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JOURNAL ASIATIQUE RECUEIL DE MEMOIRES ET DE NOTICES RELATIFS AUX ETUDES ORIENTALES - PUBLHE PAR LA SOCIETE ASIATIQUE — ONZIEME SERIE TOME VIII PARIS IMPRIMERIE NATIONALE ERNEST LEROUX, EDITEUR, RUE BONAPARTE, 28 MDCCCCXVI JOURNAL ASIATIQU JUILLET-AOUT 1916. LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI, PAR SYLVAIN LEVI ET EDOUARD CHAVANNES. , (PREMIER ARTICLE.) ——— I. LA RELATION DE NANDIMITRA. Parmi les traductions dues 4 Hiuan-tsang, on rencontre un ouvrage de peu d’étendue, le Ta A-lo-han Nan-t'i-mi-to-lo 20 chouo {a tchou ki « Relation surla Durée de la Loi énoneée parle grand Arhat Nandimitra ». Dans un article intitulé The Eighteen Lohans of Chinese Buddhist Temples, paru dans le Journal of the Royal Asiatic Society en 1898, Pp 329-347, Watters avait signalé a Vattention, mais sans poser dans toute leur précision ou toute leur. étendue les problémes que souléve ce texte. La «Relation sur 1a Durée de la Loi> nous présente en effet le premier essai de clessification du canon mahayaniste. Si le canon du Hinayana a été disposé de bonne heure sur un plan stable et permanent, tel que nous le retrouvons aujourd’hui encore, le canon du Mahayana n’a jamais regu un arrangement définitif; ordre des textes varie 4 Vinfini dans les diverses _ éditions chinoises et dans |’édition tibétaine du Kandjour. D’autre part, nous voyons paraitre pour la premire fois dans ce texte le groupe des seize Arhat, qui est inconnu a !'Inde propre, et quia pris dans la religion populaire de V'Extréme-Orient une 6 JVILLET-AOUT 1916. place trés importante. Avant d’étudier ces deux questions, nous donnons la traduction intégrale de cet opuscule. RELATION SUR LA DUREE DE LA LOI, ENONCEE PAR LE GRAND ARIAT NANDIMITRA A” PE HE ES ER HE HER ‘raaport(!) sun ORDRE IMPERIAL PAR HIVAN-TSANG, MAITRE DE.LA LOI DES TROIS RECUBILS, ‘h DEPOQUE DE LA GRANDE DYNASTIE TANG. Voici ce que rapporte la tradition. Dans les huit cents années‘ qui suivirent le Parinirvina du Bouddha Bhagavat , dans Ja capitale de Cheng-kiun (xarmée vietorieuse >) iF HE, roi du foyaume de Tehe-che teu #& 6 $F (Celui qui a pris le lion = Ceylan), il y avait un arhat nommé Nan-t'i-mi-to-lo (Nan- dimitra) [en chinois on traduit : King-yeou M@ 2¢ «ami réjouis- sant]. Il avait au complet les buit Délivrances™ A (vimukti), les trois Sciences = Bi (vidya), les six Pénétra- tions 74 38 (abbijiia), Pabsence de contestation 3 a# (arana), la connaissance de vou Bi 48 (pranidhijfiana), et Vextase de limite BE 3 (prantasamadhi). Tous les mérites innom- brables, illes possédait en totalité. I! avait une grande puissance spirituelle; sa renommée était haute et répandue. Par Ja force de 1a Connaissance du veeu, il pouvait connaitre les sentiments et les actes de toute sorte de tous les tres vivants (sattva) qui sonten ce monde. En outre il pouvait d'une manidre favorable (prati- patti) produire toutes sortes davantages. Ses transformations () Bd. Tokyo, XXIV, 8, 30%3a°. — Nanj., 1466, © La formule initiale montre qu'il ne s'agit pas d'un siitra, mais d'une simple tradition; elle correspond au sanserit : eras yathanuérayate. © A partir dici, le texte du Fa tchou ki est reproduit par le Fa yuan tchow lin (Tak., XXXVI, 6, 105-103; chap, 30) jusqu’a lendroit sigaalé plus bas, p14, n.1. © Pour ces divers termes techniques, voir Mahdyanastirdlankars, VII, 9. x LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. 7 et ses causes étant terminées, il allait entrer dans le Parini- vana. Il rassembla tous les bhiksu et les bhiksuni. Ii leur exposa tous les mérites merveilleux qu'il avait attestés (abhisa- maya) en sa personne, et ce qu'il avait accompli en correspon- dance pour le bénéfice et 1a joie des étres vivants; tous les actes supérieurs, il les avait réalisés. Il dit & l’assemblée de ce temps : «Dorénavant, je ne ferai plus rien; vous n’aurez donc plus aucun appui ob vous réfugier. Vous, gens de bien, il vous faut savoir que, si vous avez quelque doute, vous devez m’in- terroger. » Quand Ja grande as assemblée eut entendu ces paroles, élevant la voix ils se lamentérent; ils ne purent plus se retenir et se tordirent sur le sol. L’un d’entre eux prit la parole pour dire : «Le Bouddha Bhagavat depuis longtemps est entré dans le Nirvana; les cing disciples, eux aussi, aprés lui se sont éteints; le monde est vide depuis longtemps, et il n'y a plus de vrai directeur. Maintenant il n’y a que vous, le vénérable, qui étes Yoel des deva et des hommes. Comment vous 4 votre tour vou- lez-vous nous abandonner? Nous souhaitons que vous fassiez descendre votre pitié et que vous fassiez encore durer quelque peu votre vie.» Le vénérable Nandimitra consola la multitude en ces termes : «Il ne faut pas que vous pleuriez; gens de bien, sachez que dans ce monde c’est 1a rdgle que tout ce qui est né doit s‘éteindre. Les Bouddhas Tathagata, quoique vainqueurs des Quatre Démons" et maftres de fixer leur longévité, cependant, ©) Les quatre mara Jl] JR sont (d'apris le Yu kia che ti Joven, eb. XXIX, ité par le Dictionnaire numénique }i-tsie king-fa-chow, ch. XX) : 1° Skan- dhemara 9§ A, cest-d-dire le mira qui consiste dans l'agrégat des cing skandha en tant quils réalisent la loi de naisance et de mort; a* Kiesa mire 38 Hi] IR, cest-adire le mira qui consiste dans ies troubles des passions en tant qu’elies empéchent le cur de réaliser Ja Bodhi; 3° Marana mira JE MR. Cesvidire ia mort prématurée en tant quielle empéche Thomme de prolonger sa destinge de sageme; 4° Deva[putra] mara K J cest-edire 8 JUILLET-AOUT 1916. parce qu’ils se sont conformés au monde, ont manifesté le Nir- vana. A combien plus forte raison, maintenant, comment con- viendrait-il que je demeure d'une maniére permanente? A sup- poser que je me conforme & votre demande, il n’en résulterait ailleurs aucun profit. Il vous faut réaliser cette pensée ét ne pasen concevoir de chagrin. Mais, si vous avez quelque doute, il yous faut promptement m’interroger. » Les bhiksn, quoique ayant recu cet avertissement, redou- blérent cependant leurs pleurs et leurs sanglots. Au bout d'un temps assez long ils demandérent : « Nous ne savons pas encore combien de temps doit durer la Loi correcte sans supérieure du Bhagavat Sakyamni. » Le Vénérable leur dit : «Ecoutez attentivement. Le Tatha- gata auparavant déja a prononcé le texte sacré $& (sitra) concernant la durée de la Loi, Maintenant je l'exposerai de nouveau briévement en votre faveur. Le Bouddha Bhagavat au moment de son Parinirvana aconfié la Loi sans supérieure a seize grands Arbhat et 4 leur entourage, en leur ordonnant de la protéger de fagon 4 ce qu'elle ne fat pas détruite. Il leur or- donna de faire en personne et avec les bienfaiteurs # i = (danapati) un véritable champ de bonheur #§ H (punya Je diew qui régne sur le dixiéme ciel du monde des désirs (kamadhatu), au- trement dit le souverain des Paranirmita-deva 46, 46, 7 ZE Ki Cest lui qui Sloppose aux efforts des hommes de bien. La liste donnée par Childers (2. v. (=skandh .) comprend aussi le khandamiro le kilesamaro (=klesa’), le devaputtai vaputr. it au troisiéme rang I'ab lien du maranamar; leurs le maranamara figure dans une autre liste de trois mara donnée également par Childers. (Le Tripitaka chinois (Tok., XII, 10, p. 114-116") contient en effet un satra intitulé Sutra prononeé par le Bouddha avant d’entrer dans le Nirvana tou- chant la durce de la Loi fit fi 19 AB BB 3 fE $F (Nanj., 123), La tra- duction chinoise de ce texte est également due a Hiuan-tsang. Il ne s'y ren- contre aucune mention des seize Arhat; c'est une prophétie trés vague fondée sur ta doctrine du millénaire et qui sait les destinées de Ia Loi siéele par sidele. LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. 9 ksetra), de fagon a ce que ces bienfaiteurs obtinssent la ré- compense du grand fruit.» Quand la grande assemblée eut entendu ces paroles, elle se reldcha un peu de son affliction; elle demanda derechef : «Les seize grands Arhat dont vous avez parlé, nous ne savons pas quels sont leurs noms. » Nandimitra répondit : «Le premier Vénérable se nomme Pin-tou-lo-pa-lo-to-ch6" (Pindola Bharadvaja). Le second Vénée rable se nomme Kia-no-kia-fa-ts’o (Kanakavatsa). Le troisiéme Vénérable se nomme Kia-no-kia-pa-li-to-chd (Kanaka-pari- dhvaja?). Le quatritme Vénérable se nomme Sou-p'in-t’o (Su- binda?). Le cinquiéme Vénérable se nomme Na-kiu-lo (Naku- la). Le sixitme Vénérable se nomme Pa-to-lo (Bhadra). Le septiéme Vénérable se nomme Kia-li-kia (Kalika). Le huititme Vénérable se nomme Fa-ché-lo-fou-to-lo (Vajraputra). Le neuvitme Vénérable se nomme Chou-po-kia (Gvapaka). Le dixitme Vénérable se nomme Pan-t’o-kia (Panthaka). Le on- zidme Vénérable se nomme Lo-hou-lo (Rahula). Le douzitme Vénérable se nomme Na-K’ia-si-na (Nagasena). Le treiziéme Vénérable se nomme Yin-kie-t’o (Iigada?). Le quatorziéme, Vénérable se nomme Fa-na-p’o-sseu (Vanavasi). Le quinziéme Vénérable se nomme A-che-to (Ajita). Le seizitme Véné- rable se nomme Tchou-tch’a-pan-t’o-kia (Cadapanthaka). Ces seize grands Arhat que voila posstdent au complet les mérites illimités qui sont es trois Sciences, les six Pénétrations, les huit Délivrances, ete.; ils se sont affranchis des trois souillures des trois domaines (dhatu); ils récitent et posstdent les trois Recueils; ils ont des connaissances vastes et profondes sur les rogles étrangires & la religion. Parce quills ont regu Je mandat du Bouddha, grace & 1a force de leurs Pénétrations surnatu- relles, ils ont prolongé la durée de leur propre longévité. Et © On troavera les formes chinoises de cos noms dans Ia liste donnée & V'Appendice 1. . ~ 10 JUILLET-AODT 1916. aussi longtemps que devait durer la Loi correcte du Bhagavat, constamment aprés lui ils Yont protégée et maintenue. Puis avec les bienfaiteurs, ils ont fait un véritable champ de bonheur de facon & ce que ces bienfaiteurs obtinssent la récompense du grand fruit.» ; Alors les bhiksu et les bhiksuni demandérent derechef : s Nous ne savons pas en quel endroit demeuraient généralement les seize Vénérables, gardant et maintenant la vraie Loi et se ren- dant utiles aux étres vivants. » Nandimitra répondit : «Le premier Véntrable, avec son entourage de mille Arhat, le plus souvent a sa résidence par- ticulidre dans le continent Kiu-t’o-ni" occidental (Apara-godani). Le deuxiéme Vénérable, avec son entourage de cing cents Arhat, le plus souvent a sa résidence particulitre dans le royaume de Kia-cha-mi-lo (Késmira) de la région du Nord. Le troisitme Vénérable, avec son entourage de six cents Arhat, le plus souvent a sa résidence dans le continent Cheng-chen («victorieux corps) oriental (Parva-Videha). Le quatritme Vénérable, avec son entourage de sept cents Arhat, le plus souvent a sa résidence dans le continent Kiu-lou septentrional (Uttara-Kuru). Le cinquime vénérable, avec son entourage de huit cents Arhat, Je plus souvent a sa résidence dans{e continent Tchan-pou (Jam- budvipa) méridional. Le sixitme Vénérable, avec son entourage de neuf cents Arhat, le plus souvent a sa résidence dans le continent Tan-mo-lo (Tamra). Le septiéme Vénérable, avec son entourage de mille Arhat, le plus souvent a sa résidence dans le continent de Seng-K’ie-tch’a (Sarnghata). Le huititme Véné- rable, avec son entourage de onze cents Arhat, le plus souvent a sa résidence dans le continent de Po-la-na (Parana?). Le neu- vidme Vénérable, avec son entourage de neuf cents Arhat, le plus souvent a sa résidence dans la montagne Hiang-tsouei On trouvera les formes chinoises de ces noms de lieu 4 !’Appendice | , liste 1. LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. © ct («parfum-enivré » Gandhamadana). Le dixitme Vénérable, avec son entourage de treize cents Arhat; le plus gouvent a sa résidence dans le ciel des Trente-trois (Trayastrithsa). Le on- zigme Vénérable, avec son entourage de onze cents Arhat, le plus souvent a sa résidence dans le continent de Pi-li-yang-kiu (Priyaigu). Le douzisme Vénérable, avec son entourage de douze cents Arhat, le plus souvent a sa résidence dans la mon- tagne Pan-tou-po («moiti¢-traverser-vague> Potalaka?). Le treiziéme Vénérable, avec son entourage de treize cents Arhat, Ie plus souvent a sa résidence dans la montagne Kouang-hie («vaste-cbte» Vipulaparsva). Le quatorzitme Vénérable, avec son entourage de quatorze cents Arhat, Je plus souvent a sa résidence dans la montagne K’o-tchou (s pouvoir-résider » Vatsa?)|Le quinzitme Vénérable, avec son entourage de quinze cents Arhat, le plus souvent demeure dans la montagne Tsieou-fong («cime du vautour» Grdhrakita). Le seizitme Vénérable, avec son entourage de seize cents Arhat, le plus souvent a sa résidence dans la montagne Tch’e-tchou (« tenir- essieu» Nemindhara). Vous tous, gens de bien, si dans ce monde les rois des pays, jes conseillers, les grands ministres, les notables, les maitres de maison, les hommes aussi bien que les femmes, concoivent une pure pensée de bonheur, et si en faveur des religieux des quatre points cardinaux ils ins- tituent de grandes assemblées de bienfaisance), soit qu’ils établissent des assemblées wou tché (=mokga)") de bien- faisance quinquennales, soit qu’ils établissent de grandes assemblées de bienfaisance ol I’on pavoise les temples ou les statues ou les livres saints, soit quiils établissent de grandes assemblées productrices de bonheur en invitant les moines & venir dans le lieu ot ils demeurent, soit qu’ils se rendent eux- mémes dans les temples, dans Jes lieux ob l'on fait la prome- © U faut lire 1 BK Me fe CE. la note infra, p. a. 12 JUILLET-AOUT 1916. nade religieuse (caikramana) pour y déposer en offrandes 4 ja communauté des religieux des articles excellents tels que sidges, couches, vétements, remédes, boissons, aliments; & ces moments-la, ces seize grands Arhat et tout leur entourage suivant Ja répartition de leurs richesses respectives se rendent en celieu, ils y manifestent sous toutes sortes d’aspects leurs saintes atti- tudes (iry4patha) [quien temps ordinaire restent] cachées. Avec Yassemblée ordinaire, ils recoivent secrétement les offrandes et font ainsi que les donateurs obtiennent la récompense du fruit triomphant. C'est ainsi que ces seize grands Arhat protdgent et maintiennent 1a Loi correcte (saddharma) et sont profi- tables aux étres vivants. Quand la vie des hommes dans ce Jambudvipa méridional est arrivée & son extréme bridveté et que son terme est de dix ans, les violences des glaives et des armes de guerre se produisent et on s‘entretue; A ce moment fa loi du Bouddha doit soudain disparaitre. Apres les violences des glaives et des armes de guerre, 1a longévité des hommes graduellement augmente et arrive jusqu’a cent ans"), Alors les hommes sont las des mistres et des maux produits auparavant par les glaives et les armes de guerre et de nouveau ils se plaisent 4 faire le bien. En ce temps, ces seize grands Arhat avec leur entourage reviennent de nouveau parmi les hommes; ils proclament et expliquent clairement 1a Loi correcte sans supérieure; ils sauvent la multitude innombrable et la font sortir du monde. En faveur de tous les étres vivants, ils accomplissent des actes profitables. De fa sorte on arrive 4 l’époque oli les gens de ce continent ont une longévité de soixante mille années. La Loi correcte sans supérieure se propage dans le monde, elle res- plendit sans cesse. Puis on arrive & une époque ott les hommes ont une fongévité de soixante-dix mille années : alors 1a.Loi correcte sans supérieure s’éteint pour toujours. A ce moment, ©) Lises: 33 #R FB BML. en substituant HS a fi et en modifiant ta place da mot, . LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. 13 ces seize grands Arhat et leur entourage sur le sol de ce con- tinent viennent tous se réunir; par leur force de Pénétration surnaturelle, ils emploient les sept joyaux pour faire un stapa quils ornent, quills élavent et qu’ils élargissent. Tout ce quill y ade f’o-tou (dhatu creliques») qui restent du corps de $a kyamuni le Tathagata, ’Arhat, le Samyaksarnbuddha est ras- semblé dans ce stiipa. A ce moment ces seize grands Arhat avec leur entourage font le tour du stipa avec les parfums, les fleurs, et les offrandes habituelles, ils honorent et ils louent. Hs tournent tout autour des centaines et des milliers de fois. Lorsque le rite de cqntemplation admirative a été terminé, tous s'lévent dans les airs et, tournés vers le stipa, prononcent ces paroles : «Hommage au Bhagavat, 4 Sakya, le Tathagata, YArhat, le Samyaksarhbuddha! Nous avions recu Yordre de protéger et de maintenir la Loi correcte, et & Yégard des diewx et des hommes d’accomplir toute sorte d’actions profitables. La Corbeille (tsang—pitaka) de la Loi prend fin; le cycle de Ja causalité est achevé; maintenant nous prenons congé pour entrer dans le Nirvana.» Aprés avoir prononcé ces paroles, tous ensemble ils entrent dans le Nirvapa sans reste (anupa- dhigesa). Par effet d'un veeu arrété antérieurement, un feu séléve qui brile leur corps. Comme 1a flamme d'une lampe qui s%teint, leur corps disparatt sans laisser de trace. En ce temps, le stapa s’enfonce sous terre, et, étant arrivé dans la région ott est Ja limite de la Roue d’or (1a Roue du Cakra- vartin), il s'arréte. En ce temps, la Loi correcte sans supé- rieure du Bhagavat Sakyamuni dans les trois mille grands chiliocosmes est détruite pour toujours et n’apparaft plus. A partir de ce moment, on n’entend plus parler de ce Bouddha dans 1 monde. I y a alors soixante-dix mille kiu-tche (koti) de Pratyekabuddha qui en un seul moment font leur apparition. Puis, quand on arrive a I’époque od les hommes vivent quatre- vingt mille ans, l’assemblée sainte des Pratyekabuddha & son 14 JUILLET-AOUT 1916. tour entre dans le Nirvana. Apres cela, Maitreya, le Tathagata, TArhat, le Samyaksarnbuddha, se manifeste dans le monde. A ce moment-la, le Jambudvipa croft en étendue et en pureté"; il n’y a plus ni ronces, ni épines, ni ravins, ni tertres. Uni et fécondant, un sable d’or couvre le sol. Partout des étangs purs et des fourrés d’arbres; des fleurs célébres, des plantes de bon augure, et des amas de joyaux de toute sorte s'illuminent réciproquement d’une maniére délicieuse. Les hommes ont tous un ccur compatissant et pratiquent les dix bonnes actions. Paree qu’ils pratiquent les dix bonnes actions, leur longévité augmente; 1a prospérité et 1a joie sont fermement établies. Hommes et femmes abondent; les villes et les bourgs sont voisins les uns des autres; les poules en volant se rencontrent. Dans les travaux des champs quiils font, ils récoltent sept fois ce quiils ont semé et cette moisson marit d’elle-méme sans qu’il soit nécessaire de sarcler et de biner. Vous tous, gens de bien, en cette époque, le territoire du royaume sera en plein éclat; les étres vivants auront la récompense du fruit; il serait diffi- cile d’exposer tout cela complétement. Ce sera entitrement comme il est exposé dans ie Siitra de Maitreya devenant Boud- dha, Quand Maitreya le Tathagata sera devenu Samyaksarii- ©) La citation dit texte dans le Fa yuan tchou lin s'arréte ici, le compilateur se contente de renvoyer pour la suite a Tourrage fni-méme. © Dans le Fochowo sxi-le [ta] tch’eng fo king «Le Satra de Maitreya de- venant Bouddha» (Nanj., 209; Tok., IV, 5, 4a"; traduction due & Kumarajiva et datée de 402) auquel notre texte renvoie, on retrouve, en effet, les prin- cipanx traits de cette description. «La surface de eau des quatre grandes mers diminuera pour chacane d’elles de trois mille yojana; ace moment la terre du Jambudvipa Sagrandira exactement de 10.000 yojana. Ce sol sera uni et lisse i i i (vaidurya) ....2 Suit Pénumération des fleurs merveilleuses et des arbres qui villes et les bourgades sont toutes voisines les unes des autres; les poules en volant se rencontrent.> On remarquera ici la mention, a une date antérieure au début du +" siéde, de miroirs en lieou-Li, alors que les anciens miroirs chinois étaient métalliques; d’autre part le détail des epoules qui se rencontrent LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LO}. 