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Cette confusion de textes parfois contradictoires, pris, dans une période relativement courte, dans
un domaine régi essentiellement par la coutume, démontre l’intérêt suscité par ce statut
particulier. Jacques Berques, « la question agraire au Maroc » considère que ces textes juridiques
sont remarquables et probablement une des sauvegardes du Maroc pour l’avenir.
Negib Bouderbala a écrit à ce sujet ce qui suit « pendant prés d’un demi siècle, le protectorat s’est
efforcé de protéger ces collectifs contre les acheteurs colons en les entourant d’un véritable cordon
sanitaire et juridique ».
La première étape consiste à établir la liste des ayants-droit pour chaque collectivité par
l’assemblée des délégués assistés de l’autorité locale représentant la tutelle. Sont exclus de cette
liste les attributaires d’un lot domaniale dans le cadre de la réforme agraire. La liste arrêtée, doit
être notifiée à l’autorité locale et à chaque ayant-droit par le représentant de la collectivité ; elle ne
peut faire objet de recours que devant le conseil de tutelle dans le délai de 3 mois à partir du jour
de notification. La liste est homologuée par arrêté du Ministère de l’intérieur et publiée au B.O.
Tout ayant-droit ayant reçu un lot de la réforme agraire, doit céder à l’ETAT (domaine privé de
l’ETAT) sa part dans le collectif. Les parts indivises de l’ETAT pourront être vendues à des ayants-
droit non-bénéficiaires, choisis par le conseil de tutelle.
Désormais, aux termes du Dahir de 1969, les terres collectives n’appartiennent plus à la collectivité
en tant que personne morale, mais appartiennent dans l’indivision aux personnes physiques
figurant sur la liste des ayants-droit.
Le collectif ‘’milkisé’’ doit faire l’objet d’un lotissement fixé par un arrêté conjoint attribuant à
chaque ayant-droit un lot dont il deviendra propriétaire après établissement du titre foncier
parcellaire ; or, il s’avère à ce jour malgré les efforts fournis et les moyens engagés, aucune liste
d’ayants-droit n’a été inscrite sur les livres fonciers et par conséquence aucun collectif n’a été
véritablement privatisé à cause de nombreux obstacles.
Les différentes dynasties qui se succédaient sur le trône ont perpétué cette pratique qui a connu
une évolution notoire sous le régne de Moulay Ismaïl ; celui-ci, Monarque, tout en créant et en
consolidant un corps d’armée permanent (âbid boukhari), a donné un essor considérable aux tribus
guich, qui n’ont jamais été aussi influentes ni aussi nombreuses (oudaya-cherarda-aït ammor).
Autre l’instauration et la consolidation de la prépondérance du Makhzen et le maintien de l’ordre
public, certains éléments du guich seront chargés de la construction, de la fortification et de la
défense des forteresses et des points stratégiques.
Paul Pascon « Haouz de Marrakech »1977, rapporte que l’inscription sur le registre ou diwan du
guich de Moulay Ismaïl, donnait accès à des privilèges remarquables, tels que la concession de
terres, exonérait d’impôts, solde, habillement, équipement, indemnités, prélèvement du 1/10 du
butin.
Arrivé au Maroc en 1912, le protectorat Français a été confronté à ce statut immobilier parfois
confondu avec le statut collectif et avec lequel il n’était pas familiarisé, d’où son comportement
ambigu et parfois contradictoire :
Milkisation partielle ou totale de certaines terres guich, notamment celles de Ahl Fahs à Tanger.
Transformation de prés de 300000 ha de terres Guich en terres collectives, par le biais de Dahirs
concédant à la tribu guich la nue propriété (Dahir du 18 Juin 1928, accordant à certaines tribus
guich la propriété collective des terres occupées).
Cas des Cherarda et de Ouled Dlim.
Colonisation officielle sur certaines parties du Guich.
- à mettre un frein aux convoitises et aux spéculations frauduleuses sur les terres collectives et
guich.
- à permettre à l’ETAT d’avoir un droit de regard sur les collectivités en les soumettant à une tutelle
administrative.
Cette distinction de droit de propriété fait que les terres guich possèdent un statut hybride qui
relève à la fois du régime domanial et du régime collectif.
# Le Ministère des finances-Direction des domaines, pour tout ce qui a trait à l’aspect juridique
foncier.
Il faut rappeler que les terres guich peuvent être l’objet d’une expropriation pour utilité publique.
La terre était répartie entre les membres de la tribu guich suivant l’usage et les pratiques locales.
Dans l’urbain, l’autorisation de vendre est donnée par arrêt du Ministre des finances ou par
décret du 1er Ministre, selon que la valeur de l’immeuble est inférieure(Min.Fin) ou supérieure
(Arr.1er Min) à 250000 Dh ; depuis la lettre royale du 9 Janvier 2002, la vente peut être autorisée
par le Wali de la région pour la réalisation de projets d’investissement dont le montant est
inférieur à 200 Millions Dh(valeur de l’immeuble).
Par ailleurs, la location du domaine privé de l’ETAT peut être autorisée par le Wali pour la
réalisation d’un investissement inférieur à 200 millions Dh. Arrêté du Ministre des finances
N°367-02 du 5 Mars 2002.
En milieu Rural, l’application du Dahir du 29 Décembre 1972, sur la réforme agraire, a introduit
les notions de terre lotissable, terre non-lotissable, terre nécessaire à un besoin d’intérêt
général (centre d’expérimentation agricole). L’article 1 de ce Dahir énonce que l’ETAT
conservera dans son patrimoine les terres non lotissables et celles nécessaires à un besoin
d’intérêt général.