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Rue Saint-André entre Rachel et Marie-Anne :

un projet concret qui questionne


la profondeur de l'engagement
exprimé dans le PDU du Plateau

Mémoire rédigé par Joseph Bellerose

Le PDU en cours de développement par l'administration Fotopulos semble à


première vue une démarche intéressante, qui s'inscrit dans un débat très actuel.
Nous sommes cependant plusieurs résidants de la rue Saint-André entre Rachel et
Marie-Anne à nous questionner sur la crédibilité à accorder à ce PDU. Tant les mots
que les icônes, avec la méchante voiture en rouge, semblent nous dire que
l'aménagement en fonction de l'automobile est chose du passé, mais nous faisons
sur notre section de rue face à un projet concret où nous nous en sentons en droit
de questionner ces prétentions.

L'administration en place nous a présenté un projet de réaménagement de notre


section de rue en février dernier, après des années de démarche de la part des
résidants, dont 3 pétitions depuis 1989 demandant l'élargissement des trottoirs et
l'ajout d'arbres, sur une rue à sens unique à la chaussée assez large actuellement
pour qu'une voiture dépasse un camion stationné en double sans avoir à ralentir.

Le projet qui nous a été présenté représente certes une amélioration. Les trottoirs
seront élargis, mais on ne sait toujours pas de combien, ni l'ingénieur ayant fait la
présentation et signé les plans, ni les élus depuis, n'ayant voulu répondre à cette
question précisément. Des arbres seront ajoutés, quoiqu'on ne sait pas à quelle
distance l'un de l'autre. On nous a d'abord parlé de 20 mètres, puis on est descendu
à 10 mètres suite aux mesures que nous avons nous-même prises dans les rues
autour. On nous depuis parlé de 12 et 15 mètres. Aux dernières nouvelles, nous en
serions à 43 arbres en tout, mais on ne sait à quelle distance les uns des autres.

Mais là où le bât blesse surtout, à part le fait qu'il n'y a jamais eu consultation des
résidants concernés, c'est dans la largeur à nos yeux excessive de la chaussée et les
raisons qu'on nous a donné pour justifier ce choix. Cela se fait évidemment au
détriment des trottoirs qui, croyait-on jusque là, allait retrouver la largeur qu'ils
avaient avant les années 70, soit avant qu'on réaménage cette belle rue en y
coupant tous les arbres et en réduisant les trottoirs à peau de chagrin au nom du
tout-à-l'auto de l'époque.

Selon le projet, la chaussée aura 8,8 mètres de large et aucun des deux trottoirs
n'atteindra une largeur de 3 mètres, ce qui est pourtant le cas pour les trottoirs des
deux côtés de la rue sur la plupart des rues autour, incluant Saint-André au nord de
Marie-Anne. Et on a la place pour le faire pour nos deux trottoirs sur notre rue.

En ce qui concerne la chaussée : si on enlève 2,2 mètres d'espace de stationnement


de chaque côté, ce qui est un standard généreux, une auto occupant moins que cela
en général, il reste 4,4 mètres de voie au centre. Assez large pour deux voitures
donc. Et c'est d'ailleurs la raison qu'on nous donne pour justifier cette largeur. On
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nous dit qu'un véhicule d'urgence doit pouvoir passer si une voiture est stationnée
en double. On leur répond que les gens ne stationnent pas en double dans les rues
où cela bloque la circulation. Et que le stationnement en double est illégal. De plus,
les propriétaires de ces voitures mal stationnées sur la voie publique sont souvent
coupables d'un autre délit, celui du moteur qui tourne au ralenti.

Les dos d'âne qu'on a ajouté dans le projet, après nous avoir d'abord dit qu'on n'en
mettait que dans les zones scolaires et près des parcs, représentent donc la seule
mesure d'apaisement de la circulation, les avancées de trottoirs laissant, comme le
reste de la rue, la chaussée à 4,4 mètres de large, soit toujours la possibilité de
stationnement en double ou de dépassement d'une voiture plus lente. Au détriment
des trottoirs, faut-il le répéter.

