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TAcTIQUE
n°21
Revue d’études générales
le combat
des
capitaines
2011
Sommaire
Éditorial 3
mot du comft
Doctrine
Témoignages
Histoire
L
e mot capitaine n’est accolé qu’à des superlatifs
dans la langue française. C’est un mot chargé de
symboles et de mythes, aussi loin que l’on remonte
dans l’histoire militaire jusqu’à l’Antiquité. Issu du mot
caput (tête en latin), il exprime directement le
commandement, plus que tout autre grade. Le Petit
Robert ne s’y trompe pas, qui donne en deux mots cette
définition première qui claque comme un drapeau : chef
militaire.
N
otre histoire militaire récente a conservé le souvenir de bien des chefs de
corps, des Bigeard, Bréchignac, Jeanpierre, Gaucher… rendus célèbres par
leurs succès tactiques, ou parfois des revers qui ne manquaient pas de
panache. C’était «L’heure des colonels», comme l’écrivait avec talent Yves
Courrières. Un temps où les chefs de corps concentraient le plus souvent entre
leurs mains toutes les commandes de la manœuvre.
Du Tchad à la Bosnie, en passant par bien d’autres pays africains et le Liban, nos
engagements ont changé, marqués par la «maîtrise de la violence», symbolisés
un peu vite par des soldats que d’aucuns voulaient croire «de la paix». Hormis
pour quelques actions ponctuelles, le temps des colonels est généralement
devenu celui des chefs de sections, lieutenants ou adjudants souvent isolés en
postes, jouissant de l’autonomie offerte par les missions de «contrôle de zone». Nombre d’entre eux ont
connu de véritables actions de feu, qui n’ont que très rarement été conduites au niveau de la compagnie, et
encore moins à celui du régiment, Kolwezi et République de Côte d’Ivoire mis à part.
Aujourd’hui et pour quelque temps sans doute, l’Afghanistan nous impose une réalité encore différente. Le
combat que nous y menons est indubitablement celui des capitaines.
I
l existe de multiples raisons à celà, mais rects, guerre électronique ; actions spé- tionnelle. Abondance, redondance et
je n’en retiens que trois, qui me sem- ciales ; ACM…) requiert une planifica- immédiateté caractérisent ce déploie-
blent capitales : tion et une conduite de l’action au ment, dans une mesure jamais connue
- la menace est telle qu’elle impose un niveau minimum du capitaine. Notons auparavant : capteurs renseignement
niveau d’emploi minimum à quarante d’ailleurs que cette complexité est telle (techniques et humains, terrestres et
combattants.Engager une section, c’est que là où deux capitaines suffisaient aériens), moyens d’appui feu (mortiers
en avoir au mois deux autres en appui par SGTIA, il en faut maintenant trois. de 81 et de 120, canons de 155 CAESAR,
et en soutien, si possible une quatrième missiles AC, canon de 105 des AMX
en réserve. Et quand bien même… En 10RC, hélicoptères d’attaque, chasseurs
septembre dernier, un SGTIA du battle Voilà donc trois caractéristiques impor- bombardiers), moyens de lutte anti-IED,
group Hermès a vu ses quatre sections tantes de l’engagement majeur de nos appui CIMIC, opérations spéciales. Le
prises à partie quasi-simultanément, forces terrestres depuis 2008. Elles sont chef d’orchestre est le plus souvent le
sur quatre positions différentes. naturellement « dimensionnantes » et capitaine, qui compte ponctuellement
nous imposent des adaptations indis- jusqu’à 15 subordonnés sur son réseau
- Le combat possède une dimension pensables : structures, procédures, de commandement ! Faut-il voir là une
interarmes permanente, dans un cadre entraînement, matériels … Vous connais- norme nouvelle ou une circonstance
toujours aéroterrestre. Le pion d’em- sez les efforts remarquables déployés particulière dans un engagement spé-
ploi ne peut donc être que le sous- dans ces domaines par l’armée de Terre. cifique ? La «vérité» se trouve proba-
groupement tactique, car si la section Mais ne perdons néanmoins pas de vue blement entre les deux assertions.
et le peloton peuvent agréger des élé- que les guerres à venir ne ressembleront
ments d’autres armes, ni l’une ni l’autre pas toutes à notre engagement afghan, - Les engagements eux-mêmes : ils sont
ne pratiquent à proprement parler la ce laboratoire de la contre-rébellion enfer- le plus souvent limités dans le temps
manœuvre interarmes. mé au cœur d’une vallée montagneuse (les opérations dépassent rarement la
de 40 km de long sur 10 de large ! journée, mêmes si les « contacts » peu-
- La multiplication des moyens d’envi- - La densité des moyens matériels vent durer plusieurs heures) et le sont
ronnement immédiat du combat (ren- déployés dans une zone, certes diffi- toujours dans l’espace (réduite, la zone
seignement ; appuis directs et indi- cile mais restreinte en taille, est excep- d’action est de plus parfaitement con-
L
e Centre d’ENTraînement Au Combat (CENTAC) de Mailly et le Centre
d’ENtraînement aux actions en Zones UrBaines (CENZUB) de
Sissonne sont les deux centres spécialisés chargés d’entraîner et de
contrôler la manœuvre, sur le terrain, des Sous-Groupements Tactiques
InterArmes (SGTIA) des forces terrestres. Ces centres complémentaires,
intégrés au Commandement des Centres de Préparation des Forces
(CCPF), mettent en œuvre des moyens de simulation instrumentée et
fournissent l’environnement interarmes, voire interarmées, indispensable pour forger la
capacité des commandants d’unité à employer tous les appuis et renforcements mis à leur
disposition.
Quatre principes guident cet entraînement : intensité, réalisme, intégration interarmes et
pédagogie.
1.Intensité (ou le maintien de Les caractéristiques techniques du centre qui diffuse les évolutions doctrinales,
le prédisposent à conduire des exercices les enseignements des théâtres où la
la prééminence du combat de coercition où la manœuvre interarmes France est engagée mais aussi ceux des
dynamique est prédominante. En effet, engagements de nos alliés afin de mieux
de coercition). les moyens de simulation restituent appréhender les situations de «violen-
essentiellement les effets des armes ce extrême » que nos forces sont sus-
Le combat peut être d’intensité variable mais peu les situations impliquant des ceptibles de rencontrer.
mais il met toujours en œuvre les mêmes populations. En conséquence, les
fondamentaux qui peuvent s’exprimer scénarios mis en œuvre au CENTAC se
de manière différente en fonction de la rapprochent le plus possible des types
situation. La maîtrise de ces fondamen- d’engagements actuels dans des phases
2. Le réalisme (ou
taux, tant individuels que collectifs, est d’intervention et de stabilisation, incluant l’affrontement de deux
une nécessité absolue et donc une des phases de changement de posture
priorité. Tous les retours d’expérience afin d’entraîner les forces à la
volontés pratiquant des
des théâtres, y compris l’Afghanistan, réversibilité. modes d’action s’ap-
confirment l’importance pour nos Le combat en zone urbaine pratiqué au
troupes de maîtriser parfaitement leurs CENZUB permet d’entraîner les unités puyant sur les RETEX et
règlements d’emploi. La nature de
l’entraînement proposé, privilégiant les
à des fondamentaux régulièrement mis l’adaptation réactive des
en exergue dans les RETEX des opéra-
phases de coercition, permet aux centres tions, en particulier en Afghanistan : modes d’action Ennemi/
de suivre et de contrôler cette maîtrise cloisonnement des unités, isolement
et les aptitudes qui en découlent. Ami).
et difficultés accrues du commandement,
initiative des cadres, engagement
Au CENTAC, le cadre temps soutenu mais à très courte distance. Les exercices Les SGTIA sont confrontés à une force
limité de l’exercice (96 heures) ne constituent un véritable aguerrissement adverse (FORAD) fournie par les centres.
