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1. Allégations
2. Question
L’enquête vise à déterminer si IRCC a respecté les obligations prévues à la partie VII de
la Loi en ce qui concerne l’initiative de réinstallation des réfugiés syriens. Plus
particulièrement, l’enquête vise à déterminer si IRCC a tenu compte des besoins des
CFSM et a pris des mesures positives pour favoriser leur vitalité et leur développement
dans le cadre des programmes ministériels qui encadrent l’accueil de réfugiés au
Canada.
3. Cadre juridique
Le paragraphe 41(2) de la Loi prévoit que les institutions fédérales doivent prendre des
mesures positives pour mettre en œuvre cet engagement. Cette obligation exige à la fois
qu’une institution agisse de façon proactive afin d’appuyer les communautés de langue
officielle en situation minoritaire (CLOSM) et qu’elle agisse de façon à ne pas nuire au
développement et à l’épanouissement de ces communautés.
4. Méthodologie
IRCC tire son mandat de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés1 (la LIPR).
En vertu des paragraphes 3(1)b) et b.1), la LIPR a pour objet « d’enrichir et de renforcer
le tissu social et culturel du Canada dans le respect de son caractère fédéral, bilingue et
multiculturel » et de « favoriser le développement des collectivités de langues officielles
minoritaires au Canada ». De plus, les paragraphes 3(3)d) et e) de la LIPR prévoient que
son interprétation et sa mise en œuvre doivent, entre autres, avoir pour effet « d’assurer
que les décisions prises en vertu de [cette loi] sont conformes à la Charte canadienne
des droits et libertés, notamment en ce qui touche les principes […] d’égalité du français
et de l’anglais à titre de langues officielles du Canada » et « de soutenir l’engagement du
gouvernement du Canada à favoriser l’épanouissement des minorités francophones et
anglophones du Canada ».
5.2 Contexte
Cet engagement et ceux pris par la suite par les autres partis politiques fédéraux ont fait
l’objet de nombreux débats pendant la campagne électorale fédérale qui s’est conclue
lors de l’élection fédérale générale du 19 octobre 2015.
1
Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. Version en ligne (http://laws-lois.justice.gc.ca/PDF/I-
er
2.5.pdf) consultée le 1 mars 2017.
2
Ici Radio-Canada. Le Canada promet d’accueillir 10 000 autres réfugiés syriens, 7 janvier 2015. Version
en ligne (http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/701067/canada-promet-acceuillir-refugies-syriens) consultée
er
le 1 mars 2017.
Le 24 novembre 2015, cet objectif a été revu : 25 000 réfugiés syriens au total seraient
accueillis avant la fin de février 2016, dont 10 000 avant le 31 décembre 2015. Des
25 000 réfugiés syriens accueillis avant la fin de février 2016, 10 000 seraient parrainés
par le secteur privé et 15 000 seraient pris en charge par le gouvernement. Enfin,
25 000 réfugiés syriens pris en charge par le gouvernement seraient accueillis avant le
31 décembre 20164.
Les programmes d’IRCC qui encadrent l’initiative de réinstallation des réfugiés syriens
sont les mêmes qui encadraient la réinstallation de réfugiés au Canada, de manière
générale, avant cette initiative. Toutefois, en raison du nombre de réfugiés syriens
accueillis et de la période de temps relativement courte pendant laquelle la majorité
d’entre eux est arrivée au Canada, IRCC a apporté certains ajustements dans la
manière de livrer ces programmes5.
Les réfugiés sont réinstallés au Canada de l’une des trois façons suivantes :
3
Radio-Canada. La promesse de recevoir 25 000 réfugiés syriens sera tenue, assure McCallum,
4 novembre 2015. Version en ligne (http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/748118/mccallum-immigration-
er
syriens-refugies-objectif-accueil) consultée le 1 mars 2017.
