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{ SECTION DE GENIE CIVIL )) {CARE - INSTITUT DES INFRASTRUCTURES, DES RESSOURCES ET DE LENVIRONNEMENT. LCH- LABORATOIRE DE CONSTRUCTIONS HYDRAULIQUES ECOLE POLYTECHNIQUE FEDERALE DE LAUSANNE r BARRAGES Dr Anton Schleiss — Professeur Génie civil 4° année - Nouvelle édition 2004 BUS ADW, Ve Préface Les barrages, des pyramides utiles‘ Les barrages font partie des plus grands ouvrages jamais réalisés par homme. Depuis des milliers d'années, homme se sert des barrages pour l'utilisation de l'eau et la protection contre l'eau. En regardant vers l'avenir, il n'est pas exagéré de dire que les barrages jouent et joueront toujours un réle essentie! pour l'homme car ils lui permettent de satisfaire ses besoins vitaux en eau, en nourriture et en énergie, tout en respectant environnement et en garantissant la gestion durable des ressources. Depuis la réalisation des grands barrages dans notre pays, les ingénieurs suisses ont acquis une renommée mondiale dans le domaine. Depuis les années 1960, plus de 120 grands barrages ont été construits dans le monde entier avec la participation de spécialistes suisses. Ge cours polycopié donne une introduction dans le domaine fascinant de la conception et la construction des barrages. Il s'adresse aux étudiantes et étudiants en espérant quils contribueront aprés leurs études au maintien d'une longue tradition et quils renforceront la compétence des ingénieurs suisses par la réalisation de barrages utiles et intégrés a l'environnement partout dans le monde. La version actuelle de ce polycopié est une version revue et corrigée de celle d'octobre 1999. Elle est toujours fragmentaire dans certaines parties et sera complétée et améliorée au fur et a mesure en considérant l'expérience tirée de l'enseignement. Toutes propositions et remarques sont donc bienvenues. J'aimerai vivement remercier mes collaborateurs Laurent Mouvet, adjoint scientifique et Christophe Oehy, doctorant, pour la contribution importante qu'ils ont apportée dans la rédaction de ce polycopié. Prof. Dr A. Schleiss * selon N. Schnitter dans son livre "A history of dams — the useful pyramids" 7 Barrages . TABLES DES MATIERES 1 Généralités 44 14 15 16 17 1.8 1.9 Introduction 1.4.1 Définitions 1.1.2 Des ouvrages imposants 1.1.3 Les barrages et les ingénieurs civils, 1.1.4 Des ouvrages singuliers L’évolution et l'avenir des barrages Le réle des barrages Liimpact sur l'environnement des barrages Les différents types de barrages 1.5.1 Les barrages en béton 1.5.1.1 Les barrages-polds 1.5.1.2. Les barrages a contreforts 1.5.1.3. Les barrages-vootes 1.6.1.4 Les barrages en béton compacté au rouleau BCR 1.5.2 Les barrages en remblai cri res de choix du type de barrage 1.6.1 La forme de la vallée 1.6.2 La séismicité 1.6.3 La géologie 1.6.4 La disponibilité des matériaux de construction 1.6.5 Les conditions climatiques 1.6.6 Les crues a maitriser Avantages et convénients des différents types de barrages Particularités de la construction des barrages, 1.8.1 Généralités 1.8.2 Barrages en béton 1.8.3 Barrages en remblai Quelques définitions 19 19 21 21 22 23 23 24 27 27 28 28 29 EPFL cH 2004 i Table des matiéres 2 Barrages-poids 3t 21 Forme général 34 2.2 Solicitations 3 2.2.1 Forces et actions a considérer 3t 2.2.2 La sous-pression 34 2.2.2.1 Le coefficient de sous-pression 34 2.2.22 La répartition de la sous-pression 35 2.2.3 Les cas de charge 37 2.2.4 Les contrdles essentiels 38 2.3. Sécurité au renversement 38 2.4 Sécurité au glissement 4a 2.4.1 Définitions et principe de calcul 41 2.4.2 Les surfaces de glissement et leur résistance 42 2.4.3 Amélioration de la sécurité au glissement 43 2.8 Sécurité a la rupture 46 2.5.1 Efforts et contraintes dans le barrage 47 2.5.2 Contraintes principales 48 26 Solicitation en cas de séismo 50 2.6.1 Définition et classification 50 2.6.2 Comportement réel d'un barrage en cas de séisme 53 2.6.3 L'analyse pseudo-statique 56 2.6.4 L'analyse dynamique 59 2.7 Les effets de température 61 2.7.4 Insolation 6 2.7.2 Echautfement du béton lors de la prise 61 2.8 Aspects constructifs particuliers 65 2.8.1 Précautions en cas de séismicité importante 65 2.8.2 Qualité du béton, dosage en ciment 66 2.8.3 Joints de construction et dispositif d'étanchéité 67 2.9 Surélévation des barrages poids 67 2.9.1 Motivation et conditions préalables 67 2.9.2 Modes de surélévation 68 2.9.3 Utilisation de la précontrainte 70 2004 LcH EPFL Barrages MW 2.9.3.1 Force de précontrainte nécessaire 70 2.9.3.2 Longueur et profondeur de scellement 4 2.9.3.3 Quelques remarques sur la technique des tirants d'ancrage 