, le théorème de l’application intérieure implique que si g(a) n’est pas
intérieur à g(B2 (a; r0 )), alors rang ga$ < p.
si et seulement si
fa$ + λ1 ga$ = 0.
(Lf,g )$a,λ1 = 0,
E = {x ∈ Rn : g(x) = 0},
192 CHAPITRE 5. FONCTIONS IMPLICITES
alors il existe γ = (γ0 , γ1, . . . , γq ) ∈ Rq+1 \ {0} tel que γ0 ≥ 0 et tel que
q
$
γ0 fa$ + γj (gj )$a = 0,
j=1
c’est-à-dire tel que (a, γ1, . . . , γq) soit un point critique de la fonction Cf,g
de Rn × Rq définie par
q
$
Cf,g (x, γ1, . . . , γq ) = γ0 f (x) + γj gj (x).
j=1
En conséquence,
et l’on peut, sans perte de généralité, supposer que γ0 ≥ 0 dans cette égalité
en multipliant, le cas échéant, les deux membres par −1.
5.9. EXTRÉMANTS LIÉS 193
5.10 Exercices
1. Montrer que la suite (ak )k∈N dans Rp converge vers a si et seulement
toute sous-suite de (ak )k∈N contient une sous-suite convergeant vers a.
2. Montrer que si la suite (ak )k∈N dans Rp converge vers a, alors a est le
seul point d’accumulation de (ak )k∈N .
3. Utiliser le théorème de Bolzano-Weierstrass pour démontrer le théorème
de Cantor : Si (Bk )k∈N est une suite de fermés bornés emboı̂tés (Bk+1 ⊂ Bk
7
pour tout k ∈ N), alors k∈N Bk est un fermé borné non vide.
4. Utiliser le théorème de Bolzano-Weierstrass pour démontrer le théorème
de Heine (suggestion : procéder par l’absurde).
5.10. EXERCICES 195
1
|B|2,2 < ,
|A−1 |2,2
|gx (y) − gx(z)|2 ≤ |A−1 |2,2 |B(y − z)|2 ≤ |A−1 |2,2 |B|2,2 |y − z|2 ,
ce qui entraı̂ne que g(y) = 0 et donc que y est un point fixe de f . Montrer que
cette nouvelle démonstration du théorème du point fixe de Banach fournit
l’existence d’un point fixe unique de f sous les hypothèses plus générales :
a. |x − f (x)|2 → +∞ si x → ∞.
b. |f (x) − f (y)|2 < |x − y|2 pour tout x /= y dans Rn .
7. Soit
n
$
F : R × Rn+1 → R, (x, a0, a1 , . . . , an ) 2→ ak xk .
k=0
F (x, a) = 0
196 CHAPITRE 5. FONCTIONS IMPLICITES
F (x, a)
possède dans [−r, r] la solution unique f (a). (Dépendance continue des so-
lutions d’une équation algébrique par rapport aux coefficients au voisinage
d’une racine simple). Généraliser le résultat aux équations complexes en
utilisant la notion de C-dérivabilité.
8. Montrer que l’application
a(x) = (Ax|x).
la différence entre son ne terme Fn (x) et tout terme ultérieur Fn+r (x), aussi
éloigné soit-il du ne , reste plus petite que toute grandeur donnée, si l’on a
pris n suffisamment grand, alors il existe toujours une certaine grandeur
constante, et une seule, dont s’approchent toujours davantage les termes
de cette suite et dont ils peuvent s’approcher d’aussi près que l’on voudra,
lorsqu’on prolonge la suite suffisamment loin.
a1 , . . ., am , b1, . . . , bn,
y1 = ψ1 (x1 , . . . , xm ), . . ., yn = ψn (x1 , . . . , xn ),
On connaı̂t les beaux résultats obtenus par M. E. Picard dans l’étude des
équations différentielles et des équations aux dérivées partielles, grâce à sa
méthode des approximations successives. Cette méthode s’applique également
avec une grande facilité à la théorie des fonctions implicites. ... Soit f (x, y)
une fonction de deux variables indépendantes réelles x et y, continue dans le
voisinage d’un système de valeurs x0 , y0 , tel que f (x0 , y0 ) = 0. Pour préciser,
nous supposerons que cette fonction est continue dans un domaine D défini
par les inégalités
x0 − a ≤ x ≤ x0 + a, y0 − b ≤ y ≤ y0 + b,
a et b étant deux nombres positifs. Nous admettrons de plus que l’on peut
choisir les nombres a et b assez petits pour que l’on ait
y − y0 = f (x, y),
Fonctions monotones
199
200 CHAPITRE 6. FONCTIONS MONOTONES
si a ∈ ]0, 1[, c’est-à-dire si 0 < a < 1, alors a ne majore pas ]0, 1[ puisque
a + 1−a
2 > a et appartient à ]0, 1[. On montre de même qu’aucun minorant
de ]0, 1[ n’appartient à ]0, 1[. Il peut aussi arriver qu’un majorant ou un
minorant d’une partie E de R appartienne à E. C’est le cas par exemple
pour E = [0, 1] qui est majoré par 1 et minoré par 0. E ne contiendra pas
d’autre majorant ou d’autre minorant, ainsi que cela résulte de la proposition
suivante.
Proposition. Soit E une partie de R. Il existe au plus un majorant de E
appartenant à E et au plus un minorant de E appartenant à E.
Démonstration. Faisons-la, pour fixer les idées, dans le cas d’un majo-
rant. Si a et b majorent E et appartiennent à E, alors on a b ≤ a et a ≤ b,
et donc a = b.
Cette proposition justifie la définition suivante.
Définition. Soit E une partie de R et a ∈ R. On dit que a est le maximum
ou le plus grand élément de E, et on le note max E, si a ∈ E et a majore
E. On dit que a est le minimum ou le plus petit élément de E, et on le note
min E, si a ∈ E et a minore E.
Notons que, si max E existe, alors, puisque max E ∈ E, on a max E ≤ a
pour tout a ∈ M (E), et max E est donc le plus petit majorant de E. En
d’autres termes,
max E = min M (E).
On montre de même que si min E existe, alors
Nous procédons par l’absurde et supposons que cette proposition est fausse.
Alors,
Définissons dès lors comme suit une jauge δ sur [a, b]. Si x ∈ [a, b] ∩ M (E),
prenons δ(x) = x−y 2 , où yx est donné par (6.1); si x ∈ [a, b] \ M (E), alors
x
zxj + xj
aj ≤ xj + δ(xj ) = < zxj ∈ E,
2
yxj + xj
aj−1 ≥ xj − δ(xj ) = > yxj ∈ M (E),
2
Définition. Soit E une partie non vide de R. Si E est non vide et majorée,
on appelle supremum de E, et l’on note sup E, le minimum de M (E), c’est-
à-dire le plus petit majorant de E. Si E est non vide et non majoré, on
pose, par extension, sup E = +∞. Si E est vide, on pose, par extension,
sup E = −∞.
ce qui équivaut à
E + F = {x + y : x ∈ E et y ∈ F },
et
cE = {cx : x ∈ E}.
Lorsque E = {a}, on écrira a + F au lieu de {a} + F et si c = −1, on
écrira −E au lieu de (−1)E. On a évidemment E + F = F + E et l’on se
gardera de confondre E + F avec E ∪ F . Ainsi [0, 1] + [0, 1] = [0, 2] alors que
[0, 1] ∪ [0, 1] = [0, 1].
Les propositions suivantes sont des conséquences faciles des propriétés
élémentaires des inégalités et des définitions.
Proposition. Si E ⊂ R et a ∈ R, alors a majore E si et seulement si −a
minore −E. En d’autres termes, M (E) = −m(−E).
3. x ∈ adh E ∩ m(E).
4. x ∈ m(E) et il existe une suite (zk )k∈N dans E qui converge vers x.
Une conséquence immédiate mais très utile des définitions de supremum
et d’infimum est la règle de passage au supremum ou à l’infimum
dans une inégalité.
Proposition. Soit E une partie non vide de R et c ∈ R. Si, pour tout
x ∈ E, on a x ≤ c, alors sup E existe et sup E ≤ c. Si, pour tout x ∈ E, on
a x ≥ c, alors inf E existe et inf E ≥ c.
Démonstration. Faisons-la, pour fixer les idées, dans le cas du supremum.
Par hypothèse, c majore E et dès lors sup E existe. Comme il est le plus
petit des majorants de E, on a nécessairement sup E ≤ c.
Etudions maintenant le comportement du supremum et de l’infimum par
rapport aux opérations d’inclusion, d’homothétie et d’addition introduites
sur les ensembles.
Proposition. Soient E et F deux parties non vides et majorées de R et
soit c ≥ 0. On a les propriétés suivantes.
1. Si E ⊂ F , alors sup E ≤ sup F .
2. sup(cE) = c sup E.
3. sup(E + F ) = sup E + sup F.
Démonstration. 1. Si x ∈ E, alors x ∈ F et donc x ≤ sup F ; on déduit
de la proposition précédente que sup E existe et que sup E ≤ sup F.
2. Si c = 0, cE = {0} et le résultat est évident; si c > 0, alors M (cE) =
cM (E) et
sup(cE) = min M (cE) = min[cM (E)] = c min M (E) = c sup E.
3. Soit x ∈ E + F ; alors x = y + z avec y ∈ E et z ∈ F et dès lors
x ≤ sup E + sup F ; en conséquence,
sup(E + F ) ≤ sup E + sup F.
Soient maintenant x ∈ E et y ∈ F ; alors x + y ∈ E + F , et dès lors
y + z ≤ sup(E + F ). En particulier, z étant fixé dans F , on a, pour chaque
y ∈ E, y ≤ sup(E + F ) − z, et dès lors sup E ≤ sup(E + F ) − z. Par
conséquent, pour chaque z ∈ F , on a z ≤ sup(E + F ) − sup E, ce qui
entraı̂ne que sup F ≤ sup(E + F ) − sup E, c’est-à-dire
sup E + sup F ≤ sup(E + F ).
6.2. INTERVALLES 205
6.2 Intervalles
Les résultats des sections précédentes nous permettent de déterminer la
structure des intervalles de la droite réelle.
Définition. On dit qu’une partie non vide I de R est un intervalle si I n’est
pas un singleton et si
L’application à f (A) des notions que nous venons d’introduire pour les par-
ties de R conduit à la terminologie suivante.
Définition. On dit que f est majorée (resp. minorée) sur A si f (A) est ma-
jorée (resp. minorée). Si f est majorée (resp. minorée) sur A, le supremum
(resp. l’infimum) de f sur A est le nombre réel noté
et défini par
sup f = sup f (A) = sup{f (x) : x ∈ A}
A
(resp. inf f = inf f (A) = inf{f (x) : x ∈ A}).
A
Si f n’est pas majorée sur A, on écrira supA f = +∞ et si f n’est pas
minorée sur A, on écrire inf A f = −∞.
Lorsque supA f ∈ f (A), c’est-à-dire lorsqu’il existe x ∈ A tel que f (x) =
supA f , ou encore lorsque sup f (A) = max f (A), on dit qu’il est le maximum
de f sur A, et l’on écrit
et
sup f = 1, inf f = 0, inf g = −1, sup g = 0.
[0,1] [0,1] [0,1] [0,1]
On déduit facilement des caractérisations du supremum et de l’infimum
d’une partie de R des caractérisations du supremum et de l’infimum
d’une application réelle.
6.4. FONCTIONS MONOTONES 209
On dit que f est monotone sur E si f est croissante sur E ou est décroissante
sur E. On dit que f est strictement croissante sur E si
(∀x ∈ E)(∀y ∈ E : y > x) : f (y) > f (x) (resp. f (y) < f (x)).
et dès lors
(∀x ∈ Ea− : |x − a| ≤ δ) : |f (x) − b| ≤ !.
Proposition. Soit (ak )k∈N une suite réelle. Alors (ak )k∈N est croissante
(resp. décroissante) si et seulement si, pour tout k ∈ N, on a
Démonstration. Nous la ferons dans le cas où (ak )k∈N est croissante,
l’autre s’y ramenant par changement de signe.
Condition nécessaire. Soit k ∈ N; en prenant x = k + 1 et y = k dans la
définition, on trouve ak+1 − ak ≥ 0 dans le cas croissant et ak+1 − ak > 0
dans le cas strictement croissant.
Condition suffisante. Soient r ≥ q des entiers naturels; alors
l’inégalité étant stricte si ak+1 > ak pour chaque k ∈ N. Donc (ak )k∈N est
croissante ou strictement croissante selon le cas.
Corollaire. Soit (ak )k∈N une suite réelle. Si (ak )k∈N est croissante, alors
lim ak = sup ak .
k→∞ k∈N
lim ak = inf ak .
k→∞ k∈N
(∃m ∈ N)(∀k ≥ m) : ak ≤ a + 1.
lim fk (0) = 1.
k→∞
Proposition. Pour chaque x > 0 fixé, la suite réelle (fk (x))k∈N∗ est stricte-
ment croissante et majorée.
Démonstration. En appliquant l’inégalité de droite du lemme à α = 1+ xk
et β = 1 + k+1
x
, on trouve
4 5k+1 4 5k+1
x x
fk+1 (x) = 1 + > 1+
k+1 k
4 5k 4 5 4 5k
x x x x
−(k + 1) 1 + 1+ −1− = 1+ = fk (x),
k k k+1 k
et (fk (x))k∈N∗ est strictement croissante. D’autre part, en appliquant la
même inégalité à α = 1 + mk
x
, β = 1, où m ≥ 1 est un entier, on obtient
4 5k+1 4 5k 4 5k 4 5
x x x x x
1> 1+ − (k + 1) 1+ = 1+ 1− .
mk mk mk mk m
Dès lors, si m ≥ 2x, est fixé, (par exemple m = [2x] + 1, avec [2x] la partie
entière de 2x), on trouve
4 5k
1 x
1> 1+ ,
2 mk
c’est-à-dire 4 5k
x
1+ < 2.
mk
Par conséquent, pour tout k ∈ N∗ , on a
4 5mk
x
fmk (x) = 1 + < 2m .
mk
Pour chaque j ∈ N∗ , il existe k ∈ N∗ tel que
(k − 1)m ≤ j ≤ km,
216 CHAPITRE 6. FONCTIONS MONOTONES
|x|2
En prenant α = 1, β = 1 − (k+1)2 , dans l’inégalité de droite du lemme et
k + 1 ≥ |x|, on obtient
& 'k+1
|x|2 |x|2 |x|2
1> 1− > 1 − (k + 1) =1− ,
(k + 1)2 (k + 1) 2 k+1
e = 2, 71828182845904523536028747135266249775724709366995 . . ..
et l’on raisonnera
# # comme dans le cas précédent avec k suffisamment grand
# xy #
pour que # (k+1)2 # ≤ 1 + x+y
k+1 . Enfin, si x + y < 0, alors, par la Proposition
précédente et la première partie de la démonstration, on a
1 1
exp(x + y) = = = [exp x].[exp y].
exp(−x − y) [exp(−x)].[exp(−y)]
6.5. FONCTION EXPONENTIELLE 219
et
1
exp x = < 1 < exp y.
exp(−x)
Si x < y ≤ 0, on a 0 ≤ −y < −x et dès lors
1 1
exp x = < = exp y.
exp(−x) exp(−y)
D’autre part, exp n’est pas majorée sur R puisque, pour tout k ∈ N∗ , on a
h ≤ exp h − 1 ≤ h exp h.
220 CHAPITRE 6. FONCTIONS MONOTONES
En particulier, si 0 < h ≤ 1, on a
h ≤ exp h − 1 ≤ eh,
exp h − 1
lim = 1.
h→0, h>0 h
Si h < 0, on a
2 3
exp h − 1 exp h[1 − exp(−h)] 1 1 − exp(−h)
= = ,
h h exp(−h) −h
et dès lors
exp h − 1
lim = 1.
h→0, h<0 h
Comme les limites du quotient différentiel pour h tendant vers zéro par
valeurs positives et par valeurs négatives existent et sont égales à un, la
fonction exponentielle est dérivable en 0 et sa dérivée y vaut un.
Démonstration. Si x ∈ R et h /= 0, on a
on a
f (I) = ]f (a+), f (b−)[ (resp. ]f (a+), f (b)], [f (a), f (b−)[, [f (a), f (b)]).
f (I) = ]f (b−), f (a+)[ (resp. [f (b), f (a+)[, ]f (b−), f (a)], [f (b), f (a)]).
S’il existe u ∈ ]a, b] tel que f (u) = inf f (I), alors, pour tout v ∈ ]a, u[, on
aura f (v) < f (u) = inf f (I), ce qui est contradictoire. Donc f (u) > inf f (I)
pour tout u ∈ I, et f (I) = ]f (a+), f (b)].
222 CHAPITRE 6. FONCTIONS MONOTONES
on tire
f (c − !) < d < f (c + !),
et dès lors
f (y) − f (x)
f $ (x) = lim ≥ 0.
y→x, y∈I y−x
Condition suffisante. Si x ∈ I, y ∈ I et y > x, alors, par le théorème de
Lagrange, il existe z ∈ ]x, y[ tel que
et dès lors
(y − x)[f (y) − f (x)] = (y − x)2 f $ (z) ≥ 0.
il existe z ∈ ]x, y[ tel que f (y) − f (x) = (y − x)f $ (z). Si f $ (z) = 0, alors,
f (y) = f (x) et puisque f est croissante sur I, on aura, pour tout u ∈ [x, y],
f (u) = f (x) = f (y), et dès lors f $ (u) = 0, ce qui contredit l’hypothèse sur
les zéros de f $ . Donc, f $ (z) > 0 et f (y) > f (x).
Le résultat suivant donne des conditions pour que la fonction réciproque
d’une fonction dérivable et injective soit dérivable.
Proposition. Soit I un intervalle de R et f une fonction de R dans R
dérivable et injective sur I. Pour tout a ∈ I tel que f $ (a) /= 0, f −1 est
dérivable en f (a) et
1
(f −1 )$ (f (a)) = $ .
f (a)
Démonstration. Par hypothèse f est continue et injective sur I, et donc
strictement monotone. Il existe donc certainement des a ∈ I tels que f $ (a) /=
0. Soit a l’un d’entre eux. Notons que f (x) /= f (a) si x /= a et f −1 (y) /=
f −1 (f (a)) si y /= f (a). Comme
f (x) − f (a)
lim = f $ (a) /= 0,
x→a, x∈I\{a} x−a
On aura
x−a 1 1
lim = lim = .
x→a, x∈I\{a} f (x) − f (a) x→a, x∈I\{a} f (x)−f (a) f $ (a)
x−a
En conséquence,
# #
# f −1 (y) − f −1 (f (a)) 1 ##
#
(∃δ > 0)(∀y ∈ f (I) : 0 < |y − f (a)| ≤ δ) : # − $ # ≤ !.
# y − f (a) f (a) #
6.8. FONCTIONS CONVEXES OU CONCAVES 225
variation
f (x) − f (a)
∆af : x 2→
x−a
de f en a est une fonction croissante sur I \ {a} ou une fonction décroissante
sur I \ {a}.
La caractérisation suivante est bien utile.
Proposition. Soit f une fonction de R dans R définie sur un intervalle
I ⊂ R. Alors la fonction ∆a f est, pour chaque a ∈ I, une fonction croissante
sur I \ {a} si et seulement si, pour chaque x ∈ I, chaque y ∈ I et chaque
λ ∈ [0, 1], on a
Si x > y et λ ∈ ]0, 1[, alors, en posant µ = 1 − λ, on a aussi µ ∈ ]0, 1[, et, par
la première partie de la démonstration,
dès lors
f (y) − f (a) ≤ λ[f (x) − f (a)],
6.8. FONCTIONS CONVEXES OU CONCAVES 227
c’est-à-dire
f (y) − f (a) f (x) − f (a)
≥ .
y−a x−a
Le cas où a < x < y se traite d’une manière semblable. Si x < a < y
appartiennent à I, alors, par la première partie de la démonstration de la
condition suffisante, on a
et dès lors
(y − x)[f (a) − f (x)] ≤ (a − x)[f (y) − f (x)]
et donc que
f (x) − f (a) f (y) − f (a)
≤ .
x−a y−a
Elle sera dite strictement convexe sur I si, pour tout x /= y dans I et tout
λ ∈ ]0, 1[, on a
et de même
lim [f (x) − f (a)] = 0.
x→a, x>a
f (b) − f (a)
fd$ (a) ≤ ≤ fg$ (b).
b−a
f (b) − f (a)
fd$ (a) ≤ ≤ fg$ (b).
b−a
c’est-à-dire
f $ (x)(y − x) ≤ f (y) − f (x) ≤ f $ (y)(y − x),
et donc (y − x)[f $ (y) − f $ (x)] ≥ 0.
Remarques. 1. On démontre d’une manière analogue l’équivalence, pour
une fonction dérivable sur I, entre les énoncés
1. f est strictement convexe sur I.
2. Pour chaque x /= y dans I, on a
6.9 Exercices
1. Si f est une fonction de Rn dans R et si a ∈ dom f, on appelle oscillation
de f en a la quantité
& '
o(f, a) = lim sup f − inf f .
r→0+ B2 [a;r] B2[a;r]
Montrer que cette suite est positive, décroissante et donc convergente. Mon-
√
trer que sa limite est égale à a. (Algorithme de Héron pour l’extraction
d’une racine carrée).
4. Soit (ak )k∈N une suite réelle. Pour chaque k ∈ N, posons (au sens large)
a. Montrer que (ak )k∈N est une suite croissante dans R si et seulement si
(ak )k∈N est minorée. Si (ak )k∈N n’est pas minorée, on pose
b. Montrer que (ak )k∈N est une suite décroissante dans R si et seulement si
(ak )k∈N est majorée. Si (ak )k∈N n’est pas majorée, on pose
c. On a ainsi attaché à toute suite réelle deux éléments lim inf k→∞ ak
et lim supk→∞ ak de R ∪ {−∞} ∪ {+∞} respectivement appelés la limite
inférieure et la limite supérieure de la suite (ak )k∈N . Montrer (avec la con-
vention −∞ < a < +∞ pour tout a ∈ R) que l’on a toujours
et que l’égalité a lieu si et seulement si la suite (ak )k∈N est convergente (au
sens large), auquel cas sa limite (au sens large) est égale à la valeur commune
de sa limite inférieure et de sa limite supérieure.
5. Soit f une fonction de Rn dans R semi-continue inférieurement en chaque
point du fermé E ⊂ Rn . Montrer que f possède un minimum sur E si et
seulement si f possède une suite minimisante convergente.
6. Soient A et B deux ensembles non vides et
f : A × B → R, (x, y) 2→ f (x, y)
Henri Lebesgue
Il me semble que la notion de fonction convexe est à peu près aussi fon-
damentale que celles-ci : fonction positive, fonction croissante. Si je ne
me trompe pas en ceci, la notion devra trouver sa place dans les expositions
élémentaires de la théorie des fonctions réelles.
Développement de Taylor et
séries
233
234 CHAPITRE 7. DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR ET SÉRIES
j
où Ck = k!
j!(k−j)! .
k−1
$ j
(f g)(k−1)(a) = Ck−1 f (j) (a)g (k−1−j)(a),
j=0
k−1
$ j
(f g)(k)(a) = [(f g)(k−1)]$ (a) = Ck−1 [f (j)g (k−1−j) ]$ (a)
j=0
k−1
$ j
= Ck−1 [f (j+1)(a)g (k−1−j)(a) + f (j) (a)g (k−j)(a)]
j=0
k
$ k−1
$
j−1 (j) j
= Ck−1 f (a)g (k−j)(a) + Ck−1 f (j) (a)g (k−j)(a)
j=1 j=0
k−1
$ j−1 j
= f (k) (a)g(a) + (Ck−1 + Ck−1 )f (j) (a)g (k−j)(a) + f (a)g (k)(a)
j=1
k
$
= Ckj f (k) (a)g (k−j)(a),
j=0
f (a + h) = P 1 (h) + |h|r(h),
où r est une fonction de R dans Rp de domaine au moins égal à (dom f −a)\
{0} telle que r(h) → 0 si h → 0. Avant de donner des conditions suffisantes
pour l’existence d’un tel polynôme, montrons qu’il en existe au plus un.
Proposition. Soit f une fonction de R dans Rp et a non isolé dans dom f .
Il existe au plus un polynôme P m de degré m vérifiant (7.1).
%
Démonstration. Supposons que P m (h) = m k=0 ck h vérifie (7.1) et que
k
%m
Q (h) = k=0 dk h soit tel que, pour tout h ∈ (dom f − a) \ {0}, on ait
m k
et dès lors m
$ |h|m
(dj − cj )hj−k = q(h),
j=k
hk
|h|m
puisque la fonction h 2→ hk
est localement bornée en 0 pour chaque 1 ≤
k ≤ m.
Cherchons maintenant à déterminer la forme de cet unique polynôme
de degré m qui vérifie éventuellement la condition (7.1). Pour ce faire,
%
considérons le cas particulier trivial où f (x) = m k=0 bk x est elle-même
k
m
$
f (a + h) = ck hk ,
k=0
on déduit aussitôt, par dérivations des deux membres, que, pour chaque
1 ≤ j ≤ m, on a
m
$
[f (a + ·)](j)(h) = f (j) (a + h) = ck k(k − 1) . . .(k − j + 1)hk−j ,
k=j
f (a) = c0 ,
m
$ f (j) (a)
m
Tf,a (h) = hj .
j=0
j!
Lorsque a = 0, Tf,0
m est aussi appelé le développement de Maclaurin d’ordre
m de f .
Un lemme sera utile pour donner des conditions suffisantes pour que le
développement de Taylor d’ordre m de f vérifie la relation (7.1).
Lemme. Soit m ≥ 1 un entier et g une fonction de R dans Rp (m − 1)-fois
dérivable en chaque point d’un voisinage V de 0 et m fois dérivable en 0
(cette hypothèse se réduisant à la dérivabilité de g en 0 si m = 1). Si
alors
g(h)
lim = 0.
h→0 |h|m
Démonstration. Elle se fait par récurrence sur m. Le résultat est évidem-
ment vrai pour m = 1 puisque, si g(0) = g $ (0) = 0, alors,
g $ (h)
lim = 0. (7.3)
h→0 |h|k−1
Soit ! > 0; la condition (7.3) entraı̂ne l’existence d’un δ ∈ ]0, r] tel que, pour
tout h$ ∈ [−δ, δ], on ait
|g $(h$ )|2 ≤ !|h$ |k−1 .
Dès lors, pour tout h ∈ [−δ, δ], on aura |θh| ≤ δ, et, par (7.4),
f,a (h)
Rm
lim = 0.
h→0 |h|m
240 CHAPITRE 7. DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR ET SÉRIES
Rm (x)
avec limx→0 exp,0
xm = 0.
2. On a vu que, pour tout x ∈ ]0, +∞[, (ln)$ (x) = x1 . Dès lors, pour chaque
k ≥ 2, on a (ln)(k)(x) = (−1)k−1 (k−1)!xk
(le montrer par récurrence). En
conséquence, pour chaque h ∈ ] − 1, +∞[, et chaque m ≥ 1, on aura (puisque
ln 1 = 0),
m
$ (−1)j−1
ln(1 + h) = hj ln,1 (h),
+ Rm
j=1
j
Rm (h)
avec limh→0 ln,1
hm = 0.
f (m) (a) Rm
f,a (h)
+ hm
= m!
Rm
.
g (m) (a) g,a (h)
m! + hm
Par conséquent, la règle usuelle de passage à la limite dans un quotient
appliquée au second membre entraı̂ne que
f f (a + h)
lim (x) = lim
x→a, x(=a g h→0, h(=0 g(a + h)
f (m) (a) Rm
f,a (h)
+ hm f (m)(a)
= lim m!
= .
h→0, h(=0 g (m) (a)
+
Rm
g,a (h) g (m)(a)
m! hm
242 CHAPITRE 7. DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR ET SÉRIES
Exemple. On a
(exp x − 1)3
lim = 1,
x→0 x3
puisque, si f (x) = (exp x − 1)3 et g(x) = x3 , alors,
Comme
hq+1 h
lim = lim = 0,
h→0 (1 − h)hq h→0 1 − h
%
on voit que qk=0 hk est le développement de Taylor d’ordre q de la fonction
f : x 2→ 1−x
1
en 0, et dès lors, puisque q est arbitraire, on a, pour chaque
entier j ∈ N∗ ,
f (j) (0) = j!.
D’ailleurs, l’identité ci-dessus entraı̂ne que, pour tout entier p ≥ 2 et tout
h /= 1, on a
q
1 $ hp(q+1)
= hkp
+ ,
1 − hp k=0
1 − hp
et
q
1 $ (−1)q+1 hp(q+1)
= (−1) k kp
h + .
1 + hp k=0
1 + hp
Comme
hp(q+1)
lim = 0,
h→0 (1 ± hp )hqp
7.4. RESTE DE TAYLOR DE FONCTIONS RÉELLES 243
q %
on voit que, si f (x) = 1−x
1
p et g(x) = 1+xp ,
1
k=0 h
kp
est le développement
%q
de Taylor d’ordre qp de f en 0 et k=0 (−1) h est le développement de
k kp
f (kp)(0) = (kp)!,
et
g (j)(0) = 0 si j n’est pas un multiple de p,
g (kp)(0) = (−1)k (kp)!.
F (y) = f (a + h) − Tf,y
m
(a + h − y).
F (a + h) = f (a + h) − Tf,a+h
m
(0) = f (a + h) − f (a + h) = 0,
F (a) = f (a + h) − Tf,a
m
(h) = Rm
f,a(h).
m m
$ f (j) (y) $ f (j+1) (y)
= (a + h − y)j−1 − (a + h − y)j
j=1
(j − 1)! j=0 j!
m−1 m
$ f (j+1)(y) $ f (j+1) (y)
= (a + h − y)j − (a + h − y)j
j=0
j! j=0
j!
f (m+1) (y)
= −(a + h − y)m .
m!
Si nous appliquons le théorème de la moyenne Cauchy à F et g sur l’intervalle
d’extrémités a et a + h, nous obtenons un θ ∈ ]0, 1[ tel que
f (m+1) (a + θh)
f,a (h) = h
Rm m+1
.
(m + 1)!
f (m) (a + θh)
f (a + h) − f (a) = hm .
m!
Dès lors, si m est impair, f (a + h) − f (a) a un signe différent pour h < 0
et h > 0 et a n’est pas un extrémant local libre de f . Si m est pair, alors
pour tout h ∈ [−r, r], f (a + h) − f (a) a le signe de f (m) (a) et le résultat s’en
déduit aussitôt.
246 CHAPITRE 7. DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR ET SÉRIES
c(x) − c(0)
lim = 0,
x→0− x
7.6 Séries
Soit f une fonction de R dans Rp et a ∈ dom f tel que f (k) (a) existe pour
chaque entier k ≥ 1. Pour chaque h ∈ R fixé et chaque entier q ≥ 0, on peut
q
considérer la valeur en h Tf,a (h) du développement de Taylor d’ordre q de f
8 9
q
en a. On obtient ainsi une suite Tf,a (h) dans Rp et, a priori, les cinq
q∈N
possibilités
8 9suivantes peuvent se présenter :
q
1. Tf,a(h) est divergente et a + h /∈ dom f − {a}.
8 9q∈N
q
2. Tf,a(h) est divergente et a + h ∈ dom f − {a}.
8 9q∈N
q
3. Tf,a (h) est convergente, a + h ∈ dom f − {a} et
q∈N
q
lim Tf,a (h) = f (a + h).
q→∞
8 9
q
4. Tf,a (h) est convergente, a + h ∈ dom f − {a} et
q∈N
q
lim Tf,a (h) /= f (a + h).
q→∞
8 9
q
5. Tf,a (h) est convergente et a + h /∈ dom f − {a}.
q∈N
La situation 1 se présente pour la fonction f de R dans R définie par f (x) =
q
1−x pour laquelle on a vu plus haut que, pour chaque q ∈ N, Tf,0 (h) =
1
% q q
k=0 h . Dans ce cas, 1 /∈ dom f et Tf,0 (1) = q + 1. La situation 2 se
k
q hq+1
= Tf,0(h) + ,
1−h
ainsi qu’on l’a vu plus haut, et dès lors
q hq+1
lim [f (h) − Tf,0 (h)] = lim = 0.
q→∞ q→0 1 − h
% 8 9 %q
q(q+1)
3. k∈N k est la suite 2 puisque, pour chaque q ∈ N, k=0 k =
q∈N
q(q+1)
2 . 8 9
% 1−aq+1
4. Pour chaque a ∈ C \ {1}, k∈N ak est la suite 1−a , puisque, pour
q∈N
%q q+1
chaque q ∈ N, k=0 ak = 1−a 1−a . On l’appelle la série géométrique de raison
a. 8 9
%
5. k∈N (k+1)(k+2)
1
est la suite q+1
q+2 puisque, pour chaque q ∈ N,
q∈N
q q 4 5 q q+1
$ 1 $ 1 1 $ 1 $ 1
= − = −
k=0
(k + 1)(k + 2) k=0
k + 1 k + 2 k=0
k + 1 k=1 k + 1
1 q+1
=1− = .
q+2 q+2
Le mot “somme” n’a évidemment plus ici l’acception courante; c’est tout
simplement, si elle existe, la limite des sommes partielles Aq lorsque q tend
vers l’infini.
% % %
Exemples. Les séries k∈N 1, k∈N (−1)k et k∈N k des exemples 1 à 3 sont
%
divergentes. La série géométrique k∈N ak de l’exemple 4 converge et a pour
somme 1−a 1
lorsque |a| < 1, puisque, dans ce cas, aq → 0 lorsque q → ∞.
%
Nous verrons plus loin qu’elle diverge si |a| ≥ 1. La série k∈N (k+1)(k+2)1
de
l’exemple 5 converge et a pour somme 1.
Les remarques suivantes sont des conséquences immédiates de la définiti-
on.
%
Remarques. 1. Soit k∈N ak une série dans Rp et, pour m ≥ 1 entier fixé,
%
soit k∈N am+k la série obtenue à partir de la précédente en laissant tomber
ses m premiers termes a0 , a1 , . . . , am−1 . Comme les sommes partielles de
même indice de ces deux séries diffèrent toutes de la quantité constante
%
Am−1 = m−1 k=0 ak , il est clair que les deux séries convergent ou divergent
% %
simultanément. Pour m = 1, la série k∈N a1+k est souvent notée k∈N∗ ak .
% %
Ainsi, la série k∈N (k+1)(k+2)
1
s’écrit également k∈N∗ k(k+1)
1
.
%
2. Par définition, la série k∈N ak est la suite (Aq )q∈N. Réciproquement, à
%
toute suite (bk )k∈N dans Rp on peut associer la série télescopique k∈N (bk −
7.6. SÉRIES 251
et dès lors
lim aq = lim Aq − lim Aq−1 = A − A = 0.
q→∞ q→∞ q→∞
252 CHAPITRE 7. DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR ET SÉRIES
Cette condition n’est pas suffisante pour la convergence d’une série. Ain-
si, la suite des termes de la série
$ 1
1
k∈N (k + 1) 2
tend vers zéro mais, pour chaque q ∈ N, on a
q q
$ 1 $ 1 1
1 ≥ 1 = (q + 1) 2 ,
k=0 (k + 1) 2
k=0 (q + 1) 2
% %
Exemples. 1. La série harmonique k∈N k+1 1
= k∈N∗ 1
k est divergente.
En effet, par le critère de Cauchy, il suffit de montrer que
r
$ 1
(∃! > 0)(∀m ∈ N)(∃q ∈ N : q ≥ m)(∃r ∈ N : r > q ≥ m) : > !.
k=q+1
k
7.7. SÉRIES ABSOLUMENT CONVERGENTES 253
%
Démonstration. Il suffit de vérifier que k∈N ak vérifie le critère de
Cauchy. Pour tout r > q dans N, on a, si j = 1, 2 ou ∞, en vertu de
l’inégalité triangulaire,
# #
# r # r
# $ # $
# ak ## ≤ |aj |j .
#
#k=q+1 # k=q+1
j
%
D’autre part, en vertu du critère de Cauchy de convergence de k∈N |ak |j ,
si ! > 0 est donné, il existe m ∈ N tel que
r
$
(∀q ∈ N : q ≥ m)(∀r ∈ N : r > q ≥ m) : |ak |j ≤ !,
k=q+1
%
Remarque. Nous montrerons plus loin que la série k∈N ak peut converger
%
sans que k∈N |ak |j converge. La condition ci-dessus n’est donc pas une
condition nécessaire de convergence. On est ainsi conduit à séparer les séries
%
convergentes en deux classes, selon que k∈N |ak |j converge ou diverge.
% %
Définition. Soit k∈N ak une série dans Rp. On dit que k∈N ak con-
%
verge absolument ou est absolument convergente si k∈N |ak |2 converge. Si
% % %
k∈N ak converge et que k∈N |ak |2 diverge, on dit que k∈N ak converge
non absolument ou converge simplement.
Remarque. En utilisant les inégalités entre normes et le critère de Cauchy,
on vérifie sans peine que la définition de convergence absolue est indépendan-
te du choix particulier de la norme | · |2 .
Exemples. 1. Toute série convergente à termes positifs est évidemment
absolument convergente.
7.7. SÉRIES ABSOLUMENT CONVERGENTES 255
% k
2. La série harmonique alternée k∈N (−1) k+1 est convergente mais la série de
%
ses valeurs absolues k∈N k+1 1
est la série harmonique qui est divergente. La
série harmonique alternée converge donc non absolument.
La convergence d’une série absolument convergente et la valeur de sa
somme ne dépendent pas de l’ordre dans lequel on prend les termes.
%
Proposition. Soit k∈N ak une série dans Rp absolument convergente et
%
soit b : N → N une bijection. Alors la série k∈N ab(k) converge vers la même
somme.
Démonstration. Soit ! > 0; par le critère de Cauchy appliqué à la série
%
k∈N |ak |2 , il existe m ∈ N tel que
r
$ !
(∀q ∈ N : q ≥ m)(∀r ∈ N : r > q ≥ m) : |ak |2 ≤ .
k=q+1
2
% %
Proposition. Soit k∈N ak une série à termes positifs. Alors k∈N ak con-
verge si et seulement si la suite (Aq )q∈N de ses sommes partielles est majorée,
auquel cas
∞
$
ak = sup Aq .
k=0 q∈N
chaque q ∈ N, on a
q q q 4 5
$ 1 $ 1 $ 1 1 1
≤ 1 + = 1 + − = 1+1− ≤2
k=0
(k + 1) 2
k=1
k(k + 1) k=1
k k + 1 q +1
et la suite des sommes partielles est majorée par 2.
La condition précédente fournit une utile condition suffisante de con-
vergence absolue.
%
Proposition. Soit k∈N ak une série dans Rp . S’il existe un entier m ≥ 0
tel que, pour tout k ≥ m, on ait
1
|ak+1 |2 ≤ |ak |2 ,
2
%
alors k∈N ak converge absolument.
Démonstration. Si k ≥ 0, on a
4 5k
1 1
|am+k |2 ≤ |am+k−1 |2 ≤ . . . ≤ |am |2 ,
2 2
et dès lors, pour tout q ∈ N, on a
8 9q+1
q q 4 5k 1− 1
$ $ 1 2
|am+k |2 ≤ |am |2 = |am |2 ≤ 2|am |2 ,
k=0 k=0
2 1− 1
2
%
ce qui montre que la suite des sommes partielles de la série k∈N |am+k |2
%
est majorée. Donc k∈N am+k converge absolument et il en est de même de
%
k∈N ak .
7.8. SÉRIES NON ABSOLUMENT CONVERGENTES 257
% k
Exemple. Pour chaque z ∈ C, la série exponentielle de z k∈N zk! (ainsi
appelée parce que, pour z réel, ses sommes partielles sont les valeurs en z
des développements de Taylor en 0 d’ordres successifs de la fonction expo-
nentielle) converge absolument. En effet, pour tout k ∈ N, on a
# # # #
# z k+1 # |z|k+1 |z| |z|k 1 # zk #
# # # #
# #= = ≤ # #
# (k + 1)! # (k + 1)! k + 1 k! 2 # k! #
|ak | + ak
k = max{ak , 0} =
a+ ,
2
|ak | − ak
a−
k = max{−ak , 0} = − min{ak , 0} = .
2
−
Il en résulte aussitôt que, pour chaque k ∈ N, on a ak = a+ k − ak et |ak | =
−
a+k + ak . La suite (ak )k∈N constitue donc la suite des termes positifs de
+
et y vérifie l’inégalité
|f (k) (x)| ≤ CM k .
Alors, pour chaque h ∈ ] − r, r[, la valeur en h de la série de Taylor de f en a
$ f (k) (a)
hk
k∈N
k!
% (k) (a)
converge vers f (a + h). En outre, k∈N hk f k! converge absolument.
Démonstration. Par la formule de Lagrange du reste du développement
de Taylor de f en a, on a, pour chaque q ∈ N et chaque h ∈ ] − r, r[,
q
$ f (k) (a) hq+1 f (q+1) (a + θq h)
f (a + h) − hk = ,
k=0
k! (q + 1)!
pour un certain θq ∈ ]0, 1[. En conséquence, on a
# #
# $q (k)
(a) ## (M |h|)q+1 (M r)q+1
# kf
#f (a + h) − h #≤C ≤C ,
#
k=0
k! # (q + 1)! (q + 1)!
% (M r)k
et, puisque la série exponentielle k∈N k! converge, la suite de ses termes
% kf
(k) (a)
tend vers zéro et k∈N h k! converge vers f (a + h). Pour montrer que
% (k) (a)
k∈N hk f k! converge absolument, il suffit de noter que, pour tout entier
r > q, on a
r r
$ |f (k) (a)| $ (M r)k
|h|k ≤C ,
k=q+1
k! k=q+1
k!
et que, si ! > 0 est donné, la convergence absolue de la série exponentielle en-
traı̂ne l’existence d’un entier positif m tel que le second membre soit inférieur
à ! si r > q ≥ m.
Exemple. Puisque, r > 0 étant donné, on a, pour tout x ∈ ] − r, r[ et tout
entier k ≥ 0,
(exp)(k) (x) = exp x ≤ exp r,
on peut prendre C = exp r et M = 0 dans la Proposition précédente et en
conclure que, pour tout h ∈ ] − r, r[,
∞
$ hk
exp h = .
k=0
k!
Comme r est arbitraire, cette égalité entre la valeur en h de la fonction
exponentielle et la somme de la série exponentielle de h est valable pour
tout h ∈ R.
260 CHAPITRE 7. DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR ET SÉRIES
Définition. Soit f une fonction de R dans R, a ∈ int dom f , tels que, pour
chaque k ∈ N, f (k) (a) existe. On dit que f est analytique en a s’il existe
r > 0 tel que ]a − r, a + r[ ⊂ dom f et tel que, pour tout h ∈ ] − r, r[, on ait
∞
$ f (k) (a)
f (a + h) = hk .
k=0
k!
$ (−1)k x2k+1
k∈N
(2k + 1)!
et
$ (−1)k x2k
.
k∈N
(2k)!
et # # # #
# (−1)k+1 x2(k+1) # |x|2 # (−1)k x2k #
# # # #
# #= # #,
# (2(k + 1)! # (2k + 1)(2k + 2) # (2k)! #
et qu’il existe un entier positif m tel que
|x|2 |x|2 1
≤ ≤
(2k + 2)(2k + 3) (2k + 1)(2k + 2) 2
et
∞
$ (−1)k x2k
cos x = ,
k=0
(2k)!
ce qui définit respectivement sur R l’application sinus et l’application cosi-
nus, qui sont les fonctions trigonométriques fondamentales. En particulier,
on a sin 0 = 0 et cos 0 = 1, et, pour chaque x ∈ R,
et
q
$ (−1)k x2k
Cq (x) = .
k=0
(2k)!
Un calcul simple montre que
h2 $$
Sq (x + h) − Sq (x) = hSq$ (x) + S (x + θq h),
2! q
et dès lors tel que, si h /= 0,
Sq (x + h) − Sq (x) h
= Cq (x) − Sq−1 (x + θq h).
h 2
On a
Sq (x + h) − Sq (x) sin(x + h) − sin x
lim = ,
q→∞ h h
262 CHAPITRE 7. DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR ET SÉRIES
et
lim Cq (x) = cos x,
q→∞
q−1 2q−1
$ (|x| + |h|)|2k+1 $ (|x| + 1)j
|Sq−1 (x + θq h)| ≤ ≤ ≤ exp(|x| + 1),
k=0
(2k + 1)! j=0
j!
sin2 x + cos2 x = 1.
| sin x| ≤ 1, | cos x| ≤ 1.
f $ (x)
= 2[sin(x + y) − sin x cos y − cos x sin y][cos(x + y) − cos x cos y + sin x sin y]
+2[cos(x + y) − cos x cos y + sin x sin y][− sin(x + y) + sin x cos y + cos x sin y]
= 0.
Donc f est constante sur R, et en particulier, pour tout x ∈ R, on a
x 2 x4
cos x = 1 − + cos θx,
2! 4!
et dès lors
2 1
cos 2 = 1 − 2 + cos 2θ ≤ − < 0.
3 3
Le théorème de Bolzano entraı̂ne alors l’existence d’au moins un zéro dans
]0, 2[. L’ensemble Z de ces zéros est fermé, car si (ak )k∈N est une suite dans
Z convergeant vers a∗ ∈ R, alors a∗ ∈ [0, 2], et les relations
cos ak = 0, (k ∈ N),
m
>
Z= Z j , aj ∈ Z j ⊂ [aj − δ(aj ), aj + δ(aj )], (1 ≤ j ≤ m).
j=1
Il en résulte que cos possède m zéros sur [0, 2]. Désignons par π2 le plus
petit zéro de cos appartenant à ]0, 2[. Comme cos 0 = 1 > 0, on a, par
le théorème de Bolzano, cos x > 0 pour tout x ∈ [0, π2 [, et donc pour tout
7.10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES 265
ce qui montre que cos x < 0 pour tout x ∈ ] π2 , 3π2 [, cos 2 = 0, sin x > 0 pour
3π
pour tout x ∈ R, on a
4 5 4 5
π π π
sin(x + π) = sin x + + = cos x + = − sin x,
2 2 2
4 5 4 5
π π π
cos(x + π) = cos x + + = − sin x + = − cos x,
2 2 2
ce qui, combiné avec les propriétés de sin sur [−π, π] et de cos sur [− π2 , π2 ],
achève la démonstration.
Remarques. 1. Le résultat précédent entraı̂ne évidemment que, pour tout
x ∈ R, on a
sin(x + 2π) = sin x, cos(x + 2π) = cos x,
c’est-à-dire que les fonctions trigonométriques sont périodiques de période
2π.
2. Le réel π ainsi introduit se rencontre dans de très nombreuses questions de
mathématique. Johann Lambert a montré en 1767 que π était irrationnel,
Adrien-Marie Legendre a montré en 1794 que π 2 l’était aussi. Il a fallu at-
tendre 1882 pour que Ferdinand Lindemann prouve que π était un nombre
transcendant, c’est-à-dire qu’il n’était pas racine d’une équation algébrique à
coefficients entiers, prouvant ainsi l’impossibilité de la quadrature du cercle.
3. Le calcul des décimales de π peut servir de mesure du progrès des
mathématiques et de la science du calcul. Le Livre des Rois de l’Ancien
Testament fournit π = 3, Archimède, au 3e siècle avant J.C. fournit 3
décimales exactes
π = 3, 141 . . ..
266 CHAPITRE 7. DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR ET SÉRIES
π = 3, 14159265358979323846264338327950288419716939937510 . . ..
et que
π
arcsin 0 + arcos 0 = ,
2
on aura, pour tout x ∈ ] − 1, 1[,
π
arcsin x + arcos x = .
2
7.11. EXPONENTIELLES IMAGINAIRES ET COMPLEXES 267
c’est-à-dire
cos nx + i sin nx = (cos x + i sin x)n ,
C’est la formule de Moivre qui permet, en calculant le second membre
par la formule du binôme de Newton et en égalant les parties réelles et
imaginaires des deux membres, d’exprimer cos nx et sin nx en termes des
puissances de sin x et cos x de degré inférieur ou égal à n.
L’exponentielle imaginaire possède des propriétés de dérivation intéres-
santes.
7.11. EXPONENTIELLES IMAGINAIRES ET COMPLEXES 269
Démonstration. On a
D(exp ix) = D(cos x+i sin x) = − sin x+i cos x = i(cos x+i sin x) = i exp ix.
D[exp(ax)] =
exp ax = (exp bx).(cos cx + i sin cx) = (exp bx).(cos cx − i sin cx) = exp āx.
point x ∈ Rn , on peut lui associer, comme nous l’avons déjà fait à plusieurs
reprises, la fonction
Dj f : Rn → Rp, x 2→ Dj f (x),
de domaine
dom Dj f = {x ∈ dom f : Dj f (x) existe}.
∂f
On la note également fj$ ou ∂x j
ou ∂j f. Si k est un entier compris entre 1
et n et si la fonction Dj f possède elle-même en x ∈ dom Dj f une dérivée
partielle Dk (Dj f )(x) par rapport à la ke variable, on peut définir la fonction
dérivée partielle seconde de f par rapport à la j e et puis la ke variable par
2
Djk f : x 2→ Djk
2
f (x) = Dk (Dj f )(x).
et dès lors
2
D11 f (x) = 2x2 , D12
2
f (x) = 2x1 , D21
2
f (x) = 2x1 , D22
2
f (x) = 0,
3
D111 f (x) = 0, D112
3
f (x) = 2, D121
3
f (x) = 2, D122
3
f (x) = 0,
3
D211 f (x) = 2, D212
3
f (x) = 0, D221
3
f (x) = 0, D222
3
f (x) = 0,
et dès lors toutes les fonctions dérivées partielles d’ordre supérieur ou égal à
quatre seront nulles. On constate sur cet exemple que
2
D12 f = D21
2 3
f, D112 f = D121
3
f = D211
3
f,
272 CHAPITRE 7. DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR ET SÉRIES
3
D122 f = D212
3
f = D221
3
f.
2. Soit f l’application de R2 dans R définie par f (0, 0) = 0 et
x21 − x22
f (x1 , x2 ) = x1 x2 si (x1 , x2 ) /= (0, 0).
x21 + x22
D2 f (x1 , 0) = x1 si x1 /= 0, D2 f (0, 0) = 0,
et dès lors
D1 f (0, h) − D1 f (0, 0) −h
2
D12 f (0, 0) = lim = lim = −1,
h→0 h h→0 h
D2 f (h, 0) − D2 f (0, 0) h
2
D21 f (0, 0) = lim = lim = 1.
h→0 h h→0 h
D1 f (a1 , a2 + h2 ) − D1 f (a1 , a2 )
2
D12 f (a) = lim
h2 →0 h2
2
1 f (a1 + h1 , a2 + h2 ) − f (a1 , a2 + h2 )
= lim lim
h2 →0 h2 h1 →0 h1
3
f (a1 + h1 , a2 ) − f (a1 , a2 )
− lim =
h1 →0 h1
2 3
f (a1 + h1 , a2 + h2 ) − f (a1 , a2 + h2 ) − f (a1 + h1 , a2 ) + f (a1 , a2 )
lim lim
h2 →0 h1 →0 h1 h2
et que, de même,
2
D21 f (a) =
2 3
f (a1 + h1 , a2 + h2 ) − f (a1 + h1 , a2 ) − f (a1 , a2 + h2 ) + f (a1 , a2 )
lim lim
h1 →0 h2 →0 h1 h2
L’égalité des deux expressions revient donc à la possibilité de permuter
l’ordre des limites d’une même fonction de deux variables, et cette permuta-
tion n’est assurée que si certaines conditions supplémentaires sont remplies.
Un premier résultat dans cette direction est le théorème de Schwarz.
7.12. DÉRIVÉES PARTIELLES D’ORDRE SUPÉRIEUR 273
Soit donc ! > 0; par hypothèse, il existe δ > 0 tel que B2 [a; δ] ⊂ V et tel
que, pour tout h ∈ R2 vérifiant |h|2 ≤ δ, on ait
! !
2
|Dij f (a + h) − Dij
2
f (a)| ≤ , |Dji
2
f (a + h) − Dji
2
f (a)| ≤ .
