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INRA

Agriculture
Alimentation
Environnement
N°9 - JUIN 2009 magazine

◗ DOSSIER

Le déclin
des abeilles,
un casse-tête
pour la recherche

◗ HORIZONS ◗ RECHERCHE ◗ REPORTAGE


L’expertise, Flux de gènes L’écologie des grands
lien entre science chez les lacs alpins
et société peupliers
◗sommaire

◗ HORIZONS
03◗ HORIZONS
L’expertise, lien entre science et société
Ecoresponsabilité, première étape
Virulence des grippes Chers lecteurs
06◗ RECHERCHES
L
’expertise scientifique ouvre et clôt

L’expertise,
& INNOVATIONS ce numéro. Face à des problématiques
Enjeux sociaux des circuits courts complexes ou controversées, on se tourne
Flux de gènes et de pathogènes souvent vers l’ expertise scientifique qui,
entre les peupliers de manières diverses, formalise les connaissances
Des pâtes aux légumineuses à même d’apporter des éléments d’éclairage aux
lien entre science et société

© Inra / Christophe Maître


Barok, un nouveau blé tendre décideurs. L’issue de l’exercice peut néanmoins
Nouvelles inflexions de la politique agricole s'avérer inconfortable : la demande traduit un
Les rendements des grandes cultures désir de réponses claires, voire catégoriques,
stagnent-ils ? alors que la mise à plat du savoir souligne autant
les acquis, les thèses plausibles que les incerti-
tudes. Patrice Van Lerberghe, qui a enquêté
13◗ DOSSIER sur les pratiques d'expertise dans les organismes L’expertise est une mission des acteurs scientifiques, inscrite depuis 2006


de recherche, aborde quelques uns de ces aspects. parmi les objectifs que la loi fixe aux organismes de recherche.
COLLOQUE DE
Le déclin Une charte nationale de bonnes pratiques va voir RESTITUTION

«E
de l'expertise
des abeilles : le jour, Marion Guillou en expose les enjeux. scientifique
xpression d’une connaissance nation d’acteurs publics nationaux, tence, pluralité, impartialité, transpa-
un casse-tête formulée en réponse à une européens ou internationaux ou de rence. Une charte a été adoptée à
collective
agriculture
pour la recherche Le dossier central s’inscrit dans ce question- et biodiversité.
demande et sachant que collectivités locales. Cette activité qui l’Inra à la suite des recommandations
nement à l’interface entre la science et la société. cette réponse sera intégrée mobilise les compétences personnelles du comité d’éthique. Des échanges
Le déclin des abeilles suscite d’ailleurs moultes dans un processus de décision. » C’est des scientifiques, est reconnue par avec les autres organismes de recher-
expertises. Le diagnostic est d'autant plus difficile ainsi que P. Roqueplo définit l’exper- l’Institut en tant que production che concernés se sont développés
à établir que la gestion de la ruche s’apparente tise. Elle suppose la mobilisation de scientifique, dans le cadre de ses pro- pour partager les expériences et les
à la manipulation d’un Rubik’s cube, ce casse-tête scientifiques actifs sur les fronts de cessus d’évaluation individuelle des méthodes.
science, en mesure d’éclairer sur les chercheurs et ingénieurs. En effet, tout en s’inspirant d’une
dont il faut faire jouer les couleurs sur les six faces
connaissances acquises et les lacunes, Depuis quelques années, l’Inra a même norme AFNOR, les pratiques
25◗ REPORTAGE à la fois. les points de controverse et les incer- également entrepris d’organiser et des organismes de recherche en
Comprendre l’écologie des grands lacs alpins titudes, en réponse à des questions piloter, à l’échelle de l’institut, des matière d’expertise sont diverses et
La rédaction complexes. expertises scientifiques collectives, en relèvent de différentes catégories
Après la tempête La recherche scientifique se trouve ain- réponse à des questions complexes d’expertise : individuelle, collégiale
Un site web pour les gestionnaires si dans une situation paradoxale ; à la posées par les pouvoirs publics : ou institutionnelle.
fois cible d’inquiétudes quant aux stockage du carbone dans le sol, pesti- Les attentes exprimées dans le cadre
innovations, notamment dans les cides, sécheresse, biodiversité, fruits et du Grenelle de l’environnement ont
32◗ IMPRESSIONS domaines de l’alimentation, de légumes font partie des thèmes qui conforté la mobilisation des acteurs
l’agriculture et de l’environnement, ont été abordés. de la recherche pour l’expertise, en
34◗ REGARD où les risques perçus sont souvent invitant à l’harmonisation des prati-
attribués à un « trop-plein » de Pluridisciplinaires ques et à une concertation systéma-
L’expertise, une valeur immatérielle
technologies, et invitée à fournir une et contradictoires tique avec les acteurs de la société.
capacité d’expertise destinée à éclai- Ces travaux mobilisent les compé- L’élaboration d’une charte nationale
36◗ AGENDA rer les décisions. tences de la communauté scientifique de l’expertise scientifique et technique,
de l’Inra et s’appuient sur ces compé- qui vient d’être lancée, relève de cette
Répondre aux attentes tences, dans toutes les disciplines, de la démarche.
Comment répondre aux attentes biologie aux sciences sociales, en Au niveau de l’Institut, cette dyna-
INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE croissantes en matière d’expertise et passant par l’agronomie et la zoo- mique appelle plus que jamais à se
147 rue de l'Université • 75338 Paris Cedex 07 penser nos pratiques en la matière ? technie. Exercices pluridisciplinaires mettre en position d’anticiper et
www.inra.fr L’implication de scientifiques de l’Inra contradictoires et transparents, ils sont d’éclairer les questions de la société et
dans des activités d’expertise est ouverts à l’ensemble de la commu- à contribuer au renforcement des
Directrice de la publication : Marion Guillou. Rédactrice en chef : Catherine Donnars. Rédaction : Abdenour Benmansour, Frédérique Chabrol, Patricia Léveillé, Pascale Mollier, Anne
Perraut, Claire Sabbagh, Magali Sarazin, Isabelle Savini. Photothèque : Jean-Marie Bossennec, Julien Lanson, Christophe Maître. Couverture : Philippe Mollon-Deschamps.
ancienne et s’est accentuée depuis nauté scientifique, bien au-delà de liens science et société.
Maquette : Patricia Perrot. Conception initiale : Citizen Press - 01 53 00 10 00. Impression : Imprimerie Champagnac. Imprimé sur du papier issu de forêts gérées durablement. quelques années. Aujourd’hui 17 % l’Inra.
Dépôt légal : juin 2009. des chercheurs et ingénieurs ont une Ces expertises scientifiques collectives
Renseignements et abonnement : inramagazine@paris.inra.fr activité d’expertise, de façon indivi- ont été menées selon les quatre prin-
ISSN : 1958-3923 duelle ou au sein d’un groupe, à desti- cipes essentiels de l’expertise : compé- Marion Guillou, présidente

●2 I NRA MAGAZINE • N°9 • JUIN 2009 I NRA MAGAZINE • N°9 • JUIN 2009 ●
3
◗ DOSSIER d’Alarm, programme de recherches
mené de 2004 à 2009 pour évaluer