75 3___Barrages a contreforts et barrages evidés 7 3.1. Du barrage-poids au barrage a contreforts 7 3.2. Le barrage évidé 81 3.3 Contraintes dans le contrefort 81 3.3.1 Contraintes sur les parements 81 3.3.2 Contraintes verticales 82 3.3.3 Contraintes a l'intérieur du contrefort (horizontales et tangentielles) 83 3.3.4 Forme de la tte amont 83 3.3.5 Optimisation de la téte en diamant 84 3.4 Sécurité au renversement et au glissement 87 3.4.1 Méthode de calcul 87 3.4.2 Hypothéses pour la prise en compte des sous-pressions 87 3.8 Comportement en cas de séisme 88 3.6 Effets de température 89 3.7 Problémes particuliers 90 3.7.1 Fondation des contreforts 90 3.7.2 Dispositif d'étancheité 91 4 Barrages-vodtes 93 4.1 Choix de emplacement 93 4.2 Avantages et inconvénients des barrages-voites 95 4.3. Principaux types de barrages-voites 95 4.3.1 Barrages-voutes a simple courbure 95 4.3.2 Barrages-volttes a double courbure 97 4.4 Choix de la forme initiale 98 4.4.1 Hauteur du barrage 98 4.4.2 Forme des sections horizontales 99 4.4.3 Forme des sections verticales 101 EPFL LcH 2004 Table des matiéres 4.4.4 Epaisseur de la console a la clé 103 4.4.5 Coefficient d’élancement 105 4.5 Méthodes de calcul 105 4.5.1 Généralités 105 4.5.2 Formule du tube, membrane 106 4.5.3 Méthode des ajustements 108 4.5.3.1 Généralités 108 4.5.3.2. Systeme de poutres 108 4.5.3.3, Répartition de la poussée de eau entre arcs et consoles. 110 4.5.3.4 Compatibilité des déformations 1 4.5.3.5. Efforts et contraintes au pied de la console 120 4.5.3.6 Efforts et contraintes dans les arcs 122 4.5.3.7 Exemple de calcul d'un barrage-voate 123 4.5.4 Méthode des éléments finis 130 4.6 Effets de la température 133, 4,7 Evaluation des contraintes 136 4.8 Détails constructifs 140 4.8.1 Configuration du pied du barrage 140 4.8.2 Galeries et puits 142 4.8.3 Traitement et injection des joints 144 4.9 Traitement des fondations 145 4.9.1 Injection du rocher de fondation 145 4.9.2 Dimensions du voile d'étanchéité 147 6 — Contréle et surveillance 149 5.1 Concept de sécurité 149 6.2 Sécurité structurale 150 5.2.1 Atteintes a la sécurité et mesures de protection 150 5.2.2 Sécurité en cas de crues 151 5.2.3 Sécurité en cas de tremblement de terre 153 5.2.4 Recherche 153 5.3 Surveillance 154 6.4 Systéme d'auscultation 156 2004 LCH EPFL ae Mek - r Barrages 5.5 Concept en cas d'urgence 162 6 _Barrages en rembial 165 6.4 Introduction 165 6.1.1 Historique 165 6.2 Critares de choix des sites 167 6.2.1 Topographie 167 6.2.2 Géologie 169 6.2.3 Fondation 170 6.2.4 Comportement des barrages en remblai 172 6.2.5 Ouvrages annexes 173 6.3 Types de barrages en rembii 176 6.3.1 Eléments d’étanchement et de drainage 176 6.3.2 Barrages en terre homogéne 17 6.3.3 Barrages en remblai avec noyau central en terre 179 6.3.4 Barrages en remblai avec noyau incliné 180 6.3.5 Barrages en remblai avec membrane centrale 181 6.3.6 Barrages en remblai avec masque amont 182 6.4 Matériaux de construction 184 6.4.1 Choix des matériaux 184 6.4.2 Granulométrie et dimensionnement des filtres 186 6.4.2.1 Noyau 186 6.4.2.2 Corps d'appui 186 64.23 Filtres 187 6.4.3 Teneur en eau 188 6.4.4 Mise en place des matériaux et compactage 190 6.4.4.1. Matériaux cohésifs 190 6.4.4.2 Matériaux non-cohésifs 192 6.4.5 Contréles pendant la construction 193 6.5 Comportement aprés la construction 194 6.5.1 Tassements 194 6.5.2 Conditions 4 lac plein 197 6.5.3 Exploitation de la retenue 199 6.6 Calcul de stabilité 200 EPFL. LcH 2004 vi Table des matiéres 6.6.1 Principe d’analyse 200 6.6.2 Méthodes d'analyse 200 6.6.3 Cas de charges 201 6.6.4 Coefficients de sécurité 202 6.6.5 Angle des talus 202 6.6.6 Sécurité en cas de séisme selon analyse pseudo-statique 202 6.6.7 Vérification des digues au séismes selon les directives suisses 204 6.6.7:1 Bases et exigences de verifications 204 6.6.7.2 Schéma du déroulement des calculs 205 6.6.7.3 Relevé des conditions géologiques et géotechniques du sol de fondation ainsi que des valeurs caractéristiques des matériaux composant le corps de la digue et le sol de fondation 206 6.6.7.4 Evaluation de augmentation potentielle des pressions interstitielles due au séisme 206 6.6.7.5 Analyse simplifiée de la stabilité sismique 213 6.6.7.6 Calcul simplifié des déplacements de glissement 215 6.6.7.7 Analyse de augmentation des pressions interstitielles due au séisme 218 6.6.7.8 Analyse simplifiée de la stabilité sismique ou calcul des déplacements de glissement en tenant compte de "augmentation des pressions interstitielles due au séisme 218 6.6.7.9 Analyse de stabilité aprés le séisme en tenant compte d'une augmentation des