permet pas de restituer l’attente du et exigent un niveau d’entraînement La FORAD constitue un ennemi réactif,
combat et les ruptures de rythme impo- physique adapté à ce milieu particuliè- manœuvrier et agressif qui opère aussi
sées par la réversibilité. Il s’agit donc rement difficile et usant. dans le cadre d’un combat du niveau
pour le centre de regrouper et de privi- Les deux centres s’appuient sur le Centre supérieur et pour lequel il a lui-même
légier les phases cinétiques du combat. de doctrine d’emploi des forces (CDEF) conduit une MEDO1. Cette FORAD agit
ainsi en parfaite cohérence avec les la FORAD ». Cette adaptation réactive 3. Intégration interarmes (ou
objectifs tactiques qui lui ont été assi- des modes d’action de l’ennemi passe :
gnés et que les SGTIA connaissent car - par la présence permanente d’au mini- le combat de tous les
ce sont les modes d’action ennemis pré- mum un officier du bureau entraîne-
sentés dans les ordres. Cette FORAD, ment en cellule conduite de GTIA ou à
éléments du SGTIA).
entraînée et connaissant parfaitement la Task Force,
le terrain, est un redoutable adversaire. - par la sanctuarisation d’un poste RETEX Les centres fournissent un environne-
sur le théâtre d’opération, ment interarmes qu’il n’est pas possible
Le CENTAC conduit deux types d’entraî- - et bien sûr, par l’exploitation des RETEX de restituer dans les garnisons. La capa-
nement. Le premier est tourné vers le du CDEF. cité des commandants d’unité à com-
combat générique de coercition. Il s’agit mander un SGTIA disposant de l’en-
de conserver « le fond de sac » indis- Des cadres du CENTAC s’insèrent enfin semble des renforts interarmes dont il
pensable à toute ambition de prépara- dans les sessions organisées à Canjuers pourra bénéficier en opération consti-
tion opérationnelle. Le second s’inscrit par le Détachement d’Assistance tue alors un des objectifs majeurs des
dans la perspective de l’engagement des Opérationnelle (DAO) Afghanistan du centres.
unités sur les théâtres d’opération par- 1er RCA3. Ils bénéficient ainsi, avec les
ticuliers que sont le Liban et l’Afghanistan GTIA projetés, des enseignements four- Le CENTAC concentre donc son effort
(rotation dite MCP2), avec des scénarios nis par les mentors des détachements pédagogique sur l’équipe de comman-
et des mises en situation les plus réa- d’instruction opérationnelle (DIO) four- dement du SGTIA. Confrontés à de mul-
listes possibles. La coercition de force nis par les unités revenant du théâtre. tiples contraintes de disponibilité et de
reste donc systématiquement présente Le CENZUB s’appuie sur son remar- planification, les régiments envoient au
dans les exercices mais d’autres modes quable complexe d’entraînement urbain CENTAC des unités dont l’équipe de com-
d’action spécifiques sont également complété ultérieurement sur ses champs mandement, interarmes, se découvre le
inclus : harcèlement sur les arrières, de tirs spécifiques en cours de déve- plus souvent. Il s’agit donc dans un pre-
recherche des caches d’armes, imbrica- loppement. Il agit toujours dans le cadre mier temps de la préparer et de la mettre
tion d’éléments armés et de civils, pré- de la préparation opérationnelle géné- en situation par le biais d’exercices d’en-
sence des médias sur les théâtres d’opé- rique pour le combat en zone urbaine et seignement tactique assisté par ordina-
ration, …, sans abandonner pour autant dans le cadre de la MCP pour les enga- teur en veillant à la stricte application
des actions limitées mais plus classiques gements particuliers au contact des du processus d’élaboration des ordres :
du combat des véhicules blindés. La foules (ECF). Ses exercices insistent sur dialogue interarmes, backbrief et rehear-
FORAD du CENTAC est ainsi formée selon la réversibilité, alternant actions de for- sal en cours d’exercice. Dans un second
le TTA 808 en vue de privilégier des ce et actions de sécurisation face à une temps, il s’agit d’optimiser l’emploi des
phases de combat dissymétriques et FORAD également fournie par le centre appuis qui impose au préalable un bon
asymétriques avec un rapport de force et dimensionnée pour assurer un rap- niveau de connaissance des capacités,
global toujours favorable aux joueurs. port de force réaliste selon la nature de modalités d’exécution, besoins particu-
l’action. Cette FORAD contribue égale- liers, contraintes, délais, et mesures de
Le réalisme des MCP, notamment pour ment à la phase d’instruction en effec- coordination entre les uns et les autres.
l’Afghanistan, est garanti au CENTAC par tuant les démonstrations du combat Cette optimisation n’est rendue possible
la pratique de «l’adaptation réactive de interarmes en zone urbaine. que par l’instauration d’un véritable dia-
Capables de reproduire sur le terrain des actions relevant de tous les types de combats, le CENTAC et le
CENZUB illustrent l’investissement de l’armée de terre dans le domaine de la préparation des forces.
Cependant, les unités n’en tirent un bénéfice complet que si elles ont pu préparer convenablement leur
rotation en s’assurant d’une bonne maîtrise des actes élémentaires de chaque « Arme » ou fonction
opérationnelle : c’est la nécessaire continuité entre une instruction de qualité en garnison et
l’entraînement dans les centres spécialisés du CCPF.
De même, la qualité de l’entraînement logistique dépend de l’effort consenti pour l’équipement des TC1
et le déploiement d’un TC 2 réaliste, indispensable à leur animation.
Enfin, tout en étant dédiés au contrôle des SGTIA, le CENTAC comme le CENZUB permettent aux PC de
GTIA de s’auto entraîner dans un environnement interarmes particulièrement riche et réaliste, intégrant
notamment la numérisation de l’espace de bataille (NEB)
L’
infanterie ne combat jamais seule. L’emploi opérationnel la place en effet quasi
systématiquement au cœur de sous groupements interarmes (SGTIA INF), structures
qui dotent les capitaines commandant d’unité de l’infanterie d’outils puissants,
volumineux et multiformes. Cette évolution n’est pas sans conséquences sur le
commandement de ce type d’unité qui évolue vers davantage de complexité.
U n volet important dans l’élaboration de la doctrine d’emploi du SGTIA INF est indéniablement le retour d’expérience des
capitaines. Acteurs privilégiés des engagements interarmes sur les différents théâtres d’opération, les capitaines, forts
de leurs expériences d’officiers adjoints et de chefs de sections, participent à l’évolution de l’infanterie. Ils sont
régulièrement sollicités dans le cadre de groupes de travail dont les réflexions viennent alimenter la cellule RETEX de la
DEP infanterie, concourant par là à l’évolution de la doctrine.
La DEP doit permettre à l’Ecole d’Infanterie, par son action sur la formation des officiers, de préparer l’engagement des
futurs chefs tactiques à la tête d’une troupe interarmes.
La prochaine grande évolution de la doctrine sera vraisemblablement liée à la pleine intégration du système FELIN. Cette
entrée du combattant individuel dans la NEB entraînera probablement des transformations dans la manœuvre actuelle
du SGTIA numérisé
L
es qualités nécessaires aux cavaliers pour tirer le meilleur des unités sous leurs ordres sont
bien connues : audace, agilité intellectuelle, discernement, esprit d’initiative… Liées à
l’exploitation des capacités des différents engins, et variables en fonction du matériel servi, elles
sont cependant, et avant tout, rendues nécessaires par les types de missions qui font la culture
commune des blindés (renseigner – couvrir – combattre – poursuivre). A ce titre, elles sont
entretenues et recherchées par tous. Ces qualités, héritées des troupes à cheval, ont dû
s’accommoder d’une grande rigueur d’exécution, notamment avec l’apparition des armements
modernes et avec la complexité croissante des unités et des engagements.
De la même manière, les capacités et missions actuelles des unités blindées nécessitent de privilégier
certaines méthodes de commandement, dictées par les caractéristiques des unités et les missions
remplies habituellement. Il ne s’agit pas ici d’en faire l’énumération exhaustive mais plutôt d’en
décrire plus particulièrement trois qui revêtent aujourd’hui une importance toute spéciale.