1 Les abeilles, les risques encourus par la biodiver-


sité terrestre et aquatique en Europe
(www.alarmproject.net). « C’est le
premier programme européen à pren-

super-pollinisatrices… dre en compte les pollinisateurs » sou-


ligne Bernard Vaissière, partenaire du
projet.
Dans ce cadre, des scientifiques
Les abeilles sauvages et domestiques contribuent à la pollinisation de 80% des espèces
anglais et hollandais ont réussi à agré-
de plantes à fleurs. ger les premiers indicateurs chiffrés
fiables, en s’appuyant sur une longue
tradition d’inventaires historiques de
e sont des pollinisatrices Parmi les abeilles, les meilleures pol- Vaissière, spécialiste de la pollinisa- l’entomofaune, un suivi sur les tren-

C hors pair en raison, tout


d’abord, de leur morpho-
logie, car toutes les
abeilles ont des poils branchus sur le
corps, et c’est d’ailleurs ce qui les dif-
linisatrices sont les abeilles sauvages à
langue longue, caractéristique qui
facilite leur accès au nectar et qui
conditionne en partie leur préféren-
ce pour certaines fleurs. La plupart
tion des cultures au sein du labora-
toire Abeilles et environnement de
l’Inra. « Nos études portent sur les
abeilles en général, pas seulement sur
les abeilles domestiques. Il existe en
te dernières années et un réseau de
citoyens qui participent aux obser-
vations (plus d’un million de don-
nées ont ainsi été collectées et exa-
minées). Ils se sont intéressés aux
férencie des guêpes. Ces poils leur de ces abeilles sauvages sont des espè- effet 1000 espèces d’abeilles sauvages populations d’abeilles sauvages soli-
permettent de transporter des quan- ces solitaires dont les populations en France, qui toutes interviennent taires et de syrphes, mouches qui res-
tités considérables de pollen dans leur sont très variables, ainsi l’avantage dans la pollinisation et interagissent semblent à des abeilles ou à des guê-
toison et ce pollen conserve long- numérique revient à leurs cousines entre elles. Il peut y avoir complémen- pes et qui peuvent avoir une activité
temps sa viabilité. En raison ensuite domestiques qui vivent en colonies. tarité entre différents groupes de polli- pollinisatrice importante en particu-
de leur régime alimentaire, exclusi- Pour une seule ruche, on peut en effet nisateurs plus ou moins généralistes, lier sous les faibles latitudes. Ce tra-
vement constitué de nectar, leur sour- compter 60 000 individus dont en leurs comportements de butinage peu- vail, publié dans Science en 2006, a
ce de sucre, et de pollen, leur source moyenne un tiers de butineuses qui vent changer en fonction des situations mis en évidence un déclin à la fois de
de protéines, lipides, vitamines et élé- visitent chaque jour des centaines de de cohabitation, des relations de sub- l’abondance et de la diversité des

© Sabine Geissier
ments minéraux. En raison enfin de fleurs. De plus, celles-ci butinent non stitution peuvent aussi se créer. C’est cet abeilles sauvages depuis 1980 dans
leur comportement de butinage car seulement pour leurs propres besoins ensemble qu’il faut étudier ! » 67 % des zones répertoriées au
une abeille visite prioritairement une mais pour la colonie entière, sur un En effet, la cohabitation de plusieurs Royaume-Uni, ainsi que le déclin des
seule espèce végétale lors d’un voya- rayon d’action qui atteint dix à espèces de pollinisateurs, par exemple plantes associées à ces pollinisateurs.
« IDENTIFIER ge, ce qui améliore considérablement douze kilomètres. abeilles sauvages et abeilles domes- Pour les syrphes, aucune tendance ne


les espèces l’efficacité du transport du pollen. tiques, peut se traduire par une pol- se dessine vraiment pour le Royaume- UNE ABEILLE TRANSPORTE sur une seule de ses pattes postérieures 500 000 grains de pollen.
nécessite
de constituer Ainsi, le dépôt sur les stigmates de Etudier l’ensemble linisation plus efficace. Cela s’explique Uni, tandis qu’aux Pays-Bas, leur
des collections. », pollen à la fois abondant et d’origines des pollinisateurs par une complémentarité entre leurs diversité progresse dans 34 % des des plantes pollinisées par les abeilles tion, les auteurs attribuent ces chan-
Bernard Vaissière. variées offre un plus grand choix de « Les scientifiques s’intéressent à comportements de butinage et par la zones étudiées. Les auteurs notent alors que ce n’est pas le cas pour les gements à l'artificialisation des pay-
Il y a 1 000 espèces
d’abeilles en France gamètes mâles lors de la fécondation l’ensemble de la faune pollinisatrice, compétition qui stimule la mobilité aussi dans ces deux pays une dimi- plantes pollinisées autrement. Sans sages aux Pays-Bas et au Royaume-
dont 1 espèce et favorise l’évolution des plantes. dans sa diversité », explique Bernard des individus entre les plantes. Dans nution de la quantité et de la diversité toutefois parler de crise de pollinisa- Uni. Un rapport américain paru en
domestique.
le cas de la production de semence 2007 et émanant du National

hybride de tournesols, la présence Research Council de l’Académie des


d’abeilles sauvages améliore ainsi jus- Sciences sur le statut des pollinisa-
qu’à cinq fois l’efficacité pollinisatri- La pollinisation teurs en Amérique du Nord (Canada,
ce des abeilles domestiques. La pollinisation est le transport feuillage (chou, salade)... Etats-Unis, et Mexique) constate aussi
A l’exception de certaines relations du pollen depuis les anthères, Environ 225 000 espèces de le déclin des abeilles sauvages, sans
exclusives, la majorité des pollinisa- éléments de l’appareil repro- plantes à fleurs sont toutefois le chiffrer.
© Inra / Christophe Maître

teurs visitent plusieurs espèces végé- ducteur mâle, qui le produisent, pollinisées par 200 000 Comme leurs choix floraux sont plus
tales. Et réciproquement, une espèce jusqu’à la partie femelle, le espèces d’animaux parmi marqués et leur période d’activité
de plante est généralement pollinisée stigmate, de la même fleur ou lesquelles en premier lieu des limitée pour la plupart à quelques
par plusieurs espèces de pollinisa- d’une autre fleur de la même insectes, de l’ordre des semaines, les abeilles sauvages, qui
teurs. Mais dans certaines régions, il plante ou d’une autre plante hyménoptères (abeilles et sont solitaires à plus de 80 %, sont les
ne reste pratiquement plus du tout (pollinisation croisée). La guêpes principalement), des plus menacées, en particulier sous la
d’abeilles domestiques et l’on ne sait pollinisation par les insectes, diptères (mouches syrphes en pression de l’agriculture moderne :
que très peu de choses sur l’évolution dénommée entomophile, est particulier), des lépidoptères les haies qui abritent leurs habitats
des populations d’abeilles sauvages. indispensable à la fécondation (papillons) ou des coléoptères disparaissent, la monoculture, tout
d’une majorité d’espèces de (charançons), et aussi en comme la fauche précoce et répétée
Moins d’abeilles sauvages, plantes à fleurs que l’on cultive milieu tropical, des oiseaux et des prairies et des bords de route et de
moins de diversité florale pour leur graine (colza, des chauves-souris. champs entraînent la raréfaction des
© Inra / Christophe Maître

Connaître l’état des populations natu- tournesol, sarrasin), leur fruit Le vent est le vecteur principal fleurs qui les alimentent.
© Inra / Serge Carre

relles d’insectes pollinisateurs, véri- (pomme, poire, kiwi, melon), pour 10 % des plantes à fleurs Même si l’on manque cruellement
table gageure, est l'un des défis leur racine ou leur bulbe dont la plupart des céréales de données sur le long terme et 2
(carotte, radis, oignon), leur (riz, maïs, orge, seigle).