2 2
Si h = hi ei + hj ej ∈ B2 [δ], avec h1 /= 0 et h2 /= 0, on a, en appliquant deux
fois le théorème de Lagrange,
f (a + hi ei + hj ej ) − f (a + hi ei ) − f (a + hj ej ) + f (a)
= [f (a + hi ei + hj ej ) − f (a + hi ei )] − [f (a + hj ej ) − f (a)]
= hi Di [f (a + θi hi ei + hj ej ) − f (a + θi hi ei )]
= hi [Di f (a + θi hi ei + hj ej ) − Dif (a + θi hi ei )]
= hi hj Dij
2
f (a + θi hi ei + θj hj ej ),
pour un certain θi ∈ ]0, 1[ et un certain θj ∈ ]0, 1[. De même, en groupant les
termes différemment,
f (a + hi ei + hj ej ) − f (a + hi ei ) − f (a + hj ej ) + f (a)
= [f (a + hi ei + hj ej ) − f (a + hj ej )] − [f (a + hi ei ) − f (a)]
= hj Dj [f (a + hi ei + θj$ hj ej ) − f (a + θj$ hj ej )]
= hj [Dj f (a + hi ei + θj$ hj ej ) − Dj f (a + θj$ hj ej )]
= hj hi Dji
2
f (a + θi$ hi ei + θj$ hj ej ),
pour un certain θi$ ∈ ]0, 1[ et un certain θj$ ∈ ]0, 1[. Dès lors,
2
Dij f (a + θi hi ei + θj hj ej )
274 CHAPITRE 7. DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR ET SÉRIES
f (a + hi ei + hj ej ) − f (a + hi ei ) − f (a + hj ej ) + f (a)
=
hi hj
= Dji
2
f (a + θi$ hi ei + θj$ hj ej ),
avec
θi hi ei + θj hj ej ∈ B2 [δ], θi$ hi ei + θj$ hj ej ∈ B2 [δ].
En conséquence, on a
2
|Dij f (a) − Dji
2
f (a)|
= |Dij
2
f (a) − Dij
2
f (a + θi hi ei + θj hj ej )
+Dji
2
f (a + θi$ hi ei + θj$ hj ej ) − Dji
2
f (a)|
2
≤ |Dij f (a) − Dij
2
f (a + θi hi ei + θj hj ej )|
+|Dji
2
f (a + θi$ hi ei + θj$ hj ej ) − Dji
2
f (a)|
! !
≤ + = !.
2 2
F (hi , hj ) = f (a + hi ei + hj ej ) − f (a + hi ei ) − f (a + hj ej ) + f (a).
F (h, h)
2
Dij f (a) = lim = Dji
2
f (a).
h→0 h2
Soit ! > 0; par hypothèse, il existe δ > 0 tel que B2 [a; δ] ⊂ V et tel que
!
≤ |(hi , hj )|2 ,
2
|Dj f (a + hi ei + hj ej ) − Dj f (a) − hi Dji
2
f (a) − hj Djj
2
f (a)|2
!
≤ |(hi , hj )|2 ,
2
lorsque |(hi, hj )|2 ≤ δ. Si nous définissons la fonction G de R dans Rp par
G(u) = f (a + uei + hj ej ) − f (a + uej ) − uhj Dij
2
f (a),
nous pouvons lui appliquer l’inégalité de la moyenne entre 0 et h1 , qui fournit
l’existence d’un θi ∈ ]0, 1[ tel que
|G(hi) − G(0)|2 ≤ |hi ||G$ (θi hi )|2 ,
c’est-à-dire, en explicitant et en utilisant la première inégalité ci-dessus,
|F (hi , hj ) − hi hj Dij
2
f (a)|2
≤ |hi ||Dif (a + θi hi ei + hj ej ) − Di f (a + θi hi ei ) − hj Dij
2
f (a)|2
≤ |hi ||Dif (a + θi hi + hj ej ) − Di f (a) − θi hi Dii
2
f (a) − hj Dij
2
f (a)|2
+|hi ||Dif (a + θi hi ei ) − Di f (a) − θi hi Dii
2
f (a)|2
! !
≤ |hi ||(θihi , hj )|2 + |hi ||(θi hi , 0)|2
2 2
≤ !|(hi , hj )|22 .
De même, en définissant la fonction H de R dans Rp par
H(v) = f (a + hi ei + vej ) − f (a + vej ) − hi vDji
2
f (a),
en lui appliquant l’inégalité de la moyenne entre 0 et hj , en explicitant et en
utilisant la deuxième inégalité ci-dessus, on obtient
|F (hi , hj ) − hj hi Dji
2
f (a)|2 ≤ !|(hi , hj )|22 ,
lorsque |(hi , hj )|2 ≤ δ. Dès lors, si h ∈ R est tel que 0 < |h| ≤ δ
21/2
, on aura
0 < |(h, h)|2 ≤ δ, et dès lors
# #
# F (h, h) #
#
# h2 − D 2
ij f (a) # ≤ !,
#
2
# #
# F (h, h) #
# 2
− Dji f (a)## ≤ !,
# h2
2
c’est-à-dire
F (h, h)
2
Dij f (a) = lim = Dji
2
f (a).
h→0 h2
276 CHAPITRE 7. DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR ET SÉRIES
= Dil (Dil−1
1 ...ij+1 ij ...il−1
f )(a)
Cette notation exprime que l’on dérive f α1 fois par rapport à x1 , α2 fois
par rapport à x2 , . . . αn fois par rapport à xn .
n n n
1 $ $ $
+...+ ... hj1 hj2 . . . hjm Djm1 j2 ...jm f (a)
m! j =1 j =1 j =1
1 2 m
n n n
1 $ $ $
+ ... hj1 hj2 . . . hjm+1 Djm+1 f (a + θh).
(m + 1)! j 1 j2 ...jm+1
1 =1 j2 =1 jm+1 =1
n
$ n
$ n $
$ n
= hj1 hj2 (Dj21 j2 f ◦ g)(t) = hj1 hj2 (Dj21 j2 f ◦ g)(t).
j1 =1 j2 =1 j1 =1 j2 =1
7.13. DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR 279
n $
$ n n
$
= ... hj1 hj2 . . . hjk Djk1 j2 ...jk f (a + th).
j1 =1 j2 =1 jk =1
n n n
1 $ $ $
+...+ ... hj1 hj2 . . . hjm Djm1 j2 ...jm f (a)
m! j =1 j =1 j =1
1 2 m
m n n
$ 1 $ $
= f (a) + ... hj1 . . . hjk Djk1 ...jk f (a) .
k=1
k! j =1 j =1
1 k
La fonction Rm
f,a
n
de R dans R définie par
Lemme. Si g(x; ·) définie ci-dessus est définie positive, alors il existe γ > 0
tel que, pour tout h ∈ Rn tel que |h|2 = 1, on ait
g(x; h) ≥ γ.
f (x) ≥ f (a).
Dj f (a) = 0, (1 ≤ j ≤ n).
En conséquence,
7.15 Exercices
1. Soit f une fonction de R dans R deux fois dérivable sur un intervalle I
de R. Montrer que f est convexe sur I si et seulement si, pour tout x ∈ I,
on a f $$ (x) ≥ 0.
2. Soit f une fonction de Rn dans R dont les dérivées partielles du premier
et du second ordre existent et sont continues en a, et soient α, β et γ des
fonctions de Rn dans Rn dérivables en a. Montrer que les dérivées de Lie
vérifient les propriétés suivantes :
Montrer que si u(x) = v(|x|2) (fonction radiale), où v est une application de
]0, +∞[ dans R deux fois dérivable en chaque point de ]0, +∞[, alors, pour
tout x ∈ Rn \ {0}, on a
n−1 $
∆[v(|x|2)] = v $$(|x|2 ) + v (|x|2 ).
|x|2
Comme, pour tout r > 0, on a
n−1 $
v $$ (r) + v (r) = 0 ⇔ r n−1 v $$ (r) + (n − 1)r n−2 v $ (r) = 0
r
⇔ [r n−1 v $ (r)]$ = 0 ⇔ v $ (r) = Ar 1−n ,
où A est une constante réelle arbitraire, en déduire que u(x) = v(|x|2 ) est
une solution radiale sur Rn \ {0} de l’équation de Laplace
∆u(x) = 0,
si et seulement si
u(x) = A log |x|2 + B si n = 2,
et
u(x) = A|x|2−n
2 + B si n ≥ 3,
où B est une constante réelle arbitraire.
%
5. Soit k∈N ck hk une série, où ck ∈ Rp et h ∈ R, et f une fonction de R
%
dans Rp définie sur ]a − r, a + r[. On dit que k∈N ck hk est un développement
asymptotique de f au voisinage de a si, pour chaque entier q ∈ N, on a
%q
f (a + h) − k=0 ck h
k
lim = 0.
h→0 |h|q
7.16. PETITE ANTHOLOGIE 285
Montrer que si f est une fonction de classe C ∞ sur ]a − r, a + r[, alors la série
% (k)
de Taylor de f en a k∈N hk f k!(a) est un développement asymptotique de
f au voisinage de a.
Mais, pour notre objet, il importe moins de connaı̂tre les restes exacts de
la série développée jusqu’à un terme quelconque que d’avoir des limites de
ces restes pour pouvoir apprécier l’erreur qu’on peut commettre en ne tenant
compte que de quelques-uns des premiers termes.
sn = u0 + u1 + u2 + . . . + un−1
Nous sommes donc conduits à envisager une relation d’une nature nou-
velle qui peut exister entre une fonction de x et de µ que nous appellerons
ϕ(x, µ) et une série divergente ordonnée suivant les puissances de µ
f0 + µf1 + µ2 f2 + . . . + µp fp + . . . ,
ϕp = f0 + µf1 + µ2 f2 + . . . + µp fp .
Si l’on a
ϕ − ϕp
lim = 0 pour µ = 0,
µp
je dirai que la série ci-dessus représente asymptotiquement la fonction ϕ. . . .
Il est clair que, si µ est très petit, la différence ϕ − ϕp sera ausi très petite et,
bien que la série ci-dessus soit divergente, la somme de ses p + 1 premiers
termes représente très approximativement la fonction ϕ.
Equations différentielles
linéaires
n$ (t) = rn(t),
287
288 CHAPITRE 8. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
(on utilise la convention y (0) = y). Une telle équation dont l’inconnue est
une application y de R dans K est appelée une équation différentielle linéaire
d’ordre n à coefficients constants dans K et toute fonction y vérifiant l’équa-
tion sur R une solution sur R de l’équation. Lorsque les coefficients aj sont
réels, une solution réelle de l’équation sera une solution y à valeurs dans R.
Lorsque f = 0 l’équation différentielle correspondante
n
$
aj y (j)(x) = 0. (8.1)
j=0
ce qui montre que y (n) est égale à une fonction dérivable sur R, c’est-à-dire
que y est n + 1 fois dérivable sur R. Si l’on suppose maintenant y n + k fois
dérivable sur R et que l’on égale les dérivées ke des deux membres de (8.2),
on obtient
n−1
$
y (n+k) = −a−1
n aj y (j+k) , (8.3)
j=0
et, en raisonnant sur (8.3) comme on l’a fait sur (8.2), on déduit que y (n+k)
est dérivable sur R, donc que y est n + k + 1 fois dérivable sur R. En
conséquence, y possède des dérivées de tous les ordres en chaque point de R
et la démonstration est complète.
8.1. OPÉRATEURS DIFFÉRENTIELS LINÉAIRES 289
pour tout y ∈ C∞. Un tel L(D) est appelé un opérateur différentiel linéaire
d’ordre n à coefficients dans K. On voit que la résolution de l’équation
différentielle homogène (8.1) revient à la détermination du noyau de l’endo-
morphisme L(D) de C ∞ . Cette détermination repose sur l’étude des pro-
priétés algébriques de L(D).
%
Si M (D) = m j=0 bj D est un autre opérateur différentiel linéaire à coef-
j
M (D)L(D)y = (D − r2 I)(Dy − r1 y) = D 2 y − r1 Dy − r2 Dy + r1 r2 y
8 9
= D 2 − (r1 + r2 )D + r1 r2 I y.
Les relations (8.5) et (8.6) montrent que la somme et le produit de deux
opérateurs différentiels à coefficients dans K, ainsi que le produit d’un tel
opérateur par un élément de K sont encore des opérateurs différentiels liné-
aires à coefficients dans K, ce qui permet de définir, de proche en proche, la
8.1. OPÉRATEURS DIFFÉRENTIELS LINÉAIRES 291
L(D)y = M (D)y
[L(D)y](x) = [M (D)y](x),
L(D) = 0
%n
si et seulement si le polynôme L(z) = j=0 aj z j est tel que aj = 0, (0 ≤ j ≤
n).
Démonstration. La condition suffisante est évidente. Pour démontrer la
condition nécessaire, notons que si L(D)y = 0 pour tout y ∈ C ∞ , alors, en
prenant y = 1, on trouve a0 = 0. Raisonnant par récurrence et supposant
que a0 = a1 = . . . = ak−1 = 0, on trouve, en prenant y(x) = xk , k!ak = 0, et
la démonstration est complète.
Tous ces résultats montrent que l’ensemble des opérateurs différentiels
à coefficients dans K est isomorphe à l’ensemble des polynômes sur K. En
particulier à toute identité L = M entre deux polynômes algébriques L
et M correspond l’égalité L(D) = M (D) pour les opérateurs différentiels
à coefficients constants correspondants. En guise d’application, rappelons
que le théorème fondamental de l’algèbre appliqué au polynôme L(z) nous
apprend que si r1 , r2, . . . , rq désignent les zéros complexes distincts de L et
m1 , m2, . . . , mq leurs multiplicités respectives, de telle sorte que 1 ≤ q ≤ n
et m1 + . . . + mq = n, on a l’identité
qui s’obtient à partir de (8.7) en remplaçant y (j) par z j . Les zéros dis-
tincts r1 , r2 , . . . , rq du polynôme caractéristique P (z) sont appelés les racines
caractéristiques de l’équation différentielle (8.7) et nous désignerons par
m1 , . . ., mq leurs multiplicités respectives.
La discussion de la section 1 montre que l’opérateur différentiel L(D)
peut s’écrire
l’ordre des facteurs du second membre étant indifférent. Il est évident que
tout élément du noyau de (D − rj I)mj appartiendra au noyau de L(D). On
8.2. EQUATION HOMOGÈNE COMPLEXE 293
c’est-à-dire
⇔ D m [y(x) exp(−rx)] = 0
⇔ y(x) exp(−rx) = P (x) ⇔ y(x) = P (x) exp rx,
où P est un polynôme sur C de degré inférieur ou égal à m − 1.
8.2. EQUATION HOMOGÈNE COMPLEXE 295
%
pour tout x ∈ R, où P (x) = qk=0 ck xk , alors, en vertu de la formule (8.9),
on a
0 = (exp rx).D[P (x) exp(s − r)x],
ou encore
P $ (x) + (s − r)P (x) = 0,
c’est-à-dire
q−1
$
(s − r)cq xq + [(s − r)ck + (k + 1)ck+1 ]xk = 0,
k=0
quel que soit x ∈ R. Le polynôme du premier membre doit donc avoir ses
coefficients nuls, c’est-à-dire
k+1
cq = 0, ck = − ck+1 , (0 ≤ k ≤ q − 1),
s−r
ce qui entraı̂ne, de proche en proche ck = 0, (0 ≤ k ≤ q) et achève la
démonstration.
Nous pouvons maintenant énoncer et démontrer le théorème de struc-
ture de l’ensemble des solutions complexes d’une équation différen-
tielle linéaire homogène à coefficients dans K.
Théorème. Si r1 , . . . , rq désignent les racines distinctes de l’équation ca-
ractéristique
n
$
L(z) ≡ aj z j = 0
j=0
si et seulement si
q
$
y(x) = Pj (x) exp rj x, x ∈ R, (8.10)
j=1
k−1
$
⇔ (D − rk I)mk y(x) = Qj (x) exp rj x, x ∈ R, (8.11)
j=1
%
et elle contient les n = qj=1 mj constantes complexes arbitraires pjk . Cette
formule exprime aussi que la famille de fonctions
F = {x 2→ xk exp rj x : 0 ≤ k ≤ mj − 1, 1 ≤ j ≤ q}
Démonstration. Si
l−1
$
y(x) = P j (x) exp rj x = P l (x) exp rl x,
j=1
=
Comme l−1 k=1 (D − rk I)
pk +1
est un automorphisme de E pl,rl , on en déduit
que P l exp(rl ·) = 0 et donc que y = 0.
F = {x 2→ xk exp rj x : 0 ≤ k ≤ mj − 1, 1 ≤ j ≤ q},
a2 z 2 + a1 z + a0 = 0.
L’équation (8.7)
n
$
L(D)y ≡ aj y (j) (x) = 0
j=0
L(D)(y) = fj ,
8.3. EQUATIONS NON HOMOGÈNES 301
%s
(1 ≤ j ≤ s), alors y = j=1 yj est solution de (8.13).
Démonstration. On a, par linéarité de l’opérateur L(D),
s
$ s
$ s
$
L(D)y = L(D) yj = L(D)yj = fj = f.
j=1 j=1 j=1
xm P (x) = c, x ∈ R,
=q−1
Comme (D − rq I)mq est un isomorphisme de E mq ,p,rq sur E p,rq et j=1 (D −
rj I)mj un automorphisme de E p,rq ,
q−1
6
(D − rj I)mj (D − rq I)mq
j=1
Donc, y(x) = xmq Rp(x) exp(rq x) est une solution particulière de (8.14) et
l’on pourra également déterminer les coefficients de Rp par la méthode des
coefficients indéterminés.
Exemple. Considérons l’équation différentielle non homogène du second
ordre
a2 y $$ (x) + a1 y $ (x) + a0 y(x) = (b0 + b1 x) exp rx,
où les aj , bk et r sont des nombres complexes. Utilisons les notations in-
troduites dans l’étude du cas homogène. Si r /∈ {r1 , r2 }, nous savons qu’il
existera une solution de la forme
b1 b0 L(r) − b1 L$ (r)
c1 = , c0 = .
L(r) [L(r)]2
304 CHAPITRE 8. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
b1 b0 L$ (r) − a2 b1
c1 = , c0 = .
2L (r)
$ [L$ (r)]2
2a2 c0 + 6a2 c1 x = b0 + b1 x,
et dès lors
1 b1
c0 = , c1 = .
2a2 6a2
où les rj sont les racines caractéristiques de (8.7) et les Pj des polynômes
arbitraires à coefficients complexes de degré inférieur ou égal à mj − 1, mj
étant la multiplicité de rj . On sait que le caractère réel des aj n’implique
8.4. SOLUTIONS RÉELLES 305
r1 , r2 , . . . , rp, s1 , s2 , . . ., st , s1 , s2 , . . . , st,
m1 , m2 , . . ., mp, n1 , n2 , . . ., nt , n1 , n2 , . . . , nt,
m1 + . . . + mp + 2(n1 + . . . + nt ) = n.
t
$
+ {[Qk (x) + Rk (x)] cos ck x + i[Qk (x) − Rk (x)] sin ck x} exp bk x.
k=1
Cette solution sera réelle si nous choisissons les polynômes Pj , Qk + Rk et
i(Qk − Rk ) réels, c’est-à-dire tels que
Pj = Pj , (1 ≤ j ≤ p), Qk + Rk = Qk + Rk ,
t
$
+ [Rk (x) − Qk (x)] exp sk x = 0, x ∈ R.
k=1
Puisque la famille
F = {x 2→ xl exp rj x : 0 ≤ l ≤ mj − 1, 1 ≤ j ≤ p;
x 2→ xl exp sk x : 0 ≤ l ≤ nk − 1, 1 ≤ k ≤ t;
x 2→ xl exp sk x : 0 ≤ l ≤ nk − 1, 1 ≤ k ≤ t},
est libre, on déduit aussitôt de l’identité précédente que, pour toute solution
réelle y de (8.7), on a
Pj = Pj , (1 ≤ j ≤ p), Qk = Rk , (1 ≤ k ≤ t),
qui est par conséquent une condition nécessaire et suffisante pour que y soit
réelle. Si cette condition est vérifiée, alors on a
p
$ t
$
y(x) = Pj (x) exp rj x + 28[ Qk (x) exp sk x],
j=1 k=1
où les Pj sont des polynômes réels arbitraires de degré inférieur ou égal à
mj − 1 (1 ≤ j ≤ p) et les Qk sont des polynômes complexes arbitraires de
degré inférieur ou égal à nk − 1 (1 ≤ k ≤ t). Les Qk peuvent donc toujours
s’écrire sous la forme
Proposition. Si tous les coefficients aj sont réels dans l’équation (8.7), alors
y est une solution réelle de (8.7) si et seulement si elle est de la forme
p
$ t
$
y(x) = Pj (x) exp rj x + [Bk (x) cos ck x + Ck (x) sin ck x] exp bk x,
j=1 k=1
a2 z 2 + a1 z + a0 = 0.
sont toutes deux réelles et simples (m1 = m2 = 1), et les solutions réelles de
(8.12) sont donc les fonctions de la forme
où c1 et c2 sont des nombres réels arbitraires. Si a21 − 4a2 a0 < 0, les racines
caractéristiques
G G
−a1 − i 4a2 a0 − a21 −a1 + i 4a2 a0 − a21
r1 = , r2 = = r1 ,
2a2 2a2
sont complexes conjuguées non réelles et simples (m1 = m2 = 1), et en
posant r1 = b − ic, r2 = b + ic, les solutions réelles de (8.12) sont les fonctions
de la forme
y(x) = [c1 cos cx + c2 sin cx] exp bx,
où c1 et c2 sont des nombres réels arbitraires. Si a21 − 4a2 a0 = 0, l’équation
caractéristique possède la racine réelle double
a1
r1 = −
2a2
(m1 = 2) et les solutions réelles de (8.12) sont les fonctions de la forme
L(D)ȳ = f¯,
ce qui entraı̂ne aussitôt, par combinaison linéaire de ces deux équations, que
L(D)y = g
8.4. SOLUTIONS RÉELLES 309
dont les coefficients et le second membre sont réels, est telle que g puisse
s’écrire g = 8f ou g = 9f pour une certaine exponentielle-polynôme com-
plexe f , et si l’on a déterminé une solution v de l’équation L(D)y = f , alors
8v ou 9v sera une solution de L(D)y = g. Cette remarque peut faciliter
l’obtention d’une solution particulière réelle lorsque g est le produit d’un
polynôme par une fonction trigonométrique.
Exemple. Considérons par exemple l’équation différentielle
où γ est un réel et ω > 0. Comme cos ωx = 8 exp iωx, une solution parti-
culière réelle de cette équation s’obtiendra en prenant la partie réelle d’une
solution particulière complexe de l’équation
si γ < 0, par
r1 = r2 = 0
si γ = 0 et par
√
r1 = −i γ = −r2
si γ > 0. La méthode des exponentielles-polynômes développée dans la
section précédente fournit donc la solution particulière complexe suivante :
1
y(x) = exp iωx
γ − ω2
si γ /= ω 2 et
x
y(x) = exp iωx
2iω
si γ = ω 2 , ce qui donne, en prenant la partie réelle, les solutions particulières
réelles de l’équation de départ
1
y(x) = cos ωx,
γ − ω2
si γ /= ω 2 et
x
y(x) = sin ωx
2ω
310 CHAPITRE 8. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
y $$ + γy = 0,
dont l’inconnue est une fonction z de R dans Kn . Une solution sur R de (8.15)
est une application z de R dans Kn dérivable sur R et vérifiant l’équation en
chaque x ∈ R.
Si
n
$
aj y (j)(x) = h(x) (8.16)
j=0
Dès lors, si y est solution de (8.16), la fonction z(x) = (z1 (x), . . ., zn (x))
vérifie le système différentiel (8.15) avec
n
$ aj−1
Az = z2 , z3 , . . . , zn, − zj
j=1
an
et 4 5
h(x)
f (x) = 0, . . . , 0, .
an
Réciproquement, on vérifie sans peine que si z est solution de (8.15) pour
l’application A et l’application f ci-dessus, sa première composante z1 sera
solution de (8.16).
Définition. Etant donné le système (8.15), x0 ∈ R et z0 ∈ Kn , on appelle
problème de Cauchy de condition initiale z0 en x0 la recherche d’une solution
z sur R de (8.15) telle que
z(x0 ) = z0 .
Dans le cas de l’équation différentielle linéaire à coefficients constants
d’ordre n (8.13), le problème de Cauchy revient, comme on le vérifie immé-
diatement, à rechercher une solution de l’équation telle que
8.6 Exercices
1. Montrer que si l’on introduit les fonctions sinus hyperbolique sinh et
cosinus hyperbolique cosh par
y (4)(x) − a4 y(x) = 0,
y $$ (x) + ay(x) = 0
possède une solution non nulle vérifiant les conditions aux limites de Dirichlet
y(0) = y(T ) = 0,
si et seulement si
aT 2 = k2 π 2 , (k ∈ N∗ ),
et qu’elle possède une solution non nulle vérifiant les conditions aux limites
de Neumann
y $ (0) = y $ (T ) = 0,
si et seulement si
aT 2 = k2 π 2 , (k ∈ N).
3. Montrer que si a ∈ R et T > 0, l’équation différentielle
y $$ (x) + ay(x) = 0
possède une solution non nulle telle que y(x) = y(x + T ) pour tout x ∈ R
(solution T-périodique) si et seulement si
aT 2 = 4k2 π 2 , (k ∈ N).
8.6. EXERCICES 315
n−1 $
y $$ (x) + y (x) = 0,
x
sont données par
B
y(x) = A + si n > 2,
xn−2
et
y(x) = A + B log x si n = 2.
6. On dit que l’équation différentielle linéaire à coefficients constants dans
C
n
$
aj y (j) (x) = 0
j=0
est stable si toutes ses solutions sont bornées sur [0, +∞[. Montrer que
l’équation différentielle est stable si et seulement si les deux conditions sui-
vantes sont remplies :
a) toutes les racines caractéristiques de l’équation ont une partie réelle
négative;
b) les racines caractéristiques purement imaginaires sont simples.
On dit que l’équation différentielle ci-dessus est asymptotiquement stable
si toutes ses solutions tendent vers zéro lorsque x tend vers +∞. Montrer
que l’équation différentielle est asymptotiquement stable si et seulement si
toutes ses racines caractéristiques ont une partie réelle strictement négative.
316 CHAPITRE 8. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
(c > 0), dont les solutions sont des fonction u de R2 dans R de classe C 2 sur
R2 . Cette équation décrit la propagation des ondes électromagnétiques dans
un fil conducteur. Déterminer les solutions de l’équation des télégraphistes
qui sont de la forme u(t, s) = y(at + s), avec a un réel non nul et y une
fonction de classe C 2 sur R (ondes progressives). (La fonction y est solution
de l’équation différentielle linéaire à coefficients constants (a2 − 1)y $$ (x) +
cay $ (x) = 0, ce qui donne u(t, s) = A si a = ±1 et
4 5
ca
u(t, s) = A + B exp − (at + s)
a −1
2
si a /= ±1).
9. On considère l’équation différentielle
bω
tg θ = ,
a − ω2
et si y est une solution quelconque de l’équation différentielle, alors
2 3
A
lim y(x) − sin(ωx − θ) = 0.
x→∞ [(a − ω ) + ω 2 b2 ]1/2
2 2
et
dn y dn−1 y
a + b + . . . + X = 0.
dxn dxn−1
Il se sert à cet effet de la substitution adroite de la quantité exponentielle
Acf x (où c est la quantité dont le logarithme est égal à 1), et de ses différen-
tielles successives, au lieu de y, dy, ddy, etc.; cette substitution transforme
318 CHAPITRE 8. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
l’équation proposée en une autre, qui devient une simple équation finie, telle
que
(1 + bf + af 2 ) = 0, lorsque n = 2, ou
(1 + cf + bf 2 + af 3 ) = 0, si n = 3, etc.
Une intelligence qui, pour un instant donné, connaı̂trait toutes les forces
dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent,
si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’Analyse,
embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps
de l’univers et ceux du plus léger atome; rien ne serait incertain pour elle,
et l’avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux.
Une cause très petite, qui nous échappe, détermine un effet considérable
que nous ne pouvons pas ne pas voir, et alors nous disons que cet effet est
dû au hasard. Si nous connaissions exactement les lois de la nature et la
situation de l’univers à l’instant initial, nous pourrions prédire exactement
la situation de ce même univers à un instant ultérieur. Mais, lors même
que les lois naturelles n’auraient plus de secret pour nous, nous ne pourrons
connaı̂tre la situation initiale qu’approximativement. Si cela nous permet
de prévoir la situation ultérieure avec la même approximation, c’est tout ce
320 CHAPITRE 8. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
qu’il nous faut, nous disons que le phénomène a été prévu, qu’il est régi par
des lois; mais il n’en est pas toujours ainsi, il peut arriver que de petites
différences dans les conditions initiales en engendrent de très grandes dans
les phénomènes finaux; une petite erreur sur les premières produirait une
erreur énorme sur les derniers. La prédiction devient impossible et nous
avons le phénomène fortuit.
Fonctions primitivables
F $ (x) = f (x)
321
322 CHAPITRE 9. FONCTIONS PRIMITIVABLES
En particulier, l’unique
H
primitive F de f sur I telle que F (a) = 0 sera
désignée par Fa ou a· f . Les primitives de f sur I seront donc toutes de la
forme Fa + c où c ∈ Rp est arbitraire et, si G est une primitive quelconque
de f sur I, on a évidemment Fa = G − G(a).
La proposition ci-dessus nous conduit à introduire sur l’ensemble des
fonctions de R dans Rp définies sur l’intervalle I la relation = définie comme
suit.
9.1. FONCTIONS PRIMITIVABLES ET PRIMITIVES 323
Avec l’abus de notation signalé plus haut, chacune de ces expressions désigne
aussi une primitive de f sur I et non sa valeur en un point x (ou t ou u) !
C’est le rôle du symbole dx ou dt ou du d’annuler l’apparente dépendance
des expressions ci-dessus par rapport à x, t ou u. Les symboles x, t ou u
jouent dans ces formules un rôle “muet” analogue à celui de l’indice dans
une formule sommatoire. Par exemple, on vérifie sans peine que la fonctionH
x 2→ x3 /3 est une primitive sur R de la fonction x 2→ x2 . Dès lors, x2 dx
représente la classe d’équivalence des fonctions f + c où f (x) = x3 /3 et c est
une constante réelle.
Signalons également que deux primitives d’une fonctions donnée sur un
intervalle donné, qui diffèrent entre elles par une constante additive, peuvent
avoir des expressions qui dissimulent sournoisement cette relation simple.
Ainsi, pour chaque c ∈ R, les fonctions x 2→ sin x et x 2→ 2 sin x+c 2 cos 2
x−c
fonction n’est rien d’autre que la fonction x 2→ sin x + sin c et celle-ci diffère
de la fonction x 2→ sin x par la constante sin c.
Les fonctions primitivables et leurs primitives possèdent les propriétés
élémentaires suivantes.
Proposition. Si f ∈ N (I, Rp) et g ∈ N (I, Rp), on a les propriétés suivantes.
1. f ∈ N (J, Rp) pour tout intervalle J ⊂ I et la restriction à J de toute
primitive sur I de f est une primitive sur J de f .
2. f + g ∈ N (I, Rp) et
J J J
(f + g) = f+ g.
H H
3. cf ∈ N (I, Rp) pour tout c ∈ R et cf = c f. H
4. Chaque composante fj de f appartient à N (I, R), 1 ≤ j ≤ p et fj est la
classe d’équivalence de la jème composante d’une primitive quelconque de f
sur I.
5. Si f ∈ N (I, C), c’est-à-dire si f ∈ N (I, R2) avec R2 muni de la structure
de corps, alors, cf ∈ N (I, C) pour tout c ∈ C et
J J
cf = c f.
Fonctions Primitives
m+1
x 2→ xm , m ∈ N x 2→ xm+1 + c
x 2→ exp x x 2→ exp x + c
x 2→ sin x x 2→ − cos x + c
x 2→ cos x x 2→ sin x + c
1
x 2→ 1+x 2 x 2→ arctg x + c
1
x 2→ √1+x 2 x 2→ arcsinh x + c
x 2→ sinh x x 2→ cosh x + c
x 2→ cosh x x 2→ sinh x + c
9.1. FONCTIONS PRIMITIVABLES ET PRIMITIVES 325
x 2→ x−1 x 2→ ln |x| + c
Enfin, les fonctions x 2→ xa , a /∈ Z sont dans N (R∗+ , R) et ont pour primitives
a+1
les fonctions x 2→ xa+1 + c, (c ∈ R), les fonctions x 2→ exp ax, où a ∈ K, sont
dans N (R, K) et ont pour primitives les fonctions x 2→ a−1 exp ax+c, (c ∈ K)
et la fonction x 2→ √1−x
1
2 appartient à N (] − 1, 1[, R) et a pour primitives les
G$ (t) = f (t) − v,
ce qui montre que (f ◦ g)g $ ∈ N (I, Rp) et que la formule de l’énoncé est
satisfaite.
reste valable si h−1 n’est plus supposé dérivable sur I à condition de supposer
que f est primitivable sur I.
Exemple. Si P est un polynôme de R dans C et si f est définie par f (x) =
√
P ( x), alors f ∈ N (R∗+ ) et
J
√
f = Q( ·),
9.2. RÈGLES DE PRIMITIVATION 329
(f g)$ = f $ g + f g $ .
Comme (f g)$ est évidemment primitivable sur I, avec f g comme primitive,
il suffit d’utiliser le caractère d’espace vectoriel de N (I, K) pour achever la
démonstration.
Exemples. 1. La fonction ln est primitivable sur tout intervalle I ⊂ R∗+ et
ses primitives sont données par les fonctions x 2→ x ln x − x + c. En effet,
en prenant f (x) = x, g(x) = ln x, on voit que, pour tout x ∈ R∗+ , on a
ln x = f $ (x)g(x), f (x)g(x) = x ln x et f (x)g $ (x) = 1; donc f g $ est primi-
tivable sur I et ses primitives sont données par la formule ci-dessus.
2. Si P est un polynôme de R dans K et a ∈ K \ {0}, toute exponentielle-
polynôme f : x 2→ P (x). exp ax est primitivable sur R. Pour le montrer, on
procède par récurrence sur le degré du polynôme P . C’est évidemment vrai,
par les résultats qui précèdent, si P est un polynôme de degré zéro. Sup-
posons le résultat vrai pour un polynôme de degré n−1 et soit P un polynôme
de degré n. Alors P $ est un polynôme de degré n−1 et P $ (·). exp(a·) est prim-
itivable sur R par l’hypothèse de récurrence. Il en sera de même, par la règle
de primitivation par parties, pour la fonction P (·).(exp(a·))$ = aP (·). exp(a·)
et dès lors pour P (·). exp(a·). En outre, on a
J J
P (·). exp(a·) = a−1 P (·). exp(a·) − a−1 P $ (·). exp(a·),
330 CHAPITRE 9. FONCTIONS PRIMITIVABLES
[a−1 P (·)−a−2 P $ (·)+. . .+(−1)n−1 a−n P (n−1) (·)+(−1)na−n−1 P (n) (·)] exp(a·).
Montrons enfin que la théorie des primitives fournit une expression du
reste du développement de Taylor d’une fonction réelle d’une variable.
Proposition. Si m ≥ 0 est un entier et si f est une fonction réelle (m + 1)-
fois dérivable sur un intervalle I, alors, pour chaque a ∈ I, et chaque h ∈ I −a
différent de 0, l’application
f (m+1) (y)
φh : I → R, y 2→ (a + h − y)m
m!
est primitivable sur I et sa primitive Φh,a qui s’annule en a est égale à la
f,a (h) en h du reste du développement de Taylor Tf,a d’ordre m de
valeur Rm m
f autour de a.
Démonstration. Définissons l’application g de I dans R par
m
$ f (j) (y)
g(y) = (a + h − y)j .
j=0
j!
f (m+1) (y)
= (a + h − y)m = φh (y).
m!
Donc φh est primitivable et la valeur en a + h de sa primitive s’annulant en
a est donnée par
(1 ≤ k ≤ mj , 1 ≤ j ≤ m),
et obtenus en divisant Q respectivement par (x − sj )k , 1 ≤ k ≤ mj , 1 ≤
j ≤ m, forment une base de l’espace vectoriel des polynômes de R dans C
de degré inférieur ou égal à m − 1.
Une conséquence facile de ce lemme est le résultat suivant.
Corollaire. Si Q est donné par le lemme précédent et si P est un polynôme
de R dans C de degré inférieur ou égal à m − 1, il existe une famille unique
de nombres complexes cj,k , (1 ≤ k ≤ mj , 1 ≤ j ≤ m) telle que, pour tout
x ∈ dom PQ , on a
q mj , -
P (x) $ $
= cj,k (x − sj )−k .
Q(x) j=1 k=1
g(x) = (x − s)−k
(x − s̄)k−1
F (x) = c + (1 − k)−1 .
[(x − u)2 + v 2 ]k−1
Si k = 1 et s = 0, g est primitivable sur R∗− et sur R∗+ et ses primitives G y
sont données par la formule
G(x) = c + ln |x|,
9.3. PRIMITIVATION DES FONCTIONS RATIONNELLES 333
mj n $D m"j
P (x) $l $ $ E
= cj,k (x − rj )−k + c$j,k (x − tj )−k + c$$j,k (x − tj )−k ,
Q(x) j=1 k=1 j=1 k=1
et dès lors l’unicité des constantes cj,k , c$j,k et c$$j,k entraı̂ne que
si k /= 1, et
x 2→ c + cj,k ln |x − rj |,
si k = 1, où c est une constante réelle arbitraire. Par ailleurs, les fonctions
(y 2 + v 2 ) − y 2 y2
v 2 gr (y) = = gr−1 (y) − 2 ,
(y + v )
2 2 r (y + v 2 )r
on aura
J J J
y2
gr = v −2 gr−1 − v −2 dy.
(y 2 + v 2 )r
Mais,
2 3
y2 1 d 1
=− y ,
(y + v 2 )r
2 2r − 2 dy (y 2 + v 2 )r−1
et la formule de primitivation par parties entraı̂ne la relation
J J
y2 1 1
dy = −H + dy
(y + v )
2 2 r 2r − 2 (y 2 + v 2 )r−1
J
1
= −H + gr−1 ,
2r − 2
où H est définie par
1 y
H(y) = .
2r − 2 (y + v 2 )r−1
2
Dès lors,
J 2 J 3
−2 2r − 3
gr = v gr−1 + H ,
2r − 2
H
ce qui permet,
H
de proche en proche, de ramener le calcul de gr à celui,
connu, de g1 . Lorsque b /= 0, la primitivation de la fonction hr se ramène
à la primitivation d’une fonction de type précédent et d’une fonction fr de
la forme
x
fr (x) = .
[(x − uj )2 + vj2 ]r
K, m ∈ N∗ , a, b, c, , d ∈ R.
Si m est pair, on doit bien entendu se limiter aux valeurs de x pour
lesquelles ax+b
cx+d ≥ 0. Il s’agit d’une intégrale abélienne avec
ce qui donne
P (x, y) ≡ y 2 − ax2 − bx − c.
et qui donne
pt2 − aq $ 2at(q − p)
x = h(t) = , h (t) = 2 ,
2
t −a (t − a)2
G
a(p − q)t
y= a[h(t)]2 + bh(t) + c = ,
t2 − a
est tel que (f ◦h)h$ est une fonction rationnelle de R dans K. Par le théorème
du changement de variable, f sera primitivable sur tout intervalle I = h(J)
tel que h soit injective sur J et les primitives F de f seront G obtenues en
composant les primitives de (f ◦ h)h avec la fonction x 2→ a(x−q)
$
x−p . 8 L 9
Remarque. Les primitives des fonctions de type f (x) = R x, P (x)
lorsque P est un polynôme de degré p ≥ 3 et R une fonction rationnelle
ne peuvent pas en général s’exprimer au moyen des fonctions élémentaires
et conduisent à des fonctions transcendantes nouvelles appelées intégrales
elliptiques si p = 3, 4 et intégrales hyperelliptiques lorsque p ≥ 5. L’étude
de ces intégrales et des fonctions réciproques correspondantes (en particulier
des fonctions elliptiques) doit se faire dans le cadre de la théorie des fonctions
complexes d’une variable complexe.
c. f (x) = R(cos x, sin x, cos 2x, sin 2x, . . ., cos mx, sin mx), m ∈ N∗ , où R
est une fonction rationnelle de R2m dans K.
En utilisant les formules trigonométriques classiques exprimant cos kx et
sin kx comme polynôme en cos x et sin x, on peut exprimer f sous la forme
y − δ(y) ≤ u ≤ y ≤ v ≤ y + δ(y),
on aura
|Fa (v) − Fa (u) − f (y)(v − u)|2
= |Fa (v) − Fa (y) − f (y)(v − y) − [Fa (u) − Fa (y) − f (y)(u − y)]|2
≤ |Fa (v) − Fa (y) − f (y)(v − y)|2 + |Fa (u) − Fa (y) − f (y)(u − y)|2
! ! !
≤ (|v − y| + |u − y|) = (v − y + y − u) = (v − u).
x−a x−a x−a
Soit δ : y 2→ δ(y)
A j B
la jauge ainsi définie sur I, et donc sur [a, x]. Si Π =
(x , ]aj−1 , aj ]) 1≤j≤m avec a = a0 < a1 < . . . < am−1 < am = x, est une
P-partition δ-fine de ]a, x], alors on a
on en déduit # #
# m #
# $ #
#Fa (x) − f (x )(a − a )#
j j j−1 #
#
# j=1 #
2
# #
#m D E##
#$
= ## Fa (a ) − Fa (a ) − f (x )(a − a ) ##
j j−1 j j j−1
#j=1 #
2
m #
$ # m
$
# # !
≤ #Fa (aj ) − Fa (aj−1 ) − f (xj )(aj − aj−1 )# ≤ (aj − aj−1 ) = !.
j=1
2
j=1
x − a
9.6 Exercices
1. Montrer que si f et g sont deux fonctions réelles primitivables sur
l’intervalle I et telles que, pour tout x ∈ I, on Hait f (x)H ≤ g(x), alors, pour
tout a ∈ I et tout x ≥ a appartenant à I, on a ax f ≤ ax g.
2. Soient I ⊂ R un intervalle, a ∈ I, f une fonction réelle d’une variable
réelle, g une fonction positive d’une variable réelle et C ≥ 0. Si f g et g sont
primitivables sur I et si, pour tout x ≥ a appartenant à I, on a
J x
f (x) ≤ C + f g,
a
Noter que
J x 4 J · 5 J x 2 4 4 J · 553 2 4 J x 53
g exp − g = −D exp − g = C 1 − exp − g .
a a a a a
En déduire J 2 4J 5 3
x x
f g ≤ C exp g −1 ,
a a
1
cos mx cos nx = [cos(m + n)x + cos(m − n)x],
2
1
sin mx sin nx = [cos(m − n)x − cos(m + n)x],
2
1
sin mx cos nx = [sin(m + n)x + sin(m − n)x],
2
où m et n sont des entiers positifs, pour calculer les primitives des premiers
membres.
Considérant que les grandeurs qui croissent dans des temps égaux sont
plus grandes ou moindres suivant qu’elles croissent avec une vitesse plus
grande ou plus petite, je cherchai une méthode pour déterminer les grandeurs
344 CHAPITRE 9. FONCTIONS PRIMITIVABLES
Les intégrales des différentielles sont ces quantités dont ces différentielles
proviennent par différentiation.
Le calcul intégral est la méthode par laquelle, à partir d’une relation entre
les différentielles, on retrouve la relation entre les quantités elles-mêmes.
Fonctions intégrables
lorsque f est une fonction positive. Par ailleurs, cette propriété de “conver-
gence” des expressions
m
$
f (xj )(aj − aj−1 )
j=1
est également vérifiée pour des fonctions qui ne sont pas primitivables sur I.
Ainsi, on sait que la fonction f définie sur R par
345
346 CHAPITRE 10. FONCTIONS INTÉGRABLES
k
$ m
$
= (aj − aj−1 ) + f (xk+1 )(ak+1 − ak ) + 2 (aj − aj−1 )
j=1 j=k+2
≤ ak + 1 + 2(ak+1 − ak ) = 3 − ak ,
ce qui entraı̂ne aussitôt que
# #
#m #
#$ #
# f (x j
)(aj
− aj−1
) − 3 # ≤ max{−ak , ak+1 } ≤ 2δ ≤ !,
# #
#j=1 #
¯
G(f ) = {(x1 , x2 , x3 ) ∈ R3 : 0 ≤ x3 ≤ f (x1 , x2 ), (x1 , x2 ) ∈ I}.
Le volume sera cette fois approché par des sommes de volumes de pa-
rallélépipèdes rectangles de base I j et de hauteur f (xj ), où {I 1 , . . . , I m}
est une partition de I en semi-pavés I j = ]aj1 , bj1]× ]aj2 , bj2] et où xj ∈ I¯j ,
(1 ≤ j ≤ m), c’est-à-dire par des expressions du type
m
$
f (xj )(bj1 − aj1 )(bj2 − aj2 ).
j=1
10.1. INTÉGRABILITÉ SUR UN PAVÉ 347
¯
H(f ) = {x ∈ Rn+1 : 0 ≤ xn+1 ≤ f (x1 , . . . , xn ), (x1 , . . . , xn ) ∈ I},
¯
lorsque I est un semi-pavé de Rn et f une fonction définie et positive sur I.
Les expressions approchées seront de la forme
m
$ n
6
f (xj ) (bji − aji ),
j=1 i=1
µ(K) ≤ µ(I),
et l’on posera
$
µ(I \ I 0 ) = µ(I i1 ,...,in )
{0≤i1 ,...,in ≤2 : i1 +...+in >0, I i1 ,...,in (=∅}
= µ(I) − µ(I 0 ).
On montre de même que si I 1 , . . . , I l sont des semi-pavés disjoints contenus
dans I, alors I \ (I 1 ∪ . . . ∪ I l ) est une union de semi-pavés mutuellement
disjoints et l’on posera
l
$
µ[I \ (I 1 ∪ . . . ∪ I l )] = µ(I) − µ(I j ).
j=1
|S(I, f, Π$) − J $ |2 ≤ !.
est une jauge sur I¯ et si Π$$ est une P-partition δ $$ -fine de I, elle sera à la
fois δ-fine et δ $ -fine. En conséquence, on aura
Démonstration. Il suffit de noter que si f est primitivable sur [a, b], elle
l’est aussi sur [a, x] quel que soit a < x < b et la propriété d’approximation
de la primitive Fa de f s’annulant en a équivaut à l’intégrabilité de f sur
[a, x]. On sait enfin que si F est une primitive quelconque de f sur [a, b], on
a Fa = F (·) − F (a).
Le théorème que nous venons de démontrer s’appelle le théorème fon-
damental du calcul différentiel et intégral. Il fournit un moyen éton-
namment simple pour calculer l’intégrale sur intervalle fermé [a, b] (donc en
particulier de l’aire de E(f )) de toute fonction f dont une primitive est
connue: il suffit de faire la différence entre la valeur d’une primitive entre
l’extrémité et l’origine de l’intervalle considéré. Le théorème fondamental
du calcul différentiel et intégral montre que
On peut encore l’énoncer sous la forme équivalente suivante, qui fait inter-
venir f $ et f au lieu de f et F .
Corollaire. Si f est une fonction de R dans Rp dérivable sur [a, b], alors f $
est intégrable sur [a, b] et
J b
f $ = f (b) − f (a).
a
¯
Il existe une condition nécessaire de Cauchy d’intégrabilité sur I.
Proposition. Si f est une fonction de Rn dans Rp intégrable sur l’adhéren-
ce I¯ d’un semi-pavé I de Rn , alors, pour chaque ! > 0, il existe une jauge δ
sur I¯ telle que, pour chaque P-partition δ-fine Π et chaque P-partition δ-fine
Π̃ de I, on a
|S(I, f, Π) − S(I, f, Π̃)|2 ≤ !.
352 CHAPITRE 10. FONCTIONS INTÉGRABLES
|S(I, f, Π) − J|2 ≤ !.
Le résultat suivant est une conséquence facile de la définition et de
l’unicité de l’intégrale.
Proposition. Toute fonction f R-intégrable sur I¯ est intégrable
H
sur I¯ et le
J donné dans la définition de R-intégrabilité est égal à I¯ f.
Exemple. Si I est un semi-pavé de Rn , toute application constante c de Rn
dans Rp est R-intégrable sur I¯ et
J
c = µ(I)c.
I¯
10.1. INTÉGRABILITÉ SUR UN PAVÉ 353
tels que
dji − cji ≤ δ, (1 ≤ i ≤ n, 1 ≤ j ≤ m).
A B
Alors, pour chaque xj ∈ K j , (1 ≤ k ≤ m), Π̃ = (xj , K j ) 1≤j≤m est une P-
partition δ-fine de I. Supposons que f ne soit pas bornée sur I. ¯ Il existera au
moins un K tel que f ne soit pas bornée sur K̄ , et donc tel que pour chaque
l l
|f (y k )|2 > k, (k ∈ N∗ ).
354 CHAPITRE 10. FONCTIONS INTÉGRABLES
et dès lors
# #
# #
# $ #
kµ(K l ) < µ(K l )|f (y k )|2 ≤ |J|2 + 1 + ## µ(K j )f (xj )## , (k ∈ N∗ ),
#{1≤j≤m : j(=l} #
2
La fonction
1 2 1
f : x 2→ 2x sin 2
− cos 2 , x /= 0, f (0) = 0,
x x x
donnée au Chapitre 9, qui est primitivable sur tout intervalle contenant
l’origine sans y être bornée, est donc un exemple de fonction qui n’est pas
R-intégrable sur un tel intervalle, alors qu’elle y est intégrable en vertu du
théorème fondamental du calcul différentiel et intégral.
L’exemple suivant montre qu’il existe même des fonctions bornées et
intégrables sur un intervalle fermé et qui n’y sont pas R-intégrables.
Exemple. La fonction de Dirichlet d, définie au chapitre 2 par d(x) = 1 si x
est rationnel et d(x) = 0 si x est irrationnel, est bornée sur R et donc sur tout
intervalle fermé. Montrons que d n’est pas R-intégrable sur [0, 1]. Il suffit
de montrer qu’elle ne vérifie pas la condition de Cauchy de R-intégrabilité.
Soit δ > 0 et {I 1 , . . ., I m} une partition de ]0, 1] en semi-intervalles telle
que µ(I j ) ≤ δ, (1 ≤ j ≤ m). On sait que chaque I j contient au moins un
rationnel xj et au moins un irrationnel x̃j . Dès lors, les P-partitions de ]0, 1]
A j j B
Π = {(x , I ), . . . , (x , I )}, Π̃ = (x̃ , I ) 1≤j≤m sont δ-fines et, puisque
1 1 m m
q
$ ! ! 1 − (1/2)q+1
≤ = ≤ !,
k=0
2k+1 2 1 − (1/2)
considéré au début de la section, qui est R-intégrable sur [−1, 1], sans vérifier
la propriété de Darboux, montre l’existence de fonctions R-intégrables sur
un intervalle fermé qui n’y sont pas primitivables.
¯ Rp) l’ensemble des fonctions de Rn dans Rp R-
Si l’on désigne par R(I,
intégrables sur l’adhérence I¯ du semi-pavé I de Rn on a donc les inclusions
(strictes)
¯ Rp) ! P (I,
R(I, ¯ Rp), N ([a, b], Rp) ! P ([a, b], Rp)
alors que R([a, b], Rp) \ N ([a, b], Rp) et N ([a, b], Rp) \ R([a, b], Rp) sont non
vides. L’ensemble des fonctions intégrables contient donc différentes classes
de fonctions intéressantes.
La discussion qui précède montre que le concept d’intégrabilité que Ber-
nard Riemann a introduit en 1854 est trop faible pour intégrer, sur un pavé,
les fonctions non bornées (en particulier certaines fonctions primitivables)
ainsi que des fonctions très discontinues comme la fonction de Dirichlet.
Vito Volterra a même donné en 1881 un exemple de fonction bornée,
primitivable mais non R-intégrable sur un intervalle. On peut chercher la
raison de ces limitations de l’intégrale de Riemann dans le fait que, ! > 0
étant donné, la condition imposée aux P-partitions pour lesquelles la somme
de Riemann doit approcher la valeur de l’intégrale à ! près, est d’être δ-fine
pour une jauge constante δ, c’est-à-dire pour une jauge qui ne force aucune-
ment la P-partition à être particulièrement “fine” au voisinage des points de
I¯ où la fonction a un comportement peu régulier (discontinuités, limites à
gauche ou à droite infinies, oscillations non bornées...). Une définition mieux
adaptée à des fonctions présentant ces caractéristiques doit “forcer” les P-
partitions acceptables pour un ! > 0 donné à être plus “fines” aux endroits
pathologiques, afin de permettre aux sommes de Riemann d’épouser mieux
la quantité qu’elles sont censées approcher. C’est une idée que Leonard Eu-
ler avait déjà exprimée, sans l’exploiter, en 1768. Près de deux siècles plus
tard, Jaroslav Kurzweil et Ralph Henstock ont refait, indépendamment,
cette observation. Ils ont proposé une modification formelle simple mais
fondamentale de la définition de Riemann, qui conduit à une intégrale con-
servant, pour la partie élémentaire de la théorie, le support intuitif et la
simplicité conceptuelle de l’approche de Riemann, mais qui s’avère suf-
fisamment puissante pour intégrer à la fois les fonctions primitivables et les
fonctions R-intégrables (et, comme on le verra, bien d’autres encore!).