4
Gouvernement du Canada. #Bienvenueauxréfugiés, document d’information, 24 novembre 2015. Version
er
en ligne (http://nouvelles.gc.ca/web/article-fr.do?nid=1021909) consultée le 1 mars 2017.
5
Seuls les ajustements pertinents à cette enquête seront mentionnés dans cette section.
6
IRCC. Rapport sur les plans et priorités 2016-2017. Version en ligne
(http://www.cic.gc.ca/francais/ressources/publications/rpp/2016-2017/index.asp#a2.2.2) consultée le
er
1 mars 2017. IRCC. Réinstallation depuis l’extérieur du Canada. Version en ligne
er
(http://www.ci.gc.ca/francais/refugies/exterieur/index.asp) consultée le 1 mars 2017.
7
Ibid.
Les RPG sont recommandés à IRCC par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour
les réfugiés (le HCR) ou par un autre organisme de recommandation. Le gouvernement
fédéral ou celui du Québec leur fournit un soutien financier pendant un an. Les RPG ont
aussi accès aux services immédiats et essentiels du Programme d’aide à la
réinstallation (PAR) pour répondre à leurs besoins de base dès leur arrivée au Canada.
À l’extérieur du Québec, ces services sont offerts par des fournisseurs de services (FS)
financés par IRCC. Ils comprennent notamment des services d’interprétation, l’accueil à
l’aéroport, l’hébergement temporaire, l’aide pour trouver un logement permanent, l’aide
pour s’inscrire aux programmes fédéraux et provinciaux obligatoires, l’aide pour
s’orienter dans la collectivité, une orientation sur les finances personnelles, un soutien
concernant les aptitudes à la vie quotidienne pour les clients ayant d’importants besoins
et une orientation vers d’autres programmes destinés aux réfugiés, dont le Programme
d’établissement et d’adaptation des immigrants d’IRCC9. Le Québec reçoit des fonds
distincts dans le cadre de l’Accord Canada-Québec relatif à l’immigration et à
l’admission temporaire des aubins (l’Accord Canada-Québec)10 pour fournir des services
semblables aux réfugiés qui s’établissent dans cette province.
Par ailleurs, dans le cadre de l’initiative de réinstallation des réfugiés syriens, certains
FS du PAR, notamment en Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick, ont eu
recours à la sous-traitance des FS d’établissement pour offrir les services du PAR dans
des municipalités avoisinantes et d’autres municipalités plus éloignées où des réfugiés
syriens ont été logés de manière permanente.
8
IRCC. Réinstallation depuis l’extérieur du Canada. Op. cit.
9
IRCC. Quel type d’aide les réfugiés syriens reçoivent-ils? Version en ligne
er
(http://www.cic.gc.ca/francais/centre-aide/reponse.asp?qnum=098&top=11) consultée le 1 mars 2017.
10
IRCC. Accord Canada-Québec relatif à l’immigration et à l’admission temporaire des aubins,
5 février 1991. Version en ligne (http://www.cic.gc.ca/francais/ministere/lois-
er
politiques/ententes/quebec/quebec-acc.asp) consultée le 1 mars 2017.
11
IRCC a retenu les services d’un seul FS du PAR par ville de destination, à l’exception de Winnipeg qui en
compte deux et de Toronto et Vancouver où des FS ont été retenus précisément pour offrir des services aux
points d’entrée au Canada
En vertu de l’Accord Canada-Québec, « le Canada détermine qui est un réfugié […],
tandis que le Québec choisit ceux qui, à son avis, sont les plus à même de s’établir au
Québec.12 » L’article 19 de l’Accord inclut un droit de veto explicite du Québec sur
l’admission des réfugiés : « [...] le Canada n’admet pas un réfugié [...] à destination du
Québec qui ne répond pas aux critères de sélection du Québec ».