● II I NRA MAGAZINE • N°9 • JUIN 2009 I NRA MAGAZINE • N°9 • JUIN 2009 ●
III
◗ DOSSIER 2 d’approches expérimentales à grande milliers de colonies de bourdons ter- nues alors que l’auto-pollinisation pas-
échelle, les scientifiques s’accordent à restres (Bombus terrestris) pour la pol- sive et le vent n’interviennent que pour
constater la diminution des pollini-
sateurs sauvages dans le monde et
linisation des cultures sous serre, les
tomates en particulier.
12 à 30 %. Au-delà du rendement, ils
observent que la qualité germinative
2 Causes possibles du déclin
redoutent la disparition en cascade de est améliorée de 10 % pour les graines
la flore et de la faune associées ; les Une pollinisation plus issues des fleurs visitées par les abeilles
conséquences sur les écosystèmes efficace et de meilleurs fruits par rapport à celles produites par les
naturels restant encore plus difficiles à Dès 1858, Charles Darwin montrait fleurs pollinisées sans intervention des Si le déclin des pollinisateurs touche autant les espèces sauvages que les abeilles domestiques
évaluer que sur les écosystèmes agri- chez plusieurs espèces de légumineu- insectes. Dès 1990, les chercheurs (Apis mellifera L.), les causes de ce déclin ont été étudiées essentiellement chez ces dernières.
coles. ses que les fleurs recouvertes d’un filet avaient constaté l’effet positif du nom- D’après le consensus qui s’est dégagé ces dernières années, ce déclin seraient multifactoriel.
pour empêcher la visite des abeilles bre de grains de pollen déposés sur le
La pollinisation, une activité à donnaient moins de graines que les stigmate sur les caractéristiques fina-
part entière pour l’apiculture fleurs laissées en pollinisation libre. les du melon, son poids à la récolte, sa
Le rôle des abeilles dans la pollinisa- Actuellement, l’équipe Pollinisation forme, mais aussi la teneur en sucre

L
es fléaux s’attaquant aux abeilles des dépeuplements, affaiblissements, de et Allemagne. Ces écrits évoquent
tion n'a été découvert qu'au XVIIIe et écologie des abeilles de l’Inra à Avi- et la qualité gustative de sa chair. ne manquent pas : on dénom- effondrements des populations de ru- un syndrome d’effondrement qui fait
siècle. Et la pratique de la pollinisa- gnon a mis au point une méthode per- L’amélioration qualitative des fruits et bre une trentaine de parasites, chers ? Force est de constater que les écho à ce que les Américains nom-
tion des cultures par l’introduction mettant de quantifier précisément la des graines s’explique par une meilleu- pathogènes et prédateurs qui se scientifiques ne font qu’amorcer des ment aujourd’hui le « Colony collap-
de colonies d’abeilles domestiques aux part relative des différents vecteurs : re compétition pollinique lorsque le déplacent de pays en pays. S’y ajoutent les éléments d’explication. se disorder » ou CCD dans le jargon
abords des parcelles ne date que d’un insectes, vent, autopollinisation pas- pollen est abondant et d’origine variée. conséquences néfastes de l’intensification des spécialistes internationaux.
siècle ; elle n'a longtemps été consi- sive (cf. photo). Les chercheurs ont de l’agriculture : pesticides, réduction des Difficile chiffrage Depuis 2006, ce syndrome d’effon-
dérée que comme une activité annexe enrichi leur dispositif d’un système Valeur économique cultures nectarifères et pollinifères, etc. de la mortalité drement des colonies décrit des mor-
de l’apiculture, traditionnellement de vidéosurveillance qui permet de Dans le cadre d’Alarm, les chercheurs Cela signifie-t-il qu’il y a addition de plu- Premièrement, mesurer le déclin des talités inexpliquées. La loque améri-
orientée vers la récolte de miel et d’au- mettre en relation la quantité de pol- ont également entrepris de chiffrer la sieurs causes séparées ? Ces causes sont- colonies d’abeilles reste malaisé. Des caine (une bactérie) dans les années
FILET tres produits de la ruche comme la len déposé avec le type d’insectes et valeur de l'activité pollinisatrice des elles distribuées de la même façon selon écrits décrivent des mortalités massi- 1950, puis l’invasion par l’acarien
L’équipe gelée royale, ou la cire. La situation a la durée et l’heure de leur visite. insectes, essentiellement des abeilles, les pays ? Ou bien y a-t-il synergie entre ves d’abeilles dès 950, 992 et 1443 en Varroa destructor dans les années
d’Avignon
a mis au point beaucoup évolué ces vingt dernières Les chercheurs de l’Inra ont ainsi pour les principales cultures dont plusieurs causes, les unes rendant les Irlande. L’Université de Pennsylvanie 1980, ont fait des ravages dans des
une méthode années, et de nombreux apiculteurs, montré, dans le cas d’une production l'homme se nourrit dans le monde. abeilles plus vulnérables aux autres ? Faut- rapporte des disparitions de colonies pans entiers de l’apiculture.
pour quantifier
l’autopollinisation,
aux Etats-Unis comme en France, d’oignon porte-graines (c'est-à-dire En s'appuyant sur une revue biblio- il distinguer les causes selon que l’on a à grande échelle en 1869 aux Etats- Saisir la nouveauté et l’ampleur du
la pollinisation par tirent maintenant de la pollinisation cultivé pour obtenir des semences), graphique de la dépendance aux pol- affaire à des mortalités d’hiver ou d’été, Unis, Mexique, Australie, France, Suè- dépeuplement actuel nécessite de
le vent et celle des cultures une partie de leurs reve- que la pollinisation par les abeilles linisateurs des principales cultures ali- disposer de taux de mortalité fiables.
des insectes.
nus. On élève aussi aujourd’hui des contribue pour 66 % des graines obte- mentaires publiée en 2007 et sur les Or, peu de pays possèdent des réseaux

