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GASTON Bees (CEST ON CANE al ATOUT@ TROIS AMES. [CISEADX /FOINGEN UNE FA Gaston, c'est un chercheur. Tenez, par exemple, il a décidé de tendre une ficelle centre la fenéire de son bureau ,et celle d'un autre bureau, situé au sixiéme étage de autre c0té de li rue. Ne nous deman dez pas le but de lopération: Gaston a ses raisons que la raison ignore. Bref, il a ‘obtenu a coopération de Jules. le gargon de bureau de chez Smith, dont les fené- tres font face & la sienne, et par signaux ‘optiques ainsi que par de longues conver- sations fenétres ouvertes (ce qui n'est pas NE DITES PAS fe bateau coule dans l'eau MAIS. DITES: eau coule dans fe bateau RESARDE: ERAT ON j LIME A ONGLES , fait pour réchauffer Vatmosphére du bu. eau), il a dei Jules de laisser tomber sur le trottoir une pelote de ficelle dont le bout serait solidement ‘attaché & un meuble de chez Smith. Puis, Sous un prétexte (vraiment tres) quelcon que, Gaston est descendu dans lar ramassé la pelote ef est remonté & son bureau en dévidant la ficelle derrigre lui Evidemment, sans réfléchir, il est remon- 16 par Pascenseur. A tout hasard, nous signalons au chef du bureau de M. Jules-de-chez-Smith-en- face que s'il désire retrouver une machine 4 crite” Remington Noiseless, modele 1935, récemment évadée, il peut la re prendre chez le concierge des Editions Dupuis, il ia capturée au moment od lle traversait notre hall au bout dune ficelle. Crest solide, ces machines-la. AHS A EU LA FESSE a ee Bee. CIGAILEE . POINCONNEE, ise eee wv Plus @’une corde & son arc Nouvelle tentative de Gaston pour teridre une ficelle jusqu’au sixiéme éta- ge en face: il a demandé & Jules drouvrir sa fenétre bien grande, et zou ! 11 a envoyé une fléche avec Ia ficelle au bout La fiche est partie avec toute Ia pelote de ficelle, et comme Gaston n'avait pas és bien visé, elle est allée se ficher dans la cargaison d'un camion découvert qui passait juste & ce _mo- ment-ld. La pelote de ficelle, se débobi: rhant peu & peu, s'est enroulée au po- teau qui se trouve au coin de la rue. De notre fenétre, nous avons pu enten- ‘dre Fagent de police s’étonner de voir un hareng (oui, c’était le camion d'une poisonnerie) attaché & un poteau : — Quel est l'imbécile qui péche le hareng au harpon et laisse trainer ses prises sur la chaussée ? Lessai suivant n'a pas été -plus fruce tueux: la fléche, alourdie par la ficelle, a crevé la vitre d'un-appartement situé plus bas, & gauche, que chez Smith. Le ocataire, un boxeur, n'a eu qu’ stivre du regard la corde pour voir d’ot venait Ie projectile. Il est venu deman- der quelques explications, et comme Gaston avait dO sortir pour une course urgente, c'est Fantasio qui I'a recu. Ca coil trés cher, une vitre chez un mi-lourd. Proceés-Verbal Nous soussignés, Longtarin, Joseph, Brigadier, et Lebeausul, Francois agent de’ police, signaions ies faits suivants : ce jour, vers 15 heures 33, circulant & bord de bicyclettes de mod@le réglementaire, notre attention fut attirée par le manége d'un particu- lier sis au milieu de la voie carrossa- ble et constituant un danger pour ta circulatio Interpellant l'individu, qui tenait a ta main les extrémités de deux corde! tes d'un diamétre approximatit de qua- tre millimetres, religes & des fenétres situées au sixiéme étage de deux immeubles riverains ot opposés & tere susdite, nous apprimes qu'il se nommait Lagatie, Gaston, employé de bureau. it nous donna comme motif de son attitude que, souhaitant relier par une ficelle la fenétre de son bureau et celle de l'immeuble d’en face, il avait demandé & un complice de laisser pendre le bout dune moitié de ia ficelle sur le sol, tandis que t'autre bout émanait de ‘son propre bureau. Le suspect ajouta qu'il allait rapid ment nouer les deux bouts de la ficelle et que" Le Brigadier intima Vordre d’évacuer la voi le plus rapidement possible aprés Vexécution de son projet et I'a ce qu'il reviendrait en personne aprés quelques minutes, afin de véritier si Vordre public