pressions interstitielles due au séisme 218 6.7 Détails constructifs 219 6.7.1 Choix de la hauteur de la digue (Question de la revanche nécessaire) 219 6.7.1.1 Définition de la revanche 219 6.7.1.2 Effets du vent et des vagues 219 6.7.1.3. Revanche nécessaire 224 6.7.2 Couronnement 223 6.7.3 Risbermes 224 6.7.4 Galeries diinjection et de contréle 224 6.7.5 Contact des éléments d'étanchéité avec le sous-sol 225 7 Ouvrages annexes 227 7.1 Dérivation pendant la construction 227 7.1.1 Débit de dimensionnement 227 7.1.1.1 Principes 227 7.1.1.2 Choix du débit de dérivation 227 2004 LCH EPFL r . yey qq Barrages vil 7.1.1.3 Risque d'inondation 227 7.1.1.4 Calcul économique de la capacité de dérivation 228 7.1.2 Types de dérivation 229 7.1.2.1 Dérivation intégrale 229 7.1.2.2 Dérivation travers le chantier 229 7.1.2.3 Balancement de la riviére 230 7.1.3 Types de batardeaux 231 7.1.4 Organes de dérivation 234 7.1.4.1 Galerie de dérivation 234 7.1.4.2 Canaux de dérivation 235 7.1.4.3. Ouvertures dans le barrage 236 7.1.8 Organes de fermeture 236 7.1.6 Coupure de la rivigre 237 7.2 Evacuateurs de cru 239 7.2.1 But et objectifs 239 7.2.2 Critéres de sécurité — débit de dimensionnement (voir 5.2.2) 239 7.2.3 Types d'évacuateurs 240 7.2.4 Evacuateur de crues avec ou sans vanne 242 7.2.5 Conception des évacuateurs de crues 243 7.3. Ouvrages de vidange 244 7.3.1 Philosophie des vidanges 244 7.3.2 Eléments des vidanges de fond 245 7.3.3 Conception des vidanges de fond 248 7.3.3.1 Vidange de fond combinée avec le barrage 246 7.3.3.2 Vidange de fond combinée avec la fondation du barrage 246 7.3.3.3 Vidange de fond combinée avec la galerie de dérivation 246 74 Prises d'eau 247 7.4.1 Classification selon emplacement 247 7.4.2 Prises d'eau situées sur les rives 247 7.4.3 Prises d'eau indépendantes 249 7.4.4 Prises intégrées au barrage 250 Références bibliographiques 253 LcH 2004 Barrages 1 1_GENERALITES 1.1 Introduction 1.1.1 Définitions Les barrages sont, par définition, des ouvrages hydrauliques qui barrent sur toute la largeur une section d'une vallée, et qui créent ainsi une dépression topographique artificielle étanche a l'eau. De maniére générale et dans la plupart des cas, la hauteur du barrage dépasse le niveau d'eau atteint par les cours d'eau en période de forte crue, Fondamentalement, les barrages ont 2 effets caractéristiques : 1. La retenue d'eau créée par la présence du barrage peut le plus souvent contenir une part importante des apports d'eau; 2. Le barrage suréléve le niveau du plan d'eau a 'amont. 1.1.2 Des ouvrages imposants Les barrages constituent les ouvrages les plus imposants créés par I'homme dans notre ére. Tout comme pour les monuments de Fantiquité et les cathédrales du moyen age, la durée de réalisation de ces ouvrages peut étre trés importante. Il est courant que 10 & 30 ans séparent les premieres esquisses de inauguration de 'ou- vrage terminé. Cette durée considérable et impact sur l'environnement par l'importance de louvrage sont aussi souvent a la source de controverses, voire de conflits, entre les promoteurs et les défenseurs d'intéréts opposés. 1.1.3 Les barrages et les ingénieurs civils Les barrages véhiculent une part importante de mage de lingénieur civil. Cette réalité est encore particuligrement vive en Suisse, pays de barrages. Malgré leurs dimensions imposantes, les barrages ne constituent qu'une petite partie des ouvra- ges de génie civil par rapport aux autres types d'ouvrages comme les ponts, les tunnels, les routes ou les batiments. Ainsi, un ingénieur de barrages aura réellement le sentiment de construire un ouvrage exceptionnel, 'couvre d'une vie, lorsqu'll est appelé @ participer a la réalisation d'un tel monument, La Suisse dispose d'une longue tradition dans le projet et la réalisation de barrages. Plusieurs sociétés d’ingénierie sont actives dans le domaine et leur marché couvre le monde entier. La Suisse peut aujourd'hui étre considérée comme un péle de com- pétence dans le domaine, avec des équipes d'ingénieurs disposant d'une vaste ex- Périence dans la conception et la construction, mais aussi dans l'exploitation et la maintenance des barrages. Alors que les grands barrages construits dans la pre- miére moitié du 20°" siécle sont associés au nom d'un seul concepteur, l'ingénieur 2 Généralités de barrages doit aujourd'hui s'intégrer dans une équipe pluridisciplinaire composée également de géologues, d'électromécaniciens, d'environnementalistes, d’écono- mistes voire de juristes. 