15 buddha, pour le bénéfice de ia foule des auditeurs (sravaka), en trois réunions il exposera la Loi, fera sortir du cycle des naissances et des morts et procurera lintuition (abhisamaya) du Nirvana. Dans Ja premiére réunion, il sauvera une multi- tude de quatre-vingt-seize kiu-tche (koti) d’auditeurs; dans Ja seconde réunion, il sauvera une multitude de quatre-vingt- quatorze kiu-tche (koti) d’auditeurs; dans Ja troisitme réunion, il sauvera une multitude de quatre-vingt-douze kiu- tehe (koti) d’auditeurs. Si des donateurs de toute sorte : rois, ministres, notables, maftres de maison, hommes ou femmes, a Lépoque de 1a Loi,correcte du présent Bouddha Sakyamuni, ont pu pratiquer le culte du Bouddha et planter pour eux- mémes des racines excellentes ou enseigner a d'autres & eo planter, autrement dit, s’ils emploient les sept joyaax, Yor, Vargent, les perles, le jade précieux, le bois odorant, le laiton, le cuivre, le fer, le bois, la pierre, l'argile (Ia laque, éd. de Corde), ou s'ils emploient des étoffes de soie ow de fil ou des peintures sur soie pour faire des images de Bouddhas et de stiipas, grandes ou petites, et méme d'une petitesse extréme jusqu’a 1a dimension d’un doigt; ou s‘ils empioient toutes les en volant», tant lee agglomérations bumaines sont proches les unes des autres, est devenu un cliché; on le retrouve, par exemple, dans Cing cents Contes et Apologues, trad. Chavannes, vol. II, p. 270. Cf. expression sanserite kak ko- tasathpata. On relive des traita aneloguos dans les descriptioas du monde &arrivia de Maitreya : Fe-chowo mi-le hia cheng king (Nj., 208; Tok., IV, 5, "5 tradme- tion due & Tehou Fa-hou, de la dynastic des Tein occidentanx 265-316); Fo- chow mi-le lei che king (Nj., 206; Tok., ibid., 49"; traduction anomyme da temps des Tsin orientanx 317-420); Fo-chowo mi-te hia cheng king (Nj., 2055 Tok., XXV,9, 30° streduction doe a Kumérajiva, da tempe des Ts'in 384-417); et aussi dans le texte pali de I'Andgata vanes (Journal of the Pali Text Society, 1886, p. 41 et suiv.; ef. epécialement vers 38 : nalaveluvanam iva braha kukkutasampati). Ilne sera pas seperfta de signaler en pessant que I'Anagata eariea rappelle fréquemment de prés un texte traduit per Yi- tsing en 701, le Fo-chouo miele hia cheng tch'eng fo king, Nj-, 2073 Tok., 1V, 3, 50-51". 16 JUILLET-AOOT 1916. excellentes offrandes de parfums et de fleurs pour en faire don; soit en grande quantité, soit en petite quantité, ces gens-la, par Ja force de ces racines excellentes, lorsqu’arrivera Je moment out Maitreya le Tathagata deviendra Samyaksarnbuddha, excel- lemment ils obtiendront un corps d’homme, et dans la pre- mitre réunion que tiendra ce Bouddha, d’un ceur pur ev croyant ils abandonneront 1a maison, sortiront du monde, feront tomber leurs cheveux et leur barbe; ils revétiront Phabit religieux; et ainsi agrégés & la foule des saints, selon la force de leur veeu antérieur, ils obtiendront le Nirvana. C'est ce qu’on appelle en premier lieu la récompense du fruit obtenue par ceux qui ont planté une racine excellente en pratiquant le culte du Bouddha. Si des donateurs de toute sorte : rois, ministres, gens du commun, & l’époque de 1a Loi correcte du présent Bouddha Sakyamuni, ont pu pratiquer le culte de la Loi et planter pour eux-mémes des racines excellentes ou enseigner 4 d'autres a en planter") de 1a maniére que voici : A V’égard des ouvrages du Grand Véhicule qui sont respec- tivement en correspondance avec la nature extrémement pro- fonde du Vide, ouvrages appartenant ; au recueil des Satra du Grand Vébicule, & savoir : Prajid-paramita-satra) i 35 MX SB; Saddharma-pundarika-satra”) ¥ 3 BPE HM iD 9; Suvarna-prabhasa-sitra") @ 3 8) H; Kin-hang-cheou- ts’ an ng ( Vajra-pani-pitaka [ou garbha ?|-satra) @& WF ®; Straigama-somadhi-sitra'® 3 45 fs We i 8; Ma yopama-samadhi-satra) $3 ¥e = Me ta $2; Ta-chen-pien-scn- ©) La phrase est coupée ici par de longues incises; nous avons obeervé la construction de Fergal 1,136, 136, 138, 139. cf. 130. © GE Nan, 67. LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. 17 mo-ti hing "3 MB = WB Hs BE (Maha pratiharya-samadhi- stra); Tsi-tchou-kong-ti-san-mo-ti king” Sip 28 3h 5 = ie ty & (Sorca-pnya-samuccaya-samadii-sutra); (Howan (ou Tai)| jou-lai-tche-yin-san-mo-ti king) (ou 3%) in 3 4B FD = wE ( Tathégata-jiiana-mudra-samadhi-sitra) ; Kiu-tchou-wei- kouang-san-mo-ti king 2 RRR = WE BE cle satra de samadhi des éclats prestigieux au complet»; Pao-t'ai-1 Rx #¢ cle sitra de la terrasse précieuse ; Tsi-tchou-p'ou-sa-san- mo-ti king") Me 3 3 & = We jis # cle siira de samadhi de tous les Bodhisattvas réunis»; Tehou-fo-ché-cheou king 3 % Be ZF cle sutra de la direction et de la réception des Bouddhas »; Tsi-ta'ing-wen-king 4% 3h PU BE livre de la collection des questions posées »; Fan-wang-wen-king®) EE PY (Brakma-poriprechi-sitra); Chan-ki-wen-hing'® 3 3 F # clivre de la question de Chan-ki [= bonne fortune]; Yong-mong-wen king”) # % PY $f clivre de la question de Héros braven; Neng-man-wen-king®) 1 3 PY #E slivre de la question de Celui qui remplit» (Parna-pariprecha); Hat-long-wang-wen-king™ # # PY $K clivre de la question du roi dragon Mer (Sdgara-ndgurdja-pariprecha);, Wou-j6-nao- long-wang wen king") $m $k 4 BEE PF) BE slivre de la ques- tion du roi des dragons Sans-brdlure» (Anavatapta-nagaraja- pariprech-satra): Chou-tch’owang-long-tvang-tren-hing "8 08 RE BS & slivre de la question du roi des dragons Arbre- © Gf, Nanj., 23 (23) ou, plas vraisemblablement, 5a. © Cf Nanj., 128, 129. © Cf. Nanj., 71,73. © GE. Nanj., 189, 190, 197. © Cf. Nanj., 343, 343. ©) Nanj., 23 (19), 33, 34; ef. Kandjour, Agyud, XIV, 17. © Ch 23 (17). © CE Kaadjour, Mdo, XII, 6, vin. - 18 JUILLET-AOOT 1916. drapeau» (Druma-[hetu}-nigaraja-pariprecha); Pao-tchang-tren- king 90% (HH clivre de 1a question de Paume-de-main précieuse» (Ratnatala-pariprecha?); Pao-ki-reen-king"” 3S PS) $ clivre de la question de Chignon précicux> ((Ratnacada- pariprechi); Hiu-Kong-yin-wen-hing it 2 BAY # slivre de la ~ question de Son-du-vide » ( Akaéasvara-pariprecha?); Hiu-k'ong- heou-wen-king Bt 2c 4L Tl slivre de la question de Rugis- sement-du-Video ( Akaéasivhandda-paripreehd?); Houan-rang- wenking™ £3 48 FA $f slivre de la question de Réseau-d’il- lusion» (Mayajala-paripreché?); Pao-niu-iremhing®) % & BB) #1 livre de la question de {a fille précieuse »; Miao-niu-wen- King” $b $e 1 HE slivre de la question de la fille merveil- Jeuse» (Sumatidiriki-poriprecha); Chan-pi-men-hing®) 3B $1 $% clivre de 1a question de Bon-bras» (Subdhu-paripreeha) ; Che-tseu-wen-king (i F (5) #E clivre de la question de Lion» (Shuhapariprceha); Mong-cheow-wen-bing) 4 48 1 #8 «livre de la question de Donné-par-un-héros » ( Viradatta-pariprecha); Kin-touanp-nivewen-king 4 3 A WB # elivee de In question de la fille 3 Wéelat dor (Susargaprabhi-pariprecha?); Chowo- rrow-tein-houei-king™ 38 $8 8 3B HE clivre de Penseignement de Sagesse in¢puisable» (Aksayamati-nirdesa); Chouo-wou-keou- tch'eng-king® i $38 HB BE clivre de Tenseignement de Gloire-sans-souillures ( Vimalakteti-nirdeia); Woi-cheng-yuan- wwang-hing "9 dt AE 3B E E clive du roi Ennemi-pas-encore- © Cf, Nanj., 23 (89)- an, 385,, Pav ang king "BG $9] E, texte qui est ausei une pari- 09) Cf, Nanj., 174, Ba, 283. LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. 19 né» (Ajataratru-[kaukrtya-vinodana]); Ticche-king 18 10 9 clivre du réel de 1a Vérité» (Satyatatina ?); Na-lo-yen-king'") 3B 8 4E H ( Narayana-sttra); Fo-houa-yen-ling AR 7E clivre de Yornement de Bouddha» (Buddhavatamsaka) ; Lien-houa-cheou-king WB 2% F $8 clivre de la Main-de-lotus» (Padmapéni- siatra ?); Ts'ien-fo-ming-king) (ou 4+) At % #8 slivre des mille noms de Bouddha» (Buddha-sahasra-ndma- riitra); Wou-lenng-kouang-tchong-hing" $6 3B 3 Me $B clive de l’assemblage de Eclat-illimité» (Amitabha-vytha); Ki-lo- tchong-king'’) $5 #8 Me #E livre de Passemblage de la joie su- préme» (Sukhdcatteyaha); Tsi-teing-houa-king) 3 7 ae slivre de fleurs pures assemblées > (Kusuma-sancaya); Ta-tsi~ king) & 4% # clivre de la grande-collection » (Maka-samhni- pata); Jou-yi-ts'ie-tao-hing A — 4) 3 9 clivre de entrée dans toutes les voies» (Sarca-margavatéra); Pao-tch'ouang- hing $% ¥@ # clivre de I’étendard précieux» (Ratnadhvaja ?) ; Pao-tsiu-king") $F clivre de V'amas précieux» (Ratna- nasi); Pao-Kie-king”) $ $% # clivre de la botte précieuse» (Ratnakarmlaka); Ts'ai-houo-hing 3% #8 $ clivre de la pein- ture multicolore» (Citraphalaka ?); Kao-ting-wang-king % TA E # clivre do roi au crane élevé ». Pareils sutra da Grand Véhicule existent par centaines de myriades, distingués par groupes et par catégories. En outre, il y a te recueil (pitaka) du Vinaya du Grand Véhicule et la © CE.Tok-, V, 3, int, le Ta howa yen tchang tchi men fo na lo yen li king KERERA DAB ME HB. © Nanj., 87. © Nanj., 169; ef. 168. oe 20 JUILLET-AOUT 1916. multitude des groupes et des espéces du recueil (pitaka) de PAbbidharma. Tout cela forme Pensemble du Recueil des Bo- dhisattvas 2 KE WHE (Bodhisattvapitaka). Derechef il y a les trois recueils des auditeurs S€ Bd = @& (Sravakapita- ka), a savoir le recueil des Satra 3 {8 # HM, le recueil du Vinaya ®t 3 HB He, le recueil de l'Abhidharma Pf Wt 3B 1 HR. Dans le recueil des Satra, ily ales cing Agama i Pa 3% HE. a savoir : le Long Agama” $2 fj 5¢ Me (Dirgha), Agama _ Moyen) eh ij 3 ME (Madhyama), Y Agama de Un et Plus” $f — fH 5B (Ekottara), YAgama de Correspondance” réci- proque #8 M6 Fah 38 HE (Sainyukia) et Agama d'Espices variées ‘96 i PEM (Kyudraka). Dans le recueil du Vinaya, il y a le livre des Défenses des bhiksu 3% 3% 9% $2 (Bhihyu pratino- Iga), le livre des Défenses des bhikguns 3 3% JE M& # (Bhi- Kguyi pratimoksa), les origines des Défenses analysées une 3 une ZF BI 7K A (Sutra vibhaiga), Vanalyse des divers agré- gats 3 @ 2 Het enfin le Vinaya dUn et Plus — 38 (Ekottara). Dans le recueil (pitaka) de !Abhidharma, il y a ta multitude des groupes et des sections qui sont I'Ensemble #& (ché, satngraha), les Six Questions > FA, fa Correspon- (siang-ving, satnyoga), la Destina- dance mutuelle #8 & (s tion aux Gati img (fa-ts'iu, gati prasthana?), etc. En outre, ily a P'Eloge en guirlande des Naissances antérieures 4 HB (Jataka mala) et TEloge en guirlande des Individuel- Jement-illuminés $9 38 4% HR (Pratyekabuddha mala). Dans Jes recueils de la Vraie Loi tels que ceux-la. il y a [des textes] qui ont été prononcés par le Bouddha; dautres, par les Bodhi- sattvas; d'autres, par les Sravaka; d’autres, par des ermites Nai © Les Skandhaka, qui correspondent aux Khandhaka du Moharagga et du Cullaregga pai. LES SEIZE ARHAT_PROTECTEURS DE LA LOI. 1 (rsi); d'autres, par des dieux (deva); d'autres, par les sages; ils peuvent attirer justice et profit et ainsi de suite jusqu’a "). . . ils ont de la puissance. Pour une stance de quatre membres, si on peut soi-méme la réciter, ou si on enseigne & d'autres & la réciter, si on la lit soi-méme ou si on Ja fait lire 4 d’autres, si on la retient ou si on enseigne a d’autres a Ja retenir, si on Pex- plique soi-méme ou si on enseigne a d'autres & Pexpliquer, si aux maitres de Ja Loi on présente avec respect les offrandes, si aux exemplaires des livres sacrés on présente avec respect des offrandes, c'est 4 savoir — avec toutes sortes de parfums et de fleurs, de drapeaux et de dais, de danseuses et de musiciennes et d'illuminations, on fait des offrandes — si aux exemplaires des livres sacrés on offre en ornement des étuis en soies variées, des bandes, et des ceintures de fil, grace a la force des excellentes racines de cette sorte, ‘au temps oit le Tathagata Maitreya réa- lisera Illumination compléte, on obtiendra excellemment un corps d’homme, et dans la seconde réunion de ce Bouddha, avec un ceeur calme et croyant on renoncera aux régles de ja vie domestique; on sortira du monde pour étre sans maison; avec pureté on retranchera la barbe et tes cheveux; on se revé- tira du vétement religieux; on sera membre de la compagnie des saints (Arya); par la force des veux antérieurs, on obtien- dra alors le Nirvana. C’est ce qu’on appelle en second lieu ta récompense du fruit obtenue par ceux qui ont planté une ra- cine excellente en pratiquant le culte de la Loi. Si des donateurs de toute sorte : rois, ministres, gens du commun, Tépoque de 1a Loi correcte du présent Bouddha Sakyamuni ont pu pratiquer le culte de 1a communauté et planter pour eux-m#mes des racines excellentes ou enseigner & d'autres a en planter de ta maniére que voici : A l'égard des bhiksu et des bhiksuni, ou bien on les invite © Formule usuelle pour remplacer les développements stéréotypes. 22 JUILLET-AOOT 1916. successivement, ou bien on les invite 4 quelque occasion, ou sbien le premier jour du mois, ou bien le huititme jour, ou Bien le quinziéme, on dispose un banquet d’abstinence (upo- sadha) pour le leur présenter en offrande; ou bien on va dans Tes temples; soit qu'on fasse des offrandes pour un seul), soit qu’on fasse des offrandes pour la Communauté, ou bien on fait [personnellement] le don et le service; ou bien il arrive qu’on fait des offrandes & quelqu'un qui pratique la méditation pure; ou bien il arrive qu’on fait des offrandes & ceux qui ex- pliquent Ja Loi; ou bien si on voit quill y a quelqu’un qui désire s'initier & 1a droite Loi et la répandre, Yentendre et la recevoir d’un maitre, et qui ne le fait pas, retenu qu'il est par les difficultés, on lui donne les moyens d’étre en paix et on Tempéche de s‘effrayer et de reculer, ou bien on célébre une assemblée wou-tché (moksa) de donation quinquennale (paficavarsa parigad), ou bien on fait des dons au sarhgha des quatre régions, ou bien on donne des habitations de temple ainsi que des sidges et des objets de literie, ou bien on donne des cloches ou des pierres sonores, ou bien on donne des parcs et des bois; Les offrandes de cette sorte qu'on fait & lassemblée des moines, les hommes qui les font, par la force de telles ra~ cines excellentes, au temps ol le Tathagata Maitreya réalisera TMlumination complete, obtiendront excellemment un corps (homme et, dans la troisitme réunion tenue par ce Bouddha, d'un coeur pur et croyant ils renonceront aux rdgles de la vie domestique; ils sortiront du monde pour étre sans maison; avec pureté ils retrancheront barbe et cheveux; ils revétiront habit religieux; devenus ainsi membres de 1a compagnie des saints (Arya), par la force de leurs veux antéricurs, ils ob- tiendront alors le Nirvana. C’est ce qu'on appelle en troisitme ©) La tecture fo au lieu de yi donnée par lédition de Corce est manifeste- ment fautive? LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. as lieu 1a récompense du fruit obtenu par ceux qui ont planté une racine excellente en pratiquant le culte de 1a Communauté. » Ace moment le grand Arhat Nandimitra, ayant exposé ce qui précéde aux grandes assemblées, par la force de sa péné- tration surnaturelle, en présence des grandes assemblées, séleva dans Pespace, a la hauteur de sept arbres tala. Ii mani- festa de grandes transformations surnaturelles inconcevables ; il fit que les assemblées qui étaient témoins progressassent davantage dans la sagesse supréme. En ce temps ce Vénérable , ayant manifesté ces transformations surnaturelles, s’assit dans Yespace les jambes croisées, accroupi; il abandonna les acti- vités (sarnskara)‘de longévité et les activités de vie indivi- duelle pour entrer dans le domaine du Parinirvana sans appui de reste (anupadhisega). Par la foree de son veu de sama- dhi antérieur, le feu jaillit et brdla son corps; dans lespace il fit tomber en pluie les os qui restaient de son corps; alors les grandes assemblées criérent au miracle, prises de compas- sion; 4 Yenvi, elles recueillirent ce qui restait des os et ¢le~ verent un stiipa; avec toutes sortes de parfums, de fleurs, de joyaux, de drapeaux, d’étendards, de dais, de danseuses et de musiciennes et d’illuminations, elles lui firent une offrande perpétuelle. Cette Relation sur 1a durée de 1a loi, les mattres de Yantiquité se la sont transmise et se la sont commu- niquée de Yin & Yautre; ils Pont récitée et conservée sans Youblier, pour faire que tous les rois, les ministres, les no- tables, les maitres de maison, les donateurs, ayant compris Jes causes et les effets, étant dégottés de ce corps soumis a la naissance, & Ja vieillesse, & la maladie et 4 1a mort, semblable au bananier, au mirage, aux bulles de l'eau, pratiquent les actes supérieurs et dans les générations 4 venir rencontrent et servent Maitreya, qu’ils soient affranchis des souillures , quils obtiennent le grand Nirvana, qu’ils congoivent des sentiments damour et de joie et que, par rapport & la Loi correcte du ‘ aid 28 JUILLET-AOOT 1916. Bouddha, ils la protégent, la maintiennent et fassent qu’ellé ne soit jamais détruite. La tradition qui attribue 8 Hiuan-tsang ta version chinoise de cette Relation peut au premier abord paraitre suspecte. En effet, on constate avec surprise que , dans les Mémoires du grand palerin aussi bien que dans sa Biographie, il ne se rencontre pas la moindre allusion Soit A ce texte, soit & Ta doctrine qu'il expose, soit aux personnages qu'il glorifie. Hiuan-tsang, qui observe avec un pieux intérét tous les phénoménes dordre miraculeux qui présagent la disparition future de la Loi, n’évoque pas une seule fois le nom des seize Arhat dont le réle est pourtant lié si étroitement aux destinées de la religion. Cependant, le doute n’est pas permis. Le Catalogue du Canon bouddhique compilé par Tao-siuan en 664 (Vannée méme dela mort de Hiuan-tsang) sous le titre de Ta-t'ang nei-tien-lou (Nanj., 1483; Tok., XXXVI, 2, 84°, col. ult.) cite le Ki-fa- tehou-tchouan Relation sur la durée de ta Loin au nombre des 67 (sic, éd. Corée; 65 édd. chin.) ouvrages traduits par Hiuan-tsang. Dans cette méme année 664, Tsing-mai_ com- pile le Kou-kin-yi-hing-(ou-ki (Nanj., 1487; Tok. XXXVI, 3, 88°, col. 4); c'est une simple série de notices destinées 4 accompagner les images des traducteurs peintes & la fresque sur les murs du temple Ta-ts'eu-ngen illustré par Je séjour et les travaux de Hiuan-tsang; il y mentionne expressément parmi Jes cuvres de Hiuan-tsang, le « Fo-lin-nie-p'an-hi- fa-tchou-king, en un chapitre», cest-d-dire «le sutra traitant de Ja durée de la Loi, le Bouddha étant prés du Nirvana >. Enfin le Kai-yuan-che-kiao lou (Nanj., 1485; Tok., XXXVHIT, 4, 70°, col. 6), grand catalogue compilé par Tche-cheng et achevé en 730, mentionne le Fo-lin-nie-p'an-ki-fa-tchou-hing , en un chapitre», et, aprés avoir renvoyé aux notices de Tsing- LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. 25 mai, il ajoute: «Cet ouvrage a été traduit dans la salle de traduction des Livres saints du temple Ta-ts’eu-ngen, le qua- trifme jour du quatritme mois de la troisitme année yong- houei), Le sramane Ta-tch’eng-kouang !'a recueilli avec le pinceau. » La traduction est donc certainement authentique®., ‘Au surplus, dans la Relation elle-méme, parmi les titres des sitra qui se treuvent mentionnés, on reléve le Chouo-wou- heou-tch’eng king «le livre de Yenseignement de la Gloir:-sans- souillure», autrement dit : Vimalahirtinirdesa. Le Tripitaka chinois ne contient pas moins de six traductions-de ce texte eélébre (Nanj., 144, 145, 146, 147, 149, 181); seule la traduction due & Hiuan-tsang porte le titre reproduit dans la Relation sur la durée de la Loi; toutes les autres traductions portent des titres trés différents. Et, de fait, la traduction du Vimalakirtinirdega par Hiuan-tsang est antérieure de deux ans A sa traduction de la Relation sur la durée de la Loi; Wapris le K’ai-yuan che kiao lou (voir supra, p. 69°, col. 7), le Chouo-wou-keou-tch’eng-king a été traduit par Hiuan-tsang dans le courant de la premitre année yong-houei (650 av. J.-C.); celui qui Y’a recueilli avec le pinceau est le méme moine Ta- . tch’eng-kouang qui écrit deux ans plus tard sous la dictée de Hiuan-tsang la traduction de la Relation sur la durée de la Loi. En outré, pour désigner Tile de Ceylan, Je traducteur se sert d'une périphrase (Tche-che-tseu kouo) qui se retrouve dans les Mémoires de Hiuan-tsang et qui ne semble pas reparaftre ailleurs. La Relation se présente & nous avec Yapparence d'un cadre historique et géographique : Nandimitra, fauteur de ta pro- ©) Crestibdire le 17 mai 652. Nanjio indique comme date de 1g traduction Yannée 654; nous ignorons sur quelles données il se fonde. ©) Le Fa yuan tchow lin (chap. 30; Nanj., 1488; Tok., XXXVI, 6, 105%) cite en résumé la eRelation sur la Dure de la Loi prononeée par le Grand Arbat Nandimitras, en Ja qualifiant d'ouvrage nouvellement traduit. Or ta date du Fa yuan tchou lin eat de 668.