Les impératifs d’initiative, de vitesse et d’exigence dans le commandement des troupes blindées
seront successivement développés jusqu’à déduire certaines modalités très concrètes de leur mise en
œuvre.
Initiative et subsidiarité aux circonstances changeantes du pas être exploitées au mieux. Il s’agit
combat et donc de faire preuve de la donc pour le commandant d’unité
réactivité attendue d’une unité blindée, blindée de favoriser la subsidiarité en
initiative doit s’entendre au sens notamment face à l’imprévu. Ce premier donnant à ses chefs de peloton la part
siens.
L’impératif d’exigence se traduit d’une
part dans la précision de la préparation
d’une mission, car l’on ne peut exiger que
ce que l’on a demandé expressément,
d’autre part, dans la conduite de cette
Vitesse de conception et l’initiative acquise par les subordonnés, mission, notamment lorsqu’il s’agit de
qui, ainsi désinhibés, sauront proposer, contrôler l’action des pelotons. La numé-
d’exécution agir et réfléchir vite. risation de tous les engins en service dans
La vitesse de conception et d’exécution la cavalerie blindée autorise désormais le
Le principe de vitesse nécessite de faire chef à contrôler très simplement les mou-
est incontournable pour l’emploi optimum des choix, en sachant discerner l’essen-
d’un escadron ou SGTIA blindé, puisque vements et secteurs de tir de ses subor-
tiel de l’accessoire, et implique aussi une donnés, tout en facilitant l’émission de
c’est l’une des conditions de la surprise certaine audace : on ne peut pas attendre
et donc de l’efficacité de l’action amie. Elle comptes-rendus de qualité par ces der-
d’avoir tout le renseignement nécessaire niers. La place du chef doit néanmoins
demeure par ailleurs un gage de simpli- avant d’entreprendre certaines actions…il
cité de la manœuvre, vertu sans cesse être choisie avec attention, pour qu’il puis-
faut donc prendre des risques, après les se tout à la fois appréhender la situation
recherchée. avoir évalués.
Cette rapidité est obtenue de deux réelle, notamment au contact, tout en étant
manières. en mesure de prendre le recul nécessaire
au moment opportun.
D’une part grâce à l’anticipation
L’exigence…
permanente du chef qui doit réfléchir jusqu’à la fermeté ! Enfin, la diversité des éléments interarmes
sans arrêt à l’étape suivante de son susceptibles d’entrer dans la composition
action, étudier ce que l’ennemi fait ou La rigueur, qui va naturellement de soi du SGTIA à dominante blindée complique
pourrait faire (cas non conformes) en dans l’action militaire, a parfois pu être nettement leur mise en œuvre cohéren-
étant à l’affût des indices. Cela pourra considérée comme incompatible avec les te. La facilité qui pourrait consister à ne
nécessiter de laisser régulièrement deux notions précédentes de subsidiari- pas se préoccuper des renforcements et
l’officier adjoint conduire une phase don- té et de vitesse. Pourtant, c’est bien l’in- à poursuivre la grande chevauchée d’un
née de l’action, ce que les élongations verse qui se vérifie. En effet, la subsidia- escadron sans apports extérieurs abou-
rendent d’ailleurs parfois inévitable. rité n’est pas une faiblesse, ou un prétexte tirait à une usure prématurée, caractéris-
à l’imprécision des ordres mais un choix, tique des troupes blindées utilisées à mau-
D’autre part, la vitesse est directement qui ne s’accommode jamais d’un com- vais escient, voire à contre-emploi
liée au degré d’initiative laissé au subor-
donné et à la capacité de ce dernier à
faire des propositions. Si le chef s’attache
L
essentiellement à fixer l’esprit de la mis- es principes et modalités décrits ci-dessus sont extrêmement
sion, le cadre de l’action et les détails de exigeants, non seulement pris individuellement mais surtout
coordination, laissant la plupart des moda- lorsqu’il faut les associer étroitement.
lités d’exécution entre les mains de ses
subordonnés, le temps de conception est Initiative, vitesse, exigence : ces trois impératifs, qui peuvent parfois
extrêmement raccourci, laissant ainsi
paraître antinomiques, sont en réalité quasiment indissociables dans
le temps nécessaire à la réflexion de l’éche-
lon de conduite de l’action. L’exécution le commandement d’une unité blindée lorsqu’ils sont bien compris.
en sera d’autant plus rapide que chacun La clef du commandement des unités de cavalerie blindée apparaît
aura finalement peu d’éléments à ici : concilier subsidiarité, initiative et vitesse avec l’indispensable
s’approprier et mettra en œuvre des moda- rigueur dans l’expression des ordres et la fermeté dans le
lités conçues par lui-même. La vitesse de
commandement
l’action elle-même reposera aussi sur
l’initiative ou plutôt sur l’habitude de
D
epuis de nombreuses années, les chefs de GTIA et parfois de S/GTIA jouissent
d’une large autonomie, conséquence, notamment, de la taille croissante des zones
d’opérations qui leurs sont attribuées et des évolutions du contexte de leur enga-
gement. En RCI, lors des opérations de l’Union européenne au Tchad ou en Afghanistan
aujourd’hui, les zones couvertes par les GTIA ou les SGTIA dépassent très largement ce
qui pouvait être défini dans de nombreux documents de doctrine récents.
Le RETEX met également en exergue des opérations qui obligent nos unités à faire face à
un spectre de plus en plus large d’adversaires potentiels qui va de la force quasi conven-
tionnelle (RCI), à la milice ou bande armée (Afghanistan, Liban), jusqu’à l’adversaire irrégulier ou le rebelle
(Afghanistan, Tchad).
C
e constat, assez ancien, mais qui
s’est révélé avec une plus grande répondre à tous ces besoins, la cellule l’adaptation2 aux GTIA de capteurs
acuité en Afghanistan, est accom- S2 du GTIA, positionnée dans un PC spécialisés, issus de la Brigade de ren-
pagné dans les opérations de stabilisa- élargi qui peut s’apparenter aujourd’hui seignement ou de la Brigade des forces
tion, d’une augmentation des domaines à un petit état-major de brigade, a été spéciales Terre avec leur structure de
d’intérêt auxquels ces deux niveaux tac- renforcée en opérations. commandement3 a permis d’augmen-
tiques doivent désormais se consacrer Au niveau du SGTIA, les besoins ont ter les capacités de recherche et d’ex-
avec, parfois, des préoccupations diffé- également fortement évolué et l’appui ploitation du GTIA et de satisfaire une
rentes de celles de leur échelon supé- renseignement est une réalité, notamment grande partie des besoins exprimés. Le
rieur. pour assurer la sûreté de l’unité déployée. CFT a également mis en œuvre plusieurs
pistes d’amélioration, notamment des-
Directement impliqué dans la concep- Cette mutation, constatée par l’ensemble tinées à la sureté, avec la mise en place
tion des opérations, le GTIA doit désor- des nations engagées dans les opérations de moyens techniques spécifiques4 ou,
mais prendre en compte le milieu (tant en Irak ou en Afghanistan, s’est heurtée en matière de lutte contre les engins
physique qu’humain), indispensable à un cloisonnement et une méconnais- explosifs improvisés (EEI), l’intégration
pour comprendre les causes du conflit sance réciproque des fonctions interarmes d’une équipe « Weapon Intelligence
et identifier les effets à obtenir et les et du Renseignement. Les moyens de Team (WIT)» au S2 de chaque GTIA. Ces
actions à conduire. Ce besoin de recherche attribués naguère aux niveaux solutions ont déjà permis d’améliorer
connaître et comprendre des acteurs et supérieurs (2 et au dessus) opèrent désor- significativement la satisfaction des
un environnement de plus en plus com- mais aux niveaux 3, 4 et même 5, requé- besoins en renseignement liés à la
plexe se traduisent par un accroissement rant une adaptation des S2 et justifiant conduite des opérations.
des besoins en renseignement et donc l’effort de formation fait au profit des ORGT
des flux d’informations, que les outils et SORGT. L’absence de bases de don- D’un apport incontestable, elles restent
actuels et le sous-dimensionnement des nées normée au niveau 4 gêne encore cependant insuffisantes au regard des
cellules de leurs niveaux1 ne permettent l’utilisation des données et renseigne- besoins, d’autant que ces moyens ne sont
plus de traiter pleinement pour élabo- ment accumulés et leur transmission à pas directement subordonnés au GTIA,
rer leur renseignement. La population l’unité relevante. Longtemps parent mais dépendent le plus souvent d’un sous-
devient désormais un enjeu. Il convient pauvre en la matière, le niveau 5 fait groupement renseignement, plus à même
de l’isoler de l’adversaire dans des aujourd’hui l’objet des efforts de mise aujourd’hui d’employer des capteurs spé-
actions qui ne peuvent être basées que à niveau. cialisés peu connus au sein du PC de GTIA.