n’était plus troublé par des piétons stationnant sur ta chaus- ¢¢ normalement réservée aux véhicu- tes. Nous (poursuivames) (poursuivirent) avons poursuivi notre tournée, ot apres un intervalle de quelques minu- {es, noire parcours repassant par la méme rue, nous avons constaté qu’el- fectivement le sieur Lagatte avait quit- 16 les lieux. Toutefois, au moment ot le Brigadier Longtarin passait avec sa bicyclette ficelle qui était tou- jours sur le sol et se dirigeait vers les fenétres ci-dessus, celle-ci se tendit brutalement, et la bicyclette portant le Brigadier s’éleva jusqu’é une hauteur Gvaluée & quatre metres. Parvenant & garder son équilibre et son sang-froid, le Brigadier se maintint en selle le temps sulfisant pour donner a I'indivi- du qui tendait inopportunément la fi- celle lordre de le redescendre de sa Périlleuse position. Matheureusement, solidité de la ticelle ne fut pas Sutfisante pour permettre \'exécution de cette directive, et celle-ci se rompit en son milieu, projetant sur le sol le Brigadier et son véhicule. Aidé par de bons rétiexes, le Briga- dier alterrit sans dommage apparent, ‘mais il se {era toutefois examiner par un médecin qualitié pour juger de la gravilé de ses contusions ; néanmoins il n’en est pas de méme de la bicy- clette, dont les roues ont été complé- tement voilées sous le choc. Le sieur Lagatfe, Gaston, a reconnu atre I'au- teur de la traction sur la cordelette en ces termes: “M/enfin! Vous étes bite, vous, de casser ma ficelle avec volre vélo juste quand je tire des- ere Lecture faite, persiste et signe, (Mlisibte). * VIENDREZ PAS FE DIRE QU'IL FAUT UN MOIS POUR RASER CEME VIEILLE CHEMINEE TOUTE BRANLANTE, mm ON NE TRAVAILE PAG, ICL MA NOUVEWE UBINE DEVeAIr ETRE COMMENCEE, “.. er QUOl 7QUOL 7 [ - HEHCOO ! wee / Cest wn Bouior / t { OW ATTEND UES \\. sreciaustes... a s by 7 MOI, JAIME RENTZER DE VACANCES PAR LE CHEMIN Des ECOuERS.., mm SSNY) Lettre ouverte AM.Demesmaeker Cher Monsieur Demesmaeker, La Rédaction de «Spirou » tout en- titre tient & vous présenter ses excuses les plus vives pour incident qui s'est déroulé hier. Quelques mots d'explica- tion permettront peut-étre de vous faire comprendre qu'il ne s’agit pas d'attenter ’a votre vie, comme vous le supposiez, ni de porter des déprédations volontai- res vos possessions. Voici ce qui s'est passg; un membre de notre personnel doté d'un certain esprit scientifique, ccherchait & tendre une corde & travers fa rue, & hauteur du sixitme étage. Cette corde tendue avait pour but, nous ne l'avons appris que plus tard, de Yaire circuler de menus objets jusqu’a la fenétre de M. Jules-de-chez-Smith, si- tugs en vis-a-vis. En effet, en soulevant tune extrémité de ta corde, on permet- trait A In force de gravitation «entra ner une poulie le long de la corde jusqu’a autre extrémité. Ce collabora- teur a done entrepris de faire circuler finsi une bouteille de limonade la coca et aul cola, suspendue a une piéce d'un jeu de construction, Malheureuse: IL NE FAUT PAS CONFONDRE sucer Son pouce et pousser son sus ‘ment, il avait compté sans le naeud qui se trouvait au milieu de la corde et qui a délogé la poulie au moment précis ol votre nouvelle voiture passait sous I'as- semblage. Nous avons diment chapitré ce collaborateur pour sa négligence, et pareil incident ne se reproduira pas. Il est bien entendu que les frais de répéra- tion du capot seront & la charge du journal. Nous espérons pouvoir compter sur votre bienveillance aprés les excuses {que nous vous avons faites et que nous réitérons jel, et nous souhaitons. vous faire reconsidérer Ia proposition que vous avez. proférée quant l'utilisation possible des contrats Nous restons, cher Monsieur Demes. maeker, bien humblement votres, Les Editions Dupt AHMici (LYENA, ‘De LomaRE., UJ (Pas race, DANS Ce PAYS... 7 DE TROUVER: ON CON ‘TeaNQuilie & VoMeRe Wn cal Rendons-lui_ ses mérites : Gaston est persévérant. Vous vous rappelez les dé- oires que lui a valus cette ficelle tendue entre Ia fendire de son bureau et celle de