données FAO pour 2005, ils ont établi de surveillance organisés. En France
cette valeur à 153 milliards d'euros, notamment, les remontées d’infor-
soit 9,5 % de la valeur de la production mations du terrain font défaut pour
agricole mondiale pour ces cultures. apprécier précisément l’ampleur des
Les cultures qui dépendent des polli- mortalités. Peu d’apiculteurs décla-
nisateurs assurent 35 %, en tonnes, de rent officiellement les mortalités
la production mondiale de nourritu- observées dans leurs ruchers d’autant
re, contre 60 % provenant de cultures que la déclaration annuelle obligatoi-
qui n'en dépendent pas (principale- re des ruches a été supprimée en 2005,
ment les céréales) et 5 % d'espèces par souci de simplification. Cette
pour lesquelles l'impact des pollini- déclaration devrait cependant être
sateurs est encore inconnu. rétablie. En 2007, le ministère de
L'étude a aussi mis en évidence que l’Agriculture via le Centre national
les cultures les plus dépendantes de la du développement agricole (CNDA)
pollinisation par les insectes sont aus- a organisé une enquête sur l’ensemble
si celles qui ont la valeur économique du territoire. Une exploitation sur 5 en
la plus importante. moyenne a été sondée, parmi près de
Cette étude reste une simulation théo- 800 exploitations apicoles profes- 2
rique avec des limites, que les scienti-
fiques cherchent à dépasser. Elle ne
prend par exemple pas en compte ◗
l'impact sur la production de semen- CARTE D’EUROPE
DES MORTALITÉS.
ces, très important pour de nom- En noir : taux de mortalité
breuses cultures fourragères, légu- en 2007 et 2008, présentés
mières et horticoles, ni les effets sur au congrès scientifique de Zagreb
en mars 2009 (source :
la flore sauvage. Par ailleurs, les cal- carte issue de Pour la Science
culs simulent une disparition totale n° 379, mai 2009).
En rouge : taux de mortalité pour
et non un déclin graduel, sans intégrer les années 2006 et 2007 obtenus
les réponses stratégiques que les pro- par l’Efsa à la suite d’une enquête
auprès des pays membres
© Inra / Nicolas Morison

ducteurs adopteraient pour faire face


(source : The Efsa Journal 154, 1-28).
à une telle disparition.

●IV I NRA MAGAZINE • N°9 • JUIN 2009 I NRA MAGAZINE • N°9 • JUIN 2009 ● V
◗ DOSSIER
2 sionnelles (comportant plus de 150 vent à un mésusage des produits agri- Sans décimer la colonie, le varroa prélevés sur le territoire sont dia-
ruches). On aboutit à un chiffre coles : traitements réalisés en pleine affaiblit les défenses des abeilles et les gnostiqués positifs pour la nosémose,
moyen de pertes hivernales de colo- floraison, par vent fort, voire usage rend plus sensibles aux virus et bac- une parasitose. Mais les abeilles affec-
nies pour la France de 29 %. Les per- de produits non autorisés. Dans ces téries, comme le montrent des tra- tées ne présentant pas les symptômes
tes sont plus élevées en Auvergne (38 derniers cas, on retrouve souvent un vaux récents (Cox-Foster et al., PNAS classiques, les scientifiques font alors
%), Franche-Comté (45 %), Bourgo- tas d’abeilles mortes devant la ruche et 2005). Il est en outre lui-même vec- l’hypothèse qu’il s’agit d’une nouvel-
gne (50 %) et Alsace (62 %). Cette une analyse en laboratoire peut prou- teur de virus. le forme de Nosema et mettent en
enquête va être poursuivie sur plu- ver la présence d’insecticides dans les Les scientifiques estiment que plus de évidence en 2006 une espèce asia-
sieurs années dans le cadre d’un cadavres. L’Afssa (rapport 2008) note 99 % des abeilles domestiques en tique encore jamais identifiée en
observatoire de la filière apicole. toutefois que ces accidents phytosa- Europe sont potentiellement infestées Europe, Nosema ceranæ. Ce pathogè-
En Europe, seuls huit pays ont un nitaires se raréfient en France, « tra- par le varroa depuis vingt ans (sour- ne est désormais considéré comme
réseau de surveillance épidémiolo- duisant à la fois de meilleures pratiques ce : projet Coloss p. XI). Le varroa a étant le principal responsable du syn-
gique et leurs résultats sont difficile- agricoles et une tendance chez les éle- déjà développé des résistances contre drome de dépeuplement actuel des
ment comparables en l’absence de veurs d’abeilles domestiques à moins plusieurs produits de traitement, un exploitations apicoles en Espagne.
définitions standardisées des phéno- déclarer d’éventuels incidents ». seul produit autorisé étant encore jugé
mènes d’affaiblissement, effondrement efficace (le procédé Apivar, à base d’a- L’enquête récente des Américains :
ou mortalité. C’est pourquoi on dispo- A chaque pays son fléau mitraze). Cette situation ne permet un nouveau virus ?
se de chiffrages variables selon les De manière non exclusive, chaque pays donc plus l’alternance des traitements C’est en revanche le « Colony collap-
dispositifs d’évaluation (cf. p. V). Mal- semble privilégier sa propre thèse pour nécessaire pour retarder l’apparition se disorder » qui alarme les Etats-Unis,

© Inra / Christophe Maître


gré les disparités, ces chiffres reflètent expliquer la mortalité des abeilles. d’une résistance au produit. avec 30 à 90 % de pertes lors de
une situation préoccupante avec des l’hiver 2006-2007. Les ouvrières
taux de mortalité souvent supérieurs à Belgique : « le bon vieux varroa » Espagne : mise en évidence disparaissent de la ruche sans qu’on
10 % -valeur considérée comme « nor- Les travaux de scientifiques belges de la Nosema ceranæ en Europe retrouve de cadavres. L’autopsie des
male » en France (16% aux Etats- (équipe d’entomologie de la faculté En Espagne, entre 2003 et 2004, un abeilles révèle diverses combinaisons
Unis)- et surtout avec une situation agronomique de Gembloux en Wal- syndrome de dépopulation des colo- de pathogènes, aucun n’étant suffi-
qui perdure et s’étend dans le monde lonie) imputent la mortalité des colo- nies d’abeilles décime jusqu’à 40 % sant pour expliquer toutes les pertes.
(décrite en Europe, USA, Chine…). nies dans la région principalement du cheptel. Une équipe du Centre Tous les types d’apiculteurs sont tou-


au parasite Varroa destructor. Selon apicole régional de Castille-La Man- chés : professionnels, amateurs, bio, FAUX ! « Si les abeilles venaient à disparaître de la planète, les hommes n’auraient
Caractérisation des troubles ces scientifiques, les apiculteurs peu- che privilégie la piste des pathogènes sédentaires ou itinérants. Par ailleurs, plus que quatre années à vivre ». Cette assertion souvent colportée serait attribuée à tort
à Einstein. Elle daterait d’un argumentaire choc de 1994, selon Mary Berembaum,
1- VARROA. Les causes de mortalité des abeilles vent difficilement faire le rapproche- car les dépeuplements d’abeilles se une enquête ne montre pas de corré- entomologiste américaine curieuse que personne ne l’ait retrouvée dans les écrits
2- Cadres de sont bien établies en cas de maladies ment entre la mortalité et la varroase, produisent dans toutes les régions lation temporelle avec l’utilisation de du scientifique (American Entomologist, été 2007).
ruches touchés dont les symptômes sont clairement car les acaricides peuvent sembler espagnoles, quels que soient les cul- pesticides. Les chercheurs américains
par le CCD.
3- Expérience identifiés sur le terrain (varroase, efficaces les deux premières années tures et les traitements phytosanitai- réalisent alors une expérience : lors-
sur la toxicité nosémose, loque), ou bien lors d’in- d’utilisation et le dépérissement res utilisés. Ils constatent que la quasi- qu’ils transvasent des colonies saines
des pesticides
chez les larves
toxications aiguës dues le plus sou- n’apparaître que la troisième année. totalité des milliers d’échantillons dans des ruches atteintes de CCD, ils 1996 dans certaines régions, le tour- migrer dans tous les organes de la
d’abeilles. conservent la santé des colonies seu- nesol procurait une production de plante, d’où leur présence dans le
lement dans les ruches qui ont été miel abondante et régulière. Les api- pollen et le nectar des fleurs.

