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République de Côte d’Ivoire

Ministère d’Etat, Ministre du Plan et du Développement


Direction Générale de la Population et du Renforcement des Capacités

Evaluation de la Politique Nationale de Population (1997) et du


Programme National d’Actions en matière de population (2002-
2006)

Version révisée

Par KOUADIO BENIE Marcel


Consultant
08 BP 1156 Abidjan
Tél (225) 22 44 37 83 / Cel. (225) 07 02 98 59
E mail : beniemarcel@yahoo.fr

Juillet 2007
Sommaire

I- Introduction.............................................................................................................................1
A- Contexte et objectifs de la mission d’évaluation...............................................................1
B- Méthodologie de la mission d’évaluation..........................................................................2
II- Description de la Politique Nationale de Population et du Programme National d’Actions
en matière de population.............................................................................................................3
A. Politique Nationale de Population (PNP)...........................................................................3
B. Programme National d’Actions en matière de population.................................................6
III- Analyse de la pertinence et de la cohérence de la Politique Nationale de Population.......10
A- Analyse de la pertinence de la Politique Nationale de Population..................................10
B- Analyse de la cohérence...................................................................................................12
IV- Analyse des résultats de la Politique Nationale de Population et du Programme National
d’Actions en matière de population..........................................................................................13
A- Objectifs de maîtrise de la croissance naturelle de la population et des mouvements
migratoires............................................................................................................................14
B- Objectifs de valorisation de la famille et du statut des femmes et des jeunes.................15
C- Objectif de développement des capacités de conception et de gestion des programmes 17
V- Environnement de la mise en œuvre de la Politique Nationale de Population et du
Programme National d’Actions................................................................................................19
A- Facteurs favorables à l’exécution du Programme National d’Actions............................19
B- Contraintes à la mise en œuvre du Programme National d’Activités en matière de
population.............................................................................................................................21
VI- Leçons apprises et principales recommandations..............................................................23
A- Leçons apprises................................................................................................................23
B- Principales recommandations..........................................................................................25
VII- Références bibliographiques.............................................................................................27
VII- Annexe : Termes de référence...........................................................................................28

i
Abréviations et acronymes

BUNAP : Bureau National de la Population


CERCOM : Centre d’Enseignement et de Recherche en Communication
CIRES : Centre Ivoirien de Recherche Economique et Sociale
CONAPO : Conseil National de Population
COREPO : Conseils Régionaux de Population
DPDRH : Déclaration de Politique de Développement des Ressources Humaines
DSRP : Document de Stratégie de Réduction de Réduction de la Pauvreté
ENSEA : Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée
FNUAP : Fonds des Nations Unies pour la Population
IEC : Information, Education, Communication
IES : Institut d’Ethno-Sociologie
IFRD : Institut Français de Recherche pour le Développement en Coopération
IGT : Institut de Géographie Tropicale
INS : Institut National de la Statistique
INSP : Institut National de la Santé Publique
IST : Maladies sexuellement transmissibles
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
PDIs : Personnes Déplacées Internes
PNA : Programme National d’Action
PNAE : Programme National d’Action Environnemental
PNAF : Plan National d’Action de la Femme
PNDEF : Plan National de Développement du secteur Education Formation
PNDS : Plan National de Développement Sanitaire
PNP : Politique Nationale de Population
PVRH : Programme de Valorisation des Ressources Humaines
REPCI : Rapport sur l’Etat et le Devenir de la Population de le Côte d’Ivoire
RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat
SR : Santé de la Reproduction

ii
Résumé

La présente mission d’évaluation a pour objectif d’évaluer la politique de population de la


Côte d’Ivoire à partir de l’exécution de son Programme National d’Actions en matière de
population. Pour ce faire, on examinera la pertinence de l’argumentation empirique qui a
fondé la politique de population ; les objectifs ainsi que les moyens de la mise en œuvre de
cette politique seront également, examinés.

A cet effet, la démarche de la mission a consisté à exploiter principalement la documentation


relative à la Déclaration de la Politique Nationale de Population et au Programme National
d’Actions en matière de population.

Reflet d’un consensus national obtenu après une série de rencontres de cadres nationaux, la
Déclaration de la Politique Nationale de Population a trait i) aux fondements et principes de
la politique nationale de population, ii) à la situation en matière de population et de
développement, iii) aux problèmes de population en Côte d’Ivoire, iv) aux objectifs,
stratégies et principales lignes d’action de cette politique et au cadre institutionnel de son
exécution.

En ce qui concerne, le Programme National d’Actions en matière de population, il a été conçu


autour de cinq points, à savoir : i) la situation en matière de population et développement en
Côte d’Ivoire, ii) le bilan diagnostic des activités en matière de population et développement
au cours des dix années ayant précédés l’élaboration de ce programme, iii) le lien entre la
Déclaration de la Politique Nationale de Population (DPNP) et le Programme National
d’Actions en matière de population, iv) les sous-programmes du Programme National
d’Actions en matière de population et v) les mécanismes de coordination, de suivi et
d’évaluation des actions conduites dans le cadre de ce programme.

En examinant les objectifs de la Déclaration de la Politique Nationale de Population, on


constate que ceux-ci correspondent aux problèmes de population identifiés en Côte d’Ivoire.
Cependant malgré la cohérence interne de ces objectifs, le Gouvernement ivoirien ne dispose
pas de moyens adéquats pour les atteindre : insuffisance des ressources humaines et
financières et/ou absence d’un cadre juridique approprié.

Les résultats obtenus par la mise en œuvre de la politique de population sont satisfaisants en
ce qui concerne ces deux premiers objectifs puisqu’on note une réduction de la croissance
naturelle de la population et des flux migratoires internationaux. Pour ce qui est de l’objectif
de réhabilitation des valeurs positives liées à la famille en vue de promouvoir le sens et le
bien-fondé de la famille, il est freiné par la rupture des grands équilibres au sein des
familles.

Par ailleurs, l’amélioration du statut de la femme et des jeunes, légitimée par leur
importance numérique dans la population totale, est aussi loin d’être atteint malgré la
création d’un Ministère de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, et l’adoption de mesures
institutionnelles et de programmes destinés à l’égalité et l’équité dans les différents secteurs
sociaux, économiques et politique. Quant à l’objectif relatif à l’amélioration du cadre de vie
des populations et à la sauvegarde de l’environnement, les résultats obtenus sont loin d’être
satisfaisants.

En ce concerne l’axe du renforcement des capacités institutionnelles, techniques et


d’encadrement en vue de l’exécution des politiques et programmes, le niveau d’exécution

iii
des projets démontre que les capacités des cadres en gestion des projets ont été améliorées,
notamment en matière d’exécution des procédures financières.

Il convient cependant, de souligner que des efforts sont à accomplir pour que cet objectif
soit atteint puisque la plupart des cadres impliqués dans la conduite des projets en matière
de population et développement, ne maîtrise pas suffisamment les outils de conception, de
planification et de suivi/évaluation.

La mission d’évaluation a pu aussi noter que des facteurs ont contribué à la réalisation de
certaines activités du Programme National d’Actions en matière de population nécessaires à
l’atteinte des objectifs de la Politique Nationale de Population. Il s’agit notamment de
l’environnement institutionnel et politique, de l’existence d’une expertise nationale, de la
disponibilité de bases de données, de l’appui technique et financier des partenaires au
développement.

En revanche, d’autres facteurs ont modifié, retardé ou bloqué la réalisation de certaines des
activités du Programme National d’Actions en matière de population. Il s’agit de la crise
politico-militaire, de l’insuffisance de compétences au niveau du suivi/évaluation des
politiques de population, de la pénurie de personnes qualifiées pour l’exécution des
programmes et projets.

De la conception de la Politique Nationale de Population et sa mise en œuvre à partir du


Programme National d’Actions, de nombreuses leçons peuvent être tirées et des
recommandations formulées.

La complexité de la conception et de la mise en œuvre d’une politique de population est sans


aucun doute la principale leçon qu’on peut retenir de l’expérience en cours en matière de
population conduite par le Ministère d’Etat, Ministère du Plan et du Développement. La
difficulté de l’exercice réside dans i) le champ de cette politique nationale, ii) la multitude de
centres de décision impliquée dans son exécution, iii) son interdépendance avec d’autres
politiques, iv) de l’interférence de l’environnement institutionnel et politique sur son
exécution et enfin v) à l’actualisation permanente de la politique de population et/ou au
réajustement de certains de ses objectifs en fonction de la situation politique, sociale et
économique du pays.

En ce qui concerne les recommandations, elles sont relatives i) à l’étendu de la vision de


cette politique, ii) à la synergie d’action des différents départements ministériels, iii) au
renforcement des capacités techniques et institutionnelles des agents chargés de conduire
les programmes et projets en matière de population et enfin iv) à l’amélioration du cadre
institutionnel de collecte, et production des données socio-démographiques actualisées et
désagrégées.

iv
I- Introduction

A- Contexte et objectifs de la mission d’évaluation

Parmi les sujets préoccupants aujourd’hui en Afrique, la question de la relation population-


conflits occupe une place importante. La raison est que de façon récurrente, il est démontré
par des arguments et des faits que la croissance démographique est la principale cause des
conflits en Afrique puisque le surpeuplement de certains pays serait générateur de guerres
inter-tribales.

Sans réfuter cette thèse, il est aussi intéressant d’élargir la réflexion en cours, en analysant
les effets des conflits sur les variables démographiques. Une telle orientation se justifie par le
fait qu’en 2005, plus de 25 millions de personnes dans le monde, ont été déplacées du fait
des conflits armés. En Côte d’Ivoire, le déclenchement de la crise en 2002 a engendré des
mouvements intenses des populations exposées à la violence des affrontements : au total,
709 377 personnes ont été contraintes à quitter leur lieu de résidence habituelle en raison de
la guerre1.

Dans les années à venir, la Côte d’Ivoire devra faire face aux effets de cette guerre même si
la paix revient parce que les périodes de conflits entraînent des modifications sensibles des
comportements démographiques en liaison avec l’éclatement des structures familiales, le
déracinement des communautés et les traumatismes psychologiques 2.

Ces changements d’ordre démographique doivent être pris en compte dans la conduite de la
politique nationale de population dans la mesure où la mise en œuvre de son plan d’action
est contrariée par la crise politico-militaire qui a éclaté en septembre 2002.

En effet, dans la perspective de reconstruction post crise, il convient d’apporter les réglages
nécessaires à la politique nationale de population et à son plan d’actions. C’est une exigence
suscitée par l’émergence de problèmes nouveaux imputables aux effets de la crise.