- 26 JUILLET-AOOT 1916. pheétie, aurait vécu dans 1a capitale du royaume de Tche-che- tseu environ huit cents ans aprés le Parinirvana. L’expression chinoise A fi 4 #B «dans les huit cents ans» désigne appro- ximativement une date située dans les premitres années du 1x sidcle aprds le Nirvana, Si nous interprétons cette date en fonction de la date que, dans un passage de ses Mémoires (I, 172), Hivan-tsang assigne & Vavénement de Kaniska (edans la 4oo* année apres le Nirvana»), la prédiction de Nandimitra serait postérieure de quatre cents ans au régne de ce grand prince. Mais il faut se garder d’organiser en un sys- t8me la chronologie de Hiuan-tsang; il emprunte ses données & des sources diverses qu'il ne se soucie pas d’harmoniser, et ailleurs il reconnait lui-méme, sans indiquer de préférence personnelle, les divergences considérables des idées boud- dhiques sur la date du Nirvana (Mém., 1, 334-335); cos divergences laissaient un intervalle de cing a six cents ans entre » Jes dates extrémes. Les sources indiennes, chinoises ou tibétaines qui nous sont accessibles ne nous apportent aucune information sur l’Arhat Nandimitra, qui aurait révélé cette prophétie. Le seul person- nage de ce nom que nous ayons rencontré est mentionné en passant par Taranatha (traduction Schiefner, p. 62). Tandis que le fils du roi Kaniska régnait & Puskalavali, « vivait & Patali- putra PArhat Aévagupta, le vénérable qui rejeta lastrologie et se consacra la contemplation des huit Vimokga. Comme il enseignait la loi, Nandimitra et d'autres devinrent Arhat et virent de plusieurs manidres la vérité». Schiefner et avant lui Wassilief (Buddhismus, p. 53) avaicnt rétabli d’aprés Ja tra- duction tibétaine dga’ ba’i bses giien un original sanscrit Nandamitra. La restitution. était d’ailleurs possible; mais, en © Sur cette locution qui a été: récomment Vobjet de savantes discussions ef, Pin, B.E. F.B.-0., XI, 1911, p- 365 et suiv.; Otto Faasan, J. R.A. S., 1918, p. 398 et suiv.; Taxsnuse, JR. A,S., ag183 ps 1018 of sui. LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. 7 fait, le Dpag bsam jon bean emploie 1a méme forme tibétaine dga’ ba’i bes giien pour traduire le nom de Nandimitra dans un passage (p. 51) oi il résume précisément la prophétie traduite’ par Hiuan-tsang. L’auteur tibétain désigne ia Relation comme un avadana : sselon l’'Avadéna de Dga’ ba’i béee giten (sami heureux> = Nandimitra), apris le temps od la vie [bumaine] aura cu une durée de six cents ans, au temps [od la vie durera] sept cents ans, les seize Arhat, ayant protégé Ja collection de la Loi, ayant fait un stupa précieux, ayant adoré, étant arrivés dans V'intérieur de 1a terre d’or du stipa des vestiges du Nirvana, s’étant installés 1a, ce sera alors le déclin de Venseignement de Sakyamuni». Rien ne permet dafirmer, malgré l'identité des noms, que le Nandimitra men- tionné par Taranatha,comme un contemporain du fils de Ka- nigka soit le méme que TArhat dont Hiuan-tsang a traduit la . prédiction. D’ailleurs, si fantaisiste que soit la chronologie de nos textes, il parait difficile d’admettre que le régne dun fils de Kaniska ait pu etre placé «dans les huit cents années qui suivirent le Parinirvana >. Lindication géographique est plus précise; le royaume de Tche-che-tseu est certainement Ceylan. Dans ses Mémoires (Il, 130), Hiuan-tsong donne expressément ce nom a Mile; il rap- porte tout au long Ja légende étymologique qui prétendait expliquer cette désignation; Vancétre du premier roi aurait pris (*da) un lion (sitiba); d’ob Ie nom de Sirhhala ecelui quia pris le lion» # ti F. Le nom du roi Cheng-kiun @ est, chez Hiuan-tsang comme partout ailleurs, la traduc- tion consacrée du nom de Prasenajit, qui régnait a Sravasti da vivant du Bouddha. Les Annales singhalaises ne mentionnent . pas de roi qui ait porté ce nom ou tout autre nom susceptible d’dtre rendu en chinois par Cheng-kiun (par exemple Jayasena dans Hiuan-teang, Mém., I, 11-19). Watters (loc. laud., p: 33a) a préférs retenir comme une donnée rielle le nom 28 JUILLET-AOOT 1916, de Prasenajit; il n’a pas tenu compte de lintervalle de huit cents ans qui sépare notre Apocalypse du temps du Bouddha, il a di par suite écarter Ceylan et chercher dans 1a région de Sravasti un nom qui pat répondre au Tche-che-tseu kouo. Il a signalé un district de Che-tseu» fi F 3% ¥ dans le «Sar- vada vinaya yao cher, chap. 8, c’est-adire, en réalité, dans le Mila Servdstivadi Vinaya, Bhaisajyavastu, Tok., XVI, 4, ag’, col. 17; c'est une des étapes du Bouddha sur la route de Sravasti A Rajagrha, et un des endroits ot le Bouddha aurait prononcé le sutra du siége des Quatre Bouddhas. Tout exclut cette identification; lendroit est sans aucune notoriété et la désignation si caractéristique de Tche-che-tseu ne peut pas s'y appliquer. On ne saurait s’étonner de voir la scéne d’un texte mabayaniste localisée 4 Ceylan; un des classiques du Maha- yana, le Lankavatara, conduit le Bouddha a Tile des Raksasa pour y donner son enseignement & Ravana, leur roi. Il con- vient de rappeler que Hiuan-tsang n’a pas visité Ceylan au cours de ses voyages; cest dans l'Inde propre qu’il a di re- cueillir loriginal de la Relation sur la Durée de 1a Loi. Que le texte soit en principe originaire ou non de Ceylan, il n’en est pas moins curieux que la scine d'une prédiction destinée & glorifer le Mahayana ait été situ’e dans Tile qu'un préjuge trop répandu veut réserver au seul Hinayana. D’ailleurs il faut se garder d’opposer dans un contraste brutal les deux Véhicules, comme on le fait trop souvent. Petit et Grand Véhicule tiennent l'un & l'autre par des liens nom- breux et subtils. Notre texte méme en est une preuve de plus. Il est manifestement d'inspiration mahayaniste; dans le Cata~ logue de la Loi, tel qu'il le dresse, il classe au premier rang les ouvrz es oll le Mahayana s’affirme avec le plus d’audace et de netteté ; Agama et Vinaya ne viennent qu’a la suite. La défini- tion qu'il donne de 1a Loi (p. 20) est aussi trés expressive : la tradition du Petit Véhicule, enregistrée dans le Vinaya pali LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. 2 ( Suttavibhaiga, pacittiya IV), stipule que cee qu’on appelle Je dharma est énoncé par le Bouddha, énoncé par les Auditeurs (Sravaka), énoncé par les Voyants (rsi), énoncé par les divi- nités (devata), il est ce qui touche a Lintérét, ce qui touche & la Loi» (dhammo nama buddhabhasito savakabhasito isibhasito devatabhasito atthupasamhito dhammu- pasamhito). Le Vinaya des Dharmagupta (Sseu fen lin, chap. 11; Tok., XV, 3, 59), col. 6) dit de méme : «Lavoi en pada, c’est ce qu’énonce le Bouddha, ce qu’énoncent Te ir vaka, ce qu’énoncent les rsi, ce qu’énoncent les deva.» Le Vinaya des Mahasarighika (Mo ho seng tche liu, chap. 13; Tok., XV, 8, g3*, col. 13) donne un peu différemment : «La loi, Cest ou bien ce que le Bouddha a énoncé ou bien ce qu'il a approuvé de son sceau. Ce que le Bouddha a éaoncé, c'est le Bouddha lui-méme qui l’'a énoncé; ce que le Bouddha a ap- prouvé de son sceau, ce sont les disciples sravaka et les autres hommes qui l’ont énoncé, et le Bouddha I’'a approuvé de son sceau.» Le Vinaya des Sarvastivadin (Che song liu, chap. 10; Tok., XVI, 3, 63°, col. 11) donne: wLa loi est ce que le Bouddha a énoncé, ce que les disciples ont énoneé, ce que les deva-ont énoncé, ce que les rsi ont énoneé, ce que les ava- tars 46 A ont énoneé.> Le Vinaya des Mila Sarvastivadin (Ken pen chowo yi wie yeou pou piinai ye, chap. 27; Tok., XVI, 9, 6*, col. 5) a; contre son habitude, une définition plus courte : «Le mot loi signifie la loi qu’ont énoncée le Bouddha et les sravaka.» La Reiation de Nandimitra reprend 1a déGinition commune, mais pour y ajouter la catégorie des Bodhisattva qui caractérise le Grand Véhicule; il les insére naturellement 4 une place d’honneur, immédiatement aprés le Bouddha et avant les Sravaka. Le classement adopté pour les ouvrages du Grand Véhicule ne concorde avec aucun des catalogues actuellement connus, soit en Chine, soit au Tibet; on y reconnalt pourtant un cer- 30 JUILLET-AOOT 1916. tain systéme. On y retrouvé les grandes collections communes & tous les catalogues; la Prajéparamita obtient ici le premier rang; on a fait rentrer sous cette rubrique des textes divers, généralement dispersés, en téte desquels figurent le Saddhar- mapundarika et le Swoarnaprabhisa suivis d'un texte quil nous est impossible d'identifier (le Vajrapani pitaka?); & 1a suite vient une série de sutra qui ont ce caractére commun de traiter de samadhi : Saraigamasamadhi, Méyopamasam’, Mahapratiharyasam’, Sarwmpunyasamuceayasam’, Tathagatajii- namudrasam’, qui sont des textes bien conus, mais apris fes- quels sont nommés quatre ouvrages que nous n’avons pu identifier : sutra de samadhi des éclats prestigieux au complet; siitra de la terrasse précieuse; siitra de samadhi de tous les Bodhisattva réunis; sitra de la direction et de la’ réception des Bouddhas. Le groupe suivant est formé par les pari- precha eréponses a des questions personnelles>; on y dis- tingue des sous- groupes fondés sur Yanalogie de condition des questionneurs : nagarija (Sagara, Anavatapta, Drumaketu); filles («la fille précieuse»; Sumatidarika), ou sur Panalogie des désignations : Ratnatala? Ratnacida; — Akasasvara? Akasasimnbanada?, ou-sur-Yanalogie des désignations tech- niques : Aksayamatinirdega, Vimalakirtinirdesa. Un certain nombre, de ces textes n’ont pu étre identifi¢s (collection de questions; Bonne fortune; Paume précieuse; Son du Vide; Ru- gissement du Vide; Réseau diillusion; Fille 4 Péclat dor: le réel de la Vérité); d'autres se prétent & des identifications probables (héros brave —Ugra?; celui qui remplit — Parna?; Ajatasatru; Narayana); un petit nombre se laissent identifier d'une manidre certaine : Brakmapariprecha; Sagara’; Anavatapta’; Druma [ketu]’; Ratnacida’; Ja fille précieuse; Sumatidarika ; Subahw; Sinha? ; Viradatta?; Aksayamatinirdesa et Vimalakirti- nirdesa, La collection du Buddhavutarksaka forme la seconde classe; LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOL. 3 4 la suite sont rangés des textes de notoriété inégale : Main- detotus?, Buddhasahasranéma, Amitabhacytha, Sukhavatioytha , Kusumasancaya. La troisiéme classe est celle du Mahdsamnipata, suivie d'un sitra sur Pentrée dans toutes Jes voies, et de plusieurs satra dont le titre commence par pao eprécieux» (étendard pré- cieux, amas précieux, boite précieuse). Le dernier de ces trois siitra est bien connu; c’est le Ratnakarandaka. On est tenté de se demander si le second « L’Amas précieux» n'est pas le Rat- nakata qui forme régulitrement 1a quatriéme des grandes col- lections (avec Prajiidpdramité, Buddhdvatamsaka, Mahdsarni- Pita); mais 1a traduction consacrée de Ratnakita est Pao tsi RB et nous avons ici Pao isin $B HR qui répond plutét a Ratharaéi. Les deux derniers ouvrages («la peinture multico- lore» et ele roi au crane élevé») nous sont inconnus. . En dehors des grandes collections que usage commun avait coiisacrées, les principes qui ont dirigé le choix des textes dans cette liste nous échappent; on y voit paraltre des ouvrages secondaires alors que d'autres, et des plus célébres, sont passés sous silence. Le catalogue, 4 coup sir, ne prétend pas fournir un dénombrement complet; Nandimitra déclare ex- pressément que «pareils sitra du Grand Vehicule existent par centaines de myriades». Il est évident toutefois que le rédac- teur de cette Relation a dd mentionner les textes qu'il jugeait les plus importants. Le jour oit l'étude da Grand Véhicule sera plus avaneée, on pourra sans doute mettre en lumitre les rai- sons secrétes qui ont dicté ses préférences. Le canon du Petit Véhicale, par la force d'une erguuiaton aneienne, ne préte guére aux fantaisies individuelles. Certaines nuances sont néanmoins instructives. Si le nombre des grandes collections de siitra (Agama ou Nikaya) est de longue date fixé A cing, — témoin le pacanekayika (— paficanaikayika) de inscription de Sanchi, Ep. Ind., I, 104, n° 66, et de eq ~ 32 JUILLET-AOOT 1916. Bharhut, n°144, qui nous reporte au i* sitcle avant J.-C., — Yordre intime en varie d’une école & l'autre. L’ordre suivi par notre texte: Dingha, — Madhyama, — Ekottara, — Samyukta, — Keudraka appartient exclusivement 3 V’école Dharmagupta (Sseu fen liu [= Dharmagupta Vinaya], chap. 54; Tok., XV, 6, 51). Le pali, ou pour Jui donner son nom technique, Vécole des Sthavira, adopte, comme on sait, l'ordre : Digha, Majjhima, Sainyutia, Aiguttara, Khuddaka. L'école Mahisisaka, étroitement apparentée aux deux précédentes, a préféré ici Vordre du pali ( Wou fen lin, chap. 30; Tok., XVI, 2, 68); c'est aussi Yordre du pali qui est reproduit dans le Vinaya des Mahasarhghika (Mo-ho-seng-k'i liu, chap. 32; Tok., XV, 10, 34). Les Mula Sarvastivadin (Ken pen choun yi ta'ie yeou pou pi nai ye tsa che, chap. 39; Tok., XVII, 2, 92") mettent en tate le Sanyukta, suivi du Dirgha, du Madhyama, de PEkot- tara, La traduction adoptée par Hiuan-tsang pour les titres des deux derniers Agama provoque des observations intéressantes : Je nom du Sarinyukta dgama est rendu par 48 M6 FS 3K HE siang ying a-kimo sigama de correspondance réciproquer, ct celui du Kpudraka dgama est rendu par 4 9% Fa 3 BE tsa lei a-ki-mo «Agama d’espices variées >. Les traducteurs antérieurs étaient unanimes a rendre par $€ tsa =mélangé» le mot satii- yukta dans le titre de 'Agama; 4¢ fj & # tsa a-han king est le titre du Sayukta agama aussi bien dans la version ano- nyme (et abrégée) du m® siécle de notre ére (Nanj., 547; Tok., XII, 6) que dans la version anonyme (et partielle) de Tépoque des Ts'in (350-431) [Nanj., 546; Tok., XIII, 5] et dans {a version de Gunabhadra (435-443) [Nanj., 544; Tok., XIII, 2-4]. Les anciens traducteurs des Vinaya avaient, eux aussi, dans les chapitres de ces ouvrages qui rapportent This- toire des conciles et l’origine du canon, adopté Péquivalence : 9% tsa — sarnyukta: Dharmagupta v. [traduit en 405], LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. - 33 chap. 54; Nanj., 1117; Tok., XV, 6, 51°; Mahasanghika v. [traduit en 416], chap. 39; Nanj., 1119; Tok., XV, 10, 34°; Mahigasaka v. [traduit en 493], chap. 30; Nanj., 1129; Tok., XVI, 2, 68°. Par Veffet d'un choix malheureux, la tradition chinoise avait de bonne heure adopté le méme mot 4 tsa pour traduire le terme sanscrit ksudraka, qui signifie littéralement npetit, menu»; dans le titre du cinquiéme Agama, le Ksudraka agama, Cet Agama, qui n’existe comme une unité organique que dans Je canon pali, consiste dans une collection de divers ouvrages dont plusieurs n’ont jamais été traduits en chinois [non plus qwen tibétain]. Les traducteurs des Vinaya — dans les pas- sages auxquels nous venons de nous référer — n’appliquent pas cet Agama la désignation classique de f§ 4 a-han (transcription du mot sanscrit Agama) qu’ils réservent aux quatre autres collections. Pour le distinguer du 7sa A-han, désignation traditionnelle du Samyukta gama, ils ont rendu Je nom du Ksudraka gama par les termes 4€ 3% tsa tsang cre- cueil [pitaka] mélangé». La ressemblance des deux expres- sions Tsa A-han et Tsa tsang peut facilement amener des confusions; il ne sera pas superflu de Tapporter ici tout au long les passages qui justifient ces deux appellations; ils ap- portent des documents précieux pour Vhistoire du canon bouddhique. a. Dharmagupta v., loc. sup. cit. «Les mélanges (4@ tsa = sathyukta) ‘des bhiksu, des bhiksuni, des upasaka, des upasika, des deva, le mélange de Sakra devendra, le mélange de Mara, le mélange de Brahma raja forment un recueil qui est le Tsa A-han 4 fj &. De 1a méme maniére le Livre des Existences Cheng king +E $8 = Jataka”); te Livre original Pen © CE Nanj., 669 et Tok., XIV, 5, collection de jétake traduite par Fa hou um 3 3a JUILLET-AOOT 1916. king A$ — Itivpttaka"; le Livre des Bonnes Causes Chan yin yuan king 3 i HE — Nidina?; te Livre de 1a Grande “Extension Fang teng king If % $% = Varpulya; le livre de ce quiest sans précédent Wei ts’eng yeou hing # 4 $8 = Ad- bhuta [dharma]; 1e Livre des Comparaisons Pi yu king $i = Avadéna'®), le Livre de Yeou-p’o ¢i chi (3h & a= Upadeda'"); le Livre du Sens des phrases Kiu yi hing 4) 9% #8 — Arthapada, Arthavarga"); le Livre des Phrases de 1a Loi Fa hiu king 3 47) #8 = Dharmapada'®; le Livre du Po-lo-yen MIE H = Pardyana); le Livre des Difficullés mélangées Tea nan king Yi $8 ¥E == Kathavastu?); le Livre des Stances saintes We 4B $% == Sthaviragithah'); le recueil de tous ces ouvrages forma le Taa wang A H.> en 285, qui porte ce titre, mais n'est qu'une des nombreuses collections de ee genre. © Genéralement désigné en chinois por AL BE $M, traduit par Hiuan- tsang; Nanj., 734; Tok., XII, 6; ef. Watanane dans Journ. Pali Test Soc., 1907: A Chinese Collection of Itiouttakas, © Lo Tripitaka chinois contient trois ouvrages da titre analogue : le Fo chouo wei ta’eng yeow king, traduit sous ies seconds Han, Nanj., 260; ‘Tok. , VI, 7, 86%; le Wei ts’eng yeou yin yuan king, traduit par T'an-king entre gg et 50a, Nanj., boo; Tok., XIV, 8, 5a” et suiv.; le Po chouo wei ts'eng teheng fa king, wraduit par Fa-t'ien a la fin du 1° sidele; Nanj., 913; Tok., V, 8, 19° et suiv. Ces trois ouvrages n'ont rien de commun entre eux; le pre- mier n'est qu'un sutra sur les récompenses a venir; le second est une collec tion de récits merveilleux du genre avadina; le troisitme est un ore de doctrine mahayaniste. © Le Tripitake chinois contient, on le sait, un "grand nombre de reeucils de ce genre qu'il est inutile d’énumérer ici. ( Aucan ouvrage particulier ne porte ce litre qui a une valeur purement » 674; Tok., XIV, 5, ot Journ. asiat., 1915, 1, 412 et suiv. © Ce eéldbre recueil eat représenté par quatre traductions dans le Tripitaka chinois: Nanj., 1391, 1353, 1365, 143g; pour ies détails nous nous conten- terons da renveyer au Journ. aziat., 1913, I, 905 ot saiv. (9 Gp livre, qui est une section du Sutta Nipata, n’a pas été traduit an ebi- nois; cf. Journ. asiat., 1915, 1, 418 et sui © Louvrage n'a pas été traduit en chinois, © Liourrage n'a pas sié traduit en chincis, LES SEIZE ARHAT PROTECTRORS DE LA LOI. 35 &. Mabiéasaka v., loo. sup. laud. [Ananda parle :] «Voici les mélanges qui ont été prononcés : ils ont été prononeés pour les bhiksu, les bhiksuni, les upasaka, les upasika, tes fils de dieux (devaputra), les filles de dieux (devaka- nya). Maintenant on les a réunis en un recueil appelé Tsa Ar han 36 WO @... Quant aux meélanges qui ont été prononcés en surplus a partir [des quatre Agama], maintenant on les a raseemblés en un recueil appelé le Tsa tang At MH.» Tl faut remarquer que la formule d’introduction employse ici par Ananda diffre de celle qu'il avait employée dans Je cas du Sarmyukta dgama et aussi des trois autres, y- Mahdsahghike v., loc. eup, laud. «Quand Je vénéeable Ananda eut ainsi récité tout le Fa uang th (Dharmapi- taka),... les textes mélangés furent rassemblés pour constituer le Tsa A-han MA & (4gama mélangé = sathyukta); ee qu’on appelle tsa 4 — mélangé, e’est le Mélange des Organes (indriya), le Mélange des Forces (bala), le Mélange da’In- telligence (bodhi), le Mélange de {a Voie (marga) ot autres du méme genre.,, Ce qu’on appelle le Tsa tang MM, c'est e récit fait par les Pratyekabuddha ot par les Arhat eux- mémes des causes provenant do leurs existences antérieures ; toutes les stances da cette sorte, c'est ce qu'on appelle le Tsa wang: : 4. Mala Sarvastivadi v., loc. sup. laud. [Apras la récitation intégrale du troisiéme siitra par Ananda.| «Les Arhat firent cette réflexion: Nous avons déja recueilli le teoisidrae sitra prononeé par Honoré du monde; parmi nos compagnons de conduite brabmique, il n'y a personne qui s’y oppose, per- sonne qui proteste ou qui répugne, C'est pourquoi i} vous faut savoir que ce sitea ost Ia vrais doetrine du Bouddha. Ils dirent encore cei: Pour ce qui ost de la régle des autres 3. 36 JUILLET-AOOT 1916, sutra, I’'Honoré du monde les a prononcés ou dans des palais royaux, ou dans des villages, ou dans des bourgs, ou dans des villes, ou dans des localités. Qu’Ananda les récite tous maintenant! — Les Arhat les recueillirent. Toutefois [au lieu de suivre l'ordre chronologique], la Correspondance des Cing Agrégats 3 3 48M (paiicaskandha samyukta), ils la classtrent sous la catégorie des Agrégats 3 dn (skandha varga); la Correspondance des Six Lieux et des Dix-huit Do- maines 58 + A J #8 ME (sadayatana astadasa dha- tu satnyukta), ils 1a classtrent sous 1a catégorie des Lieux et des Domaines jp 5H i (Ayatana dhatu varga); la Cor- respondance de 1a Production causale et des Vérités saintes ie 3 #8 MW (nidana aryasatya samyukta), ils la clas- sérent sous le nom de Productiun causale # # (nidana). Quant 3 ce qui a été prononcé par les Auditeurs (= sravaka), ils Je classtrent en le plagant dans l’endroit de la catégorie des Auditeurs 3¢ Ba ts aR (Sravaka vargasthina). Quant a ce qui a été prononcé par le Bouddha, ils le classérent en le pla- gant dans la catégorie du Bouddha ih se (buddhavarga sthana). Quant aux Correspondances #4 M§ (sathyukta) des Lieux-de-mémoire a (smrtyupasthana), de ’Applica- tion correcte JE #} (samyakpradhana), des Pieds-de-magie @ £ (rddhipada), des Organes-des-sens # (indriya), des Forces 7y (bala), des Sections de'la Voie de J'iiumination $834 3} (bodhyanga), ils les classérent en les placant dans Fendroit de 1a catégorie de 1a Voie sainte 3 3M fh si (arya- marga vargasthana). Comme les siitra et les stances y sont en correspondance, c’est ce qu'on appelle YAgama de Correspondance #1 M Fi 3H (sarhyukta agama). Le traducteur, Yi-lsing, ajoute en note : Autrefois, on disait tsa 4 cmélangé>; Vexpression a le sens de «prendre {péle- méle]». Ananda récite ensuite le Dirgha, le Madhyama, VEkottara. Et alors Mahakasyapa dit & Ananda : Voila bien LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. 