Selon les procédures du Centre de jumelage en vigueur en janvier 2016, les RPG
pouvaient être dirigés vers le Québec s’ils :
Selon l’information recueillie, les procédures suivies pour déterminer la destination des
réfugiés syriens ont toutefois été simplifiées. Ainsi, dans tous les cas où un RPG avait
de la famille ou des amis au Canada, le RPG et sa famille s’établissaient dans cette ville
ou dans la ville de destination la plus près. Dans tous les autres cas, la destination était
choisie en fonction des objectifs et de la capacité d’accueil des FS du PAR.
Une fois logés de manière permanente, les RPG ont accès aux services directs et aux
services de soutien offerts par les FS qui ont conclu une entente de services avec IRCC
aux termes du Programme d’établissement et d’adaptation des immigrants (PÉAI). Ce
programme « vise à aider les immigrants et les réfugiés à surmonter les obstacles qui
caractérisent l’expérience des nouveaux arrivants […]13 », afin qu’ils puissent participer à
la vie sociale, culturelle, civique et économique et s’intégrer à long terme à la société
canadienne. Les RPG ont, entre autres, accès des services d’apprentissage linguistique,
des services de liaison avec la collectivité et les employeurs, des renseignements en
matière d’établissement et des services de soutien pour faciliter l’accès aux programmes
d’aide à l’établissement.
12
Becklumb, Penny. Bibliothèque du Parlement, division du droit et du gouvernement. L’immigration :
L’Accord Canada-Québec, étude générale BP-252F, révisée en octobre 2008. Version en ligne
er
(http://www.bdp.parl.gc.ca/content/lop/researchpublications/bp252-f.htm) consultée le 1 mars 2017.
13
IRCC. Rapport sur les plans et priorités 2016-2017. Op. cit.
Afin d’expliquer comment le Ministère a géré la réinstallation des réfugiés syriens après
l’annonce du 4 novembre 2015, l’ensemble des représentants d’IRCC rencontrés a noté
que le réseau de FS du PAR était déjà en place et que le Ministère devait donc diriger
les réfugiés syriens vers les villes où ces FS étaient présents.
Sur les 39 propositions reçues à l’hiver 2016, huit ont été soumises par des organismes
d’établissement francophones, mais aucune de celles-ci n’a été retenue. IRCC a indiqué
avoir évalué toutes les propositions selon les mêmes critères normalisés pour s’assurer
que les organismes sélectionnés aient la capacité organisationnelle et communautaire
d’accueillir et d’intégrer des réfugiés syriens immédiatement.
IRCC a aussi expliqué que les réfugiés sont informés au moyen de séances d’orientation
pré départ que le Canada a deux langues officielles, qu’il existe des CLOSM partout
dans le pays et qu’ils peuvent choisir de s’exprimer dans l’une ou l’autre des langues
officielles. Ces renseignements leur sont aussi fournis après leur arrivée au Canada par
les FS du PAR et du PÉ et au moyen d’une multitude de produits d’information14. IRCC a
fourni une copie de ces documents dans le cadre de l’enquête.
En ce qui concerne la distribution des réfugiés syriens, IRCC a expliqué que les
renseignements recueillis sur les langues parlées et sur la connaissance d’une ou des
deux langues officielles du Canada étaient pris en note lors de l’entrevue précédant
l’arrivée des réfugiés au Canada et transmis au Centre de jumelage. Les représentants
d’IRCC ont noté que le Centre de jumelage tient habituellement compte de la
connaissance des langues officielles pour déterminer la destination des RPG. Ainsi, si
une personne parle ou comprend le français, le Centre de jumelage privilégiera une
destination francophone. IRCC a aussi noté qu’en plus des critères de jumelage
mentionnés précédemment, il a également considéré les expressions d’intérêt des
provinces et, dans la mesure du possible, les priorités et les objectifs en ce qui concerne
les CLOSM.
IRCC a cependant noté à plusieurs reprises que la majorité des réfugiés syriens pris en
charge par le gouvernement avait un niveau d’alphabétisation faible et
qu’approximativement 95 % d’entre eux ne parlaient ni français ni anglais à leur arrivée
au Canada. De plus, la capacité d’accueil des provinces et des FS du PAR était un
facteur très important pour déterminer la destination des réfugiés compte tenu du
nombre de réfugiés devant être accueillis sur une courte période (25 000 en trois mois).