S
i des actions sont dès à présent lancées5, la sortie d’un rapport d’étude sur le renseignement du
GTIA et SGTIA proposera des pistes de réflexion pour les années à venir. Ces propositions ne
viseront pas à une transformation radicale du renseignement aux bas niveaux tactiques mais à le
replacer au cœur des opérations. Le renforcement des B2 au sein des brigades interarmes et la mise en
place des batteries de renseignement de brigade (BRB) sont également des atouts pour permettre
d’innerver jusqu’aux plus bas échelons cette culture du renseignement.
Les récents retours d’expérience du théâtre afghan montrent que des progrès réels ont déjà été réalisés
« Pas un pas sans appuis». La pertinence de cette maxime est quotidiennement vérifiée dans les
actions de combat menées par l’armée de Terre en opération extérieure. Selon le colonel
Chanson1 ❝ L’intégration des appuis artillerie, génie, renseignement doit se faire au niveau
du détachement engagé, SGTIA ou détachement interarmes (DIA), et permettre ainsi une
application utile d’un principe fondamental de la guerre en termes d’unicité de commandement,
d’appuis et de renseignement ❞ .
I - Intégration des appuis feux mées doit faciliter la tâche du chef inter- l’action du GTIA, au travers du dialogue
armes dans le choix de ses modes interarmes et du conseil entre «l’ap-
d’action et est destinée à augmenter puyant » et « l’appuyé », destiné à
es appuis feux interarmées l’autonomie de chaque niveau tactique garantir le juste effet tactique,
GTIA
S/GTIA
CTA ou
Equipe TACP (FAC) homogène
Renforcements possibles
Intégré au PC du GTIA, le coordonnateur notamment des équipes dédiées à dévolues au TACP(FAC) ainsi que
des appuis feux (CAF) commande le l’acquisition (RATAC5, COBRA6, SL2A7, certaines missions complémentaires
DLOC et dispose auprès de lui pour DRAC8, etc.), pouvant être déléguées par l’échelon
l’assister dans ses missions : - est le point d’entrée du GTIA pour la supérieur. Le CTA assure cette fonction
- de son équipe ATLAS/NEB plus parti- CI3D (planification des besoins, décon- de conseil au sein de la cellule appui-
culièrement dédiée aux feux sol-sol et fliction, gestion des volumes, etc.)… 3D du GTIA. Le CAF demeure respon-
mer-sol, - commande les éléments subordonnés, sable de la synthèse des moyens feux
- de son équipe Tactical Air Control Party TACP(FAC), équipe NEB/ATLAS et élé- interarmées disponibles pour répon-
(Forward air controler) (TACP(FAC)) ments d’observation et de coordination dre à une action et d’en proposer la
plus principalement dédiée aux feux déployés au sein de chacun des SGTIA. priorité d’emploi au choix du chef inter-
air-sol et à la coordination des inter- armes.
venants dans la 3ème dimension.
- de participer, en liaison avec l’échelon
Le coordonateur des appuis feux (CAF) : Le TACP(FAC) supérieur, à la coordination des inter-
- possède une véritable expertise de la Cette équipe du DLOC se trouve à la venants dans la 3ème dimension dans
manœuvre interarmes, avec une con- charnière des opérations aériennes et la zone d’action du GTIA,
naissance poussée des effets et des des opérations terrestres et, de ce fait, - de conduire les actions CAS au profit
procédures de mise en œuvre des feux doit posséder une maitrise parfaite de des troupes déployées. Le FAC assure
interarmées et de la coordination 3D, ces deux mondes. les missions CAS soit directement en
- est en liaison avec toutes les chaînes se portant lui-même au contact pour
d’appui grâce à des capacités de trans- Sa mission est : le CAS type 1, soit par l’intermédiaire
missions spécifiques et connaît en per- - d’assurer le conseil du GTIA pour d’un National Fire Observer - Français
manence les possibilités théoriques l’emploi du close air support (CAS) en (NFO-FR) pour le CAS de type 2. Dans
de feux dont peut bénéficier le GTIA, apportant au CAF son expertise. Si un ce cas, le FAC assure le guidage de
- propose l’emploi des appuis feux, en contrôleur tactique aérien (CTA - issu l’aéronef grâce aux éléments d’attaque
fait les demandes puis en assure la de l’armée de l’air et habituellement qui lui sont transmis par l’observateur
coordination, déployé au niveau BIA) est donné en avancé, qui est qualifié NFO-FR ou tout
- est en mesure d’accueillir et de com- renforcement au DLOC, le CTA prend autre personnel qualifié NFO-FR et
mander des modules supplémentaires, la place et les missions normalement déployé dans la zone d’action du GTIA.
L
e théâtre afghan a souligné l’importance d’intégrer dès la mise en condition avant projection
(MCP) la section de combat du génie qui sera détachée auprès d’une compagnie d’infanterie.
L’entraînement conjoint, mené pendant la MCP, s’inscrit nécessairement dans la durée et avec des
moyens d’entraînement réalistes. Il permet aux sapeurs d’acquérir les savoir-faire fondamentaux
individuels et collectifs du combat débarqué, de maîtriser la pratique de l’instruction sur le tir de
combat (ISTC) ainsi que les déplacements tactiques à pied en terrain difficile et le stationnement en
zone d’insécurité.
Cette intégration, en amont de la mission, permet une connaissance réciproque des procédures et
surtout de développer la confiance mutuelle qui sera essentielle au moment du contact avec
l’adversaire
L
es opérations actuelles confirment la nécessité de maîtriser le combat interarmes, voire
interarmées, au niveau GTIA, SGTIA et même DIA. En Afghanistan en particulier, elles
soulignent tout particulièrement le rôle fondamental du renseignement, du génie, de la
3ème dimension et des appuis feux.
Les théâtres afghan et libanais ont, par ailleurs, montré l’importance de la place des sous-groupements
tactiques interarmes (SGTIA) dans les actions cinétiques ou non cinétiques.
Enfin, la composition des SGTIA a évolué en cohérence avec la réalité des engagements actuels. En
conséquence, les commandants d’unité ont dû s’adapter à une complexification croissante, tant dans le
cadre de leur préparation que sur le terrain.
Les propos qui suivent reflètent les regards de capitaines, officiers traitants à la division recherche
et retour d’expérience de la DREX, sur l’engagement des unités commandées
par d’autres capitaines.
S’appuyant sur les comptes-rendus de fin de mission et Evolution du SGTIA : une complexité croissante
des entretiens d’acteurs de terrain, les enseignements tirés
des engagements des SGTIA en OPEX font apparaître les Les enseignements issus de l’ensemble des théâtres confir-
constats suivants : ment la prise en compte au niveau des SGTIA de fonctions
auparavant dévolues au niveau supérieur.