1.1.4 Des ouvrages singuliers Les barrages sont des ouvrages de génie civil singuliers par bien des points : 1. Ils prennent en compte un grand nombre de paramétres et de données. Ce sont des structures complexes qu'il faut traiter comme des systémes. Il n'existe pas de procédure bien définie pour déterminer la meilleure solution. La démarche est Pragmatique, évolutive, systématique et récursive. Elle fait appel a un grand nombre d'hypothéses qui sont petit a petit perfectionnées et vérifiées. 2. Le comportement d'un barrage durant son cycle de vie est complexe. II est in- fluencé par plusieurs phénoménes et facteurs plus ou moins bien connus : la mo- dification des caractéristiques des matériaux (vieillissement), le comportement de la fondation (souvent mal connu), les conditions météorologiques et thermiques (variables), les effets chimiques de l'eau, les sollicitations sismiques (imprévisi- bles), les risques hydrologiques et le mode d'exploitation de la retenue. Cette complexité est maitrisée par la mise en ceuvre de modéles appropriés pour Nouvrage lui-méme et pour sa fondation, ainsi que pour les influences que subit louvrage de la part de son environnement 3. Finalement, les exigences quant a la sécurité des barrages sont extrémes. Ces exigences se reflétent dans toutes les phases d'un projet: la conception, la réali- sation et lexploitation. La période d'exploitation est certainement la plus sensible en terme de sécurité des populations. Pour cette raison, quasiment tous les pays du monde ont prescrit des régles institutionnelles pour la surveillance des ouvra- ges par une auscultation permanente et 'analyse du comportement. 1.2 L'évolution et l'avenir des barrages Les premiers barrages importants sont nés avec les premiéres civilisations de l'anti- quité, en particulier en Chine, en Asie du Sud et en Mésopotamie. Le but de ces premiers barrages était la retenue de l'eau pour I'rrigation et 'approvisionnement des cités en eau potable. Ce sont certainement les traces de ces anciennes civilisations que les archéologues retrouvent le plus facilement (cf. figure 1.1). 2004 cH EPFL ie t f ‘ Barrages 3 Figure 1.1: Barrage sur le wadi al-Qanatir, VIIP™ siécle, Jordanie L’essor des grands barrages n'a réellement commencé qu’avec l'industrialisation a la fin du XIX*" siécle et le développement démographique des villes. La figure 1.2 montre clairement cette évolution (la Chine, pays qui posséde le plus grand nombre de barrages, est exclue de cette statistique de par la difficulté a gérer information). Cette évolution apparait aussi clairement en Suisse que dans le reste du monde. Etat 1998: Monde sans Chine: 23'034 Chine: 21600 eae ee Suisse: 153 cd & 18000 150 3 | i 3 } 5 2 3 ¥ soto 10 3 ‘80 7500 1e80 200 onde Figure 1.2: Evolution du nombre de barrages dans le monde (hauteur > 15 m) Sur le plan mondial, on observe une progression réguliére du nombre de barrages dans la premiére moitié du siécle. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale et jusqu'a 1970, la croissance du nombre de barrages devient extrémement rapide tant en Suisse que dans le monde. Dés 1970, on observe un net ralentissement qui per- EPFL LcH 2004 4 Généralités dure encore aujourd'hui. Cette stagnation, particuligrement marquée en Suisse, s'ex- Plique d'abord par la récession économique mondiale des années 1970, s'ajoute en- Suite le fait que le niveau d'équipement dans les pays industrialisés se rapproche ou atteint le niveau maximal d'équipement économiquement possible. Cette limite est particuliérement proche en Suisse, oll seuls quelques rares sites sont encore techni- quement envisageables. Enfin, la réalité économique et la sensibilité environnemen- tale actuelle rendent de nouvelles réalisations improbables. Uaugmentation marquante dans les années quatre-vingt-dix dans le monde n’est pas due aux activités de la construction, mais résulte de la correction des statistiques aprés ouverture des pays communistes. La figure 1.3 illustre 'évolution dans le temps des records de hauteur des barrages. La distinction est faite entre les barrages en béton et les barrages en remblai. Ce diagramme met en évidence le rdle des ingénieurs suisses qui détiennent depuis 1962 le plus haut barrage en béton du monde avec la Grande-Dixence (figure 1.4). Ce mur en béton n'a été dépassé qu’au milieu des années 1980 par les barrages en remblai de Nurek au Tadjikistan. 