Conscient des enjeux de la nécessité de revisiter sa politique en matière de population, le


Gouvernement envisage de rassembler des analyses, des réflexions, des suggestions sur ce
qui a été fait dans le domaine de la population à partir de l’exécution de son Programme
National d’Actions en matière de population, afin d’apporter des réponses nouvelles aux
problèmes récemment suscités par la crise.

La présente mission d’évaluation s’inscrit dans cette perspective ; c’est la raison pour laquelle
son objectif général est d’examiner la pertinence de l’argumentation empirique qui a fondé la
politique de population et d’analyser ses objectifs, ainsi que les moyens de sa mise en
œuvre.

Il s’agira, particulièrement, pour la mission :

1
Il s’agit des résultats de l’enquête réalisée du 16 août au 6 septembre 2005 dans cinq départements, au profit du
Ministère de la Solidarité et des Victimes de Guerre, avec l’appui financier et technique de l’UNFPA.
2
Cf. Ministère du Plan et du Développement [2006], p. 11.

1
- d’apprécier la qualité de l’analyse qui a servi de base à la conception de la Politique
Nationale de Population (PNP) et du Programme National d’Actions en matière de
population ;

- d’examiner la pertinence des objectifs et stratégies par rapport aux problèmes identifiés
que la politique était censée résoudre ;

- d’analyser le cadre institutionnel et les moyens (financiers et humains) de mise en œuvre


en mettant l’accent sur leur adéquation, pertinence et leur cohérence ;

- d’apprécier la mise en œuvre de la politique nationale de population et du Programme


National d’Actions en matière de population 2002-2006 à travers les initiatives prévues et
appliquées pour l’intégration des questions de population et de genre dans les cadres de
développement globaux et sectoriels du pays ;

- enfin, de tirer des leçons de l’expérience de la Politique Nationale de Population et du


Programme National d’Actions en matière de population actuels pour faire des
recommandations sur la suite à donner à l’approche3.

B- Méthodologie de la mission d’évaluation

Pour atteindre ces objectifs, la démarche de la mission a consisté à exploiter la


documentation relative à la Déclaration de la Politique Nationale de Population, au
Programme National d’Action en matière de population, à l’étude du Ministère du Plan et du
Développement sur le thème « Population et Développement : Défis et Perspectives ».

Par ailleurs, des rapports d’évaluation du programme de coopération Côte d’Ivoire-UNFPA


ainsi des rapports d’activités annuels des organes d’exécution de la politique nationale
(Bureau National de Population, Direction Générale de la Population et du Renforcement des
Capacités, INS) ont été aussi, largement consultés.

Il convient enfin de noter qu’une importante documentation a été recueillie auprès des
Directions des Politiques de Population et Direction du Suivi-Evaluation de la Direction
Générale de Population et du Renforcement des Capacités.

L’exploitation de cette base documentaire a permis de rassembler des éléments pour


analyser le cadre conceptuel de la politique nationale de population d’une part, et l’essentiel
des résultats des initiatives prises lors de la réalisation du Programme National d’Actions en
matière de population (PNA) 2002-2006.

Dans le cadre de l’analyse du cadre conceptuel de cette étude, la Déclaration de la Politique


Nationale de population et le Programme National d’Actions en matière de population seront
présentés (II) ; la pertinence ainsi que la cohérence de cette politique seront également
mises en évidence (III).

En ce qui concerne les résultats de la mise en œuvre du Programme National d’Actions en


matière de population, une attention particulière sera accordée à l’analyse de l’efficacité de
ce programme (IV), ainsi qu’à celle l’environnement de son fonctionnement (V). Le rapport
3
Cf. Termes de Références de cette mission d’évaluation de la Politique Nationale de Population et du
Programme National d’Actions en matière de population.

2
de cette mission d’évaluation tirera les enseignements de l’expérience issue de la mise en
œuvre de la politique de population et fera des recommandations (VI).

II- Description de la Politique Nationale de Population et du


Programme National d’Actions en matière de population
Consécutivement à la « déclaration de politique de développement des ressources humaines
(DPDRH), faite en 1991, le Gouvernement ivoirien a adopté six ans plus tard (en mars 1997),
une politique nationale de population. Pour la mise en oeuvre de celle-ci, un programme
national d’actions en matière de population a été conçu pour la période 2002-2006. Avant
d’examiner les résultats obtenus de l’exécution de cette politique de population, il convient
de la présenter ainsi que son plan d’actions.

A. Politique Nationale de Population (PNP)

Reflet d’un consensus national obtenu après une série de rencontres de cadres nationaux, la
déclaration de la politique nationale de population a trait i) aux fondements et principes de la
politique nationale de population, ii) à la situation en matière de population et de
développement, iii) aux problèmes de population en Côte d’Ivoire, iv) aux objectifs,
stratégies et principales lignes d’action de cette politique et au cadre institutionnel de son
exécution.

1) Fondements et principes de la politique nationale de population

La politique nationale de population repose sur l’idée selon laquelle la population constitue la
ressource la plus importante de la nation. Cette vision qui s’inscrit dans la dynamique
population et développement durable, est conforme aux recommandations faites lors des
rencontres mondiales4 et africaines5 sur l’intérêt à accorder aux questions de populations.

Les principes directeurs de cette politique nationale de population sont, entre autres, relatifs
i) à la participation de la population à la définition et à l’application des objectifs de la
politique de population, ii) à la satisfaction des besoins essentiels de la population, iii) à
l’épanouissement de la famille, iv) à la reconnaissance et l’effectivité du droit des enfants à
la survie, aux soins, à l’éducation et à la formation, v) à l’égalité d’accès de la femme et de
l’homme aux biens de production, à l’éducation et à la vie politique, etc.

2) Situation en matière de population et développement

La déclaration de la politique nationale de population dont les fondements et les principes


viennent d’être rappelés, s’appuient sur les éléments suivants : i) la situation et les
tendances démographiques, ii) le contexte socio-culturel, économique et politique, iii) la
situation dans les secteurs sociaux, iv) la place des femmes et des jeunes dans le
développement, v) les ressources alimentaires nécessaires à la population, vi) les spécificités
régionales des questions démographiques, vii) l’état actuel du système de production des

4
Il s’agit notamment de la Conférence Mondiale sur la Population de Burarest en 1974, de la Conférence de
Mexico en 1984 et de la Conférence du Caire en 1994.
5
Ce sont les Conférences d’Accra en 1971, d’Arusha en 1984 et de Dakar N’Gor en 1992.

3
données démographiques et enfin, viii) l’insuffisance des capacités pour la conception et la
gestion des programmes de population.

3) Problèmes de population

S’agissant des problèmes que la politique nationale de population envisage de résoudre, ils
ont trait i) à la forte croissance démographique de la population de Côte d’Ivoire, ii) à
l’inégale répartition de cette population dans l’espace, iii) à l’inadéquation entre l’offre et la
demande liées aux besoins essentiels de la population, iv) aux problèmes des groupes
spécifiques (femmes et jeunes), v) à la dégradation des cadres de vie et de l’environnement
et vi) aux problèmes de collectes des données et à la faiblesse des capacités de conception
et de gestion des programmes de population.

4) Objectifs de la politique nationale de population

La prise en compte des problèmes ainsi identifiés, a conduit les initiateurs de la politique
nationale de population à lui fixer des objectifs généraux. Ceux-ci envisagent i) de maîtriser
la croissance naturelle de la population et les mouvements migratoires internes et
internationaux, ii) de parvenir à une adéquation entre l’offre et la demande liées aux besoins
essentiels de la population, iii) de valoriser la famille et améliorer le statut des femmes et
des jeunes, iv) de contribuer à l’amélioration du cadre de vie des populations et à la
sauvegarde de l’environnement, et v) de développer les capacités de conception et de
gestion des programmes de mise en œuvre de la politique nationale de population.

5) Stratégies et principales actions de la politique nationale de


population

Les stratégies et les actions prévues pour atteindre ces objectifs sont nombreuses et
spécifiques aux problèmes identifiés lors de la conception de la politique nationale. C’est ainsi
que pour la maîtrise de la croissante naturelle de la population, il est prévu d’informer,
d’éduquer et de communiquer avec les populations sur le domaine de la santé de la
reproduction ; par ailleurs, il est envisagé de réviser et d’élaborer des textes législatifs et
réglementaires relatifs à la planification familiale et aux pratiques traditionnelles néfastes à la
santé.

En ce concerne l’axe stratégique relatif à la maîtrise des mouvements migratoires internes et


internationaux, il est prévu d’une part, d’élaborer et de mettre en œuvre des conditions
d’une meilleure régulation des flux migratoires internes et internationaux et d’autre part, de
promouvoir une politique cohérente en matière d’urbanisation et de régionalisation.

Pour ce qui est de l’adéquation de l’offre à la demande liées aux besoins essentiels des
populations, il est envisagé de poursuivre les stratégies définies dans le Programme de
Valorisation des Ressources Humaines (PVRH) à savoir l’amélioration de l’accessibilité aux
services, l’amélioration des systèmes, le développement des ressources humaines, etc.

Quant à la stratégie ayant trait à la valorisation de la famille et à l’amélioration du statut des


femmes et des jeunes, il est question i) de réhabiliter les valeurs positives liées à la famille,
ii) de renforcer les droits des femmes et des enfants au sein des familles, iii) d’élargir la

4
participation et le pouvoir des femmes tant au niveau économique qu’au plan politique, iv)
renforcer l’accès des femmes à l’éducation et à la formation, v) de promouvoir la
reconnaissance et l’application des droits des femmes dans la société et vi) de renforcer la
participation des jeunes dans tous les domaines de la vie économique et sociale, culturelle et
politique.

Pour l’amélioration du cadre de vie des populations et la sauvegarde de l’environnement, on


envisage de renforcer le système de gestion de l’environnement par une politique de
protection des écosystèmes fragiles et de réaliser de logements décents dans un cadre
salubre. En outre, il sera question de la mise en place d’un mécanisme d’éducation de la
population en matière d’environnement.

La stratégie relative au développement des capacités de conception et de gestion des


programmes préconise la création ou le renforcement des structures nationales de formation
en ressources humaines en vue de la mise en œuvre des programmes de population.

S’agissant de la recherche et de la communication en population, il est prévu de mettre


l’accent sur le renforcement d’une part, du système national de collecte, de traitement,
d’actualisation et de diffusion des données socio-économiques et d’autre part, des capacités
des structures de recherche sur les questions de population. Au niveau de cet axe
stratégique, il est envisagé de vulgariser les données disponibles sur les questions de
population.

Pour ce qui est de la dimension régionale de la politique nationale de population, il est


suggéré de prendre en compte les spécificités propres à chaque région au niveau des
objectifs, stratégies et plans d’actions définis.