10.2. PROPRIÉTÉS ÉLÉMENTAIRES DE L’INTÉGRALE 357
manière tout à fait identique que R(I, ¯ Rp) est un sous-espace vectoriel de
¯
P (I, R ).
p
|f (x)|i ≤ g(x),
¯ (i = 1, 2 ou ∞). Si f et g sont intégrables sur I,
pour tout x ∈ I, ¯ alors on a
#J # J
# #
# f# ≤
# ¯ # g, (i = 1, 2 ou ∞),
I ¯ i I
¯ on a
En particulier, si f et |f |i sont intégrables sur I,
#J # J
# #
# f# ≤ |f |i , (i = 1, 2 ou ∞).
# ¯ # ¯
I i I
pour chaque ! > 0. Pour un tel ! > 0, il existe une jauge δ $ et une jauge δ $$
sur I¯ telles que
# J # # J #
# # # #
#S(I, f, Π$) − f # ≤ !/2, #S(I, g, Π$$) − g # ≤ !/2.
# ¯ # # ¯ #
I i I
entraı̂nent évidemment
entraı̂nent évidemment
Π̃i = {(xj , I j ∩ K i ) : I j ∩ K i /= ∅, 1 ≤ j ≤ m}
10.3. ADDITIVITÉ DE L’INTÉGRALE 363
Π̃ = {(xj , I j ∩ K i ) : I j ∩ K i /= ∅, 1 ≤ j ≤ m, 1 ≤ i ≤ l, }
¯
pour toute fonction f de Rn dans Rp définie sur I.
Démonstration. Construisons la jauge δ comme suit. Soit x ∈ I. ¯ Ap-
7
pelons J(x) l’ensemble {1 ≤ i ≤ l : x /∈ K }. Soit E(x) = i∈J(x) !K i si
i
i ≤ l, la famille
Π̃i = {(xj , I j ∩ K i ) : I j ∩ K i /= ∅, 1 ≤ j ≤ m}
⇒ xj ∈ K i ⇒ xj ∈ K i ∩ I j ,
et dès lors xj ∈ K i ∩ I j puisque K i ∩ I j = K i ∩ I j lorsque I j ∩ K i /= ∅ (le
vérifier). En outre, chaque P-partition Π Mi est évidemment δ-fine puisque Π
l’est. Bien entendu, la famille
N = {(xj , I j ∩ K i ) : I j ∩ K i /= ∅, 1 ≤ j ≤ m, 1 ≤ i ≤ l}
Π
m
$ l
> m
$ $ 8 9
= µ(I j ∩ K i )f (xj ) = µ I j ∩ K i f (xj )
j=1 i=1 j=1 {1≤i≤l : I j ∩K i(=∅}
l
$ $
N =
= S(I, f, Π) µ(I j ∩ K i )f (xj )
i=1 {1≤j≤m : I j ∩K i (=∅}
l
$
= Mi ).
S(K i, f, Π
i=1
Démonstration. Si ! > 0 est donné, il existe une jauge δi sur K̄ i telle que
# J #
# #
#S(K i, f, Πi) − f ## ≤ !/l,
#
K̄ i 2
¯
alors f est intégrable sur I.
1
|S(I, f, Π) − S(I, f, Π$)|2 ≤ ,
2
366 CHAPITRE 10. FONCTIONS INTÉGRABLES
où les K i sont des semi-pavés mutuellement disjoints contenus dans I. Soit
! > 0; on va montrer que f vérifie la condition de Cauchy d’intégrabilité
sur K̄. Comme f est intégrable sur I, ¯ elle y vérifie la condition de Cauchy
d’intégrabilité, et il existe donc une jauge δ sur I¯ telle que
|S(I, f, Π) − S(I, f, Π$)|2 ≤ !,
évidemment
& m̃
' m̃
> >
I =I ∩
j j
I˜k = I j,k , (1 ≤ j ≤ m),
k=1 k=1
m
> m
>
I˜k = I˜k ∩ Ij = I j,k , (1 ≤ k ≤ m̃),
j=1 j=1
et, puisque les I j sont mutuellement disjoints et les I˜k sont mutuellement
disjoints, on aura
$
µ(I j ) = µ(I j,k ), (1 ≤ j ≤ m);
{1≤k≤m̃ : I j,k (=∅}
$
µ(I˜k ) = µ(I j,k ), (1 ≤ k ≤ m̃).
{1≤j≤m : I j,k (=∅}
10.5. FONCTIONS CONTINUES OU MONOTONES 369
Dès lors, en désignant par y j,k , pour chaque (j, k) tel que I j,k /= ∅, un élément
arbitrairement fixé de I j,k , on a
En vertu de la croissance de f , on a
m
$ m̃
$
= f (xj )(aj − aj−1 ) − f (x̃k )(ãk − ãk−1 )
j=1 k=1
m
$ m̃
$
≤ f (aj )(aj − aj−1 ) − f (ãk−1 )(ãk − ãk−1 ).
j=1 k=1
Si l’on pose
a0 , . . . , a
{I ImI } = {a0 , . . . , am } ∪ {ã0 , . . . , ãm̃ },
avec
a=a
I0 < a
I1 < . . . < a
ImI = b,
et
I j = ]aj−1 , aj ], (1 ≤ j ≤ m), I˜k = ]ãk−1 , ãk ], (1 ≤ k ≤ m̃),
IIl = ]I al ], (1 ≤ l ≤ m),
al−1, I I
$ I
m
$
≥ f (I
al )(I Il−1 ) =
al − a f (I
al )(I al−1 )
al − I
I : IIl ⊂I˜k }
{1≤k≤m̃; 1≤l≤m l=1
$
= f (I
al )(I Il−1 )
al − a
I : IIl ⊂I j }
{1≤j≤m; 1≤l≤m
$ $
≥ f (aj−1 )(I al−1 ) =
al − I f (aj−1 )(aj − aj−1 ).
I : IIl ⊂I j }
{1≤j≤m; 1≤l≤m j=1
10.5. FONCTIONS CONTINUES OU MONOTONES 371
Par conséquent,
|S(I, f, Π) − S(I, f, Π̃)|
$ m̃
$
≤ f (aj )(aj − aj−1 ) − f (ãk−1 )(ãk − ãk−1 )
j=1 k=1
m̃
$ m
$
+ f (ãk )(ãk − ãk−1 ) − f (aj−1 )(aj − aj−1 )
k=1 j=1
m
$ m̃
$
= [f (aj ) − f (aj−1 )](aj − aj−1 ) + [f (ãk ) − f (ãk−1 )](ãk − ãk−1 ).
j=1 k=1
!
ãk − ãk−1 ≤ , (1 ≤ k ≤ m̃),
2[f (b) − f (a)]
l’inégalité
|S(I, f, Π) − S(I, f, Π̃)|
! $m $m̃
≤ [f (aj ) − f (aj−1 )] + [f (ãk ) − f (ãk−1 )]
2[f (b) − f (a)] j=1 k=1
!
= [f (b) − f (a) + f (b) − f (a)] = !,
2[f (b) − f (a)]
et la démonstration est complète.
¯ Rp) ⊂ R(I,
C(I, ¯ Rp) et M ([a, b], R) ⊂ R([a, b], R).
372 CHAPITRE 10. FONCTIONS INTÉGRABLES
L’additivité
H· H·
de l’intégrale entraı̂ne aussitôt que deux intégrales indéfinies
a f et a " f de f sur I associées à des choix différents de a diffèrent par une
constante.
Montrons maintenant que, pour une fonction f primitivable sur I, les
intégrales indéfinies de f ne sont rien d’autre que ses primitives.
Proposition. Si f est une Hfonction de R dans Rp primitivable
H
sur un in-
tervalle I et si a ∈ I, alors a· f = Fa . En particulier, a· f est dérivable en
chaque point x de I et l’on a
4J · 5$
f (x) = f (x).
a
10.6. INTÉGRALE INDÉFINIE 373
ou encore que
,J J -
c+h c
−1
lim h f− f − hf (c) = 0.
h→0, c+h∈[a,b] a a
|f (x) − f (c)|2 ≤ !.
dont l’inconnue y est une fonction réelle dérivable sur I. Une solution sur I
de cette équation différentielle sera toute application réelle y dérivable sur I
et vérifiant l’équation en chaque point de I. L’équation est dite homogène
si g = 0 et non homogène sinon.
Puisque f est continue sur I, elle y est primitivable et chaque intégrale
indéfinie de f est dérivable, et donc continue sur I. Si a ∈ I est fixé, la
fonction 4 J x 5
x 2→ exp − f
a
est donc strictement positive et dérivable sur I. L’équation (10.1) est donc
équivalente à l’équation
4 J x 5 4 J x 5 4 J x 5
y $ (x) exp − f = f (x)y(x) exp − f + g(x) exp − f ,
a a a
376 CHAPITRE 10. FONCTIONS INTÉGRABLES
c’est-à-dire à l’équation
2 4 J x 53$ 4 J x 5
y(x) exp − f = g(x) exp − f .
a a
Le second membre étant continu, dont primitivable sur I, les solutions de
cette équation seront données par
4 J x 5 J x 2 4 J y 53
y(x) exp − f = c+ g(y) exp − f dy,
a a a
où c est une constante réelle arbitraire, et dès lors les solutions de l’équation
linéaire (10.1) seront les fonctions y données par
U J x 2 4 J y 53 V 4J x 5
y(x) = c + g(y) exp − f dy exp f
a a a
4J x 5 J x2 4J x 5 3
= c exp f + exp f g(y) dy.
a a y
Exemple. Considérons l’équation différentielle
1
y $ (x) = y(x) + x
x
sur l’intervalle I = ]0, +∞[. Prenant par exemple a = 1, on a
J x
1
dy = ln x, exp(ln x) = x,
1 y
et dès lors les solutions sont données par les fonctions y définies par
2 J x 3
y(x) = c + dy x = [c + (x − 1)]x,
1
où c est un réel arbitraire.
Définition. Soit I un intervalle, f une fonction réelle continue sur I et h
une application continue de R dans R. On appelle équation différentielle du
premier ordre à variables séparées toute équation différentielle de la forme
y $ (x) = f (x)h(y(x)), (10.2)
où l’inconnue y est une fonction réelle. Si J ⊂ I est un intervalle, on ap-
pelle solution sur J de cette équation différentielle toute application réelle y
dérivable sur J et vérifiant l’équation pour chaque x ∈ J.
La terminologie “variables séparées” vient de ce que le second membre
de l’équation est le produit d’une fonction de x seulement par une fonction
de y seulement. Ainsi, une équation différentielle linéaire du premier ordre
est à variables séparées si elle est homogène ou si f et g sont constantes.
Notons tout d’abord le résultat simple suivant.
10.7. EQUATIONS DIFFÉRENTIELLES SIMPLES 377
où c est une constante réelle arbitraire. Pour chaque valeur fixée de c, la
solution y s’obtiendra donc explicitement en résolvant alors le problème de
fonction implicite G(y, x) − c = 0, où G est définie par
J y J x
dt
G(x, y) = − f (t) dt.
a h(t) a
Comme G est de la forme G(y, x) = M (y)−F (x) où M est une fonction con-
tinue et strictement monotone, puisque M $ (y) = h(y)
1
est de signe constant
378 CHAPITRE 10. FONCTIONS INTÉGRABLES
sur K, cette équation aura une solution unique y(x) pour chaque x ∈ I
tel que F (x) appartienne à M (K). On notera que la fonction G(x, y(x))
conserve une valeur constante c si y est solution de l’équation différentielle
(10.2). On dit que G est une intégrale première de l’équation différentielle
(10.2).
Exemples. 1. Considérons l’équation différentielle à variables séparées
y $ (x) = 2x[y(x)]2.
Notons tout d’abord que y = 0 est une solution sur R et recherchons main-
tenant les solutions à valeurs strictement positives ou à valeurs strictement
négatives. Les solutions sous forme implicite sont données, en prenant par
exemple a = 1, par
J y(x) J x
dt
=c+ 2t dt,
1 t2 1
c’est-à-dire par
1
1− = c + x2 − 1,
y(x)
ce qui peut encore s’écrire, puisque c est une constante arbitraire,
1
y(x) = .
c − x2
Dès lors, pour c < 0, cette solution est strictement négative et définie sur R.
Pour c = 0, cette formule fournit une solution strictement négative définie sur
] − ∞, 0[ et une solution strictement négative définie sur ]0, +∞[. Pour c > 0,
√
la formule fournit une solution strictement négative définie sur ] − ∞, − c[,
√ √
une solution strictement positive définie sur ] − c, + c[ et une solution
√
strictement négative définie sur ] c, +∞[. On voit que, contrairement au cas
de l’équation linéaire, les intervalles de définition des solutions peuvent être
strictement compris dans l’intervalle de définition de l’équation différentielle
(ici R) et peuvent dépendre de la solution elle-même.
2. L’équation différentielle
2 3
$ y(x)
y (x) = ay(x) 1 −
b
où a > 0 et b > 0, fut proposée en 1838 par le mathématicien belge Pierre-
François Verhulst pour remplacer la loi
y $ (x) = ay(x)
10.8. LEMME DE SAKS-HENSTOCK 379
{(x1 , K 1 ), . . ., (xq , K q )}
380 CHAPITRE 10. FONCTIONS INTÉGRABLES
En conséquence, si η > 0 est donné, il existera une jauge δk sur L̄k , que l’on
peut toujours choisir telle que δk (x) ≤ δ(x), (x ∈ L̄k , 1 ≤ k ≤ r), ayant la
propriété que # J #
# # η
#S(Lk , f, Πk ) − f ## ≤ ,
# k r
L̄ 2
# J # r ## J #
# # $ #
≤ ##S(I, f, Π) − f ## + #S(Lk , f, Πk ) −
# f ##
I¯ 2 k=1 L̄k 2
η
≤ !+r = ! + η,
r
et la démonstration est complète.
et
q #
$ J # q 2
$ J 3
# #
#µ(K ji )f (xji ) − f ## = − µ(K ji )f (xji ) − f ≤ !.
#
i=l+1 K̄ ji i=l+1 K̄ ji
Dès lors, si i = 1, 2 ou ∞, on a
q #
$ J # q #
$ J #
# # # #
#µ(K j )f (xj ) − #
f# ≤ #µ(K j )f (xj ) − f ##
# #
j=1 K̄ j i j=1 K̄ j 1
p #
q $
$ J #
# #
= #µ(K j )fk (xj ) −
# fk ## ≤ 2p!.
j=1 k=1 K̄ j
m #
$ #J ## m #
$ J #
# # ## # #
≤ #µ(I j )|f (xj )|i − # f ## ## ≤ #µ(I j )f (xj ) − f ## ≤ 2p!.
# # ¯j # ¯j
j=1 I i j=1 I i
des exemples justifiant cette assertion. On va voir que la classe des fonctions
f telles que f et |f |i sont toutes deux intégrables sur I¯ est un sous-ensemble
particulièrement important de l’ensemble des fonctions intégrables sur I, ¯ de
la même manière que le sous-ensemble des séries absolument convergentes
constitue un sous-ensemble particulièrement intéressant de l’ensemble des
séries convergentes. Le dernier corollaire du lemme de Saks-Henstock montre
que, ! > 0 étant donné et δ étant une jauge associée à cet ! par l’intégrabilité
de f sur I,¯ les sommes de Riemann S(I, |f |i, Π) relatives à |f |i et aux P-
partitions δ-finesHΠ = {(x1 , I 1 ), . . ., (xm, I m)} diffèreront de moins de 2p! des
%
quantités m j=1 | I¯j f |i . Cette observation suggère la condition nécessaire et
suffisante suivante pour qu’une fonction f ∈ P (I, ¯ Rp) soit telle que |f |i ∈
¯ R ).
P (I, p
Π̃ = {(xj , I j ∩ K l ) : I j ∩ K l /= ∅, 1 ≤ l ≤ q, 1 ≤ j ≤ m}
est une P-partition δ-fine de I pour laquelle S(I, |f |i, Π) = S(I, |f |i, Π̃). En
conséquence, on a
# #
q #J # q # J #
! $ ## # $ # $ #
Ai − ≤ f ## = # f ##
2 l=1 # K̄ l i
#
l=1 #{1≤j≤m : I j ∩K l (=∅} K ∩I
l j #
i
q #J #
$ $ # #
≤ # f ## ≤ Ai ,
#
l=1 {1≤j≤m : I j ∩K l (=∅} K l ∩I j
i
Remarque. Les inégalités bien connues entre les trois types de normes
d’un élément de Rp montrent que si Si est majorée pour une des normes, il
l’est pour les deux autres. En conséquence, lorsque f est intégrable sur I, ¯
l’intégrabilité de l’une des fonctions |f |i entraı̂nera celle des deux autres, ce
qui justifie l’indépendance de la définition qui suit par rapport au choix de
la norme | · |2 .
Définition. Soit I un semi-pavé de Rn et f une fonction de Rn dans Rp
¯ On dit que f est absolument intégrable sur I¯ ou intégrable
définie sur I.
au sens de Lebesgue sur I¯ ou encore L-intégrable sur I¯ si f et |f |2 sont
¯
intégrables sur I.
L’appellation “intégrable au sens de Lebesgue” vient de ce que cette
classe de fonctions fut introduite pour la première fois en 1902 par Henri
Lebesgue à partir d’une définition différente de celle utilisée ici. Toute
fonction L-intégrable sur I¯ y est donc évidemment intégrable. En d’autres
¯ Rp) l’ensemble des fonctions de Rn dans Rp
termes, si l’on désigne par L(I,
¯ on a l’inclusion
L-intégrables sur I,
¯ Rp) ⊂ P (I,
L(I, ¯ Rp).
On montrera plus loin que l’inclusion est stricte. Bien entendu, par définiti-
on, l’intégrabilité et la L-intégrabilité coı̈ncident pour des fonctions positives
¯
sur I.
Une conséquence simple mais importante de la proposition que nous
venons de démontrer est le test de comparaison de L-intégrabilité sui-
vant.
Corollaire. Soit I un semi-pavé de Rn et g une fonction positive intégrable
¯ Alors, toute fonction f de Rn dans Rp intégrable sur I¯ et telle que,
sur I.
¯ on ait
pour i = 1, 2 ou ∞ et chaque x ∈ I,
|f (x)|i ≤ g(x),
¯ et l’on a
est L-intégrable sur I,
J J
|f |i ≤ g.
I¯ I¯
|f (x)|2 ≤ M
¯ Rp) ⊂ L(I,
R(I, ¯ Rp),
10.10 Exercices
1. Montrer que si f est une fonction de R dans Rp R-intégrable sur [a, b], on
a
J b m 4 5
b−a $ (j − 1)(b − a)
f = lim f a+ .
a m→∞ m m
j=1
et la thèse résulte
H
du théorème des valeurs intermédiaires appliqué à la fonc-
tion continue ( ab g)f. Le cas particulier où g = 1 est intéressant.
3. Montrer que si f est uneH fonction réelle définie et croissante sur [a, b],
alors son intégrale indéfinie a· f est convexe sur [a, b].
4. Soit I un semi-pavé de Rn et ϕ une application positive définie sur
l’ensemble des semi-pavés contenus dans I et étendue à toute union finie
10.10. EXERCICES 389
où g est une fonction réelle définieH et croissante sur [a, b]. L’intégrale corres-
pondante est alors souvent notée ab f dg.
5. Si f est une fonction de Rn dans Rp continue sur l’adhérence I¯ du semi-
pavé I de Rn , et si J
|f |2 = 0,
I¯
¯
disjoints de I \ J,
J r J
$ J
0= |f |2 = |f |2 + |f |2
I¯ ¯j
j=1 I J¯
J J
1 µ(J)
≥ |f |2 ≥ |f (y)|2 = |f (y)|2 > 0,
¯
J 2 J¯ 2
ce qui est contradictoire.
6. Soient a > 0 et b > 0 des nombres réels. Démontrer la formule de Gauss
∞ J
$ (−1)k 1 xa−1
= dx.
k=0
a + bk 0 1 + xb
où # J 1 nb+a−1 # #J #
# x # # 1 # 1
# #
|Rn | = #(−1) n
dx #≤ #
# x nb+a−1
dx## = .
# 0 1+x b # 0 a + bn
Donc Rn → 0 lorsque n → ∞. On en déduit en particulier la formule de
Mercator
1 1 (−1)k
log 2 = 1 − + − . . . + + . . ..
2 3 k+1
7. Si c /= 1 est un réel et si a et b sont deux applications de l’intervalle I ⊂ R
dans R, montrer que l’application y : I → R∗+ est solution de l’équation
différentielle de Bernoulli
S = δ1 f (a + !1 δ1 ) + δ2 f (x1 + !2 δ2 ) + . . . + δn f (xn−1 + !n δn )
395
396 CHAPITRE 11. INTÉGRALE SUR UN INTERVALLE ET SÉRIES
ou #J #
# x #
#
# f − f (c)(x − c)## ≤ !/2,
c 2
Nous allons montrer que cette condition nécessaire d’intégrabilité sur [a, b]
est également suffisante. Ce résultat, qui est très utile pour l’obtention de
tests pratiques d’intégrabilité sur un intervalle, porte le nom de théorème
de Hake. Il n’est pas valable pour la R-intégrabilité ou la L-intégrabilité
car l’existence de la limite du membre de gauche dans l’égalité ci-dessus
n’entraı̂ne pas nécessairement la R- ou la L-intégrabilité sur [a, b] de f ,
c’est-à-dire l’existence du membre de droite. Dans le cadre de ces types
d’intégration, cette limite doit être et est appelée intégrale impropre ou
intégrale généralisée.
11.1. THÉORÈME DE HAKE 397
Théorème. Soit f une fonction de R dans Rp définie sur [a, b]. Si f est
intégrable sur [a, c] pour chaque c ∈ ]a, b[ et si
J c
lim f = J,
c→b− a
Démonstration. Soit ! > 0; nous allons construire une jauge δ sur [a, b]
telle que
|S(]a, b], f, Π) − J|2 ≤ !
dès que Π est une P-partition δ-fine de ]a, b]. Si nous posons aj = b − 2−j (b −
a), (j ∈ N), alors a0 = a, a < aj < aj+1 < b pour chaque j ∈ N∗ et
>
[a, b[ = [aj , aj+1 [.
j∈N
Dès lors, la fonction f est intégrable sur [aj , aj+1 ] pour chaque j ∈ N et il
existe donc une jauge δj sur [aj , aj+1 ] telle que
# J aj+1 ##
# !
# #
#S(]aj , aj+1 ], f, Πj ) − f # ≤ j+2 ,
# aj # 2 2
f (b)(b − c) → 0 si c → b, c < b,
On a donc # #
#m #
#$ #
|S(I, f, Π) − J|2 = ## µ(I j )f (xj ) − J ##
#j=1 #
2
#
#q−1
#$ $
= ## µ(I j ∩ ]ak , ak+1 ])f (xj )
#k=0 {1≤j≤m:I j ∩ ]a
k ,ak+1 ](=∅}
$
+ µ(I j ∩ ]aq , d])f (xj ) + (b − d)f (b)
{1≤j≤m:I j ∩ ]aq ,d](=∅}
#
#
$ J ak+1
q−1 J d J d #
− f− f+ f − J ##
k=0 ak aq a #
2
# #
#q−1 2 J ak+1 3#
#$ #
≤ ## S(]ak , ak+1 ], f, Πk ) − f ##
#k=0 ak #
2
# #
# $ J d #
# #
+ ## µ(I ∩ ]aq , d])f (x ) −
j j
f ##
#{1≤j≤m:I j ∩ ]aq ,d](=∅} aq #
2
11.2. INTÉGRALE SUR UN INTERVALLE BORNÉ 399
#J #
# d #
# #
+# f − J + (b − d)f (b)# .
# a #
2
Le premier et le dernier terme de cette expression ont déjà été estimés. Pour
celui du milieu, il suffit de remarquer que la famille
f (x) = (b − x)−p ,
où p > 0. La fonction f est primitivable sur ]−∞, b[ et l’une de ses primitives
est donnée par la fonction F définie par F (x) = (p − 1)−1 (b − x)1−p si p /= 1
et F (x) = − ln(b − x) si p = 1. En conséquence, si a < b est donné, f est
intégrable sur [a, c] quel que soit c ∈ ]a, b[ et
J c
f = (p − 1)−1 [(b − c)1−p − (b − a)1−p ]
a
si p /= 1 et J c
f = ln(b − a) − ln(b − c)
a
f (x) = (x − a)−p ,
où p > 0. La fonction f est primitivable sur ]a, +∞[ et l’une de ses primitives
est donnée par la fonction F définie par F (x) = (1 − p)−1 (x − a)1−p si p /= 1
et F (x) = ln(x − a) si p = 1. En conséquence, si b > a est donné, f est
intégrable sur [c, b] quel que soit c ∈ ]a, b[ et
J b
f = (1 − p)−1 [(b − a)1−p − (c − a)1−p ]
c
si p /= 1 et
J b
f = ln(b − a) − ln(c − a)
c
11.2. INTÉGRALE SUR UN INTERVALLE BORNÉ 401
existe.
Les propriétés élémentaires de l’intégrale (linéarité, propriétés d’or-
dre, passage aux composantes, comportement par rapport à une translation
ou une homothétie) et les propriétés d’additivité et de restriction s’é-
tendent immédiatement, à partir des définitions et des propriétés correspon-
dantes de l’intégrale ordinaire, aux intégrales sur un semi-intervalle ou sur
un intervalle ouvert bornés.
Le théorème fondamental du calcul différentiel et intégral peut
être étendu à l’intégration sur un intervalle borné quelconque.
Proposition. Soit f une fonction de R dans Rp primitivable sur ]a, b[ et F
une primitive de f sur ]a, b[. Si
lim F (c) et lim F (c)
c→a+ c→b−
Démonstration. La fonction f , primitivable sur ]a, b[, l’est sur [c, c$] quels
que soient c < c$ dans ]a, b[ et dès lors, par le théorème fondamental du calcul
différentiel et intégral et l’additivité de l’intégrale, si d ∈ ]a, b[ est fixé et si
c < d < c$ , f est intégrable sur [c, d] et sur [d, c$] et l’on a
J d J c"
f = F (d) − F (c), f = F (c$ ) − F (d).
c d
et J c"
"
lim f = "lim [F (c$ ) − F (d)] = "lim F (c$ ) − F (d),
c →b− d c →b− c →b−
le théorème de Hake entraı̂ne l’intégrabilité de f sur ]a, d] et sur [d, b[, avec
J d J b
f = F (d) − lim F (c), f = "lim F (c$ ) − F (d),
a c→a+ d c →b−
1
h(x) = 2x sin si x /= 0, h(0) = 0,
x2
nous constatons immédiatement que h, continue sur R, sera intégrable sur
[0, b] quel que soit b > 0, et il en sera dès lors de même de g = h − f.
En particulier, g est intégrable sur [0, 1]. Nous allons montrer que |g| n’est
pas intégrable sur [0, 1], ce qui entraı̂nera que g ∈ P ([0, 1], R) \ L([0, 1], R).
Notons tout d’abord que |g|, continue sur [c, 1] quel que soit c ∈ ]0, 1[, est
primitivable sur [c, 1]. Le théorème d’intégration par substitution s’applique
donc à |g| sur chaque intervalle [((k + 1)π)−1/2, (kπ)−1/2], (k ∈ N∗ ), et
fournit, en effectuant la substitution x2 2→ y1 ,
J (kπ)−1/2
# # J
2 ## 1# (k+1)π | cos y|
cos 2 ## dx = dy.
((k+1)π)−1/2 x# x kπ y
D’autre part,
J J
(k+1)π | cos y| 1 (k+1)π 2
dy ≥ | cos y| dy =
kπ y (k + 1)π kπ (k + 1)π
J J
2 k+2 dy 2 k+2 dy
= ≥ .
π k+1 k+1 π k+1 y
Dès lors, pour tout entier n ≥ 0, on a
J 1 J 1 n J
$ (kπ)−1/2
|g| = |g| + |g|
((n+1)π)−1/2 π−1/2 k=1 ((k+1)π)
−1/2
J n J k+2 J 1 J
1 2$ dy 2 n+2 dy
≥ |g| + = |g| +
π−1/2 π k=1 k+1 y π−1/2 π 2 y
J 4 5
1 2 n+2
= |g| + ln .
π−1/2 π 2
H
Il en résulte aussitôt que limc→0+ c1 |g| n’existe pas et |g| n’est pas intégrable
sur [0, 1].
On peut aussi étendre à l’intégrabilité sur un intervalle borné quel-
conque la formule d’intégration par parties. Nous traiterons le cas
de l’intégration sur ]a, b[, l’adaptation à ]a, b] ou à [a, b[ étant aisée.
404 CHAPITRE 11. INTÉGRALE SUR UN INTERVALLE ET SÉRIES
Démonstration. Soit d ∈ ]a, b[ fixé et soient c et c$ tels que a < c < d <
c < b. Par hypothèse, f $ g est intégrable sur [c, d] et sur [d, c$] et la formule
$
J c" J b
"
lim f g $ = "lim f (c$ )g(c$) − f (d)g(d) − f $ g.
c →b− d c →b− d
lim (f g)(x) = 0,
x→0+
tandis que f g est continue en b. Par conséquent, ln est intégrable sur [0, b]
et J b
ln x dx = b ln b − b.
0
Définition. Soit I = [a, b[, ]a, b], ou ]a, b[ et f une fonction de R dans
Rp définie sur I. On dira que f est intégrable au sens de Lebesgue ou L-
intégrable ou absolument intégrable sur I si f et |f |2 sont intégrables sur
I.
Les propriétés élémentaires de la L-intégrale, ainsi que les propriétés
d’additivité et de restriction s’étendent immédiatement à ce nouveau type
d’intégrale. Bien que le théorème de Hake ne soit pas vrai, comme on l’a
déjà remarqué plus haut, pour la L-intégrabilité, c’est-à-dire si l’on remplace
partout “intégrable” par “L-intégrable”, il en existe une version plus restric-
tive qui fait intervenir l’intégrale indéfinie de |f |2 . Donnons ce théorème
de Hake pour la L-intégrabilité, pour fixer les idées, dans le cas d’un
intervalle de type [a, b[, les autres cas étant analogues.
Proposition. Soit f une fonction de R dans Rp définie sur [a, b[. Alors f
est L-intégrable sur [a, b[ si et seulement si f est L-intégrable sur [a, c] quel
que soit c ∈ ]a, b[ et si
J c
lim |f |2
c→b− a
existe.
Démonstration. Condition nécessaire. Si f est L-intégrable sur [a, b[,
alors, par définition, il existe un prolongement f˜ de f à [a, b] tel que f˜
˜ 2 soient intégrables sur [a, b]. En conséquence, par la continuité de
et |f|
H H
l’intégrale indéfinie, limc→b− ac |f |2 = limc→b− ac |f˜|2 existe.
Condition
Hc
suffisante. Par le théorème de Hake, il suffit de montrer que
limc→b− a f existe, ce qui sera le cas si la condition de Cauchy correspondant
à cette limite est vérifiée. Or, si a < c < c$ < b, on a
#J " # J c"
# c #
# #
# f# ≤ |f |2 ,
# c # c
2
pour tout x ∈ [a, b[, alors f est L-intégrable sur [a, b[.
pour tout x ∈ ]a, b], alors f est L-intégrable sur ]a, b].
pour tout x ∈ ]a, b[, alors f est L-intégrable sur ]a, b[.
f (x) f (x)
lim (resp. lim )
x→b− g(x) x→a+ g(x)
d f (x) d
− ≤ −d≤ ,
2 g(x) 2
et dès lors 4 5 4 5
d 3d
0≤ g(x) ≤ f (x) ≤ g(x).
2 2
Comme les fonctions ( d2 )g, ( 3d
2 )g et g sont simultanément intégrables sur I,
la thèse en résulte en appliquant deux fois le test de comparaison. Enfin,
dans le cas de l’hypothèse 3, il existe c ∈ ]a, b[ tel que, pour tout x ∈ [c, b[,
on ait f (x) > 0. En outre, l’hypothèse équivaut à
g(x)
lim = 0,
x→b− f (x)
B(a, b) = B(b, a)
existe.
c. g est dérivable sur I.
d. g $ est L-intégrable sur I.
Alors f g est intégrable sur I.
Démonstration. Par l’hypothèse b, |F | est majorée sur [c, b[ (resp. ]a, c])
pour un certain c ∈ ]a, b[. Comme F est continue sur [a, c] (resp. [c, b]),
|F | y est également majorée. Enfin, par le théorème fondamental du calcul
différentiel et intégral et la continuité de l’intégrale indéfinie, on a
2 J c 3 J b
lim g(c) = lim g(a) + g $ = g(a) + g $,
c→b− c→b− a a
2 J c 3 J b
(resp. lim g(c) = lim g(b) + g $ = g(b) − g $ ),
c→a+ c→a+ b a
Exemple. Pour tout α ∈ [0, 2[, la fonction h : x 2→ x−α cos x1 est intégrable
sur ]0, 1]. En effet, elle peut s’écrire h = f g avec
4 5$
1 1
f (x) = x−2 cos = − sin , g(x) = x2−α,
x x
qui vérifient les conditions du test de Dirichlet.
f sur R et noté
J J +∞ J J +∞
f ou f ou f (x) dx ou f (x) dx.
R −∞ R −∞
412 CHAPITRE 11. INTÉGRALE SUR UN INTERVALLE ET SÉRIES
existe, auquel cas cette limite est l’intégrale de f sur R. On peut également
vérifier sans peine que si f est une fonction de R dans Rp définie sur [a, b] et
si l’on définit l’application f[a,b] de R dans Rp par f[a,b](x) = f (x) si x ∈ [a, b]
et f[a,b] (x) = 0 si x ∈ R \ [a, b], alors f est intégrable sur [a, b] si et seulement
si f[a,b] est intégrable sur R.
Définition. Soit I l’un des intervalles non bornés considérés dans les défi-
nitions précédentes et soit f une fonction de R dans Rp définie sur I. On
dit que f est intégrable au sens de Lebesgue ou L-intégrable ou absolument
intégrable sur I si f et |f |2 sont intégrables sur I.
Exemples. 1. Si a > 0, la fonction f : x 2→ x−c est L-intégrable sur
I = [a, +∞[ si et seulement si c > 1. En effet, f étant positive sur l’intervalle
considéré, elle y est L-intégrable si et seulement si elle y est intégrable. En
outre, f est primitivable sur I, une primitive étant donnée par F (x) =
(1 − c)−1 x1−c si c /= 1 et par F (x) = ln x si c = 1. Dès lors, si b > a, on a
J b b
f = (1 − c)−1 (b1−c − a1−c ) ou ln ,
a a
H
selon que c /= 1 ou c = 1, et par conséquent limb→+∞ ab f existe si et
seulement si 1 − c < 0. On énoncera et démontrera aisément le résultat
correspondant pour le cas de ] − ∞, a] lorsque a < 0.
2. Aucune fonction constante non nulle n’est intégrable sur ] − ∞, a] ou
[a, +∞[. De même, la fonction cos n’est H
pas intégrable sur ces intervalles
puisque, par exemple, la fonction b 2→ ab cos x dx = sin b − sin a n’a pas de
limite lorsque b → +∞.
3. La fonction f : x 2→ exp(−|x|) est L-intégrable sur R. En effet, f
positive et continue, et donc primitivable sur R, est L-intégrable sur [a, 0] et
sur [0, b] quels que soient a < 0 < b et l’on a
J 0 J 0 J b J b
f= exp x dx = 1 − exp a, f= exp(−x) dx = 1 − exp(−b),
a a 0 0
11.3. INTÉGRALE SUR UN INTERVALLE NON BORNÉ 413
et dès lors J
exp(−|x|) dx = 2.
R
Les propriétés élémentaires de l’intégrale et de la L-intégrale,
ainsi que les propriétés d’additivité et de restriction de ces intégrales
s’étendent immédiatement au cas d’un intervalle non borné. Il en est de
même, avec des démonstrations strictement analogues, pour l’extension
du théorème du calcul différentiel et intégral, de la formule d’inté-
gration par parties, du test de comparaison de L-intégrabilité, du
test de la limite et des tests de Du Bois-Reymond, Abel, Dedekind
et Dirichlet pour l’intégrabilité d’un produit.
Exemples. 1. Si c > 0, la fonction f définie sur ]0, +∞[ par f (x) =
xc−1 exp(−x) est continue (donc primitivable) et telle que
f (x) f (x)
lim = 1, lim = 0,
x→0+ xc−1 x→+∞ exp(−x/2)
puisque
2 3
f (x) x
lim = lim exp − + (c − 1) ln x =
x→+∞ exp(−x/2) x→+∞ 2
4 5 2 3
x ln x
lim exp − . 1 − 2(c − 1) = 0.
x→+∞ 2 x
Dès lors, par le test de la limite et l’intégrabilité de la fonction x 2→ xc−1 sur
]0, 1] et de la fonction x 2→ exp(− x2 ) sur [1, +∞[, on voit que l’intégrale
J +∞
xc−1 exp(−x) dx
0
où λ > 0 et g est une fonction définie au moins sur ]0, +∞[. Si f désigne
l’une des fonctions cos(λ·) ou sin(λ·), alors f est continue sur R et
#J # J # #
# x # | sin λx| # x # |1 − cos λx|
#
# cos λt dt## = ≤ λ−1 , ## sin λt dt## = ≤ 2λ−1 .
0 λ 0 λ
et
J J
+∞ cos λx +∞
√ dx = 2 cos λy 2 dy.
0 x 0
C’est évident pour la dernière intégrale puisque a[·] a sur [[b], b] la valeur
constante a[b] . Pour l’intervalle [k, k + 1], la fonction a[·] a, sur [k, k + 1[ la
valeur constante ak et dès lors
J c
a[x] dx = (c − k)ak ,
k
%
Proposition. La série k∈N ak converge si et seulement si la fonction as-
sociée a[·] est intégrable sur [0, +∞[, auquel cas l’on a
∞
$ J ∞
ak = a[x] dx.
k=0 0
on voit que
J b
lim Aq = lim a[x] dx,
q→∞ b→+∞ 0
Il est maintenant facile de traduire dans le langage des séries, via les
propositions précédentes et la fonction associée, un certain nombre de résul-
tats d’intégrabilité obtenus dans la section précédente. Le premier fournit
un test de comparaison pour la convergence absolue d’une série.
% %
Proposition. Si la série k∈N ak dans Rp et la série k∈N bk dans R+ sont
telles que, pour un certain entier q ≥ 0 et chaque entier k ≥ q, on ait
|ak |2 ≤ bk ,
% %
et si la série k∈N bk converge, alors la série k∈N ak converge absolument.
Le deuxième est le test de la limite pour la convergence des séries
à termes positifs.
% %
Corollaire. Soit k∈N ak et k∈N bk deux séries réelles pour lesquelles il
existe un entier q ≥ 1 tel que ak ≥ 0 et bk > 0 si k ≥ q. Supposons en outre
que limk→+∞ abkk existe au sens large, et notons la d.
% %
1. Si d = 0 et si k∈N bk converge, alors k∈N ak converge.
% %
2. Si d > 0 est fini, k∈N ak et k∈N bk convergent et divergent simul-
tanément.
% %
3. Si d = +∞ et si k∈N ak converge, alors k∈N bk converge.
Le test de comparaison permet de démontrer le test intégral de Mac-
laurin-Cauchy pour la convergence de séries positives dont les termes sont
donnés par la restriction à N d’une fonction positive et décroissante sur
[0, +∞[.
Proposition. Soit f une fonction réelle définie, positive et décroissante sur
%
[0, +∞[. Alors la série k∈N f (k) converge si et seulement si f est intégrable
sur [0, +∞[.
Démonstration. Notons tout d’abord que f , décroissante sur [0, +∞[,
est R-intégrable sur [0, b] quel que soit b > 0, et dès lors
H
l’intégrabilité de f
sur [0, +∞[ équivaut à l’existence de la limite limb→+∞ 0b f. Par ailleurs, les
% %
séries k∈N f (k) et k∈N f (k + 1) convergent et divergent simultanément.
%
Soit fˆ : x 2→ f ([x]) la fonction associée à la série k∈N f (k) et fˇ : x 2→
%
f ([x] + 1) la fonction associée à la série k∈N f (k + 1). Par la décroissance
de f , on a évidemment
0 ≤ fˇ(x) = f ([x] + 1) ≤ f (x) ≤ f ([x]) = fˆ(x),
pour tout x ∈ [0, +∞[, et le test de comparaison montre alors que f, fˆ et
%
fˇ sont simultanément intégrables sur [0, +∞[. En conséquence, k∈N f (k)
converge si et seulement si f est intégrable sur [0, +∞[.
11.4. TESTS DE CONVERGENCE DES SÉRIES 419
montre qu’il faudra plus de exp 10 = 22.026 termes pour que les sommes
partielles dépassent 10 ! La différence
q
$ 1
− ln q
k=1
k
Hq
entre la q e somme partielle de la série harmonique et ln q = dx
1 x est égale,
puisque
$q $q
k
ln q = [ln k − ln(k − 1)] = ln ,
k=2 k=2
k−1
à
q 4 5
$ 1 k
1+ − ln .
k=2
k k−1
D’autre part, en utilisant l’expression de Lagrange du reste du développe-
ment de Taylor, il existera, pour chaque entier k ≥ 2, un θk ∈ ]0, 1[ tel
que
4 5 4 54 5
k 1 1 1 1 1
− ln = ln 1 − = ln 1 − − 8 9 .
k−1 k k 2 k 2 θk 2
1− k
420 CHAPITRE 11. INTÉGRALE SUR UN INTERVALLE ET SÉRIES
Par conséquent,
q q 4 54 5
$ 1 1$ 1 1
− ln q = 1 + 8 9 .
k=1
k k=2
2 k 2
1− kθk 2
Comme
1
2
lim k
4 5 = 2,
k→∞
( 12 )( k12 ) 1
θ
(1− kk )2
%
le test de la limite et la convergence de la série de Riemann k∈N∗ k12 entraı̂ne
%
la convergence de la série 1+ k≥2 ( k1 −ln k−1k
), et donc l’existence de la limite
, q
-
$ 1
lim − ln q .
q→∞
k=1
k
C = 0, 577215664901532860606512090082....
1
lim k
1 = +∞
k→∞
k ln k
et la fonction décroissante x 2→ x ln
1
x n’est pas intégrable sur [2, +∞[. Le
test de Maclaurin-Cauchy montre aussitôt que la série d’Abel est divergente.
%
Par contre, le même test montre que, pour tout a > 1, la série k≥2 k(ln1k)a
est convergente.
sinon.
%
1. Si L < 1, la série k∈N ak converge absolument.
%
2. Si L > 1, la série k∈N ak diverge.
%
3. Si L = 1, on ne peut pas conclure, c’est-à-dire la série k∈N ak peut
converger ou diverger.
1/k
L−! ≤ sup |ak |2 ≤ L + !,
{k∈N:k≥q}
1/k
pour tout q ≥ m, et dès lors, pour tout k ≥ m, on aura |ak |2 ≤ L + !,
%
c’est-à-dire |ak |2 ≤ (L + !)k . Comme la série géométrique k∈N (L + !)k est
convergente, la thèse résulte du test de comparaison.
422 CHAPITRE 11. INTÉGRALE SUR UN INTERVALLE ET SÉRIES
Supposons maintenant que L > 1 et considérons le cas où L est fini (on
procède de même pour L = +∞). La décroissance de la suite
& '
1/k
sup |ak |2
{k∈N:k≥q} q∈N
entraı̂ne que, pour tout q ∈ N, on a
1/k
sup |ak |2 ≥ L > 1.
{k∈N:k≥q}
Choisissons ! > 0 tel que L−! > 1 (par exemple ! = L−1 2 ). La caractérisation
du supremum appliquée à l’inégalité ci-dessus entraı̂ne alors l’existence, pour
chaque q ∈ N, d’un entier kq ≥ q tel que
1/kq 1/k
|akq |2 ≥ sup |ak |2 − ! ≥ L − ! > 1,
{k∈N:k≥q}
et donc tel que |akq |2 > 1. Par conséquent, la suite (ak )k∈N des termes de
%
la série ne tend pas vers zéro et la série k∈N ak diverge. Enfin, la série de
%
Riemann k∈N∗ k1c , avec c > 0 est telle que (k−c )1/k = [k1/k ]−c . Par ailleurs,
l’étude élémentaire du comportement de la fonction x 2→ x1/x montre que
cette fonction décroı̂t pour x ≥ e et tend vers 1 lorsque x tend vers l’infini
(calculer la dérivée et utiliser la règle de l’Hospital). En conséquence, la
suite ([k1/k ]−c )k≥3 est croissante et a pour limite 1, ce qui entraı̂ne, puisque
sup ([k1/k ]−c ) = 1,
{k∈N:k≥q}
ce qui implique L = a.
11.5. TESTS DE LA RACINE ET DU QUOTIENT 423
%
1. Si C > 0 est fini, et si l’on pose R = 1/C, la série k∈N ck (z −a)k converge
absolument si |z − a| < R et diverge si |z − a| > R.
%
2. Si C = 0, la série k∈N ck (z − a)k converge absolument pour tout z ∈ C.
%
3. si C = +∞, la série k∈N ck (z − a)k converge absolument pour z = a et
diverge pour tout z /= a.
Démonstration. Appliquons le test de la racine de Cauchy à la série
$
ck (z − a)k .
k∈N
et dès lors L = |z − a|C. Dès lors, si C > 0 est fini, L < 1 si et seulement si
|z − a| < 1/C = R et L > 1 si et seulement si |z − a| > 1/C = R, et la thèse
résulte du critère de la racine de Cauchy. Si C = 0, L = 0 quel que soit z ∈ C
et le critère de la racine de Cauchy permet encore de conclure. Si C = +∞,
alors, pour chaque z /= a, L = +∞ et la série diverge. Sa convergence pour
z = a est triviale puisque ses termes sont nuls dès que k ≥ 1.
Lorsque C > 0 est fini, le nombre R = 1/C s’appelle le rayon de con-
%
vergence de la série k∈N ck (z − a)k et le disque ouvert de centre a et de
rayon R s’appelle son disque de convergence. Lorsque limk→∞ |ck |1/k existe
et est strictement positive, les résultats de la section précédente entraı̂nent
évidemment que le rayon de convergence est égal à l’inverse de cette limite.
En utilisant un cas particulier du critère du quotient de d’Alembert, on
peut obtenir un théorème de convergence moins général, mais souvent plus
facile à appliquer que le précédent.
%
Proposition. Soit k∈N ck (z − a)k une série potentielle telle que ck /= 0
|c |
pour chaque k ∈ N. Si la limite limk→∞ |ck+1 k|
existe et est strictement
positive, elle est égale à l’inverse du rayon de convergence de la série. Si elle
est nulle, la série converge absolument pour tout z ∈ C. Si elle est égale à
+∞, la série diverge pour tout z /= a.
Démonstration. Etudions la convergence absolue de la série
$
ck (z − a)k
k∈N
|c |
si r = limk→∞ |ck+1
k|
. La thèse se déduit alors du cas particulier du test de
d’Alembert où Q1 = Q2 .
Exemples. 1. Rappelons que si z ∈ C, la série exponentielle de z est la
% k
série potentielle k∈N zk! . Puisque
1
(k+1)! 1
lim = lim = 0,
k→∞ 1
k!
k→∞ k+1
et dès lors elle converge absolument pour |z| < 1 et diverge pour |z| > 1. Le
théorème fondamental de convergence d’une série entière ne fournit aucune
information sur sa convergence lorsque |z| = 1 et il faut étudier chaque
série cas
# k #par cas. Si nous remarquons que, pour |z| = 1 et chaque k ∈ N ,
∗
#z #
on a # kc # = kc , le test de comparaison et la convergence de la série de
1
tels que |z − a| soit égal au rayon de convergence, diverger en tous ces points,
ou encore converger en certains de ces points et diverger en d’autres. Nous
reviendrons sur cette question dans la section suivante.
On peut associer à une série potentielle une famille d’autres séries po-
tentielles ayant le même rayon de convergence.
%
Définition. On appelle série dérivée de la série potentielle k∈N ck (z − a)
k
la série potentielle
$ $
kck (z − a)k−1 = (k + 1)ck+1 (z − a)k ,
k∈N∗ k∈N
et dès lors C = C $ .
On peut évidemment itérer le processus de passage à la série dérivée et
considérer la série dérivée de la série dérivée
$ $
(k − 1)kck (z − a)k−2 = (k + 1)(k + 2)ck+2 (z − a)k ,
k≥2 k∈N
%
Il s’agit d’un cas particulier de séries de la forme k∈N dk exp ikt où t ∈ R
et (dk )k∈N est une suite de nombres complexes. Ces séries s’appellent des
%
séries trigonométriques et elles sont du type k∈N ak bk avec bk = dk et
ak = exp ikt. Pour de tels ak , on a pour chaque q ∈ N,
q
$ 1 − exp[i(q + 1)t]
Aq = exp ikt = si t /= 2πm, m ∈ Z
k=0
1 − exp it
q−1
$
= Aq bq + Ak (bk − bk+1 ) (q ∈ N).
k=0
Si M > 0 est tel que |Ak | ≤ M pour chaque k ∈ N, alors
Corollaire. Soit (ak )k∈N et (bk )k∈N deux suites dans K vérifiant les condi-
tions suivantes.
%
a. La série k∈N ak converge.
%
b. La série k∈N (bk − bk+1 ) converge absolument.
%
Alors la série k∈N ak bk converge.
Démonstration. Par l’hypothèse a, la suite des sommes partielles
(Aq )q∈N est convergente, et donc bornée. Les sommes partielles de la série
%
k∈N (bk − bk+1 ) sont données par
q
$ q
$ q+1
$
(bk − bk+1 ) = bk − bk = b0 − bq+1 .
k=0 k=0 k=1
Par l’hypothèse b, la suite (b0 − bq+1 )q∈N converge, et il en est donc de même
de (Aq bq )q∈N. Le lemme d’Abel permet de conclure.
Le deuxième résultat s’appelle le test de convergence d’Abel.
Corollaire. Soit (ak )k∈N une suite dans K et (bk )k∈N une suite dans R
vérifiant les conditions suivantes.
%
a. La série k∈N ak converge.
b$ . La suite (bk )k∈N est monotone et convergente.
%
Alors la série k∈N ak bk converge.
Démonstration. Comme (bk )k∈N est monotone, les expressions bk − bk+1
%
ont toutes le même signe et la série k∈N (bk − bk+1 ) converge absolument si
et seulement si elle converge, ce qui est le cas puisque, comme on l’a montré
plus haut, la suite de ses sommes partielles est la suite (b0 − bq+1 )q∈N qui
converge par l’hypothèse b’.
%
Les test suivants ne requièrent plus la convergence de k∈N ak . On a
d’abord le test de convergence de Dedekind.
Corollaire. Soit (ak )k∈N et (bk )k∈N deux suites dans K vérifiant les condi-
tions suivantes.
A. La suite (Aq )q∈N est bornée.
%
B. La série k∈N (bk − bk+1 ) converge absolument.
C. La suite (bk )k∈N converge vers zéro.
%
Alors la série k∈N ak bk converge.
Démonstration. Si M majore tous les |Aq |, on a |Aq bq | ≤ M |bq | pour
tout q ∈ N, et dès lors limq→∞ Aq bq = 0. La thèse résulte du lemme d’Abel.
432 CHAPITRE 11. INTÉGRALE SUR UN INTERVALLE ET SÉRIES
avec ak = dk + d−k , bk = i(dk − d−k ), (k ∈ N). Si l’on pose Ak = (a2k + b2k )1/2
et θk = arctan abkk , cette dernière série prend la forme équivalente
$
Ak sin(kt + θk ).
k∈N
11.8 Exercices
1. Utiliser le théorème de Hake, la convergence de la série harmonique
alternée et la divergence de la série harmonique pour montrer que la fonction
f de R dans R définie par f (0) = 0 et
2 3
1
f (x) = (−1)[ x ]
1
,
x
pour x ∈ ]0, 1] (où [u] désigne la partie entière de u) est intégrable sur [0, 1]
mais n’y est pas L-intégrable.