préalablement irradiées. Ils organi- culteurs avaient l’habitude de trans- S’ensuivent près de 10 années d’expé-
sent alors une « chasse au microbe » humer leurs ruches près des champs rimentations contradictoires impli-
1 3 utilisant l’approche métagénomique. de tournesol en période de floraison. quant des experts de Bayer et du
Le séquençage de l’ADN total pré- Puis, la régularité de cette production ministère de l’Agriculture, des api-
sent dans le corps des abeilles per- a été interrompue. « Des colonies deve- culteurs et des scientifiques. Au final,
met l’identification de l’ensemble des nues énormes, car stimulées par la miel- les essais en laboratoire montrent
agents biologiques. Seule la présence lée de juin (châtaignier, toutes fleurs, d’une part que l’imidaclopride a une
du virus IAPV (virus israélien de la bourdaine) s'effondraient quelques toxicité chronique (impact de doses
paralysie aiguë) apparaît corrélée au jours plus tard sur tournesol » rappor- répétées) et des effets sub-létaux
© Inra / Yves Le Conte

CCD. Mais cela ne dit pas si le virus te un apiculteur de Vendée, région (perturbations n’entraînant pas la
est un agent causal ou un simple « dont le miel provient à 80 % du tour- mort) à des doses très faibles, bien
marqueur » du syndrome. Par nesol (propos repris dans le rapport inférieures à celle qui induit une toxi-
ailleurs, les symptômes observés en de l’Afssa de 2002). Les symptômes cité aiguë et d’autre part, que de telles
Israël (paralysie, tremblements, pré- observés ne correspondant pas à des doses peuvent être ingérées à partir
sence de mortes auprès de la ruche) maladies connues ou à des intoxica- de pollen et/ou du nectar des fleurs
ne sont pas les mêmes que ceux du tions classiques, certains apiculteurs traitées. Donc le risque existe, mais
CCD américain. Devant ces nouvelles ont fait le lien avec l’apparition conco- sans qu’il y ait de preuves sur le terrain
interrogations, les recherches mitante d’un nouveau procédé de permettant de le quantifier. En effet, il
s’orientent vers l’étude des divers traitement insecticide par enrobage est difficile de doser des produits pré-
variants du virus et des expérimen- des graines utilisé sur tournesol et sents en quantité infime dans des
tations combinant différentes causes. maïs : le Gaucho®, à base d’imidaclo- cadavres d’abeilles, qui de surcroît, se
pride. Le Gaucho®, ainsi que le décomposent très vite.
© Inra / Christophe Maître

En France, la bataille des pesticides Régent®, le Cruiser® ou le Poncho® La France applique le principe de pré-
En France, le débat s’est focalisé sur sont, à des degrés divers, des pesticides caution et interdit le Gaucho® sur
© Inra / Jeff Pettis

les pesticides. Jusqu'en 1994, voire systémiques, c’est-à-dire capables de tournesol en janvier 1999 et sur maïs 2
2
●VI I NRA MAGAZINE • N°9 • JUIN 2009 I NRA MAGAZINE • N°9 • JUIN 2009 ●
VII
◗ DOSSIER Polémique autour des insecticides systémiques en enrobage de semences
O ANNE ALIX O LUC BELZUNCES O YVES LE CONTE

CHEF DE L’UNITÉ ÉCOTOXICOLOGIE ET ENVIRONNEMENT, DIRECTION DIRECTEUR DE L’UMR INRA-UNIVERSITÉ AVIGNON ET PAYS DE VAUCLUSE DIRECTEUR DE RECHERCHE, UMR INRA-UNIVERSITÉ
DU VÉGÉTAL ET DE L’ENVIRONNEMENT, AFSSA « ABEILLES ET ENVIRONNEMENT » AVIGNON ET PAYS DE VAUCLUSE « ABEILLES
ET ENVIRONNEMENT »
On n’a pas démontré d’effets sur le terrain lorsque les conditions d’emploi Des produits toxiques à très faibles doses
sont respectées Ne sous-estimons pas les agents
« En ce qui concerne l’imidaclopride, formations des ailes, diminution de pathogènes biologiques
« Le problème des résultats acquis gent® a été observé en 2003 en la dispersion. C’est à la suite de cet nous avons montré en laboratoire croissance…) ou métaboliques (hypo-
en laboratoire en exposant les Midi-Pyrénées sur quelques ruches, accident que l’Allemagne a suspendu que, si la dose létale en toxicité aiguë glycémie…). Tous ces effets peuvent « Le combat des apiculteurs professionnels contre le
abeilles à de faibles doses, c’est que mais il s’explique par un enrobage les autorisations de mise sur le mar- est déjà très faible par rapport à d’au- à terme se répercuter sur la survie de Gaucho® et le Régent® a eu un effet très positif sur
les effets observés sont induits avec défectueux des graines qui s’est tra- ché du Poncho® et du Cruiser®. La tres insecticides (4 à 40 nanogram- la colonie. Depuis que l’on sait me- les médias et le public, qui prennent en compte main-
des protocoles de nourrissage forcé duit par la libération de poussières France a autorisé le Cruiser® en mes par abeille, 1 ng = 10-9 gramme), surer de très faibles doses d’imida- tenant l’abeille à la fois pour son intérêt propre et en
des abeilles, qui s’éloignent des contenant du fipronil dans l’at- 2008 pour le maïs, après avoir de- la dose létale chronique est environ clopride dans le pollen, on voit que tant que sentinelle de l’environnement. Mais leur lutte
conditions d’exposition sur le terrain. mosphère au moment du semis, les- mandé à la firme qui le produit un 4 000 fois plus faible. Pour évaluer la concentration biodisponible est de contre les traitements de semences ne doit pas occul-
Ils portent de plus sur des observa- quelles, re-déposées sur des fleurs, dossier complémentaire au dossier l’effet d’une toxicité chronique, les l’ordre du microgramme par kg de pol- ter d’autres hypothèses, comme par exemple, l’éven-
tions fines du comportement ou de ont conduit à l’exposition de buti- européen, comprenant des essais en abeilles sont nourries pendant 10 len. Soit, pour une nourrice qui tuelle toxicité de certains cultivars de tournesol. Il ne
la physiologie de l’abeille au niveau neuses à des doses létales de pro- champ et des garanties sur le pelli- jours avec un sirop de sucre conte- consomme, en 10 jours, 60 mg de faut pas non plus sous-estimer l’importance des autres
individuel. Sur le terrain, les études duit. Un accident de plus grande am- culage des semences. De plus, l’u- nant des concentrations connues de pollen, une dose ingérée de 60 pg. pesticides et des pathogènes. Grâce aux travaux des
disponibles mettant en œuvre des pleur s’est produit en 2008 dans tilisation du Cruiser® est encadrée produit : l’ingestion d’1 picogramme On est donc bien dans une zone d’ex- Espagnols et des Américains, on sait rétrospectivement
traitements de semences n’ont pas l’ouest de l’Allemagne, atteignant par un dispositif de suivi post-homo- par jour suffit à tuer une abeille en position correspondant à un risque. que les nouveaux pathogènes comme Nosema ce-
mis en évidence de pertes de colo- 12 000 ruches. Là encore, l'accident, logation : des ruches sont placées 10 jours (1 pg = 10-12 gramme). De Ces résultats bousculent les concep- ranæ ou l’IAPV pouvaient être présents aussi en France
nies, et ce même en plaçant des ru- impliquant cette fois de la clothiani- dans des champs traités et compa- plus, l’imidaclopride se dégrade en tions classiques et notre première pu- dès 1995. Les études scientifiques en cours, en parti-
ches à l’intérieur des champs en dine (substance active du produit rées à des ruches témoins, dans des six métabolites dont certains sont en- blication parue en 2001, faite sur une culier le projet Coloss auquel mon équipe participe, de-
fleurs. En conditions réelles, il est Poncho®), trouve son origine dans conditions qui donnent l’assurance core plus toxiques. Par ailleurs, avec demande initiale de la firme Bayer, vraient permettre d’y voir plus clair dans la hiérarchie
COLLECTE probable que les abeilles ont suffi- un pelliculage défectueux, en conjonc- de détecter un problème éventuel : la plupart des insecticides, on obs- n’a pas été bien reçue. Nous atta- des facteurs de mortalité et la "boîte noire" des syner-
D’ABEILLES samment de choix parmi les sour- tion avec des vents forts au moment distance suffisante entre les ruches erve des effets sublétaux, c’est-à-dire chons une grande importance à notre gies entre facteurs. Ces études bénéficient de la bonne
dans des pièges
à liquide pour ces de pollen et n’ingèrent pas les des semis. L’utilisation de semoirs pour éviter les interférences, éloi- que l’abeille ne meurt pas, mais pré- indépendance de publication en l’in- connaissance de la biologie de l’abeille domestique et
connaître leur doses conduisant à une mortalité pneumatiques non équipés de dé- gnement des cultures attractives pour sente des troubles comportementaux cluant d’emblée dans nos contrats du séquençage récent de son génome, en 2006. »
biodiversité massive et à des pertes de colonies. flecteurs, voire rejetant les poussiè- obliger les abeilles à se nourrir sur (désorientation), physiologiques (mal- quels qu’ils soient. »
et constituer
les collections. Un cas de mortalité impliquant le Ré- res verticalement, accentue encore les parcelles traitées. »