6) Cadre institutionnel pour la mise en œuvre de la politique


nationale de population

Le cadre institutionnel défini pour le pilotage de la politique nationale de population,


comprend un organe consultatif et une structure technique de coordination, de suivi et
d’évaluation.

Le Conseil National de Population (CONAPO) est l’organe consultatif qui a pour vocation de
donner son avis sur la définition de la politique en matière de population. Il a en outre, pour
objet de veiller à la bonne exécution de la Politique Nationale de Population en Côte d’Ivoire.
A ce titre, il est chargé de :

- l’organisation et la concertation entre les services publics, la Société civile et les ONG, sur
les grands problèmes de Population en Côte d’Ivoire ;
- l’examen pour avis et suggestions des rapports annuels sur le bilan et les nouvelles
orientations dans le domaine de la définition et la mise en œuvre de la Politique Nationale de
Population ;
- la publication des grandes décisions sur la politique de Population et des rapports annuels.

Le Conseil National de Population (CONAPO) est représenté au niveau régional par les
Conseils Régionaux de Population (COREPO) présidés par les Préfets de région.

5
L’organe d’exécution comprend tous les départements ministériels chargés, chacun dans son
domaine, de la mise en œuvre de la Politique Nationale de Population. Il s’agit, notamment
des Ministères en charge de la santé, de l’éducation, de la Femme, de l’environnement, etc.

En ce qui concerne le Bureau National de la Population (BUNAP) 6, il est la structure


technique chargée de la coordination de la politique de population. Il a, entre autres, pour
mission de formuler des politiques et stratégies en matière de population, d’élaborer des
programmes d’action et d’investissement en matière de population, de suivre et d’évaluer les
activités en matière de population. Le Bureau National de la Population (BUNAP) assure en
outre, le secrétariat technique permanent du Conseil National de Population (CONAPO).

B. Programme National d’Actions en matière de population

Après l’adoption de la Déclaration de la Politique Nationale de Population en 1997, le


Gouvernement ivoirien a élaboré cinq ans plus tard, soit en 2002, un Programme National
d’Actions en matière de population.

La structuration de ce programme a été conçue autour de cinq points, à savoir : i) la


situation en matière de population et développement en Côte d’Ivoire, ii) le bilan diagnostic
des activités en matière de population et développement au cours des dix années ayant
précédé l’élaboration de ce programme, iii) le lien entre la Déclaration de la Politique
Nationale de Population (DPNP) et le Programme National d’Activités (PNA), iv) les sous-
programmes du Programme National d’Activités (PNA) et v) les mécanismes de coordination,
de suivi et d’évaluation des actions conduites dans le cadre de ce programme.

1). Situation en matière de population et développement

L’analyse de la situation démographique dans le PNA souligne le fait que la population de la


Côte d’Ivoire soit passée de 6 709 000 habitants en 1975 à 15 366 672 habitants en 1998.
Cette croissance rapide de la population résulte d’une fécondité élevée, d’une mortalité en
baisse et d’un important apport migratoire.

L’examen de la structure de la population contenu dans le Programme National d’Activités


(PNA) indique aussi que la population est extrêmement jeune puisque les moins de 15 ans
représentent 43% de la population totale en 1998. Outre la jeunesse de la population, celle-
ci est inégalement répartie sur l’ensemble du territoire. Par exemple, on note un grand
déséquilibre entre la zone forestière et la zone de savane qui représentent respectivement
78% et 22% de la population totale. Par ailleurs, la population vivant en Côte d’Ivoire est
majoritairement rurale parce qu’elle représente 57% de la population totale.

2). Bilan diagnostic des activités en matière de population et


développement

6
Depuis mars 2006, le BUNAP est devenu la Direction Générale de la Population et du Renforcement des
Capacités ; cette nouvelle direction est rattachée au Cabinet du Ministre d’Etat, Ministre du Plan et du
Développement.

6
Jusqu’au début des années 90, les problèmes liés à la forte croissance démographique de la
population et son inégale répartition n’étaient pas perçus comme un handicap au processus
de développement économique et social de la Côte d’Ivoire. C’est à partir d’octobre 1991 que
le discours politique officiel reconnaît la nécessité et la pertinence d’élaborer et de mettre en
œuvre une politique de population et d’en faire un instrument de régulation des variables
d’un développement soutenu et durable. Cette nécessité s’est traduite dans la Déclaration de
Politique de Développement des Ressources Humaines (DPDRH) opérationnalisée par la mise
en place du Programme de Valorisation des Ressources Humaines (PVRH).

L’exécution du PVRH, au cours de la période 1991-1994, a débouché sur l’adoption de la


Déclaration de la Politique Nationale de Population en mars 1997. En outre, plusieurs
politiques et programmes dans les secteurs sociaux ont été conçus ; il s’agit notamment du
Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) pour la période 1996-2005, du Plan
National de Développement du secteur de l’Education Formation (PNDF) pour la période
1998-2010, , du Plan National d’Action Environnemental (PNAE-CI) de 1996-2010, etc.

Le bilan diagnostic des activités en matière de population et développement mentionne


également les efforts entrepris par le Gouvernement ivoirien avec l’appui des partenaires au
développement, pour collecter et analyser les données démographiques. Il s’agit, entre
autres, du Recensement Général de la Population et de l’Habitatation de 1998, de l’Enquête
Démographique et de Santé (EDS) de 1994 et celle de 1998-1999, de l’Enquête à Indicateurs
Multiples (MICS) de 1996, de 2000 et de 2006, de l’Enquête de couverture vaccinale de
1998.

Dans le bilan diagnostic, il est aussi souligné l’insuffisance des recherches empiriques et
théoriques pourtant indispensables à une meilleure compréhension des interactions entre les
facteurs démographiques et les facteurs socio-économiques et une formulation des politiques
de développement. Associée à la recherche, la formation en population et développement
demeure embryonnaire et marquée par l’absence d’un plan en la matière 7.

Il est en outre, mis en exergue dans le bilan diagnostic, les mouvements migratoires, les
activités d’IEC/Plaidoyer, les actions de sensibilisation en faveur de la famille, des jeunes et
des personnes âgées. Les questions relatives à la santé de la reproduction, à la lutte contre
la pauvreté, à l’éducation et à l’environnement ont une large part dans le bilan diagnostic.

3). Lien entre la Déclaration de la Politique Nationale de Population et le


Programme National d’Actions en matière de population

Les objectifs et stratégies du Programme National d’Actions (PNA) en matière de population


couvrant la période 2002-2006, découlent des objectifs contenus dans la Politique Nationale
de Population8.

C’est ainsi que par rapport à l’objectif de la croissance naturelle de la population, trois
objectifs spécifiques ont été ciblés dans le Programme National d’Actions en matière de
population (PNA), à savoir : i) infléchir le niveau de fécondité en faisant passer le nombre
moyen d’enfants par femmes de 5.7 à 4.5 en 2005 ; ii) réduire de moitié la morbidité et la
mortalité maternelle et infantile d’ici l’an 2015 ; iii) réduire l’expansion des IST et de
l’épidémie de VIH/SIDA.

7
Cf. Ministère de la Planification du Développement [2002], p. 18.
8
A savoir : (cf. page 10).

7
Les stratégies définies dans le cadre de cet objectif ont trait à : i) l’élaboration et la révision
des textes législatifs relatifs à la Planification Familiale (PF) et aux pratiques traditionnelles
néfastes à la santé ; ii) la prise en compte des besoins réels des bénéficiaires en termes
d’IEC à tous les niveaux et dans tous les domaines et en termes d’accès aux services de
santé ; iii) l’intégration des activités des programmes sectoriels en vue de la réduction de la
morbidité et de la mortalité et plus généralement d’une amélioration de la qualité de vie des
populations ; iv) le développement de la prévention et de la prise en charge des IST/SIDA
dans les formations sanitaires et dans les communautés.

En ce concerne l’objectif de maîtrise des mouvements migratoires internes et internationaux,


il a été décliné en deux objectifs spécifiques dans le PNA, à savoir : i) maîtriser les
migrations internationales par une régulation des flux ; ii) améliorer la répartition de la
population sur le territoire national. Pour atteindre cet objectif, la stratégie va consister d’une
part, à l’élaboration et la mise en œuvre des conditions d’une meilleure régulation des flux
migratoires internes et internationaux, et d’autre part, à la promotion d’une politique
cohérente en matière de réorganisation permettant un rééquilibrage économique.

Trois objectifs spécifiques sont issus de l’objectif général de valoriser la famille et le statut
des femmes et des jeunes ; il s’agit de : i) responsabiliser les femmes pour une participation
plus accrue aux actions de développement ; ii) valoriser le potentiel que représente la
jeunesse ; iii) promouvoir le sens et le bien fondé de la famille. Les stratégies correspondant
à ces objectifs vont consister à renforcer la participation et le pouvoir des femmes tant au
niveau économique qu’au plan politique, leur accès à l’éducation et à la formation. Ces
stratégies envisagent aussi de renforcer la participation des jeunes dans tous les domaines
de la vie économique, sociale, culturelle et politique afin de limiter leur marginalisation et de
réhabiliter les valeurs positives liées à la famille.

Au niveau de l’objectif général qui vise à contribuer à l’amélioration du cadre de vie des
populations et à la sauvegarde de l’environnement, trois objectifs spécifiques lui sont
associés : i) mettre en place des mécanismes permettant aux populations de participer à la
gestion de leur cadre de vie ; ii) renforcer les équipements socio-collectifs destinés à la
collecte des déchets, à l’évacuation des eaux pluviales et usées et à l’embellissement des
villes et villages ; iii) promouvoir au niveau des individus une meilleure connaissance des
interactions « Population-Développement-Environnement ». La stratégie associée à ces
objectifs est relative à la mise en place d’un mécanisme d’éducation de la population en
matière d’environnement.

Quant à l’objectif général de développer les capacités de conception et de gestion des


programmes de mise en œuvre de la Politique Nationale de Population (PNP), il est scindé en
trois objectifs spécifiques au niveau du Programme National d’Activités (PNA). Il s’agit de
développer : i) la base de donner sur la population ; ii) la recherche opérationnelle en
matière de population et développement ; iii) les capacités techniques d’appui à la mise en
œuvre des programmes de population.

Cinq stratégies sont associées à ces objectifs : i) le renforcement du système national de


collecte, de traitement, d’analyse et de diffusion de données socio-démoraphiques ; ii) le
renforcement des capacités des structures de recherche sur les questions de population ; iii)
la vulgarisation des données disponibles sur les questions de population ; iv) la création et le
renforcement des structures nationales de formation en ressources humaines en vue de la
mise en œuvre des programmes de population ; v) et la prise en compte des spécificités
régionales au niveau des objectifs, stratégies et plan d’action définis pour la mise en œuvre
de la Politique Nationale de Population (PNP).