2. Soit g une fonction de R dans R de classe C 1 sur R et a− , a+ deux zéros
consécutifs de g entre lesquels g est strictement positive. Utiliser le théorème
de Lagrange et le test de la limite d’intégrabilité pour montrer que, si a− et
a+ sont des zéros simples de g (c’est-à-dire des zéros tels que g $ (a− ) /= 0 et
g $ (a+ ) /= 0) alors la fonction x 2→ √ 1 est intégrable sur ]a− , a+ [. Ce type
g(x)
d’intégrale intervient dans la discussion, à partir de l’intégrale d’énergie, du
mouvement d’un système mécanique conservatif à un degré de liberté.
3. Montrer que la fonction f de R dans R définie par f (0) = 0 et f (x) = x1
si x /= 0 n’est pas intégrable sur ]a, b[ lorsque a < 0 < b. Montrer toutefois
que ,J -
−c dx J b
dx b
lim + = log .
c→0+ a x c x |a|
Cette limite s’appelle la valeur principale de Cauchy de l’“intégrale” de f
sur ]a, b[ et s’écrit
J b
dx b
vp = log .
a x |a|
4. Soit p ≥ 1 un entier, f une fonction de R dans R de classe C p sur [0, 1],
et α ∈ ]0, 1[. En utilisant le reste de Lagrange du développement de Taylor
434 CHAPITRE 11. INTÉGRALE SUR UN INTERVALLE ET SÉRIES
ak
bk − bk+1 > h,
ak+1
pour tout k ≥ m. on en déduit aisément que, pour tout k ≥ m, on a
et dès lors la suite (Ak )k≥m est majorée par Am + bmham . En déduire le test
de Raabe : si limk→∞ k( aak+1 k
− 1) > 1, alors la série à termes strictement
%
positifs k∈N ak converge.
% m(m−1)...(m−k+1) k
6. Montrer que, si m ∈ R, la série binomiale k∈N k! z a un
rayon de convergence égal à un. Cette série se réduit au développement de
(1 + z)m par le binôme de Newton si m ≥ 1 est un entier.
m(m − 1) . . . (m − n + 2)(m − n + 1)
µn ;
2.3.4. . . .(n − 1).n
Soit
a0 , a1 x, a2 x2 , . . . , an xn , etc . . . ,
une série ordonnée suivant les puissances entières et ascendantes de la vari-
able x. Théorème. Soit A la limite vers laquelle converge, pour des valeurs
croissantes de n, la racine ne des plus grandes valeurs numériques de an .
La série sera convergente pour toutes les valeurs de x comprises entre les
limites
1 1
x=− , x=+ ,
A A
et divergentes pour toutes les valeurs de x situées hors des mêmes limites.
Augustin Cauchy, 1821
a0 + a1 x + . . . + am xm + . . . ,
1/m
dans le cas où le module de am+1
am ou celui de am a une limite. Cette limite
est alors l’inverse du rayon de convergence. L’objet de la présente note est
de résoudre le problème dans tous les cas. Pour cela, je rappellerai quelques
principes relatifs aux suites infinies.
Soit une suite infinie de nombres positifs
u0 , u1 , . . . , um, . . . .
Il peut arriver, comme premier cas, que cette suite contienne des termes
supérieures à tout nombre donné A.
S’il n’en est pas ainsi, il y a lieu de distinguer deux classes de nombres.
Dans la première, on mettra tout nombre A tel qu’il existe dans la suite des
termes d’un rang aussi élevé qu’on le veut supérieurs à A; dans la seconde,
tout nombre B, tel que tous les termes de la suite, à partir d’un certain
rang, soient moindres que B. Il est clair que si un nombre A appartient à la
première classe, il en est de même de tous les nombres inférieurs, et que si
un nombre B est de la seconde classe, il en est de même de tous les nombres
supérieurs. La supposition que nous avons faite au commencement de cet
alinée consiste dans l’existence des nombres de la seconde classe.
Il est alors facile de définir, par des procédés bien connus, un nombre
α, tel que la première classe soit composée des nombres plus petits que α,
et la seconde, des nombres plus grands que α; en sorte que α − !(! > 0)
appartiendra à la première classe, et α + ! à la seconde. Pour abréger, nous
appellerons ce nombre α la limite supérieure de la suite.
Cette limite est nulle dans le cas où la suite tend vers 0, et dans ce cas
seulement.
Cela posé, pour rechercher le cercle de convergence de la série donnée, il
suffira de considérer la suite
|a1 |, |a2|1/2, . . . , |am|1/m, . . . .
1. Si cette suite contient des termes supérieurs à toute quantité donnée, la
série n’est jamais convergente;
2. Si cette suite ne renferme pas de termes augmentant indéfiniment, elle
admet une limite supérieure α. Le rayon de convergence de la série est alors
ρ = α1 .
3. La condition nécessaire et suffisante pour que la série soit convergente
dans tout le plan et représente une fonction entière est que |am |1/m tende
vers zéro.
Jacques Hadamard, 1888
Chapitre 12
437
438 CHAPITRE 12. SUITES ET SÉRIES DE FONCTIONS
dernier nombre est entier et par ln x + 1, s’il ne l’est pas, où [y] désigne la
ln !
partie entière du réel y. On voit donc que m(!, x) tend vers l’infini lorsque
x tend vers 1 par valeurs strictement inférieures à un.
2. Considérons la suite (fk )k∈N de fonctions réelles d’une variable réelle
définies par fk (x) = 1+(x−k)
1
2 . Pour chaque k ∈ N, on vérifie facilement que
1
lim = 0.
k→∞ 1 + (x − k)2
Par conséquent, cette suite converge ponctuellement sur R vers l’application
nulle. Le lecteur vérifiera facilement que la quantité m(!, x) introduite dans
l’exemple précédent tend vers +∞ lorsque x tend vers l’infini.
3. Si E = R, la suite de fonctions réelles (fk )k∈N définies par f0 (x) = 0
et fk (x) = k−1/2 sin kx pour k ≥ 1 converge ponctuellement sur R vers
l’application nulle sur R.
La conséquence immédiate suivante de la définition et des propriétés des
suites dans Rp montre qu’on peut se ramener à l’étude de la convergence
ponctuelle des suites de fonctions réelles.
Proposition. La suite (fk )k∈N converge ponctuellement sur E vers f si et
seulement si chaque suite de fonctions réelles (pq ◦fk )k∈N converge ponctuelle-
ment sur E vers pq ◦ f .
Le critère de Cauchy de convergence d’une suite dans Rp appliqué à
chaque suite (fk (x))k∈N fournit évidemment un critère de Cauchy de
convergence ponctuelle sur E.
Proposition. La suite (fk )k∈N converge ponctuellement sur E si et seule-
ment si
l’exemple précédent, chaque fk est intégrable sur ]0, 1] alors que f ne l’est
pas, ainsi que cela se vérifie en utilisant le théorème de Hake.
Si l’on note que les propriétés des fonctions que nous venons d’analyser
expriment une certaine “solidarité” entre les valeurs de la fonction et que la
convergence ponctuelle (c’est-à-dire “point par point”) est un concept tout
à fait “individualiste”, on ne doit pas s’étonner trop que ces propriétés ne
subsistent pas nécessairement après passage à la limite. Il convient donc
d’introduire une notion de convergence plus globale si l’on veut que la fonc-
tion limite conserve de telles propriétés.
3. La suite réelle (supx∈E |fk (x) − f (x)|2 )k∈N converge vers zéro.
Exemple. Dans l’exemple 3 de suite de fonctions donné dans la section
précédente, il y a converge uniforme sur R vers l’application nulle puisque
la suite 4 5
−1/2
sup |k sin kx| = (k−1/2)k∈N∗
R k∈N∗
converge vers zéro.
Signalons une autre conséquence immédiate de la définition.
442 CHAPITRE 12. SUITES ET SÉRIES DE FONCTIONS
|fk (x) − fq (x)|2 ≤ |fk (x) − f (x)|2 + |f (x) − fq (x)|2 ≤ !/2 + !/2 = !.
Rp et elle converge dès lors vers un élément de Rp que nous désignerons par
f (x). On obtient ainsi une application f de E dans Rp .
Montrons maintenant que (fk )k∈N converge uniformément sur E vers f .
Si ! > 0 est donné, la condition (12.4) implique que
|fk (x) − fq (x)|2 ≤ |fk (x) − fk (y)|2 + |fk (y) − fq (y)|2 + |fq (y) − fq (x)|2
%
Définition. On dit que la série de fonctions k∈N fk converge absolument
%
uniformément sur E si la série de fonctions positives k∈N |fk |2 converge
uniformément sur E.
On notera que cette notion est plus forte que celle de convergence absolue
%
et uniforme de k∈N fk sur E.
%
Exemple. Considérons la série k∈N fk de fonctions complexes d’une vari-
able complexe fk définies par fk (z) = z k . On a vu que cette série converge
ponctuellement sur B2 (0; 1) vers l’application F : z 2→ 1−z
1
. Elle ne converge
pas uniformément sur B2 (0; 1) vers F car, pour chaque q ∈ N, on a
|z|q+1
sup |Fq (z) − F (z)| = sup = +∞.
z∈B2 (0;1) z∈B2 (0;1) |1 − z|
%
Toutefois, pour chaque r < 1, k∈N fk converge uniformément sur B2 [0; r]
vers F puisque
|z|q+1 r q+1
sup |Fq (z) − F (z)| = sup = ,
z∈B2 [0;r] z∈B2 [0;r] |1 − z| 1−r
et que le dernier terme peut être rendu inférieur ou égal à ! > 0 donné
en prenant q ≥ m pour m tel que r m+1 ≤ !(1 − r). Le même raisonnement
% %
appliqué à la série k∈N |z|k montre que k∈N fk converge en fait absolument
et uniformément sur B2 [0; r].
On traduit sans peine, dans le langage des séries, le critère de Cauchy
de convergence uniforme (resp. de convergence absolue uniforme).
12.2. CONVERGENCE UNIFORME 445
%
Corollaire. La série de fonctions k∈N fk converge uniformément (resp.
absolument uniformément) sur E si et seulement si
(∀! > 0)(∃m ∈ N)(∀k ∈ N : k ≥ m)(∀q ∈ N : q > k ≥ m)(∀x ∈ E) :
# #
# q # q
# $ # $
# fj (x)## ≤ !, (resp. |fj (x)|2 ≤ !),
#
#j=k+1 # j=k+1
2
ou, d’une manière équivalente, si et seulement si
(∀! > 0)(∃m ∈ N)(∀k ∈ N : k ≥ m)(∀q ∈ N : q > k ≥ m) :
# #
# q # q
# $ # $
sup ## fj (x)## ≤ !. (resp. sup |fj (x)|2 ≤ !).
x∈E #j=k+1 # x∈E j=k+1
2
En particulier, puisqu’on a toujours l’inégalité
q
$ q
$
sup |fj (x)|2 ≤ sup |fj (x)|2 ,
x∈E j=k+1 j=k+1 x∈E
on voit qu’il y aura toujours convergence absolue uniforme sur E pour la série
% %
de fonctions k∈N fk si la série à termes positifs k∈N supx∈E |fk (x)|2 est de
Cauchy, c’est-à-dire est convergente. Cette remarque suggère l’introduction
d’un nouveau type de convergence pour une série de fonctions.
%
Définition. On dit que la série k∈N fk de fonctions de Rn dans Rp con-
%
verge normalement sur E si la série à termes positifs k∈N supx∈E |fk (x)|2
converge.
Par la remarque que nous venons de faire, la convergence normale sur E
entraı̂ne évidemment la convergence absolue uniforme sur E.
On a l’intéressant test de comparaison de Weierstrass pour la
convergence normale.
%
Théorème. Considérons la série k∈N fk de fonctions de Rn dans Rp . S’il
%
existe une série convergente à termes positifs k∈N Mk telle que, pour chaque
k ∈ N et chaque x ∈ E on ait
|fk (x)|2 ≤ Mk ,
%
alors la série k∈N fk est normalement convergente sur E.
Démonstration. Pour chaque k ∈ N, on a, par hypothèse,
sup |fk (x)|2 ≤ Mk ,
x∈E
446 CHAPITRE 12. SUITES ET SÉRIES DE FONCTIONS
En d’autres termes,
2 3 2 3
lim lim fk (x) = lim lim fk (x) .
x→a, x∈E k→∞ k→∞ x→a, x∈E
pour tout k ≥ m et tout q ≥ m, et (bk )k∈N est une suite de Cauchy dans Rp.
Si nous désignons sa limite par b, il reste à montrer que
lim f (x) = b.
x→a, x∈E
et
|fm (x) − f (x)|2 ≤ !/3
quel que soit x ∈ E. D’autre part, puisque limx→a, x∈E fm (x) = bm , il existe
un δ > 0 tel que
|fm (x) − bm|2 ≤ !/3
pour tout x ∈ E tel que |x − a|2 ≤ δ. Pour ces mêmes x, on aura donc
En d’autres termes,
, ∞
- ∞ 2 3
$ $
lim fk (x) = lim fk (x) .
x→a, x∈E x→a, x∈E
k=0 k=0
448 CHAPITRE 12. SUITES ET SÉRIES DE FONCTIONS
%
Remarque. La convergence uniforme de la série k∈N fk sur E autorise
%
donc la permutation des symboles limx→a, x∈E et ∞ k=0 .
Les résultats suivants sont des conséquences immédiates du théorème et
du corollaire précédents et de la définition de continuité.
Corollaire. Si (fk )k∈N converge uniformément sur E vers f et si chaque
fonction fk est continue sur E, alors f est continue sur E.
%
Corollaire. Si k∈N fk converge uniformément sur E vers F et si chaque
fonction fk est continue sur E, alors F est continue sur E.
Considérons maintenant le problème de la conservation de la dérivabilité
par passage à la limite. La convergence uniforme d’une suite de fonctions
dérivables ne suffit pas à assurer la dérivabilité de la limite. Ainsi, la suite
k+2
(fk )k∈N de fonctions réelles d’une variable réelle définies par fk (x) = |x| k+1
et dérivables en chaque point de R converge uniformément sur [−1, 1] vers
la fonction valeur absolue qui n’est pas dérivable à l’origine. Il peut arriver
aussi que la limite soit dérivable mais ne soit pas égale à la limite des dérivées
des fonctions de la suite. Le résultat suivant fournit des conditions sous
lesquelles de telles conclusions sont exclues.
Théorème. Soit (fk )k∈N une suite de fonctions de Rn dans Rp définies sur
un ouvert E et soit f une application de E dans Rp . Supposons satisfaites
les conditions suivantes.
1. La suite (fk )k∈N converge ponctuellement sur E vers f .
2. Il existe 1 ≤ j ≤ n tel que, pour chaque k ∈ N, la dérivée partielle
Dj fk (x) existe pour chaque x ∈ E.
3. La suite de fonctions (Dj fk )k∈N converge uniformément sur E.
Alors Dj f (x) existe pour chaque x ∈ E et est égale à limk→∞ Dj fk (x). En
d’autres termes, on a
4 5
Dj lim fk (x) = lim Dj fk (x).
k→∞ k→∞
12.3. RÉGULARITÉ DE LA LIMITE UNIFORME 449
|φk (h) − φq (h)|2 = |h|−1 |fk (x + hej ) − fq (x + hej ) − [fk (x) − fq (x)]|2
≤ |Dj fk (x + h$ ej ) − Dj fq (x + h$ ej )|2 ,
pour un certain h$ tel que 0 < |h$ | < |h|.
Si ! > 0 est donné, la condition de Cauchy de convergence uniforme sur
E de (Dj fk )k∈N entraı̂ne l’existence d’un m ∈ N tel que, pour chaque k ≥ m,
chaque q ≥ m et chaque y ∈ E, on ait
R-intégrable). Mais on trouvera plus loin des résultats plus généraux sur
l’intégrabilité ou la L-intégrabilité de la limite d’une suite de fonctions inté-
grables.
1
sup |fk (x)| ≤ .
x∈R 2k
%
Le test de Weierstrass assure donc la convergence normale de k∈N∗ fk sur
R et la somme F de cette série sera une application continue de R dans R.
D’autre part, on aura, pour tout x ∈ R et tout h /= 0,
∞ 2 2 ∞
F (x + h) − F (x) $ sin 2k (x + h) − sin 2k x $
= = gk (x, h),
h k=1
2k h k=1
m−1
$ 1 − (1/2)m−1 2 2
ak < am−1 < 2am−1 = 2(m−1) −(m−1)+1 = 2m −3m+3 .
k=1
1 − (1/2)
Donnons à h les quatre suites suivantes de valeurs tendant vers zéro lorsque
m tend vers l’infini
π π 3π 3π
h1,m = , h2,m = − m2 +1 , h3,m = m2 +1 , h4,m = − m2 +1 .
2m +1 2 2 2
2
452 CHAPITRE 12. SUITES ET SÉRIES DE FONCTIONS
2
Pour chaque m ∈ N∗ fixé, et chaque 1 ≤ j ≤ 4, 2k hj,m sera un multiple de
2π lorsque k > m, et dès lors gk (x, hj,m ) = 0. Pour k = m, on a, en posant
2
xk = 2k x,
4 5
π
gm (x, h1,m) = sin xm + − sin xm = cos xm − sin xm ,
2
4 5
π
gm (x, h2,m) = sin xm − − sin xm = − cos xm − sin xm ,
2
4 5
3π
gm (x, h3,m) = sin xm + − sin xm = − cos xm − sin xm ,
2
4 5
3π
gm (x, h4,m) = sin xm − − sin xm = cos xm − sin xm .
2
Comme
(cos xm − sin xm )2 + (cos xm + sin xm )2 = 2,
la valeur absolue d’un des termes au moins est supérieure ou égale à un, et
dès lors, pour les deux termes correspondants gm (x, hj,m), (avec j = 1, 4 ou
j = 2, 3), on aura
2 −m+1
1 2m
|gm(x, hj,m )| ≥ = .
2m 3π
2 3π
2m +1
Comme le membre de droite tend vers l’infini avec m, on pourra donc tou-
jours trouver une suite (hjm ,m )m∈N∗ tendant vers zéro telle que la suite cor-
respondante &# #'
# F (x + h #
# jm ,m ) − F (x) #
# # ,
# hjm ,m #
m∈N∗
tende vers l’infini, et de telle sorte que pour chaque m le quotient différentiel
ait un signe choisi d’avance. En conséquence, la fonction F ainsi construite
n’a de dérivée (ni même de dérivée au sens large) en aucun point de R. On
notera que chaque somme partielle de la suite dont F est la limite est de
classe C ∞ !
12.5. SOMME D’UNE SÉRIE ENTIÈRE 453
où b est un entier impair et a un réel tel que 0 < a < 1 et ab > 1 + (3/2)π.
Godefrey Harold Hardy a d’ailleurs montré en 1916 que la dernière con-
dition pouvait être remplacée par ab ≥ 1. De nombreux autres exemples
ont alors été proposés. Le graphe de telles fonctions constitue un ensem-
ble fractal dans la terminologie de Benoı̂t Mandelbrot. Après n’avoir été
pendant de nombreuses années que des “monstres mathématiques”, ces en-
sembles, souvent caractérisés par des propriétés d’auto-similarité quelle que
soit l’échelle à laquelle on les examine, sont depuis quelques années l’objet
d’un intérêt croissant et leur champ d’application aux sciences de la nature
ne cesse d’augmenter. Felix Hausdorff a introduit en 1919 une notion
de dimension qui redonne respectivement, pour les courbes, surfaces ou vol-
umes “réguliers”, les valeurs usuelles un, deux ou trois mais attribue, aux
ensembles fractals, des valeurs non entières! On sait que la dimension de
Hausdorff du graphe de la fonction de Weierstrass est strictement comprise
entre un et deux, mais on ignore toujours sa valeur exacte.
% %
alors k∈N ck (· − a)k . L’exemple de la série géométrique k∈N z k considérée
plus haut montre qu’une série entière peut ne pas converger uniformément
sur son disque de convergence. On va montrer qu’elle converge normalement
sur tout disque fermé centré en a et de rayon strictement inférieur au rayon
de convergence.
Proposition. Soit R le rayon de convergence de la série entière
$
ck (z − a)k .
k∈N
%
D’autre part, la série numérique k∈N |ck |r k est convergente en vertu du
critère de la racine de Cauchy, puisque
, - , -
8 91/k 8 9 r
lim sup |ck |r k
= r lim sup |ck | 1/k
= < 1.
q→∞ k≥q q→∞ k≥q R
égalités
∞
$
D1 F (z) = (1/i)D2F (z) = kck (z − a)k−1 .
k=1
r ∈]0, R[. Dès lors, pour obtenir la dérivabilité partielle de F en z ∈ B2 (a; R),
%
il suffit d’appliquer le théorème général à la série k∈N ck (z −a)k sur l’ouvert
B2 (a, r) où r ∈]0, R[ est tel que |z − a| < r. On a aussitôt
∞
$ ∞
$
D1 F (z) = D1 fk (z) = kck (z − a)k−1
k=1 k=1
∞
, ∞
-
$ $
= (1/i)D2fk (z) = (1/i)D2 fk (z) = (1/i)D2F (z),
k=1 k=1
%
posons, pour chaque q ∈ N, Sq = qk=0 ck (u − a)k , alors, en notant que
ck (u − a)k = Sk − Sk−1 pour k ≥ 1, nous obtenons, pour tout r > q ≥ 0,
r
$ r
$
ck [a + t(u − a) − a]k = ck tk (u − a)k
k=q+1 k=q+1
r
$ r
$ r
$
= tk (Sk − Sk−1 ) = tk Sk − tk Sk−1
k=q+1 k=q+1 k=q+1
r
$ r−1
$ r−1
$
= tk Sk − tk+1 Sk = Sk (tk − tk+1 ) + Sr tr − Sq tq+1
k=q+1 k=q k=q+1
r−1
$ r−1
$
= (Sk − Sq )(tk − tk+1 ) + Sq (tk − tk+1 ) + Sr tr − Sq tq+1
k=q+1 k=q+1
r−1
$ r−1
$ r−1
$
= (Sk − Sq )(tk − tk+1 ) + Sq tk − Sq tk+1 + Sr tr − Sq tq+1
k=q+1 k=q+1 k=q+1
r−1
$
= (Sk − Sq )(tk − tk+1 ) + (Sr − Sq )tr .
k=q+1
%
Par hypothèse, la suite (Sq )q∈N des sommes partielles de k∈N ck (u − a)k
converge et est donc de Cauchy; pour ! > 0 donné, il existe donc m ∈ N ne
dépendant que d’! tel que
|Sk − Sq | ≤ !/2
r−1
$
≤ (!/2) (tk − tk+1 ) + (!/2) = (!/2)(tq+1 − tr ) + (!/2)
k=q+1
= (!/2)[tq+1 (1 − tr−q−1 ) + 1] ≤ !.
458 CHAPITRE 12. SUITES ET SÉRIES DE FONCTIONS
où ν est un nombre réel, et voyons si elle possède des solutions qui peuvent
s’écrire comme somme d’une série entière dont le disque de convergence n’est
pas réduit à un point. Si
∞
$
y(z) = ck z k
k=0
est une telle solution, alors on aura, par les résultats de la section précédente,
∞
$ ∞
$
y $ (z) = kck z k−1 , y $$ (z) = (k − 1)kck z k−2 ,
k=1 k=2
Les fonctions de Bessel jouent un grand rôle en analyse et dans ses applica-
tions à la physique.
Une équation différentielle linéaire importante est l’équation hypergéo-
métrique de Gauss
est solution, sur son disque de convergence B2 (0, 1), de l’équation hypergéo-
métrique de Gauss. En fait, pour des valeurs particulières de α, β et γ, la
série hypergéométrique fournit comme cas particulier ou comme cas limite
la plupart des fonctions élémentaires et de nombreuses fonctions transcen-
dantes comme par exemple les fonctions de Bessel et les fonctions de Kum-
mer considérées plus haut. Carl-Friedrich Gauss a démontré l’importante
formule
Γ(γ)Γ(γ − α − β)
F (α, β, γ; 1) = , si 8(γ − α − β) > 0,
Γ(γ − α)Γ(γ − β)
reliant la valeur de la somme de la série hypergéométrique au point 1 de la
frontière de son disque de convergence à la fonction Γ.
où x ∈ R et les ak et bk sont des nombres réels. Bien entendu, une série
trigonométrique peut également s’écrire sous la forme complexe
$
[c−k exp(−ikx) + ck exp ikx]
k∈N
avec
c−k = (1/2)(ak + ibk ) = ck , k ∈ N,
462 CHAPITRE 12. SUITES ET SÉRIES DE FONCTIONS
(resp. $
[c−k exp(−ik·) + ck exp(ik·)])
k∈N
converge normalement sur R et sa somme est une fonction continue et 2π-
périodique sur R.
Démonstration. Si nous considérons, pour fixer les idées, le premier cas,
l’autre se traitant de même, nous voyons que, pour chaque k ∈ N et chaque
x ∈ R, on a
|fk (x)| = |ak cos kx + bk sin kx| ≤ |ak | + |bk |,
et la convergence normale sur R découle de l’hypothèse et du test de com-
paraison de Weierstrass. Comme la convergence normale entraı̂ne la con-
vergence uniforme sur R de la série et que chaque fk est continue sur R, sa
somme sera également continue sur R. Enfin, la convergence ponctuelle sur
R et les égalités Fq (x + 2π) = Fq (x) valables pour chaque x ∈ R et chaque
somme partielle Fq entrainent la propriété de 2π-périodicité pour la somme
de la série.
12.7. SOMME D’UNE SÉRIE TRIGONOMÉTRIQUE 463
(resp. $
km (|c−k | + |ck |))
k∈N
converge, alors la somme F de la série trigonométrique
$
[ak cos(k·) + bk sin(k·)]
k∈N
(resp. $
[c−k exp(−ik·) + ck exp(ik·)])
k∈N
est m-fois continûment dérivable sur R et, pour chaque x ∈ R, et chaque
1 ≤ j ≤ m, la dérivée j-ème s’obtient en dérivant j fois sous le signe somme.
Démonstration. Il est aisé de voir que le résultat pour m ≥ 2 découle
aisément, par récurrence, du résultat pour m = 1 et il suffit de démontrer ce
dernier. Nous le ferons dans le cas d’une série trigonométrique réelle. Pour
chaque k ∈ N, et chaque x ∈ R, on a
|fk$ (x)| = | − kak sin kx + kbk cos kx| ≤ k(|ak | + |bk |),
et un argument semblable à celui de la Proposition précédente montre que la
%
série k∈N fk$ converge normalement sur R et que sa somme est une fonction
continue. D’ailleurs, comme
|ak | + |bk | ≤ k(|ak | + |bk |)
%
pour tout k ∈ N , la Proposition précédente montre que la série k∈N fk
∗
Il est clair que (fk )k∈N est minorée sur E si et seulement si (−fk )k∈N est
majorée sur E et que (fk )k∈N est majorée (resp. minorée) sur E si et seule-
ment si la suite réelle (fk (x))k∈N est majorée (resp. minorée) pour chaque
x ∈ E. En combinant cette remarque à la condition nécessaire et suffisante
de convergence d’une suite réelle monotone, on obtient immédiatement un
critère de convergence ponctuelle d’une suite monotone de fonctions réelles.
Proposition. Une suite croissante (resp. décroissante) sur E de fonctions
réelles converge ponctuellement sur E si et seulement si elle est majorée
(resp. minorée) sur E.
On a vu plus haut que la convergence uniforme sur un ensemble était
une condition suffisante pour que la continuité des fonctions de la suite se
12.8. CONVERGENCE MONOTONE 465
Posons
m = max m(xj ),
1≤j≤q
≤ !/2 + !/2 = !,
et la démonstration est complète.
%
En se rappelant que la suite des sommes partielles d’une série k∈N fk de
fonctions fk positives sur un ensemble E dès que k ≥ 1 est nécessairement
croissante sur E, on a évidemment une formulation du théorème de Dini
pour ce type de séries.
%
Corollaire. Soit E ⊂ Rn un fermé borné, k∈N fk une série de fonctions
définies sur E et F une application de E dans R vérifiant les conditions
suivantes.
%
1. La série k∈N fk converge ponctuellement sur E vers F .
2. Chaque fonction fk est continue sur E.
3. fk est positive sur E pour chaque k ≥ 1.
%
Alors F est continue sur E si et seulement si k∈N fk converge uniformément
sur E vers F .
On possède, pour une suite monotone de fonctions intégrables, un théorè-
me dont la forme est analogue à celle du théorème de Dini. C’est l’important
théorème de Levi ou théorème de convergence monotone pour les
fonctions intégrables.
Théorème. Soit I ⊂ Rn un semi-pavé, (fk )k∈N une suite de fonctions réelles
définies sur I¯ et f une application de I¯ dans R vérifiant les conditions sui-
vantes.
1. La suite (fk )k∈N converge ponctuellement sur I¯ vers f .
2. Chaque fonction fk est intégrable sur I. ¯
12.8. CONVERGENCE MONOTONE 467
c’est-à-dire J J
lim fk = lim fk .
I¯ k→∞ k→∞ I¯
Il faut donc démontrer que f est intégrable sur I¯ et que son intégrale vaut
J. En d’autres termes, ! > 0 étant donné, il faut construire une jauge δ sur
I¯ pour laquelle la définition d’intégrabilité sur I¯ est satisfaite pour f .
Soit donc ! > 0 donné. Il existera un entier naturel q1 tel que, pour tout
entier k ≥ q1 , on ait
J
0≤J− fk ≤ !/3.
I¯
D’autre part, puisque la suite (fk )k∈N converge ponctuellement sur I¯ vers f ,
on aura
¯
(∀x ∈ I)(∃q(x) ∈ N, q(x) ≥ q1 )(∀k ∈ N : k ≥ q(x)) :
!
|fk (x) − f (x)| ≤ . (12.8)
3µ(I)
468 CHAPITRE 12. SUITES ET SÉRIES DE FONCTIONS
Comme
# #
#$ # $
#m # m
# [f (x ) − f j (x )]µ(I )# ≤
j j j
|f (xj ) − fq(xj ) (xj )|µ(I j )
# q(x ) #
#j=1 # j=1
m
! $
≤ µ(I j ) = !/3
3µ(I) j=1
et que, si
r = min q(xj ), s = max q(xj ),
1≤j≤m 1≤j≤m
m J
$ m J
$ J
≤J− fq(xj ) ≤ J − fr = J − fr ≤ !/3,
¯j ¯j I¯
j=1 I j=1 I
on obtient
# #
#m 2 J 3#
#$ #
|S(I, f, Π) − J| ≤ 2!/3 + ## fq(xj ) (xj )µ(I j ) − fq(xj ) ## .
#j=1 I¯j #
Il nous reste maintenant à construire une jauge δ sur I¯ telle que le dernier
terme de l’inégalité soit majoré par !/3 lorsque la P-partition Π est δ-fine.
Pour ce faire, notons que si nous groupons dans la somme ci-dessus les termes
pour lesquels les q(xj ) sont égaux à une même valeur k, nous obtenons,
# #
#m 2 J 3#
#$ #
#
# fq(xj ) (xj )µ(I j ) − fq(xj ) ##
#j=1 I¯j #
12.8. CONVERGENCE MONOTONE 469
# #
# s 2 J 3#
#$ $ #
= ## fk (xj )µ(I j ) − fk ##
#k=r {1≤j≤m : q(xj )=k} I¯j #
# #
$s ## $ 2 J 3#
#
≤ #
# fk (xj )µ(I j ) − fk ## .
¯
k=r #{1≤j≤m : q(xj )=k} #
I j
Puisque chaque somme partielle regroupe tous les indices q(xj ) ayant la
même valeur k, on peut lui appliquer le lemme de Saks-Henstock relatif à la
¯ il existera
fonction fk . Comme, pour chaque k ∈ N, fk est intégrable sur I,
une jauge ηk sur I¯ telle que
# J #
#S(I, fk , Πk ) − fk # ≤ 1
# #
# ¯ # 2k
I
¯
δ(x) = ηq(x)(x), x ∈ I.
Si la P-partition Π = {(x1 , I 1), . . . , (xm, I m)} est δ-fine, alors chaque famille
{(xj , I j ) : q(xj ) = k, 1 ≤ j ≤ m} sera telle que
# #
# 2 J 3#
# $ # 1
= ## fk (x )µ(I ) −
j j
fk ## ≤ k ,
#{1≤j≤m : q(xj )=k} I¯j # 2
470 CHAPITRE 12. SUITES ET SÉRIES DE FONCTIONS
et par conséquent,
# #
$s # $ 2 J 3#
# #
#
# fq(xj ) (xj )µ(I j ) − fq(xj ) ##
k=r #{1≤j≤m : q(xj )=k} I¯j #
s
$ 1
≤ ≤ !/3.
k=r
2k
On aura donc
|S(I, f, Π) − J| ≤ 2!/3 + !/3 = !,
dès que Π est δ-fine.
Le théorème de Levi est vrai pour la L-intégrabilité.
Corollaire. Soit I ⊂ Rn un semi-pavé, (fk )k∈N une suite de fonctions réelles
définies sur I¯ et f une application de I¯ dans R vérifiant les conditions sui-
vantes.
1. La suite (fk )k∈N converge ponctuellement sur I¯ vers f .
2. Chaque fonction fk est L-intégrable sur I.¯
3. La suite (fk )k∈N est monotone sur I.¯
H
Alors f est L-intégrable sur I¯ si et seulement si la suite réelle ( I¯ fk )k∈N
converge, auquel cas l’on a
J J
f = lim fk ,
I¯ k→∞ I¯
c’est-à-dire J J
lim fk = lim fk .
I¯ k→∞ k→∞ I¯
Démonstration. Supposons pour fixer les idées que (fk )k∈N soit croissante
sur I.¯ La condition nécessaire se démontre exactement de la même manière.
Pour la condition suffisante, notons tout d’abord que la croissance de la suite
(fk )k∈N entraı̂ne la positivité des fonctions fk − f0 . D’autre part, la suite
(fH k − f0 )k∈N vérifie les conditions 1 àH3 du théorème de Levi et la suite réelle
( I¯(fk − f0 ))k∈N converge vers J − I¯ f0 . Le théorème de Levi appliqué à
cette suite entraı̂ne l’intégrabilité de sa limite f − f0 qui est une fonction
positive sur I. ¯ Donc f − f0 est L-intégrable sur I¯ et comme f0 l’est aussi
par hypothèse, il en est de même de f = (f − f0 ) + f0 .
En remarquant que les sommes partielles d’une série de fonctions fk
intégrables sur I¯ forment une suite croissante de fonctions intégrables sur I¯ si
elles sont positives pour k ≥ 1, on déduit facilement des résultats précédents
un théorème de convergence monotone de Levi pour les séries de
fonctions intégrables positives.
12.8. CONVERGENCE MONOTONE 471
%
Corollaire. Soit I ⊂ Rn un semi-pavé, k∈N fk une série de fonctions
réelles définies sur I¯ et F une application de I¯ dans R vérifiant les con-
ditions suivantes.
%
1. La série k∈N fk converge ponctuellement sur I¯ vers F .
2. Chaque fonction fk est intégrable (resp. L-intégrable) sur I.¯
3. fk est positive sur I¯ pour chaque k ≥ 1.
Alors F est Hintégrable (resp. L-intégrable) sur I¯ si et seulement si la série
%
réelle k∈N I¯ fk converge, auquel cas l’on a
J ∞ J
$
F = fk ,
I¯ ¯
k=0 I
c’est-à-dire J $
∞ ∞ J
$
fk = fk .
I¯ k=0 ¯
k=0 I
c’est-à-dire J J
lim fk = lim fk .
U k→∞ k→∞ U
H
Soit donc b > a;Hla suite réelle ( ab fk )k∈N est croissante et majorée par la
suite convergente ( U fk )k∈N, donc est convergente, et le théorème de Levi
appliqué à la restriction à [a, b] de la suite (fk )k∈N entraı̂ne son intégrabilité
sur [a, b] et la relation
J b J b
f = lim fk . (12.9)
a k→∞ a
max(f, g)(x) = max(f (x), g(x)), min(f, g)(x) = min(f (x), g(x)),
En particulier,
min(f, g) = − max(−f, −g),
et dès lors, si f et g sont intégrables sur un pavé fermé,
min(f, g)
le sera si et seulement si
max(f, g)
474 CHAPITRE 12. SUITES ET SÉRIES DE FONCTIONS
f = f + − f − , |f | = f + + f − , f + = (1/2)(|f | + f ), f − = (1/2)(|f | − f ).
c’est-à-dire J J
lim fk = lim fk .
I¯ k→∞ k→∞ I¯
Dès lors, pour chaque k ∈ N fixé, la suite de fonctions réelles (φk,q )q∈N (resp.
(Φk,q )q∈N) est décroissante et minorée (resp. croissante et majorée) sur I, ¯ et
¯
elle converge donc ponctuellement sur I vers une application φk (resp. Φk )
de I¯ dans R. On déduit de (12.12), en faisant tendre q vers l’infini, que l’on
a
g(x) ≤ φk (x) ≤ φk+1 (x) ≤ fk+1 (x) ≤ Φk+1 (x) ≤ Φk (x) ≤ h(x), (12.13)
D’autre part, la relation (12.13) montre que la suite de fonctions (φk )k∈N
(resp. (Φk )k∈N) est croissante et majorée par h (resp. décroissante et minorée
par g), et donc ponctuellement convergente, sur I. ¯ En fait, on a, pour chaque
¯
x ∈ I,
de convergence monotone de Levi aux suites (φk )k∈N et (Φk )k∈N, on voit que
f est intégrable sur I¯ et que, par suite de (12.15),
J J J
f = lim φk = lim Φk .
I¯ k→∞ I¯ k→∞ I¯
c’est-à-dire J J
lim fk = lim fk ,
I¯ k→∞ k→∞ I¯
et J
lim |f − fk | = 0.
k→∞ I¯
¯ En
Démonstration. Par le théorème précédent, f est intégrable sur I.
outre, l’hypothèse 3 entraı̂ne que
c’est-à-dire J J
lim fk = lim fk .
I¯ k→∞ k→∞ I¯
et dès lors
−g(x) ≤ pj ◦ fk (x) ≤ g(x),
¯ chaque k ∈ N et chaque 1 ≤ j ≤ p.
pour chaque x ∈ I,
12.9. CONVERGENCE MAJORÉE ET MINORÉE 479
c’est-à-dire J J
lim fk = lim fk .
I¯ k→∞ k→∞ I¯
12.10 Exercices
1. Soit (fk )k∈N la suite d’applications de R dans R définies par
fk (x) = lim [cos(k!πx)]2j .
j→∞
Fonctions et ensembles
mesurables
483
484 CHAPITRE 13. FONCTIONS ET ENSEMBLES MESURABLES
A B
si Π = (xj , Qj ) 1≤j≤m est δ-fine. On a, puisque g(x) = 0 pour x ∈ int Q,
$ $
S(Q, |g|2, Π) = |g(xj )|2 µ(Qj ) ≤ M µ(Qj ).
{1≤j≤m : xj ∈f r Q} {1≤j≤m : xj ∈f r Q}
où
Qδ = ]c1 + δ, d1 − δ[ × . . . × ]cn + δ, dn − δ[,
avec la convention ]cj + δ, dj − δ[ = ∅ si cj + δ ≥ dj − δ. Dès lors, les Qj étant
mutuellement disjoints, on a
$ n
$ 6
µ(Qj ) ≤ 2 δ (di − ci ) = δS,
{1≤j≤m : xj ∈f r Q} k=1 {1≤i≤n : i(=k}
où n n
$ 6 $ µ(Q)
S=2 (di − ci ) = 2
k=1 {1≤i≤n : i(=k} k=1
dk − ck
D’autre part, pour chaque x ∈ Q̄, on a gk (x) = |g(x)|2 dès que k ≥ |g(x)|2,
ce qui montre la convergence ponctuelle de la suite (gk )k∈N vers |g(x)|2 sur
13.1. INTÉGRALE SUR UN BORNÉ 485
Q̄. Le théorème de convergence monotone de Levi entraı̂ne alors que |g|2 est
L-intégrable sur Q̄ et que
J J
|g|2 = lim gk = 0,
Q̄ k→∞ Q̄
fA (x) = f (x) si x ∈ A,
fA (x) = 0 si x ∈ Rn \ A.
En particulier, nous appellerons fonction caractéristique de A ⊂ Rn , et nous
désignerons par 1A , l’application de Rn dans R définie par
1A (x) = 1 si x ∈ A,
1A (x) = 0 si x ∈ Rn \ A.
Lemme. Soit I ⊂ Rn un semi-pavé et h une fonction de Rn dans Rp définie
¯ Alors h est intégrable (resp. L-intégrable) sur I¯ si et seulement si h ¯
sur I. I
est intégrable (resp. L-intégrable) sur J¯ pour tout semi-pavé J ⊂ Rn tel que
I¯ ⊂ J, auquel cas on a J J
hI¯ = h.
J¯ I¯
µ(fr I) = µ(I¯ \ I) = 0,
Démonstration. Si, pour fixer les idées, on suppose (Ak )k∈N croissante,
!
et si x /∈ A = k∈N Ak , x n’appartient à aucun Ak et on a donc
lim 1Ak (x) = 0 = 1A (x).
k→∞
! %q
Si x /∈ A = k∈N Ak , alors x /∈ Ak pour tout k ∈ N et k=0 1Ak (x) = 0 pour
tout q ∈ N. En conséquence,
q
$
lim 1Ak (x) = 0 = 1A (x).
q→∞
k=0
A+ = {x ∈ A : f (x) ≥ 0},
% H
et seulement si f est L-intégrable sur chaque Ak , k ∈ N et k∈N Ak |f |2
converge, auquel cas
J ∞ J
$
f= f.
A k=0 Ak
Ar = {x ∈ A : f (x) > r}
est n-intégrable et J
−1
µ(Ar ) ≤ r f.
A
¯
Démonstration. Soit r > 0 et I un semi-pavé de Rn tel que A ⊂ I;
définissons sur R la suite d’applications (fk )k∈N par
n
0 ≤ fk (x) ≤ 1, k ∈ N, x ∈ Rn .
df : R∗+ → R+ , r 2→ µ(Ar )
Démonstration. Si ! > 0 est donné, il existe une jauge δ sur I¯ telle que,
pour toute P-partition δ-fine Π de I, on ait
c’est-à-dire, puisque xk ∈ A, k ∈ M ,
# q 2 J 3##
#$
# #
# µ(J ) −
k
1A # ≤ !.
# J¯k #
k=1
498 CHAPITRE 13. FONCTIONS ET ENSEMBLES MESURABLES
et le résultat s’en déduit en faisant tendre q vers l’infini dans le cas où M = N.
n
6
Ek = ]aki − (1/2)(!/2k+1 )1/n, aki + (1/2)(!/2k+1 )1/n], k ∈ N,
i=1
!
ce qui donne E ⊂ k∈N Ek et
∞
$ ∞
$
µ(Ek ) = (!/2k+1 ) = !.
k=0 k=0
× . . . × ] − (k + 1), k + 1],
!
ce qui entraı̂ne aussitôt que E ⊂ k∈N Ek et
∞
& ∞
'
$ $
µ(Ek ) = 2! 2 −k−2
= !.
k=0 k=0
Démonstration. Immédiat.
Dès lors, (Ekj )k∈Mj ;j∈N est une famille dénombrable de semi-pavés de Rn telle
que > > >
Fj ⊂ Ekj ,
j∈N j∈N k∈Mj
r
$ $
≤ µ(Fi ) ≤ µ(Fi ) ≤ !,
i=1 i∈M
si et seulement si l’ensemble
S(f ) = {x ∈ A : f (x) /= 0}
H
est n-négligeable, auquel cas on a Af = 0.
Démonstration. Notons tout d’abord que
>
S(f ) = {x ∈ A : |f (x)|2 > 0} = Sk ,
k∈N∗
où
Sk = {x ∈ A : |f (x)|2 > k−1 } ⊂ Sk+1 , k ∈ N∗ .
En conséquence, S(f ) sera n-intégrable et de n-mesure nulle si et seulement
s’il en est ainsi de chaque Sk . H
Condition nécessaire. Si f est L-intégrable sur A et A |f |2 = 0, alors,
en appliquant l’inégalité de Tchebycheff à |f |2 , on voit que chaque Sk est
n-intégrable et que J
0 ≤ µ(Sk ) ≤ k |f |2 = 0,
A
ce qui montre que chaque Sk est de n-mesure nulle.
Condition suffisante. Démontrons-la tout d’abord sous l’hypothèse sup-
plémentaire que f soit bornée sur A, et soit r > 0 tel que |f (x)|2 ≤ r pour
tout x ∈ A. Soit I un semi-pavé de Rn tel que A ⊂ I, ¯ et montrons que
H
fA est L-intégrable sur I¯ et que I¯ |fA |2 = 0. Soit ! > 0; puisque S(f ) est
n-intégrable et de n-mesure nulle, il existe une jauge δ sur I¯ telle que
m
$ $
S(I, 1S(f ), Π) = 1S(f )(xj )µ(I j ) = µ(I j ) ≤ !/r,
j=1 {1≤j≤m : xj ∈S(f )}
Démonstration. On a
S(f ) = {x ∈ A : f (x) /= 0} ⊂ A,
µ(F j ) ≤ j −1 M.
Enfin, les propriétés des Fm
j entraı̂nent les relations
> >
F j+1 = j+1
Fm ⊂ j
Fm = Fj,
m∈N∗ m∈N∗
pour chaque j ∈ N∗ ,
c’est-à-dire la décroissance de la suite (F j )j∈N∗ . Par
7
conséquent, E = j∈N∗ F j est n-intégrable et
0 ≤ µ(E) = lim µ(F j ) ≤ lim j −1 M = 0;
j→∞ j→∞
0 ≤ fj+ (x) ≤ |fj (x)| ≤ |f (x)|2 , 0 ≤ fj− (x) ≤ |fj (x)| ≤ |f (x)|2 ,
13.6. INTÉGRABILITÉ SUR UNE PARTIE NON BORNÉE 509
et, puisque chacune de ces fonctions est L-intégrable sur Ak quel que soit
k ∈ N∗ , on a
J J J J
0≤ fj+ ≤ |f |2 , 0 ≤ fj− ≤ |f |2 ,
Ak Ak Ak Ak
J J k J
$
f= f+ f
B∞ [0;k] B∞ [0;1] j=2 B∞ [0;j]\B∞[0;j−1]
k
$ k
$
−n
= 2 +k
n (2j) −
n
(2(j − 1)) n
= 2n+1 − 2n k−n ,
j=2 j=2
et dès lors J
lim f = 2n+1 .
k→∞ B∞ [0;k]
510 CHAPITRE 13. FONCTIONS ET ENSEMBLES MESURABLES
Démonstration. Supposons pour fixer les idées que (fk )k∈N soit crois-
sante. En considérant la suite (fk − f0 )k∈N au lieu de (fk )k∈N , on peut
toujours, sans perte de généralité, supposer que fk (x)H ≥ 0 pour presque tout
x ∈ A et chaque k ∈ N. Si nous posons J = limk→∞ A fk , alors
& J '
J = lim lim fk .
k→∞ q→∞ Aq
H
Pour chaque q ∈ N∗ fixé, la convergence de la suite croissante ( Aq fk )k∈N
résulte des inégalités J J
fk ≤ fk , k ∈ N,
Aq A
et de l’hypothèse 3. On peut donc appliquer le théorème de Levi sur un borné
à la suite (fk )k∈N restreinte à Aq et en déduire l’existence d’une fonction f q
définie p.p. et L-intégrable sur Aq , telle que (fk )k∈N converge ponctuellement
p.p. sur Aq vers f q et telle que
J J J
f q = lim fk ≤ lim fk = J.
Aq k→∞ Aq k→∞ A
Soit ! > 0; par l’expression de J comme double limite donnée plus haut, il
existe m ∈ N∗ tel que
J
J − (!/2) ≤ lim fk ≤ J,
q→∞ Aq
dès que q ≥ r. La croissance de la suite (fk )k∈N entraı̂ne alors que pour tout
q ≥ r et tout k ≥ m, on a
J
J−!≤ fk ≤ J;
Aq
Pour chaque k ∈ N∗ , on a
si r ≥ 0.
4. On a f g = (1/2)[(f +g)2 −f 2 −g 2 ] et le résultat découle des propriétés
1, 2 et 3.
5. Pour tout r ∈ R, B[f > r] = B ∩ A[f > r] est n-mesurable.
6. Notons tout d’abord que A[f = 0] = {x ∈ A : f (x) = 0} est n-
négligeable et donc de n-mesure nulle, et dès lors A[f /= 0] = {x ∈ A :
f (x) /= 0} = A\A[f = 0] est n-mesurable. En outre, si r > 0, A[(1/f ) > r] =
A[f /= 0] ∩ A[f < (1/r)] est n-mesurable tandis que si r < 0, A[(1/f ) > r] =
A[(1/f ) > 0] ∪ A[f < (1/r)] est également n-mesurable. Enfin, A[(1/f ) >
0] = A[f > 0] est n-mesurable et le résultat s’ensuit.
516 CHAPITRE 13. FONCTIONS ET ENSEMBLES MESURABLES
!
7. Montrons que A[supk∈S fk > r] = k∈S A[fk > r] pour tout r ∈ R.
Si [supk∈S fk ](x) > r, il existe, par la caractérisation du supremum (ou
trivialement si S est fini) un k0 ∈ S tel que fk0 (x) − r > 0 et dès lors
x ∈ A[fk0 > r]. Réciproquement, si fk (x) > r pour un certain k ∈ S, alors
[supk∈S fk ](x) > r. La thèse en résulte aisément.
8. Soit r ∈ R. On montre comme ci-dessus que A[inf k∈S fk < r] =
!
k∈S A[fk < r] et l’on conclut de la même manière.
9. Un argument utilisé dans l’étude des tests de la racine ou du quotient
montre que, pour presque tout x ∈ A, on a
fonction f définie sur ]0, 1] par f (x) = 1/x est 1-mesurable sur ]0, 1] puisque
qu’elle y est continue alors qu’une application facile du théorème de Hake
montre qu’elle n’est pas intégrable sur ]0, 1]. Nous allons toutefois établir un
important test de comparaison de L-intégrabilité sur A pour les fonctions
n-mesurables sur A. Sa démonstration nécessite l’introduction de quelques
concepts et résultats préliminaires.
Définition. Soit E une partie de Rn et s une fonction de Rn dans Rp . On
dit que s est simple sur E si s est définie sur E et si s(E) est une partie finie
de Rp.
Si s est simple sur E, si s(E) = {y 1 , . . . , y r } et si Ej = s−1 ({y j }) = {x ∈
E : s(x) = y j }, 1 ≤ j ≤ r, on aura, pour tout x ∈ E,
r
$
s(x) = 1Ej (x).y j .
j=1
Par conséquent, toute fonction simple sur E peut s’écrire comme une somme
finie de produits, par des éléments de Rp , de fonctions caractéristiques de
parties de E qui partitionnent cet ensemble. Nous allons montrer que toute
fonction réelle définie sur un ensemble est la limite ponctuelle sur cet ensem-
ble d’une suite de fonctions simples.
Proposition. Soit f une fonction réelle définie sur une partie E de Rn .
Alors il existe une suite (sk )k∈N∗ de fonctions simples sur E qui converge
ponctuellement sur E vers f et une suite (tk )k∈N∗ croissante sur E de fonc-
tions simples et positives sur E convergeant ponctuellement sur E vers |f |.
Si f est bornée sur E, la suite ainsi obtenue converge uniformément sur E
vers f .
Démonstration. Supposons tout d’abord que f (x) ≥ 0 pour tout x ∈ E.