14
Par exemple : guide prédépart à l’intention des migrants au Canada intitulé « Coups d’œil sur le
Canada », guide intitulé « Bienvenue au Canada », bulletins d’information pour les RPG, les RPSP et les
RDBV, vidéo intitulée « La formation linguistique pour le Canada », etc.
Lors des entrevues, les représentants d’IRCC ont fourni des renseignements en réponse
aux questions posées sur les mesures prises par le Ministère pour tenir compte des
CFSM dans le cadre de ces programmes avant et après l’annonce de l’initiative de
réinstallation des réfugiés syriens.
Les représentants d’IRCC ont reconnu que le Ministère n’avait pas évalué l’impact de
ses programmes qui encadrent la réinstallation des réfugiés au Canada sur les CLOSM
avant l’annonce de l’initiative de réinstallation des réfugiés syriens.
Ils ont, entre autres, confirmé que les évaluations du PAR15, du PÉ16 et des Cours de
langues pour les immigrants au Canada (CLIC)17 conclues en 2010 et en 2011 n’ont pas
examiné si des mesures positives pouvaient être prises dans le cadre de ces
programmes pour appuyer le développement et la vitalité des CLOSM. Ces évaluations
n’ont pas non plus examiné l’impact de ces programmes sur les CLOSM.
Lorsque questionnés sur les raisons pour lesquelles l’impact du PAR sur les CLOSM n’a
pas été pris en compte lors de l’évaluation du programme, les représentants d’IRCC ont
indiqué que le développement des CLOSM ne fait pas partie des objectifs visés par le
PAR. Un des représentants du Ministère a noté qu’IRCC ne tient pas compte des
réfugiés pour atteindre sa cible de 4,4 % d’immigrants francophones. D’autres ont
affirmé ne pas comprendre comment ni pour quelles raisons l’initiative de réinstallation
des réfugiés syriens ou l’accueil de réfugiés en général pourrait avoir un impact sur le
développement et la vitalité des CLOSM.
Les représentants d’IRCC ont expliqué que les questions qui concernent les CLOSM ont
été examinées séparément en 2012 lors de l’évaluation de l’Initiative de recrutement et
d’intégration d’immigrants d’expression française au sein des communautés
francophones en situation minoritaire18. Cette initiative s’inscrivait dans la Feuille de
route pour la dualité linguistique canadienne 2008-2013 : Agir pour l’avenir19. Son
« principal objectif […] [était] d’accroître le nombre d’immigrants d’expression française
dans les [CSFM] et de faciliter leur accueil et leur intégration dans ces communautés ».
15
IRCC. Évaluation du Programme des réfugiés parrainés par le gouvernement (RPG) et du Programme
d’aide au réétablissement (PAR), mars 2011. Version en ligne (http://www.cic.gc.ca/francais/pdf/pub/RPG-
er
RAP.pdf) consultée le 1 mars 2017.
16
IRCC. Évaluation du Programme d’établissement et du programme d’adaptation des immigrants (PEAI),
septembre 2011. Version en ligne (http://www.cic.gc.ca/francais/pdf/recherche-stats/evaluation-
er
peai2011.pdf) consultée le 1 mars 2017.
17
IRCC. Évaluation du Programme « Language Instruction for Newcomers to Canada » (LINC), juillet 2010.
Version en ligne (http://www.cic.gc.ca/francais/ressources/evaluation/clic/2010/linc-eval.pdf) consultée le
er
1 mars 2017.
18
IRCC. Évaluation de l’Initiative de recrutement et d’intégration d’immigrants d’expression française au sein
des communautés francophones en situation minoritaire, juillet 2012. Version en ligne
er
(http://www.cic.gc.ca/francais/ressources/evaluation/recrutement/index.asp) consultée le 1 mars 2017.
