1.

Activité antibactérienne de l’HE du Myrte

(Myrtus communis L).

Noms vernaculaires : Errihane

4.1 Description botanique

Arbustes appartenant à la famille des Myrtacées, à feuilles entières, opposées. Fleurs axillaires
hermaphrodites, 5-mère. Calice cupuliforme. Etamines très nombreuses, insérées avec les
pétales au sommet du tube calycinal. Gynécée infère ou semi-infère à 5 carpelles
uniloculaires, à ovules nombreux, à placentation axile.

Fruit bacciforme bleuâtre, globuleux, de 5-8 mm de diamètre.

Arbuste à feuilles ovoïdes lancéolées, 2 à 3 fois plus longues que larges, à nervation pennée.
Fleurs grandes 10-15 mm, blanches, pourvues à la base de 2 bractées très petites, rapidement
caduques. De Mai à Juillet le Myrte épanouit ses fleurs blanches odorantes avec des étamines
très nombreuses. Le fruit est une baie ovoïde 6-8 mm. Rameaux pubescents dans leur
jeunesse.

4.2 Habitat

Le Myrte se développe dans les Garrigues et les broussailles, il est commun dans le Tell
littoral algéro-constantinois (Quezel et Santa, 1963). Il pousse spontanément et en abondance
dans les régions méditerranéennes.

4.3 Structure sécrétrice :

Présence de poches sécrétrices schizogènes caractéristiques des Myrtacées.

Poche sécrétrice schizogène

Fig 3 : Anatomie de la feuille de Myrte

4.4 Extraction de l’huile essentielle

On a utilisé des feuilles de Myrtus communis L séchées provenant de la wilaya de Guelma

(Est algérien), récoltées au mois d’Avril 2013.

L'extraction s’est faite par hydro-distillation (entraînement à la vapeur d'eau) à l’aide de

l’appareil de likens Nickerson. L’extraction a duré 1h 30 min.

4.5 Rendement en HE

Le rendement a été de 0.63% en moyenne (Normes: 0.3- 0.8%). La distillation des feuilles de
Myrte du Maroc donne une huile jaune-ambre. Le rendement moyen en huile varie de 0,3 à
0,4% de la matière végétale sèche. Les rendements peuvent varier selon plusieurs facteurs
comme la saison de récolte, l'origine de la plante et la méthode d’extraction (Bruneton, 1993).

4.6 Composition chimique de l’HE

Elle a été effectuée par CPG/SM Shimadzu. Type de colonne: QP 2010 S, d’une longueur de
25 m et d’un diamètre intérieur de 0,25 mm. Le gaz vecteur utilisé est de l’hélium, à débit de
1,5ml par min. Un détecteur à l’ionisation de flamme (FID). La température de la colonne a
été maintenue à 60ºC pendant 5 min puis en augmentant de 5ºC par min jusqu’à 220ºC.

La CPG/MS de l’huile essentielle du Myrte (Tab 9) révèle que les principaux composants de
cette huile sont : l’alpha pinène, D-limonène, Eucalyptol, Alpha terpinéol et l’acétate de
géranyl.

Ces résultats montrent que notre huile essentielle appartient au chémotype 1 à cause de sa
richesse en Alpha pinène et en Eucalyptol.

La richesse en Eucalyptol donne à l'huile essentielle du Myrte des propriétés mucolytique

et antiseptique des bronches.
Tab 9: composition chimique de l’HE du Myrte

Les composes TR Surface Surface%

Alpha-pinene 3.480 60031314 38.84
Nd 4.492 2011740 1.3
Nd 4.658 458236 0.3
D-limonene 5.029 8856244 5.73
Butanoic acid ,2methyl,2-methylpropylester 5.125 1339839 0.87
Eucalyptol 5.369 38957900 25.21
Cis-beta-Terpinol 5.708 1522829 0.99
1-Octyn-3-ol 6.051 1025513 0.66
Butanoic acid, 2-methyl, 3-methylbutylester 6.791 1778078 1.15
Alpha-Terpinol 6.957 10068096 6.51
Beta-linalool 7.345 2327515 1.51
Linalyl acetate 7.817 842523 0.55
Bicycle(3.1.0)hexan-3-ol,4-methylene-1-(1- 8.084 505010 0.33
methylethyl),acetate SS 4(10)-thujen-3-ol,acetate
Alpha-Terpinol acetate 8.985 3314368 2.14
(+)-4-Carene 10.023 1454442 0.94
Caryophylene 10.543 1794800 1.16
Geranylacetate 10.808 7118527 4.61
Trans-Myrtanyl acetate 10.883 411077 0.27
2-Pentadecyn-1-ol 11.332 816362 0.53
Neryl acetate 11.400 1641772 1.06
Eugenyl methyl ether 11.934 2604572 1.69
Isoeugnyl methyl ether 12.315 609819 0.39
Propanoic acid 13.012 517176 0.33
Dipentene dioxide 13.226 1007179 0.65
Nd 14.176 795208 0.51
Beta-Caryophyllen 14.377 1290235 0.83
Nd 14.557 359195 0.23
Nd 14.746 378626 0.24
Nd 15.584 724700 0.47
154562895 100

4.7 Activité antibiotique

Les germes ont été isolés du milieu hospitalier, cliniques privées et des centres de santé.
Identification des souches bactériennes :
On a utilisé deux procédés :
 galeries biochimiques classiques
 API système

Antibiogrammes

Tests de sensibilité aux antibiotiques (antibiogrammes) par méthodes de diffusion en milieu

solide. Les souches étudiées ont été cultivées dans le milieu de culture Muller-Hinton.
La lecture des antibiogrammes s’est basée sur la référence suivante : Réseau Algérien de
l’Antibiogramme A l’Echelle Nationale. Standardisation de l’antibiogramme à l’échelle
nationale. Médecine humaine et vétérinaire 6ème édition 2011, Pp: 31-31.
Interprétation des aromatogrammes
 Selon Duraffour (1987), on considère une souche:
- Résistante (-) si le diamètre d’inhibition est égal à 6 mm ou inférieur à 8 mm.
- A sensibilité limitée (+) si le diamètre d’inhibition est compris entre 8 et 14 mm.
- A sensibilité moyenne (++) si le diamètre d’inhibition est compris entre 14 mm et 20
mm.
Très sensible (+++) si le diamètre d’inhibition est supérieur à 20 mm.