Place démesurée accordée à la voiture, pollution, trottoirs élargis mais peut-être


juste assez pour ajouter les fosses d'arbres, donc aucun élargissement réel pour les
piétons au bout du compte, absence de consultation, qui semble pourtant être un
des piliers du PDU... réussirons-nous à prendre ce train avec l'administration en
place, ou devrons-nous nous résigner à faire partie d'un projet sacrifié à une
réflexion tardive et déconnectée de la réalité des décisions qui se prennent au jour
le jour par nos élus dans les bureaux de l'arrondissement ?

Malgré ces critiques répétées, nous espérons toujours que l'administration Fotopulos
saura nous entendre et réviser le projet pour l'accorder aux visées exprimées dans
son Plan de déplacement urbain, tant en ce qui concerne l'aspect démocratique que
ceux de l'environnement et de la qualité de vie. Nous croyons que l'administration
qui présente ce PDU à la population a avec ce projet une excellente occasion de
démontrer que ce document ne représente pas qu'une opération de relations
publiques, mais un réel engagement pour la qualité de vie dans notre quartier.

Joseph Bellerose
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Voici quelques photos pour vous donner une idée de nos revendications.

La situation actuelle :

La rue Saint-André entre Rachel et Marie-Anne en ce moment

Assez large comme chaussée, n'est-ce pas ?


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Ce que nous demandons :

La même répartition entre chaussée et trottoirs


que sur la même rue Saint-André juste au nord de la rue Marie-Anne :

8,2 m. de chaussée, assez large pour une auto et un vélo

des trottoirs, ma foi... normaux et agréables


entre 3,05 et 3,5 m. chacun
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Ce dont nous avons un jour rêvé :

La rue Boyer, deux rues à l'est, refaite dans les années '90.
8 m. de chaussée, des trottoirs de plus de 3,5 m. chacun !
Remarquez bien : malgré une emprise totale (chaussée+trottoirs)
plus large que sur Saint-André, on a réussi à faire
une chaussée moins large que ce que nous osons maintenant demander.

Le résultat :
une rue très agréable, où les autos vont lentement,
et les piétons aussi prennent leur temps,
parce que c'est un bonheur d'y marcher.
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Ce que nous avons refusé qu'il soit fait sur notre rue
entre Duluth et Marie-Anne en l'an 2000

La rue Saint-André, entre Sherbrooke et Duluth, refaite en 1999.


Une chaussée de 11 mètres...

Malgré tout l'espace disponible, on a fait des trottoirs tout neufs


qui ont d'un côté 1,8 mètre, et de l'autre... 1,5 mètre !

Et bien sûr, il y a aussi des poteaux électriques,


il y a les soirs de vidange, les jours de recyclage...
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Et pour la suite :
La rue Saint-André, entre Duluth et Rachel,
dont la date des travaux n'est pas encore déterminée.

Mais pour laquelle le plan d'aménagement qu'on nous a présenté


en comité restreint le 1er novembre 2007 prévoit un élargissement
du trottoir du côté ouest pour le laisser à moins de 3 mètres.

Et du côté est, il est prévu que le trottoir reste comme il est,


soit 2 mètres de large :

Oui, vous avez bien vu.


Il s'agit d'un trottoir condamné l'hiver.
Carrément. Trop étroit pour les déneigeuses.
La saillie prévue au coin de Rachel
règlera peut-être une partie du problème,
vis-à-vis la borne-fontaine, mais le banc de neige plus
loin devrait se revoir à chaque hiver.

Cette dame âgée devra donc


continuer de passer dans la rue.
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Copie du texte de la lettre déposée au conseil d'arrondissement

Devant l'absence de consultation des résidants par l'administration en place, les


résidants de la rue Saint-André entre Rachel et Marie-Anne ont décidé de se
consulter eux-même. Près d'une vingtaine d'entre eux se sont rencontrés le 1er avril
dans un café du quartier pour discuter du projet qui leur a été présenté. Ils en sont
venus à un consensus sur le texte qui suit. Jusqu'à date, 76 résidants, sur un total
de 127 adresses civiques, ont signé ce texte qui a été déposé au conseil
d'arrondissement du Plateau Mont-Royal en avril et mai dernier.

Après plus de 10 ans de revendications citoyennes, le projet de réaménagement de


la rue Saint-André arrive à terme avec les travaux prévus cet été. Nous restons
insatisfaits de la largeur de la chaussée proposée versus celle des trottoirs, de
même que des explications données par l'Arrondissement pour ce choix.

Voici donc, encore une fois, les demandes qui sont les nôtres depuis des années.