19
Gouvernement du Canada. Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne 2008-2013 : Agir pour
l’avenir. Version en ligne (http://canada.pch.gc.ca/DAMAssetPub/DAM-PCH2-Identity-
er
OfficialLanguages/STAGING/texte-text/08-13-LDL_1456933235664_fra.pdf) consultée le 1 mars 2017.
Les représentants d’IRCC ont confirmé qu’un mémoire au Cabinet (MC) a été présenté
au Sous-comité spécial sur les réfugiés syriens le 12 novembre 2015. Même si le guide
d’IRCC pour la présentation des documents du Cabinet fournit des directives et des
procédures à suivre pour analyser l’incidence des initiatives ou des décisions sur la
conformité à la Loi et précise qui est la personne-ressource du SLO20 qui peut être
consultée pour obtenir plus d’information pour compléter cette analyse, les
représentants d’IRCC ont admis que le MC en question ne contenait pas d’analyse de
l’impact de l’initiative de réinstallation des réfugiés syriens sur les langues officielles et
que les représentants du SLO n’ont pas été consultés lorsqu’il a été préparé.
Le 26 novembre 2015, IRCC a soumis une présentation au Conseil du Trésor (CT) afin
d’obtenir les fonds nécessaires pour mener l’initiative de réinstallation des réfugiés
syriens. L’annexe F de la présentation au CT (« Considérations relatives aux politiques
pangouvernementales ») indiquait que toutes les activités du Ministère respecteraient les
dispositions pertinentes de la Loi et des politiques du CT sur les langues officielles et
qu’après analyse, aucun impact sur les langues officielles n’était prévu. Selon IRCC, la
présentation au CT et tous les aspects de la mise en œuvre du projet étaient guidés par
le MC du 17 novembre 2015. Aucun des représentants d’IRCC interviewés n’a pu
expliquer l’analyse qui soutient l’information fournie dans la présentation au CT.
Le 9 décembre 2015, IRCC a également toutefois tenu une table ronde avec des
représentants des CFSM afin de valider l’intérêt et le niveau de préparation des CFSM
pour accueillir des réfugiés syriens. Cette table ronde a permis à IRCC de mieux
comprendre les enjeux dans les CFSM, de mobiliser les CFSM, incluant tous les
intervenants communautaires et sectoriels, et d’échanger sur de bonnes pratiques en
matière de sensibilisation de la population, d’accueil et de réinstallation des réfugiés.
Selon IRCC, les Réseaux en immigration francophone (RIF) et leurs membres sont
proactifs et plusieurs ont développé des collaborations avec leurs partenaires
anglophones. Les représentants d’IRCC ont noté que les représentants des CFSM
avaient un intérêt manifeste de contribuer aux efforts nationaux déployés envers les
réfugiés syriens et ainsi favoriser la vitalité de leur communauté par le nombre de
personnes, mais s’étaient dits préoccupés, lors de cette table ronde, de ne pas pouvoir
accueillir leur juste part de réfugiés syriens.
20
Le SLO est entre autres responsable d’assurer une approche stratégique et une coordination centralisée
des efforts déployés par IRCC relativement à la partie VII de la Loi.
IRCC a fourni une mise à jour des éléments discutés lors de la table ronde du
9 décembre 2015 aux membres du Comité IRCC-CFSM lors de la réunion du
10 décembre 2015 de ce comité.
Le 18 décembre 2015, IRCC a aussi transmis un message à tous les FS du PAR pour
les encourager à contacter les RIF lorsque les réfugiés syriens démontrent de l’intérêt à
s’établir dans une CFSM afin de les aiguiller vers les services offerts en français.