Les souches sélectionnées sont les suivantes :

1. Escherichia coli S 42
2. Klebsiella pneumoniae c-
3. Klebsiella pneumoniae c+
4. Klebsiella oxytoca S113
5. Acinetobacter S141
6. Staphylococcus aureus S 178
7. Pseudomonas aeruginosa S72
8. Serratia S103.
9. Antibiogrammes des souches sélectionnées
Tab 1 : Antibiogrammes de Serratia, K. oxytoca et E. coli
Souches AMX AMC CZ CTX FOX IMP NA PF CIP SXT CT GN
Serr S103 ≤06 ≤06 ≤06 29 15 31 31 36 46 32 ≤06 28
Koxy S113 ≤06 7 26.5 31.5 22.5 32 22 33 35 24 12 26.5
Ecoli S42 ≤06 ≤06 21.3 30 15 26.6 ≤06 ≤06 8.5 ≤06 13.7 25.8

AMX ; amoxicilline (25µg). AMX ; amoxicilline/acide clavulanique (20µg/10µg). CZ ; céfazoline (30 µg).
CTX ; céfotaxime (30 µg). FOX ; céfoxitine (30 µg). IMP ; imipénème (10 µg). NA ; acide nalidixique (30 µg).
PF ; péfloxacine (05 µg). CF ; ciprofloxacine (05 µg). SXT ; triméthoprime/sulfaméthoxazole (1.25 µg/23.75
µg). CT ; colistine (50 µg). GN ; Gentamicine (15 µg). Caz ; Ceftazidime

Tab 2: Antibiogrammes de l’Acinetobacter et Pseudomonas

Souche Cf Caz Tic Tcc Pip Atm Tzp Ipm Cip Fos Gn
Ac S141 ≤6 ≤6 ≤6 ≤6 ≤6 ≤6 ≤6 10 ≤6 ≤6 14
Ps S72 35.5 ≤6 19 19.5 13.5 26 19.5 33 35.2 ≤6 22.9

Tab 3: Antibiogrammes de Kpc+ et Kpc-

Souches

Antibiotiques

Β-Lactamines Quinolones Autres

AMX AMC CZ CTX FOX IMP NA PF CIP SXT CT GN
Kpc+ R R R R R R S S S R R R
Kpc- R R R R R R S S S R R R

Tab 4: Antibiogramme de S. aureus 178

 Antibiotiques
B-lactamines Aminosides MLS FQ PG AUTRES
P OX Fox Ctx Gm Net E SP L Pt Ofx Cip Va Tec Fos FA RD TE
26.7 14.5 <6 <6 31.2 33.8 35 31.3 29.8 30.7 28.5 30.8 21.3 19.2 32.4 14 39 14

Tableau 10: Diamètres des zones d’inhibition des souches bactériennes (mm)

Souches Brute 1/2 1/4 1/8 1/16 1/32 1% 0.5% 0.25% 0.125%
E coli 7.4 7.3 6.5 6 6 6 + + + +
S. aureus 24.5 16 12.1 7.2 6 6 + + + +
Acinetobacter 7.1 8.3 8.5 9.4 6 6 + + + +
P. aeruginosa 6 6 6 6 6 6 + + + +
Serratia 16.7 20 18.7 19.5 21.6 19 - + + +
Klebsiella oxytoca 7.5 9.6 8.1 7.8 7 6.5 + + + +
Kpc + 7 6 6 6 6 6 + + + +
Kpc - 8 7 9 7 6 6 + + + +

Kpc-: cette souche présente une résistance vis-à-vis de toutes les dilutions.
Kpc+ : elle est résistante à cette huile.
Klebsiella oxytoca S113:elle est résistante à l’huile brute, donne la meilleure activité (9.6mm)
avec la dilution 1/2, puis cette activité s’annule.
Acinetobacter S141: présente une faible activité vis-à-vis des différentes dilutions, mais elle
devient résistante avec les dilutions 1/16 et 1/32.
Escherichia coli S42: résistante à cette HE.
Staphylococcus aureus: cette souche est très sensible à l’huile brute (24.5mm), moyennement
sensible à la dilution ½. Elle devient résistante à la dilution 1/8.
Serratia S103: c’est la souche la plus sensible à toutes les concentrations. Elle présente une
CMI égale à 1%.
Pseudomonas aeruginosa S72: elle est résistante à toutes les concentrations.

Fig 4a : Aromatogrammes d’E.coli, Serratia et Klebsiella pneumoniae

 Fig 4b : Aromatogrammes de Pseudomonas aeruginosa, S. aureus et
Acinetobacter sp

4.8 Avantages et inconvénients

Cette huile possède peu d’activité antibiotique, cependant son efficacité vis-à-vis de Serratia
et S.aureus est intéressante. Le Myrte mérite beaucoup d’attention car c’est une plante
spontanée qui subit une surexploitation et doit être protégée pour maintenir l’équilibre naturel
de l’environnement végétal. Il est très utilisé dans la confection des bouquets de fleurs. Le
Myrte pourrait être utilisé dans la désinfection de l’environnement et des surfaces des
hôpitaux.