Nous demandons que le projet soit ajusté sur les points suivants :

• la largeur de la chaussée et des trottoirs doit correspondre à ce qui existe sur


la même rue Saint-André entre Marie-Anne et Mont-Royal, soit une chaussée
de 8,2 mètres de large et des trottoirs entre 3,05 et 3,5 mètres de large
chacun (les trottoirs pourraient avoir tous les deux une même largeur de 3,25
ou 3,30 mètres). C'est ce qui existait avant les années '70 et c'est un
minimum ;

• les dos d'âne, après discussion, font consensus : nous n'en voulons pas sur
notre section de rue, puisqu'il s'agit d'une mesure de réduction de la vitesse
qui est compensatoire par rapport à la première et la plus naturelle, qui est la
largeur même de la chaussée ;

• La distance entre les arbres doit être de 10 mètres, avec possiblement une
variante pour cause de présence de tuyaux ou autre en sous-sol, mais cette
variante ne devrait pas dépasser 12 mètres.

Nos arguments sont que :

• une chaussée offrant deux voies de circulation de large sur une rue à sens
unique en 2008 va à l'encontre du bon sens, alors qu'on ne parle que
d'apaisement de la circulation, de problèmes d'environnement et de pollution
;

• des trottoirs plus larges invitent à la marche et favorisent ainsi les


déplacements actifs dans le quartier, dont les courses au quotidien pour
l'épicerie et autres achats, ce qui se fait au profit des petits commerces à
proximité et au détriment des grandes surfaces en dehors de notre quartier ;

• le stationnement en double est illégal, mais la rue, telle que proposée, est
une invitation à se stationner en double. De plus, l'occasion est belle
lorsqu'on se stationne en double de laisser tourner le moteur, une autre
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opération devenue récemment illégale. Nous croyons que la configuration
d'une rue doit lancer le même message que les lois ;

• lors du lancement du Portrait et diagnostic des déplacements dans le Plateau


par l'arrondissement le 26 février dernier, l'administration actuellement au
pouvoir dit démarrer un processus de réappropriation progressive «et
inéluctable» de l'espace public de l'arrondissement par les piétons, les
cyclistes et les adeptes du transport en commun au détriment des véhicules à
moteur (1). Elle parle aussi de simplicité véhiculaire, un concept bien
séduisant, mais qui doit vouloir dire quelque chose au quotidien. Nous ne
demandons donc qu'un ajustement au projet Saint-André afin qu'il
corresponde tant à la volonté exprimée dans ce premier volet du Plan de
déplacement urbain (PDU) du Plateau Mont-Royal qu'à celle exprimée par les
citoyens préoccupés d'environnement et de qualité de vie dans notre quartier
et dans la ville en général. La largeur de chaussée que nous demandons offre
suffisamment de place pour qu'une voiture et un vélo puissent circuler. En
effet, si on retire la largeur des stationnements de chaque côté, qui sont
calculés à chacun 2,2 mètres (ce qui est généreux, les voitures occupant
moins que cela en général), il reste 3,8 mètres pour la circulation. Une
voiture occupant 2 mètres et un vélo 1 mètre, ceux-ci peuvent partager la
chaussée ;

• les trottoirs proposés ne règlent pas le problème de déneigement devant


certaines résidences, dont l'une a vu ses marches arrachées au début de
l'hiver par la chenillette, cette dernière ayant par le suite complètement
arrêté de faire le déneigement devant celle-ci après deux ou trois chutes de
neige, l'espace étant trop étroit pour qu'elle puisse passer. Le trottoir n'est
donc plus déneigé à cet endroit depuis décembre, et c'est comme ça à chaque
année, ce n'est pas une situation particulière à l'hiver difficile que nous
venons de connaître ;

• concernant les dos d'âne : il semble qu'on les retire en ce moment dans
plusieurs pays d'Europe parce qu'ils sont sources de bruit et de pollution, dû
au ralentissement opéré par les automobilistes devant eux, ralentissement
qui est suivi d'une accélération une fois passé l'obstacle.

Pour toutes ces raisons, et nous en faisons principalement une question de qualité
de vie et d'environnement, nous demandons à l'Arrondissement de réviser le projet
présenté aux citoyens le 19 février dernier.

1 -Éric Clément, Cyberpresse, 27/02/08

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