2 en mai 2004. L’imidaclopride continue à être utilisée en


pulvérisation dans les vergers et en enrobage de graines sur tique, identifié en 2004 vers Bordeaux braient deux nids en Aquitaine en l’intermédiaire de petits cristaux
betteraves et différentes céréales (blé, seigle, orge, tritica- est une menace prise très au sérieux 2004 et plus de 2000 nids en 2008. abdominaux contenant du fer.
le). Cette substance, mise sur le marché avant 1991, a été par les apiculteurs, car contrairement D’autres hypothèses sont encore évo- Enfin, le changement climatique qui
réévaluée selon les directives européennes de 1991 et au frelon européen, le frelon à pat- quées, en particulier l’influence des risque de modifier les périodes de
inscrite en 2008 sur la liste européenne des produits tes jaunes s’attaque particulièrement champs électriques et magnétiques floraison des plantes, pourrait devenir
phytosanitaires agréés. Les préparations qui en sont issues aux abeilles. Les scientifiques dénom- sur les abeilles, qui les perçoivent par un facteur aggravant.
seront, elles, réévaluées en 2010.
Le Régent®, autre insecticide utilisé en enrobage de
graines, est retiré du marché fin février 2004 tandis que le Piège à frelons
Cruiser® mis sur le marché plus récemment est en
revanche autorisé, avec un dispositif de surveillance post- Ce piège à frelons mis au point par une équipe de Bordeaux (UMR
homologation. Santé végétale) contient du jus de pomme concentré. Suspendu à un
mètre du sol autour des ruches, il piège les frelons à pattes jaunes
Des facteurs négligés ou émergents avec une sélectivité satisfaisante. Sur le terrain expérimental près
Enfin, d’autres hypothèses causales sont encore peu étu- de Bordeaux, 2000 frelons à pattes jaunes capturés dans 4 pièges
diées. La régression des espaces semi-naturels (et leur durant 6 mois contre 160 frelons européens qui sont préservés.
gestion) et la simplification des assolements réduisent les Ce piège pourra être perfectionné grâce à une meilleure connaissance
ressources et leur diversité. Ainsi, les surfaces en légumi- de la biologie du frelon. Les chercheurs ont ainsi mis en évidence que
neuses (trèfle, luzerne, sainfoin) qui possèdent de bonnes ses besoins alimentaires varient au cours de l’année. Au printemps, il
qualités nectarifères et pollinifères ont diminué de manière se nourrit essentiellement d’abeilles, riches en protéines, alors qu’au
constante. De plus, parmi les cultures qui se sont déve- moment de l’hibernation, il recherche plutôt des aliments sucrés. La
loppées le maïs produit du pollen de qualité très moyenne substance attractive du piège pourrait ainsi être adaptée à ces besoins
et pas de nectar. La transhumance des ruches apporte fluctuants. Pour augmenter sa spécificité, on pourrait aussi lui ajouter
une phéromone (substance d’attraction sexuelle) que les chercheurs

© Inra / Denis Thiery


par ailleurs une réponse plus quantitative que qualitative
© Inra / Christophe Maître

à la malnutrition, et induit des à-coups dans l'alimentation sont en train de caractériser.

© Inra / Nevile Maher


des abeilles. Les recherches sur le comportement et la génétique du frelon à pattes
L’apparition de prédateurs exotiques et invasifs comme le jaunes bénéficient d’un contrat de recherche financé par Vinifhlor
frelon à pattes jaunes Vespa velutina, dit aussi frelon asia- coordonné par le Muséum d’Histoire naturelle et associant aussi le
laboratoire Evolution génome spéciation CNRS-IRD de Gif sur Yvette.