300 Barrages en béton 200 Hauteurs sur fondation i Barrages enremblai @ 1900 1910 1920 1930-1940 1950 1980 1970 +1980 1990 Figure 1.3: Evolution de la hauteur des plus grands barrages 2004 LCH EPFL Figure 1.4 : Barrage-poids de la Grande-Dixence, Valais, H=285 m Le plus haut barrage en remblai de Suisse est le barrage de Géscheneralp, avec 155 m de hauteur (figure 1.5). Figure 1.5 : Barrage en remblai de Géscheneralp, Uri, H=155 m EPFL LcH 2004 6 Généralités La répartition géographique des environ 45'000 grands barrages est tras irréguliére. Prés de 50% de tous les barrages de plus de 15 m de hauteur se trouvent en Chine. Un tiers se trouvent dans les pays industrialisés d'Europe, d'Amérique du Nord et au Japon alors que le reste du monde, principalement les pays en développement, se partage les 15% restants. Ces demiers pays, avec leur démographie en expansion et leurs besoins de plus en plus importants en irrigation et en ouvrages de protection, présentent aujourd'hui un potentiel gigantesque. Hauteur > 60 m Hauteur > 150 m 4. Chine 94] 1. Chine " 2. ran 56/2. Iran 8 3. Turquie 54] 3. Turquie 5 4. Japon 45] 4. Inde 3 5. Inde 12| 5. Brésil 3 6. Espagne 10} 6. Japon, Philippines, Roumanie, 7. Italie 7 Venezuela, Georaie, Argentine, Roumanie 7 Grace, Uzbekistan, Ethiopie, Brésil 7 Malaisie, Russie, Islande, Vietnam 7 Mexique 13 x 13 41. Myanmar 6 12. Alaérie 5 Russie 5 Total monde 369 Total monde 43 Figure 1.6: Barrages en construction dans le monde, état en début 2004 Aujourd'hui, la construction de grands barrages fait l'objet d'efforts trés important de la part de certains pays (Figure 1.6). Les pays avec la plus grande activité de constructions de barrages sont la Chine, Iran, la Turquie et le Japon. En Europe, Cest Espagne, I'talie et la Roumanie qui construisent le plus grand nombre de barrages. C'est également dans ces pays que se situent le plus grand nombre d’ouvrages du fait de la nécessité de réguler les apports hydrologiques pour Virrigation. Depuis 2000, le nombre des barrages en construction plus haut que 60 m a continuellement augmenté de 335 a 369 en 2004. C'est également le cas pour les barrages de plus de 150 m, dont le nombre en construction est passé de 36 en 2000 43 en 2004. Le chantier le plus récent d'un barrage en Suisse est celui du barrage- vodte de Luzzone, construit au début des années 1960 et dont la hauteur a été por- tée de 208 a 225 m (surélévation entre 1995 et 1998 - figure 1.7). 2004 LcH EPFL Barrages a Figure 1.7: Barrage-vodte de Luzzone, Tessin, surélevé de 208 4 225m Lépopée des grands chantiers de construction de grands barrages en Suisse est aujourd'hui derriére nous. Par contre, les perspectives de lingénieur civil dans le do- maine des barrages sont encore réelles, comme le montre la figure 1.8. Suisse Monde Conservation des ouvrages aaa eo | Lexistants [Extension des ouvrages exie- tants (surélévations) °° 7 Reconstruction Renouvellement ° se Nouveaux ouvrages ° 00 © peu important ©0 important 000 tres important Figure 1.8: Perspectives pour les ingénieurs dans le domaine des barrages EPFL LCH 2004 8 Généralités 1.3 Le réle des barrages Par la construction de barrages, homme influence de maniére prépondérante "écoulement nature! des eaux de ruissellement. 3 raisons principales peuvent justifier cette intervention: 1. La création d'une retenue Selon le volume utile de la retenue et le débit des apports, on distinguera les accumulations journaliéres, hebdomadaires, saisonniéres ou inter-saisonniéres. 2. Laréqulation des apports Dans la plupart des régions du monde, les précipitations sont concentrées sur des périodes courtes. Ces apports sont souvent trés irréguliers d'une année a Tautre. Les besoins en eau sont répartis de maniére beaucoup plus homogéne sur l'année. Il s'ensuit donc une succession de périodes de pénurie et d'exces que le seul moyen de compenser est la réalisation d'une retenue. 3. La surélévation du plan d'eau d'une rivigre La mise en place d'un barrage en travers d'un cours d'eau a pour effet de suréle- ver le plan d'eau a I'amont. Cet effet est bien entendu utilisé pour la production hydroélectrique, mais également pour gérer la dérivation des eaux d'une riviere vers une prise d'eau puis un canal d'amenée pour Irrigation ou 'alimentation en eau La figure 1.9 met en évidence la variabilité des précipitations dans le monde. Dans les pays subtropicaux et arides, les pluies sont concentrées sur des périodes tres courtes. La réalisation de retenue est dans ces pays la seule voie pour développer tirrigation et par conséquent I'agriculture. Précipitations en mm Moyenne annuelle [Mois le plus sec__| Mois le plus humide Marrakech, Maroc [253 5 40 Beyrouth, Liban [893 0 190 Zanzibar, Tanzanie | 1486 35 335 Calicut, Inde 3085 10 830 Cherrapanji, Inde | 10824 40 2560 Figure 1.9: Répartition temporelle des précipitations dans le monde Dans les régions alpines, les débits des cours d'eau sont les plus élevés durant les mois