Jules-de-chez-Smith-en-face. Eh bien, il a remis ga, Avec l'aide de Jules, il a tendu & nouveau une longue ficelle a travers la rue, bravant la bise glacia- le. Car il gle a fendre la téte & Gaston. Mais il avait une nouvelle idée. Il a commencé par donner du mou a la ficelle, afin qu'elle pende en une courbe harmonieuse. Ensuite, armé d'une cafe- titre remplie au lavabo du petit vest re, il s'est mis a faire couler, lentement, patiemment, un filet d’eau sur la corde: lette. Jules, en face, faisait la_méme chose. a leur a pris toute Ia journée. A ‘cause de la fenéire ouverte, la Rédac-, tion a dé travailler en pardessus, lencre a gelé dans les stylos, les conversations téléphoniques étaient inaudibles tant nous claquions des dents. Mais nous laissions faire, nous voulions compren- dre. Et nous avons vu peu a peu l'objet prendre forme. A six heures du soir, un pont de glace, incongru, magnifique, festonné de centaines de stalactites de cristal, surplombait la rue & la hauteur du sixiéme étage. En bas, malgré le froid, des passants s‘attroupaient. nez rouge en V'air, étonnés par Vobjet bril- ant que deux artistes avaient patiem- ‘ment créé pour donner un air de féte & Ta rue, @ Malheureusement, Vouvrage d'art ne dura guére ; fatiguée par le poids de la glace, Ia ficelle se rompit exactement en son milieu. Et avec un tintement sinis tre et cristallin, les six fenétres situées sous celle de Gaston, les six fenétres situées sous celle de Jules, volérent en Gclats simultanément sous le chapelet des lourds morceaux de glace qui leur arrivaient A toute volée. Quelqu'un qui aur faire des commentaires farceurs ot il Gait question de AEE Nese Qu UNE GuITARs-joust ~Y WBIQUE ME FAI TOWOURS QUE VAI FAITE Pour MOU PNT N'VEU, ‘MOISELLE JEANNE... MAIS LE SON uM" cere MAL 1. VOULEZ-VOUS CENTENDRE =. —— SS a wa aan ois" ME PRETES TON MAGNETO. MAIS NON...1LA ENRE- A PLING PUISSANGE 7. IPHONE 7.. MON AMI GEORGES erore ae (aeilgemand CE SERA DON REALIGME SUPERSONIQUE / Dt => |” TNE bites pas kL ee ec 4adG 4 fhV Pompier bon ceil Grosse animation hier au coin de notre rue, Deux voitures de pompiers, sirénes mugissantes, bloquaient la circu- lation. Un cercle de combattants du feu, parmi lesquels se remarquait Ia silhouette imposante du capitaine Beau- coudeau, entourait un avertisseur d’in- cendie flanqué, d'une part, de Gaston, qui tenait un sapin assez fripé, et, autre part, du brigadier Longtarin, de la police locale. En tendant Toreille, nous plmes percevoir les explications du. brigadier Longtarin (aprés qu'un pompier soucieux d’économie eut arrété les sirénes) : CO stl — Je faisais ma ronde et, comme Whabitude, j'ouvrais ceil, lorsque sou- dain je regus dans celui-ci Ia pointe un conifére tenu par cet individu (le policier désignait-Gaston). Cherchant & confisquer cet objet dangereux, et a la suite d'un faux mouvement, j'ai tiré sur le pied en forme de croix, comme ceci, et engin a brisé la glace de Mavertis- seur d'incendie et s'est ensuite accroché & Ia poignée, comme ceci, ce qui fait que lorsque j'ai tiré, comme ceci. — Ne tirez pas, matheureux ! s'ex- clama le capitaine Beaucoudeau. U1 était matheureusement trop tard. Le brigadier avait tiré A nouveau la poignée. Nous pmes jouir du spectacle de trois nouvelles voitures de pompiers accourant & fond de train une minute et demie apres lappel. Nous avons vu Gaston s'éclipser diserétement le long du mur au moment ou un car de policiers, qui passaient par hasard, vin- rent en renfort du brigadier Longtarin, qui affrontait quelques dizaines de Pompiers, trés, trés mécontents. I y eut tun début de rixe entre les deux corps de défenseurs publics, pélerines et bi- tons blancs contre lances d'incendie et hhaches de sapeur, mais tout se calma bien vite. L'un des pompiers, en remon- tant en voiture, pestait toutefois Nous faire ga au moment od nous garnissons le sapin de la caserne ! FAITS DIVERS Incendie la caserne des pompiers : un court-circuit enflamme le sapin de Nod a Ia caserne Caporal-Glou, en absence des responsables. Dégits