37 quels sont les siitra des Agama, il n’y a que ceux-la et il n'y en a pas d'autres en plus.» La conclusion énoncée par Maha- kasyapa semble bien destinée & exclure le Keudraka des Aga- ma, oli d’autres écoles le comptaient. On voit que Yi-tsing a, comme avait fait avant lui Hiuan- tsang, renoncé au terme tsa 4@ «mélangé» pour rendre en chinois le titre sanscrit du Sarhyukta Agama. Alors que les traductions anciennes du Vinaya employaient indifféremment ce mot comme I’équivalent de Sarnyukta et de Ksudraka, Yi-tsing ne V’a maintenu que dans cette dernidre valeur. La section du Vinaya des Mala Sarvastivadin qui porte en sanscrit le titre de Ksudraka rastu (au témoignage du Dulva tibétain ) regoit dans la traduction de Yi-tsing le titre de Tsa che 9% schoses mélangées» (Nanj., 1191; Tok., XVII, 1-2; M. Nanjio a rétabli par erreur le titre sanscrit sous la forme : sathyukta vastu)), L’analyse du Vinaya, telle qu’elle est donnée par Nandi- mitra, n’est pas non plus sans portée. Ici encore, comme dans le cas des Agama, ordre des sections comporte un enseigne- © Nous avons pu établir que Vexpression Tea tsang A IE correspond a Keudraka Agama du sanscrit. On comprend dts lors Yemploi qu'en a fait te pélerin Fa-hien, dans.le titre d'un sitra qu'il (Nanj., 676; Tok., XIV, 6, 69° et suiv). M. Na du Keudraka casty, Nanj., 1191, cru pouvoir rétablir un titre hypothétique de #Sathyukta pitaka sutra» pour Voriginal sanserit; il se fondait sans doute sur la valeur usuelle du terme tsa. Ce sitra consiste dans une série de récits of ‘Maudgalyayana explique au hasard des rencontres les causes qui justifiont les supplices de certains preta et les récompenses de certains deva. Liensemble forme le pendant du Petavatthu et du Viménavatthu pali; justement ces deux ouvrages dans le Khuddaka Ni Ksudrake Agama sanserit, Le titre adopté par Fa-hien, Tea tsang king, signifie simplement que les textes qu'il a traduits dans ce reeueil étaient des sutra du Krudraka Agama; Fa-hien insistait ainsi sur la provenance canonique de Vou- vrage (ef. supra, p. 35, 7). 38 JUILLET-AOOT 1916. ment. Nandimitra avait classé Jes Agama dans un ordre qui concordait avec Y’école Dharmagupta, a {exclusion de toutes Jes autres. Son analyse du Vinaya reproduit exactement 1a disposition des parties qui composent le Vinaya des Dharma- gupta; le méme ordre se retrouve dans le Vinaya pali, celui des Sthavira, tandis qu’il est différent dans toutes les autres écoles. Nous ne nous arréterons pas sur le Pratimokea (Défenses des bhiksu, Défenses des bhiksuni) qui est 1a base indispen- sable de tous les Vinaya, ni sur les origines des Défenses ana- lysées une A une (Suttavibhanga du pali), ni sur PAnalyse des divers agrégats (Skandhaka {Khandaka] du Mahavarga [*vagga] et du Kyudravarga [Cullavaggn]), qui sont des parties inté- grales de tous Jes Vinaya; mais le Vinaya des Dharmagupta (en chinois Sseu fen lin) est le seul, avec le Vinaya pali, qui sachdve sur l'Ekottara. Les Mahisisaka (en chinois Wou fen liu) ne possddent pas cette section; les Sarvistivadin (en chi- nois Che song lin) et les Mala Sarvastivadin, dont le Vinaya est représenté dans son intégralité par le Dulva tibétain, la traduction chinoise de Yi-tsing étant fragmentaire et dé- pourvue de coordination, terminent leur Vinaya sur un long questionnaire de casuistique qui a pour interlocuteurs Upali et Je Bouddha. Quant aux Mabasaiighika (en chinois Mo-ho-seng- Wi liv), leur Vinaya est construit sur un plan tout particulier et il ne contient pas Y'Ekottara. La parenté de notre texte avec Yécole Dharmagupta s’affirme done par un nouvel indice. La question de Abhidharma est trop obscure et trop com- pliquée pour qu’elle puisse conduire 4 des résultats positifs. Deux des Vinaya connus, celui des Mabisasaka et celui des Mahasiighika ne mentionnent pas méme {'Abhidharma & propos de Ja récitation du premier concile. Les Sarvastivadin , qui n’ont pas conservé dans leur Vinaya la section relative aux conciles (tout au moins dans la version chinoise du Che song du), ont une littérature abondante sur ’Abhidharma, mais LES SEIZE ARHAT PROTRCTEURS DE LA LOI. » tout entidre de basse époque (voir Takakusu, On the Abhidharma literature of the Sarodativédins, dans Journ, Pali Text Society, 1905); les rubriques citées dans la Relation de Nandimitra ne paraissent pas y figurer. Dans le Vinaya des Mala Sarvasti- vadin (Tok., XVL, 2, ga°), Mahakasyapa’ qui récite PAbhi- dharma lui donne le nom de Matyka et fe (mo-tche-li- hia), c'est-i-dire d’Index; et sa récitation porte en effet sur des catégories numériques exclusivement, et non pas sur des ou~ vrages : les 4 smrtyupasthana, les 4 samyakpradhana, Jes 4 pddhipada, les 5 indriya, les 5 bala, ete. La littérature de VAbhidharma pali, assez confuse, elle aussi, n’offre rien qui corresponde aux « groupes et sections » mentionnés par Nandi- mitra. De 1’Abhidharma des Dharmagupta, nous ne connais- sons rien; le récit du premier concile, auquel nous avons déja emprunté nos renseignements sur fes Agama (Tok., XV, 6, 51°), se borne a une indication bréve et énigmatique, qu’on ne peut traduire qu’avec toutes sortes de réserves : «Le Difficile, le Non-difficile, 1e Lien, la Correspondance mutuelle, les Lieux d’activité, tout cela réuni forma Abhidbarma pitaka» BER ER 8 BE RRA gM. Il convient de Temarquer quo dans cette énumération reparait un des termes employés par Nandimitra (siang ying «correspondance mutuelle»). A Ja suite deg textes canoniques, Nandimitra mentionne encore I’Eloge en guirlande des naissances antérieures et TEloge en guirlande des Pratyekabuddhe. Nous possédons un texte sanscrit intitulé Jatakamdla «la guirlande des naissances antérieures», qui a pour auteur Arya Sara et qui compte bon droit parmi les chefs-d’auvre de la littérature bouddbique en sanscrit (traduction chinoise incomplete dans Nonj., 1319; Tok., XIX, 5; cf. Ivanovski, Sur une traduction chinoise du recueil bouddhigue Jatakamdla, trad. franc. de Duchesne dans Rev, Hist. Relig., 1903, p. 998-335). Mais la désignation ost 40 JUILLET-AOOT 1916, trop banale pour étre appliquée exclusivement a cet ouvrage. Quant au second ouvrage, nous ignorons absolument quel texte Nandimitra pouvait avoir en vue. En somme, le canon du Mahayana donné par Nandimitra ne correspond & aucun classement connu; le canon du Hinayana auquel il se référe parait étre celui des Dharmagupta. De fait, tes Dharmagupta, éclipsés 4 nos yeux par le prestige du pali (école Sthavira) et du sanserit (Sarvastivadin et Malasarvastiva- din), ont tenu une place considérable, attestée encore par leur role dans la vie de I'église bouddhique en Chine. Au témoi- gnage de M. de Groot, le Pratimoksa de cette école cest ac- tuellement en usage dans tous les couvents de empire comme réglement constitutionnel de 1a Discipline... ce livre a tou- jours été considéré en Chine comme le code de I’école du Hinayana». (Le Code du Mahayéna en Chine, p. 3). C'est & Yécole Dharmagupta qu’appartiennent les premiers formulaires traduits en chinois : le T’an-wou-f'i Ku pou tsa kie-mo (Nanj. , 1163; Tok., XV, 7), traduit en 259 par K’ang Seng-K’ai, ct Je Kie-mo (Nanj., 1146; Tok., XV, 7), traduit en 254 par Tan-ti. Une tradition assez ancienne raméne plus haut encore Yintroduction du Vinaya des Dharmagupta en Chine. Lé Fa yuan tchou lin, compilé au vn* sitcle, en 668, rapporte ainsi cette tradition (chap. 893 Tok., XXAVI, 10, 36): Depuis Yempereur Ming et l'arrivée en Chine des deux premiers mis- sionnaires jusqu’au régne de Yempereur Houan (147-167) inclusivement, on ne put-pas pratiquer d’ordination régulitre; on se borna & communiquer les formules des trois Refuges, des cing Défenses et des dix Défenses. «Aprés le régne de Yempereur Houan, il y eut cing religieux d’Occident, ori- ginaires d’un royaume de I'Inde du Nord, qui vinrent dans le pays de Chine; ils donnérent a Ja grande communauté Tocea- sion de recevoir les défenses. Le premier se nommait Tche LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. a (=e Yue-tehe) Faling 3 2 (; le second, Tehe Kien §&; le troisitme, Tchou (I'Hindou) Fa-hou # 3 @§; le qua- trisme, Tehou Tao-cheng * 38 2; Je cinquitme, Tche Leou- tch’en 3% ME MR. En ce temps la grande discipline n’existait pas encore; Teche Fa-ling récita de vive voix un chapitre du texte des Défenses (Pratimoksa) et un chapitre du texte du Kie-mo (karma), et les répandit en ce pays. Actuellement on appelle cela Yancien Kie-mo. Plus tard, en la troisitme année houang-tch’ou (299) des Wei, T’an-mo-kia-lo (Dharmakala , Nanj., App., II, 13) publia, mais cette fois en traduction, la discipline relative aux Défenses. Puis, au temps de Hiao wen, empereur (dont le nom de famille est) Yuan (471-499), le mattre de fa Discipline Yeou-kouang 4% vérifia I’ancien Kie-mo et en se servant du texte des Défenses il Git dans la rédaction des additions et des suppressions en nombre plus ou moins grand. Pour ce qui était insuffisant, en se servant du texte dela Grande Discipline, au fur et & mesure il le corrigea et le rassembla. Cet ouvrage a cours actuellement; c'est ce qu'on appelle le nouveau Kie-mo. En ce temps, des nonnes vinrent demander & recevoir les Défenses. Tche Fa-ling leur dit: Dans ce qu’énonce clairement 1a Discipline, il n’est question & propos des pays limitrophes ouverts 4 la religion que des cing moines nécessaires pour Yordination; il n’est point parlé des nonnes. Alors les nonnes prifent congé et s’en retournérent; leurs larmes tombaient comme 1a pluie et elles ne pouvaient se dominer. Puis & la fin des Han et au commencement des Wei, deux nonnes d'un royaume de Inde orientale arrivérent & Tch’ang-ngan. Voyant Jes nonnes [chinoises}, elles leur demandérent : En un pays limitrophe, de qui avez-vous recu les Défenses? Les nonnes répondirent : Nous sommes allées 14 olt était 1a grande assem- blée; nous avons regu les cing Défenses, les dix Défenses, et est tout. Les deux nonnes leur dirent en soupirant : En pays aa JUILLET-AOOT 1916. limitrophe, il n’y a pas encore de nonne qui ait l'ordination compléte! En votre faveur, nous retournerons dans notre pays et nous obtiendrons par persuasion que quinze personnes viennent. — Trois de ces personnes moururent de froid dans les montagnes de neige; deux périrent en tombant dans des gouflres; les autres arrivdrent dans ce pays, elles n’étaient plus quau nombre de dix. Les nonnes (chinoises) vinrent toutes & Ja capitale, et les nonnes (indiennes) leur donnérent ordina- tion. Plus tard, les nonnes d’Oceident vinrent dans Je pays de Wou et aprds qu’elles eurent donné aussi l'ordination aux nonnes de cette région, elles regrettdrent leur pays; elles s‘embarquérent done pour les mers du Sud et s’en retour- nérent. Au moment de monter sur le bateau, elles n’étaient plus qu’au nombre de sept, trois d’entre elles étant mortes; leur voyage Waller et de retour avait duré plus de dix-sept ans (Védition des Ming porte: dix ans). «Puis, en 4a troisitme année de I'empereur Wen do Ja dy- nastie des Wei (537), un ordre impérial institua une grande assemblée wou-tchd 3 3 (moksa parised)!. Lempe- ( Lrassemblée wou-tehs élait alors uno institution toute récente en Chinw. Creat Pempereur Wou des Leang qui passe pour avoir introduit cette pratique, ent'an 52g. Lo Fo tsow t'omg ki, chap. 37 (Tok, XXXV, 9, 59+) rapporte Vévénement en ces termes : «La premiere année tchong-ta-tong (329), a la capitale i y eut une grande épidémic; lemperenr disposa dans la salle Teh'ong- yun en faveur du peuple un repas d’uposathe pour sauver do peine; il offrit sa porsonne dans sa pridre; puis il se rendit dans Je templo Tong-t'ai ct y lint une grande assemblée wou-tehd des quatre catégories de fidéles; il se revétit d'habits religieur ct parcourut les principaux bétiments du temple; son apparcil était simples ses ustensiles Gtaient de terre; son char était petity en pervonne il monta sur le sidge do la Loi et expliqua & la multitude un texte du Mie p'an king (Nirvana siitra). Ses ministres paydrent pour le racheter millo millions de pitees de monnale. L’empereur organisa pour cinquante millo hommes tant religieux que un gtand repas d'uposatha.s — Le nom de wou-tch6 est une transcription du sadscrit moksa edélivrance»; lassem- blée ainsi désignée ve tenait tous les cing ans ct portait aussi pour cette raison Je nom de paiicavarsa parivad, en chinois : Q¥ 38 ke ff on Fi Ke. LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. AS reur (de Ja dynastie) Wei demanda par décret si les Défenses qu'avaient recues les moines et les nonnes de ce pays étaient de provenance authentique, et sil y en avait des preuves sur- naturelles. Les bhadanta furent tous incapables de répondre, Hy eut alors un bhiksa qui demanda & se rendre dans I’Inde de Quest pour interroger Jes sages sur 1a provenance des Défenses recues. Il partit de Tch’ang-ngan et arriva dans Tlade. Tl vit un Arhat et lui exposa la question de savoir si les moines et les nonnes du Tchen-tan (Cinasthana) avuicat roga Jes Défenses ou non. L’Arhat répondit : Je ne suis qu’un saint infime, et je ne sais s'ils les ont vraiment obtenues ou non. Restez ici; en votre faveur je monterai dans le ciel Tusita pour demander & I'Honoré du monde, Maitreya, s‘ils les ont vrai- ment obtenues ou non, et je viendrai vous en informer. Alors il entra en contemplation et alla dans le ciel Tusita; il posa la question au complet. Maitreya lui répondit : Les moines et les nonnes ont entitrement obtenu les Défenses. (L’Arhat) de- manda en outre une preuve surnaturelle, Maitreya prit alors une fleur d’or et dit : Si ies moines et les nonnes du pays frontiére ont bien obtenu Jes Défenses, je souhaite que cette fleur d’or vous entre dans la paume de Ja main, 6 Arhat! Sills ne les ont pas obtenues, qu’elle n’y entre pas! Apris avoir prononcé ce veu, il prit la fleur et 1a lui posa sur la main. La fleur lui entra aussitét dans la paume. Elle s’élevait & une hauteur d'un pied et lombre en était visible [preuve de sa réalité]. Maitreya dit : Quand vous serez arrivé auprés du bhiksu du Tchen-tan, il vous faudra employer le méme pro- cédé que moi. L’Arhat redescendit, et suivant le procédé de Maitreya il placa Ja fleur sur la main du bhiksu; elle lui entra aussitdt dans 1a paume; elle était haute d’un pied et 'ombre en était visible. L’exaucement miraculeux étant ainsi avéré, il y eut alors des religieux et des Jaics qui accoururent des régions éloignées pour vénérer et admirer tous ensemble. Ils deman- a JUILLET-AOOT 1916. derent (au bhiksu) & recevoir de lui les Trois Refuges et les Cing Défenses. Leur nombre fut incalculable. On le surnomma alors «le Bhiksu & la main fleurie>. Antérieurement, quand il avait été sur Je point de partir, dix-huit personnes spontané- ment avaient voulu 4 son exemple s’établir dans Jes pays d’Occident. Il y en eut qui, bravant le passage des sables * mouvants, périrent par le vent et par le froid. En définitive, Je Bhiksu a 1a main fleurie fut le seul & revenir en Chine. Le jour de son premier départ, le divin Kapila 3% 8 # lui était apparu et lui avait dit : Trés longue est la route, et nom- breux sont les dangers de toute sorte. Moi, votre disciple, je vous accompagnerai 1i-bas; & T’aller et au retour, tout vous sera aisé et propice. Quand il n’était pas encore revenu [en Chine], devant le palais de Vempereur Wen de la dynastie Wei, il y eut une fleur d’or qui apparut dans les airs. L’empereur Wen demanda au grand astrologue : Quel est ce prodige? Le grand astrologue lui répondit : La vraie loi des pays d’Occident est sur le point d’arriver ici. Moins dun mois aprés, le Bhikgu a la main fleurie, avec sa fleur d’or dans la main, arriva dans ce pays-ci. Le jour méme de son arrivée, la fleur d’or qui était dans les airs disparut. et ne fut plus visible. A Ja suite de cette grande preuve mira- culeuse, les Défenses; principe de bonheur, se transmirent perpétuellement. » La tradition qui assigne 4 Fa-ling I'honneur d’avoir intro- duit ordination religieuse en Chine reparaft 4 une date beaucoup plus basse, dans une inscription officielle datée de Yannée 1364, d’aprés Yanalyse qu’en a donnée M. Chavannes (Inscriptions et pices de chancellerie chinoise, dans Toung Pao, juillet 1908, p. 423). eSous les Han, la premitre année kien-ning (168 apris J.-C.), cing sramana de l'Inde du Nord, parmi Tesquels se trouvait Fa-ling, traduisirent & Tch’ang-ngan le Pratimohsa et en méme temps le Kie-mo (karmavaca) du LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. 45 Vinaya en quatre sections (Dharmagupta Vinaya). Telle est Yorigine de Yordination pour les religieux. » Si Ja tradition a conservé le souvenir d’un fait exact quand elle attribue 4 Fa-ling Tintroduction de lordination monas- tique en Chine vers le milieu dur’ sitcle, il faut reconnattre quelle y a mélé des éléments disparates. Le Fa yuan tchots lin énumére a la suite de Fa-ling, sans méme les classer dans Yordre chronologique, quatre personnages qui appartiennent & des époques fort différentes. Le plus ancien, Tche Leou-tch’en (cest-a-dire Leou-kia-tch’en, cf. Nanj., App. II, 3), dont Yactivité comme traducteur se prolonge jusqu’a 186, est nommé le dernier, tandis que Tche K’ien (Nanj., App. II, 18), qui lui est postérieur de plus d’un demi-siécle (ses tra- ductions vont de 123 4 253), est placé immédiatement & la suite de Fa-ling. Fa-hou (Nanj., App. II, 23), mentionné le troisitme, nous conduit jusqu’au début du 1y° sitcle (ses tra- ductions vont de 266 4 313 ou 317). Le quatritme, Tao- cheng, nous est inconnu. Diailleurs, sur, Fa-ling lui-méme, nous n’avons pas trouvé d'information en dehors des deux documents que nous avons réunis ici. Encore est-il probable que linscription de 1364 n’est pas indépendante du Fa yuan tchow lin. La date positive (168) quelle prétend fournir pour Fa-ling est presque certainement dérivée d’une indication de cette encyclopédie qui distingue une premiére période, depuis Yempereur Ming jusqu’a la fin du régne de f'empereur Houan, Cest-a-dire jusqu’a 167, pendant laquelle on ne pratiquait pas encore d’ordination régulitre, et une seconde période, postérieure au régne de Houan, ob Fa-ling et ses émules arri- vérent de l'Ouest. Lrassociation de I’école Dharmagupta au bouddhisme de Ceylan n’est pas un phénoméne entiérement inattendu. La premiere ordination de nonnes en Chine rapproche déja ces deux noms. En 425 (ou 426), huit religieuses de Ceylan 6 ;: JUILLET-AOOT 1916. étaient arrivées 4 Nankin, qui était alors 1a eapitale de la dy- nastie Song; de pieuses Ghinoises demandérent a dtre admises , elles aussi, dans les ordres. En 431, on s’adressa, pour régler . Jes questions d’ordination au religieux Gunavarman, qui était arrivé en Chine, & Canton, dés 494; originaire du Ki-pin, il avait fait route par Ceylan, aout il avait développé la religion », et par Java, ob il avait introduit te bouddhisme. Son autorité Gtait irrécusable; il avait tradait d'un original indien un Ma- nuel d’ordination des nonnes, et c'est le toxte de I’école Dhar- magupta qui avait choisi (Seeu fo pi iow mi kie-mo fas Nanj., 119g; Tok., XV, 7, 45°-51°). Mais un colldge de huit per- sonnes ne suffisait pas pour procéder A une cérémonie régu- fidre; on dut attendre Varrivée d’un nouveau contingent de nonnes, que Gunavarman fit demander encore a Véglise de Ceylan; quand elles, atteignirent 1a Chine en 434, conduites par une nonne du nom de T’ic-sa-lo 9% $M, Gunavarman était déja mort depuis trois ans"), A quelque éeole que ces nonnes de Ceylan eussent appartenu d'origine, il est évident qu’elles durent se conformer aux rites de l’ordination fixés par Vécole Dharmagupta. Le palerin Fa-hien, qui avait visité une vingtaine d’années auparavant I'tle de Ceylan (4t0-h19), ne mentionne pas 4 ce propos I’école Dharmagupta; toutefois il signale, dans un monastére (2) important, un moine de grande vertu nommé Ta-mo-kiu-ti 3 MB; la transeription nor- male de ce nom raméne & Dharmaguptiya, asectateur de Véeole Dharmagupta ». Ceylan, dés cette époque, n’était pas le fief privilégié des Sthavira, comme on se le représente trop souvent. Pendant son séjour de deux ans a Ceylan, Fa-hien put s'y procurer le © Voir Prusor, B, E. F. B.