- l’évolution du SGTIA vers une complexité croissante ; En Afghanistan, au Liban ou en République de Côte d’Ivoire,
- la nécessité conjoncturelle d’un second officier adjoint ; cette évolution se traduit par l’intégration au niveau SGTIA,
- le renseignement comme clé pérenne de la réussite tac- de moyens d’appui (génie, feux sol-sol, feux sol-air, ren-
tique du SGTIA ; seignement, guerre électronique, géographie…) mais aus-
- la plus-value des unités du génie ; si de moyens d’environnement (CIMIC1, COMOPS2,
- la confirmation de la pertinence de l’expression «pas un PSYOPS3, OMI4, AMP5, …) indispensables à l’efficacité
pas sans appui» ; d’ensemble. Pour une opération, un SGTIA peut à titre
- la préparation opérationnelle avec l’esprit «train as you d’exemple, être articulé autour de :
fight». - une section de commandement, deux sections d’infan-
terie, une section d’appui ;
- une section du génie ;
- une équipe d’observation qualifiée gui-
dage aérien, une section d’appui mortier,
une équipe du groupe commando mon-
tagne ou parachutiste, un poste de secours,
un peloton à deux escouades ;
- équipe EOD6, une équipe TST7/CIMIC,
une
une équipe de recherche de rensei-
gnement humain, un groupe de ren-
seignement électromagnétique.
«La victoire ne se contente pas des vertus de la dernière bataille. La réalité du champ de bataille est
qu’on n’y étudie pas ; simplement on fait ce que l’on peut avec ce que l’on sait.» (Maréchal FOCH).
S
ur le théâtre afghan, si la situation est complexe, le sang froid et l’intelligence restent les
meilleures armes du chef. La guerre tue et il faut s’y préparer. Pourtant, cette même
guerre, c’est aussi celle de la retenue, des feux maîtrisés, du dialogue et de l’implication
de la politique jusque dans la réflexion du commandant d’unité.
Dans cette guerre moderne, aussi complexe qu’exigeante, quel est dès lors le rôle du chef dans la
préparation de ses hommes et dans les choix des modes d’action à mettre en œuvre?
Le chef, c’est avant tout celui qui pense, qui donne du sens à la mission. Et, plongé au cœur d’une
mission qui tend à redéfinir le rôle du soldat en opération, il se doit de comprendre avant d’agir.
S’il semble bon de revenir en premier lieu sur la réelle complexité de la mission en Afghanistan,
nous verrons ensuite quelle est la réflexion que doit mener le chef de terrain et les modalités
concrètes qui doivent régir son action. Enfin, sans doute est-il intéressant de réfléchir à ce qui
pourrait nous aider à mieux préparer nos soldats en vue d’un déploiement au royaume de
l’insolence.
Photo fournie par l’auteur
* Le capitaine RIOU commandait la 2ème compagnie de la TF Dragon engagée en Afghanistan dans le cadre du 22ème mandat de l’opération PAMIR
du 30 juin 2009.
ECPAD
L’Afghanistan est réellement un pays en voie de stabilisation. - S pour «suite» : il est primordial de bien penser à ce qui
Le combat asymétrique que nous y menons est par bien des vient après la réalisation de l’effet majeur, notamment pour
points celui que nous décrit la doctrine de contre rébellion. inscrire notre action dans la durée et lui donner la légiti-
Cependant, certaines spécificités imposent une réflexion mité indispensable dont nous avons besoin vis-à-vis de la
propre à la réalité afghane. Tout d’abord, nous y sommes population.
confrontés à des insurrections plus qu’à une insurrection. En - C pour « chef » : pour chaque mission, le chef doit être
effet, cela a été rappelé plus tôt, l’Afghanistan est un pays précisément désigné et adapté au niveau de l’opération.
cloisonné. Dès lors, les insurgés agissent bien souvent sous - A pour « appui » : pas un pas sans appui, cette maxime
le commandement d’un chef local qui poursuit ses propres militaire est une condition impérative pour conduire une
buts de guerre, ceux-ci étant liés à l’histoire et aux enjeux opération en Afghanistan.
régionaux. - R pour «renseignement» : il s’agit d’une priorité de notre
action ; la mission est complexe et impose de connaître
Par ailleurs, les modes d’action détaillés dans les documents précisément les menaces ennemies ainsi que les inter-
de doctrine ne sont pas toujours en parfaite adéquation avec actions entre les insurgés et la population.
le théâtre afghan à partir du moment où nous sommes loin - R pour « radio » : une opération est commandée en
d’une action coercitive. Ainsi, il est impensable de s’inscrire conduite, et il ne peut y avoir de conduite sans radio.
aujourd’hui dans la même logique que celle de l’armée sovié- - R pour «retour» : c’est souvent sur le chemin du retour que
tique dans les années 80 (couvre-feu, etc). De même, la pra- les actions insurgées sont les plus nombreuses et les mieux
tique du quadrillage qui guidait l’action de nos Anciens en coordonnées, aussi c’est une phase de la manœuvre qui
Algérie est-elle rendue difficile au vu de l’effectif aujourd’hui doit être pensée comme un temps à part entière.
déployé sur le terrain et de la porosité des montagnes - R pour « RETEX » : des enseignements doivent être tirés
afghanes. Comment assécher la moitié d’un lac sans con- systématiquement de nos opérations dans le but d’amé-
struire de barrage ? Comment couper les axes logistiques liorer notre efficacité opérationnelle.
des insurgés quand ils progressent à pied à travers les mon-
tagnes, accompagnés de mulets ? Enfin, et c’est réellement
la question la plus importante, quel mode d’action choisir Ceci étant, et même au niveau du sous-groupement, le chef
quand on sait que la perte de la vie d’un de nos soldats est doit œuvrer avec patience en comprenant que la manœuvre
en soi un échec alors que les insurgés semblent nourrir militaire en Afghanistan s’inscrit totalement dans une action
l’espérance de mourir en martyr ? politique plus globale et que, plus que jamais, l’action armée
en est son prolongement.
Le chef doit dès lors trouver un moyen concret d’agir
efficacement dans sa zone en prenant en compte les règles
du jeu afghan. Notre chef de bataillon avait mis en place un ❝ Agir, précisément, c’est, à chaque minute,
moyen mnémotechnique : OSCAR 4. Un acronyme supplé- dégager de l’enchevêtrement des faits et des
mentaire dans la longue liste des abréviations militaires mais circonstances, la question simple qu’on peut
qui avait néanmoins le mérite de guider notre action. résoudre à cet instant là. ❞
à l’école d’infanterie
L
es GTIA en opération extérieure s’articulent en sous groupement tactique interarmes
(SGTIA) à dominante infanterie. En plus des unités de cavalerie, du génie et de
l’observateur d’artillerie habituellement associés à l’infanterie, le capitaine peut
intégrer dans sa manœuvre bien d’autres éléments comme les JTAC (joint tactical air
controller), les équipes CIMIC (civil military coopération), les détachements de fouille
opérationnelle spécialisée, les équipes spécialisées en renseignement d’origine humaine
ou encore les équipes d’opération militaires d’influence.
La formation que délivre l’école d’infanterie aux capitaines en stage au CFCU est en phase
avec les engagements extérieurs des SGTIA infanterie. Elle répond aux principes
fondamentaux qui bâtissent l’efficacité : la maîtrise des méthodes de raisonnement
tactique, l’adaptation à l’environnement de la manoeuvre et surtout la combinaison des
effets des fonctions opérationnelles autour d’un noyau d’infanterie.
En premier lieu cette formation est nécessairement tournée vers le commandement d’un
SGTIA infanterie puisque c’est le cadre normal de l’engagement opérationnel des
compagnies d’infanterie. Ensuite, cette formation des chefs de SGTIA, clé de voûte et cœur
du commandement garantissant le fonctionnement du système, s’adresse à des officiers
matures, à même de s’adapter et de décider. Enfin, la division de formation des
commandants d’unité s’attache à former aux principes de tactique, références qui serviront
à fonder l’action du capitaine dans son unité.