VIII I NRA MAGAZINE • N°9 • JUIN 2009 I NRA MAGAZINE • N°9 • JUIN 2009 ● IX
◗ DOSSIER nées important pour atteindre des Un Coloss contre les pertes des colonies
relations statistiquement significati- d’abeilles
ves. Or ces données manquent et leur
3 Réflexions sur une crise acquisition nécessiterait des disposi-
tifs de suivis lourds et de longue
Un groupe de chercheurs animé par
Peter Neumann, du Centre de recherche
sur l’abeille de Liebefeld-Posieux en
l’ensemble des agents pathogènes
affectant les abeilles. Ils mèneront
ensuite des expériences pour distinguer
durée. A défaut, le traitement des
données disponibles s'avère souvent Suisse, a obtenu un financement les facteurs majeurs c’est-à-dire causant
décevant, voire peu exploitable. européen (action COST 2008-2012) pour des pertes importantes dans plusieurs
Quinze ans après la première alerte lancée par des apiculteurs et incriminant
L’Efsa, l’Autorité européenne de sécu- créer un réseau international de pays et les facteurs mineurs ou locaux.
le Gaucho, la controverse se poursuit en France. Néanmoins, cette crise a été
l'occasion de réagir en développant des recherches nouvelles. On s'achemine à la fois rité des aliments, a lancé une experti- collaboration sur les pertes d’abeilles Ils testeront également l’effet de
vers la mise en place de dispositifs d'observation plus internationaux et vers une se pour étudier spécifiquement le syn- domestiques, associant scientifiques, combinaisons de ces facteurs, en
structuration de la filière apicole française. drome du CCD. Elle analysera en apiculteurs et industriels de 27 pays laboratoire et en champ, pour explorer
particulier la qualité des méthodes (Europe, USA, Chine, Egypte, etc.). Ce les possibilités de synergies. Un groupe
d’enquête utilisées dans chaque pays, réseau Coloss (comme Colony Losses) de travail s’emploiera aussi à mettre au
leur pertinence par rapport au suivi mobilise entre autres les chercheurs sur point des méthodes d’évaluation de l’état
du CCD et devrait permettre d’iden- une nouvelle approche de du cheptel d’abeilles domestiques en
tifier les facteurs pouvant contribuer à métagénomique, pour identifier Europe, en lien avec l’expertise de l’Efsa.
ce syndrome. L'opération, d'une durée
de 9 mois, a débuté en janvier 2009.
Elle est confiée à un consortium de dont plusieurs syndicats en concur- tous les acteurs de la filière. Le rap-
scientifiques européens, dirigé par rence. Les recommandations formu- port parlementaire invite, par ailleurs,
l’Afssa en partenariat avec le Central lées par l'Académie d'agriculture, le à définir un statut de l'apiculteur, dif-
Science Laboratory (CSL) au rapport parlementaire du député Mar- férenciant amateurs et professionnels
Royaume-Uni et l’Inra. Les scienti- tial Saddier ou le récent rapport de et harmonisant les conditions d'accès
fiques mobilisés dans l’expertise sont l'Afssa appellent à structurer la filière aux aides européennes ; à développer
également membres du réseau Coloss, apicole sur le modèle des autres pro- une politique de signes officiels de
projet européen dont l’objectif est ductions animales, avec une inter- qualité alors que le miel apparaît com-
d’enrayer le CCD. profession unifiée et un appui me un marché faiblement encadré sur
technique organisé. Un nouvel Institut le plan réglementaire, avec des impor-
Structuration de la filière technique de l’abeille est en cours de tations de qualités et d’origines diver-
apicole création. Il sera chargé d’élaborer les ses et de fortes fluctuations de ses
En France, les problèmes qui affec- cahiers des charges des programmes cours mondiaux.

© Inra / Christophe Maître


tent les abeilles ne semblent pas avoir de recherche appliquée et de diffuser
fait l'objet de beaucoup d’études des conseils techniques. En attendant Débat social
sociologiques ou économiques. Tout le la mise en place de cette structure, le Après quinze ans de controverses
monde constate que la filière est mor- rapport Saddier prône la création d’un depuis la première incrimination du
celée, représentée par différentes orga- Comité opérationnel apicole, plate- Gaucho®, la bataille d’experts conti-
nisations et groupements de défense, forme d’échanges et de dialogue entre nue, alimentée par les incertitudes 2

Réévaluation des risques dose par hectare, comme pour les Une épidémio-surveillance
Si la question du rôle des pesticides insecticides non systémiques), des à l’échelle européenne
dans les problèmes qui affectent les toxicités aiguës, chroniques et sublé- La démarche épidémiologique consis- Le Gaucho®, une polémique entretenue par les incertitudes scientifiques…
colonies n'est pas tranchée, leur mise tales, en utilisant des quotients de te à rechercher des corrélations entre
en cause insistante par les apiculteurs risques calculés en fonction d’impacts un phénomène et une variation dans Les résultats scientifiques sur le Gaucho® ont été obtenus par étapes, contribuant à entretenir la controverse sur les quan-
a utilement questionné l’évaluation observés sur le terrain, différents de les facteurs potentiellement impli- tités détectables et quantifiables dans la plante. Ce n’est qu’en 2003 que les méthodes d'analyse ont permis de quantifier
des risques écotoxicologiques. Les tra- ceux qui sont observés en laboratoire. qués. Elle exige un corpus de don- les doses infimes de produit présentes dans les pollens et nectars. En 2001, le ministère de l’Agriculture a constitué un comi-
vaux en cours de Luc Belzunces à té scientifique et technique indépendant pour examiner la masse de résultats obtenus sur les troubles des abeilles (245 rapports
l’Inra mettent en relief des courbes d’étude et 93 publications scientifiques). Les rapports rendus en 2003 et 2006 pour le Gaucho® et le Régent®, respecti-
de réponse plus complexes qu’une L'apiculture en France vement, confirment qu’ils peuvent entraîner des risques préoccupants selon les types d’abeilles et les scénarios de consom-
mation de sorte qu’ils peuvent être « un des éléments de l’explication de l’affaiblissement des populations d’abeilles ».
simple relation linéaire entre doses et 220 000 apiculteurs français en dernières années à une
impact, soulignant la nécessité de révi- 1988, 70 000 en 2008 (source : diminution des « petits
ORapport 2003 : http://agriculture.gouv.fr/spip/IMG/pdf/rapportfin.pdf
ser les conceptions actuelles en éco- Efsa : www.efsa.europa.eu/EFSA/efsa_locale_1178620753816_home.htm
Fédération nationale des apiculteurs » et une augmen-
toxicité. Par ailleurs, un groupe de
travail de l’International Commission
organisations sanitaires tation des professionnels qui …mais aussi par une incertitude construite socialement
apicoles départementales) ont eux-mêmes accru le
on Plant Bee Relationship, piloté par 1,4 million de ruches nombre de ruches qu’ils La controverse française autour des effets du Gaucho sur les abeilles a fait l'objet d'une analyse sociologique par Laura
l’Afssa, travaille sur l’harmonisation Plus de 90% d’apiculteurs dits exploitent. Maxim dans le cadre du programme Alarm (thèse de l’Université de Versailles-St Quentin, Centre d'économie et d'éthique pour
au niveau européen des procédures « de loisir » (possédant de 1 à La production de miel, de l'environnement et le développement, 2008). Elle montre que les acteurs utilisent la science dans le débat public en triant les
d’évaluation et du document-guide 30 ruches) et 2% d’apiculteurs 18 000 t récoltées en 2007 données qui leur sont favorables et contribuent ainsi à accentuer ou déplacer les incertitudes scientifiques. Elle propose en conclu-
pour l’utilisation des insecticides sys- considérés comme profes- (25 000 en 2004), est en baisse sion de développer des critères d'évaluation de la qualité de l'information transmise par les divers acteurs impliqués dans un
témiques en traitement de semences. sionnels (exploitant plus de 150 depuis 10 ans, alors que la débat autour d'un risque environnemental. Ainsi, pour que l'information communiquée par un acteur puisse être considérée com-
L’évaluation tient compte des quanti- ruches). Les mortalités consommation reste stable, me pertinente pour le débat et plus largement pour la prise de décisions, elle doit inclure des références à l'ensemble des connais-
tés d’insecticides présentes dans le d’abeilles ont abouti ces à 40 000 t par an. sances scientifiques existantes, y compris celles avancées par les autres acteurs. Il est tout aussi important que cette information
pollen et le nectar (et non plus de la concerne directement le risque discuté, dans ses détails géographiques, écotoxicologiques, biologiques, etc., pour éviter la confu-
sion avec des phénomènes apparemment similaires, mais qui peuvent être en réalité très différents.