importants : dix-sept extincteurs et deux Pompes & incendie ont été la proie des flammes. La police compte ouvrir une enquéte. DiS, FANTASIO/ TD SAG, QUE a) TOUJOURS ETE ADROT FOUR LES MINIA- TURES... QUAND ON LE vorr D7IEI, ON JURERAIT QU IL Va Fale HIHANN POUR LA SES Bike Sees ‘CRECHE, Jal COMMENCE PAR LE PETIT ANE... ResABDE, come iL EST REDS / Le bruit quitue M. Boulier, comptable, al- sauter provenait du téléphone. appela ‘par le téléphone inté- de « Carmen ». En partie seu lait classer le dossier Ducran, Il bondit sur l'appareil, dé- rieur le bureau de Famtasio. lement, parce que laiguille Lapoigne & Cie lorsque sou- crocha et, trés en colére, dit Fantasio préparait un texte reste coincée au méme en- dain, dans son dos, retentit — — Quel est le stupide indi- lorsqu’un petit oiseau de bois droit: « Toréador prends ga lun Klaxon de camion poids vidu qui fait entendre des lui passa sous le nez en fai-aa-ador prends ga-a-a-ador lourd. M, Boulier se jeta A bruitsincongrus ? sant coucou, avant de rentrer — prends ga-a-avador...» plat ventre, mais cut le ré- A T'autre bout du fil, M. dans le support du téléphone. tiative, louable en soi, flexe de vérifier si la porte du Dupuis fut trés étonné. Etonné, il déerocha le cornet de Gaston a eu des répercus- coffre-fort était bien fermée, _M. Boulier, comme il le dit et entendit M. Boulier qui, sions sur la bonne marche du I put ainsi constater qu'il n'y luieméme, vest pas né de Ia d'un ton sec, appelait Gaston travail; lorsque le téléphone avait aucun véhicule dans son derniére pluie... I! devina im- dans son bureau. de V'atelier de typographic a Dureau et que le rauque mu- médiatement qu'il devait y Bien vite, la vérité s'est sonné comme un carillon issement qui avait fait sur- avoir du Gaston liedessous. i fait jour. Notre collaborateur Westminster, tous les ouvriers Gaston a Iu quelque part que sont partis en croyant qu'il la vie moderne est trop trépi- était six heures. Et Lebrac dante («Crest vrai, tu sais n'a pas apprécié le petit dia Fantasio, il parait que le ble & ressort jallissant du 1 bruit, ¢a tue 1+), et a rempla- léphone. Non que ca le saisis: ccé les stridemtes sonneries des se — il en a vu d'autres — téléphones par des bruits plus mais ga renverse & chaque mélodieux. Chez M’oiselle fois son pot d'enere de Chine. Jeanne le téléphone a été in- Bt lorsqu'un avion a fran. ‘eénicusement relié A un vieux chi le mur du son cet aprés phonographe qui lorsqu’on midi, tout le monde a déero- fappelle fait entendre un air ché en entendant le bang QUESst-cé QUE TU DIS?) DIS, INUTILE DE DERANGER PSN EGkeDe IN TROWE TIEN, VOUS ME FAITES: 4 PENSER KUN CERTAIN HAMLET...| [LINSTRUMENT er Bez uol POURQUO! 7IL AUN TRUG z NON, STON. POUR OUVRIR LES NOIX DE oe bs COCO TROP DURES Fi ‘SAIS PAS, MAIS ue LUI PAS SI DURE, CETTE NOK WIL VA PLUS DUP QUE CA... 4 mouaureau/ ) MON BUREAU ee ic !AND MALADROIT COMME VOUS, GASTON, ONNE SE MELE PAS DALLUMER, Lors d'une visite du capitaine Beau: coudeau, des Pompiers, & notre Réduc- tion, Gaston a trouvé spiritue! de faire tune grosse farce: il a profité dun instant d’inattention du Capitaine, qui dressait une liste des foyers possibles incendie, et a déclenché sous le bu- eau une de ces vieilles boites & fumée dont il a acheté une caisse emigre il y | quelques années. Une épaisse fumée Jaunitre a envahi ta piéce, et on a pu les réflexes professionnels du une voix forte et bien . ila enjoint aux personnes présentes de ne surtout pas perdre leur sang-froid, puis il a saisi une chaise et brisé une vitre. Aprés coup, Gaston a déclaré qu'on ‘ui avait toujours dit qu'une fenétre, g2 svouvre a Taide de Fespagnolette, mais que peut-étre (a-til perfidement insi- nué) les pompiers ont des accords avec les vitriers. Pour toute réponse, le Capitaine a ostensiblement maschandé avec le jovial poscur de vitres qu'il avait fait venir durgence, et qui assurait gouailleuse ‘ment qu’on voit rarement des hommes discuter avec autant de flamme.

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