-0., 1904, p. 295, m1 et p. 356, n. 4, \ Lédition de Corée porte : le monastére nommé Tehe-t'i K Hi les autres éditions ont Pa-ti BR $2; tche-t'i, si cette Jeeture est exacte, trans- erirait le nom du Cetiye vibare. LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. 47 Vinaya pitaka de 'école Mabisasaka, parente et rivale des Sthavira. Deux siécles plus tard, Hiuan-tsang recueille dans le Sud de f'Inde des informations sur Ceylan qu'il n’a pas visité; malheureusement 1a rédaction du passage qui nous inléresse dans ses Mémoires, chap. x1, présente des difficultés vérita- blement désespérées. Hiuan-tsang commence par rappeler que le bouddhisme fut introduit & Ceylan par Mahendra, quiil désigne — en désaccord avec la tradition palie — comme le frére cadet d’Agoka. «Das lors, on y pratiqua une foi sincdro; il s'y trouvait des centaines (édition de Corée; une centaine, d’aprés les autres éditions) de couvents, et vingt milliers de moines. Tous se conformaient aux rdgles de I’école Chang-tso (Sthavira) du Grand Véhicule 3 47 % 3 _E i # 2. Deux cents ans apris la venue de la religion bouddhique, chacun sarrogeant le droit de former une secte spéciale, il s¢ consti- tua deux écoles : 1a premidre se nomme I’Ecole qui demeure dans le Mo-ho-pi-ho-lo [Mahavihara-vasin]; elle rejette le Grand Véhicule et pratique la petite doctrine; la seconde s’ap- pelle 'Ecole qui demeure dans le A-pa-ya. (Abhayagiri- vasin); dans son étude elle réunit les deux Véhicules et déve- loppe grandement les trois Corbcilles.» Tout le monde sait - que Véeole des Sthavira n’a rien de commun avec Je Grand Véhiculo; Lexpression qu'on rencontre dans les Mémoires : alécole Chang-tse du Grand Véhicule» est donc inexplicable ct inintelligible, Au reste, les passages paralléles de la Vie et du Che-kia-fang tche s'écartent de cette rédaction par des différences significatives, Le Che kia fang tche, qui est pour une grande partie un remaniement abrégé des Mémoires de Hiuan-tsang, di a Tao-siuan et daté de 650, rapporte les mémes faits sous Ja forme suivante (Tok., XXXV, 1, 109°, col. s): ell y a plu- sieurs centaines de temples et plus de vingt mille moines qui sont de F'école Chang-tso.» 5} #7 %& Bo ff — MBA E 43 JUILLET-AObT 1916. ® # 4. On voit que Tao-siuan laisse délibérément de cdté ja mention du Grand Véhicule. La Vie de Hiuan-tsang (chap. 1v; Tok., XXXII, 2, p. 185, col. 6 et 7), rédigée aprés 1a mort du grand pélerin (664) et dont 1a préface porte la date du 20 avril 688 (cf. Pelliot, Toung Pao, 1919, 42), s'est tirée de la. difficulté par un autre procédé. «On y voit plus de cent temples; il y a dix- mille moines qui mettent en pratique Jes enseignements du Grand Véhicule et de P’école Chang-tso.> 5 i €& Bro fit WAc MAKE EBM Ko Ici cest Pinsertion de la copule ki qui sépare le Grand Véhicule et I’école Chang-tso et qui en fait deux termes indépendants. Le rédacteur, quel quiil fit, Houei-lin ou Yents’ong, n’a pu admettre Pabsurdité quiimpliquait la phrase des Mémoires. On a peine a croire que le parti-pris mahayaniste de Hiuan-tsang ait pu Yentratner & une déformation aussi grossiére de la vérité; si convaincu quil fit de Pauthenticité primitive du Grand Véhicule, il ne pouvait espérer donner te change ses lecteurs, méme au cas in- vraisemblable ot il aurait voulu les tromper. Hl faut donc Supposer une érreur de’ pinceau, qu'on Timpute a Yauteur ou a un simple scribe, La rédaction donnée par ta Vie de Hiuan-tsang semble conforme & Yintention du pélerin; pour Yhonneur du Grand Véhicule, il supposait tout naturellement que le bouddhisme avait pénétré sous cette forme & Ceylan des Forigine; il y constatait dautre part la prépondérance du Petit Véhicule représenté par les Sthavira; mais il pensait Tetrouver un souvenir de [état primitif dans la secte des Abhayagiri-vasin, antagonistes. des Sthavira Mahavihara- vasin, et dont il s‘exagérait sans aucun doute Jes tendances mahayanistes. . De fait, aprés Hiuan-tsang, nous suivons les étapes des - progrés du Grand Véhicule 4 Ceylan. Vers le’ début du ~ vin siéele, le moine Vajrabodhi, originaire de I'Inde du Sud, 5 LES SEIZE ARHAT PROTECTEURS DE LA LOI. ag séjourna 4 Ceylan avant de se rendre en Chine od il allait introduire victorieusement les doctrines tantristes du Grand Véhicule. Hl se rendit a la ville de Rohana. «Le roi de ce Toyaume antérieurement croyait au Petit Véhicule; quand il apprit la venue du moine, il vint & sa rencontre loin hors de ville; il Yinstalla dans une salle du palais royal et le traita fort largement. Au bout d’un mois et quelques jours, le moine lui expliqua Fesprit du Grand Véhicule.» (Tehong yuan sin ting che kiao mou lou, Tok., XXXVII, 6, 78°, col. 6 et suiv.) Quand il mourut en Chine (732), Vajrabodhi preserivit 4 son éléve Amoghavajra «d’aller dans les cing Indes et dans le royaume de Ceylan >. Amoghavajra partit de Canton sur un bateau malais (741) et arriva A Ceylan. HI y fut accueifli avec les plus grands honneurs par le roi Che-lo-mi-bia (Silamegha) FP $8 38 fe. Son activité s'y exerga avec ardeur. Crest 14 que «pour la premiére fois il vit apparattre son acarya Samanta- bhadra; illui offrit des soies, de Yor, ete... . et lui demanda de lui expliquer la doctrine du Yoga de Vajragekhara des dix~ huit assemblées (Nanj., 1448), la maniare d’établir les autels du garbha de grande compassion de Vairocana, en méme temps que le serment,d’intelligence lumineuse de continence ; en méme temps il recut les cing ouvrages de l’onction (abhi- seka). Amoghavajra étudiait par lui-méme et n’avait pas de malire répulier; il recherchait généralement les collgetions secrétes ainsi que plus de cing cents ouvrages, tant siitra que Sastra» (Song hao seng tchouan, Tok., XXXV, 4, 71°). Ainsi c'est donc & Ceylan que, d’aprés sa biographie, Amoghavajra aurait arrété et fixé définitivement sa doctrine, qui marquait fa derniére évolution du Grand Véhicule; Vatmosphére de Ceylan n’était donc pas défavgrable alors & de pareilles tentatives. On’ ne saurait étre surpris maintenant si la Relation de Nandimitra prétend se ratlacher a Ceylan; c'est bien dans mu. 4a \. a temtenus sama. 80 JUILLET-AOOT 1916, un tel milieu que pouvait se produire une pareille ceuvre, inspirée de tendances multiples et en apparence contradic- toires, sorte de tentative synerétique ot les Arhat du Petit Véhicule sont appelés a jouer le réle des Bodhisattva du Grand Vshicule. (A suiore.) LES CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D’ALAMKARA, PAR M. HARI CHAND. —— On a déja beaucoup écrit sur Kalidasa et sar ses ceuvres ; son nom est fameux, méme en Occident; on de ses drames, Sakuntala, est entré dans la fittérature universelle. Je me Propose de I’étudier ici & deux points de vue : 1° Quelle place occupe-t-il dans les traités d’art poétique désignés dans PInde comme VAlaikarasistra? 9° Quelle est la portée des citations qui lui sont empruntées dans ces traités ? Depuis Anondavardhana (1° sidcle) jusqu’a Jagannatha Pandit (xvu* sidcle), Kalidasa est eonsidéré comme le prince des podtes; ill est désigné d'ordinaire comme makakavi. Le Dhoanyaloka @Anandavardhana dit expressément, p. ag : «Dans ce monde oi des pottes de talent se suivent en un courant continu, on n’en comple que deux ou trois, ou de cing & six, qu’on appelle de grands podtes; c'est Kalidasa et quelques autres» (yendaminn Ativicitrakaviparedpardoahini saxk- A 52 JUILLET-AOOT 1916. sare Kalidasaprabhrtayo duitrah paiicasa va mahakavaya itt ganyante). Dans le méme ouvrage, p. 207, Anandavardhana cite Kalidasa comme le mahakavi par excellence, sans le dési- gner autrement que par ce titre. Abhinavagupta (x’-x1° sidcle), dans son commentaire, glose l’expression du texte : xles maha- kavi» en ces termes: « Les mahakavi, c’est-d-dire Kalidasa, etc. » (makakavibhir iti Kalidasadibhth). Mammata (x1 siécle), dans son Kavyaprakééa""), p. 2, place Kalidasa en téte des podtes (Kalidasadinam iva yasah). Le célebre commentateur Malli- natha (x1v' siécle), dans sa Taralé ott il interpréte 1’ Ekavalt de Vidyadhara, nomme, lui aussi, Kalidasa comme le premier des mabakavi (p. 299 : Kalidésadimahakaviprayogapracuryad anugrahyah). De méme Vagbhata (xm* siécle) dans son Alai- haratilaka, p. a: Kalidasaprabhrtayo mahakavayas cddya yavat sahpdayahrdayaharatdm anukaranti. Et Visvanatha (xv*siéele), dans son Sahityadarpana, p. 128 : Kalidasddimahakgipra- bandhesu. Enfin, Jagannatha Pandit (xvn" sitcle) cite un pas- sage du Kumdrasanbhava qu'il accompagne de cette remarque : aTel est Fusage du mahakavi-(ata eva Amun purah pafyasi devadarum iti prayuhkse,mahakevih). Hest inutile allanger cette liste dexemples; ils suffisent pour attester Ja gloire durable du pote; mais on y chercherait © Nous donnons ci-dessous une liste des titres abrégés des traités de rhé- torique que nous aurons occasion de citer dans ce travail : Ak, Alsikirakaustubbe (Kavyamila 66). At. Alankiratilake (Kavyamata 43). Ds. Daéariipa (Bibl. Indica). Kd. Kavyapredipa (Kavyamala 24 ). Kk. Kivyaprakise. Calcatta 1866. Kn. Kivyinofésana (Kivyamila Ky. Kivyalaikiresutravetti (Kavyamalé 15). Sb. Subbisitavali (Bombay 3. S.). Sd. Sahityadarpana (Bibl. Indica). Sk. Sarasvatikanthabharana, édit. Borooah, Calcutta 1883. Sp. Sarogedharapaddbati (Bombay S. S.). CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 53 en vain des indications positives pour fixer la date de Kalidasa. L'lnde a toujours manqué du sens historique; c'est un trait facheux du caractére national; Y’influence de 1’Occident tend aujourd’bui a corriger ce défaut, mais le progrés est lent. Les cuvres du poete ne nous fournissent aucun indice susceptible d’étre utilisé, La tradition des pandits le place a la cour du roi Vikramaditya d’Ujayini, parmi les «neuf perles» qui en fai- saient Pornement, et elle associe ce roi légendaire a la fonda- tion de Vere sathvat, en 57 av. J.-C.; mais il serait puéril de prendre au sérieux ces fantaisies d'invention tardive. Le seul point strement établi, c’est que la gloire de Kalidasa était déja consacrée dans la premitre moitié du vn’ sitele; témoin le vers connu de Baga au début du Harsacarita et l'inscription d’Aibole datée de 634. Convient-il de reporter la date da poéte a une époque sensiblement antérieure? Les opinions oscillent entre le 1v* et le vu" sitele de lére chrdtienne. (Cf. Sylvain Livi, Le Thédtre Indien, p. 163 et suiv.; Biutea, Die Indischen Inschriften, p. 713 Incost, Monatsber. der Berl. Ak., 1873, p. 556; Hora, Die Zeit des Kalidisa, 1890; Macponsut, Sanskrit Literature, ch. x1.) Les traités d’Alahkara ne permettent pas.de trancher le débat. Vamana, qui est le premier a citer des vers de Kalidasa, appartient au vin* sidcle; il est le contemporain du roi Jayapida au Cachemire. Nous disposerions, il est vrai, d'un témoignage plus ancien, si Yexemple anonyme donné par Dandin dans son, Kévyaderéa, I, 45, est réellement emprunté au vers de Sakeatala, 1, 20, quill reproduit avec de légéres altérations“); Dandin appar- tient a Ja fin du wi sidcle ou au début du vu’. Hl est lui-méme postérieur 4 Bhamaha, auquel il emprunte un grand nombre de vers, souvent sans les retoucher, ou a peine; c'est, du reste, © Ke : sidavat iddhat indor indiy i ae eee sor laksuna laksmith tanoti. ba JUILLET-aOOT 1916. une pratique couramment admise dans la littérature sanscrite. La date de Bhamaha est incertaine; il se place sdrement avant Dapdin. P. Ganapati Sastei croit en trouver une preuve déci- sive dans ce fait que Bhamaha ne nomme pas Kalidasa, tandis quil mentionne nommément tant de podtes et de podmes : Medhavin, Ramasarman , Asmakavath¥a, Ratnaharana, Acy utot- tara, etc., qui nous sont d’ailleurs tous inconnus; il ne désigne méme pas par allusion une seule de ses wuvres, comme il fait par.exemple pour le Pratijfidnajaka de Bhasa. L’argument nous semble porter faux. Tout d’abord, Bhamaha ne parle pas davantage du Maha Bharata ou du Ramayana qui sont pourtant incontestablement antérieurs, II se peut fort bien que Bhamaha ait pas godté la maniére de Kalidasa; les exemples qu'il cite sont du goat le plus simple. En fait, lorsqu’il vient & traiter des messagers d’amour (Karydlankara, I, 4a), il classe duns cette catégorie les nuages (ayuktimad yathd data jalabhrnmdruta- dayah | tathd bhramaraharitacakravakasukidayah); il est probable quil a en vue icile Meghadata. En somme, si les traités d’Alai- kara éclaircissent [histoire littéraire & partir du vur' siécle, ils n’ont rien de précis 3 nous apprendre sur la date de Kali- dasa. Mais les ceuvres de Kalidasa posent d'autres problémes ot le témoignage do ces traités devient particulidrement précieux. Quelles sont les euvres authentiques de Kalidasa? Quelle est Ja recension qui nous a conservé la forme la plus voisine de original ? Nous possédons sept ouvrages qui sont considérés, par une sorle de consentement unanime, comme des productions au- thentiques de Kalidasa : trois drames, Sakuntala, Vikramorvasi, Malavikignimitra; deus épopées, Raghuvaméa et Kumarasais- bhava ; un pobme élégiaque, le Meghadata; un poeme descriptif, Rtusamnhara. Le Rtusnnhara est te seul dont ta paternité ait, pu raisonnablement étre mise en question. En outre, les manu- CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 55 scrils attribuent & Kalidasa un grand nombre douvrages qui wont manifestement rien & faire avec lui. Sur les sept ouvrages que nous venons d’énumérer, il en est six dont on trouve des stances citées dane les traités d’Alai- kara : Sakuatala, Vikromoroatt, Malavikagnimitea , Raghwoahsa, Kumérasarnbhava, Meghadite, Ksemendra, il est vrai, qui éerit au x siécle, cite un vers du « Kuntedvaradoutya de Kalidasa». On ne trouve pas par ailleurs d’autre mention de ce poéme, mais le vers donné comme exemple reparatt dans Je Bhojapra- bandha, p. 29, od il est attribué aun certain Kridacandra. Le témoignage de Ksemendra est loin d’étre décisif; plus curieux que précis, il est sujet, des confusions facheuses, Ainsi, dans son Kavikanthabharana, p. 199 ( Kavyamala), il attribue & Kalidasa le vers : rakias toa navapallavair aham api,.., que Ja Subhdnitavalt, d’accord avec une tradition encore universelle- ment admise, met sous le nom de Yasovarman. Mais, en écar- tant les apocryphes, il reste encore 4 déterminer : 1° si le Riwarthara doit étre tenu pour authentique; 9° si les derniers chants (1x-xvn") du Kumérasarabhava font partie de l’euvre originale. Nous allons examiner tour & tour & propos de cha- cune des uvres les problémes qu'elle pose. Sarovtard. Ce drame nous est parvenu dans quatre recensions : Deva- nagari (De.), Bengali (3.), Kasmiri (K.), Dravidi (Dd.); toutes les quatre sont éditées. Le texte devanagari et le texte bengali ont été édités plusieurs fois et ont servi de base Y'un et Pautre 4 des traductions. La traduction de William Jones était fondée sur les manuscrits bengalis; est aussi la recension bengalie que Chézy a éditée et traduite en francais; Pischel en a donné une édition critique et s'est constitud son champion intransi- geant; sans étre Voriginal méme, elle est, & son avia, la plus . 56 JUILLET-AOOT 1916. proche de loriginal. La devanagari et 1a dravidi sont étroite- ment apparentées; toutes les deux sont plus développées que Ja. bengali et 1a kasmiri. I! est tout au moins piquant de consta- ter que tous les vers, si nombreux pourtant, cités dans les traités d’Alahkara sont communs a toutes les recensions"), Je n’ai pas réussi a y relever un seul des vers qui sont propres 4 la bengali et a 1a kasmiri. Il semble légitime d’en conclure que Jes Alahkarikas tenaient ces vers pour suspeets. Mais, dans l'in- térieur méme des vers communs aux quatre recensions, on constate des variantes qui peuvent servir 4 déterminer les pré- férences des Alaikarikas. Ces préférences vont la plupart du temps au texte devanagari. Mais d’abord observons que le classement des manuscrits est beaucoup moins net que ne le ferait croire 1a polémique ardente de Pischel. Entratné par sa prévention contre la recension devanagari, il a éliminé de son texte des lectures garanties pourtant par de bons manuscrits, quand elles avaient le tort de s’accorder avec la devandgari. Il avait pourtant un témoin irrécusable a consulter : Visvanatha, Yauteur du classique Sahityadarpana, est un homme du Ben- gale; c’est au Bengale que son ouvrage est d’abord devenu classique avant de s’imposer au reste de I'Inde. Il alu et étudié Sakuntala dans les manuscrits du Bengale. On s’attendrait donc & lui voir adopter les lectures consacrées comme 1a recension bengali. C’est le contraire qui se produit. Prenons par exemple le vers III, 19 (De.) tel que le donne Visvanatha (V), Sahitya darpana, p. 180,$ 45g: ith Sitalaih hlamavinodibhir ardravatain samnedrayami nalinidalatalavrataih | aike nivesya carandv uta padmatamrau sarnvahayamé karabhoru yathasukham te | © A une exception pris, toutefois, Visvanatha, qui est du Bengale, cite (Sd. p. 184) comme étant de Sakuntala une stance qui ne se trouve pas dans Ja recension devanigari : cérwad sphuritendyam, . 88; k. 5t,a). CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 57 Au premier pada, De. et Dd. ont le méme texte que V, sauf la variante insignifiante vatén pour vatam. — K est identique Y. — Mais B porte un texte trés différent : kim stharaih klama- vimardibhir ardravatamn. a° pada. De. et Dd. : saredrayami comme V. — Mais B., et K. d’accord ici avec B, lisent : satncélaydmi. 3* et 4° pada. De. et Dd. portent : ake nidhaya karabhoru yathdsukhath te sarmwahayami carando uta padmatamrau. —B. et K.: anke nidhaya comme De. et Dd., mais le reste de la stance est identique a V. Autre exemple : Sakuntala, V, 4 (De). Viévanatha, Sahitya- darpana, p- 228, $ 576, cite la stance sous cette forme : Shanuh sakrd yuktaturaiga eva ratrondivah gandhavahah prayati | bibharti gesah salatan dharitren sasthainéavrtter apt dharma esah || Le premier hémistiche est le méme dans toutes les recen- sions. Au second hémistiche, De. Dd. et aussi B. lisent : éesah sadaivahitabhamibharah. (K. aun texte tout particulier : aveksya dihyarn na samo’sti vahneh.) Mais le ms. N. de Pischel «a good ms.» lisait, comme V.: bibharti sesah satatarn dharitrim, On voit par 14 que P'édition de Pischel ne saurait prétendre a représenter Ia recension bengali sous sa forme authentique; Ja question est 4 reprendre avec Laide du Sahityadarpaya et , éventuellement, d'autres manuscrits ou de traités d’Alankara originaires du Bengale. Un dernier exemple tiré de Sakuntala nous servira & mettre en lumitre les préférences des Alatkarikas en présence des diverses recensions. Sak., II, 10 (De) : dhain(1) ratnam madhu navam andsodditarasam | akhandain vo SUILLET-AUUT 1916, panyindin phalam iva ca tad rapam anaghais na jane bholtira ham tha sanapasthasyati vidhih (9) i P y i Le vers est cité dans Disurapn (Ds.), p. ga (éd. Hall); Sarasratiknthablarana (Sk.), p. 207 (6d. Borooah); Sari gedlarapaddhati (Sp.), n° 39715 Subhisitavalt (Sb.), n° 1339. Les variantes fournies par les diverses recensions sont : (1) andmuktan B. et K. — (2) bhuri B. et K. Dé., Sk., Sp. lisent andviddha et ridhih, comme De. Seule, Sb. lit andmuktain comme B., et substitne & ridhih un itt évi- demment fautif, puisqu’il est contraire a la grammaire (-0 iti Le Dasurapa et le Sarasrattkanthabharaya sont des textes anciens dus 4 des auteurs éminents; la Sariygadharapaddhati n'est (comme la Subhisitiealt, qui dui est postérienre d'un sidele) qu'une anthologies lear témoignage concorde pour confirmer le texte devanigari. Vixnawonvasi. Ce drame, qui forme un digne pendant & Sakuntala, n’a pas cu pourtant la méme fortune dans la littérature de P Alahkara. A partir de Vamana, qui est le premier a citer Vikrumorvasi, on n’en trouve pas plus d’une treniaine de stances données en exemple dang ces trait¢s, En outre, ces citations ne sont Jamais empruntées qu’aux quatre premiers actes; le cinquiéme semble étre systématiquement laissé de cate. I n’est pas im- possible toutefois que dans Ja partic encore inédite ou encore inaccessible dela littérature on arrive & relever une stance ou deux tirées du cinquidme acte; cette défaveur spéciale n’en serait pas moins évidente, Le quatridme acte est, au contraire, le plus apprécié; Je plus grand nombre des citations en pro- CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'\LAMIKARA. 