Définissons Ekj et Fk pour 1 ≤ j ≤ k.2k , k ∈ N∗ par
et sk : Rn → R par
k.2 k
$
sk (x) = 2−k (j − 1).1E j (x) + k.1Fk (x).
k
j=1
k
2 k
$
2−k (j − 1)[1F2−k (j−1) − 1F2−k j (x)].
j=2
|f (x)| ≤ g(x),
|f (x)g(x)| ≤ M |f (x)|,
13.8 Exercices
1. Montrer que tout borné n-intégrable de mesure non nulle contient un
ensemble qui n’est pas n-intégrable. Suggestion : soit E ⊂ B∞ [ρ] ⊂ Rn un
tel borné et définissons-y la relation d’équivalence x = y si et seulement
si x − y ∈ Qn ; soit (Eα)α∈A la partition correspondante de E en classes
d’équivalence; si x ∈ Eα, alors Eα = (x + Qn ) ∩ E est dénombrable et donc
n-négligeable; en déduire que A est non dénombrable (puisque µ(E) > 0);
par l’axiome du choix, on choisit, pour chaque α ∈ A, un xα ∈ Eα et l’on
définit F par F = {xα : α ∈ A}; F n’est pas dénombrable et, pour r ∈ Qn ,
on pose Fr = r + F (noter que Fr ∩ Fr" = ∅ si r /= r $ ) et
> > >
G= Fr = (xα + r) ⊃ E;
r∈Qn ; |r|∞ ≤2ρ r∈Qn ; |r|∞ ≤2ρ α∈A
alors, si J J
lim inf fk (resp. lim sup fk ),
k→∞ A k→∞ A
existe et si la fonction lim inf k→∞ fk (resp. lim supk→∞ fk ) existe, cette
fonction est intégrable sur A et l’on a
J J
lim inf fk ≤ lim inf fk ,
A k→∞ k→∞ A
J J
(resp. lim sup fk ≥ lim sup fk ).
A k→∞ k→∞ A
est L-intégrable sur R alors qu’elle n’est pas bornée au voisinage de l’infini.
7. Montrer que si f est une fonction de Rn dans Rp L-intégrable sur Rp et
si limx→∞ f (x) existe, alors cette limite est nulle.
Suggestion. Si L = limx→∞ f (x) /= 0, il existe m ∈ N tel que |f (x)|2 ≥ |L|2 2
pour tout x ∈ Rn tel que |x|∞ ≥ m. En conséquence, pour tout k ≥ m,
J J J
|f |2 = |f |2 + |f |2
B∞ [k] B∞ [m] B∞ [k]\B∞[m]
J
|L|2
≥ |f |2 + [(2k)n − (2m)n ] ,
B∞ [m] 2
H
ce qui montre que limk→∞ B∞ [k] |f |2 = ∞.
On comparera utilement les résultats des exercices 6 et 7 à ceux corre-
spondants pour une série.
s1 + s2 + . . . + sn + . . . .
Une fonction sera dite sommable si, quels que soient a et b, l’ensemble
des valeurs de x pour lesquelles on a a < f (x) < b est mesurable. Les
fonctions continues par rapport à l’ensemble des variables sont sommables.
La somme, le produit de deux fonctions sommables, la limite d’une suite
de fonctions sommables sont des fonctions sommables. Donc les fonctions
discontinues que Mr. Baire appelle fonctions de première classe, de seconde
classe, etc. sont sommables. Les fonctions de n variables continues par
rapport à chacune d’elles sont de n − 1e classe au plus, donc elles sont
sommables.
Représentations et
transformations
527
528 CHAPITRE 14. REPRÉSENTATIONS ET TRANSFORMATIONS
%
et y ∈ Rn , on pose (p|y) = nj=1 pj yj , et si f est une fonction de Rn dans C,
la transformée de Laplace de f est la fonction de Cn dans C définie sur
par J
Lf (p) = exp[−(p|y)]f (y) dy.
Rn
est appelée une intégrale paramétrique ou une application définie par une
intégrale. On dit aussi que le membre de droite est une représentation
intégrale de F. Dans le cas particulier important où h est une fonction de Rs
dans C et K une fonction de Rn dans C telles que, pour chaque y ∈ A (resp.
pour presque tout y ∈ A), la fonction f (y, ·), avec f définie (resp. définie
14.1. LIMITES ET CONTINUITÉ 529
p.p.) sur A par f (y, z) = K(y, z)h(z), soit intégrable sur B, l’application
correspondante H définie (resp. définie p.p.) sur A par
J
H(y) = K(y, z)h(z)dz
B
Comme pour les fonctions définies par la limite d’une suite de fonctions
ou la somme d’une série de fonctions, il est intéressant de savoir sous quelles
conditions certaines propriétés de la fonction f sont conservées par F . En
passant, si nécessaire, aux composantes de F et f , on peut, sans perte de
généralité, supposer que p = 1.
Considérons tout d’abord le problème fondamental de l’existence d’une
limite pour F (y) lorsque y tend vers a ∈ adh A ou tend vers l’infini.
Proposition. Soit a ∈ adh A (resp. A non borné) et supposons satisfaites
les conditions suivantes.
1. f (y, ·) est intégrable sur B pour chaque y ∈ A.
2. limy→a, y∈A f (y, z) (resp. limy→∞, y∈A f (y, z)) existe pour presque tout
z ∈ B.
3. Il existe r > 0 et des fonctions réelles g et h intégrables sur B telles que,
pour tout y ∈ A ∩ B∞ [a; r] (resp. y ∈ !B∞ [0; r] ∩ A) et presque tout z ∈ B,
on a
g(z) ≤ f (y, z) ≤ h(z).
Alors la fonction ϕ définie presque partout sur B par
En d’autres termes, on a
2J 3 J 2 3
lim f (y, z) dz = lim f (y, z) dz
y→a, y∈A B B y→a, y∈A
530 CHAPITRE 14. REPRÉSENTATIONS ET TRANSFORMATIONS
2J 3 J 2 3
(resp. lim f (y, z) dz = lim f (y, z) dz.
y→∞, y∈A B B y→∞, y∈A
Alors F possède en a une dérivée partielle par rapport à yi , Dyi f (a, ·) est
intégrable sur B et J
Di F (a) = Dyi f (a, z) dz.
B
En d’autres termes,
2J 3 J
Di f (a, z) dz = Dyi f (a, z) dz.
B B
Par construction, ψ(h, ·) est intégrable sur B pour chaque h ∈ [−r, r] \ {0}
et
lim ψ(h, z) = Dyi f (a, z)
h→0, h(=0
Comme on a évidemment
J J
1
lim ψ(h, z) dz = lim [f (a + hei , z) − f (a, z)] dz
h→0, h(=0 B h→0, h(=0 h B
donc égales pour tout b > 0 si leurs dérivées sont égales pour tout b > 0. Celle
du deuxième membre est égale à 1/b. En utilisant la règle H
de Leibniz (vérifier
les hypothèses!), celle du premier membre est égale à 0+∞ exp(−bx) dx, et
donc à 1/b.
Comme autre exemple, montrons que cette règle jointe aux résultats
sur la limite d’une intégrale paramétrique permet de calculer l’intégrale de
Poisson J ∞
exp(−x2 ) dx,
0
qui joue un rôle important en analyse et en calcul des probabilités. Cette
intégrale existe évidemment puisque l’intégrand est continu et tel que, pour
tout x ≥ 1, on a
exp(−x2 ) ≤ exp(−x),
le second membre de l’inégalité étant évidemment intégrable. Posons
4J 52 J
y 1 exp[−y 2 (z 2 + 1)]
f (y) = exp(−z ) dz
2
, g(y) = dz.
0 0 z2 + 1
Il est facile de voir que ces fonctions sont définies et continues pour tout
y ≥ 0, et que
J 1 dz π
f (0) = 0, g(0) = = arctg 1 = .
0 z2 + 1 4
On a, par les propriétés de dérivabilité d’une intégrale indéfinie et par la
règle de Leibniz (vérifier que les hypothèses sont satisfaites)
J y J 1
f $ (y) = 2 exp[−(y 2 + z 2 )] dz, g $ (y) = −2 y exp[−y 2 (z 2 + 1)] dz.
0 0
Donc la fonction f + g est constante sur ]0, +∞[, et comme elle est continue
en 0, on aura, pour tout y ≥ 0,
π
f (y) + g(y) = f (0) + g(0) = ,
4
ce qui entraı̂ne particulier que (justifier le passage à la limite sous le signe
intégral)
π
= lim [f (y) + g(y)]
4 y→+∞
534 CHAPITRE 14. REPRÉSENTATIONS ET TRANSFORMATIONS
4J 52 J
∞ 1 exp[−y 2 (z 2 + 1)]
= exp(−z 2 ) dz + lim dz
0 y→+∞ 0 z2 + 1
4J 52 J
∞ 1 exp[−y 2 (z 2 + 1)]
= exp(−z 2 ) dz + lim [ ] dz
0 0 y→+∞ z2 + 1
4J ∞ 52
= exp(−z 2 ) dz .
0
c’est-à-dire J 2J 3 J 2J 3
f (y, z) dz dy = f (y, z) dy dz.
A B B A
et f (y, z) = 0 ailleurs dans [0, 1] × [0, 1]. On vérifie facilement que, pour
chaque 0 < z < 1, on a
J 1 J z J 1
dy dy
f (y, z) dy = − = 1,
0 0 z2 z y2
et dès lors J 1 2J 1 3 J 1
f (y, z) dy dz = 1 dz = 1.
0 0 0
et dès lors, 2J 3
J 1 1 J 1
f (y, z) dz dy = (−1) dy = −1.
0 0 0
Il faut donc remplacer l’hypothèse “naturelle” par une hypothèse plus forte.
Celle-ci s’exprime dans le théorème de Fubini que nous commencerons par
énoncer et démontrer dans le cas où A et B sont des pavés fermés. L’impor-
tance de ce théorème proviendra également de ce qu’il nous permettra de
ramener le calcul d’une intégrale sur un pavé de Rn à une succession de n
intégrales sur des intervalles de R.
Soit I = J × K un semi-pavé de Rn , avec J ⊂ Rq et K ⊂ Rs des semi-
pavés, q + s = n, et soit f une fonction de Rn dans R. Notons tout d’abord
que {y} × K̄ étant de n-mesure nulle pour chaque y ∈ J¯, toute fonction f
intégrable sur I¯ le reste, avec la même intégrale, si, pour un nombre fini et
même une infinité dénombrable de y, on remplace f (y, ·) par une fonction
quelconque de z, et en particulier une fonction non intégrable sur K̄. Par
conséquent, cette fonction modifiée montre que l’intégrabilité de f sur I¯
n’entraı̂ne pas celle de f (y, ·) sur K̄ pour tout y ∈ J¯. Le résultat qui suit
montre cependant que cette conclusion est valide pour presque tout y ∈ J¯.
Théorème. Si f est intégrable sur I¯ et si l’on pose
Si y ∈ J¯ \ Ti , prenons
y y
ΠK = Π̃K = {(zyj , Kyj ) : 1 ≤ j ≤ my },
avec ΠyK une P-partition δ(y, ·)-fine quelconque de K, et posons
δJ (y) = min δ(y, zyj ).
1≤j≤my
8 9
Nous avons ainsi défini une jauge δJ sur J¯. Soit ΠJ = (y h , J h ) une
1≤h≤m
P-partition δJ -fine de J. Par construction et choix de la jauge,
?8 9 @
Π= (y h , zyj h ), J h × Kyjh : 1 ≤ j ≤ myh , 1 ≤ h ≤ m
14.3. THÉORÈME DE FUBINI 537
et ?8 9 @
Π̃ = (y h , z̃yj h ), J h × K̃yjh : 1 ≤ j ≤ m̃yh , 1 ≤ h ≤ m
$ h h
= µ(J h )[S(K, f (y h, ·), ΠyK ) − S(K, f (y h, ·), Π̃yK )]
{1≤h≤m : yh ∈Ti}
m
1 $ 1$ 1
≥ µ(J h ) = 1Ti (y h )µ(J h ) = S(J, 1Ti , ΠJ ).
i i j=1 i
{1≤h≤m : yh ∈Ti }
!
S(J, 1T , ΠJ ) ≤ ,
k.2k+2
et dès lors
$ !
0≤ µ(J i ) = S(J, 1Qk , ΠJ ) ≤ .
{1≤i≤m : y∈Qk }
k.2k+2
14.3. THÉORÈME DE FUBINI 539
|S(K, f (y, ·), Π̂yK) − F (y)| ≤ (1/2)|S(K, f (y, ·), Π̃yK) − F (y)|.
Posons U V
δJ (y) = min min δ(y, z̃yj ), min δ(y, ẑyl ) ,
1≤j≤m̃y 1≤l≤m̂y
¯
ce qui achève de définir uneA jauge δBJ sur J.
Soit maintenant ΠJ = (y , J ) 1≤i≤m une P-partition δJ -fine de J. Si
i i
y ∈ T , posons
i
i i
ΠyK = {(zyj i , Kyji ) : 1 ≤ j ≤ myi } = Π̄yK
et
i i
Π̆yK = {(z̆yj i , K̆yji ) : 1 ≤ j ≤ m̆yi } = Π̄yK .
Si y i ∈ J¯ \ T et
i
S(K, f (y i, ·), Π̃yK ) − F (y i ) > 0,
posons
i i
ΠyK = {(zyj i , Kyji ) : 1 ≤ j ≤ myi } = Π̃yK ,
yi j j yi
Π̆K = {(z̆yi , K̆yi ) : 1 ≤ j ≤ m̆yi } = Π̂K ,
tandis que si y i ∈ J¯ \ T et
i
S(K, f (y i, ·), Π̃yK ) − F (y i ) ≤ 0,
posons
i i
ΠyK = {(zyj i , Kyji ) : 1 ≤ j ≤ myi } = Π̂yK ,
540 CHAPITRE 14. REPRÉSENTATIONS ET TRANSFORMATIONS
i i
Π̆yK = {(z̆yj i , K̆yji ) : 1 ≤ j ≤ m̆yi } = Π̃yK .
Par construction,
j
Π = {((y i, zyi ), J i × Kyi ) : 1 ≤ j ≤ myi , 1 ≤ i ≤ m}
et
Π̆ = {((y i, z̆yi ), J i × K̆yji ) : 1 ≤ j ≤ m̆yi , 1 ≤ i ≤ m}
sont des P-partitions δ-fines de I, ainsi qu’on le vérifie aisément, et dès lors
et m
$ i
S(I, f, Π̆) = S(K, f (y i, ·), Π̆yK )µ(J i ).
i=1
D’autre part, on a
|S(I, f, Π) − S(J, F, ΠJ )|
= |S(I, 1T f, Π) + S(I, 1J̄\T f, Π) − S(J, 1T F, ΠJ ) − S(J, 1J\T
¯ F, ΠJ )|
Mais,
|S(I, 1T f, Π) − S(J, 1T F, ΠJ )|
# #
# #
# $ i #
= ## [S(K, f (y i, ·), ΠyK ) − F (y i )]µ(J i )##
#{1≤i≤m : yi ∈T } #
∞
$ $ D E
i
≤ |S(K, f (y , ·), ΠyK )|
i
+ |F (y )| µ(J )
i i
k=1 {1≤i≤m : yi ∈Qk }
∞ ∞
$ $ $ 1
≤ kµ(J i ) ≤ ! = !/4.
k=1 k=1
2k+2
{1≤i≤m : yi ∈Qk }
D’ailleurs, si y i ∈ J¯ \ T et si
i
S(K, f (y i, ·), Π̃yK ) − F (y i ) > 0,
14.3. THÉORÈME DE FUBINI 541
alors
i i
S(K, f (y i, ·), Π̂yK ) − F (y i ) ≤ (1/2)[S(K, f (y i, ·), Π̃yK ) − F (y i )],
et donc
i i
0 < S(K, f (y i, ·), ΠyK ) − F (y i ) = S(K, f (y i, ·), Π̃yK ) − F (y i )
i i
≤ 2[S(K, f (y i, ·), ΠyK ) − S(K, f (y i, ·), Π̆yK )],
tandis que si y i ∈ J¯ \ T et si
i
S(K, f (y i, ·), Π̃yK ) − F (y i ) ≤ 0,
alors
i i
−S(K, f (y i, ·), Π̂yK ) + F (y i ) ≤ (1/2)[F (y i) − S(K, f (y i, ·), Π̃yK )];
et dès lors,
i i
|S(K, f (y i, ·), ΠyK ) − F (y i )| = |S(K, f (y i, ·), Π̂yK ) − F (y i )|
i
≤ (1/2)[F (y i) − S(K, f (y i, ·), Π̃yK )]
i i
≤ S(K, f (y i, ·), Π̂yK ) − S(K, f (y i, ·), Π̃yK )
i i
= S(K, f (y i, ·), ΠyK ) − S(K, f (y i, ·), Π̆yK ).
En résumé, si y i ∈ J¯ \ T, on a
i i i
|S(K, f (y i, ·), ΠyK ) − F (y i )| ≤ 2[S(K, f (y i, ·), ΠyK ) − S(K, f (y i, ·), Π̆yK )].
i i
Comme, pour y i ∈ T, on a par construction Π̆yK = ΠyK , on a
D’autre part,
|S(I, 1J̄\T f, Π) − S(J, 1J\T
¯ F, ΠJ )|
# #
# #
# $ i #
= ## [S(K, f (y i, ·), ΠyK ) − F (y i )]µ(J i )##
#{1≤i≤m : yi ∈J\T
¯ } #
$ i i
≤2 [S(K, f (y i, ·), ΠyK ) − S(K, f (y i, ·), Π̆yK )]µ(J i )
¯ }
{1≤i≤m : yi ∈J\T
≤ !/4 + 3!/4 = !.
J ,J -
= f (x) dx1 . . . dxi1 dxi1 +1 . . . dxn
I¯i1 +1 ×...×I¯n I¯1 ×...×I¯i1
J ,J ,J - -
= f (x) dxi1 dx1 . . . dxi1 −1 dxi1 +1 . . . dxn
I¯i1 +1 ×...×I¯n I¯1 ×...×I¯i1 −1 I¯i1
J ,J -
= Zi . . . dxn ,
f (x) dxi1 dx1 . . . dx 1
I¯1 ×...×I¯i1 −1 ×I¯i1 +1 ×...×I¯n I¯i1
sous la forme
(I¯1 × . . . × I¯i2 ) × (I¯i2 +1 × . . . × I¯n )
avec le terme I¯i1 omis dans celui des deux facteurs où il se trouve, on obtient,
en procédant exactement comme ci-dessus pour i1 ,
J J ,J ,J - -
f= f (x) dxi1 dxi2 dx1 . . . dx" "
min(i1 ,i2 ) . . . dxmax(i1 ,i2 ) . . . dxn ,
I¯ J¯ I¯i2 I¯i1
avec
",i ) × . . . × Imax(i
J = I1 × . . . × Imin(i ",i ) × . . . × In .
1 2 1 2
On notera que
T = {y ∈ J¯ : 1C (y, ·)f(y,
˜ ·) n’est pas intégrable sur K̄}
= {y ∈ J¯ : 1A (y).1B(y)(·).f(y,
˜ ·) n’est pas intégrable sur K̄}
˜ ·) n’est pas intégrable sur B(y)}
= {y ∈ J¯ : 1A (y).f(y,
= {y ∈ A : f (y, ·) n’est pas intégrable sur B(y)} = Ã.
Par le théorème de Fubini pour un pavé fermé, T est de q-mesure nulle et il
en est donc de même pour Ã. L’autre cas se traite de manière analogue. En
appliquant la seconde partie du théorème de Fubini pour un pavé fermé, on
trouve que la fonction F̃ définie par
J J
F̃ (y) = ˜ z) dz = 1A (y)
1C (y, z)f(y, ˜ z) dz
1B(y)(z)f(y,
K̄ K̄
J J
= 1A (y) f˜(y, z) dz = 1A (y) f (y, z) dz = 1A (y)F (y)
B(y) B(y)
ait un sens (c’est-à-dire telle que chacune des intégrales successives à partir
du centre existe), où, pour chaque 1 ≤ k ≤ r,
Ak (y1 , . . . , yk−1 )
h−1 −1
r : x 2→ (r x1 , x2 , . . ., xn ),
h−1 n ¯
r (I) est un semi-pavé de R . Soit ! > 0; il existe une jauge δ sur I telle
que
|S(I, f, Π) − J|2 ≤ !.
−1 −1 ¯
Soit δ̃ la jauge définie sur
8 hr (I)9 = hr (I) par δ̃ = c.(δ ◦ hr ) où c =
j ˜j
min(1, r ), et soit Π̃ = (x̃ , I )
−1
une P-partition δ̃-fine de h−1
r (I).
1≤j≤m
Posons
xj = hr (x̃j ), I j = hr (I˜j ), (1 ≤ j ≤ m).
550 CHAPITRE 14. REPRÉSENTATIONS ET TRANSFORMATIONS
Dès lors, si 2 ≤ k ≤ n, on a
Ikj = I˜kj ⊂ [x̃jk − δ̃(x̃j ), x̃jk + δ̃(x̃j )] = [xjk − cδ(hr (x̃j )), xjk + cδ(hr (x̃j ))]
j j j j
= [xk − cδ(xj ), xk + cδ(xj ))] ⊂ [xk − δ(xj ), xk + δ(xj )],
tandis que, si k = 1, on a
I1j = r I˜1j ⊂ [rx̃j − r δ̃(x̃j ), rx̃j + r δ̃(x̃j )] = [xj1 − δ(xj ), xj1 + δ(xj )].
Dès lors I j ⊂ B∞ [xj ; δ(xj )] pour chaque 1 ≤ j ≤ m et Π = {(x1 , I 1), . . . , (xm, I m)}
est une P-partition δ-fine de I. En conséquence, si l’on note en outre que
µ(I j ) = rµ(I˜j ) pour chaque 1 ≤ j ≤ m, on obtient
# #
#$m #
# #
−1
|S(hr (I), r.(f ◦ hr ), Π̃) − J|2 = #
# ˜
rf (hr (x̃ ))µ(I ) − J ##
j j
#j=1 #
2
# #
#m #
#$ #
= ## f (x )µ(I ) − J ## = |S(I, f, Π) − J|2 ≤ !,
j j
#j=1 #
2
et la démonstration est complète.
Considérons maintenant le cas des transformations de type s.
¯ alors f ◦ s = (f ◦ s)|Js |
Proposition. Si f est définie et P-intégrable sur I,
−1 ¯
est P-intégrable sur s (I) et l’on a
J J J
f ◦s= (f ◦ s)|Js | = f.
¯
s−1 (I) ¯
s−1 (I) I¯
|S(I, f, Π) − J|2 ≤ !
De la relation
on tire aussitôt
Ikj = Kkj ⊂ [x̃jk − δ̃(x̃j ), x̃jk + δ̃(x̃j )] = [xjk − δ(s(x̃j )), xjk + δ(s(x̃j ))]
= [xj1 − δ(s(x̃j )), xj1 + δ(s(x̃j ))] = [xj1 − δ(xj ), xj1 + δ(xj )].
Donc Π = {(x1 , I 1), . . . , (xm, I m)} est une P-partition δ-fine de I telle que,
pour chaque 1 ≤ j ≤ m, on a µ(I j ) = µ(I˜j ). En conséquence,
# #
#m #
#$ #
|S(K, f ◦ s, Π̃) − J|2 = ## f (s(x̃j ))µ(I j ) − J ##
#j=1 #
2
# #
#$ #
#m #
= ## f (x )µ(I ) − J ## = |(S(I, f, Π) − J|2 ≤ !,
j j
#j=1 #
2
et la démonstration est complète.
Considérons pour suivre le cas de la transformation pkl avec 1 ≤ k < l ≤
n.
¯ alors f ◦pkl = (f ◦pkl )|Jp |
Proposition. Si f est définie et intégrable sur I, kl
−1 ¯
est intégrable sur pkl (I) et l’on a
J J J
f ◦ pkl = f ◦ pkl |Jpkl | = f.
p−1
kl
¯
(I) p−1
kl
¯
(I) I¯
p−1
kl (I) = I1 × . . . × Il × . . . × Ik × . . . × In
est un semi-pavé de Rn . Soit ! > 0 et δ une jauge sur I¯ telle que |S(I, f, Π)−
J|2 ≤ ! pour toute P-partition δ-fine Π de I. Définissons 8 la 9jauge δ̃ sur
−1 −1 ¯ j ˜j
pkl (I) = pkl (I) par la relation δ̃ = δ ◦ pkl , et soit Π̃ = (x̃ , I ) une
1≤j≤m
P-partition δ̃-fine de p−1
kl (I). Posons, pour chaque 1 ≤ j ≤ m,
Iij = I˜ij ⊂ [x̃ji − δ̃(x̃j ), x̃ji + δ̃(x̃j )] = [xji − δ(pkl (x̃j )), xji + δ(pkl (x̃j ))]
tandis que, si i = k,
et de même,
Ilj ⊂ [xjl − δ(xj ), xjl + δ(xj )].
Donc Π = {(x1 , I 1 ), . . ., (xm, I m)} est une P-partition δ-fine de I, ce qui
entraı̂ne
# #
#m #
# $ #
−1
|S(pkl (I), f ◦ pkl , Π̃) − J|2 = #
# ˜
f (pkl (x̃ ))µ(I ) − J ##
j j
#j=1 #
2
# #
#m #
#$ #
=#
# f (x )µ(I ) − J ## = |S(I, f, Π) − J|2 ≤ !,
j j
#j=1 #
2
et achève la démonstration.
Le cas de la transformation r diffère substantiellement des précédents
par le fait que, si I = I1 × . . . × In , l’adhérence de
r −1 (I) = {x ∈ Rn : x1 + x2 ∈ I1 , x2 ∈ I2 , . . . , xn ∈ In }
et pour les (x2 , . . ., xn ) pour lesquels f (·, x2 , . . ., xn ) est L-intégrable sur I¯1 ,
la première proposition de cette section entraı̂ne la L-intégrabilité sur I¯1 −x2
de la fonction f (· + x2 , x2 , . . . , xn ) et les égalités
J J
f (x1 , x2 , . . ., xn ) dx1 = f (x1 + x2 , x2 , . . . , xn) dx1
I¯1 I¯1 −x2
J
= (f ◦ r)(x1 , . . ., xn ) dx1 .
I¯1 −x2
Par conséquent, (f ◦r)(·, x2, . . . , xn ) est L-intégrable sur I¯1 −x2 pour presque
tout (x2 , . . . , xn) ∈ I¯2 × . . . × I¯n et l’on a l’égalité
J J 2J 3
f= (f ◦ r)(x1 , . . . , xn) dx1 dx2 . . . dxn .
I¯ I¯2 ×...×I¯n I¯1 −x2
On montre de la même manière que |f ◦ r|2 (·, x2, . . . , xn ) est L-intégrable sur
I¯1 − x2 pour presque tout (x2 , . . . , xn ) ∈ I¯2 × . . . × I¯n et que
J J 2J 3
|f |2 = |f ◦ r|2 (x1 , . . . , xn) dx1 dx2 . . . dxn .
I¯ I¯2 ×...×I¯n I¯1 −x2
et dès lors
Par le théorème précédent, (f ◦ g)|Jg | = | det A|−1 (et donc toute fonction
¯ = h(I)
constante) est L-intégrable sur g −1 (I) ¯ et l’on a
J J
−1
| det A| = 1.
¯
h(I) I¯
¯ est n-intégrable et
Par conséquent, h(I)
¯ = | det A|µ(I).
µ(h(I)) ¯
14.5 Difféomorphismes
L’extension du théorème de changement de variables à certaines transforma-
tions non affines requiert quelques résultats préliminaires.
Lemme. Soit η > 0 donné. Pour chaque a ∈ E, il existe δ(a) > 0 tel que,
pour tout semi-cube I de côté c pour lequel
a ∈ I¯ ⊂ B∞ [a; δ(a)],
on a
g(I) ⊂ h(I $ ),
où h est l’application affine de Rn dans Rn définie par
h(x) = g(a) + ga$ (x − a),
et I $ est le semi-cube de Rn concentrique à I et de côté (1 + η)c.
Démonstration. Puisque (ga$ )−1 existe et est linéaire, il existe une cons-
tante b = b(a) > 0 telle que
|(ga$ )−1 (x)|∞ ≤ b|x|∞
pour tout x ∈ Rn . Soit σ ∈ ]0, η/2b[ ; comme g est dérivable en a, il ex-
iste δ(a) > 0 (que l’on peut toujours supposer suffisamment petit pour que
B∞ [a; δ(a)] ⊂ E puisque E est ouvert) tel que
|g(x) − h(x)|∞ = |g(x) − g(a) − ga$ (x − a)|∞ ≤ σ|x − a|∞
pour tout x ∈ B∞ [a; δ(a)]. Soit I un semi-cube tel que
a ∈ I¯ ⊂ B∞ [a; δ(a)],
et soit y ∈ g(I). Il existe un et un seul x ∈ I ⊂ B∞ [a; δ(a)] tel que y = g(x)
et, h étant une bijection de Rn sur Rn , il existe un et un seul u ∈ Rn tel que
y = h(u). Si nous posons v = h(x), nous obtenons
y − v = h(u) − h(x) = ga$ (u − x),
et dès lors
|u − x|∞ = |(ga$ )−1 (y − v)|∞ ≤ b|y − v|∞ = b|g(x) − h(x)|∞ ≤ bσ|x − a|∞ .
¯ on a |x − a|∞ ≤ c, et dès lors
Mais, puisque x ∈ I et a ∈ I,
|u − x|∞ ≤ bσc < (η/2)c,
ce qui implique, si w désigne le centre de I, que
|u − w|∞ ≤ |u − x|∞ + |x − w|∞ < (η/2)c + c/2 = (c/2)(1 + η).
Donc u appartient au semi-cube I $ de centre w et de côté (1 + η)c et y =
h(u) ∈ h(I $ ).
14.5. DIFFÉOMORPHISMES 557
Lemme. Soit f une fonction de Rn dans R+ continue sur g(E) et soit ! > 0.
Pour chaque a ∈ E, il existe δ(a) > 0 tel que B∞ [a; δ(a)] ⊂ E et tel que,
pour tout semi-cube I vérifiant les relations
a ∈ I¯ ⊂ B∞ [a; δ(a)],
où
K i = [a1 , b1 ] × . . . × {ai } × . . . × [an , bn],
Li = [a1 , b1] × . . . × {bi } × . . . × [an , bn].
Dès lors, g étant injective, on a
, n
-
>
¯ \g
g(I) = g(I) (K ∪ L ) ,
i i
i=1
elle est continue sur R2 et telle que ψ(0, 0) = 0; en conséquence, pour l’!
donné dans l’énoncé, on pourra trouver un δ $ > 0 tel que pour tout ξ vérifiant
|ξ| ≤ δ $ et tout η vérifiant |η| ≤ δ $ , on aura |ψ(ξ, η)| ≤ !.
558 CHAPITRE 14. REPRÉSENTATIONS ET TRANSFORMATIONS
A − ξ ≤ f (y) ≤ A + ξ
Lemme. Soit f une fonction de Rn dans R+ continue sur g(E). Pour tout
semi-cube I tel que I¯ ⊂ E, on a
J J
f≤ (f ◦ g)|Jg |.
g(I) I¯
14.5. DIFFÉOMORPHISMES 559
D’autre part, g étant injective, les g(I j ) partitionnent g(I); dès lors, si K
est un semi-pavé tel que g(I) ⊂ K̄, on a
J J J m
$ m 4J
$ 5
f= 1g(I)f = 1g(I j ) f = 1g(I j ) f =
g(I) K̄ K̄ j=1 j=1 K̄
m J
$ m J
$ m
$ J
f≤ (f ◦ g)|Jg| + ! µ(I j ) = (f ◦ g)|Jg | + !µ(I).
j
j=1 g(I ) j=1 I
j
j=1 I¯
({I1k , . . . , Im
k
k
})k∈N de partitions de I en semi-cubes telles que chaque gk soit
constante p.p. sur Ijk , 1 ≤ j ≤ mk , et telle que, pour tout x ∈ I, on ait
J 4 5 J
= lim gk .(f ◦ g)|Jg| = lim gk .(f ◦ g)|Jg |
I¯ k→∞ k→∞ I¯
mk J
$ mk
$ J
= lim gk .(f ◦ g)|Jg | = lim gk (xk,j ) (f ◦ g)|Jg |
k→∞ ¯k k→∞ I¯jk
j=1 Ij j=1
mk
$ J mk J
$
≥ lim gk (xk,j ) f = lim gk (xk,j )f
k→∞ g(Ijk ) k→∞ k
j=1 j=1 g(Ij )
mk J
$ mk J
$
−1 −1
= lim gk (g (g(x k,j
)))f = lim (gk ◦ g )f
k→∞ k k→∞ k
j=1 g(Ij ) j=1 g(Ij )
J J J J
= lim (gk ◦ g −1 )f = lim [(gk ◦ g −1 )f ] = 1F f = f.
k→∞ g(I) g(I) k→∞ g(I) F
On a donc J J
(f ◦ g)|Jg | ≥ f.
g −1 (F ) F
g ◦ g −1 = I,
et la formule devient
J b J g −1 (b)
f= (f ◦ g)g $.
a g −1 (a)
et la formule devient
J b J g −1 (a) J g −1 (b)
f =− (f ◦ g)g $ = (f ◦ g)g $.
a g −1 (b) g −1 (a)
On retrouve donc bien la formule démontrée dans le cas des fonctions pri-
mitivables.
Les théorèmes de Fubini, Tonelli et du changement de variable fournissent
une autre méthode pour calculer l’intégrale de Poisson
J ∞
I= exp(−x2 ) dx.
0
J ∞ 2J ∞ 3 J
= exp[−(x + y )] dx dy =
2 2
exp[−(x2 + y 2 )] dx dy.
0 0 ]0,∞ × ]0,∞[
14.6 Exercices
1. Soit f une fonction continue de R2 dans R possédant une dérivée partielle
par rapport à la première variable continue sur R et soient a et b deux
fonctions dérivables de R dans R. Si F est l’application de R dans R définie
par
J b(y)
F (y) = f (y, z) dz,
a(y)
qui est donc telle que F (y) = H(a(y), b(y), y), et on calculera F $ (y) en
utilisant le théorème de dérivation des fonctions composées et la règle de
Leibniz.
2. Utiliser la règle de Leibniz pour montrer que le potentiel V du champ de
gravitation créé par un corps matériel M de densité continue ρ vérifie, en
tout point x n’appartenant pas à M , l’équation de Laplace
3
$
∆V (x) ≡ 2
Djj V (x) = 0.
j=1
564 CHAPITRE 14. REPRÉSENTATIONS ET TRANSFORMATIONS
est bien définie sur ]0, ∞[ ×R. Montrer que, pour chaque x ∈ R, on a
et, en utilisant la règle de Leibniz, montrer que u vérifie sur ]0, ∞[ ×R,
l’équation de la chaleur
2
Dt u(t, x) − Dxx u(t, x) = 0.
x2 = r sin ϕ1 cos ϕ2 ,
...
xn−1 = r sin ϕ1 sin ϕ2 . . . sin ϕn−2 cos ϕn−1 ,
xn = r sin ϕ1 sin ϕ2 . . . sin ϕn−2 sin ϕn−1 .
Montrer que si g est l’application de E =]0, ∞[ × ]0, π[n−2 × ]0, 2π[ dans Rn
définie par le second membre de ces relations, alors g est un difféomorphisme
de E sur g(E) et
2πn/2
où ωn est une constante positive ne dépendant que de n (en fait, ωn = Γ( n )
).
2
C’est la formule classique. On sait que cette formule doit être remplacée par
une formule plus compliquée, analogue à celle que nous avons obtenue, quand
on s’occupe de l’intégration, au sens de Riemann, appliquée dans toute sa
généralité.
inférieure d’une fonction. Quand la fonction est mesurable, les deux inté-
grales coı̈ncident et réciproquement. M. Lebesgue étend, sans nouvelle dé-
monstration, cette formule aux intégrales de fonctions non bornées, pourvu
que celles-ci existent. M. Fubini a montré que l’introduction des intégrales
supérieures et inférieures est inutile et que la réduction peut toujours se faire
à l’aide des intégrales ordinaires. De plus, il a donné la démonstration de la
formule pour le cas où f est sommable dans Γ sans être bornée. Si on laisse
de côté cette dernière démonstration, on peut observer que le théorème de
M. Fubini peut se déduire, sans autre examen, de la formule de M. Lebesgue.
... La formule de M. Lebesgue prend donc la forme définitive
J J J J
f dx dy = dx f dy.
Mais il faut négliger au second membre l’ensemble (de mesure nulle) des
valeurs de x pour lesquelles l’intégrale intérieure n’existerait pas. C’est le
résultat indiqué par M. Fubini. A cause de son importance, nous allons
démontrer à nouveau cette formule de réduction par la voie qui nous paraı̂t
la plus naturelle. Cette démonstration détaillée, où nous ne ferons appel à
aucun théorème étranger, aura peut-être l’avantage de préciser sur certains
points les conditions de validité de la formule.
Charles-Jean de La Vallée Poussin, 1910
L’approximation par des sommes intégrales (qui est analogue à l’approche
usuelle de l’intégrale de Riemann) est utilisée pour obtenir le théorème de
Fubini pour l’intégrale de Perron dans une forme générale; on trouve des
conditions nécessaires et suffisantes pour l’existence de l’intégrale itérée.
Jaroslav Kurzweil, 1973
Parlons d’abord du changement de variables dans les intégrales multi-
ples. La véritable origine de la formule obtenue est dans le fait que le ja-
cobien d’une transformation ponctuelle, pris en valeur absolue, représente
le rapport de deux aires infiniment petites correspondantes, ou, s’il s’agit
d’intégrales triples, de deux volumes infiniment petits correspondants. ... Ce
résultat conduit évidemment à écrire
H H
la formule classique pour le change-
ment de variables sous le signe . Il n’en constitue pas cependant une
démonstration satisfaisante, au moins au premier abord, et l’on a, jusqu’ici,
présenté la démonstration autrement. Deux méthodes sont connues : l’une
consistant à faire successivement un changement de variable sur x seul et un
changement de variable sur y seul; l’autre dans laquelle on obtient l’aire S
568 CHAPITRE 14. REPRÉSENTATIONS ET TRANSFORMATIONS
Analyse vectorielle et
extérieure
569
570 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
du type
m
$ m
$
|T ([Γ(aj−1 ), Γ(aj )])|2 = |Γ(aj ) − Γ(aj−1 )|2 (15.1)
j=1 j=1
m
$
= L([Γ(aj−1 ), Γ(aj )]),
j=1
où L([Γ(aj−1 ), Γ(aj )]) = |Γ(aj ) − Γ(aj−1 )|2 est la longueur, au sens con-
sidéré plus haut, du segment de droite [Γ(aj−1 ), Γ(aj )]. On est alors amené
à dire que le nombre positif L est la longueur de C (dans la représentation
paramétrique Γ) si toutes les expressions (15.1) peuvent être rendues arbi-
trairement proches de L en prenant des partitions de pas
suffisamment petit.
Plus généralement, soit f une fonction de Rn dans Rp définie sur C et Γ
une représentation paramétrique de C. Certains problèmes de mathémati-
que, de science ou de technique, et en particulier celui de la détermination de
la masse d’un fil dont on connaı̂t la densité linéaire, conduisent à considérer
des “sommes de Riemann” du type
m
$
SL (Γ, f, Π) = f (Γ(tj ))|Γ(aj ) − Γ(aj−1 )|2 (15.2)
j=1
m
$ m
$
= f (Γ(tj ))L([Γ(aj−1 ), Γ(aj )]) = f (Γ(tj ))|T ([Γ(aj−1 ), Γ(aj )])|2,
j=1 j=1
A B
où Π = (tj , I j ) 1≤j≤m est une P-partition de I, avec I j = ]aj−1 , aj ]. Le cas
particulier f = 1 correspond évidemment au problème de la longueur analysé
plus haut et celui de la détermination de la masse d’un fil dont on connaı̂t
la densité linéaire correspond à p = 1. La somme de Riemann revient à
approcher l’arc de courbe par une ligne brisée et à supposer que, sur chaque
segment, la densité est constante et égale à sa valeur en un point de la partie
de la courbe approchée par le segment de droite. Il est alors assez naturel
d’obtenir la masse du fil par un processus de passage à la limite sur ces
sommes de Riemann analogue à celui introduit pour le concept d’intégrale.
Cela conduit à la définition suivante.
15.1. INTÉGRALE SUR UNE COURBE 571
j=1 i=1
m
, n -1/2
$ $
= f (Γ(t )) j
(Γ$i (tji ))2 (aj −a )
j−1 2
j=1 i=1
m
, n -1/2
$ $
= f (Γ(t )) j
(Γ$i (tji ))2 (aj − aj−1 ),
j=1 i=1
j j
oùti ∈ ]a , a [, 1 ≤ j ≤ m, 1 ≤ i ≤ n. Si on remplace ti par tj dans la
j−1 j
m
$
= f (Γ(tj ))|Γ$ (tj )|2 (aj − aj−1 ) = S(I, (f ◦ Γ)|Γ$ |2 , Π),
j=1
où le second membre est une somme de Riemann usuelle. Le problème est
donc de voir sous quelles conditions sur f et sur Γ ce remplacement est licite.
Proposition. Si f est bornée sur C et si Γ est de classe C 1 sur [a, b], alors,
¯ telle que pour toute
pour chaque ! > 0, il existe une jauge constante η sur I,
P-partition η-fine Π de I, on ait
Démonstration.
A
En B
vertu du calcul effectué ci-dessus, on a, pour la P-
partition Π = (tj , I j ) 1≤j≤m de I, avec I j = ]aj−1 , aj ],
tji
avec ∈ ]aj−1 , aj [, 1 ≤ j ≤ m, 1 ≤ i ≤ n, si l’on définit l’application h de
[a, b] × . . . × [a, b] dans R par
, n -1/2
$
h(t1 , . . . , tn ) = (Γ$i (ti ))2 .
i=1
Puisque Γ est de classe C 1 sur [a, b], h est uniformément continue sur [a, b] ×
. . . × [a, b]. Par conséquent, si M > 0 désigne un majorant de |f (x)|2 sur
C et si ! > 0 est donné, il existe une constante η > 0 telle que pour tout
(t1 , . . . , tn ) ∈ [a, b]×. . .×[a, b] et tout (t$1 , . . . , t$n ) ∈ [a, b]×. . .×[a, b] vérifiant
l’inégalité
|(t1 , . . . , tn ) − (t$1 , . . . , t$n )|∞ ≤ η,
on ait
|h(t1 , . . . , tn ) − h(t$1 , . . . , t$n )| ≤ !/M (b − a).
Si l’on prend cet η comme jauge constante sur [a, b] et si Π est une P-partition
η-fine de I, on aura
donc,
|(tj1 , . . ., tjn ) − (tj , . . . , tj )|∞ ≤ η,
et dès lors
|SL (Γ, f, Π) − S(I, (f ◦ Γ)|Γ$ |2 , Π)|2
m
$
≤ M (!/M (b − a))(aj − aj−1 ) = !,
j=1
# J #
# #
≤ |S(I, (f ◦ Γ)|Γ$ |2 , Π) − SL (Γ, f, Π)|2 + ##SL (Γ, f, Π) − f dL(Γ)##
C 2
≤ !/2 + !/2 = !.
574 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
Π : K → R3 , u 2→ c + u1 (d − c) + u2 (e − c).
où cj = Σ(aj1 , aj2 ), dj = Σ(bj1 , aj2 ), ej = Σ(aj1 , bj2 ), où l’on a assimilé l’élément
de surface correspondant à la restriction de Σ à I j au parallélogramme
[cj , dj , ej ] et où l’on a sommé les aires correspondantes. On est alors amené
à dire que le réel positif A est l’aire de S (pour la représentation paramétri-
que Σ) si les expressions (15.3) deviennent arbitrairement proches de A en
prenant des partitions de I suffisamment fines.
Plus généralement, et pour pouvoir donner un sens par exemple à la
notion de masse d’une plaque dont on connaı̂t la densité superficielle, on est
conduit, si f est une fonction de R3 dans Rp définie sur l’élément de surface
S de représentation paramétrique Σ, à considérer des “sommes de Riemann”
du type
m
$
SA (Σ, f, Π) = f (Σ(uj ))A([cj , dj , ej ])
j=1
m
$
= f (Σ(uj ))|N ([cj , dj , ej ])|2 , (15.4)
j=1
A B
relatives à la P-partition Π = (uj , I j ) 1≤j≤m de I, où, de nouveau, on a
posé c =
j
Σ(aj1 , aj2 ), dj
= Σ(bj1, aj2 ), ej = Σ(aj1 , bj2 ), 1 ≤ j ≤ m. On arrive
ainsi à la définition suivante.
Définition. On dit que f est A-intégrable sur l’élément de surface S de
représentation paramétrique Σ s’il existe J ∈ Rp tel que pour tout ! > 0,
il existe une jauge δ sur I¯ telle que, pour toute P-partition δ-fine Π =
A j j B
(u , I ) 1≤j≤m de I, on ait
A([cj , dj , ej ]) =
#8 9
# j,1 j j j j,2 j j j j,3 j j j
# D1 Σ1 (u1 , a2 )(b1 − a1 ), D1Σ2 (u1 , a2 )(b1 − a1 ), D1Σ3 (u1 , a2 )(b1 − a1 ) ∧
8 9#
#
D2 Σ1 (aj1 , uj,1 j j j j,2 j j j j,3 j j
2 )(b2 − a2 ), D2 Σ2 (a1 , u2 )(b2 − a2 ), D2 Σ3 (a1 , u2 )(b2 − a2 ) # 2
# & '
# D1 Σ2 (uj,2 j
D1 Σ3 (uj,3 j
#
= #det 1 , a2) 1 , a2 ) ,
# D2 Σ2 (aj1 , uj,2
2 ) D2 Σ3 (aj1 , uj,3
2 )
& '
D1 Σ3 (uj,3 j j,1 j
1 , a2 ) D1 Σ1 (u1 , a2 )
det ,
D2 Σ3 (a1 , u2 ) D2 Σ1 (a1 , uj,1
j j,3 j
2 )
& '#
D1 Σ1 (uj,1 j j,2 j #
det 1 , a2 ) D1 Σ2 (u1 , a2 ) #
# µ(I j ),
D2 Σ1 (aj1 , uj,1 j j,2
2 ) D2 Σ2 (a1 , u2 )
#
2
= |(JΣ2 ,Σ3 (uj ), JΣ3 ,Σ1 (uj ), JΣ1 ,Σ2 (uj ))|2 µ(Ij ),
où JΣi ,Σj désigne comme d’habitude le jacobien de l’application
u 2→ (Σi(u), Σj (u)), 1 ≤ i, j ≤ 3.
et J J
(f ◦ Σ)|NΣ |2 = (f ◦ Σ)[JΣ2 2 ,Σ3 + JΣ2 3 ,Σ1 + JΣ2 1 ,Σ2 ]1/2
K K
existent simultanément et sont égales.
J 2π J π J 2π
= r2 sin u1 du1 du2 = 2r 2 du2 = 4πr 2 .
0 0 0
Dans le cas particulier d’un élément de surface simple dont la trace dans
R3 est le graphe F = {(x1 , x2, f (x1 , x2 )) : (x1 , x2 ) ∈ K} d’une fonction f de
R2 dans R de classe C 1 sur le pavé fermé K, on considère la représentation
paramétrique naturellement associée
Comme
JΣ2 ,Σ3 = −D1 f, JΣ3 ,Σ1 = −D2 f, JΣ1 ,Σ2 = 1,
on trouve immédiatement la formule importante
J
A(F ) = [1 + (D1 f )2 + (D2 f )2 ]1/2.
K
m
$
= (f (Γ(tj ))|T ([Γ(aj−1 ), Γ(aj )])),
j=1
A B
si Π = (tj , ]aj−1 , aj ])
1≤j≤m est une P-partition de I =]a, b]. De telles
sommes apparaissent lorsqu’on remplace la restriction de Γ à [aj−1 , aj ] par
le segment de droite [Γ(aj−1 ), Γ(aj )] et que l’on suppose que, sur ce segment,
le champ vectoriel garde la valeur constante f (Γ(tj )).
On est ainsi conduit à la définition suivante.
Définition. On dit que J ∈ R est la circulation du champ vectoriel f le
long de l’arc de courbe C de représentation paramétrique Γ si pour chaque
! > 0 il existe une jauge δ sur I¯ telle que pour toute P-partition δ-fine Π de
I, on a
|SC (Γ, f, Π) − J| ≤ !.
On montre comme d’habitude l’unicité d’un tel J, ce qui justifie la ter-
minologie, et on le désigne par
J J J
(f |T (dΓ)) ou (f |dT (Γ)) ou (f |dT )
C C CΓ
pour rappeler son mode de construction. Comme pour les autres extensions
de l’intégrale introduites précédemment, on peut déduire de cette définition
un certain nombre de propriétés. Nous nous contenterons de montrer que si
f est borné sur C et si Γ est de classe C 1 , la circulation de f le long de Γ se
ramène à l’intégrale usuelle sur [a, b] d’une fonction de R dans R construite
à partir de f, Γ et Γ$ . Pour déterminer heuristiquement la forme de cette
fonction, il suffit encore, lorsque Γ est dérivable, d’appliquer le théorème de
Lagrange aux composantes Γi dans l’expression de la somme de Riemann.
On trouve ainsi
, n -
m $
$ 8 9
SC (Γ, f, Π) = fi (Γ(t )) Γi (a ) − Γi (a
j j j−1
)
j=1 i=1
, n
m $
-
$
= fi (Γ(t j
))Γ$i (tji )(aj −a j−1
) ,
j=1 i=1
15.3. CIRCULATION D’UN CHAMP VECTORIEL 581
m
$
= (f (Γ(tj ))|Γ$ (tj ))(aj − aj−1 ) = S(I, (f ◦ Γ|Γ$ ), Π),
j=1
et J J
b n
b$
$
(f ◦ Γ|Γ ) = (fi ◦ Γ)Γ$i
a a i=1
Γ$ = (τΓ ◦ Γ)|Γ$ |2 .
Dès lors, par les propriétés de l’intégrale sur un arc de courbe, on obtient
J J b
(f |dT (Γ)) = (f ◦ Γ|Γ$ )
C a
J b J
= (f ◦ Γ|τΓ ◦ Γ)|Γ$ |2 = (f |τΓ )dL(Γ),
a C
ce qui montre que, dans ces conditions, la circulation de f le long de l’arc
de courbe C de représentation paramétrique Γ est égale à l’intégrale sur C
de la fonction (f |τΓ ).
m 8
$ 9
= f (Σ(uj ))|(Σ(dj ) − Σ(cj )) ∧ (Σ(ej ) − Σ(cj )) ,
j=1
où les notations sont celles utilisées pour les intégrales de surface. De telles
sommes correspondent à l’approximation qui consiste à remplacer la restric-
tion de Σ à I j par le parallélogramme [cj , dj , ej ] et de supposer que le champ
f y a la valeur constante f (Σ(uj )). On est ainsi conduit à la définition
suivante.
Définition. On dit que J ∈ R est le flux du champ vectoriel f : S → R3
à travers l’élément de surface S de représentation paramétrique Σ si pour
chaque ! > 0, il existe une jauge δ sur I¯ telle que, pour toute P-partition
δ-fine Π de I, on a
|SF (Σ, f, Π) − J|2 ≤ !.
On montre comme d’habitude qu’il existe au plus un tel J et on le note
J J J
(f |N (dΣ)) ou (f |dN (Σ)) ou (f |dN ),
S S SΣ
j=1
D2 Σ2 (aj1 , uj,2 j j,3
2 ) D2 Σ3 (a1 , u2 )
& '
D1 Σ3 (uj,3 j j,1 j
1 , a2 ) D1 Σ1 (u1 , a2 )
+f2 (Σ(u )) detj
D2 Σ3 (aj1 , uj,3 j j,1
2 ) D2 Σ1 (a1 , u2 )
& '-
j,1 j j,2 j
D1 Σ1 (u1 , a2 ) D1 Σ2 (u1 , a2 )
+ f3 (Σ(u )) det
j
j j,1 j j,2 µ(I j ),
D2 Σ1 (a1 , u2 ) D2 Σ2 (a1 , u2 )
où les uj,k
l appartiennent à ]ajl , bjl [, (1 ≤ j ≤ m; 1 ≤ k ≤ 3; 1 ≤ l ≤ 2).
Si, dans cette expression, on remplace les arguments des Dl Σk par uj , on
obtient la somme de Riemann usuelle
m
$
[f1 (Σ(uj ))JΣ2 ,Σ3 (uj ) + f2 (Σ(uj ))JΣ3 ,Σ1 (uj )
j=1
584 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
où k est un entier compris entre 1 et n, les fi1 ,...,ik sont des fonctions de Rn
dans R, Φ : K ⊂ Rk → Rn est une application de classe C 1 sur le pavé
fermé K et JΦi1 ,...,ik : K → R, u 2→ det[(Φi1 , . . . , Φik )$u ] est le jacobien de
l’application (Φi1 , . . . , Φik ) de K dans Rk . Le premier exemple correspond à
k = 1 et n quelconque, le deuxième à k = 2 et n = 3 et le troisième à k = n.