● X I NRA MAGAZINE • N°9 • JUIN 2009 I NRA MAGAZINE • N°9 • JUIN 2009 ●
XI
◗ REPORTAGE
◗ DOSSIER
❝ Lorsqu’elle un
labo
O À THONON
butine le nectar,
l’abeille se couvre
de pollen
qu’elle récupère
en se brossant
Comprendre l’écologie
avec ses pattes
avant. ❞
des grands lacs
alpins

© Inra / Louis Vidal


2 scientifiques, les marges d'interpréta- experts qu’ils ne sont pas ! Un temps verses, et dans le cas des pesticides, une
tion laissées par l’extrapolation de j’ai cru pouvoir m’en tenir à souligner des raisons est liée au fait que les études scientifiques Rhône-alpins. Thonon
résultats obtenus en conditions expé- les contradictions des discours et les écotoxicologiques préalables sont effec- gère un Observatoire de Recherche
rimentales ou le calcul des quotients paradoxes du terrain. Mais ce discours tuées par la firme qui sollicite l’auto- en Environnement (ORE) centré sur
de risque. Vincent Tardieu, journalis- est totalement inaudible en de crise. » risation de mise sur le marché. La les lacs, partie intégrante de la « Zone
te qui finalise un livre-enquête sur le Finalement, l’issue lui semble posi- transparence des évaluations du risque Atelier » (dispositif de recherche) du
déclin des abeilles, se montre cepen- tive : « on a certainement plus appris est essentielle, car elle peut renforcer bassin du Rhône. Le fleuve alimente
dant compréhensif envers les cher- sur l’écotoxicologie, les pathologies et non seulement leur légitimité mais le Léman pour les 3/4 de son débit ;
cheurs qui « devaient élaborer des outils l’écologie des abeilles ces dix dernières aussi leur qualité. Pourquoi ne pas celui-ci joue en contrepartie le rôle
et méthodes d’évaluation en partant années qu’en un siècle d’apidologie ! ». imaginer, en France, une démarche d’un immense décanteur et à l’exu-
d’un feuille blanche alors même qu’on D’après Laura Maxim, chercheuse en similaire à celle de l’Efsa, qui publie toire du lac, le Rhône est « presque
leur demandait d’apporter des réponses socio-économie de la biodiversité sur son site internet les évaluations du aussi clair qu’une eau de source » …
rapides et précises sur un risque (cf. encadré p. XI), « le débat souli- risque des matières actives et demande mais ne le reste pas longtemps !
confus ». Quant à sa profession, il note gne aussi le besoin de consulter toutes l’avis des parties prenantes avant L’histoire scientifique du Léman

© Inra / Christophe Maître


qu’en période de polémique, « le les parties prenantes lors des avis et qu’une décision soit prise ? » remonte à plus d’un siècle. A l’é-
journaliste est censé arbitrer, défendre, décisions émanant de dispositifs publics Cette analyse souligne combien les poque, le Suisse Louis Alphonse Forel
prouver, convaincre. Comme les scien- de régulation. Le manque de confiance sciences sociales peuvent éclairer les fondait la limnologie à partir de ses
tifiques en somme ! A l’image d’ultimes joue un rôle essentiel dans les contro- processus de gestion des risques. ● travaux sur le Léman (1892). Depuis
les années 1960 la Commission inter-
nationale pour les eaux du Léman, la
+d’infos Cipel, réunit les communautés scien-
Orapports : - Laura Maxim et al., 2007, Uncertainty : cause or effect of tifiques et territoriales suisses et fran-
Agriculture et biodiversité. Valoriser les synergies. Rapport stakeholders’debates ? Analysis of a case study: the risk for

O
d'expertise scientifique collective réalisé par l'Inra juin 2008 : honeybees of the insecticide Gaucho. Science of Total n les envie volontiers les ajoutent qu’ils disposent d’un équi- çaises dont la Station d'Hydrobiolo-
www.inra.fr/l_institut/expertise. Environnement 376, 1-17 limnologues de Thonon ! pement scientifique bien doté. « Cela gie lacustre de Thonon, rattachée à
Mortalités, effondrements et affaiblissements des colonies Orevues : Ces « océanographes des facilite les recherches ». En revanche, l’Inra en 1964. Après 1980, le suivi
d’abeilles. Rapport Afssa, novembre 2008. - Apidologie, revue internationale consacrée à la science des
Pour une filière apicole durable. Rapport parlementaire de abeilles au sens large, Apidologie est éditée par EDP lacs » travaillent au bord même si, depuis 1984, le TGV a rac- se focalise sur l’eutrophisation gran-
Martial Saddier au premier ministre François Fillon, octobre Sciences, en partenariat avec l’Inra et la Deutscher Imkerbund, du Léman, entourés de sommets courci de moitié le voyage à Paris et dissante du lac. Ce phénomène
2008. association des apiculteurs allemands : www.apidologie.org
Opublications : - Insectes, revue de l’OPIE, office pour les insectes et leur dentelés encore enneigés malgré le Internet sauvé l’unité de recherche d’asphyxie des milieux aquatiques
- Nicola Gallai, Jean-Michel Salles, Josef Settele, Bernard E. environnement, association naturaliste qui anime la Maison des mois de mai. Genève longe la loin- d’un éloignement académique et résulte du développement immodé-
insectes dans les Yvelines (78) et en régions :
Vaissière. 2009.Economic Valuation of the Vulnerability of www.inra.fr/opie-insectes/ taine rive d’en face et, de ce côté-ci, institutionnel, Thonon-les-Bains ré d’algues sous l’effet de la pollu-
World Agriculture Confronted with Pollinator Decline",
Ecological Economics, 68, 810-821 - Revue en ligne Apoidea (www.oabeilles.org), publiée par l’Inra est installé dans une ancienne n’est pas un campus ! Chacun doit tion par le phosphate (qui leur sert
- Diana Cox-Foster et Dennis van Engelsdorp, Sauvons les l’Observatoire des abeilles, association nationale pour l’étude maison bourgeoise ! Héritant de ce s’activer pour nouer des liens avec de nutriment). Campagnes contre
abeilles, Pour la Science, mai 2009 et à la sauvegarde des abeilles sauvages en France.
- Yves Le Conte, Marion Ellis, Mortalités et dépopulations des Ofilm : passé, le jardin abrite des essences ses homologues frontaliers, l’univer- les phosphates dans les lessives, trai-
colonies d’abeilles domestiques : le cas américain. Biofutur Abeilles sous surveillance, film de Jean-Marc Serelle, réalisé remarquables et exotiques plantées sité de Savoie avec qui l’unité par- tement des eaux usées urbaines... :
284, janvier 2008 pour la Cité des sciences, 2009 : www.cite-sciences.fr
- Séverine Suchail, David Guez and Luc P. Belzunces., 2001.
au XIXe siècle : séquoias, ginkgos, tage des recherches sur les lacs alpins en 10 ans la Cipel a stabilisé le niveau
OColloque :
Discrepency between toxicity induced by low and high doses
Apimondia, colloque international, Montpellier, 15-20
cyprès chauves, hêtres pourpres… et leurs bassins versants (Léman, de phosphate et aujourd’hui celui-
of imidacloprid in Apis mellifera. Environ. Toxicol. Chem. 20,
2482-2486 septembre 2009 Si tous apprécient bien sûr ce cadre Annecy, Bourget, Aiguebelette) ci régresse et retrouve le niveau des
de travail, les plus jeunes -nombreux- depuis 2002, et les nombreux réseaux années 1960.


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