d'été. Ce fait est dd a la répartition des précipitations dans l'année et surtout 2 la fonte des neiges. Par contre, la consommation d'énergie électrique est plus im- portante en hiver. Pour palier @ ce décalage dans le temps, les grands barrages al- pins accumulent l'eau dans des retenues dialtitude en été. Le potentiel énergétique de cette eau est utilisé en hiver pour produire de lélectricité. Ce mode d'exploitation des retenues correspond typiquement a une accumulation saisonniére. On peut également classer les barrages en fonction de l'utilisation principale qui est faite de leur retenue: 1. Production d'énergie électrique; 2. Approvisionnement en eau potable et industrielle; 2004 LcH EPFL r ‘ Barrages 9 Irrigation; Protection contre les crues (inondation, érosion); Soutien d’étiage (garantie d'un débit minimal); Péche, pisciculture (élément économique essentiel dans certains pays); Navigation fluviale (garantie d'un tirant d'eau minimal); PnNOaaRw Loisir et tourisme, Dans la plupart des cas, plusieurs de ces buts se combinent. On parle alors d'amé- nagements 4 buts multiples. 1.4 L'impact sur l'environnement des barrages Les aménagements hydrauliques comme les barrages sont bien entendu destinés a aceroitre la qualité de vie et/ou la sécurité d'une population. Il n'en demeure pas moins que la réalisation de tels ouvrages peut avoir des effets importants sur l'envi- ronnement. Le barrage constitue une barriére I'écoulement naturel d'un cours d'eau et crée une retenue. Plusieurs effets essentiels peuvent étre mis en évidence: 1, Inondation des terres immeraées par la retenue Cela a comme conséquence la perte de la faune et de la flore et le déplacement de populations. Le cas du barrage des Trois-Gorges, actuellement en construc- tion en Chine est significatif. 2. Modification du régime d'écoulement a I'aval En cas de dérivation, seul un débit minimal est restitué a la riviére a aval. Le lit de la riviére est ainsi modifié, ce qui influence la capacité de la riviére a évacuer les crues. De plus, les petites et moyennes crues sont supprimées ou forlement réduites par le laminage dans la retenue. L'inondation périodique de surface de frayéres, marécages et étangs, jlots et berges et autres zones de grande valeur écologi- que est supprimée. 3. Obstacle au transport de sédiments Le barrage agit comme un gigantesque décanteur, ce qui occasionne I'alluvion- nement de la retenue. En conséquence, l'eau restituée dans le cours d'eau a laval présente un déficit de sédiments. L'équilibre de transport solide est per- turbé et on observe souvent un creusement du lit par érosion a aval. Diautre part, les eaux prélevées pour litigation sont déchargées d'une part des matériaux fins en suspension, réduisant ainsi 'apport nutritif naturel et condui- sant a l'emploi d'engrais chimiques. 4. Impact sur le climat Les grandes retenues d'eau pourraient avoir un impact sur le climat. Ce phéno- méne est sujet & de grandes discussions, en particulier @ propos des grandes retenues créées dans les pays intertropicaux (barrage d'Assouan sur le Nil en Egypte, barrage d'Akosombo sur le fleuve Volta au Ghana). EPFL LCH 2004 10 Généralités 5. Effet sur la qualité des eaux Dans les retenues profondes en pays arides, on observe une stratigraphie ther- mique importante. Ce phénoméne empéche le brassage des eaux dans la rete- nue. L'apport en matiére organique de la riviére consomme pour la biodégrada- tion une quantité importante d'oxygéne, entrainant un déficit en oxygéne dissous. Ce phénomene est amplifié si la surface de la retenue n'a pas été totalement dé- boisée avant le remplissage. On observe aussi dans certains cas une accélération du phénoméne d'eutrophi- sation 6. Effet sur la santé publique Dans les régions chaudes et humides, la création de lacs de retenue peut avoir une incidence sur les grandes endémies parasitaires (paludisme, bilharziose, on- chocercose). 7. Effets sur la migration des poissons Si des mesures particuliéres d’accompagnement ne sont pas réalisées (échelles. poissons), la migration entre l'amont et l'aval est interrompue. Pas contre, on observe souvent la colonisation de la retenue par'de nouvelles espéces. 8. Séisme induit par la retenue La surcharge qu’occasionne un réservoir dans une région a risque sismique élevé pourrait provoquer des séismes si le premier remplissage ne s'effectue pas. SOUS UN contrdle rigoureux. 