Des expressions du type général se présentent lorsqu’on cherche à étendre
les notions des deux dernières sections du cas particulier des courbes et des
surfaces dans R2 ou R3 au cas général des “variétés de dimension k dans
Rn ”. Elles possèdent par ailleurs des propriétés algébriques et différentielles
remarquables qui unifient les opérateurs différentiels de l’analyse vectorielle
et fournissent le langage naturel pour la généralisation aux intégrales mul-
tiples du théorème fondamental du calcul différentiel et intégral. Cette
généralisation s’appelle le théorème de Stokes-Cartan et fournit en outre un
traitement unifié et rigoureux des résultats d’analyse vectorielle, rencontrés
en physique et en mécanique, sur la réduction d’intégrales de volume à des
intégrales de surface, et d’intégrales de surface à des intégrales curvilignes.
C’est à ces questions et à des applications à l’analyse complexe que nous
consacrerons les sections et le chapitre suivants. Sans perte de généralité, on
pourra toujours supposer, en faisant si nécessaire une reparamétrisation, que
K est le produit cartésien d’intervalles unitaires [0, 1]. Pour des raisons de
simplicité, on se limitera au cas où les fonctions fi1 ,...,ik sont au moins con-
tinues sur K, ce qui suffit pour bon nombre d’applications. Enfin, l’élément
586 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
p1,1 (h1 , h2 ) = h11 h21 − h21 h11 , p1,2 (h1 , h2 ) = h11 h22 − h21 h12 ,
p1,3 (h1 , h2 ) = h11 h23 − h21 h13 , p1,4 (h1 , h2 ) = h11 h24 − h21 h14 ,
p2,1 (h1 , h2 ) = h12 h21 − h11 h22 , p2,2 (h1 , h2 ) = h12 h22 − h22 h12 ,
p2,3 (h1 , h2 ) = h12 h23 − h22 h13 , p2,4 (h1 , h2 ) = h12 h24 − h22 h14 ,
et ainsi de suite pour p3,1 , p3,2 , p3,3, p3,4 , p4,1, p4,2, p4,3 et p4,4 .
Par les propriétés des déterminants, on a
et dès lors,
pj1 ,...,ji ,...,jl ,...,jk = 0
s’il existe i =
/ l tel que ji = jl . En particulier, si k > n, un tel couple existe
toujours et donc pJ = 0 quel que soit J.
15.5. ALGÈBRE DES FORMES EXTÉRIEURES 587
Posons
L’application 5p1,2 + 12 p2,1 + 8p4,3 est une 2-forme extérieure réelle sur Rn .
[
Si K = R ou C, l’ensemble k (Rn , K) des k-formes extérieures à valeurs
dans K est donc l’espace vectoriel sur K engendré par les k-formes élémentai-
res pI. C’est évidemment un sous-espace vectoriel de l’ensemble Lk (Rn , K)
des applications k-linéaires de Rn dans K.
Il est utile également de donner un sens à la notion de 0-forme extérieure.
Toute application u : {0} → K est caractérisée par son unique valeur u =
u(0), et l’on peut ainsi associer une 0-forme à chaque élément de K.
% [
Si u = J∈B(n,k) uJ pJ ∈ k (Rn , K), alors, on a
$ $ $
u= uJ pJ = uπ(I) pπ(I)
J∈A(n,k) I∈C(n,k) permutations π(I) de I
$ $ $
= uπ(I) sign π(I) pI = ũI pI,
I∈C(n,k) permutations π(I) de I I∈C(n,k)
si l’on pose
$
ũI = uπ(I) sign π(I).
permutations π(I) de I
[k
On voit donc que tout u ∈ (Rn , K) peut s’exprimer comme combinai-
son linéaire à coefficients dans K des k-formes fondamentales. Que cette
expression soit unique résulte du lemme suivant.
%
Lemme. I∈C(n,k) uI pI = 0 si et seulement si uI = 0, (I ∈ C(n, k)).
Démonstration. La condition suffisante est évidente. Pour la condition
nécessaire, si I = (i1 , . . . , ik ) ∈ C(n, k), de telle sorte que 1 ≤ i1 < i2 < . . . <
ik ≤ n, alors, en prenant h = (h1 , . . . , hk ) ∈ Rnk défini par
i = 0, i ∈ {1, 2, . . ., n} \ {i1 , . . ., ik },
hm
on trouve
$
0= uJ pJ (h1 , . . . , hk ) = uI ,
J∈C(n,k)
[k
Dès lors, si u ∈ (Rn , K) et si
$ $
u= uIpI = u$I pI ,
I∈C(n,k) I∈C(n,k)
on en déduit
$
(uI − u$I)pI = 0,
I∈C(n,k)
pI ∧ pJ = p(I,J),
En d’autres termes, pi1 ,...,ik ∧pj1 ,...,jl = pi1 ,...,ik ,j1 ,...,jl . Si (I, J) /∈ A(n, k +
l) (c’est-à-dire si I et J ont un élément en commun), alors, par ce qui précède,
pI ∧ pJ = 0. Si (I, J) ∈ A(n, k + l), désignons par [I, J] ∈ C(n, k + l) le (k+l)-
uple obtenu en réordonnant les éléments de I∪J dans l’ordre croissant: p[I,J]
est donc une (k+l)-forme fondamentale.
590 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
pI ∧ pJ = (−1)α(I,J)p[I,J],
(pI ∧ pJ ) ∧ pK = pI ∧ (pJ ∧ pK ),
= (−1)α(I,J)+α(I,K)+α(J,K)p[I,J,K].
On montre de la même manière que pI ∧ (pJ ∧ pK ) est égal à cette dernière
expression.
Passons maintenant à la définition du produit extérieur de deux formes
quelconques.
Définition. Si
% [k % [l
u= I∈C(n,k) uI pI ∈ (Rn , K), v = J∈C(n,l) vJ pJ ∈ (Rn , K),
sont respectivement une k-forme extérieure et une l-forme extérieure sur Rn ,
[
le produit extérieur u ∧ v de u par v est l’élément de k+l (Rn , K) défini par
$ $
u∧v = uI vJ p(I,J).
I∈C(n,k) J∈C(n,l)
[k [l
Proposition. 1. Si u ∈ (Rn , K), v ∈ (Rn , K) et k + l > n, alors
u ∧ v = 0.
[k [k [l
2. Si u ∈ (Rn , K), v ∈ (Rn , K) et w ∈ (Rn , K), c ∈ K, alors
(u + v) ∧ w = (u ∧ w) + (v ∧ w),
w ∧ (u + v) = (w ∧ u) + (w ∧ v),
(cu) ∧ w = u ∧ (cw) = c(u ∧ w).
[k [l [m
3. Si u ∈ (Rn , K), v ∈ (Rn , K) et w ∈ (Rn , K), alors
(u ∧ v) ∧ w = u ∧ (v ∧ w),
et la valeur commune s’écrit u ∧ v ∧ w.
[ [
4. Si u ∈ k (Rn , K) et v ∈ l (Rn , K), alors
u ∧ v = (−1)kl (v ∧ u).
p(I,J) = pi1 ,...,ik ,j1 ,...,jl = (−1)kl pj1 ,...,jl ,i1 ,...,ik = (−1)kl p(J,I).
%3 %3 %3
Exemple. Si u = i=1 ui pi et v = j=1 k=1 vj,k pj,k , on a
% %
Définition. Si u = I∈C(n,k) uIpI et v = I∈C(n,k) vI pI sont deux élé-
[
ments de k (Rn , K), le produit scalaire (u|v) de u par v est l’élément de K
défini par $
(u|v) = uI vI ,
I∈C(n,k)
[k
Proposition. Soient n ≥ 1 et 0 ≤ k ≤ n des entiers et soit u ∈ (Rn , K).
[
Alors 7u est l’unique élément de n−k (Rn, K) tel que l’on ait
v ∧ 7u = !(I)p(L,I∗)
v ∧ w = v ∧ z = (v|u)p1,...,n ,
[k
pour tout v ∈ (Rn , K), alors, pour ces v, on aura
v ∧ (w − z) = 0.
En posant
$
w−z= cIpI ,
I∈C(n,n−k)
et donc w − z = 0.
L’adjointe d’une forme a les propriétés suivantes.
594 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
[k
Proposition. Si u, v ∈ (Rn , K) et si c ∈ K, on a
1. 7(cu) = c̄(7u)
2. 7(u + v) = 7u + 7v
3. 77u = (−1)k(n−k) u.
Démonstration. Les propriétés 1 et 2 sont évidentes. Pour la propriété
% %
3, si u = I∈C(n,k) uI pI, alors 7u = I∈C(n,k) !(I)uIpI∗ et
$ $
7(7u) = !(I∗ )!(I)uIpI∗∗ = (−1)k(n−k) uI pI = (−1)k(n−k) u.
I∈C(n,k) I∈C(n,k)
%3 %3
Exemples. 1. Si u = i=1 ui pi et v = i=1 vi pi sont des éléments de
[1 3
(R , R), alors
u ∧ v = (u1 v2 − u2 v1 )p1,2 + (u1 v3 − u3 v1 )p1,3 + (u2 v3 − u3 v2 )p2,3 ,
et
7(u ∧ v) = (u1 v2 − u2 v1 )p3 − (u1 v3 − u3 v1 )p2 + (u2 v3 − u3 v2 )p1
= (u2 v3 − u3 v2 )p1 + (u3 v1 − u1 v3 )p2 + (u1 v2 − u2 v1 )p3 ,
qui est la 1-forme dans R3 associée au produit vectoriel u ∧ v des éléments u
et v de R3 naturellement associés à u et v.
2. Avec les mêmes notations que dans l’exemple 1, on a aussi
(7u) ∧ v = (u|v)p1,2,3 = u ∧ (7v)
ou encore
7[(7u) ∧ v] = 7[u ∧ (7v)] = (u|v).
ωfn = f p1,...,n .
Explicitement, on a donc,
$ n
$
dω = Di wIp(i,I).
I∈C(n,k) i=1
[
Proposition. Soit E ⊂ Rn un ouvert, k ≥ 0, l ≥ 0, ω ∈ C 1 (E, k (Rn , K)),
[ [ [
λ ∈ C 1 (E, k (Rn , K)), µ ∈ C 1 (E, l (Rn , K)), ν ∈ C 2 (E, k (Rn , K)), c ∈ K
et f ∈ C 1 (E, K). Alors, on a
[ [
1. ω + λ ∈ C 1 (E, k (Rn , K)), cω ∈ C 1 (E, k (Rn , K)) et
[k
2. f ω ∈ C 1 (E, (Rn , K)) et
d(f ω) = df ∧ ω + f dω.
[k+l
3. ω ∧ µ ∈ C 1 (E, (Rn , K)) et
Dès lors,
n
$ n
$
7df = !(i) Dif dxi∗ = Z ∧ . . . ∧ dx ,
(−1)i−1 Dif dx1 ∧ . . . ∧ dx i n
i=1 i=1
n
$ n
$
= (−1)i−1 2
Dij Zi ∧ . . . ∧ dxn
f dxj ∧ dx1 ∧ . . . ∧ dx
i=1 j=1
600 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
n
$
= (−1)i−1 Dii
2 Z ∧ . . . ∧ dx
f dxi ∧ dx1 ∧ . . . ∧ dx i n
i=1
& n
'
$
= 2
Dii f dx1 ∧ . . . ∧ dxn = ?f dx1 ∧ . . . ∧ dxn ,
i=1
%n
où ?f = i=1
2 f s’appelle le laplacien de f . On a donc aussi
Dii
7d 7 df = ?f.
%n [1
2. Soit ωw
1
= i=1 wi dxi ∈ C 1 (E, (Rn , R)), où E ⊂ Rn est ouvert.
Alors,
n
$ n $
$ n $
1
dωw = dwi ∧ dxi = Dj wi dxj ∧ dxi = Dj wi dxj ∧ dxi
i=1 i=1 j=1 1≤i<j≤n
$ $
+ Dj wi dxj ∧ dxi = (Diwj − Dj wi)dxi ∧ dxj .
1≤j<i≤n 1≤i<j≤n
En particulier, si n = 2,
1
dωw = (D1 w2 − D2 w1 )dx1 ∧ dx2 , 7dωw
1
= D1 w2 − D2 w1 .
Si n = 3,
1
7dωw = (D1 w2 − D2 w1 )dx3 − (D1 w3 − D3 w1 )dx2 + (D2 w3 − D3 w2 )dx1
et n
$
1
d 7 ωw = Z ∧ . . . ∧ dx
(−1)i−1 dwi ∧ dx1 ∧ . . . ∧ dx i n
i=1
n
$ n
$
= (−1)i−1 Zi ∧ . . . ∧ dxn
Dj wi dxj ∧ dx1 ∧ . . . ∧ dx
i=1 j=1
15.6. FORMES DIFFÉRENTIELLES 601
n
$
= Z ∧ . . . ∧ dx
(−1)i−1 Di wi dxi ∧ dx1 ∧ . . . ∧ dx i n
i=1
& n
'
$
= Di wi dx1 ∧ . . . ∧ dxn = ωdiv
n
w,
i=1
et donc
rot grad f = 0,
tandis que
0 = d2 ωw
1
= d(7 7 dωw
1
) = d(7ωrot
1
w ) = ωdiv rot w ,
3
et donc
div rot w = 0.
L’étude des propriétés des opérateurs différentiels gradient, divergence,
rotationnel et de leurs dérivés s’appelle l’analyse vectorielle. La théorie des
formes différentielles lui fournit un cadre général et systématique.
Si F ⊂ Rm et E ⊂ Rn sont des ouverts, si f ∈ C 1 (E, K) et g ∈ C 1 (F, E),
on sait, par le théorème de dérivation des fonctions composées, que f ◦ g ∈
C 1 (F, K) et que
n
$
= Di f (g(y))dgi(y, h),
i=1
pour tout y ∈ F et tout h ∈ R . On a donc
m
n
$
d(f ◦ g) = [(Dif ) ◦ g]dgi, (15.6)
i=1
g ∗ f = f ◦ g,
3. g ∗ (ω ∧ µ) = g ∗ ω ∧ g ∗ µ
4. Si f ∈ C 1 (E, K), d(g ∗f ) = g ∗ (df )
[
5. Si ω ∈ C 1 (E, k (Rn , K)), k ≥ 1 et g ∈ C 2 (F, E),
(g ◦ h)∗ ω = h∗ (g ∗ω).
d(g ∗(wIdxI )) = d(g ∗wI) ∧ dgI = g ∗ dwI ∧ g ∗ (dxI) = g ∗ (dwI ∧ dxI) = g ∗ (dω).
Pour la propriété 6, on a
et
h∗ (g ∗ ω) = h∗ ((wI ◦ g)dgI) = (wI ◦ g ◦ h)h∗ dgI .
Comme
et
h∗ dgI = h∗ (dgi1 ∧ . . . ∧ dgik ) = h∗ dgi1 ∧ . . . ∧ h∗ dgik ,
la thèse découle de la propriété 4.
Le résultat qui suit montre le lien entre les formes différentielles et les
intégrands liés à la circulation et au flux d’un champ de vecteurs.
604 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
Proposition. Si E ⊂ Rn ,
% I [k
ω= I∈C(n,k) wI dx ∈ C 0 (E, (Rn , K)),
Démonstration. Comme
$
g ∗ω = (wI ◦ g)dgI,
I∈C(n,k)
si l’on pose
$
ω= wIdxI .
I∈C(n,k)
[k H
Φ : C 0 (E, (Rn , K)) → K, ω 2→ Φ(ω) = Uk 7(Φ∗ ω).
au lieu de Φ(ω), ce qui fournit une notation concise pour l’intégrale de ω sur
Φ. Par extension, on appellera également Φ un k-simplexe et l’on parlera de
l’intégrale de ω sur Φ. On peut combiner linéairement ces formes linéaires:
%
si cj ∈ R et Φj ∈ Sk1 (E), (1 ≤ j ≤ m), la forme linéaire m j=1 cj Φ sur
j
[k n
C (E, (R , K)) est définie de manière usuelle par
0
%m [k %m %m H
j=1 cj Φ
j : C 0 (E, (Rn , K) → K, ω 2→ j=1 cj Φ
j (ω) = j=1 Φj ω.
et
D1 Φ(u2 , u1 ) ∧ D2 Φ(u2 , u1 )
(où ∧ désigne ici le produit vectoriel dans R3 ) seront de sens opposés, ce qui
rejoint la notion intuitive d’orientation opposée pour deux surfaces dans R3
ayant la même image.
15.7. INTÉGRALE D’UNE FORME SUR UNE CHAı̂NE 609
r ≥ 1 un entier.
Définition. On appelle chemin dans E de classe C r par morceaux toute
%
1-chaı̂ne mi=1 Φ dans E de classe C telle que
i r
Un chemin sera dit fermé ou sera appelé un cycle dans E de classe C r par
morceaux si, en outre,
Φm (1) = Φ1 (0).
La terminologie s’explique aisément si l’on traduit géométriquement les
conditions de la définition sur l’image du chemin.
La définition d’intégrale d’une k-forme différentielle sur une k-chaı̂ne est
un cas particulier de la combinaison linéaire des formes linéaires associées à
des k-simplexes.
% [k
Définition. Si mi=1 ni Φ ∈ Ck (E) et ω ∈ C (E, (Rn , K)), l’intégrale de
i r 0
%m
ω sur i=1 ni Φ est définie par
i
J m
$ J
%m ω= ni ω.
i=1
ni Φi i=1 Φi
F 1,α : U 0 = {0} → U 1 , 0 2→ α.
On a F 1,0 (u) = (0, u), F 1,1(u) = (1, u), F 2,0(u) = (u, 0), F 2,1(u) = (u, 1),
et dès lors, en vertu des remarques faites sur l’orientation, on peut prendre
respectivement pour −F1,0 , −F2,1 , F1,1 et F2,0 les formes linéaires associées
aux 1-simplexes définis par u 2→ (0, 1 − u), u 2→ (1 − u, 1), u 2→ (1, u) et
u 2→ (u, 0). Lorsque le paramètre u décrit U = [0, 1] monotonément de 0 à
1, l’image de la première application décrit le segment orienté joignant e2 à
0 dans R2 , l’image de la deuxième décrit le segment orienté joignant 0 à e1 ,
l’image de la troisième décrit le segment orienté joignant e1 à (1, 1) et l’image
de la quatrième décrit le segment orienté joignant (1, 1) à e2 . La frontière
fr U 2 de l’image U 2 de I est donc parcourue en laissant l’intérieur de U 2 à
gauche. On voit que ∂I munit la frontière fr I(U ) d’une orientation.
15.7. INTÉGRALE D’UNE FORME SUR UNE CHAı̂NE 611
(u, v, w) 2→ (ur cos 2πv sin πw, ur sin 2πv sin πw, ur cos πw)
Σ1,1 (v, w) = (r cos 2πv sin πw, r sin 2πv sin πw, r cos πw),
Σ2,0 (u, w) = (ur sin πw, 0, ur cos πw), Σ2,1 = Σ2,0,
Σ3,0 (u, v) = (0, 0, ur), Σ3,1 = Σ3,0 .
Dès lors, ∂Σ = Σ1,1 , et Σ1,1 est une 2-chaı̂ne dans R3 dont l’image est la
sphère de centre 0 et de rayon r.
La définition du bord s’étend sans peine à une k-chaı̂ne.
% %m
Définition. Si m i=1 ni Φ ∈ Ck (E), avec E ⊂ R , le bord ∂( ni Φi ) de
i r n
%m i=1
i=1 ni Φ est la (k-1)-chaı̂ne dans E de classe C définie par
i r
& m
' m m $
k $
1
$ $ $
∂ ni Φ i
= ni ∂Φi = (−1)j+αni Φi,j,α ,
i=1 i=1 i=1 j=1 α=0
[k
où Φi,j,α est la forme linéaire sur C 0 (E, (Rn , K) associée à Φi ◦ F j,α .
%m
Exemple. Soit i=1 Φi un chemin dans E de classe C 1 par morceaux.
Alors, & '
m
$ m
$ m
$
∂ Φ i
= ∂Φi = [Φi(1) − Φi (0)] =
i=1 i=1 i=1
m−1
$ m
$
= Φi+1 (0) + Φm (1) − Φi(0) = Φm (1) − Φ1 (0),
i=1 i=1
F j,α : U k−1 → U k , α = 0, 1, 1 ≤ j ≤ k,
et
Gl,β : U k−2 → U k−1 , β = 0, 1, 1 ≤ l ≤ k − 1,
les applications faces (avec des notations distinctes puisque les dimensions
sont distinctes). On vérifie aisément, à partir des définitions, que
1 $
$ k 1 k−1
$ $
= (−1)α+j (−1)β+l Φ ◦ Fj,α ◦ Gl,β
α=0 j=1 β=0 l=1
$ k j−1
1 $ $
= (−1)α+β+j+l Φ ◦ Fj,α ◦ Gl,β
α,β=0 j=2 l=1
1 $
$ k k−1
$
+ (−1)α+β+j+l Φ ◦ Fj,α ◦ Gl,β
α,β=0 j=1 l=j
$ k j−1
1 $ $
= (−1)α+β+j+l Φ ◦ Fl,β ◦ Gj−1,α
α,β=0 j=2 l=1
1 $
$ k k−1
$
+ (−1)α+β+j+l Φ ◦ Fj,α ◦ Gl,β
α,β=0 j=1 l=j
1
$ k−1
$$ j
= (−1)α+β+j+l+1 Φ ◦ Fl,β ◦ Gj,α
α,β=0 j=1 l=1
k−1
$ k−1
$
+ (−1)α+β+j+l Φ ◦ Fj,α ◦ Gl,β
j=1 l=j
15.8. THÉORÈME DE STOKES-CARTAN 613
1
$ k−1
$ k−1
$
= (−1)α+β+j+l+1 Φ ◦ Fj,α ◦ Gl,β
α,β=0 j=1 l=j
k−1
$ k−1
$
+ (−1)α+β+j+l Φ ◦ Fj,α ◦ Gl,β
j=1 l=j
1 k−1
$ $ k−1
$
= (−1)α+β+j+l [Φ ◦ Fj,α ◦ Gl,β − Φ ◦ Fj,α ◦ Gl,β ],
α,β=0 j=1 l=j
J J
df = f.
Φ ∂Φ
Démonstration. On a
J m J & n
'
$ $
df = ni Dk f dxk
Φ i=1 Φi k=1
m J , n
- m J
$ 1 $ $ 1
= ni (Dk f ◦ Φ i
)(Φik )$ = ni (f ◦ Φi )$
i=1 0 k=1 i=1 0
m
$ J J
= ni [f (Φi(1)) − f (Φi(0))] = %m f= f.
i=1 i=1
ni ∂ Φi ∂Φ
614 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
k $
$ 1 J
= (−1)j+α 7(Φ ◦ F j,α )∗ ω
j=1 α=0 U k−1
k $
$ 1 J
= (−1) j+α
7(F j,α )∗ (Φ∗ ω).
j=1 α=0 U k−1
[k−1
Il suffit donc de prouver que, pour tout λ ∈ C 1 (U k , (Rk , K)), on a
J k $
$ 1 J
7dλ = (−1)j+α 7(F j,α )∗ λ,
Uk j=1 α=0 U k−1
avec li ∈ C 1 (U k , R).
Dans ce cas, on a
& k
'
$
dλ = Z ∧ . . . ∧ dx
Dm li dxm ∧ dx1 ∧ . . . ∧ dx i k
m=1
J 2J 1 3
= (−1)i−1 Z . . . du
Di li(u1 , . . . , ui, . . . , uk ) dui du1 . . . du i k
U k−1 0
J
= (−1)i−1 Z . . . du .
[li(u1 , . . ., 1, . . ., uk )−li(u1 , . . . , 0, . . ., uk )]du1 . . . du i k
U k−1
D’autre part,
k $
$ 1 J
(−1)j+α 7(F j,α )∗ λ
j=1 α=0 U k−1
k $
$ 1 J
= (−1)j+α (li ◦ F j,α )J .
,...,FZ
j,α j,α j,α
U k−1 (F1 i ,...,Fk )
j=1 α=0
J = 0,
,...,FZ
j,α j,α j,α
(F1 i ,...,Fk )
si j /= i, tandis que, si j = i, on a
Z
(F1i,α , . . . , Fii,α , . . . , Fki,α)(u) = (u1 , . . . , uk−1 ) = u,
et
J Z = 1.
(F1i,α ,...,F i,α i,α
i ,...,Fk )
616 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
Dès lors,
k $
$ 1 J 1
$ J
∗
(−1)j+α 7(F j,α) λ = (−1)i+α (li ◦ F i,α )
j=1 α=0 U k−1 α=0 U k−1
J
= (−1)i−1 [li(u1 , . . . , uj−1 , 1, uj , . . ., uk−1 )
U k−1
−li (u1 , . . ., uj−1 , 0, uj , . . . , uk−1 )] du1 . . . duk−1 ,
et le théorème est démontré.
Remarque. Les deux membres de l’égalité exprimant le théorème de Stokes-
Cartan ont un sens sous la seule hypothèse que la forme et la k-chaı̂ne soient
de classe C 1 . On peut donc se poser la question de la nécessité de l’hypothèse
que la chaı̂ne soit de classe C 2 (lorsque k ≥ 2) que notre démonstration
impose. Un procédé d’approximations que nous ne développerons pas ici,
montre que le théorème de Stokes-Cartan est valide pour des chaı̂nes de
classe C 1 .
Donnons maintenant quelques cas particuliers importants du théorème
de Stokes-Cartan.
1. k = 1 : circulation d’un champ gradient.
%
Soit Φ = m i=1 Φ un chemin dans E ⊂ R de classe C par morceaux et
i n 1
ce qui montre que l’intégrale d’un champ gradient sur E le long d’un chemin
dans E ne dépend que des extrémités Φ1 (0) et Φm (1) du chemin, et non du
chemin lui-même.
2. n = 2, k = 2 : formule de Green-Riemann
Soit A ⊂ R2 telle que A = Φ(U 2 ), où Φ : F → Φ(F ) est un difféomor-
phisme de classe C 2 de l’ouvert F ⊂ R2 sur l’ouvert E = Φ(F ), tel que
15.8. THÉORÈME DE STOKES-CARTAN 617
telle que
1
dωw = (D1 w2 − D2 w1 ) dx1 ∧ dx2 .
Les conditions du théorème de Stokes-Cartan sont satisfaites pour ωw 1
et
pour le 2-simplexe dans E constitué par la restriction de Φ à U , que nous
2
et donc
1
dωw = 7ωrot
1
w
= (rot w)1 dx2 ∧ dx3 + (rot w)2 dx3 ∧ dx1 + (rot w)3 dx1 ∧ dx2 .
D’ailleurs, le théorème de Stokes-Cartan entraı̂ne l’égalité
J J
1
dωw = 1
ωw .
Σ ∂Σ
D’une part, on a J
1
dωw =
Σ
J
[((rot w)1 ◦ Σ)J(Σ2 ,Σ3 ) + ((rot w)2 ◦ Σ)J(Σ3 ,Σ1 ) + ((rot w)3 ◦ Σ)J(Σ1 ,Σ2 ) ]
U2
J
= (rot w|dN (Σ)).
S
D’autre part, ∂Σ est un cycle dans E de classe C 2 par morceaux et dès lors
J
1
ωw
∂Σ
qui exprime que le flux du champ rot w à travers une surface S bordée par
un chemin fermé C est égal à la circulation du champ w le long de C.
15.9. BORDS, CYCLES, COBORDS ET COCYCLES 619
1
ωw = w1 dx1 + w2 dx2 + w3 dx3 ,
1
d 7 ωw = div w dx1 ∧ dx2 ∧ dx3 .
Φ = ∂Ψ.
Un k-bord est donc une k-chaı̂ne égale au bord d’une (k+1)-chaı̂ne. Bien
entendu, le bord d’une (k+1)-chaı̂ne est un k-bord.
Définition. Si k ≥ 1, on dit que la k-chaı̂ne Φ dans E est un k-cycle dans
E si
∂Φ = O.
Un k-cycle est donc une k-chaı̂ne dont le bord est une forme linéaire
nulle. Ainsi, pour k ≥ 2, le bord ∂Φ d’une k-chaı̂ne est nécessairement un
(k-1)-cycle puisque ∂(∂Φ) = O. D’autre part, on verra plus loin que tout
cycle (c’est-à-dire tout chemin fermé) dans E est un 1-cycle, ce qui explique
la terminologie.
Soit en outre l ≥ 0 un entier.
Définition. Si k ≥ 1, on dit que la k-forme différentielle ω est un k-cobord
de classe C l sur E s’il existe une (k-1)-forme λ de classe C l+1 sur E telle que
ω = dλ.
dW = W $ dx = w dx = ω.
dω = d2 λ = 0.
15.9. BORDS, CYCLES, COBORDS ET COCYCLES 621
est de classe C ∞ sur R2 \ {0} et on vérifie sans peine que dω = 0. ω est donc
un 1-cocycle sur R2 \ {0}. Mais, sur le 1-simplexe Φ dans R2 \ {0} défini par
Φ(u) = (cos 2πu, sin 2πu), est un 1-cycle dans R2 \ {0} (le vérifier) et l’on a
J J 1
ω= [(sin 2πu)(−2π sin 2πu) − (cos 2πu)(2π cos 2πu)]du = −2π /= 0.
Φ 0
si
Φm (1) = Φ1 (0),
c’est-à-dire si et seulement si Φ est un cycle.
Démonstration. Soit f ∈ C(E, K) une 0-forme différentielle sur E. Alors,
par le résultat de l’exemple 1 qui suit le théorème de Stokes-Cartan, on a
J
f = f (Φm (1)) − f (Φ1 (0)).
∂Φ
et Φ est un cycle.
La notion suivante aide à vérifier si certaines 1-chaı̂nes sont des 1-bords.
% %
Définition. Soient Φ = m k=1 Φ et Ψ =
k m
k=1 Ψ des cycles dans E ⊂ R
k n
m $
$ 2 4J J 5
= (−1)j ω− ω .
k=1 j=1 Θk,j,0 Θk,j,1
Θm,1,1 = Θ1,1,0 ,
Θk,2,0 = Φk , Θk,2,1 = Ψk , (1 ≤ k ≤ m).
Dès lors,
J m 4J
$ J 5 m 4J
$ J 5
ω=− ω− ω + ω− ω
∂Θ k=1 Θk,1,0 Θk,1,1 k=1 Θk,2,0 Θk,2,1
624 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
&m−1 J m J
' m 4J J 5
$ $ $
=− ω− ω + ω− ω
k=0 Θk+1,1,0 k=1 Θ
k,1,1
k=1 Φk Ψk
4J J 5 J
=− ω− ω + %m ω
Θ1,1,0 Θm,1,1 k=1
Φk −Ψk
J J
= %m ω= ω.
k=1
Φk −Ψk Φ−Ψ
Donc, ∂Θ = Φ − Ψ.
Dans les conditions de la Proposition précédente, on a donc, pour toute
1-forme différentielle ω dans E,
J J J
ω− ω= ω.
Φ Ψ ∂Θ
Di f = wi, 1 ≤ i ≤ n.
tel que
w = rot l.
Démonstration. 7ωw
1
est un 2-cobord de classe C m sur E si et seulement
%
s’il existe une 1-forme différentielle λ = 3i=1 li dxi de classe C m+1 sur E
telle que
7ωw 1
= dλ.
Comme
7dλ = ωrot
1
l,
notre résultat équivaut à
1
ωw = 7(7ωw
1
) = 7dλ = ωrot
1
l,
c’est-à-dire à
w = rot l
sur E.
La caractérisation donnée par cette proposition s’exprime en langage
vectoriel en disant que le champ w dérive sur E d’un potentiel vectoriel l.
En termes d’équations différentielles, le fait que 7ωw
1 est un 2-cobord sur E
Di wj = Dj wi .
rot w = 0.
div w = 0.
Démonstration. On a en effet d 7 ωw
1
= 7div w, et la thèse en résulte
aussitôt.
En langage vectoriel, un champ w : E → R3 de classe C 1 tel que
div w = 0 est appelé un champ indivergentiel ou solénoı̈dal. Les 1-cocycles
correspondent donc naturellement aux champs indivergentiels.
15.9. BORDS, CYCLES, COBORDS ET COCYCLES 627
quel que soit x ∈ E. Dès lors, si l’on note en outre qu’une fonction f vérifiant
les conditions (15.7) n’est évidemment définie qu’à une constante additive
près, il est naturel de prendre pour candidat la fonction f définie en chaque
x ∈ E par l’intégrale
J 1 n
$
f (x) = wj (a + t(x − a))(xj − aj ) dt.
0 j=1
J n
1$
= {(xj − aj )Dxi [wj (a + t(x − a))] + wj (a + t(x − a))δij } dt
0 j=1
J 1 $
n
= [(xj − aj )tDi wj (a + t(x − a))] + wi (a + t(x − a)) dt
0
j=1
J 1 $
n
= t [(xj − aj )Dj wi (a + t(x − a))] + wi (a + t(x − a)) dt
0
j=1
J 1U d
V
= t [wi(a + t(x − a))] + wi (a + t(x − a)) dt
0 dt
J 1 d
= [twi(a + t(x − a))] dt = wi(x).
0 dt
Comme les wi sont de classe C 1 sur E, on en déduit également que f est de
classe C 2 sur E et la démonstration est complète.
15.9. BORDS, CYCLES, COBORDS ET COCYCLES 629
Φ = ∆[a,x] + ∆[x,x+hej ] .
J n
1$ J 1
= W (x) + wi (x + uhej )heji du = W (x) + h wj (x + uhej ) du.
0 i=1 0
Dès lors, par les propriétés des fonctions définies par une intégrale, on trouve
aussitôt
J 1
−1
lim h [W (x + he ) − W (x)] = lim
j
wj (x + uhej ) du
h→0 h→0 0
J 1
= wj (x) du = wj (x).
0
Par conséquent, la 0-forme W est de classe C 1 sur E et telle que dW = ω,
ce qui montre que ω est un 1-cobord sur E.
La démonstration de la réciproque du théorème de Poincaré pour
les k-formes différentielles avec k ≥ 2, procède d’une idée semblable à
celle utilisée pour k = 1, mais les détails techniques sont nettement plus
compliqués; en outre, sa conclusion est un peu plus faible en ce qui concerne
la régularité de la (k-1)-forme différentielle obtenue.
Théorème. Soit E ⊂ Rn un ouvert étoilé et ω un k-cocycle de classe C r
sur E (r ≥ 1, k ≥ 2). Alors ω est un k-cobord de classe C r sur E.
Démonstration. Pour alléger les notations, nous supposerons que a = 0
dans la définition d’ensemble étoilé. Soit
[l [l−1
I : C r (E, (Rn , K)) → C r (E, (Rn , K))
définie par
I(η) =
$ l
$ 4J 1 5
(−1)m−1 #
tl−1 ei1 ,...,il (t·) dt pim dxi1 ∧. . .∧ dx im ∧. . . dxil ,
1≤i1 <...<il ≤n m=1 0
15.9. BORDS, CYCLES, COBORDS ET COCYCLES 631
si $
η= ei1 ,...,il dxi1 ∧ . . . ∧ dxil ,
1≤i1 <...<il ≤n
#
où dx im signifie comme d’habitude que le terme correspondant manque dans
le produit extérieur, où, pour chaque t ∈ [0, 1], ei1,...,il (t·) est l’application
de E dans K donnée par x → ei1 ,...,il (tx), et où pim désigne l’application
projection sur la ieme
m coordonnée. Nous allons montrer que, pour toute
k-forme différentielle ω de classe C 1 sur E, on a
ω = I(dω) + d(I(ω)).
n
$ $ 2J 1
I(dω) = tk Di wI(t·) dt)pidxI
i=1 1≤i1 <...<ik ≤n 0
k 4J 5 -
$ 1
+ (−1) m #
t DiwI (t·) dt pim dxi ∧ dxi1 ∧ . . . ∧ dx
k
im ∧ . . . ∧ dxik
m=1 0
$ n 4J
$ 1 5
= t Di wI(t·) dt pi dxI
k
0
I∈C(n,k) i=1
$ n $
$ k 4J 1 5
− (−1)m−1 tk Di wI(t·) dt pim
1≤i1 <...<ik ≤n i=1 m=1 0
#
dxi ∧ dxi1 ∧ . . . ∧ dx im ∧ . . . ∧ dxik .
d(I(ω))
$ k
$ 24J 1 5 3
= (−1) m−1
d k−1
t #
wI(t·) dt pim ∧dxi1 ∧. . . dx im ∧. . .∧dxik
0
I∈C(n,k) m=1
632 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
$ k
$ n 24J
$ 1 5
= (−1) m−1 k−1
t Di wI(t·)t dt pim
0
I∈C(n,k) m=1 i=1
4J 1 5 3
+ k−1
t #
wI(t.)dt δim i dxi ∧ dxi1 ∧ . . . dx im ∧ . . . dxik =
0
$ n $
$ k 4J 1 5
(−1)m−1 #
tk DiwI (t·) dt pim dxi ∧dxi1 ∧. . . dx im ∧. . . dxik
0
I∈C(n,k) i=1 m=1
$ k
$ 4J 1 5
+ (−1)m−1 #
tk−1 wI(t·)dt dxim ∧ dxi1 ∧ . . . dx im ∧ . . . dxik =
0
I∈C(n,k) m=1
$ n $
$ k 4J 1 5
(−1)m−1 #
tk DiwI (t·) dt pim dxi ∧dxi1 ∧. . . dx im ∧. . . dxik
0
I∈C(n,k) i=1 m=1
$ 4J 1 5
+k wI(t·) dt dxI.
0
I∈C(n,k)
En conséquence,
I(dω) + d(I(ω))
$ n 4J
$ 1 5 $ 4J 1 5
tk DiwI (t·) dt pi dxI + ktk−1 wI (t·) dt dxI
0 0
I∈C(n,k) i=1 I∈C(n,k)
$ 4J 1 5 $
d k
= (t wI(t·)) dt dxI = wI dxI = ω.
0 dt
I∈C(n,k) I∈C(n,k)
15.10 Exercices
H
1. Soit Γ : [a, b] → Rn une fonction dérivable. Montrer que $
[a,b] |Γ |2 existe
si et seulement si l’ensemble
; m
<
$
VΓ = |Γ(ak ) − Γ(ak−1 )|2 : a = a0 < a1 < . . . < am = b
k=1
Lg ω = ig dω + d(ig ω).
634 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
Montrer que, dans le cas d’une 0-forme et celui d’une 1-forme associée à un
champ vectoriel, cette notion généralise la dérivée de Lie d’un champ scalaire
et d’un champ vectoriel. Montrer aussi que les ω et g sont de classe C 2 , alors
dLg ω = Lg dω.
4. Soit g un difféomorphisme de Rn (dont les éléments sont notés x) sur Rn
(dont les éléments sont notés y), h = g −1 , γ une 1-forme dans Rn et λ la
1-forme dans Rn définie par
λ = d(y|h) − h∗ γ.
Montrer que ce premier principe est équivalent à l’une des assertions suivan-
tes :
1. τ + κ est fermée sur R2 .
2. τ + κ est exacte sur R2 .
En particulier, il existera une fonction E : R2 → R de classe C 1 telle
que τ + κ = dE. E est appelée l’énergie interne du gaz. Montrer qu’on
a nécessairement
Dp M − Dv N = 1.
Le deuxième principe de la thermodynamique des phénomènes réversibles
affirme l’existence d’une fonction continue T : R2 → R telle que la 1-forme
15.10. EXERCICES 635
1
Tκ soit exacte. Il existera donc une fonction S : R2 → R de classe C 1 telle
que
κ = T dS.
S est appelée l’entropie du gaz. Montrer qu’on a nécessairement
T = M Dp T − N Dv T.
Si l’on suppose que la relation t = T (v, p) peut s’écrire sous les formes
équivalentes v = V (t, p) ou p = P (v, t), on peut utiliser la notion de trans-
formée d’une forme différentielle pour exprimer les 1-formes τ, κ et T1 κ en
terme des variables (v, t) ou (t, p).
6. Soit
r : Rn → R, x 2→ |x|2 ,
ω = dx1 ∧ . . . ∧ dxn ,
n
$
ω$ = Z ∧ . . . ∧ dx .
(−1)j−1 xj dx1 ∧ . . . dx j n
j=1
rot E + D4 B = 0, div B = 0,
et que d 7 ω = 0 si et seulement si
rot B + D4 E = 0, div E = 0,
% n(n−1)
où l’on fait entrer sous le signe les 2 combinaisons des deux indices
i et k. . . . Les conditions d’intégrabilité sont
Il faut prendre pour le système des trois nombres (i, h, k) toutes les combi-
naisons possibles, en excluant celles où deux des lettres seraient identiques et
en ne regardant pas comme distinctes celles qui ne diffèrent que par l’ordre
des lettres.. . . Qu’arrive-t-il si l’on passe aux intégrales d’ordre supérieur ?
On trouvera des conditions tout à fait analogues aux conditions ci-dessus
et l’on rencontrera encore le fait suivant. Pour les conditions relatives aux
intégrales d’ordre pair, tous les termes seront précédés du signe +; pour les
conditions relatives aux intégrales d’ordre impair, les termes seront alterna-
tivement précédés des signes + et -.
A2 dx2 + A1 dx1 + . . . .
ω1 , ω2 , . . ., ωm .
ω = ω1 ω2 . . . ωm
se transforme en - = -1 -2 . . . -m . . . .
642 CHAPITRE 15. ANALYSE VECTORIELLE ET EXTÉRIEURE
Analyse complexe
643
644 CHAPITRE 16. ANALYSE COMPLEXE
A B
où Π = (tj , ]aj−1 , aj ]) 1≤j≤m est une P-partition de ]0, 1] telle que a0 =
0, am = 1, et à la définition suivante d’intégrabilité.
Définition. On dit que f est C−intégrable sur l’arc de courbe C de repré-
sentation paramétrique Γ s’il existe J ∈ C ayant la propriété suivante: pour
tout ! > 0, il existe une jauge δ sur U telle que pour toute P-partition δ-fine
Π de ]0, 1], on ait
|SC(Γ, f, Π) − J| ≤ !.
m
$ D E
= f (Γ(tj )) Γ1 (aj ) − Γ1 (aj−1 ) + i(Γ2 (aj ) − Γ2 (aj−1 ))
j=1
m
$ D E
= f (Γ(tj )) Γ$1 (tj1 ) + iΓ$2 (tj2 ) (aj − aj−1 ),
j=1
j j
pour des t1 et t2 appartenant à ]aj−1 , aj [, 1 ≤ j ≤ m. Si, dans cette dernière
expression, on remplace les tjk par tj , 1 ≤ j ≤ m, 1 ≤ k ≤ 2, on obtient la
somme de Riemann usuelle
m
$ D E
f (Γ(tj )) Γ$1 (tj ) + iΓ$2 (tj ) (aj − aj−1 )
j=1
16.2. FONCTIONS HOLOMORPHES, THÉORÈME DE CAUCHY 645
m
$
= f (Γ(tj ))Γ$ (tj )(aj − aj−1 ) = S(]0, 1], (f ◦ Γ)Γ$ , Π)
j=1
dz = dx1 + idx2 ,
f $ = D1 f
f = g $.
alors que cette intégrale serait nulle si 1/z était C-primitivable sur C \ {0},
puisqu’alors ω1/z serait un 1-cobord sur C \ {0}.
La réciproque du théorème de Poincaré appliqué à f dz et les résultats
qui précèdent fournit une condition géométrique sur E pour qu’une fonction
holomorphe sur E y soit C-primitivable.
648 CHAPITRE 16. ANALYSE COMPLEXE
16.3 Résidus
Soit a ∈ C, V un voisinage ouvert de a et f une fonction de C dans C
holomorphe sur V \ {a}.
16.3. RÉSIDUS 649
Démonstration. Soit
A[a; r1 , r2] = {z ∈ C : r1 ≤ |z − a| ≤ r2 }
et dès lors Σa,r1 et Σa,r2 sont homotopes dans V \ {a} ⊃ A[a; r1, r2 ]. Comme
f dz est un 1-cocycle dans A[a; r1, r2 ], la thèse découle d’un résultat connu.
Une conséquence immédiate de la définition est que, pour tout c ∈ C, on
a Rés(cf ; a) = cRés(f ; a).
Nous aurons besoin dans ce qui suit d’un résultat de nature purement
technique. Si m ≥ 2 est un entier, nous désignerons par Σm a,r une 1-chaı̂ne
formée de m 1-simplexes dont l’image est le cercle dans C de centre a et de
rayon r et telle que
Σma,r = Σa,r
650 CHAPITRE 16. ANALYSE COMPLEXE
a,r = Σa,r + {a + r} + . . . + {a + r}
Σm
où
Σj,a,r : U → C, t 2→ a + r exp[2iπ(j − 1 + t)/m], 1 ≤ j ≤ m.
Le résidu de f en a peut donc se calculer en remplaçant Σa,r par Σm a,r . Il
peut aussi se calculer en remplaçant Σa,r par un cycle Φ dans V \ {a} de
classe C 2 par morceaux homotope dans V \ {a} à Σm a,r . On dit qu’un tel Φ
entoure une fois le point a.
Donnons quelques exemples de calcul de résidu.
Proposition. Si V est un voisinage ouvert de a ∈ C et f une fonction de
C dans C holomorphe sur V \ {a} et telle que
alors
Rés(f ; a) = b.
Démonstration. Pour tout r > 0 tel que B2 [a; r] ⊂ V, on a
J J
1 1
Rés(f ; a) = f dz = f (a + r exp(2iπt))r exp(2iπt) dt =
2iπ Σa,r 0
2J 1 3
lim f (a + r exp(2iπt))r exp(2iπt) dt ,
r→0, r>0 0
Rés(f ; a) = 0.
En particulier, on a 4 5
1
Rés ; a = 1.
z−a
Proposition. Si V est un voisinage ouvert de a ∈ C et f une fonction de
C dans C holomorphe et C-primitivable sur V \ {a}, alors
Rés(f ; a) = 0.
1 d 1
= ,
(z − a)k dz (1 − k)(z − a)k−1
et la fonction z 2→ 1
(1−k)(z−a)k−1
est holomorphe sur C \ {a}. Donc,
4 5
1
Rés ; a = 0, k ≥ 2.
(z − a)k
J
1 f (z)
f (a) = dz.
2iπ Φ z − a
Démonstration. Soit g la fonction de C dans C définie par
f (z)
g(z) = .
z−a
Par les propriétés élémentaires de la C−dérivabilité, g est holomorphe sur
E \ {a} et telle que
lim (z − a)g(z) = f (a).
z→a
En conséquence, en vertu des propriétés et des résultats de calcul du résidu,
on a
J J J
1 f (z) 1 1
dz = g dz = g dz = Rés(g; a) = f (a).
2iπ Φ z − a 2iπ Φ 2iπ Σm a,r
et du théorème de Schwarz, on a
1 1 1
D1 f $ (z) = D1 D2 f (z) = D2 D1 f (z) = D2 f $ (z).
i i i
Les conditions de Cauchy-Riemann sont donc satisfaites pour f $ et les dé-
rivées partielles correspondantes sont continues. Donc f $ est totalement
dérivable sur E et y vérifie les conditions de Cauchy-Riemann, ce qui entraı̂ne
sa C-dérivabilité sur E. En appliquant le même raisonnement à partir de f $ ,
on obtient la C-dérivabilité de f $$ , et ainsi de suite.
654 CHAPITRE 16. ANALYSE COMPLEXE
%
Comme |w − a|/r < 1, la série numérique k∈N(|w − a|/r)k converge et le
test de Weierstrass entraı̂ne la convergence normale sur [0, 1] de la série
∞
$ (w − a)k
f (a + r exp(2iπt)) .
k=0
r k exp(2iπkt)
Par conséquent,
∞ J
$ 1 (w − a)k
f (w) = f (a + r exp(2iπt)) dt
k=0 0
r k exp(2iπkt)
∞ 2J 3
$ 1 r exp(2iπt)
= (w − a)k f (a + r exp(2iπt)) dt
k=0 0 r k+1 exp(2iπ(k + 1)t)
∞ J ∞
$ 1 f (z) $ f (k) (a)
= (w − a)k dz = (w − a)k ,
k=0
2iπ Σa,r (z − a)k+1 k=0
k!
où, pour obtenir le dernier terme, on a utilisé la formule de représentation
intégrale des C-dérivées successives d’une fonction holomorphe. La série
entière du membre de droite étant convergente (puisqu’égale à f (w)) pour
tout w ∈ B2 (a; ra), son rayon de convergence sera supérieur ou égal à ra . Les
propriétés de convergence absolue et uniforme d’une série entière fournissent
alors les résultats de convergence annoncés.
L’unicité de la représentation de f comme série entière résulte de la
Proposition suivante.
Proposition. Soit f une fonction de C dans C holomorphe dans un ouvert
non vide E ⊂ C, soit a ∈ E et ra donné par le théorème de Taylor. S’il
%
existe une série entière k∈N ak (z − a)k de rayon de convergence au moins
égal à ra et telle que, pour tout z ∈ B2 (a; ra), on ait
∞
$
f (z) = ak (z − a)k ,
k=0
et achève la démonstration.
Le développement de f (z) en série entière s’appelle la série de Taylor de
f au voisinage de a ou autour de a.
Cette propriété suggère la définition suivante.
Définition. Soit K = R ou C, E ⊂ K un ouvert non vide et f une fonction
de K dans K. On dit que f est analytique sur E si, pour chaque a ∈ E,
il existe un voisinage V de a contenu dans E et une série entière (réelle si
%
K = R) k∈N ak (z − a)k telle que, pour tout z ∈ V , on ait
∞
$
f (z) = ak (z − a)k .
k=0
On vérifie sans peine que A(a; r1, r2) = int A[a; r1, r2].
Nous commencerons par donner, pour une fonction holomorphe sur un
anneau, une extension du théorème de Taylor, appelée théorème de Laurent.
Sa démonstration requiert le lemme suivant.
Lemme. Soit A(a; r1 , r2) un anneau ouvert, b ∈ A(a; r1, r2) et f une fonc-
tion de C dans C holomorphe sur A(a; r1, r2 ) \ {b} et continue en b. Pour
tout 0 < r1 < ρ1 ≤ ρ2 < r2 , on a
J J
f dz = f dz.
Σa,ρ1 Σa,ρ2
Puisque f est continue sur A(a; r1, r2 ), il résulte du théorème sur la continuité
des fonctions définies par une intégrale que g est une fonction de R dans C
continue sur ]r1 , r2 [. D’autre part, si l’on pose r3 = |b − a|, f est, par
hypothèse, holomorphe sur A(a; r1, r3 ) et sur A(a; r3, r2). Dès lors g doit
être constante sur ]r1 , r3 [ et constante sur ]r3 , r2[. Comme elle est continue
sur ]r1 , r2[, elle doit y être constante, et la démonstration est complète.
Remarque. Le Lemme ci-dessus s’étend sans peine au cas où f est holomor-
phe sur A(a; r1, r2 ) à l’exception d’un nombre fini de points de A(a; r1, r2).
Nous pouvons maintenant énoncer et démontrer le théorème de Lau-
rent.
Théorème. Soit A(a; r1 , r2) un anneau ouvert de C et f une fonction de C
dans C holomorphe sur A(a; r1, r2 ). Alors, pour tout z ∈ A(a; r1, r2), on a
où ∞ ∞
$ $
fr (z) = ck (z − a)k , fp (z) = c−k (z − a)−k ,
k=0 k=1
J
1 f (z)
ck = dz, k ∈ Z, ρ ∈ ]r1 , r2[.
2iπ Σa,ρ (z − a)k+1
En outre, fr est holomorphe sur B2 (a; r2) et fp est holomorphe sur C \
B2 [a; r1].
Démonstration. On notera tout d’abord que, suite à l’holomorphie sur
A(a; r1, r2 ) des fonctions
f (z)
z 2→ , k ∈ Z,
(z − a)k+1
la valeur des ck donnée par la formule ci-dessus ne dépend pas du choix de
ρ dans ]r1 , r2[, puisque deux Σa,ρ correspondant à des valeurs différentes de
ρ dans ]r1 , r2[ sont homotopes dans A(a; r1, r2). Soit w ∈ A(a; r1, r2 ) et g la
fonction de C dans C définie sur A(a; r1 , r2) par
f (z) − f (w)
g(z) = si z /= w, g(w) = f $ (w).
z−w
Il est clair que g est holomorphe sur A(a; r1, r2) \ {w} et continue au point
w. Dès lors, par le lemme précédent, on a
J 2 3 J 2 3
f (z) f (w) f (z) f (w)
− dz = − dz,
Σa,ρ1 z−w z−w Σa,ρ2 z − w z −w
c’est-à-dire,
&J J ' J J
dz dz f (z) f (z)
f (w) − = dz − dz.