8
4) Sous-programmes du Programme National d’Actions en matière de
population

Le Programme National d’Actions en matière de population (PNA) comprend cinq sous-


programmes définis à partir des objectifs généraux de la Politique Nationale de Population
(PNP). Chacun de ces sous-programmes comprend des actions et investissements
prioritaires.

C’est ainsi que le sous-programme relatif à la maîtrise de la croissance naturelle de la


population a trait : i) à l’accroissement de l’offre, de l’accessibilité et de l’utilisation des
services Santé de la Reproduction (SR) ; ii) au renforcement des services de Santé de la
Reproduction (SR) ; iii) à l’accroissement de la demande des services de Santé de la
Reproduction (SR) ; iv) au renforcement de l’environnement socio-juridique favorable à la
mise en œuvre de la Santé de la Reproduction (SR) ; v) et au renforcement du système
d’information et de gestion en matière de croissance naturelle de la population.

Le sous-programme qui concerne le développement des capacités de gestion des


mouvements migratoires a trois actions et investissements prioritaires : i) la maîtrise des
mouvements migratoires ; ii) la promotion d’activités génératrices de revenu dans les zones
de départ ; iii) l’appui à la fixation des populations sur les territoires d’origine.

Quant au sous-programme qui cible la famille et le statut des femmes et des jeunes, il
comporte quatre actions et investissements prioritaires : i) l’appui à l’intégration de la
dimension population pour une plus grande implication des femmes, des jeunes et des
enfants dans le processus de développement durable ; ii) l’appui à la lutte contre les
barrières socio-culturelles à l’éducation et à la formation des filles ; iii) le renforcement de
l’insertion des jeunes dans la vie économique, socio-culturelle et politique ; iv) l’appui au
renforcement de l’éducation civique et morale dans les établissements scolaires.

Le sous-programme qui vise l’amélioration du cadre de vie des populations, regroupe les
actions et investissements suivants : i) la sensibilisation à l’intégration de la variable
population dans les plans locaux d’environnement ; ii) le renforcement des capacités des
collectivités locales à la gestion des programmes de l’environnement intégrant la dimension
population ; iii) le développement de l’information, de la sensibilisation et de l’éducation des
populations sur les interrelations entre population et environnement en milieux urbain et
rural ; iv) l’amélioration des connaissances en interaction entre
population/environnement/développement.

Enfin le sous-programme de renforcement des capacités de planification et de gestion des


politiques et de programmes de population comprend six actions et investissements
prioritaires relatifs i) au renforcement de la formation dans le domaine de population et
développement ; ii) au renforcement du système national de collecte des données socio-
démographiques ; iii) au développement des études et recherches en matière de
population ; iv) à l’appui au pilotage, à la coordination et au suivi-évaluation général du
PNA ; v) au renforcement de la dimension régionale des programmes et projets de
population ; et vi) au plaidoyer et mobilisation sociale pour la Déclaration de la Politique
Nationale de Population.

9
5) Mécanismes de coordination, de suivi et d’évaluation des actions

Dans le Programme National d’Activités (PNA), il est prévu que le suivi et la coordination de
la mise en œuvre de la politique de population soient assurés au niveau national, par le
Bureau National de Population (BUNAP), actuel DGPRC ; au niveau sectoriel, par le Ministère
technique d’ancrage ; et au niveau régional, par les Conseils Régionaux de Population
(COREPO).

III- Analyse de la pertinence et de la cohérence de la


Politique Nationale de Population
Après avoir présenté la Politique Nationale de Population et son Programme d’Activités, il
convient maintenant d’examiner la pertinence et la cohérence de cette politique.

A- Analyse de la pertinence de la Politique Nationale de Population

Les objectifs explicites de la Politique Nationale de Population (PNP) sont-ils adaptés à la


nature des problèmes de population en Côte d’Ivoire ?

Comme l’indique le tableau n° 1, ci-dessous, les objectifs contenus dans la Déclaration de la


Politique Nationale de Population correspondent aux problèmes de population identifiés en
Côte d’Ivoire. C’est ainsi que l’objectif d’amélioration du cadre de vie des populations et de
sauvegarde de l’environnement est une réponse à la dégradation des cadres de vie et de
l’environnement.

Tableau n° 1 : Problèmes et objectifs contenus dans la Politique Nationale de Population

Problèmes identifiés Objectifs prévus

1. Forte croissance démographique de la 1. Maîtriser la croissance naturelle de la


population de Côte d’Ivoire population

2. Inégale répartition de cette population 2. Maîtriser les mouvements migratoires


dans l’espace internes et internationaux,

3. Inadéquation entre l’offre et la demande 3. Parvenir à une adéquation entre l’offre et la


liées aux besoins essentiels de la population demande liées aux besoins essentiels de la
population

4. Problèmes des groupes spécifiques 4. Valoriser la famille et améliorer le statut


(femmes et jeunes) des femmes et des jeunes

5. Dégradation des cadres de vie et de 5. Contribuer à l’amélioration du cadre de vie


l’environnement des populations et à la sauvegarde de
l’environnement,

6. Problèmes de collectes des données et 6. Développer les capacités de conception et


faiblesse des capacités de conception et de de gestion des programmes de mise en
gestion des programmes de population. œuvre de la politique nationale de population.

Source : Tableau construit par l’auteur

10
Au-delà de la cohérence établie entre les problèmes relevés et les objectifs visés par la
Politique Nationale de Population (PNP), il convient de savoir si les préoccupations relatives à
la forte croissance démographique et à une inégale répartition dans l’espace de la population
sont des questions d’actualité.

La volonté du Gouvernement de freiner la croissance démographique de ce pays


s’expliquerait largement par le fait que la Côte d’Ivoire est comptée parmi les pays à fort
taux d’accroissement démographique dans le monde. En effet, la population a doublé en 21
ans bien que le taux d’accroissement démographique ait diminué légèrement au cours de la
période 1988-1998 : 3.3% contre 3.8% entre 1975-1988.

Consécutivement à l’accroissement de l’effectif global de la population, la densité de la


population est passée de 21 habitants au km2 en 1975 à 48 habitants au km2 en 1998.
Cette évolution de la densité est inégale selon les régions : la zone de savane qui occupe
53% de la superficie du pays, n’abrite que 22% de la population totale ; en revanche, la
zone forestière, moins vaste (47%), est habitée par 78% de cette population et enregistre
de ce fait les plus fortes densités démographiques à l’échelle nationale. Ces disparités
régionales de la densité proviennent essentiellement de la migration dont les flux sont
orientés généralement des régions du nord vers le sud forestier 9.

La question de la forte croissance démographique de la Côte d’Ivoire ainsi celle de l’inégale


répartition spatiale de sa population sont pertinentes aussi bien sur le plan interne que sur le
plan international. Au niveau national, cette évolution démographique est préoccupante dans
la mesure où elle est à la base de détérioration des conditions de vie des populations, en
gros elle constitue un obstacle au développement économique et social.

Avec la crise, la question de la répartition spatiale de la population est plus que d’actualité
puisque depuis septembre 2002, les déplacements des populations du fait de la guerre se
sont intensifiés. Sur le plan international, ces préoccupations rejoignent celles des Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD) qui établissent une relation nette entre la
pauvreté et les variables démographiques.

Actuellement, le problème de l’intégration des femmes et des jeunes est aussi préoccupante
dans la mesure où ces groupes constituent l’essentielle de la population totale de la Côte
d’Ivoire : en 1998, les moins de 15 ans représentaient 43.5% de l’ensemble de la population.
Compte tenu de leur poids démographique et surtout de leur place dans la société ivoirienne,
leur intégration dans le tissu économique et social apparaît comme une condition de la
cohésion sociale.

En ce qui concerne le problème relatif à la dégradation des cadres de vie et de


l’environnement, il est également une préoccupation actuelle d’autant plus que
l’accroissement rapide de la population ivoirienne et l’augmentation des densités qui
l’accompagne ont accentué la pression sur les ressources naturelles et intensifié leur
exploitation, au fur et à mesure qu’augmentent les besoins des populations en terres
cultivables, en énergie. L’épuisement et la destruction des ressources naturelles et des
écosystèmes pour satisfaire les besoins immédiats, peuvent être préjudiciables aux
populations actuelles et futures10.

9
Cf. Ministère du Plan et du Développement [2006], p. 22.
10
Cf. Ministère du Plan et du Développement [2006], p. 99.

11
B- Analyse de la cohérence

L’analyse de la cohérence est également un axe digne d’intérêt pour apprécier la politique de
population. Aussi, s’interroge-t-on sur la cohérence des objectifs de cette politique entre
eux ? Par ailleurs, il importe de savoir si le Gouvernement a les moyens de sa politique en
matière de population ; autrement dit, les moyens juridique, humain et financier dont il
dispose sont-ils adaptés aux objectifs fixés à sa politique de population ?

1) Cohérence interne des objectifs

A la première interrogation, il convient de noter que la cohérence interne des objectifs. Par
exemple, la préoccupation de maîtriser la croissance naturelle de la population est
compatible avec l’objectif de maîtriser les mouvements migratoires puisqu’il est démontré
que le croît naturel de la population est en partie due à la migration différentielle.

Par ailleurs, l’objectif de l’amélioration du cadre de vie des populations et de la sauvegarde


de l’environnement est intimement lié à celui de la maîtrise de la population d’autant plus
qu’une forte croissance démographique est une menace pour les ressources naturelles
(forêts, terres, eaux) et dégrade l’environnement.

Compte tenu de la menace de la déforestation en Côte d’Ivoire, de la paupérisation


croissante des populations urbaines, de la dégradation de l’environnement urbain, l’objectif
de développer des capacités pour concevoir et gérer des programmes en matière de
population, est tout à fait cohérent avec les objectifs de maîtrise de la croissance naturelle
de la population et des mouvements migratoires.

En outre, comme l’adéquation de l’offre à la demande aux besoins essentiels est en rapport
avec le rythme d’accroissement naturel de la population, à la répartition spatiale de celle-ci, il
y a cohérence entre cet objectif et ceux de la maîtrise de la croissance naturelle de la
population et des mouvements migratoires.

En revanche, l’objectif relatif à la valorisation de la famille et à l’amélioration du statut des


femmes et des jeunes, quoique justifié par les efforts à faire pour intégrer ces deux groupes
spécifiques, ne semble pas directement lié à ceux de la maîtrise de la croissance naturelle de
la population et des mouvements migratoires.