Le chef du SGTIA clé de maintien et cœur Le cours de formation des commandants d’unité de l’infan-
du commandement garantissant le bon terie a pour objectif transformer des chefs de section en chef
de SGTIA, aptes à être engagés d’emblée en opération. C’est
fonctionnement du système une véritable bascule qui doit s’opérer au cours de ce stage
pour permettre au jeune officier de passer du commande-
Le chef du SGTIA infanterie est la clé de voûte de l’unité, c’est ment d’une simple unité d’infanterie à celui d’un SGTIA, pre-
lui qui assure la stabilité et la cohérence de l’ensemble. Son mier niveau véritablement à même de mener un combat dans
rôle est d’autant plus important qu’il ne peut s’appuyer que sa globalité et sa complexité.
sur une équipe de commandement aux effectifs struc-
turellement très restreints puisque limités à un officier adjoint, Une partie importante du stage est consacré à l’acquisition
voir un deuxième comme en Afghanistan, et à un sous de la doctrine et des règlements d’emploi ainsi qu’à la maîtrise
officier pour la logistique1. Il doit donc allier maturité, faculté des méthodes de raisonnement tactique, principalement la
d’adaptation et des qualités avérées de décideur. MEDO. Le stagiaire apprendra ainsi à manœuvrer avec un
À la sortie de la DFCU de l’école d’infanterie, les capitaines possèdent tous les outils et connaissances
nécessaires au commandement d’un SGTIA à dominante infanterie en d’une opération.
Cependant, cette formation n’est qu’une base de la préparation du SGTIA. Pour être pleinement
opérationnel, le chef doit forger la cohésion de son unité dans le travail et l’adversité. C’est l’objectif
des centres de préparation opérationnelle que sont le CENTAC et le CENZUB et des périodes de
préparation avant projection qui rassemblent et font manœuvrer le noyau infanterie du sous
groupement tactique avec ses renforts interarmes.
La nouvelle proximité géographique de l’école d’infanterie avec l’école d’artillerie et l’école de l’ALAT va
faciliter le développement de la formation interarmes, en particulier dans le domaine de la coordination
des feux et des appuis 3D. Cela se concrétisera par la mise en place, dès l’année prochaine, d’un
exercice commun
COLONEL FRANK BOSSION, DIRECTEUR DE LA FORMATION DES ÉLÈVES ET COMMANDANT LE COURS DES FUTURS COMMANDANTS D’UNITÉ DE L’ÉCOLE DE CAVALERIE
A
u sein des écoles militaires de Saumur (EMS), le cours des futurs commandants d’unité
(CFCU) de l’école de cavalerie (EC) assure une des actions de formations (AF) de cursus du
continuum de formation des officiers des armes de l’armée de Terre à destination des
jeunes capitaines appelés à commander une unité élémentaire du domaine de spécialités
«combat des blindés».
Son objectif principal est de préparer directement ces capitaines [45 à 50 officiers stagiaires par
an, dont 4 à 6 stagiaires étrangers] au commandement de l’unité élémentaire qui leur sera
confiée et de les rendre aptes au commandement d’un sous-groupement tactique interarmes
(SGTIA) dont le noyau dur est une unité élémentaire de la nature de filière dans laquelle ils
servent [escadron de chars, escadron roues-canon, escadron de commandement et de logistique
ou escadron d’administration et de soutien]
Placée au cœur de l’AF du CFCU de l’EC, représentant près des 2/3 du volume horaire du stage,
soit 63% du total du temps disponible, la formation à la mission opérationnelle vise
essentiellement à faire acquérir aux officiers stagiaires les savoir-faire techniques et tactiques
leur permettant in fine de maîtriser le commandement, l’emploi et la manœuvre d’un SGTIA à
dominante blindée évoluant au sein d’un GTIA à dominante infanterie ou blindée dans un cadre
interarmes et numérisé.
Après avoir préalablement rappelé succinctement la structure commune des SGTIA à dominante
blindée afin de situer le contexte de la formation tactique dispensée au CFCU de l’EC, la formation
à la mission opérationnelle et les exercices tactiques menés dans ce cadre seront successivement
abordés.
L
a formation à la mission opérationnelle au CFCU de l’EC s’inscrit bien dans le droit fil des deux
documents fondateurs du socle qui décrivent les conditions actuelles d’engagement des FT en
opération. Elle met résolument l’accent sur l’acquisition concrète par les officiers stagiaires des
outils (MEDO simplifiée) et savoir-faire techniques et tactiques, leur permettant, en fin de stage, de
maîtriser efficacement le commandement, l’emploi et la conduite de la manœuvre d’un SGTIA à
dominante blindée, évoluant au sein d’un GTIA à dominante infanterie ou blindée, le tout dans un cadre
interarmes, un espace de bataille numérisé et ce, quelle que soit la typologie de l’engagement.
D
urant son année au groupement d’application (GA), le lieutenant
d’artillerie doit acquérir les connaissances nécessaires pour occuper les
fonctions opérationnelles tenues par un jeune officier en corps de troupe,
instruire et entraîner sa section, assumer les responsabilités organiques de chef
dans le domaine de la gestion du personnel. Pour atteindre ce but, l’école
d’artillerie organise la formation au GA en considérant que les lieutenants
doivent être capables à l’issue de leur scolarité :
➢ de remplir immédiatement leur mission opérationnelle dès qu’ils rejoignent leurs unités, ce
qui englobe l’éventualité d’une projection extérieure (sous réserve de l’accomplissement de
la MCP),
➢ de maîtriser les apprentissages du temps de paix.
Ceci suppose de posséder les connaissances de la coordination des feux au sol et dans la troisième
dimension, mais aussi de développer la capacité de conseiller le chef interarmes, ce qui impose
une formation mettant l’accent sur «le segment de l’avant» et la manœuvre interarmes.
SIRPA TERRE
«
Une mise en œuvre qui s’articule
Afin de remplir parfaitement sa autour de trois principes
mission, il est indispensable de savoir fédérateurs
comment les autres travaillent. La culture
interarmes et interarmées est donc un Afin de pouvoir répondre à ces
apprentissage largement dispensé.» exigences en matière de formation,
le premier principe pouvant être
dégagé est la responsabilisation.
Le lieutenant doit gagner en
autonomie et pour cela, les
• Le second réside dans l’acquisition d’un savoir-faire le plus activités qui visent à développer le sens de l’initiative sont
complet possible, dans le cadre général de l’apprentissage systématiquement recherchées. En effet, il faut savoir pré-
du métier d’artilleur et dans le cadre particulier de la parer des ordres cohérents, expliquer le sens de son action
spécialité choisie par les lieutenants. Les connaissances puis vérifier leur exécution par un contrôle approprié. Chaque
techniques, la capacité tactique, les qualités physiques et lieutenant participe ainsi à l’élaboration de la mission en
sportives, l’aptitude à commander sont développées. préparant la montée en puissance des exercices.
• Le troisième, et non le moindre, repose sur l’appro- Ensuite, la mise en situation est sans cesse recherchée.
fondissement de la culture, du caractère et de la réflexion Il faut mettre autant de fois que possible l’officier élève à la
personnelle afin de donner à chaque lieutenant une tête d’une section soit en situation réelle soit par des moyens
autonomie optimale dans la plupart des configurations de substitution (simulateur). Ces mises en situation de
qu’ils seront amenés à rencontrer, dans le but ultime commandement permettront au lieutenant de remplir sa
d’acquérir la qualité la plus rare et la plus positive que mission opérationnelle dans le cadre d’un sous-groupe-
puisse souhaiter avoir un officier, à savoir l’intelligence de ment tactique interarmes. Le drill dans la fonction ainsi que
situation. les manœuvres avec des régiments partenaires offrent la
possibilité au stagiaire de servir au niveau de respon-
sabilités qui sera le sien. Très concrètement, chaque lieu-
tenant occupe la fonction de chef de section dans le cadre
Un cycle de formation en trois phases des partenariats, au cours du séjour à DJIBOUTI et au CIA-
DA3, pour un total d’environ 80 heures cumulées.