59 viennent. Observons de plus que les exemples tirés de Vikra- morensi reparaissent pour ainsi dire uniformément dans toute Pétendue de la littérature des Alaikara. Les cilations de Vikramorisi posent un problime curieux, propre A celte muyre seule. On trouve citées dans es traités @Alankara cing ou six stances que les commentateurs désignent nommément comme des vers de Vikramortasi et qui ne se retrouvent dans aucune des éditions du drame. Un de ces vers a eu une fortune particuliérement brillante; il est cité dans seize trailés, si ce n'est plus : heal ryan sasalaksmanah, cte. Shankar Pandit et Kale Pont imprimé l'un et Vautre (éd. S. P. 128; éd. K. 110), mais en note, sans Pintroduire dans le teate, Le cas est le méme pour le vers; raktiéoha kréodari, etc... (Gd. 8. P. “4975 éd. K. 10g). Le premier de ces vers : kudha. rye... est désigné comme un vers de Vikramorvadi dans plu- sieurs commentaires du Kavyaprakaéa, Mallinatha, dans sa Turala, sue YEkavatideVidyadhara, p. 109, renvoie & Sakuntala et te place dans la bouche du roi Dusyanta. L’Udaharanacan- drika le fait prononcer par Yayati, et c’est la solution la plus vraisemblable; il ne cadre ni avec le personnage de Dusyanta, ni avec le rdle de Puriravas. - Le problime des recensions se pose pour Vikramorvasi aussi bien que pour Sakuntalé; mais il est jusqu’ici moins compliqué. On ufa signalé encore que deux recensions : la devanagari (De-) et la dravidi (Dd.). Le texte dravidion a été édité par Pischel. Mais ici encore, comme pour Sakuntald, Vattitude réelle des traités d’Alaikara est moins nettement tranchée que la répar- tition théorique des manuscrits en deux familles. Prenons, par exemple, le vers If], 11 (De., éd. Shankar Pandit) : yad ayarn rathasainkgobliid arnsendinao nipiditah | kab hyd madaigeru éesam aigaria bhuvo Bhara | 60 JUILLET-AOOT 1916. L’édition de Monier Williams (De. également) lit autrement : idamn tayé rathaksobhad angenangam nipiditam chara byt Saxggagiin Sezam aigams bhueo bharah | Lédition de Kale (aussi De.) lit encore autrement : ayarh tasyd rathaksobhad amsendihso nipiditah | ekah ky&i Sartre “sin éesam aiigain bhuvo bharah | Le texte dravidien de Pischel porte : ayarh tasyd rathaksobhad arhsendinso vighattitah | ekah kr garire me esam aigai bhuvo bharah | Cest 4 peu de chose pres le texte adopté par Kale (De.), sauf la substitution de vighattitah & nipiditah. Mais ce vers est cité dans le Kuvalayénanda, qui est un ouvrage rigoureusement dravidien ; on s‘attendrait & y trouver Ja lecture que Pischel adopte comme dravidienne. Mais auteur du Kuvalaydnanda lit exactement comme 1’édition du texte deva- nagari de Shankar Pandit. Au reste, si on y regarde de plus prés, on constate que le texte edravidien» de Pischel est bas¢ sur deux manuscrits, qu'il appelle A et B; vighattitah, adopté par Pischel, ne se trouve que dans A; B, qui est Je plus ancien des deux manuscrits, lit : niptditah comme De. Pischel, cette fois encore, s'est laissé entratner par son parti pris de diffé- renciation. Ajoutons que le Sarasvattkanthabharaga, qui cite également ce vers (p. 244), le rapporte sous 1a forme méme que Kale a adoptée dans son édition. Autre exemple. IV, 10 (De. éd. Shankar Pandit) : mrdupavanavibhinno matpriydvipranaiad ghanarucirakalépo niksapatno ‘sya jatah | CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 61. rativigalitabandhe keéahaste sukesyah sati kusumasanathe kin karoty esa barhi A la fin du 1" pada,.Kale donne : matpriyéya vinasad; Mo- nier Williams : yat priyayah pranasad; au 3°, au lieu de kesa- haste, Monier Williams a: keéapase ; au 4*, au lieu de kim karoty exa barhi, Monier Williams a : kar hared esa barhi. Le texte «dravidien» publié par Pischel lit au 17 pada : bhavatu viditam etan matpriyavipranasad au a‘, au lieu de ‘sya, ‘dya. Au 3° et au 4’, il se range avec * Shankar Pandit et Kale contre Monier Williams. . La stance est citée dans le Kévyaprakasa (Kk.), le Kavya- pradipa (Kd.), le Kavyénuéasana(Kn.), a Kéeyalankarasatravritt (Kv. ). Les quatre textes donnent au 1“ pada, tous les quatre, le texte de Kale (mrdu° “priyaya® vi°). En fait, ici encore, la prétendue variante dravidienne consiste en une omission. Les mots bhavatu | viditam etat| terminaient le passage de prose qui précéde; ils constituent une formule d’usage fréquent; mais comme ils font deux tribraques et un spondée, ils ont paru & quelque copiste faire partie intégrante du vers et il aura par compensation supprinsé le composé mrdu°. Au 9° pada, Kn. seul adopte 1a lecture ‘sya, les trois autres ont ‘dya, d’accord avec Dd. — Au 3° pada, tous les quatre ont kesapdse contre le texte dravidien et le texte devanagari de Shankar Pandit et de Kale, en accord avec Monier Williams seul (également De.). Kd. a de plus la lecture isolée *vilulita~ bandhe au lieu de *vigalita® commun 8 tous les textes. — Enfin, au 4* pada, les quatre traités sont d’accord avec Monier Wil- liams (karn hared) contre les deux autres éditeurs De. et aussi contre Dd. Il serait superflu de multiplier ici les exemples ; nous n’abou- ee ee al 62 JUILLET-AOUT 1916, rions qu’ confirmer les résultats obtenus. Pour les Gerivains @Slahkara, la recension dite dravidienne n’existe pas. Minavixicymarns. Malavikagnimitra, le troisitme drame de Kalidasa, est uni- versellement reconnu comme inférieur aux deux autres. Dans la littérature d’Alaikara on n’en trouve que sept citations, La premitre en date est de Vamana (vin sitcle). Malavikagnimitra est pourtant du méme auteur que les autres drames : on y rencontre fréquemment des expressions caraetéristiques de Kalidasa. Ainsi la formule : svaniyogum asinyan kur ne se trouve que dans Malavikignimitra (p. 29) et dans Sakuntala (1, 7,p.51). I serait aisé de multiplier les exemples; ils seront rassemblés dans une autre occasion. L’infériorité littéraire de Malavikagnimitra s'explique aisément dans une cuvre de début (voir Sylvain Lim, Le Thédtre Indien, p. 166). A ta différence de Sakuntala et de Vikramorrasi, Malavikagnimitra ne comporte qu’une recension. Les deux ¢ditions du texte, quoique préparces d'apris des manuscrits différents, reposent sur une recension unique: et les rares citations données par les rhétoriciens réparties dans les cing actes de la pide, repro- duisent dans le détail le méme texte, avec de tris légores variantes. Cing passages sont identiques dans les éditions et chez les thétoriciens : Duiarapa, p. 6 = Malarikgnimitra, 1,5; p. 68=Méal., I, 3; p. 102 = Mal. 1V, 13; Aluikdrakaustu- Oha, p. 373—Mal., I, 9; p. 146—Mal., V, 9. Dans Mal. IV, 14, cité Dé., p. 88, on trouve nayakdndin au lieu de buin- bikanam du texte; pour Mal., If, 3, le Sahityadarpana fournit deux variantes : pidarudagraiguli au lieu de padaearalaagul du teste que Dhanika cite correetement (D¥.. p. 180); manasah arstam en regard de manasah slistam du texte, et de manasah pastors donné par Dhanika. Enfin, les manuserits de la Karyi- CITATIONS DE KALIDISA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 63 lankarasitrarrti donnent. pour Ja stance III, 16, quelques va- nantes discordantes qui s’éloignent du texte traditioanel. Il est facile de voir que ces variantes sont sans importance etremontent a des fautes de copie ou des erreurs de mémoire. Pourtant une citation en prose, donnée par te commentaire du Dasarapa (p. 191-1929) s’écarte tellement du texte commun des manu- scrits quil est nécessaire de supposer une rédaction indépen- dante. I ne sera pas inutile de reproduire le passage entier : Malavikd nirgantum techati | Vidiisakah | ma déva uvaesa- suddha gumissasilynpakrame Ganadésah | Vidisakarn prati | raya ucyalair yas waya kramabhedo laksitak | Vidisakah | padha~ main pacctise bambayasa pid bhodi si tae laighida | Malavika smay | Si on se reporte au texte traditionnel, on retrouve les élé- ments de ce dialogue dispersés dans !a troisitme scéne du second avte (éd. Bollensen, p. 93, 1. 16—p. 95, 1. 10); mais nulle part Videntité n’est complite. Les paroles attribuées au vida- saka, et naturellement en pracrit (ma dava...), sont placées par Ja tradition des manuscrits dans le rdle de Ganadasa et par conséquent rédigées en sanserit. Inversement, la réplique en sanscrit de Ganadasa (arya ucyatam...) est attribuée par les manuserits au vidisaka et rédigée par suite en pracrit. La plai- santerie finale du vidiisaka et [indication seénique qui suit reparaissent sous une forme analogue, mais pourtant diffé- vente, dans les manuscrits. Nous avons déja constaté que te commentaire du Dasarapa utilisait un teste de Vikramorrasi qui différait profondément de la tradition de nos manuserits. Nous avons ici encore un nouvel indice pour établir que déja au x siéele, dans un des grands centres littéraires de !’Inde, on disposait d’une recension originale des drames de Kalidasa qui sécartait notablement des textes connus a V'heure actuelle. 64 JUILLET-AOUT 1916, Kowinasausuava. Des deux potmes épiques composés par Kalidasa, le Kumé- rasambhava est le plus largement cité. Le nombre des stances que jai relevses dans les traités d’Alahkara s'lve A 124. Ces citations se répartissent ainsi: sarga 1, 3a vers; II, 6; Il, 275 IV, 9; V, 29; VI, 9; VII, 10; VII, g. Mais ce n'est pas seulement par ses beautés que le Kumdrasanbhava s'est imposé a Vattention de {a critique indienne; il a soulevé plus de discussions que toutes les autres ceuvres de ‘Kalidasa. Les auteurs #Alankara ne se sont pas contentés de lui reprocher certaines expressions quills jugeaient mal venues; par exemple T, 4: dhatamattam que le Karyaprakasa, p. 14g, et le Kavya pradipa, p. 937, déclarent « nihatdrtha», obseur et sujet & con- fusion; IIL, 18 : siddhyai que le Kavyaprakasa, p. 14g, le Ka- eyapradipa, p. 937, le Sahityadarpana, p. 917, VAlaikarasitra, p- 250, condamnent comme ssratikatu» rude 4 foreille, ete. La donnée méme du podme a soulevé de graves obje s; elle mettait en scéne Jes amours de deux grandes divinités : Siva et Parvati; tout le cortége de Ia galanterie érotique, introduit dans POlympe indien, risquait de choquer les convenances. Aussi Ja critique s’en est-elle prise A des chants entiers : Mammata (Kk., p. 199) et Visvanatha (Sd., p. 232) accusent le quatriéme sarga tout entier de pécher contre le godt par monotonie (punah punar dipti); le podte n’aurait pas introduit assez de variété dans les lamentations de Rati. Le huitiime sarga surtout a provoqué les observations dés critiques : au ix’ sitcle, Anandavardhana (Dhvanydloka, p: 137) prend la défense du poite contre ses détracteurs : «Prenons comme exemple, dit-il, la peinture de Tunion de Devi (avec Siva) dans le Kumérasambhava; la composition galante qui met en scéne les amours des plus grandes divinités, quand elle est CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA, 65 traitée par de grands postes, peut, au fond, manquer de conve- nance; mais, dissjmulée par le talent de auteur, elle ne montre pas de grossiéreté>» Hemacandra (Kavydnusisana, p. 124) re- prend & son compie cette appréciation quiil reproduit presque dans les mémes termes. Mais Mammata au x1 sidcle (Kavya- prakaéa, p. 200) exprime un avis nettement opposé : «On ne doit pas traiter comme un motif galant de description érotique les amours des divinités suprémes : cette peinture, tout comme la peinture des plaisirs amoureux des parents, manque entitre- ment de convenance.» Le Sahityadarpana (p.-233) cite les paroles de Mammata et s’associe 4 son opinion. On voit du méme coup que I'authenticité du huitiéme sarga ne saurait étre légitimement contestée : il est vrai que, dans un grand nombre de manuscrits et dans certaines éditions, ec sarga a été Jaissé de cété; on voulait éviter de mettre sous les yeux des écoliers des passages scabreux. Aujourd’hui encore les pandits , tout au moins ceux du Penjab, ne lisent pas re sarga. Un ancien commentateur, Madhava, cité dans le Vicarana de Narayana Pandita (VII, 1), dit déja : «Comme le huitiime sarga décrit les plaisirs amoureux de Gauri, il ne convient pas de le lire, ni de l’écouter, ni de Pexpliquer; ceux qui le feraient encourraient 1a malédiction divine et mourraient avant leur temps.» Un autre commentateur, Daksinavarta, qui est anté- rieur Mallinatha, dit de méme (ibid.) : « Comme le podte traite ici des amours de Siva et de Parvati, j'ai peur de donner une explication. détaillée des sentiments, de leurs manifestations, et du sens; je me contenterai donc @indiquer Ja construction. » Mais le poéme original s'arréte-t-il avec le huitiéme sarga? Il est évident que le sujet annoncé par le titre , Kumarasarnbhava , Cest-a-dire Vorigine de Karttikeya, n'est pas traité complite- ment; le potte s'arréte 4 union d’ott enfant divin doit sortir. On a pu se demander si une pattie du podme ne s‘était pas perdue; et, de fait, Vitthala Sastri a publié dans le Pandit, un. o 5 66 JUILLET-AOCT 1916. vol. I et II, une serie de neuf sarga complémentaires dont il a affirmé authenticité; cette publication a suscité dans V'Inde des controverses ardentes qu'il est inutile d’analyser ici; d’ Jeurs, Weber en a donné un résumé substantiel dans les Indische Streifen, Ml, 917 et suiv. Jacobi a repris la question dans les Mémoires du Congres des Orientalistes 4 Berlin (1884. p. 133- 156). Il hésite entre deux soltions : ou bien te podte n’aurait pas achevé son cuvre, arrété par des obstacles inconnus ou par une mort prématurée; ou bien les dernicrs feuillets du manuscrit original, qui aurait “té tracé sur des feuilles d’écoree de bouleau (bhirjapattra), se seraient perdus par un accident presque inévitable: 1a composition des manuscrits tracés sur une matitre si fragile exposait les premiers ct les dernicrs feuillets & une destruction pour ainsi dire fatale. Nous n’ayons pas besoin d’entrer ici dans te détail des raisons alléguées; les faits parlent avec plus d’autorifé que les raisonnements. Tous Jes commentateurs unanimement désignent le huititme sarga comme le dernier. De plus, toutes les stances du Kumédrasamn- bhava citées dans les traités d’Alaikara se retrouvent dans les huit premiers sarga. Aucun critique, aucun commentafeur n'a connu ni manié un potme plus étendu. It faut done admettre de toute nécessité que lruvre authentique de Kalidasa s'arréte au huititme sarga. Comment expliquer dés lors 1a brusque interruption du potme 2 ce point ? Le podte avait certainement au début Fintention de poursuivre jusqu’au meurtre de Taraka, qui ne pouvait etre réalisé que grace 4 Ja naissance de Kumara (voir sarga II, d¢libération des dieux). Mais on peut supposer que les critiques provoquées par le huititme sarga, et dont nous retrouvons les cchos 3 travers les commentaires, ont découragé te podte et lont décidé 4 abandonner son cure encore incompléte. = — CITATIONS. DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 67 . Racavvausa. Le Raghuvarsa est, dt point de vue hindou, Pceuvre par excellence de Kalidasa; il éclipse Sakiintalé meme. Le Trikiige fladesa dontie comme tin synonyme de Kilidfsa (Il, 7, 96) Fetpression Raghukara «Pauteur du Raghu(vaméd) ». Le pote, tel qu'il nous est parvettu, comprend dit-neuf sarga, plus que le double du Kumérnsambhard. Diailleurs, comme fe Kumérasanbhaca, le podme ne Atiit pass Vauteut s’est arrétd brusquement & Ja mott du roi Agnivarsia, et sans doute riots ignorerons toujoars és raisons qui Yont décidé & lalsser sott @uyre interrompué. Quand on observe avec quel art serupu= eux Kalidasa a su construire ses drames et jusqu’4 son petit potitie du Meghaduia, on ne peut manquer d’étte surpris de voir ses deux grandes épopées (mahitkieya) ifterceptées, pour ainsi dite, fane et Yautte au cours de leur développement. Encore, pour le Kundrasaiubhava, a-t-on essayé d’dablit que des chants s’étaient perdus au cours des sidcles; mais peur le Raghuvamnsa petsotine n’a jamais éssayé de lancer une pareille théorie. Shankar Pandit, dans la préface de son Eition, Pp. 15, prétend, ib est vrai, que datis la tégion d’ Ujjayini sub- sistent plusieurs sarge encore inédite, qui iraietit méme jas- qu’au XXY*; Passutance lai en aurait été fortnellement dontide; mais aucun effet n’a suivi la promesse, et, si on fa prend au sérieux, il faudrait aussi prendre au sérieux {assertion du fama Taranatha quartd il parle du Aaghuvafisa et 86,606 vers (Histoire du Bouddhisme indien, p- 6 de fs trad. Scuernsn). Tous tes vets du Raghuvarhéa cités dans {es traités ’Alah- kata se tetrouvent dans ros dit-neof satga, et chacan de ces dix-neuf sarge a fourni son fot de citations anx teaitds d’Alat- kara. En outre tous les commtentaires actuellement corinis s‘arrétent, commie le potme lei-méme, au sarga XIX. 5. 68 JUILLET-AOUT 1916. Malgré sa popularité, malgré son étendue, le Raghuvarnsa est moins fréquemment cité que le Kumérasambhava, et il est cité dans un moins grand nombre d’ouvrages. Tandis que jai relevé des citations du Kumdrasambhava dans trente-trois ouvrages, je n’ai relevé des vers du Raghuvamnéa que dans vingt-neuf ouvrages d’Alaikara. Le total des stances citées s’éléve seulement a 157, sur un ensemble de 1,564, tandis que pour le Kumdrasanbhara, sur un ensemble de 613, il atteint 194. Toutes les citations confirment l'authenticité du texte traditionnel; les variantes qui se rencontrent sont dépour- vues d’importance et s‘expliquent facilement par les infidélités inévitables d'une transmission orale. [1 ne saurait en aucune maniére étre question de recensions. Un trait que nous devons encore signaler, parce qu'il oppose le Raghuvainsa au Kumédrasambhava, c'est que le premier de ces deux podmes est plusieurs fois cité par les Alahkarika, non pour ses qualités, mais pour ses défauts. Ainsi le vers XI, a0 : Ramamanmathasarena tadita duhsahena hrdaye msacari : oe snl gandhavadrudhiracandanoksita jivitesavasatirn jagdma sa La fiche irrésistible de ce Cupidon qu’était Rima frappa au coeur la rddeuse de nuit (=a Raksast); baignant dans le parfum de ce santal rouge qu’était son sang. elle s‘en alla vers la demeure du maitre de sa vie (={e Trépas, ou son amant). Cette stance est donnée comme un exemple du défaut appelé amatapardrthata dans Kavyaprakasa, p. 173; Kavya- nuéasana, p. 118, Kavyapradipa, p. 973; Sahityadarpana, p- 2935 Sahityakaumudi, p. 86; Alaikdrasatra, p. 240. Tous ces critiques reprochent & Kalidasa d’avoir combing & tort le galant (srigdra) avec le pathétique (Karuna). Ajoutons toute- fois que Mallinatha, qui est pourtant un expert en Alankara, CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 69 et qui ne témoigne pas d’un respect aveugle pour Kalidasa, . Sest gardé de critiquer ce vers. Nous nous permettrons de penser avec lui que Kalidasa n’est pas en faute ici; il n’a pas youlu souligner [horreur du tableau; il ’a au contraire _ dissimulée en accentuant la grace de Rama; le trait qui frappe 4 mort la Raksasi n’est pas plus cruel, en fait, que la fléche de VAmour quand elle atteint une belle qui se rend de nuit chez son amant. Macnaptra. Cette charmante élégie a été commentée par deux scoliastes fameux qui ont donné chacun une véritable sédition» du texte : Vallabhadeva au x° siécle et Mallinatha au xv"), Lédition de Vallabhadeva contient 111 vers; éelle de Malli- natha, 118. Ce n'est pas seulement Je total des. vers qui varie d’un texte 4 l'autre; les vers ne se suivent pas toujours dans le méme ordre. Nous nous réservons de discuter ailleurs en détail Tauthenticité des stances douteuses et lordre des vers dans le poéme original. Nous nous bornerons ici &-com- parer les deux textes avec les citations fournies par les traités dAlankara. On y trouve citées trente-trois stances du poeme, plus du quart de l'euvre; c'est-a-dire que le Meghadata est encore plus apprécié par les critiques que le Kumarasamubhava et que Sakuntala, Ces trente-trois stances se retrouvent aussi bien chez Vallabha que chez Mallinatha. Déja avant Val- Jabha, le texte avait provoqué des discussions; & propos de Ja stance 9 et de la stance 95, Vallabha critique des lec~ tures adoptées par ses devanciers (Aecit). Vallabha se dis- © Pour 16 texte de Vallabhadeva, j'utilise Pédition donnée par Hultzsch; pour celui de Mallinatha, j'ai pris l’édition donnée par Bidhubhisana (Go- svamin), Calcutta 1g05. L'éditeur ne s'est pas soucié de conformer son texte au commentaire qu'il reproduit; ‘est un défaut malheureusement trop fréquent dans les éditions indiennes. 