Depuis mars 2016, trois téléconférences ont été tenues dans le cadre du Forum
d’échange sur le parcours d’intégration francophone (un groupe d’échange informel qui
inclut d’autres ministères fédéraux, quelques provinces et des CFSM). Ces échanges
avaient pour but de faciliter les discussions avec des intervenants francophones pour
mieux connaître leurs besoins en matière de services francophones et leurs défis reliés
à l’installation des nouveaux arrivants en milieu minoritaire. Lors de la même période,
une consultation sur les services pré arrivée a aussi eu lieu, alors qu’il a été question de
l’accueil et des services en français destinés aux réfugiés.
Le 5 octobre 2016, des consultations ont été organisées en vue du prochain plan
pluriannuel des langues officielles du gouvernement fédéral. De plus, le 26 novembre
2016, le SLO a participé à une rencontre impliquant les FS du PAR pour discuter de
bonnes pratiques pour l’arrimage des réfugiés avec les services en français.
21
IRCC. Évaluation des programmes de réinstallation (Programme des RPG, PPPR, Programme mixte des
RDBV et PAR), juillet 2016. Version en ligne (http://www.cic.gc.ca/francais/pdf/pub/reinstallation.pdf)
er
consultée le 1 mars 2017.
En novembre 2016, IRCC a mené une discussion sur les exigences en matière de
langues officielles et la promotion des CFSM avec les représentants du Groupe de
travail sur le PAR et les RPG. Il s’agit d’une plateforme qui offre aux FS du PAR et à
IRCC l’occasion d’échanger des renseignements et des points de vue sur les questions
liées aux programmes et aux politiques concernant le PAR et les RPG. Les
renseignements recueillis au sujet des activités sont utilisés pour appuyer un sondage
d’IRCC à l’intention de tous les FS du PAR, qui porte sur leurs pratiques en matière de
langues officielles. Ce sondage a été réalisé au cours de l’été 2017.
IRCC a lancé deux études en décembre 2016, sur les réfugiés d’expression française
vivant au Canada hors Québec : 1) Expérience d’établissement et d’intégration
d’immigrants et de réfugiés d’expression française issus de l’Afrique subsaharienne et 2)
Étude sur les réfugiés d’expression française de Winnipeg et Saint-Boniface. En mars
2018, lors que ces deux études seront terminées, IRCC mobilisera ses partenaires des
établissements, des communautés et du milieu universitaire afin de promouvoir la
diffusion des connaissances sur les réfugiés d’expression française qui vivent au
Canada à l’extérieur du Québec.
Ainsi, l’institution précise que les évaluations de l’Initiative sur les CLOSM d’IRCC
visaient à examiner de façon plus globale les résultats concernant le développement et
l’épanouissement des CLOSM à l’intention du Ministère; elles recoupent les activités et
les résultats correspondants relatifs aux résidents permanents d’expression française de
toutes les catégories d’immigration (immigration économique, réfugiés, familles
parrainées et autres catégories) qui s’établissement dans ces communautés
francophones en situation minoritaire. À ce jour, il y a eu trois évaluations en lien avec
l’Initiative sur les CLOSM :
6. Analyse et conclusions
Pour qu’une mesure soit considérée comme « positive », au sens du paragraphe 41(2)
de la Loi, l’institution doit démontrer que la mesure a été prise dans l’objectif de combler
les besoins particuliers des CLOSM en vue d’atteindre un résultat positif pour appuyer la
vitalité des minorités francophones ou anglophones du Canada, ou pour promouvoir la
dualité linguistique dans la société canadienne.
L’institution doit aussi s’assurer que la mise en œuvre de ses politiques, ses
programmes ou ses décisions est précédée d’une analyse d’impact sur le
développement et sur l’épanouissement des CLOSM et qu’elle inclut des mesures
susceptibles de pallier les répercussions négatives probables identifiées, le cas échéant,
lors de cette analyse. En effet, les CLOSM ne pourraient pas progresser vers l’égalité
réelle si les institutions fédérales étaient autorisées, par leurs actions ou leur inaction, à
nuire à leur développement et à leur vitalité.