2) Adéquation objectifs-moyens de la Politique Nationale de


Population (PNP)

La seconde préoccupation est de savoir si le Gouvernement ivoirien dispose de moyens


adéquats pour atteindre les objectifs de sa politique en matière de population. En effet, en
référence aux rapports d’activités des organismes chargés de l’exécution de la politique
nationale de population, il apparaît que ceux-ci ont des difficultés pour jouer pleinement leur
rôle. Ces difficultés résultent de l’insuffisance des ressources humaines et financières et/ou
de l’absence d’un cadre juridique adéquat.

Au niveau des ressources humaines, le Bureau National de la Population (BUNAP), organe


central de la mise en œuvre de la politique de population, ne dispose que 18 agents dont

12
33% ont une formation de base permettant de prendre en charge les questions de
population et développement 11.

Par ailleurs, l’Institut National de la Statistique (INS) qui prend une part très active dans
l’exécution du programme Stratégies en matière de Population et Développement (SPD), n’a
pas suffisamment de ressources humaines pour jouer sa partition. Ses services statistiques
ne sont pas tous tenus par des personnes qualifiées ; le nombre de démographes et de
cartographes est insuffisant12.

Outre la pénurie de ressources humaines qualifiées, il est à noter que malgré de gros efforts
déployés par la Côte d’Ivoire pour financer sa politique nationale de population, la non
mobilisation totale des ressources financières annoncées par certains bailleurs de fonds
constitue dès le départ, un handicap pour cette politique 13. Le retrait du soutien financier des
partenaires au développement consécutivement à la situation de crise que connaît la Côte
d’Ivoire depuis 2002, a accentué l’écart entre les prévisions budgétaires et les budgets
exécutés aux fins de réaliser les objectifs de la politique de population.

Par ailleurs, l’atteinte des objectifs de la politique de population est en amont, compromis
par un cadre juridique et réglementaire pas toujours approprié. En effet, est-il possible à la
Côte d’Ivoire de concilier ses ambitions de réguler les flux migratoires internationaux en sa
direction avec la libre circulation des personnes préconisées par les accords communautaires
dont elle est signataire14.

Au niveau interne, l’inexistence de loi statistique et l’absence de textes réglementaires


engageant les structures techniques de l’Administration publique à organiser les statistiques
courantes de leurs activités et à les publier constituent également un handicap à la
réalisation des objectifs de la politique de population, notamment la préoccupation de
développer la base de données sur la population.

IV- Analyse des résultats de la Politique Nationale de


Population et du Programme National d’Actions en
matière de population
Dans quelle mesure les évolutions constatées en matière de population, depuis de la mise en
œuvre du Programme National d’Actions en matière de population (PNA), sont-elles
conformes aux objectifs de la politique de population ?

A- Objectifs de maîtrise de la croissance naturelle de la population


et des mouvements migratoires

11
Il convient de souligner que depuis mars 2006, les ressources de la Politique Nationale de Population sont
celles de la DGPRC ;
12
Cf. Direction Générale de la Population et du Renforcement des Capacités [2006], p. 25.
13
Cf. Programme National d’Activités 2002-2006, p.52.
14
Cf. l’article 91 du Traité de l’UEMOA signé le 10 janvier 1994 à Dakar par les Chefs d’Etat et de
Gouvernement des sept pays membres de l’UEMOA.

13
Comme l’indique le tableau n° 2 ci-dessous, l’évolution des indicateurs démographiques va
dans le sens des objectifs de maîtrise de la croissance naturelle de la population et des
mouvements migratoires internes et internationaux. En effet, on remarque effectivement une
réduction de la croissance naturelle de la population et des flux migratoires internationaux ;
mais ces résultats sont-ils uniquement imputables à la mise en œuvre de la politique de
population, adoptée en 1997 ?

Tableau n° 2 : Comparaison des objectifs du PNP et des résultats obtenus du PNA

Objectifs prévus Résultats atteints


1. Maîtriser la croissance naturelle de la population
- Infléchir le niveau de fécondité en faisant L’indice synthétique de fécondité est passé de
passer le nombre moyen d’enfants par 5.7 en 1998 à 4.6 en 2005
femmes de 5.7 à 4.5 en 2005.
- le taux brut de mortalité est passée de 13
pour 1000 en 1994 à ?
- Réduire de moitié la morbidité et la - la mortalité infantile est passée de 112 pour
mortalité maternelle et infantile d’ici l’an 1000 en 1998 à 89 pour 1000 en 2005
2015. - le taux de mortalité maternelle est de 543
en 2005 alors qu’il était à 597 décès pour
100 000 naissances vivantes en 1994
- Réduire l’expansion des IST et de - la prévalence du VIH/SIDA est passée de
l’épidémie de VIH/SIDA. 10.1% en 1997 à 7% ou 4.7% en 200515

2. Maîtriser les mouvements migratoires internes et internationaux


- Maîtriser les migrations internationales par Le taux net d’immigration presque nul en
une régulation des flux 1995-2000
- Améliorer la répartition de la population Les migrations inter-régionales se sont
sur le territoire national amplifiées avec la survivance de la crise
politico-militaire
Source : Tableau construit par l’auteur

La question mérite d’être posée dans la mesure où si on se réfère au tableau n° 3 ci-


dessous, puisqu’on constate que l’indice synthétique de fécondité était déjà en nette
diminution bien avant le début d’exécution du Programme National d’Actions en matière de
population. La tendance baissière est plus prononcée chez les femmes instruites qu’au
niveau des femmes n’ayant aucune instruction. Au regard de ce résultat, on peut faire
l’hypothèse que l’augmentation du niveau d’instruction a joué un rôle déterminant de la
baisse de la fécondité.

Tableau n° 3 : Evolution de l’indice synthétique de fécondité selon le niveau


d’instruction de 1980-1981 à 2005
Niveau EIF 1980- EDS 1994 EDS 1998-99 EIS 2005
d’instruction 81
Sans 7.5 6.2 6.2 5.3

15
Ce résultat est à analyser avec prudence car la méthodologie utilisée pour l’obtenir n’est pas la même ; elle
varie selon les années ;

14
instruction
Primaire 7.1 5.3 4.7 4.5
Secondaire ou 5.8 3.8 2.3 3
+
Ensemble 7.2 6.3 5.4 4.6
Source : REPCI [2006].

Par ailleurs, l’évolution des flux migratoires dans la direction souhaitée par la politique de
population est la résultante de la crise d’emploi imputable à la situation économique des
années 80. En revanche, les résultats obtenus en matière de la réduction de la mortalité et
de la prévalence du VIH/SIDA, sont du fait de la politique de population ainsi que celle
relative à la santé ; compte tenu des programmes réalisés dans ces deux secteurs 16, ils ont
joué un rôle capital dans la réduction de l’expansion des IST et de l’épidémie de VIH/SIDA.

En ce qui concerne l’objectif spécifique d’amélioration de la répartition de la population sur le


territoire, il a été mis en mal par la crise politico-militaire qui a occasionné un départ massif
des populations des zones de combats vers la zone gouvernementale. L’enquête auprès des
Personnes Déplacées Internes (PDIs) indique que 709 377 individus ont été contraints
d’abandonner leur foyer ou leur résidence habituelle, situé principalement à l’Ouest et au
Centre de la Côte d’Ivoire17.

Si l’exécution de la politique nationale de population a donné des résultats encourageant au


niveau des objectifs relatifs à la maîtrise de la croissance naturelle de la population et des
mouvements migratoires internes et internationaux, la situation semble différente quant aux
objectifs concernant la valorisation de la famille, du statut des femmes et des jeunes et ceux
relatifs à la contribution à l’amélioration du cadre de vie des populations et à la sauvegarde
de l’environnement.

B- Objectifs de valorisation de la famille et du statut des femmes et


des jeunes

La réhabilitation des valeurs positives liées à la famille en vue de promouvoir le sens et le


bien-fondé de la famille, préconisée dans le Programme National d’Actions en matière de
population, est freinée par la rupture des grands équilibres au sein des familles. En proie à
une crise d’instabilité matérialisée par de nombreux divorces et séparations des parents, les
piliers qui fondent la stabilité des ménages ivoiriens sont de plus en plus désacralisés :
insubordination des enfants face aux parents par exemple 18.

Par ailleurs, l’amélioration du statut de la femme et des jeunes, légitimée par leur
importance numérique dans la population totale, est aussi loin d’être atteinte malgré la
création d’un Ministère de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, et l’adoption de mesures
institutionnelles et de programmes destinés à l’égalité et l’équité dans les différents secteurs
sociaux, économiques et politiques.

16
Il s’agit notamment du Projet IVC/03/P02 « Promotion de la santé sexuelle et de la reproduction et prévention
des IST/VIH/SIDA parmi les adolescents et les jeunes (SSR-AJ/IST/VIH) » et du Projet IVC/00/P03 « Appui à
la mise en œuvre du programme de prévention et de prise en charge des IST/VIH/SIDA chez les femmes libres et
leurs partenaires (PPP) ».
17
Cf. Ministère de la Solidarité et des Victimes de guerre [2007], p. 21.
18
Cf. UNDP [2004], p.85 ;

15
En effet, au-delà de toutes les bonnes intentions, la participation des femmes à la prise de
décision politique est faible et en décroissance. Comme l’indique le tableau n° 4, ci-dessous,
la proportion des femmes parmi les élus du peuple est plus importante au cours du
quinquennat 1975-1980 comparativement à la période 2000-2005.

Tableau n° 4 : Evolution du nombre de femmes Députées en Côte d’Ivoire de 1975


à 2005

Années Nombre de femmes Nombre total des élus Pourcentage des


élues femmes
1975-1980 11 110 10
1980-1985 8 147 5.4
1985-1990 10 175 5.7
1990-1995 8 175 4.6
1995-2000 14 168 8.3
2000-2005 18 223 8.1
Source : REPCI [2006].

Dans les autres domaines, on ne dispose pas toujours des indicateurs pour apprécier les
progrès réalisés pour l’intégration des femmes. Même les textes de lois pris pour protéger les
femmes et garantir leur droit sont ignorés d’elles et bien de cas, ne sont pas appliqués. Il
s’agit, notamment de l’article 354 du code pénal de 1982 réprimant le viol, de la loi n° 98-
756 du 23/12/1998 relative au harcèlement sexuel, le travail forcé et l’union précoce.

Au total, en dépit de l’affirmation de l’égalité de l’homme et de la femme devant la loi et des


mesures prises en faveur de l’émancipation de celle-ci, les progrès réalisés en direction des
femmes restent limités19.

Quant aux jeunes, les résultats des efforts déployés pour assurer leur insertion économique,
sociale, culturelle et politique demeurent encore limités. Avec les femmes, ils sont les plus
touchés par la pauvreté et le chômage de longue durée 20.