9. Risque de alissement de terrain La montée du plan d'eau dans une retenue peut mettre en mouvement des ter- rains instables sur les rives. L'accident du barrage de Vajont (Italie, 1963) est gnificatif: le remplissage de la retenue a mis en mouvement une masse de quel- ques 250 millions de m° qui s'est déversée dans la retenue, entrainant la dispari- tion de plus de 2000 personnes. Cette liste n'est bien entendue pas exhaustive, L'ingénieur doit étre conscient de tous les effets nuisibles qu’occasionne son projet dés le début de ses études. II peut ainsi prendre des mesures pour limiter ces effets et intégrer le rapport bénéfice-inconvé- nients dans son analyse. 1.5 Les différents types de barrages Selon la nature du matériau de construction utilisé, on classe les barrages selon 2 grandes familles : + Les barrages en béton; * Les barrages en remblai (digues). Certains anciens barrages, datant pour la plupart du XIX®™* siacle, ont été réalisés en magonnerie. Nous les assimilerons en ragle générale aux barrages en béton. IIs se classent presque toujours parmi les barrages-poids. On verra également que certains grands barrages peuvent étre constitués de sec- tions en béton et de sections en remblai mises céte a céte, ce qui complique la clas- sification, 2004 LcH EPFL | ey — a Barrages 4 1.5.1 Les barrages en béton Les barrages en béton sont toujours fondés sur une fondation rocheuse, de module d'élasticité élevé. Comme Iillustre la figure 1.10, on distingue trois grandes familles de barrages en béton, chacune comportant un certain nombre de sous-familles. Barrage-poids massif. Barrage a contreforts a téte élargie Barrage voote épaisse Barrage-poids évides B @ votte Barrage contreforts ees a dalles planes Barrage-poids voote Barrage a vodte ‘Barrage-poids cylindrique incurvé Barrage a votite double courbure Barrage en béton compacté au rouleau (BCR) Figure 1.10: Les familles de barrages en béton Les 3 types de barrages en béton se distinguent par leur forme, la nature de leur systéme statique et leur maniére de s'opposer a la poussée de l'eau. 1. Le barrage-poids, comme son nom l'indique, résiste a la poussée de 'eau par son propre poids. Le barrage-poids est constitué d'sléments massifs juxtaposés. Le barrage de la Grande-Dixence de la figure 1.4 fait partie de cette famille. 2. Le barrage @ contreforts résiste également a la poussée de l'eau par son poids Propre, mais un certain nombre de dispositions permettent de diminuer le volume de béton par rapport au barrage-poids. Ce type de barrage est formé d’éléments juxtaposés, nommés contreforts, dont la géométrie est complexe. Chaque Contrefort est constitué d'un masque continu a I'amont et d'une ame, le contre- fort, qui reprend effort exercé par la poussée de l'eau. Les contraintes dans le corps du barrage et au contact avec la fondation sont plus élevées que pour un barrage-poids de méme hauteur. 3. Le barrage-voite est une structure tridimensionnelle agissant comme un voile ou une coque. Il présente une forte courbure en plan et transmet une partie impor- tante des efforts sur les flancs de la vallée. Lorsque toutes les conditions néces- aires sont réunies, il permet d’économiser un volume important de béton par rapport aux 2 types précédents. Relevons quelques points communs a tous les types de barrages en béton : + Ulouvrage est constitué de béton de masse, non armé, mis en place a une ca- dence élevée avec des moyens fortement mécanisés. EPFL LcH 2004 12 Généralités + De maniére générale, la géométrie est optimisée de sorte a éviter 'apparition de tractions dans le béton en quelque point que ce soit de 'ouvrage, et sous toutes les conditions de charge. 1.5.1.1 Les barrages-poids La plupart des barrages poids sont massifs, sans vides significatifs. Le parement amont est vertical ou légérement incliné (moins de 5%). Le parement aval est incliné avec un fruit de 75 @ 80%. Cette géométrie lui permet de résister par son propre Poids au renversement et au glissement sous l'action des forces extérieures. 75 + 80% [1:0.75 + 1:0.8] 0+ 5% <—— 0.75+0.8H Figure 1.11: Barrage-poids : profil-type Dans certains cas, pour économiser du béton, le barrage-poids comporte des évide- ments. On parle alors de barrages-poids évidés. Pour compenser le poids de béton supprimé, le parement amont est incliné (jusqu’a 10%) pour bénéficier d'une compo- sante verticale de la poussée de l'eau. Le barrage-poids n'est pas limité dans sa longueur. Il peut étre rectiligne, polygonal ou légérement incurvé pour ‘adapter aux besoins de la géologie et de la topogra- Phie. Lorsque la courbure est forte, celle-ci influence la statique de louvrage par un effet tridimensionnel. Le terme de barrage-poids incurvé ou de barrage poids-voite est alors utilisé. Les barrages-poids sont constitués d'une succession de plots (parfois aussi appelés blocs), de 12 4 19 m de largeur. Ces blocs sont séparés par des joints (1 4 3 mm) qui sont libres de s‘ouvrir ou de se fermer selon les conditions. Ces joints de dilatation sont en fait les joints de retrait qui s‘ouvrent lors du refroidissement du béton. Ces joints sont munis d'un systéme d'étanchéité a l'amont (par exemple bandes waters- top). 