L’instruction est organisée selon une progression répartie
en trois périodes. Inscrite dans le cadre de la démarche qualité de l’école
d’artillerie, la formation n’est pas figée, mais s’adapte à la
• Le cycle débute par un tronc commun général de forma- réalité des engagements récents. Elle est évaluée par les
tion d’artilleur, suivi de plusieurs mois consacrés à la stagiaires eux-mêmes et par l’encadrement de contact au
connaissance des fonctions de chef de section dans un cours de l’année d’application, puis par les chefs de corps
domaine de spécialité (FDP1 ou DSA2). Il se termine par la quelques mois après l’affectation des jeunes lieutenants
maîtrise du premier emploi tenu en unité. De septembre dans leur régiment. Le but est de voir si les objectifs de
à mi-octobre, il s’agit d’apprendre les caractéristiques et l’instruction répondent aux attentes des uns et des autres.
les missions de l’artillerie sol-sol et sol-air et de déve- Par ailleurs, le retour d’expérience est privilégié au travers
lopper la culture d’arme. de conférences ou de témoignages et le contenu de la for-
mation est revisité chaque année. Cette volonté incessante
• La deuxième phase est, quant à elle, consacrée à l’acqui- d’adaptation du cycle d’instruction est exigeante mais il
sition des connaissances du domaine de spécialité et à la s’agit là d’une démarche pragmatique incontournable pour
formation sur les systèmes d’armes équipant en double faire correspondre la formation aux nécessités de la prépa-
dotation l’ensemble des unités DSA (canon 20 mm, ration et de l’engagement opérationnels.
MISTRAL) ou FDP (mortier). Elle se termine fin février.
Enfin, l’artillerie est bien consciente qu’elle ne travaille pas
• La dernière période, de mars à juillet, a pour objectif de pour elle-même. Son rôle est bien d’appuyer par ses feux
maîtriser la 1ère fonction que le lieutenant occupera dès son sol-sol et sol-air d’autres unités sur les différents théâtres
A
Dans le domaine FDP, le centre de gravité de la manœuvre u bilan, l’année d’application à l’école
interarmes se situe clairement au niveau du segment avant. d’artillerie se veut très concrète et proche
Les officiers élèves destinés à occuper un emploi d’obser- des réalités des conflits dans lesquels les
vateur doivent être capables d’effectuer des demandes de forces françaises sont engagées. L’enseignement
tir d’artillerie, mais également des tirs à partir des vertus cardinales que sont la rigueur
d’aéronefs (enseignements assurés à l’EA et au CFAA5) professionnelle, l’enthousiasme, la volonté et la
ou même effectuer des demandes d’appui feu naval (instruc- camaraderie permet au jeune officier de l’artillerie
tion AFN6 à Toulon), ce qui nécessite une excellente de s’engager sereinement aux côtés de ses
connaissance de la manœuvre des unités de mêlée ainsi camarades des unités de mêlée pour leur
que des possibilités des moyens d’agression des forces apporter, à bon escient et au moment voulu,
aériennes et navales. l’appui feux nécessaire à la réussite de leur
mission.
Dans le domaine DSA, si le dialogue avec l’armée de l’air a
toujours été recherché, il devient une réalité encore plus La création des Ecoles Militaires de Draguignan
prégnante avec la montée en puissance du programme est une formidable opportunité d’approfondir le
MARTHA7. Celui-ci permet de coordonner et de dialoguer en dialogue avec l’école d’infanterie, mais
temps réel avec l’ensemble des intervenants dans la également avec l’école de l’aviation légère de
3ème dimension (avions, drones, tirs sol-sol, ALAT). l’armée de Terre en développant des synergies en
matière de formation.
Le lieutenant d’artillerie, riche de ses connaissances et de Enfin, la réorganisation récente et non encore
sa compréhension générale de la manœuvre des autres achevée des régiments d’artillerie où la distinction
composantes des forces est donc plus que jamais au cœur sol-sol et sol-air tend à s’amenuiser doit conduire
du combat interarmes et interarmées dans sa mission l’EA à explorer de nouvelles pistes pour la
d’appui au sein d’un sous-groupement tactique interarmes formation de ses lieutenants. Des évolutions
sensibles sont donc envisagées à moyen terme.
L
e génie est caractérisé par la diversité et l’importance du nombre de
savoir-faire à maîtriser. Intervenir sur un engin explosif ou couler
une dalle de béton doivent faire partie du fond de sac du lieutenant.
Simultanément, au sein d’un sous-groupement, il doit faire preuve de la
même aisance tactique que ses camarades des autres armes.
Une population de provenances et à destinations La solution permettant de donner à chacun l’instruction dont
il a besoin a été de diviser l’année scolaire en deux phases.
très variées, ponctuellement réunie pour un objectif
commun Elle commence par un tronc commun destiné à préparer
l’engagement opérationnel d’une section, conduire une
la division d’application, il s’agit de former des chefs de mission tactique et appliquer les principes d’engagement
revêtir des caractéristiques très différentes. En effet, le lieu- Pour les futurs lieutenants sapeurs des SGTIA elle
tenant du génie d’un SGTIA évolue au sein d’une population se poursuit ensuite par un module différencié axé sur
variée comprenant des camarades destinés à servir dans des le combat, les préparant plus spécifiquement aux particu-
unités d’appui général (travaux, infrastructure, énergie), NRBC, larités du commandement d’une section de combat,
de sécurité civile ou à la BSPP. Si cette diversité culturelle apporte qui prend en compte ses aspects incontournables, à savoir
une plus-value évidente à chacun d’entre eux, elle constitue un l’engagement dans un contexte multinational, l’engagement
véritable casse-tête quand il s’agit de faire évoluer un en zone urbaine, la lutte contre les IED, l’aide au déploiement,
programme de formation équilibré, harmonieux et répondant la numérisation, l’aguerrissement et la rusticité.
aux objectifs de tous.
L
es ingrédients sont réunis pour que le lieutenant du génie, puisse, en un mot, appuyer
efficacement son sous-groupement : le sapeur, spécialiste compétent, conseille son chef et
réalise des missions à son profit. Il n’est pas une contrainte pour ses proches, on est content de
le voir arriver et il combat parmi ses camarades.
Tout cela a l’air assez nouveau, implique un certain changement de portage dans l’esprit de l’instruction,
un mélange de retour aux fondamentaux mâtinés d’adaptation permanente aux enseignements des
RETEX les plus récents. Pourtant, une vieille affiche américaine de la deuxième guerre mondiale incitant
à s’engager dans le génie de l’US Army montre un sapeur à l’air confiant et solide, avec dans une main un
fusil et dans l’autre une pelle. Cette vision résume tout : c’est celle d’un sapeur qui fait la guerre, et c’est
tout simplement de cela qu’il s’agit aujourd’hui
L
a force d’un sous-groupement tactique ne se résume pas à une addition d’hommes et
d’équipements. Elle dépend d’abord de ce savoir que Foch mentionnait quand il
écrivait : « Dès lors, pour y [à la guerre] pouvoir un peu, il faut savoir beaucoup et bien»
et ainsi de la maîtrise de savoir-faire collectifs. Leur acquisition et leur entretien au rythme
des évolutions de la doctrine et de l’apparition de nouveaux équipements doivent aussi se
faire dans le respect de contraintes financières de plus en plus sévères et de restrictions
imposées en temps de paix. La simulation constitue alors un moyen efficace autant pour
assurer la meilleure performance opérationnelle des SGTIA qu’elle l’est déjà pour
l’instruction individuelle.
es systèmes de simulation employés pour entraîner Les imperfections de l’instrumentation limitent également
CENTAURE jusqu’aux exercices de procédure réalisés en - Le principe même des simulations dites constructives de
organisme de formation ou en régiment avec ROMULUS qui type ROMULUS ou JANUS impose aux joueurs d’être
fournit une animation sur écran d’ordinateur. Des moyens dissociés du système de simulation mais alors, la représen-
complémentaires, comme SYSIMEV2 au CENTAC, ont tation de la situation sur une simple carte est insuffisante
prouvé l’intérêt d’une simulation apportant une visuali- pour restituer aux entraînés une perception de qualité de
sation 3D pour entraîner les commandants d’unité et leurs leur environnement et de leurs actions. Or le niveau du
subordonnés à manœuvrer ensemble dans le cadre du SGTIA. SGTIA, et plus encore ceux de la section ou du peloton,
Ce moyen employé lors de la semaine de préparation d’une exigent d’être au contact du terrain et de l’environnement
rotation au CENTAC a permis d’améliorer sensiblement opérationnel. Les systèmes d’entraînement ne peuvent s’en
le rendement des SGTIA lors du premier des quatre jours affranchir.
d’exercice avec moyens organiques.