En ce qui concerne l’objectif relatif à l’amélioration du cadre de vie des populations et à la


sauvegarde de l’environnement, les résultats obtenus sont loin d’être satisfaisants pour
plusieurs raisons. On constate en effet, une détérioration du cadre de vie d’une population
en forte croissance consécutivement à la dégradation de l’environnement urbain liée à la
prolifération des ordures ménagères, à l’insuffisance de l’assainissement et à l’accès à l’eau
potable, à la précarité des conditions de logement, au sous équipement des villes en
infrastructures socio collectives et aux pollutions et nuisances 21.

La prolifération des ordures ménagères s’explique par l’insuffisance des moyens financiers et
des capacités techniques des villes et communes à collecter et à éliminer ces ordures en
raison du nombre de plus en plus élevé de citadins. Selon les données du Recensement
Général de la Population et de l’Habitation de 1998, le taux de collecte des ordures des villes
de l’intérieur était de 26% ; Abidjan avait un taux de 65.7%22.

L’amoncellement des ordures non ramassées dans les rues, les places publiques démontrent
que la situation s’est aggravée au cours de ces dernières années. L’extension des attributions
19
Cf. Ministère du Plan et de Développement [2005], p. 40.
20
Cf. Kouadio Benié Marcel |2005], p.
21
Cf. Ministère du Plan et de Développement [2006], p. 105-107.
22
Cf. Ministère du Plan et de Développement [2006], p. 105.

16
du Ministère de la Santé à la l’Hygiène Publique en 2005, et plus récemment la création d’un
Ministère en charge des Villes n’ont pas pour autant réglé la question.

Par ailleurs, il se pose un véritable problème d’environnement dans les villes de l’intérieur qui
ne disposent pas d’infrastructures d’assainissement des eaux usées domestiques. A Abidjan,
où il existe 990 km de réseau d’égout public, seulement 45% des ménages y sont
raccordés23.

En outre, on note que 75.8% des ménages urbains avaient accès à l’eau potable en 2002
avec de grandes disparités entre les villes de l’intérieur, généralement moins nanties
qu’Abidjan. La crise socio-politique a accentué la pression sur les ressources en eau potable
dans les villes d’accueil à savoir : Daloa, Duékoué, Yamoussokro, Abidjan.

La précarité des conditions de logement affecte également le cadre de vie des populations.
Accentuée par le déséquilibre entre l’offre et la demande de logements, la prolifération de
l’habitat précaire a contribué à détériorer les conditions de logement des populations dont
une partie importante est concernée par ce type de logement : plus d’un million de
personnes aujourd’hui contre 800 000 en 199824.

Il convient de noter enfin que la population urbaine en forte croissance ne peut pas être
supportée par les infrastructures socio-économiques des villes : insuffisance d’écoles, de
centres de santé, etc. Du fait de l’accroissement de la population urbaine, la pollution et les
nuisances se sont en outre amplifiées détériorant ainsi le cadre de vie des populations et leur
environnement.

C- Objectif de développement des capacités de conception et de


gestion des programmes

Cet objectif qui vise à développer i) la base de données sur la population, ii) la recherche
opérationnelle en matière de population et développement et ii) les capacités techniques
d’appui à la mise en œuvre des programmes de population, a été bénéficié d’un important
appui des partenaires au développement, principalement de l’UNFPA.

C’est ainsi que dans le cadre de son programme pays pour la Côte d’Ivoire, l’UNFPA, durant
la période 2003-2005, est intervenu par le biais de son sous-programme relatif aux
stratégies de population et de développement (SPD) en apportant son appui au traitement
des données du RGPH de 1998 (IVC/00/P01), à la constitution de base de données sur les
personnes déplacées et les familles d’accueil en Côte d’Ivoire (IVC/00/P01) et à l’enquête sur
les indicateurs du SIDA (IVC5P103). En outre, le FNUAP s’est impliqué dans le renforcement
des capacités institutionnelles, techniques et d’encadrement en vue de l’exécution des
politiques et programmes de population.

Le tableau n° 5, ci-dessous, fournit les indicateurs retenus pour apprécier les résultats de
l’intervention du FNUAP dans l’atteinte de l’objectif de développement des capacités de
conception et de gestion des programmes de population.

23
Cf. La Direction de l’Assainissement [2005], citée par le Ministère du Plan et de Développement [2006], p.
105.
24
Cf. Ministère du Plan et de Développement [2006], p. 106.

17
Tableau n° 5 : Produits et indicateurs de résultats

Produits Indicateurs de résultats


-disponibilité des données sociodémographiques ventilées
par sexe, par région et par localité ;
-disponibilité de données sur les comportements et les
pratiques de grands groupes culturels vis-à-vis des
Disponibilité accrue des questions d’égalité et d’équité ;
données en matière de -diffusion des résultats des programmes d’étude et de
population et développement recherche sur la population, la condition de la femme et le
développement ;
-existence et accessibilité d’un centre de recherche
documentaire sur la population et le développement.
-formation des directeurs de mécanismes de coordination
et de programmes régionaux en matière de population
dans le domaine de la gestion des programmes ;
Renforcement des capacités -formation d’au moins un agent sanitaire par district
institutionnelles, techniques et sanitaire dans le domaine du système de gestion de
d’encadrement en vue de l’information à des fins d’hygiène procréative ;
l’exécution des politiques et -formation de 500 personnes à l’intégration des variables
programmes de population démographiques et des questions sexospécifiques aux
plans de développement locaux ;
-organisation de cours de formation en matière de
population et de développement dans les établissements
d’enseignement secondaire.
Source : DGPRC [2006], p. 27

Ainsi, grâce au soutien financier de l’UNFPA à l’INS pour le traitement et l’analyse de


données du Recensement Général de la Population et de l’Habitation de 1998, des données
socio-démographiques ventilées par sexe, par région et par localité sont disponibles. Cet
appui a aussi permis de réaliser des fiches monographiques des localités, un atlas national et
des atlas régionaux. Les nouvelles technologies de l’information ont été utilisées pour la
diffusion des données produites (CD Roms).

Par ailleurs, l’enquête sur les conditions de vie des personnes déplacées et des familles
d’accueil en zone gouvernementale a permis de disposer des informations actualisées et
fiables nécessaires à l’élaboration de programmes et à la mise en œuvre de stratégies
durables en faveur des populations déplacées et des familles d’accueil 25. On connaît en effet,
i) le nombre de déplacés par département et selon le milieu de résidence, ii) leurs
caractéristiques démographiques et économiques, iii) les conditions de vie de ces personnes
et des familles d’accueil, etc.

En ce concerne l’axe du renforcement des capacités institutionnelles, techniques et


d’encadrement en vue de l’exécution des politiques et programmes, le niveau d’exécution
des projets26 démontre que les capacités des cadres en gestion des projets ont été
améliorées, notamment en matière d’exécution des procédures financières.

Il convient cependant, de souligner que des efforts sont à accomplir pour que l’objectif soit
atteint. En effet, la plupart des cadres impliqués dans la conduite des projets en matière de
population et développement, ne maîtrise pas suffisamment les outils de conception, de

25
Cf. Ministère de la Solidarité et des Victimes de guerre [2007], p. 8.
26
Environ 100% pour le projet « Appui au traitement et à l’analyse de données du RGPH-1998 » et le « Base de
données sur les personnes déplacées et les familles d’accueil en Côte d’Ivoire ».

18
planification et de suivi-évaluation ; il n’a pas eu une grande internalisation des procédures
par les projets27.

Or dans la perspective de reconstruction post crise, les questions de population vont occuper
une place primordiale du fait de la raréfaction des ressources et de la plus grande
vulnérabilité des populations. La révision de la politique nationale de population et sa mise
en œuvre, rendue nécessaire par l’émergence des problèmes nouveaux (personnes
déplacées internes, handicapés de la guerre, droits humains, etc.), implique davantage de
compétences en suivi/évaluation des programmes et projets en vue de mettre en exergue
les attentes pour des prises de décision éclairée. La création de la Direction du
Suivi/Evaluation et celle du Renforcement des Capacités Nationales, au sein de la Direction
Générale de la Population et du Renforcement des capacités, s’inscrit sans aucun doute dans
une telle perspective.

V- Environnement de la mise en œuvre de la Politique


Nationale de Population et du Programme National
d’Actions
L’environnement dans lequel le Programme National d’Actions en matière de population a été
exécuté, a influencé les résultats qui viennent d’être examinés.

A- Facteurs favorables à l’exécution du Programme National


d’Actions

Des facteurs favorables ont contribué à la réalisation de certaines activités du Programme


National d’Actions en matière de population nécessaires à l’atteinte des objectifs de la
Politique Nationale de Population. Il s’agit notamment de l’environnement institutionnel et
politique, de l’existence d’une expertise nationale, de la disponibilité de bases de données,
de l’appui technique et financier des partenaires au développement.

1) Cadre politique et institutionnel

Consécutivement à la Conférence Internationale sur la Population et le Développement tenue


au Caire en 1994, un engagement fort a été pris par le Gouvernement ivoirien pour intégrer
la population dans sa stratégie de développement. Cette volonté renforcée par les acquis du
Programme Valorisation des Ressources Humaines (PVRH), s’est traduite par la Déclaration
de Politique Nationale de Population qui a créé un cadre institutionnel propice au Programme
National d’Actions en matière de population.

L’engagement du Gouvernement en matière de population s’est concrétisé par des plans


sectoriels élaborés par des départements ministériels. Il s’agit notamment du Plan National
de Développement Sanitaire (PNDS) pour la période 1996-2005, du Plan National de
Développement du secteur Education Formation (PNDEF) de 1997-2010, du Plan National
d’Action de la Femme (PNAF) de 2003-2007 et du Plan National de Lutte contre le VIH/SIDA
de 2002-2004.
27
Cf. Essan Kodia V, Welfens-Ekra C et Kouao-Kouassi Jeanne [2002], p. 70.

19
La mise en œuvre de tous ces plans a une incidence positive dans la conduite du Programme
National d’Actions en matière de population et dans l’atteinte de certains de ses objectifs,
notamment ceux relatifs à la maîtrise de la croissance naturelle de la population.

Par ailleurs, le renforcement du cadre institutionnel par la création d’une Direction Générale
de la Population et du Renforcement des capacités avec trois Directions Centrales constitue
un atout supplémentaire pour la conception, la promotion et la mise en œuvre des politiques
nationales de population.

2) Expertise nationale et base de données

Outre le cadre politique et institutionnel, le Plan National d’Action en matière de population a


bénéficié des externalités positives liées à l’existence d’une expertise nationale dans le
domaine du recensement de la population et aux disponibilités de données socio-
démographiques.