70 JUILLET-AQOT 4016, fingua par un godt passionné de Voriginalité; son ingéniasité subtile ne vaut pas le limpide bon sens de Mallinatha; il n’a pas réusai a imposer son texte méme dans le Cachemire, aa patrie, Mais, d'autre part, la traductio tibétaine du podme (4d, H. Beck, Berlin, 1907) repose sut un texte générale- ment voisin de celui de Vallabha. Dans l'ensemble, le texte de Mallinatha est incontestablement supérieur; si le prestige de son autorité peut expliquer que les critiques venus aprés tui aient suivi son texte de préférence, il n’en reste pas moins que les critiques antérieurs en date & Mallinatha donnent presque toujours le méme texte que lui, 1,9, padacy Gsadhasya prathamadivase megham aélistasdnum Vallabha critique Ja lecture prathama*, courante de son temps, et lyi substitue prasama’; il obtient ainsi : «le jour ott finit le mois d’Asadha» au lieu du «premier jour» de ce mois. Le traducteur tibétain a adopté cette émendation. Mais le Suvrttatiloka de Ksemendra, p. 52, cite le vers avec la lecture prathama’. Et pourtant Ksemendra est Cachemirien tout comme Vallabha; il ne manque ni d’¢rudition, ni de goat; il a sans nul doute connu le travail de Vallabha, qui lui est antérieur d'un sidcle. Il n'en a pas moins’ adopté Ia lecture que Malli- natha, dui aussi, a préférée, et que les manuserits du Sud ont unanimement reproduite. II, 7; toxte cité dans Sarasvatthanthabharana (Sk.), p. 154: nivihandhocehvasanasithilan yatra yaksiigapanais Ksauman ragad anibhrttkareso akgipaisu priyesu | arcjtungan abkimukhagatén prapya ratnapradipan hrimadhéndoh bhavati viphalaprerana carnamustih VAlankérakaustubha (Ak.), p. 345, qui reproduit cette CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 74 stance, lit au pada a : paksmaigandnarn qui est manifestement une simple faute de scribe ou d'imprimeur; — pada 6 : vdsah kayad anibhrta’; — pada ¢ : abhimukham api; — pada d; Preranas cirna’. D Sk. et Ak. sont d’accord avec Vellabha pour lire au pada a: ucchvasana’; Mallindtha a préféré ucchrasita’, — b. Mallinitha lit daceord avec Sk. : ksaumarn rdgdd; Ak. a adopté la méme lecture que Vallabha; kaydd n’est sans doute qu'une faute de copie ou d’impression pour kamad, de Vallabha. — c. La lecture abhimukhagatan de Sk. est isolée; Mall., Vall. et Ak. sont d’accord pour lire : abhimukham api. —~ d. “prerana de Sk. est d’accord avec Mallinatha; preranas, adopté par Ak., est Ja lecture de Vallabha. T, 45; texte donné par Vagbhata, Alatkératilaka (At), p- 10 (a-5) : Jyotirllavalayi galitars yarya varham bhavént pulraprenmna kuvalayadalatrapi harne haroti |... Mallinatha est d’accord avec Vallabha contre At, pour lire : Jystirlekha*, — Mallinatha est d’accord avec At. contre Val- labha quilit pritya au lieu de premna. — kuvalayadala est aussi Ja lecture de Mallinatha; Vallabha lit : ‘uvalayapada, — trépi est une lecture propre & At. Le mot, réguligrement formé de trap, trdpayati, manque au Dictionnaire de Petersbourg, Malli- natha et Vallabha lisent tous deux prdpi; de méme aussi les manuscrits du Sud. Les différences de lecture, on le voit, ne dépassent pas la portée de simples variantes; si les éditeurs pouvaient & leur godt écarter ou admettre des stances contestées, le texte des stances unanimement admises était fortement établi par la tradition, 72 JUILLET-AOUT 1916. Rrosawaina. La tradition attribue le Rtusazhara & Kalidasa; mais que vaut cette tradition? M. Nobel a déja posé et discuté la question dans un article de 1a Zeitschrift der D. Morg. Gesellschaft, vol. LXVI, 275-282, en tirant ses arguments de I'Alai- haragistra tout particuligrement. M. Keith a critiqué la these de M. Nobel (Journ. Roy. As. Society, 1g12, 1066-70) et repris 4 son compte fa tradi en se réclamant de Kielhorn, Macdonell et Henry. Pour ma part, je souscris aux conclu- sions de M. Nobel, mais pour des raisons qui different des siennes. Mallinatha, dans introduction & son commentaire sur le Raghuvansa, s’exprime ainsi (v. 5): vydcaste halidasiyan kavyatrayam anakulam Faut-il entendre : «trois po’mes de Kalidasa» ou cles trois podmes de Kalidasa»? Si on adopte la seconde interpré- tation, if suit logiquement que Mallinatha exclut le Rtusam- hara des euvres authentiques de Kalidasa. Mais la langue de Mallinatha, sicorrecte et soignée qu’elle puisse étre, n’est pas assez rigoureusement précise pour qu’on puisse tirer de ses expressions une conclusion nécessaire. Dans son commentaire sur le Sisupala-vadha (XII, 24), il se sert encore du méme terme halidasatraya dans Yexpression k° f samjteinyam. Ici nous pouvons serrer le sens de plus prds; il ne s‘agit certaine- ment pas de définir limitativement le nombre des potmes de Kalidasa, comme quand il est question de lokatraya =les trois mondes» ou redatraya sles trois Veda. Sil a écrit une saryivini, un rappel a la vie», pour trois des euvres de Kali- dasa, c'est que leur vie était menacée par le virus des mauvais CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 73 commentaires (ef. introd. au Raghuvaréa, v. 8 et au Kumara. eambhava, v. 8 : bharaf kalidasasya duroyakhyévisamtirchitd | 3d sariyteint vyakhya tém adyoyjwayisyati ||) Le reste de lceuvre qui n’était pas exposé au méme danger Wavait pas besoin d'une samjtvini pour le sauver. S’il n’a com- menté que trois ouvrages, c'est que trois ouvrages seulement étaient compromis. Kielhorn avait cru reconnaitre et avait signalé dans Linscrip- tion de Mandasor (datée de 479 J.-C.) une imitation flagrante du Rtusamhara, en méme temps quil y signalait limitation du Meghadata, Si Vouvrage était dés cette époque assez apprécié et assez étudié pour servir de modéle, s'il était, en un mot, classique au ¥* siécle, on n’en est que plus surpris de constater que les traités d’Alaikara Tignorent tous avec une impres- sionnante unanimité, Je n’ai pas trouvé une seule stance du Rtusamhdra citée dans toute la littérature de I’Alaikara. Et pourtant Voccasion ne manquait pas! La description des saisons est un théme que les poétes ne se lassent pas de traiter et que les Arts poétiques ne se lassent pas d'indiquer aux pottes. Voici trois passages, entre tant d’autres, od Ton s'attendrait tout naturellement 4 une mention du Riusarnhara, puisque Vauteur cite & propos de la description des saisons une des ceuvres de Kalidasa : Sarasvattkanthabharana, p. 304 : rtur yatha | sdam asulabha- rastu. .. (Iexemple cité est le vers Il, 6 de Vikramorvait). Alaikaratilaka, p. 16 : riuvarnanase raghwvaniaharivarnia- sifupalavadhaden, Alankdracadamagi, p. 335 : tatra rtwvargane daradvasanta- Grismavarzédivarnanéni setubandhaharivijayaraghuvamiaharivate- sadau. 1 IUILLET-AOOT 1916, On n'est pas moins surpris de constater que nous n’avons pas de commentaire sur le Rtusamahdra qui soit antérieur a Manirama, cest-a-dire au yvin" siécle, tandis que le Megha- data, le Raghuanéa, le Kumarasanbhava sont commentés dis le x* sidcle. La Subhasitaeali, qui date du xv* sivcle seulement, est la premitre A citer des vers du Rtusamhara; elle en cite deux (1674,'1678-—=Ru., VT, 16 et 1g) sous te nom de Kalidisa; alleen cite aussi deur autres (+708, 1704— Ri, 1, 13 et 20) sans nom d’auteur. Hi convient d’observer en outre que le titre méme de l'eeuvre présente une singularité inquiétante. Le terme samhara y figure dans le sens de «recueil, collection »; Bohlen traduisait: rCyclus tempestatum>, c'est un sens du mot qui semble inconnu A Ja littérature classique. Kalidasa, en particulier, qui emploie fréquemment le mot sahara ou d'autres forma- tions tirées du méme verbe sashhar (par exemple, Raghu., 1, 16;,V, 45,57; X, 30; XI, 103; XI, 6. Kuméra., I, 72. Sakuntala, 1, 2; VI, 3, etc.), ne lui donne jamais cette valeur!” On voit & quel point les euvres de Kalidasa ont été étudi¢es dans les écoles et les traités d’Alahkara. Parmi les exemples destings & illustrer Venseignement, j'ai relevé 5a stances de Sakuntala, 30 de Vikramorvasi, 7 de Malavikignimitra, 194 du Kumarasnnbhava, 157 du Raghueanda, 38 du Meghadatn, Quelle que soit la partie du sujet qu’on traite, quil s’agisse des gupa — et en particulier du prasida ela simplicité dans © Le catalogue d'Oppert mentionne un manuserit du Sud de M'Inde, le ne 7864, sous le titre de Rewsamahara; mais: on sait par de nombreux exemples que ce catalogue ne mérite pas do créance. Je signale aussi que le Brwsehark est formellement désignd comme un mahakavya dens un many> serit daté de samvat 1650, Peransox, Report I, 113. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 75 la beautén, — des alahkara, ou des riti — spécialement de la Vaidarbhi riti, le plus élégont des styles, — c'est & Kali- dasa qu’on a recours pour donner des exemples. L’admiration pourtant ne va pas jusqu’au fanatisme; Ja critique entend garder ses droits. A Voceasion, on Jui reproche des fautes de goilt, des fautes de langue, des fautes de style; on lui fait grief d'avoir peint les amours du couple divin dans le Kumara. avoir employé dans Vikramoreasi (Kale, IV, 40; Nirnoya- Sagar, IV, 29) lo mot vindsa au sens de adisparition », d’avoir substitué daa & babhdva dans Kumara., 1, 35, ot Raghu., XIV, 93, etc. Ces critiques, si elles attestent I'indépendance d’esprit des Alahkarika, ne prouvent pas la sireté de leur jugement; les commentateurs hindous, per exemple Rahganatha our Vikramervaii, ad loc., en ont souvent fait justice, ot Ja cri- lique moderne, mioux instruite de V'bistoire de la langue, donne raison A Kalidasa contre see détracteurs, En somme, Indo a su reeonnattre dans Kalidisa un de ses plus grands génies; c'est elle qui I'a signalé’ aux premiers Européens curieux de sa littérature. Le relevé des citations nous a permis en outre d'introduire un nouvel élément dans Vhistoira du texte de Kalidasa. Pischel, quia étudié avec un atle persévérant la question des recensions, avait déclard avec sa rigueur coutumitre que «les citations tirées des rhétoriciens sont sans quoune valeur quel- conque; ce n'est pas seulement que les rhétoriciens citent de mémoire, at par suite sans exactitude; mais c'est que, avant tout et surtout, les manuscrits des traités de rhétorique sont tr’ flottants. Les manuserits bengalis citent en général la recension bengalie ; les dravidiens, la dravidienne; et les manu- serits devanigari, selon leur provenance, tantét l'une et tantét Vautra» (Kiliddsa's Vikramorsaglyam nach drdvidischen Hand- achrifien, p. 61 1), Les exemples quo nous avons cités mettent en Jumidre l'inexactitude des assertions de Pischel; nous aurons 76 JUILLET-AOUT-T916. Yoccasion ailleurs de multiplier ces preuves. Les citations four- nies par les traités d’Alahkara sont comme des fragments de manuscrits anciens qui nous rapprocheraient graduellement de Yeeuvre originale. Grace 4 elles, nous savons comment on lisait le texte de Kalidasa au x” siecle, dans Pécole du Saras- vatikanthabharana, Ala cour de Bhoja, — au i’ siecle, autour d@’Anandavardhana, — méme au vin, avec Vamana. Etudiée selon cette méthode, la question des recensions change aspect; elle se dégage des cadres trop roides que iui avaient imposés les partis pris de Pischel; elle s’assouplit en ren- trant dans la réalité. Il est permis d’espérer que les éditeurs de textes ne manqueront plus de tenir compte des ressources que fournissent les innombrables citations contenues dans les traités d’Alahkara. Et d’autre part les éditeurs des traités d’Alahkara devront s'appliquer 4 déterminer aussi compléte- ment que possible la provenance des citations; la chronologie littéraire de I'Inde, si pauvre et si maigre, se construira en grande partie par ce moyen. Contrairement 4 tant d'autres sections de la littérature indienne, la littérature de l'Alahkira séchelonne, en effet, sur des repéres solides; le plus grand nombre des traités classiques sont susceptibles d’étre datés avec précision, tout au moins pour le sitcle; il va de soi que Jes auteurs qu’ils citent ne sauraient leur étre postérieurs. Yai pour ma part dressé 1a liste, aussi compléte que possible, des prattka de tous les vers contezus dans les reuvres authentiques de Kalidasa; j’y ai joint aussi les prattha des vers cités sous le nom de Kalidasa dans les anthologies et qui ne figurent pas dans ses cuvres. C'est un instrument de travail qui ne manquera pas d’étre utile 4 de nombreux chercheurs; il sera facile désormais de déceler toutes les citations de Kali- dasa qui pourront se rencontrer dans 1a masse énorme des traités d’Alahkira encore inédits. Je crois avoir montré dans le présent travail le parti qu’on peut espérer d’en tirer; je CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 77 me propose de reprendre en détail, dans un mémoire plus développé, les questions que j'ai dd me contenter d’effleurer ou desquisser ici. . INDEX ALPHABETIQUE DES PRATIKA DES STANCES DE KALIDASA. La graphie des éditions qui ont ét6 prises comme base a été repro- duite fidélement, au risque de provoquer des anomalies apparentes. K. Kumérasambhava. Ed. sNirnayzSagar>, Bombay, 1908. M. Mélavikagnimitra. Ed. Borabay Sanskrit Series, n° VI. Md. Meghadiua. Ed, Bidhubhushan Goswami , Calcutta, 1905. R. Raghuearséa. Ed. Gopal Raghunatha Nandargikar, Poona, 1897. Rs. Reusamuhara. Ed. «Nirnaya-Sigarn, Bombay, 1906. ~ 8. Sakuntala, Ed. M. R. Kale, Bombay, 1913. V. Vikramorcasi, Ed. «Nirpaya-Sagar>, Bombay, 1888. b. Recension Bengali de Sakuntala. Ed. Richard Pischel, Kiel, 1877. . Recension Devanagari de Sakuntala, Ed. M. R. Kale, Bombay, 1913. : k. Recension Kasmirienne de Sakuntala, Ed. Karl Burkhard, Wien, 1884. Les stances préeédées dun astérisque sont citées par les traités de rhétorique. + Les stances précédées d'une’ croix sont citées sous le nom de Kali- dasa par les traités de rhétorique et les anthologies, mais ne se retrouvent pas dans ses ceuvres. Les stances préeédées du signe * sont considérées par les éditeurs comme interpolées. Outre Jes abrévations déja signalées supra, p. 5a, note 1, nous emploierons dans cet index les abréviations suivantes: Ac, Alaikaracadamani (Kavyamala 71). Al. Aladkarasarvasva (Kavyamala 35). Ar. Alaakarasekhara (Kavyamila 50). As. Alankarasitra (Calcutta, 18g9). Av. Aucityaviedracarea (Kavyamala Part I, 1886). Bp. Bhojaprabandha (ed. «Nirpaye-Sigara» Press, 1904). 16 JUILLET-AOOT 1916. Dh. Dhvanyaloka (Kavyamala 95). Di. Dhvanyalokalocana (Kavyamala 25). Ek. Ekavali (Bombay S.5. 63). Kb. Kavikanthabharana (Kavyamala Part IV, 1887). Ks. Kavindravacanasamuceayah (ed. Bibl. Ind., New series, n’ 1309). Ku. Kuvalayananda (ed, Bombay, 1919 ). Pr. Padyaracana (kavyamala 89). Py. Padyaveni (dans Thomas Ks. p. 10). Se. Subbasitasaficaya (dans Thomas Ke. p. 15). Sg. Sirasangraba (dans Thomas hs. p. 13). Sh. Subhasitaharavali (dans Thomas ks. p. 14). Si Subbasitamuktavati (dans Thomas Ks. p. 13.) SI. (B). Saktimuktavali (dans Thomas Ks. p. 15). SI. (P). Saktimaktavali-Saiigraha (dans Thomas Ks. p. 15). Sm. Saduktikarpamrta (dans Thomas Ks. p. 11) Sr. itaratnakoéa (dans Thomtas Ks. p. (dans Thomas Ks. p. 1). St prabandha (dans Thomas Ks. p. 14). So. Suvpttatilake (Kavyamala Part Ih). Sv. Sabbigitamuktavali Spigaradapa (dass Thomas Ks. p. +3). Sy. Sabhyalaikarana Samyogasrigara (dans Thomas Ks. py +1)- what: ay . KY. 77 R. Vill, 90. W? fron \ R. XVII, 95. “witdereara weet tp 0. R. XIX, 37. werd foray Sp. 3376. R. VIII, 20. wtavere ware: Voir wet at S$. 4. V1, 10; 6. 191; k. t08, 99. ower swede: K. p. 186. RM, 66. wwareferent wen gta (gt) R. VI, 39. K. X, 56. ware Thaw oar R. XM, 81. MY I, 10. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 79 K. VII, a8. RL XVI, 44, ~~ Rs. Via. waeenra RY, 62. R. XIX, 13. weet Voir wyeTewT wre 1 R. XV, go. wyag Voir wary we R. XIX, 36. K. VII, 5. Re. VI, as. XIX, 17. owyifatca KOVIII, 63. MAU, 4s. = wor MII, 9. V. IY, 73. R. VIII, 17. RIX, 17. . weatfa Voir vat fa K. VI, 75. wr wher S.d. V, 045 b. 195 by 86, 19. wT: KT. we thy Vor we ce VI, 28. KV 14, ~wfaritfe Voir ~whrtttt “ufate ara R. XVI, 1. R. Il, 58. M1, 13. 80 JUILLET-AOOT 1916. R. NUT, 51. R. Xl, 31. K. XII, 56. we R. Vill, 94, wed RIX, 7. we R.XY, da, wee R. Vl, 75. wera aw R. Vill, 72. we we fret R. VIII, 1. we ve fami R.X, 50. we ta R. Vill, 73. wot gre K. VI, 15. wea K.VI, 47. owe: aft KI, 25. wu feat (Sa) K. X, 48. wow R. XY, fg. we we R. IX, 54. ae ray RII, 75. wa tau R.XVIN, 1. “we ofa R. XI, 93. “Wwe wert R. Hl, 1. we wai R. I, 93. wef K. VIL, gf. We HEAT B. XIl, 103. wea K. IV, 46. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D’ALAMIKARA. Bt wa wy aff we wate R. XVIII, 5a. K. XII, 7. waa We a Voir aafe qafer K.IV,1. wean weafe RB. IX, of, K. V1, 95. wea : wea io RIX, 68. “wea (q) afea K. Il, 64, Wwe eat : RI, 54. “wea farrg weca R. UL, 70. R. XH, 74. wa weovfa : eliote R. VIN, 33. we aracat — B. XV, 70. RI 4, we - wen at _ R. VIII, &7. werarg Voir % qrarq wea R. VII, 45. R. X, 66. We areitfa Wares R. XV, 80. K. V, 63. wen aay warwet K. VI, a4. R. VI, 53. we fafuare . R.Y, 76. . R. VI, 30. w K. VII, 94. K. VI, 65: K. VI, 1. K. Vil, 93. we tte “wafer R. VIII, 10. K. V, 30. wie “wera: R. X, 35. R. XU, a. we arenfia word R. XIV, 53, R. 1, dg. oe 6 82 JUILLET-AOUT 1916. * ware at K. XII, 49. K. XI, 6. ("") RY, 43. 5. RB. XVI, 4. R. XVI, 37. waraaraa ("7") 5 KI, a1. R. VI, 59. 14 BR. Ul, 33. K. Ml, 11. WTS TH R, XVI, 43. R. XVI, 54. i Ss CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 83 K. IX, 15. R. V, 32. X. VIE, 1. We Wel R. XII, 45, V.1, 19. BI, 87. wm fare . R. XIN, 65. kK. if 56. we Te K. ¥, 86. rete ya S.b. 557k. 36, 7. V.V, 14. K.VIIT, 47. S$.d.1, 19; b. 303 k. 10, 11. K. XIV, a1. wiv R. Vil, 6. afar fata RIX, 9. | -wfasrara Rp. 97- : K. XI, 30. wuraran qafa S. do fl, 14; b. 48; bk. 31, 18, K. Ill, 6. K. Ill, 63. K. XII, 38. wraret R. IV, 35. wreny R. VIII, 19. K. I, 58. wear R. p. 276. S.d. 11, 0; b. 39; k. 95, 19. ware R.X, 32. BA SUILLET-AOOT 1916. R. XVI, 48. wee RB. 1, 93. ir " Sid. Il, 10, b. S45 he ag, 13. M.IlL, 15. wfaragiTa B. Nill, 50. afreat: Twat RXVH, 45. M. 1, 18. S. b. Ba; k. 47, 15. afte V. Ill, 18. S. 4. IIL, 43 b. 57. R. XVIII, 10. wire 7a Vv. I, 18. aapanrfcfa S$. do I, 165 b. 505 k. 3, 17. wre B. XIV, 79. Mav, 37 swore Voir wafirra WyTaAT R. IX, 46. RU, 3. S.d. IV, 10; b. 1055 h. 66, 4. * LS. 4 ata Sid. I, 26; b. 985 k. 17, 19. wan wena VI, 13. own wenfy $. d. VII, 193 b. 205; k. 130, 5. | wae Sfizafa i R. VI, 94. | wre ay M. IIT, 16. win wi K. V, 38. wan fafa v.V, 6. “waa qala R. VI, 38. \ warm oralt R. Vi, 63. ul R. VI, 35. ows wert S. b. 84; k. 48, 10. win care K. VII, 68. wan ard R. VI, 57. wwart: afer K. IX, 31. Ah CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 85 _S.d. VII, 9; b. 188; k. 199. S. d. IV, 3; b. 96; k. 58, 14. waned sf ( wefa) K.X, a1. waa V. IM, 16. wate R. XI, 73. wan WaT Bs. 1V, 14. wan freq Rs. IV, 16. wa sft org K. XIV, 13. R. XII, 87. K.1, fo. wate chin? K. XVI, 48, R. VII, 5a. RAI, 50. waver M+. p. 203. RaV, 11, R. XVII, 54, R. IV, 64. want. K. VI, 54. woarerfar Voir qavtefa, S. b. 763k. 45, 2. M. IIL, a1. Vil, a0. $. d. II, a2. WH? Se Voir wat owy nt Vs 17. R. Vil, 86. wat K. XVI, 33. wwf fret K. ¥, 33. “wf R ier wwfa wrerafara K. V, 34. wit mr: R. XIV, 83. wit wat K. ¥, 35. 86 JUILLET-AOUT 1916. S.d IV, 193 b. andy ks ga, 3. safety sara (ara) K. XSL at. whrrerafe RIX, 39. V.1V, 56. n Vill, 36.” wha afa $. dilly 195 b. 455 ke 30, A. K Iv, 3 Rs. II, 10. S.d. V, 115 b, s993 ke 79, 8 weary BV, 56. serdar ("F) K. XI, a. K. XVIL, 4g. warefra RX, 3° iat . 1, 53. K.1, 33.° WANA IT S.4. IL, 8; b. 61; &. 37, 9 ys as R. Ill, 97. wit waT K. I, a4. S$. d. IV, 8; b. 103; k. 65, 5. wiht oH R. XII, aa. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. wit fe fe KU, 15. at BUTE R. NHI, ba. aT Ty KL1Y, a9. waa aT RIV, 38. * RH, 36. . AP XU, 33. Mel aa. we a3 feta Sd. JH, 195 b, 68; &. 41, 05, owed a3 ara S. b. 875k. 503 4. owed & BUTY S. b. 69. “we aurit R. XIMl, 49. nxn. weua Ve 4, 15. we wan (wer ) Voir ey ret 37 V. IV, 44. S. 4. VIL, 75, 193, k. 198, 21. eee V, IV, 10. * in K. 1, 5a. warfertafe K. V, 93. ~wfe fren Voir ~wfq fare “wfe tfirr K. IV, 3. wha wet vate wet wwfe wart Voir wha wa wate ante K. IV, 28. woret KY, 69. R. XVI, 36. K.V, 15. K. XV, 26. R. IH, 15. wfcufa Voir qi fr ween RB. IX, 43. tw@ cruryen- As p. 264; Kd. p age; Kk. p- 183; Kn. p. 193, ee R. XI, 69. whim 7a 88 JUILLET-AOOT 1916. owe anf MT, 9. wef fe aan $. dV, a9; b. 1175 k. 73, 9 ‘: $.d. VII, 14; b. 200; k. 197, 9 swift (far) K. VII, 61. we RB. VI, 10. R. XIX, &3. wearaft K. V1, 37. wand 1g K. 1X, 97. K. V, 43. wera M.1, 20. RIT, 34. K.IV, 15. R.IX, 41. weafafer Voir wart weary fawt R. IV, 58. s R. VIII, 8. wore ait K. IV, 13. tre a Ks. 50, Sb. 2052; Sm. II, 395 Sp. 3957. K. I, 60. at R.A, 77- WaUTTay K. IV, 9. v. Til, 5. wafata R.IX, a1. *waferrrat R. VI, 3a. R. IX, 18. wae cr R. XY, 3. wafe acawrn Voir tfe Wofa arate R. XVI, 89. wafa Gr R. XIV, 40. wafer we Voir tfat az wifat CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARS. . 