La numérisation provoque également une évolution du besoin.
Les moyens actuels demeurent cependant insuffisants pour Les moyens employés pour l’entraînement doivent nourrir
diverses raisons : les systèmes d’information et de commandement (SIC) autant
- Au CENTAC, la disponibilité et le coût des créneaux que les sens des joueurs mis en situation. Leur emploi est
d’entraînement restreignent les possibilités d’entraînement désormais incontournable dans le cadre des procédures
instrumenté au plus proche de la réalité opérationnelle. opérationnelles.
un outil qui réponde effectivement au besoin en matière de 1 OPOSIA (Outil de Préparation Opérationnelle des Sous groupements
tactiques InterArmes) : système de simulation destiné à remplacer
préparation des forces et de disposer des moyens néces- SYSIMEV.
saires pour l’adapter aux évolutions en matière d’équipement 2 SYSIMEV : SYstème de SIMulation et d’Entraînement Virtuel
des forces, de doctrine et de méthodes pédagogiques. 3 SITEL : Système d’Information Terminal Elémentaire
4 SIT V1: Système d’Information Terminal
5 SIT COMDE : Système d’Information Terminal du Combattant
Puis dans une seconde phase, il est prévu de déployer plus Débarqué
largement OPOSIA dans les organismes de formation et les 6 TTO ATLAS : Terminal Tactique Opérationnel du système
d’Automatisation des Tirs et Liaisons de l’Artillerie Sol-sol:
corps de troupe. Si l’objectif recherché d’un emploi le plus 7 Exploring the Use of a Massive Multiplayer Game (Mmpg) to Train
large possible de ce système d’entraînement sera atteint par Infantry Company Commanders, Dr. Scott A. Beal, U.S. Army
la contribution de tous les participants au projet, deux Research Institute (IITSEC Paper 2009 n°9007). Cette étude a été
présentée lors de l’Interservice Industry Training and Simulation and
principes essentiels devront les guider : Education Conference de décembre 2009.
- premièrement, le système d’entraînement ne vaut que par 8 DSRO : Division Simulation et Recherche Opérationnelle
l’emploi pédagogique qui en est fait. Il est un outil dans les 9 SCIPIO : Simulation de Combat Interarmes pour la Préparation
Intéractive des Opérations
mains de l’instructeur qu’il ne peut en aucun cas remplacer, 10 SCORPION : programme d’armement structurant pour l’armée de
- deuxièmement, l’instructeur et l’entraîné doivent pouvoir terre et répondant à une des grandes priorités du Livre blanc, la
s’abstraire autant que possible de la technique de mise en remise à niveau des moyens des forces terrestres ; ce programme
doit assurer la modernisation des groupements tactiques interarmes
œuvre. Un effort d’intuitivité et de simplicité doit donc être (GTIA). Le lancement du stade d’élaboration du programme a été
garanti lors de la conception. décidé le 22 février 2010 en conseil ministériel d’investissement
(CMI).
E
n finale, OPOSIA constituera un point de départ pour les systèmes d’entraînement associés au
projet SCORPION10 et servira de référence pour préparer l’avenir des systèmes d’entraînement.
Avec les outils d’adaptation, il pourra également être employé à la mise en condition avant
projection voire, avec des déploiements légers, à la répétition de mission. Une modélisation précise du
terrain d’engagement comme de l’ennemi et de ses tactiques sera employée pour « driller » les équipes
de commandement des SGTIA à leur future mission.
D
ans ce numéro consacré au combat des capitaines et
à l’emploi des sous-groupements interarmes, il a
paru judicieux de remonter à la source des sous-
groupements, articulation codifiée dès l’avant-
guerre et qui a été remarquablement mise en œuvre
lors des campagnes de la Libération. (NdR)
question par des réarticulations en cours d’action, heure plus tard. Quant aux sous-groupements de
les unités étant déjà mixées, ce qui facilite Langlade, devant aborder Paris par l’Ouest, c’est
également les rattachements logistiques. L’emploi par des itinéraires détournés qu’ils atteignent les
de ces sous-groupements de circonstance devient ponts de Sèvres et de Saint Cloud.
presque systématique. A Baccarat, le sous-groupement Rouvillois pénètre
dans la ville par le Nord, alors que les Allemands
C’est ainsi qu’en Normandie, entre Le Mans et sont fixés face au sud par le reste du «GT D».
Alençon, face aux bouchons anti chars mis en
place par la 9ème Panzer dans le cadre de son action Mais la plus belle manœuvre des sous-
de retardement, Leclerc a pu décupler le groupements demeurera le forcement de la ligne
rendement des unités des groupements Dio et de défense des Vosges, permise grâce à l’action du
Langlade en utilisant tous les axes libres. Il va sous-groupement la Horie à Badonvilliers, le
même, avant Alençon, jusqu’à constituer lui- double débordement de la résistance de Saverne –
même un sous-groupement de circonstance, au nord par Quilichini à la Petite Pierre et au sud
confié à Noiret, avec lequel il peut s’emparer du par Massu par Dabo - et la «charge» en plaine
pont d’Alençon, objectif de Langlade qui fut fort d’Alsace en exploitation via Strasbourg de
dépité d’y être coiffé par son chef et de s’y faire l’ensemble de la 2ème D.B., largement déployée en
copieusement «engueuler». sous-groupements pour aborder simultanément
toutes les résistances12 défendant les accès de la
A Paris, tandis que le groupement Billotte est capitale alsacienne dont la garnison capitule très
ralenti sur l’axe de la RN 20, Leclerc confie à vite. Malheureusement, peu adaptée au combat en
Dronne un détachement mixte, sa compagnie du zone urbaine, du fait de la faiblesse quantitative
RMT, un peloton de chars11 et un peloton de de son soutien d’infanterie, la division ne peut
reconnaissance du 1er Spahis avec mission de atteindre le pont de Kehl et Strasbourg demeurera
précéder les gros de la division en s’infiltrant sous le feu allemand jusqu’au contrôle de la plaine
jusqu’à l’Hôtel de Ville, objectif à atteindre une de Bade par la 1ère Armée en avril suivant.
«
7 Pour des raisons tenant à l’histoire, aux évolutions doctrinales, aux
matériels en dotation, à l’état d’esprit général du pays, cette
doctrine n’a été que très imparfaitement appliquée par le
L’expérience de cette première journée de
commandement français en 1940, bien que son inspirateur, le
guerre est qu’il est indispensable, en général Georges, fût numéro deux au sein du haut-
commandement.
fonction du terrain et des facilités qu’il
donne à l’ennemi dans sa mission de 8 Régiment de marche du Tchad.
combat retardateur, de faire le maxi- 9 Une fronde des capitaines commandant ayant éclaté pour ne pas
mum de détachements de toutes nature servir sous les ordres du colonel Warabiot, non FFL d’origine, a
amené ce dernier à résilier son commandement, et bien que le
(1 peloton de chars, 2 sections d’in- commandement de son « GT » ait été confié au colonel Billotte, il
fanterie, 1 groupe13 de TD, quelques conservera néanmoins l’appellation de GT «W».
C.D.E.F
Centre de Doctrine
d’Emploi des Forces