Σa,ρ2 z −w Σa,ρ1 z − w Σa,ρ2 z−w Σa,ρ1 z − w
Introduisant ces deux résultats dans la formule qui les précède, on obtient
une formule de représentation intégrale pour f
J J
1 f (z) 1 f (z)
f (w) = dz − dz.
2iπ Σa,ρ2 z − w 2iπ Σa,ρ1 z − w
∞
$
= ck (w − a)k ,
k=0
puisque la valeur des ck ne dépend pas du choix de ρ dans ]r1 , r2[. En ce qui
concerne la deuxième intégrale de la représentation, on a, puisque
# #
#z−a#
#
# w − a # < 1 pour tout z ∈ Σa,ρ1 (U ),
#
∞ ∞
$ f (z)(z − a)k $ f (z)(z − a)k−1
= = .
k=0
(w − a)k+1 k=1
(w − a)k
0n a, en outre, pour z ∈ fr B2 [a; ρ1] et k ∈ N∗ ,
# # 4 5k−1
# f (z)(z − a)k−1 # |f (z)|ρk−1 Mf (ρ1 ; a) ρ1
# #
# # = 1
≤ .
# (w − a)k # |w − a|k |w − a| |w − a|
k∈N∗
(w − a)k
662 CHAPITRE 16. ANALYSE COMPLEXE
converge uniformément sur U et l’on peut permuter les signes série et inté-
grale. On obtient ainsi
J J ∞
1 f (z) 1 $ f (z)(z − a)k−1
− dz = dz
2iπ Σa,ρ1 z − w 2iπ Σa,ρ1 k=1 (w − a)k
J ∞
1$ f (a + ρ1 exp(2iπt))(ρ1 exp(2iπt))k−1(ρ1 exp(2iπt))
= dt
0 k=1
(w − a)k
∞ J 1
$ f (a + ρ1 exp(2iπt))(ρ1 exp(2iπt))k−1(ρ1 exp(2iπt))
= dt
k=1 0
(w − a)k
∞ J
$ 1 f (z)(z − a)k−1
= dz
k=1
2iπ Σa,ρ1 (w − a)k
∞
& J ' ∞
$ 1 f (z) −k
$
= dz (w − a) = c−k (w − a)−k ,
k=1
2iπ Σa,ρ1 (z − a)1−k k=1
puisque la valeur de ck ne dépend pas du choix de ρ dans ]r1 , r2[. Enfin, la
série entière égale au premier terme de la représentation intégrale de f con-
verge pour tout w ∈ B2 (a; ρ2) quel que soit ρ2 < r2 , et dès lors converge dans
B2 (a; r2) où sa somme est holomorphe. De même, en remplaçant (w − a)−1
par v dans la série entière associée au deuxième membre de la représentation
%
intégrale de f , on voit que la série entière k∈N∗ c−k v k converge pour tout
v tel que |v| < ρ1 quel que soit ρ1 > r1 , et donc pour tout v ∈ B2 (0, r1),
sa somme y étant holomorphe. En composant cette fonction holomorphe
avec la fonction w 2→ (w − a)−1 holomorphe sur C \ {a}, on voit que fp sera
holomorphe sur C \ B2 [a; r1], ce qui achève la démonstration.
Remarques. 1. Un raisonnement semblable à celui donné pour le dévelop-
pement de Taylor montre que, dans les conditions du théorème de Laurent,
la décomposition de f en fr et fp est unique. En conséquence, fr +fp avec fr
et fp donnés par l’énoncé du théorème de Laurent, s’appelle le développement
de Laurent de f dans la couronne A(a; r1, r2 ). Au lieu de
∞
$ ∞
$
ck (z − a)k + c−k (z − a)−k ,
k=0 k=1
La fonction
∞
$
fr : z 2→ ck (z − a)k
k=0
où J
1 f (z)
ck = dz, k ∈ Z,
2iπ Σa,ρ (z − a)k+1
et ρ est quelconque dans ]0, r2[. En outre, la série représentant fr,a converge
absolument dans B2 (a; r2) et la série représentant fp,a converge absolument
dans C\{a}. L’expression fr,a +fp,a s’appelle le développement de Laurent de
f au point a, ou au voisinage de a, ou autour de a, la fonction fr,a s’appelle
664 CHAPITRE 16. ANALYSE COMPLEXE
f (z)
lim (z − a) = lim (z − a)k f (z) = 0,
z→a, z(=a (z − a)−k+1 z→a, z(=a
c−p
lim (z − a)p−1 c0 + c−p+1 + lim= ∞,
z→a, z(=a z→a, z(=a z − a
est holomorphe sur une boule centrée en a, telle que g(a) = c−p /= 0 et telle
g(z)
que f (z) = fr,a(z) + fp,a (z) = (z−a)p pour tout z /= a contenu dans cette
boule. Donc l’assertion 3 est vérifiée. D’ailleurs, l’assertion 3 implique tri-
vialement l’assertion 2. Si l’assertion 3 est vérifiée, alors, en appliquant le
théorème de Taylor à g, on trouve une boule B2 (a; r) telle que
∞
$ g (k) (a)
g(z) = (z − a)k ,
k=0
k!
16.7. LE THÉORÈME DES RÉSIDUS 667
f (z)
lim (z − a) = lim (z − a)(z − a)k−1 f (z) = 0,
z→a (z − a)−k+1 z→a
et dès lors 4 5
f (z)
c−k = Rés = 0,
(z − a)−k+1
pour k ≥ p + 1. En outre, c−p = 0, car si c−p = 0, alors pour z /= a et
suffisamment proche de a, on a
∞
$
f (z) = ck (z − a)k ,
k=1−p
et ∞ ∞
$ $
(z − a)p−1f (z) = ck (z − a)k+p−1 = cj+1−p (z − a)j
k=1−p j=0
Σmak ,r
, (1 ≤ k ≤ q), on a
J q
$
f dz = 2iπ Rés(f ; ak ).
Φ k=1
Puisque Φ est un cycle dans E \ ∪qk=1 {ak } homotope dans chaque E \ {ak }
à Σak ,r , on a
J & q
$
' J J
f− fp,ak dz = g dz = g̃ dz
Φ k=1 Φ Φ
J J
= g̃ dz = g dz = 2iπRés(g; ak ) = 0.
Σmk Σmk
a ,r a ,r
Dès lors,
J q J
$ q J
$
f dz = fp,ak dz = fp,ak dz
Φ m
k=1 Φ k=1 Σak ,r
q
$ q
$
= 2iπ Rés(fp,ak ; ak ) = 2iπ Rés(f ; ak ).
k=1 k=1
On remarquera que si tous les ak sont des pôles, le théorème des résidus
permet de calculer l’intégrale du membre de gauche en n’effectuant que des
opérations de C-dérivation, puisque le résidu d’un pôle peut s’obtenir par de
telles opérations.
Le théorème des résidus permet de calculer de nombreuses intégrales
définies de fonctions de R dans C ainsi que certaines sommes finies. Par
exemple, si h : R2 → R est une fonction rationnelle définie sur le cercle de
C centré à l’origine et de rayon un, alors, si z = exp(2iπt), on a, puisque
|z| = 1,
cos 2πt = (1/2)(z + z̄) = (1/2z)(z 2 + 1),
sin 2πt = (1/2i)(z − z̄) = (1/2iz)(z 2 − 1),
et dès lors, en vertu de la définition de l’intégrale d’une 1-forme sur Σ0,1 , on
a J 1
h(cos 2πt, sin 2πt) dt
0
J 1
= h(cos 2πt, sin 2πt)[2iπ exp(2iπt)]−1 [2iπ exp(2iπt)] dt
0
J & '
z2 + 1 z2 − 1 1
= h , dz
Σ0,1 2z 2iz 2iπz
& & ' '
$ 1 z2 + 1 z2 − 1
= 2iπ Rés h , ;a
2iπz 2z 2iz
670 CHAPITRE 16. ANALYSE COMPLEXE
& & ' '
$ 1 z2 + 1 z2 − 1
= Rés h , ;a ,
z 2z 2iz
8 2 2
9
où la somme est étendue aux pôles a de la fonction z 2→ 1z h z 2z+1 , z2iz−1
16.8 Exercices
1. Montrer que si f est une fonction de C dans C holomorphe sur un
ouvert E ⊂ C, alors ∆f = 0 sur E, où ∆f = D11 2
f + D22
2
f. (Utiliser
l’indéfinie dérivabilité de f , les conditions de Cauchy-Riemann et le théorème
de Schwarz).
2. Soit T : C → C une application R-linéaire injective. On dit que T préserve
les angles si, pour tout w et tout z dans C, on a
Le passage d’un point à un autre peut toujours être effectué sans toucher
l’un des points où ϕx = ∞. Cependant, je demande que Hces points soient
évités sous peine de voir le concept fondamental original de ϕx.dx perdre sa
clarté et conduire à des contradictions.
H
En outre, il est clair aussi à partir de
là qu’une fonction engendrée par ϕx.dx pourrait avoir différentes valeurs
pour la même valeur de x, qui dépendent du nombre de tours effectuésH autour
d’un point où ϕx = ∞. Si par exemple nous définissons log x via x1 dx à
partir de x = 1, et que nous arrivons à log x en ayant tourné autour du point
x = 0 une ou plusieurs fois ou pas du tout, tout circuit ajoute la constante
+2πi ou −2πi; donc le fait que tout nombre ait des logarithems multiples
devient tout à fait clair.
Les équations
∂u ∂v ∂u ∂v
= , =−
∂x ∂y ∂y ∂x
renferment toute la théorie du passage du réel à l’imaginaire, et il ne nous
reste plus qu’à indiquer la manière de s’en servir.
Pour embrasser dans la même définition les intégrales prises entre des
limites réelles et les intégrales prises entre des limites imaginaires, il convient
de représenter par la notation
J √
X+Y −1
√ f (z) dz
x0 +y0 −1
la limite ou l’une des limites vers lesquelles converge la somme des produits
de la forme
D √ E √
(x1 − x0 ) + (y1 − y0 ) −1 f (x0 + y0 −1),
D √ E √
(x2 − x1 ) + (y2 − y1 ) −1 f (x1 + y1 −1),
...
D √ E √
(X − xn−1 ) + (Y − yn−1 ) −1 f (xn−1 + yn−1 −1),
lorsque chacune des deux suites
x0 , x1 , x2 , . . . , xn−1 , X,
16.9. PETITE ANTHOLOGIE 673
y0 , y1 , y2 , . . . , yn−1 , Y,
étant composée de termes qui aillent toujours en croissant ou en décroissant
depuis le premier jusqu’au dernier, ces mêmes termes se rapprochent indé-
finiment les uns des autres, et que leur nombre croı̂t de plus en plus. Pour
obtenir deux suites de cette espèce, il suffit de supposer
x = ϕ(t), y = χ(t),
x0 , x1 , x2 , . . . , xn−1 , X,
y0 , y1 , y2 , . . . , yn−1 , Y,
les valeurs de x et de y correspondant à des valeurs de t, qui composent une
série croissante ou décroissante de la forme
t0 , t1 , t2 , . . . , tn−1 , T.
Si, après avoir cherché les valeurs de z où la fonction f (z) est infinie,
on ajoute à l’une de ces valeurs, désignée par z1 , la quantité infinitésimale
! et que l’on développe alors f (z1 + !) en séries de puissances croissantes
de !, les premiers termes contiendront des puissances négatives de !, et l’un
d’entre eux sera le produit de 1/! par un coefficient fini, que nous appellerons
le résidu de la fonction f (z) relatif à la valeur particulière z1 de la variable
z. . . . L’étude des résidus d’une fonction f (z) est habituellement facile. En
fait, soit encore z1 une valeur de z où f (z) devient infinie, c’est-à-dire une
racine de l’équation
1
= 0.
f (z)
La valeur du produit (z − z1 )f (z), correspondant à z = z1 , apparaı̂t comme
une forme indéterminé. Mais en réalité elle est très souvent bornée. Adop-
tons cette hypothèse et posons
(z − z1 )f (z) = g(z).
et dès lors
g(z1 + !) 1
f (z1 + !) = = g(z1) + g $ (z1 + θ!),
! !
θ désignant un nombre inférieur à l’unité. Par conséquent, le résidu de la
fonction f (z) en z = z1 sera la quantité finie g(z1 ), ou, en d’autres termes,
la valeur du produit !f (z1 + !) correspondant à ! = 0.
Analyse fonctionnelle
675
676 CHAPITRE 17. ANALYSE FONCTIONNELLE
d0 (x, x) = 0, d0 (x, y) = 1 si x /= y.
On vérifie sans peine qu’elle satisfait aux conditions (i) à (iii) de la définition
ci-dessus. La structure métrique que d0 définit sur M s’appelle la métrique
discrète.
2. L’application d1 : R × R → R+ , (x, y) 2→ |x − y| satisfait aux conditions
(i) à (iii) de la définition de distance. Cette distance définit la métrique
naturelle sur R. L’application
est également une métrique sur R, ainsi qu’on le vérifie sans peine. On
obtient d’autres métriques en remplaçant arctg par n’importe quelle appli-
cation injective de R dans R.
3. Soit S = {0, 1} et Σ l’ensemble des suites dans S, c’est-à-dire l’ensemble
des applications de N dans S. Ainsi donc, s ∈ Σ si et seulement si s =
(sk )k∈N , avec sk = 0 ou 1. Définissons l’application d : Σ × Σ → R+ par
∞
$ |sk − tk |
d(s, t) = .
k=0
2k
∞ 4
$ 5
|sk − rk | |rk − tk |
≤ + ≤ d(s, r) + d(r, t).
k=0
2k 2k
6x + y6 ≤ 6x6 + 6y6.
est une norme sur C considéré comme espace vectoriel sur R ou sur C.
3. Si j = 1, 2 ou ∞, l’application | · |j est une norme sur Rn .
On a vu que tout ensemble non vide pouvait être muni d’une distance,
par exemple celle de la métrique discrète. On peut démontrer, mais c’est
plus difficile et nécessite le recours à l’axiome du choix, qu’il est possible de
définir une norme sur tout espace vectoriel sur K.
Proposition. Si (E, 6 · 6) est un espace vectoriel normé, l’application
d2·2(x, y) = 0 ⇔ x − y = 0 ⇔ x = y,
%
la série k∈N∗ xk converge absolument. On montre sans peine que c’est un
espace vectoriel sur R et, par définition, l’application
∞
$
| · |1 : l 1 → R+ , x = (xk )k∈N∗ 2→ |xk |,
k=1
est bien définie. Les deux premières propriétés d’une norme sont trivialement
satisfaites par | · |1 et la troisième résulte de l’inégalité triangulaire dans R,
q
$ q
$ q
$
|xk + yk | ≤ |xk | + |yk |,
k=1 k=1 k=1
et
∞
$ ∞
$ ∞
$
|xk + yk | ≤ |xk | + |yk |.
k=1 k=1 k=1
est bien définie. Les trois propriétés d’une norme sont trivialement satisfaites
par | · |∞ . (l ∞ , | · |∞ ) est donc un espace vectoriel normé sur R.
3. Espace des applications bornées d’un ensemble dans un espace vectoriel
normé. Soit A un ensemble non vide quelconque, (E, 6·6) un espace vectoriel
normé sur K. Par analogie avec le cas d’une application de Rn dans Rp, nous
dirons qu’une application f de A dans E est bornée sur A s’il existe M ≥ 0
tel que, pour tout x ∈ A, on ait
6f (x)6 ≤ M,
alors, si f, g ∈ B(A; E) et c ∈ K, on a
et dès lors
En conséquence, 6 · 6∞ est une norme sur B(A; E) appelée, pour des raisons
qui apparaı̂tront plus loin, la norme de la convergence uniforme sur A. La
distance induite par 6 · 6∞ définit sur B(A; E) la métrique de la convergence
uniforme sur A.
4. Espace des applications continues d’un fermé borné de Rn dans Rp . Soit A
un fermé borné non vide de Rn et C(A; Rp) l’ensemble des applications f de
A dans Rp continues sur A. C’est un espace vectoriel sur R. Le théorème de
Weierstrass entraı̂ne qu’une application continue sur A y est nécessairement
bornée, et dès lors C(A; Rp) est un sous-espace vectoriel de B(A; Rp). En
le munissant de la norme de la convergence uniforme sur A, on en fait un
espace vectoriel normé sur R.
5. Espace des applications linéaires de Rn dans Rp. L’ensemble L(Rn , Rp)
des applications linéaires de Rn dans Rp est un espace vectoriel sur R. Si
l’on munit Rn de la norme | · |j et Rp de la norme | · |k (j, k = 1, 2 ou ∞),
17.2. ESPACES VECTORIELS NORMÉS 681
= sup{|L(y)|k : y ∈ Rn , |y|j = 1}
existe. L’application
est une norme sur L(Rn , Rp); on le montre par un raisonnement analogue à
celui de l’exemple 3.
6. Espace des (classes d’équivalence) de fonctions L-intégrables sur A ⊂ Rp.
Si A est une partie non vide de Rn , on désigne par L(A; Rp) l’ensemble des
fonctions de Rn dans Rp L-intégrables sur A; elles sont donc définies presque
partout sur A, et cet ensemble constitue un espace vectoriel sur R pour les
définitions usuelles d’addition de deux fonctions et de multiplication d’une
fonction par un réel. L’application
J
6 · 6L : L(A; Rp) → R+ , f 2→ |f |2 ,
A
et J J
6f + g6L = |f + g|2 ≤ (|f |2 + |g|2)
A A
J J
= |f |2 + |g|2 = 6f 6L + 6g6L.
A A
6f 6L = 0 ⇔ f = 0 p.p. sur A,
on voit que, si f et g sont des éléments de L(A; Rp) tels que f = g p.p. sur
A, alors
6 · 6 : H → R+ , x 2→ [(x|x)]1/2,
est une norme sur H, que l’on appellera la norme induite par le produit
scalaire (·|·). On a 6x6 = 0 si et seulement si x = 0 en vertu de b et c,
puisque, si x = 0, x = 0x et
et l’on a
6cx6 = [(cx|cx)]1/2 = [c(x|cx)]1/2 = [c(cx|x)]1/2
17.2. ESPACES VECTORIELS NORMÉS 683
|(x|y)| ≤ 6x66y6,
est bien définie. On vérifie sans peine qu’elle vérifie les conditions pour
être un produit scalaire sur l 2 . En conséquence, (l 2, (·|·)) est un espace
préhilbertien sur R.
9. Espace L2 (A; Rp). Si A est une partie non vide de Rn , on désigne par
L2 (A; Rp) l’ensemble des classes d’équivalences au sens de l’exemple 6 de
fonctions f de Rn dans Rp n-mesurables sur A et telles que |f |22 soit L-
intégrable sur A. L’inégalité
1D E
(f (x)|g(x)) ≤ |f (x)|2 + |g(x)|2
2
et le test de comparaison pour la L-intégrabilité des fonctions n-mesurables
montre queH
si f et g appartiennent à L2 (A; Rp), alors (f |g) est L-intégrable
sur A et A (f |g) ne dépend que de la classe d’équivalence de f et de celle de
g. Si l’on définit l’application Afˆ|ĝB par
J
Afˆ|ĝB = (f |g),
A
on montre facilement que A·|·B est un produit scalaire sur L2 (A; Rp) qui en fait
un espace préhilbertien, et donc normé. La norme correspondante s’appelle
la norme de la convergence en moyenne quadratique.
fr E = fr !E = adh E \ int E.
b = lim f (x).
x→a
alors
lim (g ◦ f )(x) = c.
x→a
Comme pour les fonctions de Rn dans Rp , il est intéressant de considérer
la situation où a ∈ dom f.
688 CHAPITRE 17. ANALYSE FONCTIONNELLE
où (Σ, d) est l’espace métrique des suites dans S = {0, 1} défini dans la
Section 1. Montrons que l’application σ est continue en chaque s ∈ Σ. Si
! > 0 est donné, il existe un entier naturel n tel que 21n ≤ !. Si nous prenons
δ = 2n+2
1
et si t ∈ Σ est tel que d(t, s) ≤ δ, alors d(t, s) < 2n+1 1
et, par
une propriété démontrée dans la Section 1, on aura tk = sk pour chaque
0 ≤ k ≤ n + 1, et dès lors d(σ(t), σ(s)) ≤ 21n ≤ !. Le décalage de Bernoulli
joue un grand rôle en théorie ergodique et dans l’étude du chaos.
2. Si (M, d) et (M $ , d$) sont des espaces métriques, on dira qu’une application
f dans M dans M $ est lipschitzienne de constante α si, pour tout x ∈ M et
tout y ∈ M , on a
d$ (f (x), f (y)) ≤ αd(x, y).
Il est clair qu’une application lipschitzienne de M dans M $ est continue en
chaque point de M . En particulier, si M = M $ , d = d$ et f est lipschitzienne
de constante α < 1, on dit que f est une contraction ou une application
contractante sur M .
3. Si (M, d) est un espace métrique, alors, pour chaque a ∈ M, l’application
et dès lors
|d(x, a) − d(y, a)| ≤ d(x, y).
4. Si (E, 6 · 6) est un espace vectoriel normé, alors l’application norme
6 · 6 : (E, 6 · 6) → (R, | · |), x 2→ 6x6 est lipschitzienne de constante 1. En
effet, pour tout x ∈ E et tout y ∈ E, on a, par l’inégalité triangulaire,
et dès lors
|6y6 − 6x6| ≤ 6y − x6.
La notion de convergence d’une suite dans Rp s’étend sans peine au cas
d’une suite dans un espace métrique.
Définition. Soit (M, d) un espace métrique, (ak )k∈N une suite dans M
(c’est-à-dire une application de N dans M ) et soit b ∈ M. On dit que b
est limite de la suite (ak )k∈N ou que (ak )k∈N converge vers b si
ce qui équivaut à dire que la suite (fk )k∈N converge en moyenne sur A vers
f . C’est la raison pour laquelle la norme 6 · 61 est appelée la norme de la
convergence en moyenne sur A.
Comme dans le cas de Rn , et avec des démonstrations entièrement ana-
logues, on peut formuler en termes de suites plusieurs notions fondamentales
d’analyse.
Proposition. Soit (M, d) un espace métrique, a ∈ M et E ⊂ M. Alors
a ∈ adh E si et seulement il existe une suite (ak )k∈N dans E qui converge
vers a.
Une suite vérifiant cette condition est appellée une suite de Cauchy dans
M . On a vu que, si M = Rp muni de l’une des normes | · |j (j = 1, 2, ∞),
toute suite de Cauchy est convergente. Il n’en est pas de même dans tout
espace métrique, ainsi que le montrent les exemples suivants.
Exemples. 1. (Q, | · |), où | · | désigne la valeur absolue usuelle, est un sous-
espace vectoriel normé de (R, | · |). Soit a ∈ R \ Q un nombre irrationnel.
17.5. ESPACES MÉTRIQUES COMPLETS 691
D E
Comme tout intervalle a − k+1 1
, a + k+1
1
(k ∈ N) contient un nombre ra-
tionnel ak , la suite (ak )k∈N est une suite dans Q qui converge dans (R, | · |)
vers a. Elle est donc une suite de Cauchy dans (R, | · |) et, puisqu’elle prend
ses valeurs dans Q, elle est une suite de Cauchy dans (Q, | · |). Elle n’est
pas convergente dans (Q, | · |) puisque sa limite au sens de la norme | · | est
a ∈ R \ Q.
2. Soit f l’application de R dans R définie par f (x) = 1+|x| x
. On montre
sans peine que f est strictement croissante sur R, que f (−x) = −f (x) et
|f (x)| < 1 pour tout x ∈ R, et que
définit une distance sur R. Si (ak )k∈N est une suite dans R et b ∈ R, alors
(ak )k∈N converge vers b au sens de la distance df si et seulement si
6f 6∞ = sup |f (x)|.
x∈I
692 CHAPITRE 17. ANALYSE FONCTIONNELLE
1
Si, pour chaque k ∈ N, on définit fk par fk (x) = |x|1+ k , alors (fk )k∈N est
une suite dans C 1 (I, R) et elle converge uniformément sur I vers la fonction
f définie par f (x) = |x|. En effet, pour tout x ∈ [−1, 1], et tout k ∈ N, on a,
et est donc une suite de Cauchy dans (C 1 (I, R), 6 · 6∞ ). Pourtant, elle ne
converge pas vers un élément de cet espace puisque sa limite (unique) au sens
de cette convergence, qui est la fonction valeur absolue, n’est pas dérivable
en 0 et n’appartient donc pas à C 1 (I, R).
Si l’on se souvient de l’importance jouée par la condition suffisante de
Cauchy dans Rn pour l’analyse des fonctions de Rn dans Rp , il est important
de déterminer les espaces métriques (M, d) dans lesquels les suites de Cauchy
convergent vers un élément de l’espace.
Définition. On dit qu’un espace métrique (M, d) est complet si toute suite
de Cauchy dans M converge vers un élément de M .
On a une terminologie particulière dans le cas d’un espace vectoriel nor-
mé et dans le cas d’un espace préhilbertien.
Définition. On dit qu’un espace vectoriel normé (E, 6 · 6) est un espace de
Banach s’il est complet pour la distance induite par la norme.
6) est un espace vectoriel normé sur K et si (ak )k∈N est une suite dans E, la
%
série k∈N ak de termes ak dans E est la suite (Aq )q∈N des sommes partielles
%
Aq = qk=0 ak de (ak )k∈N . On dira qu’elle converge vers A ∈ E si (Aq )q∈N
converge vers A dans (E, 6 · 6). Dans ce cas, A sera appelé la somme de la
% %
série k∈N ak et noté ∞ k=0 ak .
6ak − aq 6 ≤ !.
694 CHAPITRE 17. ANALYSE FONCTIONNELLE
6ak − amq 6 ≤ !.
(∀k ∈ N : k ≥ m) : 6ak − b6 ≤ !,
puisque la norme est une application continue de (E, 6 · 6) dans (R, | · |).
Exemples. 1. Si j = 1 ou ∞, alors (Rn , | · |j ) est un espace de Banach.
(Rn , (·|·)) est un espace de Hilbert.
2. Si A est un ensemble non vide quelconque et si (E, 6 · 6) est un espace de
Banach, alors (B(A; E), 6 · 6∞) est un espace de Banach. En effet, si (fk )k∈N
est une suite de Cauchy dans (B(A; E), 6 · 6∞ ), alors
ce qui équivaut à
et dès lors
espace de Banach. On sait que (C(A; Rp), 6 · 6∞) est un sous-espace vectoriel
normé de (B(A; Rp), 6 · 6∞ ) et dès lors toute suite de Cauchy (fk )k∈N dans
(C(A; Rp), 6 · 6∞ ) convergera vers un élément f ∈ B(A; Rp). Cela revient à
dire que la suite de fonctions (fk )k∈N converge uniformément sur A vers f
et, comme chaque fk est continue sur A, on sait que f sera continue sur A,
et donc appartient à C(A; Rp).
4. Les résultats de la section suivante consacrée à l’étude de la convergence
en moyenne vont nous permettre de montrer que, si A ⊂ Rn , alors L1 (A; Rp)
est un espace de Banach. C’est le théorème de Fischer-Riesz.
ce qui montre que (fk )k∈N∗ ne converge pas en moyenne sur [−1, 1] vers la
fonction nulle.
D’autre part, la convergence en moyenne sur A d’une suite (fk )k∈N
de fonctions L-intégrables sur A vers une fonction f L-intégrable sur A
n’entraı̂ne pas la convergence ponctuelle p.p. sur A de cette suite vers f .
Par exemple, définissons, pour chaque k ∈ N∗ , les k fonctions fkj (1 ≤ j ≤ k)
par fkj = 1[ j−1 , j ] . Chaque fonction fkj est évidemment L-intégrable sur [0, 1]
k k
et J 1
1
|fkj | = , (1 ≤ j ≤ k; k ∈ N∗ ).
0 k
698 CHAPITRE 17. ANALYSE FONCTIONNELLE
Pour presque tout x ∈ A \ Hj , on a |fmk (x)| < 2−k dès que k ≥ j, et dès
lors (fmk )k∈N converge vers zéro presque partout sur A \ Hj pour chaque
j ∈ N. En conséquence, (fmk )k∈N converge vers zéro presque partout sur
7
A \ H, où H = j∈N Hj . Il reste à démontrer que H est de n-mesure nulle.
Par l’inégalité de Tchebycheff, chaque Gk est n-intégrable et
J
µ(Gk ) ≤ 2k |fmk | ≤ 2k .2−2k = 2−k , (k ∈ N).
A
!q
Dès lors, pour chaque q ≥ k, j=k Gj est n-intégrable et
q
> q
$ q
$
µ Gj ≤ µ(Gj ) ≤ 2−j < 2−k+1 .
j=k j=k j=k
!
Comme la suite ( qj=k Gj )q∈N est croissante et que la suite de ses n-mesures
!
est majorée, Hk = j≥k Gj sera n-intégrable et, pour chaque k ∈ N, on aura
q
>
µ(Hk ) = lim µ Gj ≤ 2−k+1 .
q→∞
j=k
Comme, par construction, (Hk )k∈N est une suite décroissante, H sera n-
intégrable et
0 ≤ µ(H) = lim µ(Hk ) ≤ lim 2−k+1 = 0;
k→∞ k→∞
αk
d(yk , y ∗ ) ≤ d(f (y ∗ ), y ∗ ).
1−α
Le lemme simple suivant nous permet d’ailleurs de démontrer une géné-
ralisation utile de ce théorème.
Lemme. Soit (M, d) un espace métrique et f : M → M une application.
Alors, pour chaque entier k ≥ 1, tout point fixe de f est un point fixe de f k ,
et, s’il existe un entier q ≥ 1 tel que f q ait un point fixe unique y ∗ , alors f
possède l’unique point fixe y ∗ .
Démonstration. Soit y un point fixe de f ; alors y = f (y), et dès lors
converge vers y ∗ .
Démonstration. L’existence et l’unicité du point fixe y ∗ de f résultent
du théorème du point fixe de Banach appliqué à f q et du lemme précédent.
En outre, en prenant respectivement y0 , f (y0 ), . . ., f q−1 (y0 ) comme points
de départ des itérations dans le théorème du point fixe de Banach appliqué
à f q , on voit que les suites
8 9 8 9 8 9
f kq (y0 ) , f kq+1 (y0 ) = f kq (f (y0 )) , . . .,
k∈N k∈N k∈N
8 9 8 9
f kq+q−1 (y0 ) = f kq (f q−1 (y0 )) ,
k∈N k∈N
8 9
convergent toutes vers y ∗ . On en déduit aussitôt que la suite f k (y0 )
k∈N
converge aussi vers y ∗ .
Ce théorème est très utile pour démontrer l’existence et l’unicité de la
solution de nombreux types d’équations apparaissant en analyse. Par exem-
ple, soit I ⊂ R un intervalle non vide et f : I × Rp → Rp une application
continue. Supposons en outre qu’il existe une constante λ ≥ 0 telle que,
pour tout x ∈ I, y ∈ Rp, z ∈ Rp , on ait
Corollaire. Soit (E, 6·6) un espace de Banach (resp. (H, (·|·))) un espace de
Hilbert) et F un sous-espace vectoriel de E (resp. H). Alors le sous-espace
vectoriel normé (F, 6 · 6) de E (resp. le sous-espace vectoriel préhilbertien
(F, (·|·)) de H) est un espace de Banach (resp. de Hilbert) si et seulement
si F est fermé dans E (resp. H).
Le résultat suivant donne la structure des ouverts et des fermés d’un
sous-espace métrique M $ de M .
Proposition. Soit (M, d) un espace métrique et M $ un sous-espace métri-
que de M . Alors E $ ⊂ M $ est un ouvert (resp. fermé) de M $ si et seulement
s’il existe un ouvert (resp. fermé) E de M tel que E $ = E ∩ M $ .
Démonstration. Faisons-la dans le cas d’un ouvert; celui d’un fermé s’en
déduit par passage au complémentaire. Condition nécessaire. Si E $ ⊂ M $
!
est un ouvert, alors, par la Proposition précédente, E $ = a∈E " B $ (a; ra), où
B $ (a; r) désigne une boule ouverte dans M $ . Comme, pour chaque a ∈ E $,
on a B $ (a; ra) = B(a; ra) ∩ M $ (où B(a; r) désigne une boule ouverte dans
M ), on voit que
>
$
E = B(a; ra) ∩ M $ = E ∩ M $ ,
a∈E "
!
avec E = a∈E " B(a; ra) ouvert dans M .
Condition suffisante. Si E $ = E ∩ M $ , avec E ouvert dans M , et si a ∈ E $,
alors a ∈ E et il existe donc r > 0 tel que B(a; r) ⊂ E; en conséquence,
B $ (a; r) = B(a; r) ∩ M $ ⊂ E ∩ M $ = E $ , ce qui montre que E $ est ouvert
dans M $ .
706 CHAPITRE 17. ANALYSE FONCTIONNELLE
Comme E1 est ouvert et dense dans M , B(a0 ; r0) ∩ E1 est ouvert et non vide
et il existe donc a1 ∈ M et r1 ∈ ]0, 12 ] tels que
C(A; Rp).
Théorème. Si A est un fermé borné de Rn et si f est une fonction de Rn
dans Rp continue sur A, alors, pour chaque ! > 0, il existe un polynôme P
de Rn dans Rp tel que
max(f 1 , . . ., f q ) et min(f 1 , . . ., f q )
appartiennent à P(A).
Il suffit de noter que
1 1
max(f 1 , f 2 ) = (f 1 + f 2 + |f 1 − f 2 |), min(f 1 , f 2 ) = (f 1 + f 2 − |f 1 − f 2 |),
2 2
et d’appliquer, de proche en proche, les résultats de (b).
d. Si ! > 0 est donné, il existe g ∈ P(A) tel que, pour tout x ∈ A, on a
! !
f (x) − ≤ g(x) ≤ f (x) + .
2 2
Si f ∈ C(A; R) et si u ∈ A et y ∈ A sont donnés, associons leur un
polynôme Pu,y de Rn dans R égal à f (y) en y et à f (u) en u, ce qui est
toujours possible. Comme la fonction Pu,y − f est continue et égale à 0 au
point y, il existe δ(y) > 0 tel que, pour tout x ∈ B2 [y; δ(y)], on ait
!
Pu,y (x) ≥ f (x) − .
2
On définit ainsi une jaugeA δ : y 2→Bδ(y) sur A et le lemme de Cousin entraı̂ne
l’existence d’une famille (y j , Aj ) 1≤j≤m telle que
m
>
A= Aj , y j ∈ Aj ⊂ B2 [y j ; δ(y j )], (1 ≤ j ≤ m).
j=1
gu = max(Pu,y1 , . . . , Pu,ym )
17.9. PARTIES DENSES ET ESPACES SÉPARABLES 711
appartient à P(A) et, par construction, est telle que gu (u) = 0, et, pour tout
x ∈ A,
!
gu (x) ≥ f (x) − .
2
Comme gu − f est continue et nulle au point u, il existe η(u) > 0 tel que,
pour tout x ∈ B2 [u; η(u)], on a
!
gu (x) ≤ f (x) + .
2
On définit ainsi une jaugeA η : u 2→Bη(u) sur A et le lemme de Cousin entraı̂ne
l’existence d’une famille (uj , B j ) 1≤j≤r telle que
r
>
A= B j , uj ∈ B j ⊂ B2 [uj ; η(uj )], (1 ≤ j ≤ r).
j=1
g = min(gu1 , . . . , gur ),
appartient à P(A) et, par construction, est telle que, pour tout x ∈ A, on a
! !
f (x) − ≤ g(x) ≤ f (x) + .
2 2
e. Si ! > 0 est donné, il existe P ∈ P(A) tel que, pour tout x ∈ A, on ait
Pour obtenir une classe de fonctions simples qui sera dense dans l’espace
¯ Rp),
L1 (I; où I est un un semi-pavé de Rn , on a besoin d’un second théo-
rème d’approximation des parties bornées et n-intégrables de Rn .
|sk (x)| ≤ |s1k (x) − s2k (x)| ≤ s1k (x) + s2k (x) ≤ |f (x)|,
714 CHAPITRE 17. ANALYSE FONCTIONNELLE
(les notations sont celles du théorème d’approximation par les fonctions sim-
ples). Pour chaque k ∈ N, |sk − f | est L-intégrable sur I,
où les ck sont des réels non nuls et les Ak des parties n-intégrables de I. Par
le second théorème d’approximation des parties bornées et n-intégrables, on
peut, pour chaque 1 ≤ k ≤ r, trouver une famille finie (J k,l )1≤l≤qk de semi-
!qk
pavés mutuellement disjoints contenus dans I et tels que, si Bk = s=1 J k,s ,
on ait J
!
|1Ak − 1Bk | ≤ .
I 2|ck |r
Dès lors, si nous posons
r
$
g= ck 1B k ,
k=1
! !
≤ + = !.
2 2
17.9. PARTIES DENSES ET ESPACES SÉPARABLES 715
Définition. On dit qu’un espace métrique (M, d) est séparable si M est fini
ou s’il existe une partie A de M dénombrable et dense dans M .
Bien entendu, tout sous-espace métrique d’un espace métrique séparable
est séparable.
Exemples. 1. (Rn , | · |j ) (j = 1, 2, ∞) est séparable puisque Qn est dénom-
brable et dense dans Rn .
2. Si A ⊂ Rn est un fermé borné, alors C(A; Rp ) est séparable car il est facile
de montrer que l’ensemble des polynômes de Rn dans Rp à coefficients dans
Qp est dénombrable. D’autre part, cet ensemble est dense dans C(A; Rp) en
vertu du théorème d’approximation de Weierstrass et de la densité de Qp
dans Rp .
¯ Rp) est séparable car il est facile de montrer que le sous-ensemble
3. L1 (I;
des (classes d’équivalence) de fonctions en escalier sur I¯ à valeurs dans Qp
est dénombrable. D’autre part, cet ensemble est dense dans L1 (I; ¯ Rp) en
vertu du théorème d’approximation ci-dessus et de la densité de Qp dans
Rp .
j=1
2
En conséquence,
m
, -
>
d(xj , a)
a∈M \ B x; j
⊂ M \ E,
j=1
2
! D E
d(xj ,a)
Comme m j=1 B x ;
j
2 est fermé, a appartient à un ouvert contenu dans
M \ E, c’est-à-dire M \ E ⊂ int (M \ E).
Il est utile de donner des conditions explicites pour qu’un fermé borné
d’un espace métrique soit compact. Dans le cas de C(A; Rp) avec A un
fermé borné (c’est-à-dire un compact) de Rn , ces conditions reposent sur la
notion de partie équi-uniformément continue de l’ensemble C(M, M $ ) des
applications continues d’un espace métrique (M, d) dans un espace métrique
(M $ , d$ ).
Donnons d’abord l’extension immédiate aux fonctions entre espaces mé-
triques de la notion de continuité uniforme.
Définition. Soient (M, d) et (M $ , d$ ) des espaces métriques et f une fonc-
tion de M dans M $ définie au moins sur M . On dit que f est uniformément
continue sur M si
(∀! > 0)(∃δ > 0)(∀x ∈ M )(∀y ∈ dom f : d(y, x) ≤ δ) : d$ (f (y), f (x)) ≤ !.
Par exemple, toute application de M dans M $ lipschitzienne sur M est
uniformément continue sur M .
Définition. Soient (M, d) et (M $ , d$) des espaces métriques et E une partie
de C(M, M $ ). On dit que E est équi-uniformément continu ou également
continu si
(∀! > 0)(∃δ > 0)(∀f ∈ E)(∀x ∈ M )(∀y ∈ M : d(y, x) ≤ δ) :
d$ (f (y), f (x)) ≤ !.
Les éléments d’un tel ensemble E sont donc des applications de M dans
M $ uniformément continues sur M et telles que, pour chaque ! > 0 donné,
le δ correspondant puisse convenir pour tous les f ∈ E. Par exemple, si tous
les éléments de A sont des applications lipschitziennes de même constante
sur M , alors A est équi-uniformément continu.
Le théorème d’Ascoli-Arzela affirme que les compacts de C(A; Rp)
sont les parties fermées, bornées et équi-uniformément continues de cet es-
pace. Nous nous contenterons de démontrer ici que les parties fermées,
bornées et équi-uniformément continues de C(A; Rp) ont la propriété de
Bolzano-Weierstrass. Nous aurons besoin pour ce faire d’une intéressante
condition suffisante de convergence uniforme d’une suite contenue dans une
partie équi-uniformément continue de C(A; Rp).
17.10. BORNÉS ET COMPACTS 723
!
|fk (x) − fk (y)|2 ≤ .
3
Puisque E est borné, on peut trouver une famille finie (Bj )1≤j≤q de boules
!
ouvertes de rayon inférieur ou égal à δ2 telles que E ⊂ qj=1 Bj et E ∩ Bj /= ∅,
(1 ≤ j ≤ q). D étant dense par rapport à E, il existe, pour chaque 1 ≤ j ≤ q,
un yj ∈ D ∩ Bj . Par la convergence ponctuelle sur D de (fk )k∈N , il existe un
entier m ≥ 0 tel que, pour tous les entiers 1 ≤ j ≤ q, k ≥ m et l ≥ m, on a
!
|fk (yj ) − fl (yj )|2 ≤ .
3
|fk (x) − fl (x)|2 ≤ |fk (x) − fk (yi ))|2 + |fk (yi ) − fl (yi )|2
! ! !
+|fl (yi ) − fl (x)|2 ≤ + + = !.
3 3 3
si a ≤ x$ ≤a+ b−a
n ≤ x ≤ b, et
#J #
# x− b−a #
# $ n #
|yn (x) − yn (x )|2 = # f (s, yn (s)) ds# ≤ M |x − x$ |
# x" − b−a #
n 2
D E
si x, x$ ∈ a + b−a
n ,b . En particulier, pour x$ = a, on a
|yn (x) − y0 |2 ≤ M (b − a)
pour tout x ∈ [a, b], et dès lors la suite (yn )n∈N appartient à la partie bornée
et équi-uniformément continue
puisque J J
x x
lim f (s, ynk (s)) ds = f (s, y(s)) ds,
k→∞ a a
# #
#J x #
# ≤ M (b − a) ,
# #
#
# f (s, ynk
(s)) ds# (k ∈ N).
b−a
# x− nk # nk
alors,
δ(xj )
d(y, xj ) ≤ d(y, x) + d(x, xj ) ≤ δ + ≤ δ(xj ),
2
et dès lors
!
d$ (f (y), f (xj )) ≤ .
2
En conséquence,
! !
d$ (f (y), f (x)) ≤ d$ (f (y), f (xj )) + d$ (f (xj ), f (x)) ≤ + = !.
2 2
!
c’est-à-dire f −1 (V ) = U si U désigne l’ouvert a∈f −1(V ) Ua de M .
Condition suffisante. Soit a ∈ M , V un voisinage de f (a) et W ⊂ V un voisi-
nage ouvert de f (a). Par hypothèse, U = f −1 (W ) est un ouvert contenant
a, et donc un voisinage de a tel que
f (U ) = f [f −1 (W )] = W ⊂ V,
recouvre f (M ).
728 CHAPITRE 17. ANALYSE FONCTIONNELLE
l’on veut considérer, ce qui est utile, la notion d’extrémant local de λ sur
H, il faut pouvoir définir la notion de voisinage d’un point dans H. C’est
possible en munissant H d’une métrique et l’on choisira une métrique d de
la forme d(y, z) = 6y − z6, où 6 · 6 est une norme sur C01 (I; R).
D’une manière générale, si (E, 6 · 6) est un espace vectoriel normé sur R,
y0 ∈ E, (E0 , 6 · 6) un sous-espace vectoriel normé de E et ϕ une application
de E dans R, on est conduit à étudier les extrémants de ϕ sur H = y0 + E0
muni de la distance d(y, z) = 6y − z6.
Définition. Dans les conditions ci-dessus, on dit que y ∈ H est un maxi-
mant (resp. minimant) local de ϕ sur H s’il existe un voisinage V de y dans
H tel que, pour tout z ∈ V , on ait
ϕ$y,u (0) = 0.
et siDr > 0 est Etel que B[y; r] ⊂ V , alors, pour chaque u ∈ E0 \ {0} et chaque
s ∈ − 2u2r r
, 2u2 , on a 6su6 ≤ r et donc y + su ∈ V, et dès lors
f : I × Rp × Rp → R, (x, y, z) 2→ f (x, y, z)
puisque C 1 (I; Rp) ⊂ C(I; Rp), on peut munir C 1 (I; Rp) de la norme de
la convergence uniforme 6y6∞ = supx∈I |y(x)|2. Cette norme “ignore” é-
videmment la propriété de dérivabilité des éléments de C 1 (I; Rp). Pour
tenir compte de cette dérivabilité, on peut définir l’application 6 · 6∞,1 :
C 1 (I; Rp) → R+ par
où
∇y f = (Dy1 f, . . . , Dyp f ), ∇z f = (Dz1 f, . . . , Dzp f ),
732 CHAPITRE 17. ANALYSE FONCTIONNELLE
p J
$ b UJ x V
d
= uj (x) Dyj f [t, y(t), y (t)] dt dx
$
j=1 a
dx a
p J
$ bU J x V
=− u$j (x) Dyj f [t, y(t), y $(t)] dt dx
j=1 a a
17.11. CALCUL DES VARIATIONS 733
J b 4J x 5
=− ∇y f [t, y(t), y $(t)] dt | u$(x) dx,
a a
et la thèse en résulte en introduisant ce résultat dans l’égalité précédente.
Pour éliminer u dans la proposition précédente, on utilise le lemme de
Du Bois-Reymond.
Lemme. Si w ∈ C(I; Rp), alors w est constante sur I si et seulement si,
pour tout u ∈ C01 (I; Rp), on a
J b
(w(x)|u$(x)) dx = 0.
a
= (w|u(b)) − (w|u(a)) = 0.
Condition suffisante. Définissons la valeur moyenne sur I de w par
J
1 b
w= w.
b−a a
J b
=− (w|u)$ = −(w|u(b)) + (w|u(a)) = 0. (17.1)
a
Alors,
J b
v(a) = 0, v(b) = w − (b − a)w = (b − a)w − (b − a)w = 0,
a
ce qui montre que v ∈ C01 (I; Rp). On peut donc prendre u = v dans (17.1),
ce qui entraı̂ne
J b J b
0= (w − w|v $ ) = |w − w|22 .
a a
ce qui montre que w(x) = w pour tout x ∈ I, et donc que w est constante
sur I.
Nous pouvons maintenant énoncer et démontrer l’importante condition
nécessaire d’Euler-Lagrange d’existence d’un extrémant local faible de
ϕ sur H.
Théorème. Si y est un extrémant local faible de ϕ dans H, alors l’applica-
tion x 2→ ∇z f [x, y(x), y $(x)] est de classe C 1 sur I, et, pour tout x ∈ I, on
a
d
{∇z f [x, y(x), y $(x)]} − ∇y f [x, y(x), y $(x)] = 0, (17.2)
dx
c’est-à-dire,
d
{Dzj f [x, y(x), y $(x)]} − Dyj f [x, y(x), y $(x)] = 0, (1 ≤ j ≤ p). (17.3)
dx
Démonstration. Soit y un extrémant local faible de ϕ dans H. En vertu
du lemme de Du Bois-Reymond et de la proposition qui précède, l’application
J x
x 2→ ∇z f [x, y(x), y $(x)] − ∇y f [s, y(s), y $(s)] ds,
a
d
= {∇z f [x, y(x), y $(x)]} − ∇y f [x, y(x), y $(x)].
dx
d
{D " f [x, y(x), y $(x)]} − Dyj f [x, y(x), y $(x)] = 0, (1 ≤ j ≤ p).
dx yj
Remarques. 1. Le théorème ci-dessus fournit une information sur la
dérivabilité sur I de l’application ∇z f [., y(.), y $(.)] mais n’assure nullement
que y $ soit dérivable sur I. Lorsque l’extrémant local y de ϕ sur H est de
classe C 2 sur I, le théorème de dérivation d’une fonction composée appliqué
au premier terme des équations d’Euler-Lagrange fournit pour ces équations
la forme plus explicite
p
$ p
$
Dz2j ,zk f [x, y(x), y $(x)]yk$$(x) + Dz2j ,yk f [x, y(x), y $(x)]yk$ (x)
k=1 k=1
d
{∇z f [y(x), y $(x)]} − ∇y f [y(x), y $(x)] = 0,
dx
et dès lors, pour tout x ∈ I,
4 5
d
y $ (x) | {∇z f [y(x), y $(x)]} − (y $ (x)|∇y f [y(x), y $(x)]) = 0.
dx
736 CHAPITRE 17. ANALYSE FONCTIONNELLE
Si l’on suppose en outre que y est de classe C 2 sur I, cette relation peut
s’écrire
d
{(y $ (x)|∇z f [y(x), y $(x)])}
dx
−(y $$ (x)|∇z f [y(x), y $(x)]) − (y $ (x)|∇y f [y(x), y $(x)]) = 0,
c’est-à-dire, en utilisant le théorème de dérivation d’une fonction composée,
d
{(y $ (x)|∇z f [y(x), y $(x)]) − f [y(x), y $(x)]} = 0.
dx
En conséquence, la fonction x 2→ (y $ (x)|∇z f [y(x), y $(x)]) − f [y(x), y $(x)]
est constante sur I. On dit que c’est une intégrale première des équations
d’Euler-Lagrange et on l’appelle l’intégrale première de Painlevé.
3. Dans le cas particulier où f = f (x, z) ne dépend pas explicitement de y,
on a ∇y f = 0 et les équations d’Euler-Lagrange deviennent
d
{∇z f [x, y $(x)]} = 0.
dx
En conséquence, elles sont équivalentes aux p intégrales premières
y $ (x)
= A, x ∈ I,
[1 + (y $ (x))2 ]1/2
où A ∈ R est nécessairement telle que |A| < 1. En résolvant cette équation
A2
par rapport à y $ (x), on obtient (y $ (x))2 = 1−A 2 , ce qui, pour une fonction
où Iq est la matrice identité sur Rq , on peut écrire ce système sous la forme
parmi les fonctions de C 1 (I, R2q) qui prennent les mêmes valeurs que z en a
et b. C’est une autre forme du principe de Hamilton.
17.12 Exercices
1. Soit A ⊂ Rn un fermé borné et soit C 1 (A; Rp) l’ensemble des applications
y : A → Rp de classe C 1 sur A. Montrer que, muni de la norme
F (x, y) = 0 ⇔ y = f (x).
Suggestion : Si c > 0, on a
d’ailleurs,
6Gc (x, y) − Gc (x, z)62
= 6y − z62 − 2c(y − z|F (x, y) − F (x, z)) + c2 6F (x, y) − F (x, z)62
≤ (1 − 2ac + c2 b2 )6y − z62 .
Gc (x, .) sera donc une application contractante sur H si et seulement si l’on
choisit 0 < c < 2a
b2
, ce qui est toujours possible. Le minimum de la constante
de Lipschitz est donné par c = ba2 et fournit la constante de Lipschitz (1 −
a2 1/2
b2
) . Le point fixe unique f (x) de Gc (x, .) fournit la solution du problème.
3. Soit (M, d) un espace métrique et A une partie non vide de M . On définit
l’application d(·, A) : M → R+ par d(x, A) = inf y∈A d(x, y). Montrer que
d(·, A) est continue sur M (utiliser la caractérisation de l’infimum). Montrer
que si A et B sont deux parties fermées et disjointes de M , alors l’application
d(x,A)
f de M dans [0, 1] définie par f (x) = d(x,A)+d(x,B) est continue, telle que
f (x) = 0 pour tout x ∈ A, f (x) = 1 pour tout x ∈ B, et 0 < f (x) < 1 en
dehors de A et B. (Théorème d’Urysohn).
4. Soit M un espace métrique compact et T : M → M une applica-
tion telle que d(T x, T y) < d(x, y) pour tout x /= y dans M. Alors T
possède un point fixe unique dans M . L’unicité se montre facilement. Pour
l’existence, le théorème de Weierstrass appliqué à la fonction réelle con-
tinue x 2→ d(x, T (x)), entraı̂ne l’existence d’un y ∈ M tel que d(y, T (y)) =
740 CHAPITRE 17. ANALYSE FONCTIONNELLE
donnât le moyen de poser d’une manière exacte les problèmes qui les concer-
nent et d’en obtenir des solutions rigoureuses. Il y avait un exemple dans le
calcul des variations, car ce célèbre calcul étudie les problèmes des maxima
et des minima de certaines intégrales définies, et les intégrales définies peu-
vent justement être envisagées comme des quantités qui dépendent de toutes
les valeurs des fonctions qui paraissent sous le signe d’intégration.