89 S.d. 1, 20; b. 915k. a4, 18. waues : B.IX, a1. R. III, 63. R. XII, 46. ween K. 1K, 7. x mn 59. V0, 9. wan ae K. Ml, a6. rs . I, 20. wh R. Vi, 78. eae R. Xilt, 66. weit: ot KV 8h . K. . we wat R. VI, 6a. wary et $. 4. VI, 95; b. 1765 k. 213, 5. aw 90 SUILLET-AOUT 1916. R. VI, 43, Voir S. éd. Kale, 1V, 88. wer: wa (sf) V.1, 10. wage Voir qeargy S. d. VI, 26; b. 180: k. 135, 18. “wee K.1V, 20. R. VIL, 8. wigqaay Sod. Va. b. 193; k. 9B, 8. RXVIN, 18. KONI, 43, wet wet K. XI, 54. wel mat K. XII, 48. wer wat K. XII, 35. twit drt Bp. 253; Sh. 3ab, s14, WH fare: K.¥, by. ware aa K. XVII, 95. w wrweneft Voir wre Bs. Vivaa. Bs. Ill, 10. wafernfa qar Rs. p. 80. K. NIV %g. wwifeat whe K. XVI, 33. waifwarta K. XVI, 36. Sid. VIL, 985 b. anh; k. 138, 8. . wT K.X¥, 15, WITT TH Sid. ¥, 35 b. 1985 k. 74,1. wow: Sid. Vind5b. 1435 k. 87, 1. MSTA Np. 108. K. Il, 3. west RB. XI, 45. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 91 M. I, 16. RB. XV, 6. wafeeaait R. XV, 10. wdtrats Rs, VI, 19 (Sb. 1678). wean. MAW, $1. R. ¥, 6. Mt. Il, 98. wud yet: R. XVI, 36. NTA At R. VII, 46. wes: R. XIV, 3. MAI 4. $.d.1,a;b.a3k.a, 7. RIV, 37. BR. XVI, 53. RB. HT, 18. woes irr MAT, 1a. swratfertt Voir arcrwanre WAATerte KVL, 5. VI, 3. ‘arf afer Vv. Y, a. wWarart wae M. TM, 4. RU XVII, a5. Rs. V1, 16 (Sb. 1674). SB. 0775 k. 113, 29. wees aw K.1, 5. Bs. Vi, a8. wa we R. VI, 4s. wan ate Vv. V, 93. wowcfafa VL IV, 15. were fac R. XVIII, 24. ees JUILLET-AOOT 1916. 92 * ~ M41, 46. i RI, 77. i K. VIM, 76. i MIM, 13. K. VI, 33. S.d. VII, 175 b. 203;k. 199, 5. Re. VI, a4. wat Py. 11. 57, 108 = Dhanaijayavij (Calcutta, 1857, p. 6). a K. VII, 57. “arenas ae R. VI, 6. werrets V. IV, 18. K. IH, 54. reel qren: R. XVI, 19. R. XVI, 63. wieder K. XIII, bo. swrfrda wht Valeo: wiferercet v.Y, 8. VIM, 38. BVI, 4a. KI, 14. SI. (B. 128 b). Vv. V, 16. BR. V, 34. Ware Tra R. XIV, 58. rare (“w7) M4 II, 5a. WewaTe K. VI, 8. wawyet Voir frarergat cocoa R.XI, 33. wear gt K.X,1. wet oer R. XVI, 62. R. XIII, a9. R. VI, as. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES ‘TRAITES D'ALAMKARA. 93 RK M41, 53. wreanrfed R. XVI, 13. RM, 5. “i WT | wrertt art K. XIV, 46. ofr aT R. XVII, 68. K. XII, a7. «fa wit KIX, 10. 94 ‘ofa afar K.X, 51. RX, 33. ofa aeferd K. XI, 50. vfa R. I, 82. “afar fererfaett RI, 73. fa factor RY, 73. ‘afar ferns K. XVII, 55. “xf R. IX, 69. Xfa are K. I, 62. R. Vil, 93. kK. Xvi, 51. Niles, wird K. XV, 43. hea were K. XII, Ga. JUILLET-AOOT 1916. wh afaenr K. V, 84. we K. IV, 45. Te fates K. VII, 86. Te fat K. XVII, 33. Toa wt R. II, 35. va fir K, XI, 4g. THT K. XII, 53. Wea foots R. I, 67. wwe RB. IX, 81. vet afore R. XVI, 44. Te far R. Y, 33. Tiara R. XVI, 88. K. XVII, 16. K. Il, 4o. cage R. V, 35, i awte Mp. 958. watm K. NI, 3g. wr K. XVII, 40. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES ‘TRAITES D'ALAMKARA. 95 a 36. . VI, 64. Tr: waferrgy R. XVI, 35. xvi, 36. K. XUIL, 37. K. VIL, 69. renre we wafs RB XI, 30. V. IV, ho. wena “xg feet K. VIII, 28. S.d.1, 195 b. 175k. 9, 8 ‘Ceeiarerg- ‘rT Les Vel, a3. bind ant MIL, 39- : K. VI, 87. een errr MY pe 237 $. dL, 175 b. 745k. 44, 6. T K. XV, 3a. XgAaT $. be Bgs k. 51, 9. B. XV, 48. weafafax er art __ Sede Illy 35 b. 675 Bas 5. R.1, gt. x V. 11,6. R. XV, gt. zy wawaat RL VIN, 55. it. XIV, 43. equ ena $.°d. ¥, 195 b. 1363 k. 8a, 10. R. XVI, 18. - oxgaafen waar Voir wafer SB. 18. R XH, 38. a ects aa r ROX, 57. R. XVII, 75. wet gr wafe RX. a7. R. XVII, 81. ura: Ta . xfgard Vil, 16. R. XIX, 6. — M. Y, 11. was? K. V, 70. rea Vv. V, 19. R. VIII, 58. cate Voir wet “ee aK K. V, 53. “aaa K.V, a. M. IV, 5. Av. p. 1393 Bp. 113. Dans Bp. cette stance est attribuée & Kridacan- dr. ‘kfert aga RI, 79. K. V1, go. era sfa K. VIII, 50. Bs. p. 67. JUILLET-AOOT 1916. $.d.1, 4;b. 45k. 3,1. s Sed IV, 195 b. 1075 k. 66, 17. efter: ware M. IH, 3. KM, 47. 2 ae Rs. VI, 8. K. XVH, 38. waitderit K. XII, 39. Y. MM, 2. ‘fewat Voir wfeat wft stow wfctr K. XVI, 34. Sfewantat Voir wriwartt SETS R. XIV, 73. warcfn fat K. VIII, 35. wate fa M. IV, 13. Tits. fue ar R. I, 61. Uftre Ta wy R. XIV, 6. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 97 : TX, 51. | K. XIV, 14. wantin: data wEraert R. VIL, 39. K. XIV, 41. . sa $. d. IV, 155 b. 1105 b. 68, 12. K. XIII, 5. wranfa ate wera MAI, 60. K. XVI, 8. * MAT, 23. K. XVII, 50. serra HE K. IL, 43. R. XVI, 67. “way T area MA IL, 25. : R. XVI, a9. (om) wafe kK od R. XI, 17. ware gy werorara Voir wytrara Rp. 343. $. 4. lif, 205 b. 785k. 46, 4. KL a wert R.XY, 98. _ . wen fafa 1X, 30. K. ¥, 30. v. iff, 6. K. Vit, 66. RIX, 9. S S.d. Ul, 13; b. 70; k. ba, 4. ae wT R. VIII, 84. R. XVIII, a0. “woaitfert afer R an 48. K. 1, 3a. “eet wt wae: aufz ; BL XI, 26. eifte: Voir ogra: seqe e ¥, 98. KH, 13. SIS PE Voir weiter ; areet reer R. 1X, 38. +euft ae Sm. 11. 750. R. XV, 6o. wafer R. XV, 100. euferi wa R. XIV, 63. wate fafret R. IX, 27. S. b. 158; k. 100, 4. K. V, 56. R. V, 38. “JOSS A K. VII, 41. warare fey RVI, 50. R. Ml, 30. JUILLET-AOOT 1916. Hsarfaarat fart Sb. 30373 Si. vw. 415 Pafieatantra 3 Ind. Spr. 1307: Z. D. M. G. 3g, p. 307. surfed at Voir afrern: we Sie at K. XII, 31. $.d. VIL, 105 b. 1965 k 198, 95. RIX,3. erecta R, VII, 39. R. XY, 68. M. 1, 10. B RIV, a. “oat R. HH, a3. SATE K. VII, 94. STI : R. XVII, 67. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 99 wvitearen wart K. XV, a4. R.X, 14, whites v.V, 7. ewer Voir safe uw SwTaaeM: Sw Voir seeder: sare a “TR SITET KV, 75. Rep. Sot, ware wrat We: wate Voir Ue RT R. UL, 5. warars wifaa RM, 47. RIX, 71. “Wan errche: wears: farfix? R. XL, 45. VI, aa. . waa wena: Voir wear: K XI, 45. Heat fa wet - - ™ 665 Sy. 8° (1); By. 998, TUM a S. d. VI, 19; b, 162; k. 104, 9, a] War aft K. Vill, 83. K. Vfi, 4, rear Uae eat Vit, & K. Vil, & wre MI, 1. = . V. IV, 41, “want we: wry wet KW, 23. Me II, 54, wien: a urge fen (safer) R. XVII, 80. K. VIII, 70. R. XIV, 30. R. XII, 26. wigs ua R. VII, 30. R I, 38. wit foes Trent R. XY, 86. MA I, 51. 100 JUILLET-AOOT 1916, wr: wot waa R. XVI, 66. K. XVII, 14. VI R. XI, 57. wy waar R. XVI, 60. R. XI, da, Honfa fr: ee * Sp. 34103 Sk. p.63,2.D.M.G.] x yinys. * 39, p- 307+ : Uae WT ae eee : K. 1, 37. S$. d. VIL, 18; b. 208; k. 199, 14. wiafrege R. XIIl, 68. K. VII, a0. 77 wafafarager K. VI, 89. R. XIX, 47. wan R. ¥, 18. R. XT, 79° fax RU, 51. R. XV, 82. wv R. XII, 97. R. XVII, 77- i Taare ( K. VI, 63. K. VII, 73. y wa arafa K. XI, & S. de VI, 073 be 1815 ke 196, 5. Ufa: ant Mt II, 19. k. Vill, 36. Ta Beta (Tet) Tae K. Il, 31. S. d. VI, 193 b. 1705 k. 108, 6. ware: wr ae K. VI, 31. R. XI, 34. : Ua wert K. VI, 84. R. XIII, 48. TA AAR Ua att R. Vi, 95. ¥. If a0. wi wares R. V, 60. R. XII, 43. CITATIONS DE KALIDAS’ DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 101 §, d. IV, 16; k. 69, 8. 4 $d. ¥, 6; be 1295 ke 77, & iquity M. IH, 10. $d. 1, 223 b. aly ke 1a, 13, woun BR XIK, ag. K. IX, fg. aCe TET KI, da, ae 37. wget $. 4. Vi, 135 b. 163, k. 104, 11. wt yw R. HT, 54, Rall, 17. (saa) K. MH, 9. K. V, 6. ML IV, 15. rere Bs. p. 79- Bs. V. 13. weqicpiy Voir aca s. K. XI, 46. KM, 49. vwttewe:: ("Y) K.1, 9. worerret . K. IX, a3. ? waeat Rs. 1, 98. wae at K. vil) 46. 102 JUILLET-AOOT 1916. *arafa arta K. HI, 8. K. VI, 76. ALARA ET: Rs. p. i. K. Vill, 68. wofarerat wafeqarant Voir wfererrat R. XVI, 83. werege CTT aT Pees K. XIV, 48. warteent K.X, 34, VL IV, 43. Rs. HI, 15. K. XVI, fo. porta ‘at (RAVE 33. R. NIM, 93. ‘afary arent © Midya 8b. 973k. 58, 2. KAY, 19. Ke paz. R. VIL, 51. e afwqwrarat K XVI, a0. ROVE, 19. rat +efearht Ta Kev 97. Sm. in. 14, art Rs. VI, 5. Sp. 3978. waat at “at a aa K. VI, 61. S. d. HI, 1; b. 53; kb. 35, 8. aa ae MYT, aa. R. XIV, 33. wert R. 1, 3a. R. XI, 34, wea R. VII, 59. R. XVII, 47. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES ‘TRAITES D'ALAMKARA, 1203 “at S ya aCe R. XVI, 8. Rs. III, 8. fre OTC TEE K. XVI, 43. R. p. 14a. Rs. VI, 18. R. XIX, 39. : mee aren faferr MY, 3. M. IV, 8. *arafirent arerenfctt RI, 46. Vv. UI, 4. ard anttat | aret Ga RB. IV, 13. S.d. VI, 173 b. 168; ke 107, 3. ara Safa ard Sa R. XII, 75. . R.X, bo. art 4 are areda Ufret R. XVII, 40. R. XV, a4. R. VY, a3. K.1, 19. are waft . | areTyS R. XVII, 55. Rs. II, a1. “art aTaTae 5d. V, 31; b. 1495 ke go, 3. R. XVI, 18. $. d. TI, 15 b. 345 k. 93, fa. K. XH, 15. ATSTTT arqiqat RB. IY, 84. Rs. III, 1. rare aTat araanet K. Ul, 64. Rs. III, 9. aerate R. XIX, 5. R. XV, 77- *afacars : K. IIL, 7. $d. V. 133 b. 1325 k. 79) 156 TAAT: TAT fa aa R. LV, 69. K. V1, 23. area aret “fab afte: ( RY, 5. $.d. TIL, 193 b. 773 ke 85, 15. 104 “JUILLET-AOUT 1916. fa gett 7 V.V, 15. M. IL, 47. fa faq’: weg Bs. Vi, a0. R xan, 38. fa wrerd aa Wa S. d. V, 18. S. d. V, 14; b, 189; k. 80, 23. fa we werwat KI, a1. = XVI, 16. wa re afr K. XI, 48. Rs. VI, 93. : of WATT : KID, 47. K. XVI, 97. fa aragta afer y (4g) S.d.¥, gs b. 197; ke 78, 4 YV. AV, 26, fay Tat qafe ya R. 1, 65. M.IV, 10. fa qu? (@) “atopat (gera: ae) K. XV, ho. K. III, a5. fare fow wave a: R. V, 33. K. Il, aa. ATCT : R11, 57. RM a3. : aa: wa KY, 44. “RX, 78. fasfarg (“fat) ft ¥ K. Il, 19. S.d. V, 28; b. 146; k. 88, 7. faafat quae: K. V, 50. R. XII, 80. we K. XI, ag. RX, 73. K. XI, 16. R. XY, 55. 7 qeeame R. XIV, 34. R. XIII, 18. fauna waren R. XIV, 65. RVI, 79. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 105 we safe: K. V2, V. Ul, 10. R. VIII, 44. 1 “kM bo. 1 “KN, 35. 4 “h. VIII, 34. “BR. VIL, 53. wearer Bs. VI, 4. wa “RXV, 69. RX,» RB. XV, 53. wt wwe $.d. VI, 183 b. 169, k. 107, 13. wanton R. Xl, g4. wr weet R. XVI, 76. R. VII, 48. “weaarafe KV, 7. “werdtat RXV, 1. erate R. XIV, 16. earecreany, Re, V, 6. wants (°9°) S.d. V, a0; b. 137; k. 83, 4. warfatat KV, 16. R. X, 63. war: Tet S. d. Vi, ag; b. 183; k. 317, 5. warrant : Sb. 19003 Sp. 358g. Dans Sp. eette stance est attribuée & Bhojana- rendra. wart fit S.d. Ul, 175 b. 51; k. 34, 3. RX, 74. KX, 38. KX, 54. Ese 106 JUILLET-AOOT 1916. wane fora V.IV, 59. Ks. 259; Sm. 11, 461. C'est une stance de Viddhesélabbaijika, $.d.1, 6; b. 65k. 4, 1. ate RARE Oe KOXVI *( *) K. IX, 35. arora wir a K. Mes, ees waaage Voir arfaze wate forette oad a cae : R. p. 453. Lb " 3 Mia . K. VIIL, 84. fareanfafr . aaa wea RV, 7. meas RVI, 93. _ R. XVII, 0. aa . XVII, a0. R.X, 70. - xfer m: (fu?) aaa Ufe (Tae) K. XVI, 38. K. VIII, 5. wre 7 a K. Il, 73. RH, 35. K. XVI, a9. 2 K. XIV, 16. x R. XVI, 60. oo R. XVIIL, 97. K. VIII, 83. atfran 2 aR AKI, 26 SROXIX, 23. $. b. p.170; k. aha, 8. R. IX, 16. R. VIII, 82. *k. VIL, 88. Rs. XIV, 5. es cain eT R. p. 386. CITATIONS DE KALIDISA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 107 | wfverer R, XII, 55. . R. XI, 75. afes wit wera R. XI, 57. S.d. III, 8; b. 64; k. 3g, A. R. XII, 19. R. VIII, 28. fect farce R, XIII, 56. K. XV, a7. far <8 Voir que <@ R. XII, 54. Wrote afeg arate: K. VII, 26. K. XI, fa. ; a ‘mat K. XIV, 19. K. IV, 94. . wa ante sya S. d. IV, 5; b. 1005 ky 63, 6. oe “aT M. IE, a. a wae Sid. Ml, 18; b. 52; k. 34, 17. amg “HE K. Vill, 43. ae wegfen Voir titfaqia taprard ( wat) 1 eyfirtr Sm. u. 5: hs Sb. 1343; Sk. pp.47,] KOXVP, a6. 3903 Sv. ay 173 Kd. p. 1195 Dh. p. 165; Kn. pp. 86, 112; | SW Ms wX Diz p. 663 Kk. pp. 64, 908; ar. | XVI. 7- eee knees | See p- 1923 Sd. p. 993 4s. p95; | K. XVI, 25. (Me p85 Bk p09, eye (rez) yet Teas K. XVI/ 39. R. VII, 37. wage fara Voir aatafirt waaay ayvere $.b: 193k. 74, 6 K. XVI, 35. faa _ | Safer Bye \ RIT, 58, 2 R. XVII, 66. s 2 wear = R. XI, 71. yy, 57. 108 . JUILLET-AOOT 1916. wri at K. XIY, a0. MIL, 43. a wer Tt K. XII, 4g. MET, 5g. wen ae: a M4 IL, a0. ary WITT - x te R. XIII, 97. sf X, 35. V. IV, 19. : a K. XII, 13. Rp. 973. 7 io w Kp. 18, KX, 36. K. XIV, 97. ; K. XI, 38. K. VI, 38. : Sd. 1, 313 b. 33, k. 31, 4 M1, ds. . 5 werent MI, 38, pan eNews Tl, Ra I, 97 R. XII, 6. araresry Voir war fart : ier wa aa wate WIV, 5. KI, 55. ey: are wife Voir wre waft K. XII, 3a. wrerarentrata wae K. XVII, 39. KV, 30. arerfig areft wet wet Bev, 5. V.1,6 arerdsret Voir ting 97a arte K. XIII, 36. $.d. HI, 91; b. 80. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 109 K. VI, 68: “arent afer 7 $. d. II, 6; b. 395k. 97,1. Bs. ¥, 5. K. XIII, 9. B. IV, 43. : aire: wife K. Ill, 38. K.XVI, 14 wines SK. XI, a8. as za = R. XY, 69. R.X, 85. wart FC Tite. 7 K. If, 53. qe wre V.IY, 36. K.1,.51. V.¥, 19. K. XIV, 50. aronesfa aefe wraife "REXIK, 7. Bs Vi 13, afer fe IX, 51. KIM, 17. ayer: R. Ul, 43. R. XIV, 51. : BR. I, 44. R. XII, 3. “afrevrgt a G Sd 175d. 75k 4, 8. R. XVII, 35. . Rll, 33. B. V, a6. K. XIV, 47. me Vv. : ct 15. Boblen, dans les notes de son édi- tion du Re, reproduit.(p. 146) tun vers apocryphe SFAGIFT, so- compegné de ia mention Préerd- carnendyans Kalidasab. 110 K. XII, 19. ERI, 85. &. vir, 80. K. XVII, 41. K. XVII, 45. RL XIX, 14. i z = = 2 ad = & we 4 a z * = po » cdl a4 m Ss me Bao $ © JUILLBT-a00T 1916. z XV, 10. ere R. IX, 13. MIL, at. aur: fae R. VIII, 79. : (*farerer:) K.IX, 48. wefaret: Voir orafaea went Voir ceeraga S$. d.1,a15b. aa; kaa, 1. wAferetrer Voir waft K. XY, 13, S.b. 88; k. 51, a. min, ot FoR forte Voir Fare fare fawazey R. MU, 15. ferwreret MII, a RXY, 16, “fa fate $. 4.11, 5b. 43; k. a9, 8. VV 4 fercyafaa Voir forcrea K. VIII, 19. “gat factt R. XIX, 97. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALASIKARA. 111 K. VIII, 8. ~ aya Te- (he) K. VI, 58. ware fe K. XVII, 37. wate 4 R. IX, 4. M. II, 6. . *aare ate R. XVI, 53, ae aa R. V, 31. ware R. HL, 16. B. XY, 78. wa Te S.d.1, 19. K. XVII, 3. wafre: RL XVI, 74. ae oe K. I, fg. arene ferorarrart (HCPA) Rs. I, 27. V.IV, 13. went R. XII, 61. mare TT R. Ill, 56. K. XUll,-3. art: a R. VI, 74. 2 JUILLET-AOOT 1916, art a2 Mt I, 6. K. XII, 44. “wa ahi K.X, 3s. RI, aa tara wafa Sl. (p. 15b.); Sb. 34 a, 140;| RB. VI, 55. Sr. 1. 33. “enrforarg arena BLXI, 15. R.XVIL, & ‘=r we aaa RVI, bo. S. dll, ay b. 545 k. 36,3. waerfrra are freer R. XI, 35. R. XIV, 73. “onrfaeter (ret) are a MAT, 65. RX, 38. orate wfet we wert $.d. $1, 315 b. 1855 k. 118, 6. MA 11, 33. wreft wey “eTrerere Rs. I, 95. R. VII, 9. K. XVI, a3. K. VII, 60. arene RXV, a1 M41, 33. wate farafargin K. XV, 20. R. IX, 35. weate farnfete K. Il, 98, K. VI, 3g. *farrrreret « Bp. 115. rererfira MI, a1. S.d.V, 16; b. 138; k. 81, 8. wen: xy, fg. “aptorarrt a BI, a4. “Sart We tae R. XII, 89. K. Vill, 16. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D ALAMKARA. 113 crate R. XVIII, 19. R. XVIII, 39. a arecren: K. VII, 45. at aTee R. IX, 60. R. XH, 47. a aren BR. V, fo. a amr Sy RI, 10. “twit Md., p. 251. a K. XIII, a0. tage HOXIX, 54. were R. XIV, a0. RIX, 77. Md. I, 54. afewan Rs. II, 19. wr wet “R. XVII, 91, Wa WaT: | K. XI, do. a Hat ay K XL, 35. a: K. XV, 5. am oh ay R. XVII, 34. am wt a R. Ill, 3g. ae REF RVI, 31. ae: went R. XVII, bo. ama: Tcata (ware) K. VI, 35. ar Ww BR. XVUI, a1. We TTY M. V, 15. ae: TAY K.IU, 71. aa: WANS R. III, 59. ° 18 JUILLET-AOUT 1916. ae: waar wat Uy RI, 35. R. Vi, 62. "aa: Were ant fragt RLV, 66. RHI, 64, wa: wenfger Voir qa: wen | att aera Aa: WERT RAT, 20. RII, 51. wat aa: frat R. XVI, 69. R. VII, 63. aan wert Voir wet wet ar Tt went fai K. X, 59. BR. XIL, 77. aa: a (@) aT K. XII, 6. RXIV, 54, aat HET K. Tl, 5y. wat KH, ag. at: WATE amt aee (ETT) R. XVI, 75. k. Xv. 4. ha NIP, 30. Re, 64. gas wat werag RY, 1g. aatreadten Voir waredret wat i RVI, 17. wat saetat K.XV, 4. R. Vil, 5. Tabs wares Bret Voir we a wat Fe watt AR: RIV, 44. ee wat ae (TAT) amt fro K. NM, 33. XK. XID, 43. wat ae aeATy RAV. 7. KI, By. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARS. 115 “aera (°R) FeraTfe K. VIII, 79. arrafaate: nf 47. wera R. XI, 62. werent K. VI, 33. ROXI, 44, wenrera: Voir areTeTaT R. IX, 56. wa are K. VIII, a9. wa wat RIV, 77. . ae ate R. XIX, 9. 7 ROX, af. wat RXV, 83. wa are MAT, 44, we Saat R., 64. wat K. VIII, 83. wa Bar RIV, 68. R. LV, 80. , MAIL, 34, (we) i K. 1, 57. ATS Tae K. XVII, 94. R. XIV, 8a. : R. VIL, a0. K. VIL, 70. R. XVII, 10. i S. di 1,115 b., 115 ke 5, a, K. XVII, 10. ‘aerrarayr R. VI, 82. j * 116 JUILLET-AOOT 1916. 7s (*aent) R XIV, 17. K.¥, 79. ararferet (°F) K.V, a1. R. VII, 27. mente K. VI, 63. R. XVI, 94, wenfe Tet wet RI, 6s. K. IV, 36. wafrd K. XII, a3. BY, 17. i wert “agra af K.IX, 1. R.I, 1a. ae cae wetrteg K. V, 1. R. VIII, 54. wefa art ¥ R. IH, 67. R. p. agh. aefa at i RII, 59. R. XVI, a2. aefa wer: ret ~ R. XVI, 23. R. VIII, 83. “attfa wen: afa a R. XIV, 68. x wi 37 wefa wena LPG R. V, 26, aerate Voir werefe wha afrerare RI, ga. KVL, 74 atta afercet Werarderd R. XY, 93. R. XVIL, 8. Wefa anfe Voir wefrarfe | ATM TE 7 a R. Il, 3. K. Il, a3. wet atqrqe K.¥, 55. wey freng re R. I, 41. werg Voir mary RIM, 46, K. Il, 51. afeg facet K. Iv, 3a. afeg ufeqw K. IV, 44, R. Il, 98. K. Il, 50. K. VII, 89. R. XVI, 84. R. XIV, 4a. . wen wer S.d. ¥, 26; b. 144; k. 89, 8. wae feat K. Il, 18. waft afa R. XI, 87. R. XY, 66. K. VII, 31. K. XIII, 41. K. VI, 13> aire Voir eqirrd K. Il, 98. waltfers: Voir areraret R. I, 50. ART ye R. V, 68. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAMKARA. 117 vant R. XII, 98. tt . VI, 48. . IX, 5a. R. XI, 77. MAIL, 18. K. VI, gs. A eva: 48. wats S.d. ll, 15; b. gay k. a, 14. RXV, 51. wafers: eam 118 JUILLET-AOOT 1916. wafeate oe ote R. XIV, 9. K. IV, 96. TT R. XIV, 75. R. XII, 17. watt wwe wary rT R. XVII, 65. R. XIV, 71. warfare R. II, 96. K. V, 31. waganra gat warfratrat K. XIII, 4, R. I, 58. i TENTS aaa eet R. XV, 58. R. XVII, 18. wae fre warel we aaa R. XVII, 3. wae mr K. XIV, 6. RB. OXI, 85, warerat K. VII, qa. R. V, 30. © RIX, 19. RIS 33. aartteat wary fw R.XVI, 9. KM, 74. Wa K. Vil, 43. RM, 73. x caferaet R. XV, Go. R. p. 418. ARIAT Te witwaret RT, 68. K. XI, a0, wae wate: ate R. VIM, 22. R. IV, 83, i : R. V, 3. R. VIL, 35, wari fany K. VI, 79. B. vil, 5a, Taare ar RIK, a8, XV ta CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'\LAMKARA. 119 are Vil, 64. “wan ya (fay) K. Woes V. IV, 65. wet Set K. VI, a. aT aT R. VI, 84. aet ett RI, 70. R. VII, 93. RII, 57. R ae 5, R. XVII, 7. XVIL, 7 R. XIV, 35. R. Xil, 6. wat: warata K. VII, 75. me: waraf ery Voir warcaTy warerfe R. XII, 56. ae V.IV, 3a. ae Iga S. dill, 3; b. 56; k. 36, 11. 7 BR. VIII, 64. wa faate V.Y, 99. aw K. III, 10. WS ag S. d. VIT, 34; b. ago. wea weet R. 1, 61. 7 LVI, 125 b. 1615 k. 103, 7. aa \. XI area ofa R. V, 13. ae 4.1, 5; b. 5; k. 3, 10. R. XIV, 74, ; 69. 120 JUILLET-AOUT 1916, wea ‘atergaran: K. Vil, 19. K. Hl, 48, AETRTART afearart R. XVI, 79. R. XVIII, 16. M‘ p. 957. K. Ill, 1. were: afer R. XVI, 43. K. VII, 56. Tere where M41, 51. R. XI, dg. : WeNTATS afeart R. p. 501. K. Il, 24. R.1, 73. RVI, a3. afery are oe afery fer MH, 36. _ KW a. wre way MAT, do. R. VI, 70. afedata R. XVIII, a9. K. VI, 34. R. Il, 60. K. Hl, 19. at : R. XVI, aa. R. XVI, 78. aferat fra we 3a R. XI, ga. R. X, 34. MAl, a. K. VII, 47. af eertit we fort R. VI, 36. R. XII, 69. aferrqat we RX,5. R. XVI, 7. we wie R. XV, 6. K. Ill, 60. : we war: R. XII, 93. R. 1, 55. CITATIONS DE KALIDASA DANS LES TRAITES D'ALAWKARA. 121 we aaa K. I, 16. we way R. 1X, 68. wa afan ‘ROX, 51. we ag Voir cysera WS TY ET: R. XI, 58. We ay wee K. VII, 35. R. XVIII, 3a. “We ee R. XVI, 28. wang © R. VIII, 93. wader * RXV, a7. We Te R. XIX, 16. ae ee RIX, 55. ae R. XI, go. wre fret MAT, 3. wert Tw: RVI, 68. war: wt KV, 76. we: MAT, fa, wert: R ah “7eET re wer 7 S. d. III, 24; b. g1; k. 53, 3. wet: wart R. Vi, 44, wer: R. VI, 68. “wet: Hfret KI, 38. Tart: waitey BI, 68. “Wet: WETeT KI, Ay. war @ RB. XVI, fo. Ter: ewe - KIX, 4. ieee 122 wer adhat K. HI, 61. wera wT R. Vil, 36. wer gant K. VI, 30, R. XVIN, 5. Tee R, IV, 53. wengaa K. Vi, 93. were R. VI, 1. R. XIV, 3g. R. IX, 58. R.XVIIL, 97. R. XI, 4, WATATATTY RI, 33. BR XY, 33, JUILLET-AOOT 1916. warqaat R. XIII, Go. R. Il, 39. R. XVII, 93. R. XIX ie] MAT, a0. MAI, 16. S. bop. 1315 Ks. att. K. VII, 51. RB. Y, 41. i Kl, 37. RVI, ah re CITATIONS DE{KALIDASA DANS LES TRAITES D’ALAMKARA. 123. . ‘\ at are K. VII, 9. K. VIII, 81. at are K. II, 59. at farferdar: R. XVI, 38. at aa te R. VI, a6. at teaver: K. 1, 30. ar erentt R. XY, 73. a SAE RB. XIX, 44, m ~, R. XIV, 81. vt wente M41, 39. MAT, 10¥ “at aniter: (aria: ) Mt I, aa. wegat K. p17. ara R. XV, 7a. ar aria R. XI, 56. arreinred K. VI, 50. at ware R, XII, 5, at ete RXV, 79, at 2am R. IT, 16. “at wee: K. I, 50. ATS K. XVII, 4. K. X, 60, RX, 64. K. VI, 12, arama R. VI, 37. R. XIV, 97. wrafersare R. II, 94, AT aTeE R. XIV, 70. arafeara: K. Vil, 7. R. XIV, 80. K. VI, ag. MAH, bo. aren faret M.IV, 1. Titer frfirc K, VIL, 53,

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