Les mesures qui doivent être analysées afin d’évaluer si IRCC a rempli les obligations
qui lui incombent en vertu de la partie VII de la Loi sont celles qui ont été prises dans le
contexte de la situation qui fait l’objet de la plainte; ce ne sont pas l’ensemble des
mesures prises par une institution dans l’exercice de son mandat qui sont pertinentes.
La vitalité des CFSM et de leurs institutions repose de plus en plus sur l’accueil et sur
l’intégration de nouveaux arrivants, y compris des réfugiés réinstallés au Canada. Étant
donné qu’au cours des dernières années les CFSM ont peu bénéficié de l’immigration,
en comparaison aux communautés majoritaires, pour maximiser les effets positifs
potentiels de l’accueil de réfugiés au Canada, les CFSM ont besoin du soutien du
gouvernement fédéral et, plus particulièrement, de celui d’IRCC, dont le mandat stipule
explicitement que l’accueil et l’intégration d’immigrants et de réfugiés doivent être faits
de manière à « soutenir l’engagement du gouvernement du Canada à favoriser
l’épanouissement des minorités francophones et anglophones du Canada ».
Bien qu’IRCC ait pris certaines mesures dans le cadre du PÉ en vue d’augmenter le
nombre d’immigrants économiques francophones qui s’établissent dans les CFSM et
d’améliorer la qualité des services en français qui leur sont offerts, les renseignements
recueillis dans le cadre de l’enquête montrent qu’IRCC n’a pas cherché à évaluer
l’impact de ses programmes ni à connaître les besoins des CFSM concernant la
réinstallation de réfugiés au Canada avant l’annonce de l’initiative de réinstallation des
réfugiés syriens. L’institution a l’obligation d’être proactive en ce sens, or cela n’a pas
été fait.
Une fois cette initiative annoncée, IRCC a discuté avec les représentants des CFSM lors
de la table ronde du 9 décembre 2015 pour tenter de connaître leur niveau de
préparation en vue de l’arrivée imminente d’un nombre important de réfugiés syriens.
Cependant, cette table ronde visait avant tout à permettre au Ministère de s’assurer que
les services en français seraient offerts aux réfugiés syriens et seraient disponibles pour
eux. Il ne s’agissait pas d’une consultation visant à recueillir des renseignements pour
répondre aux besoins des CFSM concernant la réinstallation et l’intégration de réfugiés
au Canada.
Le 18 décembre 2015, IRCC a aussi transmis un message à tous les FS du PAR pour
les encourager à contacter les Réseaux d’immigration francophone lorsque les réfugiés
syriens démontraient de l’intérêt à s’établir dans une CFSM afin de les aiguiller vers les
services offerts en français. Bien qu’il s’agisse d’une mesure positive, elle ne s’inscrit
pas dans le cadre d’une analyse sur les besoins des CFSM ni dans le cadre d’une
analyse de l’impact de ses programmes sur ces mêmes CFSM.
Ces initiatives représentent certainement un bon départ dans l’atteinte des objectifs de
la partie VII de la Loi. Cela n’est toutefois pas suffisant pour conclure que l’institution
respecte désormais ses obligations. Pour ce faire, IRCC devra analyser, au moyen de
l’information recueillie auprès des CFSM, l’impact de ses programmes ministériels qui
encadrent la réinstallation et l’intégration de réfugiés au Canada sur la vitalité et sur le
développement des CFSM, prendre des mesures positives pour ce faire et, au besoin,
prendre les mesures nécessaires pour pallier les répercussions négatives de ses
programmes sur ces communautés.
7. Recommandation
développer, au plus tard six mois après l’envoi du rapport final d’enquête,
un plan d’action prévoyant des échéances, des activités et des indicateurs
de rendement précis afin de respecter pleinement les obligations prévues à
la partie VII de la Loi sur les langues officielles dans le cadre de la
réinstallation et de l’intégration des réfugiés au Canada.
Raymond Théberge
Commissaire aux langues officielles