En effet, la réalisation du recensement général de la population et de l’habitat de 1975, de


1988 et de 1998, ainsi que les enquêtes de niveau de vie auprès des ménages de
1985,1995, 1997, 2000 et 2002, ont permis de constituer une équipe d’experts nationaux
capables de conduire des opérations de grandes envergures dans le domaine de production
des données démographiques.

Ces différents recensements généraux de population et d’enquête de niveau de vie ont par
ailleurs permis à la Côte d’Ivoire de disposer de données démographiques indispensables à la
conduite de la politique de population.

3) Instituts universitaires de formation et de recherche

En plus des données démographiques et des compétences pour les produire, la Côte d’Ivoire
dispose d’instituts universitaires pour mener des études et des réflexions sur les questions de
population. Il s’agit, principalement de l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et
d’Economie Appliquée (ENSEA), de l’Institut de Géographie Tropicale (IGT), de l’Institut
d’Ethno-Sociologie (IES), du Centre Ivoirien de Recherche Economique et Sociale (CIRES),
l’Institut National de la Santé Publique (INSP), du Centre d’Enseignement et de Recherche en
Communication (CERCOM) et de l’Institut de Recherche pour le Développement en
Coopération (IRD).

Ces différents instituts et centres de formation et de recherche regorgent de ressources


humaines pour conduire des programmes et projets d’études relatifs aux questions de
population. Ils disposent également des compétences mobilisables pour l’évaluation des
activités conduites dans le cadre du Programme National d’Actions en matière de population.

4) Coopération internationale multilatérale et bilatérale

Il convient enfin de souligner la place déterminante de la coopération multilatérale et


bilatérale dans la mise en œuvre de la politique nationale de population et de son
programme d’actions.

20
Au niveau de la coopération multilatérale, on peut noter que le Programme Pays 2003-2007
de l’UNFPA appuie le Gouvernement ivoirien dans l’exécution de son PNA. Sa contribution
financière de 345 555 000 F CFA injectée dans le sous-programme « Stratégies en matière
de Population et Développement »28, est destinée au renforcement des capacités nationales
en vue de l’exécution des politiques et programmes de population.

Il convient aussi de souligner l’intervention non négligeable des autres bailleurs (BAD,
Banque Mondiale, Union Européenne, UNICEF) dans le financement du Programme National
d’Actions en matière de population.

Au niveau de la coopération bilatérale, l’intervention de la coopération française a permis


d’analyser les données du Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 1998. Le
concours de la coopération Belge a aussi été déterminant.

Bien que le Programme National d’Actions en matière de population ait disposé de cadre
institutionnel approprié et de moyens humain, technique, financier pour sa mise en œuvre,
on note toutefois des contraintes qui ont modifié, retardé ou bloqué la réalisation de
certaines de ses activités.

B- Contraintes à la mise en œuvre du Programme National


d’Activités en matière de population

Il s’agit en effet de la crise politico-militaire, de l’insuffisance de compétences au niveau du


suivi/évaluation des politiques en matière de population, de la pénurie de personnes
qualifiées pour l’exécution des programmes et projets.

1) Crise politico militaire

La crise socio politique a constitué une contrainte majeure à l’exécution du PNA. En suscitant
des problèmes nouveaux (déplacement interne des populations), la crise a conduit les
partenaires au développement à donner une nouvelle orientation à leur appui technique et
financier. Par exemple, l’élaboration d’un Cadre d’Intervention Humanitaire par l’UNFPA à
partir de son Programme Pays 2003-2007, a retardé la mise en œuvre du projet
« Renforcement des capacités institutionnelles et techniques en Population et
Développement et en Genre ».

2) Insuffisance de compétences au niveau du suivi/évaluation des


politiques en matière de population

Ce retard a été préjudiciable d’autant plus que le pays ne dispose pas d’une stratégie
nationale de renforcement des capacités dans les différents domaines de développement,
notamment en suivi et évaluation, en population, en santé, etc.

28
Cf. UNFPA/Ministère d’Etat, Ministère du Plan et du Développement [2006], p. 5.

21
C’est ainsi que des actions entreprises dans le domaine de population n’ont pas fait l’objet
d’un suivi efficace permettant de mettre en évidence les attentes pour tirer les
enseignements utiles à la prise de décision 29.

3) Déficit de personnes qualifiées pour l’exécution des programmes et


projets

Outre le problème de compétences adéquates pour assurer le suivi et l’évaluation des


programmes/projets en matière de population, il est à souligner la pénurie de personnes
qualifiées pour exécuter certaines activités du PNA. On note par exemple que le Conseil
Régional de Population (COREPO), organe régional de définition, de mise en œuvre, de
coordination et d’évaluation de la politique de population, n’accomplit sa mission faute de
capacités nécessaires à la conception et à l’exécution des programmes/projets de
population30.

Par ailleurs, le manque de compétence s’observe également au niveau de la Société Civile


dont l’implication est attendue dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre de la
quasi-totalité des programmes/projets de population. La contribution de ses représentants
aux différentes séances de travail relative à la politique de population est limitée en raison
de l’absence et/ou de la faiblesse de leur qualification.

Au niveau du Bureau National de Population (BUNAP), service autonome érigé en Direction


Générale de la Population et du Renforcement des Capacités (DGPRC), il est reconnu que la
faible disponibilité du personnel qualifié en questions de population a constitué une
contrainte dans l’accomplissement de sa mission d’impulser, de suivre et d’évaluer la mise en
œuvre des politiques et programmes de population.

29
Cf. UNFPA/Ministère d’Etat, Ministère du Plan et du Développement [2006], p. 1.
30
Cf. Essan Kodia V, Welfens-Ekra C et Kouao-Kouassi Jeanne [2002], p. 90.

22
VI- Leçons apprises et principales recommandations
De la conception de la Politique Nationale de Population et sa mise en œuvre à partir du
Programme National d’Actions, de nombreuses leçons peuvent être tirées et des
recommandations formulées.

A- Leçons apprises

La complexité de la conception et de la mise en œuvre d’une politique de population est sans


aucun doute la principale leçon qu’on peut retenir de l’expérience en cours en matière de
population conduite par le Ministère du Plan et du Développement. La difficulté de l’exercice
réside dans i) le champ de cette politique nationale, ii) la multitude de centres de décision
impliquée dans son exécution, iii) son interdépendance avec d’autres politiques, iv) de
l’interférence de l’environnement institutionnel et politique sur son exécution.

1) Champ de la politique nationale de population

En se situant dans une perspective d’un développement durable pour améliorer le niveau de
vie et le bien-être des populations ivoiriennes, les concepteurs de la politique nationale de
population ont recouru à la dynamique relationnelle population-développement-
environnement. Le choix d’une telle approche se justifie par le contexte ivoirien caractérisé
par la dégradation de l’environnement et l’épuisement des ressources naturelles
consécutivement à l’augmentation continue de la population totale malgré la baisse légère
de son taux d’accroissement.

Le champ de la politique nationale de population a donc été volontairement élargi pour tenir
compte de l’interaction population-développement-environnement puisque l’un de ses
objectifs généraux est de contribuer à l’amélioration du cadre de vie des populations et à la
sauvegarde de son environnement.

Cette vision globale, intégré et dynamique de la politique nationale de population qu’il


convient de retenir, nécessite une multitude d’acteurs.

2) Multitude de centres de décision

La multitude de centres de décision impliqués dans la conduite de la politique de population


est une démarche imposée par la transversalité de la question de population. Celle-ci
nécessite l’engagement de plusieurs départements ministériels pour que ses objectifs
projetés soient atteints.

En effet, il est difficile de maîtriser les mouvements migratoires internes sans une politique
de développement local appropriée. En outre, il est impossible d’améliorer le cadre de vie
des populations et de sauvegarder l’environnement en dehors de politiques et stratégies
environnementales adéquates. Par ailleurs, on ne peut satisfaire les besoins essentiels des
populations en logements, en éducation, en santé sans l’apport des ministères en charge de
ces questions. Tout comme il est indispensable d’avoir des Instituts de formation et de

23
recherche pour fournir des compétences à la conception et la gestion des programmes de
population.

3) Disponibilité de compétences et de données socio-démographiques

Par rapport à cette dernière interrogation, il importe de souligner le rôle déterminant des
compétences dans la conception et la mise en œuvre de la politique de population. Tout
comme les autres politiques, celle relative à la population nécessite des experts qualifiés
pour conduire les programmes et projets et assurer leur suivi et leur évaluation. Une telle
expertise n’est pas dispensée les structures de formation initiale ; elle s’acquiert dans des
centres de formation agréés.

Parallèlement aux compétences, il convient aussi de retenir que les progrès accomplis dans
le domaine de la population n’ont été possibles que grâce aux données statistiques fiables. A
ce niveau, on peut souligner que les résultats du Recensement Général de la Population et
de l’Habitat de 1998 ont constitué un atout à la politique de population en fournissant des
données relatives aux principales caractéristiques démographiques.

4) Environnement institutionnel et politique

Outre les compétences et les données socio-démographiques, il convient aussi de noter


l’interférence de l’environnement institutionnel et politique sur l’orientation et les résultats de
la politique de population. La révision de la politique nationale de population et son
programme d’action en cours de réalisation est dictée par l’apparition de problèmes
nouveaux engendrés par la crise politico militaire. De nouvelles visions doivent par
conséquent, être introduites dans le schéma initial de conception et d’exécution de la
politique de population puisqu’on ne peut pas occulter les événements tels que les
bouleversements des conditions de vie des personnes déplacées et celles des familles
d’accueil.

5) Actualisation de la politique nationale de population et son


Programme d’Actions

La nouvelle version de la politique de population devrait internaliser les problèmes nouveaux


de population, suscités par la guerre et les changements qui s’opèrent sans cesse dans la
gouvernance des affaires publiques nationales. Par ailleurs, elle devra prendre en compte les
engagements pris par la Côte d’Ivoire, au niveau régional (CEDEAO, UEMOA), sur la libre
circulation des personnes. Une telle option n’est pas incompatible avec l’évolution stable des
variables démographiques.

La version de la politique nationale de population, pour son exécution, devrait aussi


envisager une réduction de sa dépendance financière vis-à-vis de la coopération multilatérale
et bilatérale qui, à tout moment, peut lui faire défaut si la conditionnalité de son octroi n’est
pas respectée.

24
B- Principales recommandations

Des recommandations découlent des enseignements tirés de l’expérience ivoirienne en


matière de population. A cet égard, celles-ci pourraient être relatives i) à l’étendue de la
vision de cette politique, ii) à la synergie d’action des différents départements ministériels, iii)
au renforcement des capacités techniques et institutionnelles des agents chargés de
conduire les programmes et projets politique de population iv) à la continuité dans la
production des données fiables sur la population et enfin v) à la réactualisation de la
politique de population et/ou au réajustement de certains de ses objectifs en fonction de la
situation politique, sociale et économique du pays.