L’opération c’est une relation univoque yRx c’est-à-dire telle que yRx
et zRx entraı̂ne y = z pour tout x, y, z. Chaque relation yRx comporte un
contre-domaine (c’est la réserve des y) et un domaine (la réserve des x) ou
champ. L’opération fonctionnelle ou la fonction de ligne c’est une opération
dont le domaine et le contre-domaine sont des ensembles de fonctions. La
notion de fonction de ligne fut introduite par M. Volterra. L’ouvrage présent
a pour but d’établir quelques théorèmes valables pour différents champs fonc-
tionnels, que je spécifie dans la suite. Toutefois, afin de ne pas être obligé
à les démontrer isolément pour chaque champ particulier, ce qui serait bien
pénible, j’ai choisi une voie différente que voici : je considère d’une façon
générale les ensembles d’éléments dont je postule certaines propriétés, j’en
déduis des théorèmes et je démontre ensuite de chaque champ fonctionnel
particulier que les postulats adoptés sont vrais pour lui.
Index historique
Abel, Niels (1802-1829) (409, 420, 430, 431, 456, 480). Mathématicien
norvégien célèbre pour sa démonstration de l’impossibilité de la résolution
par radicaux de l’équation algébrique du cinquième degré (1824), publiée à
compte d’auteur et que Gauss ignora, et pour sa découverte des fonctions
elliptiques. Il fut emporté par la tuberculose deux jours avant l’annonce de
sa nomination à l’Université de Berlin.
abélienne (intégrale) (336). Etudiées par Abel (1826), qui démontra un théo-
rème généralisant largement le théorème d’addition des intégrales elliptiques.
Riemann apportera à leur théorie des contributions essentielles en 1857. Ces
intégrales sont un outil important en géométrie algébrique, discipline née de
l’étude des racines communes à une famille de polynômes sur un corps. Elle
s’occupe de la classification des variétés algébriques et de l’étude de leurs
invariants. Les fonctions réciproques des intégrales abéliennes sont appelées
les fonctions abéliennes.
743
744 CHAPITRE 18. INDEX HISTORIQUE
accumulation (point d’) (166, 167, 720). La notion est due à Cantor (1870).
La terminologie est due à Fréchet (1906) et F. Riesz (1908).
adhérence, adhérent (28, 65, 129, 685). Notion due à Hausdorff (1914).
aire (d’un élément de surface) (576). Formule connue d’Euler (1770) pour
une représentation paramétrique dérivable. Schwarz (1862) montra par un
exemple qu’une telle aire ne peut être définie en général comme limite de
l’aire de polyèdres inscrits. La définition de l’aire d’une surface dans des
conditions générales est un problème délicat qui fait partie de ce que l’on ap-
pelle aujourd’hui la théorie géométrique de la mesure. Celle-ci est étroitement
liée au célèbre problème de Plateau qui consiste à trouver la surface d’aire
minimum s’appuyant sur une courbe gauche fermée donnée, que l’on peut
représenter physiquement par un film d’eau savonneuse. L’existence d’une
solution à ce problème fut démontrée par Rado et Douglas (1931).
aire (d’une figure plane) (487, 511). Le calcul de l’aire de figures planes fut
étudié dès l’Antiquité : Démocrite (rectangle et triangle), Archimède
(cercle, segment parabolique, secteur de spirale). Il faut attendre les XVIe
et XVIIe siècles pour le calcul de l’aire d’autres domaines par des méthodes
délicates et fastidieuses de passage à la limite, qui seront spectaculairement
simplifiées et unifiées par l’invention du calcul intégral.
alternée (série) (432). La série harmonique alternée fut considérée pour la pre-
mière fois par Mengoli (1648), Gregory (1671) et Leibniz (1682). Le test
de convergence des séries alternées est dû à Leibniz (1705).
analytique (fonction) (260, 658). Terme dû à Lagrange (1772) qui essaya en
vain de fonder la théorie générale des fonctions sur le développement en série
de Taylor. La définition donnée ici est due à Weierstrass (1859). S. Bern-
stein (1914) a démontré que si f est de classe C ∞ au voisinage de 0 et telle
que (−1)k f (k) (0) ≥ 0 pour tout k ≥ 0, alors f est analytique en 0.
Baire (théorème de) (76, 707). Dû, indépendamment, à Osgood (1897) dans
R, et à Baire (1899) dans Rn . C’est Banach et Steinhaus (1927), utilisant
une idée de Saks, qui montreront le rôle de l’extension du théorème de Baire
aux espaces métriques complets dans des questions fondamentales d’analyse
fonctionnelle.
Baire, René (1874-1932) (76, 707, 741). Mathématicien français; un des cré-
ateurs de la théorie des fonctions de variables réelles. Auteur d’intéressantes
748 CHAPITRE 18. INDEX HISTORIQUE
Leçons sur les théories générales de l’analyse. Il se suicida après avoir souffert
longuement de troubles nerveux.
Banach (espaces de) (692). Introduits et étudiés par Banach à partir de 1922.
Banach (théorème du point fixe de) (174, 700). Voir “Applications contrac-
tantes (théorème des)”.
Banach, Stefan (1892-1945) (174, 692, 700, 708, 742). Mathématicien po-
lonais; ses contributions à l’analyse fonctionnelle, la théorie de la mesure et
à la théorie des fonctions d’une variable réelle sont capitales. Sa Théorie des
opérations linéaires est aujourd’hui classique.
Bertrand, Joseph (1822-1900) (481). Enfant prodige (il entre à l’Ecole Poly-
technique à seize ans), ce mathématicien français n’a peut-être pas réalisé les
espérances mises en lui mais son influence sur la vie académique française a
été énorme. Il conjectura que, pour tout entier n > 3, il existe un nombre
premier compris entre n et 2n − 2, un résultat que Tchebycheff démontra
en 1851.
bijection (9). Déjà utilisée par Cantor, cette notion sera définie en général par
Dedekind (1888).
binomiale (série) (434). Enoncée par Newton (1665; publié dans des lettres
en 1776 et dans un ouvrage de Wallis (1685)) et Gregory (1668-1670) et
étudiée dans le cas d’un exposant rationnel par Euler (1774). La première
démonstration convenable et complète de sa convergence est due à Abel
(1826).
Bolzano (théorème de) (123). Enoncé déjà par le mathématicien belge Stevin
(1594), qui l’utilisa pour la résolution d’équations numériques, ce théorème fut
longtemps considéré comme “géométriquement” évident. Bolzano (1817) et
Cauchy (1821) sentirent la nécessité d’une démonstration analytique et en
proposèrent; leur procédé fut rendu complètement rigoureux par la construc-
tion analytique de l’ensemble des nombres réels. Extension aux fonctions de
Rn dans R due à Darboux (1872).
Bolzano, Bernard (1781-1848) (79, 123, 162, 168, 197, 232, 453, 721).
Mathématicien, logicien, théologien, sociologue et philosophe, ce prêtre tchè-
que a dû affronter l’hostilité des autorités politiques et religieuses en place.
Il est un pionnier de l’étude des fondements de l’analyse mathématique et de
la théorie des ensembles.
bord (620). Si Bq (E) désigne l’ensemble des q-bords dans E et Zq (E) l’ensemble
des q-cycles dans E, munis d’une structure de A-module sur un anneau A,
on sait que Bq (E) ⊂ Zq (E) et le quotient Zq (E)/Bq (E) constitue le q e A-
module d’homologie de E, noté Hq (E). L’homologie constitue une partie im-
portante de la topologie algébrique, c’est-à-dire de l’étude, par des méthodes
algébriques, de la topologie (c’est-à-dire des propriétés géométriques des en-
sembles invariantes par transformations continues).
bord d’un simplexe (610), d’une chaı̂ne (611). Notions introduites par
Poincaré (1899) et précisées par Alexander (1926), Alexandroff
(1926), Newmann (1926) et Lefschetz (1933).
bornes atteintes (théorème des) (137). Enoncé et prouvé dans R par Weier-
strass aux environs de 1860. Extension à R2 par Darboux (1872) et à Rn
par Riquier (1890) et Peano (1884).
boule, boule ouverte (24, 684, 128). Notion introduite dans Rn par Dede-
kind (1871) et Baire (1899). Dedekind démontra qu’une boule ouverte
est un ouvert.
Bourbaki, Nicolas (37). Pseudonyme d’un groupe fondé par de jeunes mathé-
maticiens français (comprenant en particulier H. Cartan, Chevalley, Di-
eudonné et Weil) qui, dans les années trente, se proposèrent d’écrire un
traité de mathématiques fondé principalement sur la notion de structure. Ce
sont les célèbres Eléments de mathématique.
Brouwer (théorème du point fixe de) (159). Le cas général affirme que toute
application continue d’une boule fermée de Rn en elle-même possède un
point fixe. Sa démonstration, beaucoup plus difficile que pour n = 1, est
due à Brouwer (1912), et peut se faire à partir de techniques de topologie
algébrique ou du théorème de Stokes-Cartan.
Cantor (ensemble de) (160, 523). Des ensembles de ce type furent introduits
par Smith (1875), Du Bois-Reymond (1880), Volterra (1881) et Cantor
(1883). C’est aujourd’hui un exemple célèbre d’ensemble fractal omniprésent
en théorie du chaos.
Cantor, Georg (1845-1918) (1, 17, 33, 34, 36, 159, 163, 194, 523). Ma-
thématicien allemand, créateur de la théorie des ensembles. Il souffrit de
nombreuses crises de dépression nerveuse.
Cauchy (critère de) (47, 63, 65, 169, 170, 171, 252, 438, 440, 442, 444,
687, 690). Introduit, pour les suites numériques, par Bolzano (1816) et
par Cauchy (1821). Une démonstration rigoureuse fut donnée par Cantor
(1872). Dû à Cauchy (1853) et Weierstrass (1861) pour la convergence
uniforme.
Cauchy (problème de) (311, 313, 701, 724). Considéré pour la première fois
par Cauchy (1823).
Cauchy, Augustin (1789-1857) (22, 35, 38, 47, 63, 65, 78, 80, 105, 110,
112, 146, 164, 169, 170, 171, 244, 246, 251, 286, 311, 313, 319, 391,
392, 421, 433, 435, 438, 440, 442, 444, 480, 648, 651, 654, 672, 677,
683, 687, 690, 701, 702, 724). Mathématicien français très prolifique et
catholique militant, il a apporté des contributions fondamentales dans toutes
les parties des mathématiques et de la physique mathématique. Par fidélité à
Charles X, il le suivit en exil et sera, à Prague, le tuteur de l’impertinent duc
de Bordeaux, héritier des Bourbons. Son Cours d’analyse et son Résumé sur
le calcul infinitésimal, aujourd’hui célèbres et universellement admirés, repro-
duisent des leçons à l’Ecole polytechnique qui furent unanimement critiquées
à l’époque.
changement de variable dans une intégrale (554, 559, 561). Des cas parti-
culiers apparaissent chez Euler (1759), Lagrange (1773), Laplace (1776),
Legendre (1788) et Gauss (1813). Le cas général pour des fonctions con-
tinues fut traité par Ostrogradsky (1836), Catalan (1841) et Jacobi
(1833, 1841) et, pour les fonctions L-intégrables, par Hobson (1910). La
démonstration donnée ici s’inspire de celle de Hadamard (1937) et de J.T.
Schwartz (1954).
choix (axiome du) (3). Enoncé par Zermelo (1908), il suscita de nombreuses
controverses parmi les mathématiciens.
cobord (620), cocycle (621). Si B q (E) désigne l’ensemble des q-cobords dans
E et Z q (E) l’ensemble des q-cocycles dans E, alors B q (E) ⊂ Z q (E) et
H q (E) = Z q (E)/B q (E) est le q e espace vectoriel de cohomologie de E (de
Rham (1950)). Le théorème de Stokes-Cartan établit une dualité entre
l’homologie et la cohomologie de E.
compact (718). Notion introduite par Fréchet (1906) dans les espaces métri-
ques à partir de la propriété de Bolzano-Weierstrass. La définition donnée
ici, fondée sur la propriété de Borel-Lebesgue, est celle d’Alexandroff et
Urysohn (1924).
conditions aux limites (314). Des conditions aux limites particulières pour des
équations différentielles ordinaires apparaissent au XVIIIe siècle, en partic-
ulier chez Taylor (1715). Une théorie générale pour les équations linéaires
du second ordre sera édifiée par Sturm et Liouville (1836) et jouera un
grand rôle dans la genèse de l’analyse fonctionnelle. Le cas de conditions
aux limites ou d’équations différentielles non linéaires requiert l’emploi de
méthodes itératives, topologiques ou variationnelles.
connexe par arcs (125). La définition générale d’ensemble connexe (qui équi-
vaut, pour un ouvert, à celle donnée ici), est due à Hausdorff (1914).
continue (fonction) (69, 122, 159, 688). La notion intuitive de fonction con-
tinue est présente dès le XVIIIe siècle, avec des acceptions diverses, mais il
faut attendre Bolzano (1817) et Cauchy (1821) pour une formulation plus
précise, qui conduit à la définition de Weierstrass (1861) adoptée ici. La
formulation en termes de voisinages est due à Hausdorff (1914). La carac-
térisation de la continuité par les suites est due à Cantor (1871). Pour les
fonctions de plusieurs variables, Cauchy (1821) pensait avoir démontré que
756 CHAPITRE 18. INDEX HISTORIQUE
contraposée (1).
couple (2).
courbe simple (569). Notion due à Jordan (1893). Si l’on abandonne la condi-
tion d’injectivité, on peut construire une application continue de [0, 1] dans
R2 dont l’image est [0, 1] × [0, 1] ! (Peano (1890)).
Cousin (lemme de) (120, 130). Un résultat de ce type, pour une “région régu-
lière” de R2 , est énoncé et démontré par Cousin (1895). Pour un intervalle
de R, un résultat analogue est dû à Lusin (1911) et Henstock (1963) l’étend
à un pavé de R2 .
Cousin, Pierre (1867-1933) (120, 130, 131, 162, 717). Mathématicien fran-
çais, élève de Poincaré et Appell. Importantes contributions à la théorie
des fonctions de plusieurs variables complexes.
critique (point) (145, 730). La théorie des points critiques, qui étudie l’exis-
tence et le nombre des points critiques de fonctions réelles définies sur des
espaces de dimension finie ou infinie, a des connections importantes avec la
topologie, l’analyse fonctionnelle, l’analyse convexe, la théorie des équations
différentielles et aux dérivées partielles, la mécanique, la physique théorique
et l’économie mathématique.
758 CHAPITRE 18. INDEX HISTORIQUE
cube (115).
d’Alembert, Jean le Rond (1717-1783) (77, 109, 140, 285, 423, 435). Ma-
thématicien, physicien et philosophe français. Fils naturel de la marquise
de Tencin, il a apporté des contributions de premier ordre à l’analyse et la
mécanique. Il dirigea, avec Diderot, la publication de l’Encyclopédie.
défini (6).
dénombrable (ensemble) (11). Notion due à Cantor (1873), qui démontra que
Q est dénombrable et que R ne l’est pas.
dérivation d’une fonction composée (règle de) (98). La forme donnée ici est
due à Stolz (1893).
dérivé (nombre ou vecteur) (81). Bien qu’on trouve des traces de la notion de
dérivée dans les recherches géométriques sur la détermination des tangentes
aux courbes, spécialement chez Fermat, Torricelli et Barrow au XVIIe
siècle, il faut attendre Newton (1687) et Leibniz (1676) pour en dégager la
notion analytique correspondante et en donner les premières règles de calcul.
La terminologie et la notation df/dx sont dues à Leibniz (1676), tandis que
760 CHAPITRE 18. INDEX HISTORIQUE
dérivée partielle (91). Utilisée dans des situations particulières par Leibniz
(1694), Newton, Jacques Bernoulli, Nicolas Bernoulli (1720), cette
notion fut introduite plus systématiquement par Fontaine, Euler (1734),
Clairaut (1739) et d’Alembert (1744). La notation fi# est due à La-
grange et la notation ∂f/∂xi à Legendre (1786).
direction (90).
Dirichlet (fonction de) (71, 76, 354). Introduite par Dirichlet (1829).
Dirichlet (test de convergence d’une série de) (432). On le trouve dans les
leçons de Dirichlet publiées par Dedekind (1863).
Dirichlet, Peter G. Lejeune (1805-1859) (35, 71, 76, 314, 354, 410, 432,
636). Mathématicien allemand dont la famille est d’origine belge (le nom
vient de “de Richelette”, village de la province de Liège et le grand-père
de Dirichlet était verviétois). Dirichlet épousa la soeur du musicien
Mendelsohn. Contributions essentielles en analyse et en théorie des nombres.
distance (675). Les axiomes de la distance, sous une forme équivalente à celle
donnée ici, furent introduits par Fréchet (1906). Leur forme actuelle est
due à Hausdorff (1914).
divergence (d’un champ vectoriel) (601, 619). Notion déjà connue au temps
d’Euler mais systématisée (avec le signe opposé) par Maxwell (1873), qui
l’appelle la convergence du champ. C’est Clifford (1878) qui change le
signe et l’appelle divergence.
domaine (5).
fonctions d’une variable complexe, et ils montrent leur double périodicité. Des
cas particuliers avaient été obtenus (mais non publiés) par Gauss en 1796.
L’analogie avec les fonctions circulaires se révèle ainsi et les intégrales el-
liptiques sont aux fonctions elliptiques ce que les fonctions trigonométriques
inverses sont aux fonctions trigonométriques. Le développement de la théorie
des fonctions elliptiques occupera les mathématiciens jusqu’à la fin du XIXe
siècle, et de nouvelles applications voient continuellement le jour.
entier (naturel), (relatif ) (3, 12). Abordé par Grassmann, qui employa ex-
plicitement le principe d’induction, le problème de la définition axiomatique
des entiers naturels fut résolu par Frege (1884), Dedekind (1888) et Peano
(1891).
équation (171).
Euler (constante d’) (420). Découverte par Euler (1734), qui en calcule 16
décimales. Elle reste l’une des plus mystérieuses constantes de l’analyse.
Euler (intégrales d’) (408, 413). La fonction Gamma fut introduite par Euler
(1729), la terminologie et la notation étant dues à Legendre (1814). La
fonction Beta fut déjà considérée par Wallis, Newton (1676) et Stirling
765
(1770). Les travaux d’Euler datent de 1770 et la notation B(p, q) est due à
Binet (1839).
Euler-Lagrange (équations d’) (734, 735). Obtenues par Euler (1744) par
une méthode d’approximation polygonale de la courbe cherchée et un passage
à la limite, ces équations seront obtenues plus simplement par Lagrange
(1762) par une méthode analytique.
Euler, Leonhard (1707-1783) (34, 38, 78, 108, 217, 315, 344, 356, 392,
408, 413, 420, 729, 734, 735). Mathématicien suisse, le plus prolifique de
l’histoire des mathématiques (la publication de ses oeuvres n’est pas encore
achevée !), malgré la cécité qui l’affligea à la fin de sa vie. Il fut au service de
Frédéric II de Prusse et de la Grande Catherine de Russie. Prodigieux algo-
riste, il a contribué à toutes les parties des mathématiques pures et appliquées.
Ses traités Introduction à l’analyse infinitésimale, Guide de calcul différentiel
et Guide de calcul intégral ont eu une importance fondamentale. Auteur du
premier ouvrage systématique de calcul des variations et de mécanique ra-
tionnelle et des Lettres à une princesse allemande, ouvrage de vulgarisation
scientifique où l’on trouve une surprenante anticipation des diagrammes de
Venn de la théorie naı̈ve des ensembles.
exacte (forme) (620). La notion apparaı̂t, pour les 1-formes, chez Euler (1739)
et Clairaut (1740) et puis, au XIXe siècle, chez Jacobi, Clebsch et
Frobenius.
exponentielle (fonction) (216, 217, 225). Pour un argument rationnel, elle est
connue depuis longtemps (Stifel (1544)). Newton (1669) et Leibniz (1676)
trouvent son développement en série. Jean Bernoulli (1694, 1697) est le
premier qui ait cherché à créer un calcul particulier pour ces puissances que
Leibniz proposa d’appeler exponentielles. Glaisher (1883) en donne la
première table. La dérivée de l’exponentielle est calculée par Leibniz (1694).
La formule adoptée ici pour définir l’exponentielle remonte sûrement à Eu-
ler (1748), mais Daniel Bernoulli (1728) la connaissait pour x = 1 et
probablement pour x quelconque.
exponentielle (série) (257, 427). On la trouve pour la première fois chez New-
ton (1669) et Leibniz (1674).
exponentielle-polynôme (295).
766 CHAPITRE 18. INDEX HISTORIQUE
faible (extrémant local) (731). La notion d’extrémant local faible ou fort fut
introduite par Weierstrass (1879). La terminologie est due à Kneser
(1900).
famille (9).
Fermat (théorème de) (143). Kepler (1615), qui établit des tables donnant le
volume de tonneaux en fonction de leur dimension, observa qu’à l’approche
du volume maximum, le changement de volume pour un changement donné
de dimension diminuait, un fait déjà observé précédemment par Oresme
au XIVe siècle pour l’ordonnée maximum d’un demi-cercle. En 1636, Fer-
mat détermina les extrema de polynômes par une méthode équivalente à la
recherche des zéros de la dérivée (non encore définie à l’époque !). L’emploi
explicite de la dérivée dans ces problèmes est dû à Leibniz (1684) et une
définie claire d’extrémant apparaı̂t chez Cauchy (1821). La généralisation
du résultat de Fermat au cas de fonctions de deux variables est due à Euler
(1755).
fermée (forme différentielle) (621). Notion déjà utilisée par Clairaut (1739-
1740) pour les 1-formes. Dès 1768, d’Alembert donna l’exemple (x dy −
y dx)/(x2 + y2 ) pour distinguer une forme exacte d’une forme fermée. Poin-
caré (1887) et Volterra (1889) obtinrent les conditions pour d’une 2-
forme, et plus généralement une k-forme soit fermée sans utiliser explicitement
la différentielle extérieure (non encore définie), qui devra attendre les travaux
d’Elie Cartan (1899). La terminologie est due à de Rham.
767
forme différentielle (595). Notion introduite par Poincaré (1887, 1892, 1895)
dans ses recherches sur les fonctions de deux variables complexes, les invari-
ants intégraux et la topologie algébrique, comme expression figurant sous le
signe intégrale, et, plus formellement, par Elie Cartan (1899) qui observe
que la structure algébrique sous-jacente à ces expressions est celle de l’algèbre
extérieure de Grassmann (1844, 1861). D’où le nom de formes différentielles
extérieures qu’il leur donne (1922). La définition actuelle semble publiée pour
la première fois chez Chevalley (1946).
forme extérieure (587). Notion introduite par Grassmann (1844, 1861). Elle
équivaut à celle de tenseur antisymétrique.
Fourier (coefficients de) (520). Des cas particuliers des formules donnant ces
coefficients sont obtenus par d’Alembert (1749), Clairaut (1757), Euler
(1748), Gauss (1810). Le cas général est obtenu par Fourier (1807, 1811).
Fresnel (intégrales de) (414). Etudiées en 1743 et 1781 par Euler et utilisées
par Fresnel (1818) dans ses études sur la diffraction de la lumière.
Fubini (théorème de) (535, 543, 544). Des premiers résultats de ce type sont
dus à Euler (1770), Cauchy (1827), Thomae (1878), Du Bois-Reymond
(1883) et Arzela (1891). Jordan (1892) en donne la formulation définitive
pour l’intégrale de Riemann. Le cas des intégrales de Riemann généralisées est
traité par de La Vallée Poussin (1892, 1899) et Hobson (1906). En 1902,
Lebesgue obtient un théorème de ce type pour son intégrale. B. Levi (1906)
énonce un résultat meilleur qui est, indépendamment, énoncé et démontré
(quoique non correctement) par Fubini (1907). de La Vallée Poussin
(1910) montre que, pour les fonctions bornées, le résultat de Fubini peut se
déduire de celui de Lebesgue, ce qui fournit une démonstration correcte. Pour
les fonctions intégrables, le résultat donné ici et sa démonstration sont dus à
Kurzweil (1973).
Gauss, Carl-Friedrich (1777-1855) (38, 78, 390, 439, 461, 619, 672). Ma-
thématicien, physicien et astronome allemand, l’un des géants de l’histoire
des mathématiques. Ses contributions vont de la théorie des nombres au
télégraphe électrique, en passant par l’algèbre, l’analyse, la géométrie, la
statistique, l’optique, l’électromagnétisme, la géodésie et la mécanique céleste.
Son journal scientifique couvrant la période de 1796 à 1814 montre qu’il fut
loin de publier l’entièreté de ses découvertes.
générique (propriété) (708). L’étude des propriétés génériques a pris, ces derni-
ères années, un grande importance, en particulier dans la théorie des systèmes
dynamiques.
géodésiques (problème des) (728). Le problème des géodésiques sur une sur-
face fut posé par Jacques Bernoulli (1697), à qui l’on doit la terminologie.
gradient (94, 596). Notion introduite par Hamilton (1847). Le nom est dû à
Riemann (1851).
Green (formule de) (636). Etablie par Green (1828) dans un ouvrage publié à
compte d’auteur, elle est fondamentale en théorie du potentiel.
Green, George (1793-1841) (617, 636). Cet anglais autodidacte (il était meu-
nier) a apporté des contributions fondamentales à la théorie mathématique
de l’électromagnétisme.
Gronwall (lemme de) (342). Isolé comme résultat indépendant par Bellman
(1943), il remonte à Peano (1892) et Gronwall (1918).
Hake (théorème de) (396, 399, 405, 493). Enoncé et démontré par Hake
(1921) à partir de la définition de Perron, il constitue un pas décisif dans
la démonstration de l’équivalence entre la définition de Denjoy et celle de
Perron. Ce théorème n’est pas valable pour l’intégrale de Riemann ou de
Lebesgue et, depuis Cauchy (1823), la limite apparaissant dans le théorème
est prise comme définition de l’intégrale généralisée, impropre ou fléchée, qui,
au sens de Denjoy-Perron, sont de vraies intégrales.
Hake, Heinrich (396, 399, 405, 493). Mathématicien allemand, élève de Hahn.
Hamilton (principe de) (737). Introduit par Hamilton (1834, 1835), il con-
stitue l’une des formes du principe de moindre action en mécanique.
holomorphe (fonction) (646). Elles furent définies par Cauchy (1851) qui les
appela synectiques. La terminologie actuelle est due à Briot et Bouquet
(1875). Goursat (1900) a démontré que toute fonction complexe C-dérivable
sur un ouvert y est holomorphe. La théorie des fonctions holomorphes de
plusieurs variables complexes est loin d’être une extension facile du cas d’une
variable. Elle requiert l’emploi de techniques délicates d’algèbre, de topologie,
d’analyse et de géométrie algébrique. En particulier, elle fait un usage abon-
dant de la théorie des formes différentielles. Elle a d’importantes applications
à la théorie quantique des champs.
hypothèse du continu (17). Formulée par Cantor (1884). On sait depuis Co-
hen (1962) qu’elle est indédicable dans ZFC.
indéfinie (intégrale) (371, 372). Les résultats donnés sont dus, lorsque f est
continue, à Cauchy (1823) qui, le premier, démontra l’existence de la prim-
itive d’une fonction continue. La notion même d’intégrale indéfinie remonte
à Newton (1669) et Leibniz (1675).
infini (ensemble) (2, 10). C’est Bolzano (1851) qui attira l’attention sur la
propriété d’un ensemble infini d’être équipotent à l’une de ses parties pro-
pres. Cantor (1878) refit la même observation et Dedekind (1888) l’utilisa
comme définition d’un ensemble infini.
intégrale sur un intervalle (399, 400, 401, 405, 411, 412, 415).
intérieur (27, 129, 685). Notion introduite par Peano (1887) et Jordan (1893)
dans Rn et par Hausdorff (1914) en général.
itération (172). La possibilité de calculer par itération une racine d’une équation
fut vraisemblablement aperçue et utilisée par les Arabes aux alentours de
l’an 900, à l’occasion de la résolution de l’équation du troisième degré qui a
pour racine sin 1◦ . On cite à ce sujet Kusta Ibn Luka. Vers l’an 1000, la
méthode par itération fut employée par Al Biruni pour résoudre l’équation
de la trisection de l’angle, qui est du troisième degré. Fibonacci appprit
cette méthode des Arabes et sut en 1225, dans un tournoi mathématique,
déterminer avec 9 décimales exactes la racine de l’équation x3 +2x2 +10x = 20.
En 1303, le chinois Chu Chi Ki résolut l’équation x3 + x = 1 par itération.
Les méthodes utilisées par Viète (1600) et Newton (1685) sont des mé-
thodes d’itération. Fourier (1822) utilise l’itération pour étudier l’équation
x = λ tg x.
Lagrange (équations de) (737). Dues à Lagrange, qui les mit à la base de sa
Mécanique analytique (1788).
Lagrange, Joseph Louis (1736-1813) (21, 34, 79, 151, 191, 193, 244, 285,
565, 734, 735, 737). Mathématicien français d’origine italienne. Célèbre
pour son approche analytique du calcul des variations et sa Mécanique ana-
lytique, que Hamilton qualifiera de poème scientifique, il a contribué à la
théorie des nombres, l’algèbre, l’analyse et à la mécanique céleste. Pendant
la révolution française, il contribua au perfectionnement du système métrique
des poids et mesures et fut le premier professeur de mathématiques à l’Ecole
polytechnique.
Laplace (équation de) (284, 563). Elle apparaı̂t pour la première fois chez Eu-
ler (1752) dans ses travaux d’hydrodynamique. On la retrouve chez La-
grange (1762), chez Laplace en coordonnées polaires (1785) et puis en
coordonnées cartésiennes (1789).
Laplace (transformée de) (528). Déjà utilisée par Euler (1737), pour trouver
les solutions d’équations différentielles, et systématisée par Laplace (1812).
Laplace, Pierre Simon de (1749-1827) (283, 284, 319, 528, 563, 600,
636). Mathématicien et astronome français, auteur de l’immortel Traité
de Mécanique céleste et de travaux de calcul des probabilités. Membre
de l’Académie royale sous Louis XVI, professeur à l’Ecole Normale sous la
république, ministre de l’intérieur et comte sous Napoléon, il sera marquis et
Pair de France sous Louis XVIII.
laplacien (284, 600, 636). Il se rencontre déjà chez Euler (1752) mais a été
systématiquement étudié par Laplace. Le nom est dû à Maxwell (1873)
et la notation ∆ à Murphy (1833).
Lebesgue, Henri (1875-1941) (232, 385, 393, 451, 474, 477, 479, 482, 505,
511, 525, 566, 717). Mathématicien français. Outre l’intégrale qui porte
son nom, Lebesgue a contribué au calcul des variations et à la théorie des
séries de Fourier.
Leibniz (règle de) (531). Enoncée formellement par Leibniz (1697). Sa jus-
tification fera l’objet de nombreux travaux dans les différentes théories de
l’intégration.
Leibniz, Gottfried Wilhelm (1646-1716) (37, 38, 234, 341, 344, 531). Ma-
thématicien, philosophe, historien, théologien, juriste et diplomate allemand.
Il rêva d’une caractéristique universelle et d’une fusion des églises protestantes
et catholique. Un des créateurs du calcul différentiel et intégral. La querelle
de priorité correspondante avec Newton est célèbre.
Levi (théorème de convergence monotone de) (466, 470, 471, 508, 510).
Enoncé et démontré, pour l’intégrale de Lebesgue, par B. Levi (1906). La
démonstration donnée ici, valable pour l’intégrale de Denjoy-Perron, est due
à Henstock (1968).
Levi, Beppo (1875-1961) (466, 470, 471, 508, 510). Mathématicien italien,
il émigra en Argentine. Il a contribué à l’analyse et à la géométrie algébrique.
L’Hospital (règle de) (147, 149). Publiée en 1696 par L’Hospital qui l’avait
apprise de son précepteur Jean Bernoulli, tenu, par un contrat annuel de
300 livres, de lui réserver la primeur de ses découvertes scientifiques.
libre (extrémant local) (142, 280, 729). Des problèmes géométriques d’extre-
mum sont étudiés par les Grecs dans l’Antiquité. Une définition claire
d’extrémant apparaı̂t chez Cauchy (1821). Les conditions suffisantes
d’existence d’un minimum ou d’un maximum pour une fonction de plusieurs
variables sont dues à Lagrange (1759). La démonstration rigoureuse est
due à Peano (1884).
limite (42, 43, 65, 69, 686, 689). Il en est question, plus ou moins clairement,
dans les travaux de Stevin (1586), Valerio (1604), Kepler (1615), Snel-
lius (1624), Cavalieri (1635), Fermat (1643), de Saint-Vincent (1647),
Tacquet (1656), Wallis (1656), Gregory (1667), Leibniz (1664), New-
ton (1687), d’Alembert (1765), L’Huilier (1786). Cauchy (1821) précise
le concept et le met à la base du calcul différentiel et intégral. La formula-
tion donnée ici est due dans Rn à Weierstrass (1861) et, dans un espace
métrique, à Fréchet (1906). L’abréviation lim fut utilisée pour la première
fois par L’Huilier (1786) et la mention x → a en dessous par Riemann
(1856) et Leathem (1905). On peut généraliser comme suite la notion de
limite à un ensemble quelconque. Soit E un ensemble quelconque. Une
partie D de l’ensemble P(E) s’appelle une direction si elle ne contient pas
l’ensemble
7 vide, si, pour tout A ∈ D et tout B ∈ D, on a A ⊂ B ou B ⊂ A et
si S∈D S = ∅. Soit f une application de E dans un espace métrique (M, d).
On dit que b ∈ M est limite des valeurs de f suivant la direction D si, pour
tout ! > 0, il existe A ∈ D tel que, pour tout x ∈ A on a d(f(x), b) ≤ !. Cette
notion, introduite par Chatounovski (1923) et Moore et Smith (1923),
est un cas particulier de la notion de filtre due à H. Cartan (1937). Un
filtre F sur E est une partie de P(E) ne contenant pas la partie vide, telle
que toute partie de E contenant un élément de F appartient à F et toute
intersection d’un nombre fini d’éléments de F appartient à F . Le lecteur
pourra déterminer les directions qui correspondent aux différentes définitions
de limite et d’intégrale données dans ce cours.
limite à droite, à gauche (61). Les notations f(a + 0) = limx→a+ f(x) et f(a −
0) = limx→a− f(x) sont dues à Dirichlet (1837).
limite inférieure, supérieure (231). On trouve ces notions chez Gauss (1800)
et Abel (non publiées) et chez Cauchy (1821). La notation est due à Pasch
(1887).
Liouville (théorème de) (655). Il est dû en fait à Cauchy (1844) qui l’établit
au moyen de la théorie des résidus; la démonstration proposée est due à Jor-
dan (1893). Borchardt en entendit parler dans le cours de Liouville
(1847) et lui attribua. Liouville avait démontré un cas particulier inter-
venant dans la théorie des fonctions elliptiques.
Lipschitz (condition de) (313). Introduite par Lipschitz (1864) dans l’étude
des séries de Fourier; il l’appliqua ensuite au problème de Cauchy (1868).
logarithme (fonction) (225). Les logarithmes furent introduits, ainsi que les
premières tables correspondantes, par Neper (1617) et Bürgi (1620). La
fonction logarithme et sa représentation graphique furent connues avant celle
de l’exponentielle (Descartes (1639), Torricelli (1646)). Les travaux de
Wallis, Newton, Leibniz et Jean Bernoulli sur la fonction exponentielle
montrèrent que la fonction logarithme est sa réciproque. Jones (1742) en
donna une introduction systématique de cette manière, ce que fera aussi Eu-
ler (1748), à qui l’on doit également la formule log x = limn→∞ n(n1/n − 1).
783
maigre (ensemble) (707). Notion introduite par Baire (1899) sous le nom d’en-
semble de première catégorie.
maximum (principe du) (670). Enoncé et démontré par Riemann (1851) pour
les fonctions harmoniques, il joue un grand rôle en analyse complexe et en
théorie des équations différentiel les.
Maxwell (équations de) (635). Introduites par Maxwell (1873) pour unifier
l’électricité et le magnétisme. Leur structure a inspiré d’importantes théories
récentes en mathématique et en physique théorique (théories de jauge).
mesurable (ensemble) (512). Notion introduite dans R (par une définition dif-
férente) par Borel (1898).
mesure d’un ensemble (487, 511). Après les travaux de Harnack (1881),
Hankel (1882), Du Bois-Reymond (1882), Stolz (1884), Cantor (1884),
Peano (1887) et Jordan (1892), le concept actuel apparut chez Borel
(1898) pour n = 1 et chez Lebesgue (1902) pour n quelconque, qui le mit
à la base de sa théorie de l’intégration. Différentes applications, et en par-
ticulier la théorie des probabilités, ont conduit à généraliser la notion de
mesure à des espaces abstraits. On appelle espace mesurable tout couple
(E, B) où E est un ensemble et B une tribu de parties de E, c’est-à-dire une
partie non vide de l’ensemble P(E) des parties de E telle que si A ∈ B,
alors !A ∈ B et si chaque élément de la suite (An )n∈N appartient à B, alors
!
n∈N An ∈ B. On appelle espace mesuré tout triplet (E, B, µ) où (E, B) est
un espace mesurable et µ une mesure positive sur B, c’est-à-dire une applica-
tion µ : B → [0, +∞[∪{+∞}, non identiquement égale à +∞ telle que, pour
%∞suite (An )n∈N !
toute dans B, dont les éléments sont deux à deux disjoints, on
a n=0 µ(An ) = µ( n∈N An ), et telle que E peut s’écrire comme la réunion
d’une suite (Bn )n∈N d’éléments de B tels que µ(Bn ) soit fini.
minorant (199).
monotone (fonction, suite) (209, 464). Cauchy (1821) admet encore qu’une
suite monotone bornée est convergente.
Newton, Isaac (1642-1727) (109, 321, 341, 343, 344). Mathématicien, as-
tronome et physicien anglais. Co-inventeur du calcul différentiel et intégral
et auteur de la théorie de la gravitation, on lui doit aussi des contributions
essentielles à l’algèbre et à l’optique. Ses Principes mathématiques de philoso-
phie naturelle sont à l’origine de la science moderne. Il devint Gouverneur de
la Monnaie et s’intéressa activement à la théologie et à l’alchimie.
ondes (équation des) (283). Appelée également équation des cordes vibrantes,
elle fut étudiée par Taylor (1713) et résolue pour la première fois par
d’Alembert (1747) et puis par Daniel Bernoulli (1747) et Euler (1748).
La discussion de sa solution fut essentielle dans l’évolution du concept de
fonction. La résolution de sa généralisation utt − ∆u = 0 est plus délicate.
orbite (173). Pour le système dynamique défini par l’application rélle d’une vari-
able réelle f, l’ensemble des points d’accumulation de la suite (f k (x0 ))k∈N est
appelé son ensemble ω-limite. Si f possède une application inverse, l’ensemble
des points d’accumulation de la suite (f −k (x0 ))k∈N est appelé son ensemble
α-limite. Ces ensembles, introduits en 1927 par G.D. Birkhoff, jouent
un rôle important dans l’analyse du comportement asymptotique du système
dynamique.
ouvert (126, 160, 496, 703). Notion introduite par Weierstrass (1860), De-
dekind (1871), Cantor (1879) et Baire (1899).
P-partition (119). Quoiqu’elle apparaisse, dès l’Antiquité, dans des cas particu-
liers, cette notion se trouve précisée par Cauchy (1823) et Riemann (1854)
pour les fonctions d’une variable et par Thomae (1876) pour les fonctions de
deux variables.
paire (2).
parallélogramme (575).
partie entière (210). Le symbole [x] pour la partie entière de x fut employé dans
des cas particuliers par Dirichlet (1849) et, dans le cas général, par F.
Mertens (1874). Peano utilisa la notation Ex (1899).
partie finie (434). Notion introduite par d’Adhémar et Hadamard (1904) dans
l’étude des équations aux dérivées partielles hyperboliques.
partition (118).
pavé (115).
Peano (théorème de) (724). Démontré par Peano (1892), et, indépendam-
ment, par de La Vallée Poussin (1892).
π (264). C’est dans un ouvrage de Jones (1706), que le symbole π est utilisé pour
la première fois pour exprimer le rapport de la circonférence au diamètre.
Depuis que Gregory (1670) trouva un moyen pour calculer arctg x, on a
cherché des formules avantageuses exprimant le nombre π par un ou plusieurs
arctg, afin de calculer le plus grand nombre possible de décimales dans le
temps le plus court. Le nombre π apparaı̂t dans de nombreuses formules
d’analyse.
Poincaré (théorème de) (598, 627, 628, 630, 631). Avant l’introduction de
la notion de différentielle extérieure, Poincaré (1887, 1892, 1895) et
Volterra (1889) obtinrent les conditions équivalant à ce qu’une forme
différentielle soit fermée (cocycle). Le théorème de Poincaré est énoncé
et démontré pour la première fois par Volterra (1889). On trouve le
théorème de Poincaré et sa réciproque pour Rn , dans le langage des formes
différentielles, chez E. Cartan et Goursat en 1922, et, pour un ensemble
étoilé, chez Szucs (1928).
Poincaré, Henri (1854-1912) (286, 320, 598, 627, 630, 638, 639, 640). Ma-
thématicien, astronome, physicien et philosophe français. Considéré comme
l’un des derniers savants universels, il est le véritable créateur de la topolo-
gie algébrique, de la théorie qualitative des équations différentielles (premiers
travaux sur la bifurcation et le chaos) et de la mécanique céleste moderne. Il
créa aussi la théorie des fonctions fuchsiennes, qui généralisent les fonctions
elliptiques, étudia la télégraphie et développa, indépendamment d’Einstein,
la mathématique de la relativité restreinte. Ses ouvrages de philosophie scien-
tifique La science et l’hypothèse, La valeur de la science, Science et méthode
et Dernières pensées méritent encore le détour.
Poisson (crochet de) (283). Ainsi appelé par suite de son analogie avec la par-
enthèse introduite par Poisson en mécanique (1809).
Poisson (intégrale de) (533, 562). Elle apparaı̂t dans la Doctrine des chances
de De Moivre (1718). Gauss l’attribue à Laplace en 1809 et plus tard
à Euler. Poisson la calcule par double intégration. On l’appelle aussi
intégrale de Laplace ou intégrale de Gauss.
pôle (664).
presque partout (propriété vraie) (503). Concept introduit et utilisé par Le-
besgue (1903).
produit extérieur de formes (589, 590). Introduit pour les formes extérieures
par Grassmann (1861) et pour les formes différentielles par E. Cartan
(1899).
produit scalaire (25, 682). Introduit par Grassmann (1844) sous le nom de
produit intérieur et par Hamilton (1844).
produit vectoriel (594). Introduit par Grassmann (1844), sous le nom de pro-
duit extérieur, et Hamilton (1844). Heaviside (1892) l’appelle produit vec-
toriel.
projection (20).
prolongement (6).
quantificateurs existentiel et universel (3). Leur étude a été faite par Frege
(1879). Le symbole ∃ fut introduit par Peano (1900) et le symbole ∀ par
Gentzen (1934).
quotient (test du) (423). Un cas particulier est dû à d’Alembert (1768) et le
cas général à Waring (1776) et Cauchy (1821).
recouvrement (717).
réels (nombres) (13). L’expression nombre réel est due à Descartes (1637). A-
près d’intéressantes ébauches dues à Bombelli (1550), Stévin (1594), Bar-
row (1665), Gauss (1812), Bolzano (1817), Cauchy (1821) et Catalan
(1835), différentes constructions rigoureuses des nombres réels à partir des ra-
tionnels furent données par Méray (1869), Weierstrass (1872), Dedekind
(1872) et Cantor (1872). La première construction axiomatique directe des
réels, non basée sur Q, est due à Hilbert (1900).
relation (5).
793
résidu (649). Notion et terme introduits et étudiés par Cauchy (1826, 1830,
1841).
résiduelle (partie) (708). Notion introduite par Baire (1899) sous le nom
d’ensemble de deuxième catégorie.
Riemann (hypothèse de) (439). Conjecturée par Riemann (1859), elle reste
indémontré aujourd’hui, malgré des résultats partiels théoriques et numéri-
ques.
Riemann (série de) (419). Sa convergence fut discutée par Waring (1762). Le
nom vient du rôle que lui a fait jouer Riemann en théorie analytique des
nombres.
Riemann (somme de) (349). Dans R et pour les fonctions continues, elles furent
introduites par Cauchy (1823) pour donner une définition analytique de
l’intégrale sur un intervalle d’une fonction continue. Riemann (1854) les
prit comme base de sa définition d’intégrabilité sur un intervalle, et Thomae
(1876) les définit pour les fonctions de deux variables. Kurzweil (1957)
et Henstock (1961) les mirent à la base de leur définition de l’intégrale de
Denjoy-Perron.
Riemann, Bernard (1826-1866) (105, 258, 349, 352, 356, 389, 392, 419,
439, 617). Mathématicien allemand, auteur de travaux fondamentaux en
analyse, en géométrie, en théorie analytique des nombres et en physique
mathématique. Il succéda, à Göttingen, à Dirichlet, lui-même successeur
de Gauss. Phtisique, il mourut prématurément en Italie du Nord, où il se
soignait.
794 CHAPITRE 18. INDEX HISTORIQUE
Rolle (théorème de) (146). Enoncé et démontré, pour un polynôme, par Rolle
(1691), qui qualifiait cependant le calcul différentiel de “collection de men-
songes bien trouvés”. L’énoncé moderne apparaı̂t chez Cauchy (1821).
Pour des démonstrations rigoureuses, il faut attendre Dini (1878), Harnack
(1881), Pasch (1882), Mansion (1887) (démonstration basée sur le théorème
de Weierstrass), Tannery (1886), Demoulin (1902).
Rothe (théorème du point fixe de) (159). Dû, dans Rn , à Knaster, Kura-
towski et Mazurkiewicz (1929), et dans un espace de Banach, à Rothe
(1936).
Schwarz (théorème de) (272). Dû à Schwarz (1873) qui donna le premier
contre-exemple à l’égalité des dérivées partielles secondes. Son résultat fut
généralisé par Thomae (1875), Peano (1890) et Dini (1877).
selle (point de) (145). Ils jouent un grand rôle en théorie des jeux.
série (249). Cette notion, d’une manière plus ou moins% explicite, apparaı̂t très tôt
en mathématiques (Archim ède somme
% 3 k % 1 k la série ( 14 )k et, au XIVe siècle,
Oresme somme les séries ( 4 ) et k( 2 ) ). Leur emploi systématique com-
mence avec Newton (1669). On trouve la définition précise chez Cauchy
(1821). de Saint-Vincent (1647) donna le premier énoncé explicite du fait
qu’une série numérique peut représenter un nombre (sa somme) qu’il appelle
terminus de la série.
simplexe (605). Notion introduite par Poincaré (1899) et précisée par Lef-
schetz (1933).
singleton (2).
sous-recouvrement (717).
der Differential und Integralrechnung, où l’on trouve pour la première fois la
notion de dérivée totale d’une fonction de plusieurs variables.
suite (9). Des suites infinies apparaissent déjà chez les mathématiciens grecs de
l’Antiquité. La définition d’une suite réelle comme fonction réelle de domaine
N, approchée par Gauss (1800), est due à Peano (1895).
supremum (d’un ensemble) (201). Notion introduite par Gauss (1800), qui
en donne la caractérisation, et par Bolzano (1817).
tangent (107).
Taylor (développement de) (238, 279, 284). La forme donnée ici est due à
Lagrange (1772), ainsi que l’extension aux fonctions de plusieurs variables
(1794).
Taylor (série de) (258, 658). Elle apparaı̂t chez Gregory (1670), Newton
(1676), Leibniz, Jean Bernoulli (1697) avant d’être publiée par Taylor
(1715).
Taylor (théorème de) (655). Sa démonstration est due à Cauchy qui la publia
d’abord sous forme lithographique en Italie (1831) et sous forme imprimée en
France (1841).
Taylor, Brook (1685-1731) (238, 258, 279, 285, 330, 655, 658).
Mathématicien anglais. Peintre et musicien, il est l’auteur de travaux im-
portants sur la perspective et sur les cordes vibrantes. Il prit les eaux à Spa
pour soigner ses rhumatismes et sa fille se prénommait Elisabeth.
Tchebycheff (inégalité de) (493, 523). Due à Tchebycheff (1874). Elle cor-
respond, en probabilité, à l’inégalité (parfois appelée aussi inégalité de
Markov) affirmant que, pour tout réel k, la probabilité pour qu’une variable
aléatoire X prenne une valeur supérieure à k fois l’espérance mathématique
E[X] est inférieure à 1/k.
télégraphistes (équation des) (316). Cette équation apparaı̂t dans les travaux
de Kirchoff et a été déduite des équations de Maxwell par Thomson
(Lord Kelvin) et Heaviside (1876). Elle a été étudiée ensuite par du Bois-
Reymond, Poincaré et Picard. Son importance à l’époque était liée à la
construction et la pose des premiers cables télégraphiques transatlantiques.
transcendant (nombre) (33, 218, 265). C’est Liouville (1844) qui donna le
premier
% exemple de nombre transcendant, à savoir tout nombre de la forme
k /10 où les ak sont des entiers arbitraires entre 0 et 9.
k!
k∈N ∗ a
uniforme (continuité) (134, 722). Bien que Dirichlet (1854) ait énoncé un
théorème sur la continuité uniforme, la notion sera introduite explicitement
et indépendamment par Heine (1872).
valeur absolue (17, 19, 27). La notation |x| est due à Weierstrass (1859).
variation bornée (fonction à) (633). Notion introduite par Jordan (1881)
dans une étude des séries de Fourier. Une fonction réelle est à variation
bornée si et seulement si elle est la différence de deux fonctions croissantes.
801
variations (calcul des) (730). Les premiers problèmes de calcul des variations
furent traités heuristiquement par Newton (1687), Jean Bernoulli (1696)
et Jacques Bernoulli (1697). Il faut attendre Euler (1744) et surtout La-
grange (1760) pour en dégager un corps de doctrine. Des contributions im-
portantes sont apportées par Legendre, Jacobi, Weierstrass, Kneser
et Hilbert. Le nom est dû à Euler (1766).
voisinage (27, 685). Le mot (sans définition) apparaı̂t chez Cauchy (1821) et
le concept, dans Rn , apparaı̂t chez Weierstrass (1861) et Cantor (1870).
Weyl (1913) fut le premier à saisir l’importance du concept dégagé de la
notion de distance et Hausdorff (1914) l’introduisit axiomatiquement.
Weierstrass (théorème des bornes atteintes de) (138, 726). Enoncé et dé-
montré par Weierstrass aux environs de 1860.
Weierstrass, Karl (1815-1897) (80, 110, 138, 168, 197, 445, 453, 667,
708, 721, 726, 740). Mathématicien allemand, dont les travaux en analyse
marquent profondément la pensée moderne. Spécialiste de la théorie des
fonctions de variables complexes et de la théorie des fonctions elliptiques.
Après des années d’études à Bonn placées sous le signe des duels et de la bière,
Weierstrass travailla pendant treize ans dans des gymnases de province où il
802 CHAPITRE 18. INDEX HISTORIQUE
zeta (fonction) (420, 439). Euler l’étudia dès 1731 pour des valeurs réelles de
la variable et remarqua le lien avec la théorie des nombres premiers. Le cas
d’une variable complexe a été considéré par Riemann (1859).
Table des matières
2 Limites et continuité 39
2.1 Fonctions de plusieurs variables réelles . . . . . . . . . . . . . 39
2.2 Limite des valeurs d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.3 Conditions nécessaires d’existence de la limite . . . . . . . . . 47
2.4 Règles de calcul des limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.5 Formulations équivalentes et caractère local . . . . . . . . . . 59
2.6 Limites à l’infini et convergence des suites . . . . . . . . . . . 62
2.7 Limites infinies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.8 Continuité d’une fonction en un point . . . . . . . . . . . . . 69
2.9 Applications linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
2.10 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
2.11 Petite anthologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3 Dérivabilité 81
3.1 Fonctions d’une variable réelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
3.2 Fonctions de plusieurs variables réelles . . . . . . . . . . . . . 85
3.3 Dérivées directionnelles et dérivées partielles . . . . . . . . . . 90
3.4 Règles de calcul des dérivées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
803
804 TABLE DES MATIÈRES