1) Restriction du champ de la politique de population

Dans la logique du développement durable, le champ de la politique de population a été


étendu à d’autres domaines, notamment à celui de l’environnement afin d’améliorer le cadre
de vie des populations et de sauvegarder l’environnement. Mais ne devrait-on pas laisser
cette prérogative au Ministère en charge des questions environnementales qui plus est,
exécute un plan d’actions dont l’une des préoccupations majeures est de doter la Côte
d’Ivoire d’un outil performant de gestion rationnelle des ressources naturelles et de
préservation de l’environnement.

Par ailleurs, la préoccupation de valoriser la famille et d’améliorer le statut de la femme et


des jeunes ne relève pas uniquement des considérations démographiques ; elle fait appel à
d’autres dimensions qui sans doute peuvent être suffisamment prises par les Ministères en
charge de la Famille, de la Femme et de Jeunes.

Des exemples de l’extension du champ de la politique de population peuvent être multipliés.


Sans occulter d’une part, la dimension transversale de la question de la population et d’autre
part, la cohérence et la pertinence de son cadre conceptuel, il convient toutefois, dans la
monture prochaine de la politique de population, de restreindre son champ en réexaminant
son but, ses objectifs et le cadre institutionnel de sa mise en œuvre.

Par ailleurs, il importe aussi de réexaminer le plan d’actions de la politique nationale de


population car celui-ci comporte 16 stratégies et 32 lignes d’action. Certaines stratégies et
actions font doublon avec celles contenues dans le Plan National de Développement Sanitaire
(PNDS) et le Plan Nation d’Action de la Femme (PNAF).

2) Synergie d’actions des différents départements ministériels

Les objectifs du Programme National d’Actions en matière de population pour être atteint,
impliquent la participation de nombreux ministères dont les actions, en amont comme en
aval, sont déterminantes. Une telle dépendance institutionnelle nécessite une synergie
d’actions de ces différents Ministères autour de la question de population. Le Conseil
National de Population, organe consultatif, mis en place à cet effet, ne peut être efficace en
raison du nombre pléthorique de ses membres : 20 au total. Une dizaine d’experts bien
choisis devrait suffire pour examiner les suggestions et recommandations des autres
ministères à partir des préoccupations exprimées par l’organisme chargé de concevoir et
d’exécuter la politique de population.

25
3) Renforcement des capacités techniques et institutionnelles

La question du renforcement des capacités techniques et institutionnelles des agents chargés


de conduire les programmes et projets de politique de population est également
préoccupante d’autant plus que la faiblesse dans le suivi des actions entreprises dans le
domaine de population est imputable à l’absence d’une stratégie nationale de renforcement
des capacités en matière de suivi et d’évaluation de politiques publiques sociales.

Aussi convient-il de consolider les acquis par la poursuite du renforcement des acquis des
cadres formés à travers des sessions de recyclage périodiques et des formations
complémentaires afin de créer une véritable expertise nationale 31. En appuyant le
Gouvernement ivoirien dans la mise en œuvre du projet « Renforcement des capacités,
développement de partenariat, suivi e évaluation », l’UNFPA contribue à fournir les
compétences nécessaires à la conduite du plan d’actions de la politique de population.

4) Production de données démographiques fiables

Les nouvelles visions du Gouvernement qui vont intégrer dans sa politique de population, les
effets collatéraux de la crise politico militaire sur la situation démographique du pays,
nécessitent une base de données renouvelées. La démarche entreprise par l’Institut National
de la Statistique (INS) de réaliser le recensement général de la population en 2008, avec
l’appui technique et financier de l’UNFPA, est à encourager dans la mesure où elle permettra
de disposer de données pour analyser l’évolution démographique de la Côte d’Ivoire et
d’envisager ses perspectives en la matière.

31
Cf. Essan Kodia V, Welfens-Ekra C et Kouao-Kouassi Jeanne [2002], p. 91.

26
VII- Références bibliographiques
Anoh Amoakon [2005] : Evaluation à mi-parcours du programme de coopération Côte
d’Ivoire UNFPA 2003-2007 : Rapport sectoriel, relatif au sous-programme « stratégie en
population, développement et genre (SPD), Rapport de consultance, Abidjan, Novembre ;

Bureau National de Population [2005] : Rapport annuel d’activités 2005, Abidjan, 26


Octobre ;

Cabinet du Premier Ministre/Ministère de la Planification du Développement [2003] :


Document de stratégie de réduction de la pauvreté : Croissance, développement, création de
richesse et réduction de la pauvreté 2003-200 7, Draft 2, Mai ;

Cabinet du Premier Ministre/Ministère du Plan et du Développement [2002] : Programme


National d’Actions en matière de population 2002-2006 , BUNAP ;

Djeha Djokouéhi [2005] : Evaluation à mi-parcours du programme de coopération Côte


d’Ivoire-UNFPA 2003-2007 : Rapport sectoriel relatif aux actions de lutte contre les
IST/VIH/SIDA du sous-programme Santé de la Reproduction, Novembre ;

Direction Générale de la Population et du Renforcement des Capacités [2006] : Evaluation à


mi-parcours du programme de coopération Côte d’Ivoire UNFPA 2003-2007 , Rapport de
synthèse, Abidjan, Mai ;

Essan Kodia V, Welfens-Ekra C, Kouao-Kouassi J [2002] : Evaluation de l’appui du FNUAP au


développement de la capacité nationale en Santé de la Reproduction, Population et
Développement, FNUAP, Mars ;

INS [2004] : Recensement de la Population et de l’Habitat 1998 , Rapport final ;

INS [2006] : Rapport annuel 2006, Novembre ;

Ministère délégué auprès du Premier Ministre chargé du Plan et du Développement industriel


[1997] : Déclaration de Politique Nationale de Population , Mars ;

Kouadio Benié Marcel [2005] : « Analyse de la pauvreté des chômeurs de longue durée en
Côte d’Ivoire », in Economie Appliquée, tome LVIII, n°3, pp 105-127 ;

Ministère délégué auprès du Premier Ministre chargé du Plan et du Développement industriel


[1997] : Décret n° 97-438 du 31 juillet 1997 portant création, attribution et organisation du
Conseil National de Population (CONAPO) et du Bureau National de Population (BUNAP),
Abidjan, 31 Juillet ;

Ministère du Plan et du Développement [2006] : Population et Développement : Défis et


Perspectives, UNFPA, Août ;

Ministère de la Solidarité et des Victimes de Guerre [2007] : Conditions de vie des personnes
déplacées et des familles d’accueil en zone gouvernementale : résultats de l’enquête, UNFPA,
Janvier ;

Nations Unies [2002] : Conseil d’Administration du Programme des Nations Unies pour le
Développement et du Fonds des Nations Unies pour la Population , session annuelle ;

27
UNDP [2004] : Cohésion Sociale et Reconstruction Nationale , Rapport national sur le
développement humain en Côte d’Ivoire ;

UNFPA/Ministère d’Etat, Ministère du Plan et du Développement [2006] : Accord de projet


entre le Ministère d’Etat, Ministre du Plan et du Développement et le Fonds des Nations
Unies pour la Population ;

VII- Annexe : Termes de référence

28
Table des matières

I- Introduction.............................................................................................................................1
A- Contexte et objectifs de la mission d’évaluation...............................................................1
B- Méthodologie de la mission d’évaluation..........................................................................2
II- Description de la Politique Nationale de Population et du Programme National d’Actions
en matière de population.............................................................................................................3
A. Politique Nationale de Population (PNP)...........................................................................3
1) Fondements et principes de la politique nationale de population...................................3
2) Situation en matière de population et développement....................................................3
3) Problèmes de population................................................................................................4
4) Objectifs de la politique nationale de population...........................................................4
5) Stratégies et principales actions de la politique nationale de population.......................4
6) Cadre institutionnel pour la mise en œuvre de la politique nationale de population......5
B. Programme National d’Actions en matière de population.................................................6
1). Situation en matière de population et développement............................................6
2). Bilan diagnostic des activités en matière de population et développement............6
3). Lien entre la Déclaration de la Politique Nationale de Population et le Programme
National d’Actions en matière de population.....................................................................7
4) Sous-programmes du Programme National d’Actions en matière de population..........9
5) Mécanismes de coordination, de suivi et d’évaluation des actions..............................10
III- Analyse de la pertinence et de la cohérence de la Politique Nationale de Population.......10
A- Analyse de la pertinence de la Politique Nationale de Population..................................10
B- Analyse de la cohérence...................................................................................................12
1) Cohérence interne des objectifs....................................................................................12
2) Adéquation objectifs-moyens de la Politique Nationale de Population (PNP)............12
IV- Analyse des résultats de la Politique Nationale de Population et du Programme National
d’Actions en matière de population..........................................................................................13
A- Objectifs de maîtrise de la croissance naturelle de la population et des mouvements
migratoires............................................................................................................................14
B- Objectifs de valorisation de la famille et du statut des femmes et des jeunes.................15
C- Objectif de développement des capacités de conception et de gestion des programmes 17
V- Environnement de la mise en œuvre de la Politique Nationale de Population et du
Programme National d’Actions................................................................................................19
A- Facteurs favorables à l’exécution du Programme National d’Actions............................19
1) Cadre politique et institutionnel...................................................................................19
2) Expertise nationale et base de données.........................................................................20
3) Instituts universitaires de formation et de recherche....................................................20
4) Coopération internationale multilatérale et bilatérale..................................................21
B- Contraintes à la mise en œuvre du Programme National d’Activités en matière de
population.............................................................................................................................21
1) Crise politico militaire..................................................................................................21
2) Insuffisance de compétences au niveau du suivi/évaluation des politiques en matière
de population.....................................................................................................................22
3) Déficit de personnes qualifiées pour l’exécution des programmes et projets..............22
VI- Leçons apprises et principales recommandations..............................................................23
A- Leçons apprises................................................................................................................23
1) Champ de la politique nationale de population............................................................23
2) Multitude de centres de décision..................................................................................23

29
3) Disponibilité de compétences et de données socio-démographiques...........................24
4) Environnement institutionnel et politique....................................................................24
5) Actualisation de la politique nationale de population et son Programme d’Actions....24
B- Principales recommandations..........................................................................................25
1) Restriction du champ de la politique de population.....................................................25
2) Synergie d’actions des différents départements ministériels........................................25
3) Renforcement des capacités techniques et institutionnelles.........................................26
4) Production de données démographiques fiables...........................................................26
VII- Références bibliographiques.............................................................................................27
VII- Annexe : Termes de référence...........................................................................................28

30

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