1.5.1.2 Les barrages a contreforts Le barrage a contreforts est toujours réalisé en béton. De par les évidements quil comporte, le volume de béton qui le constitue est plus faible que pour un barrage- poids équivalent. Par contre, la surface de coffrage est plus importante, ainsi que la difficulté de mise en place du coffrage. Comme dans le cas des barrages-poids, les contreforts sont construits céte a céte et sont séparés par un joint vertical doté d'une bande d'étanchéité a I'amont. 2004 LCH EPFL Barrages 13 1eI4my —_—_ 095+ 1.08 Figure 1.12: Barrage a contrefort : profil-type et section horizontale On distingue plusieurs types de barrages a contrefort selon la forme méme du contrefort. La solution la plus aboutie, avec contrefort a téte élargie, est la plus ré- pandue. La figure 1.12 illustre la coupe horizontale schématique dans un barrage a contrefort. ‘Sur une coupe horizontale, on distingue clairement les 2 zones du contrefort : * La téte, dont la largeur est de 12 4 14 m. La bande d’étanchéité est située dans le joint entre 2 tétes juxtaposées. + Lame, dont 'épaisseur est le plus souvent constante et de ordre du tiers de la largeur de la téte. Dans certains cas, 'ame est élargie a 'aval pour diminuer les contraintes. Le changement de section doit alors étre progressif pour limiter les concentrations de contraintes dans langle. L’épaississement de l'4me a l'aval peut dans certain cas atteindre la largeur de la téte, de sorte que le barrage forme a l'aval un parement continu. Ce masque aval peut étre souhaité pour rendre les contreforts plus résistants aux sollicitations dynamiques ou pour protéger I'ame des effets du gel. La téte du contrefort de la figure 1.12 est appelée téte élargie ou téte en forme de diamant. D'autres formes sont parfois choisies. La figure 1.13 montre différentes so- lutions pour la forme de Ia téte. EPFL LCH 2004 14 Généralités Figure 1.13: Formes de la téte des contreforts - différentes solutions a) 4 téte ronde b) a f6te en forme de marteau ©) 4 téte en forme de T d) a dalles planes, Pour limiter encore le volume de béton, certaines solutions originales ont été déve- loppées pour des cas particuliers : * Les contreforts a dalles planes, mais ces ouvrages sont particuli¢rement sensi- bles aux séismes * Les barrages a votites multiples ou a démes multiples, constitués de vodtes min- ces s'appuyant sur des contreforts. Dans ce type d'ouvrages, les effets de tem- pérature provoquent des contraintes de tractions importantes dans les vodtes, lesquelles doivent étre armées en conséquence. Figure 1.14: Barrage 4 vodtes multiples Parmi tous les types de barrages évoqués jusqu'a présent, ces 2 demiers types constituent certainement les plus légers. Pour assurer la stabilité au glissement du contrefort, il est nécessaire de compenser le manque de charge verticale due au poids propre par une composante verticale importante de la poussée de l'eau. Cette 2004 LCH EPFL Lo bi r ‘ Barrages 15 force est mise en ceuvre en inclinant trés fortement le parement amont du barrage, jusqu’é 100 %, comme le montre la figure 1.12. 1.5.1.3 Les barrages-voites Le barrage-voitte est incurvé en plan. II est dans tous les cas construit en béton. Du fait de sa courbure, une part importante des efforts dus a la poussée de l'eau est transmise aux flancs de la vallée. Pour illustrer cet effet tridimensionnel, on peut modéliser le barrage-vodte par une série d'éléments porteurs horizontaux et verticaux, selon la figure 1.15 * Les éléments porteurs horizontaux sont des poutres courbes a 2 appuis, les arcs. * Les éléments porteurs verticaux sont des poutres consoles. Dans un tel modéle trés simplifié, la poussée de l'eau appliquée au point diintersec- tion de 2 éléments se répartit selon le rapport de leurs rigidités respectives. |I appa- rait évident dans ce contexte que les arcs sont des éléments beaucoup plus rigides que les consoles (de par leur hyperstaticité), et que les efforts dus a la poussée de eau sont par conséquent guidés de maniére préférentielle vers les flancs de la val- lee. Figure 1.15: — Barrages-vottes : modéle statique simplifié Plus la vodte est mince, plus le rapport des rigidités tend a diriger les efforts vers les flancs de la vallée. On distingue ainsi les barrages a voite mince, dont 'épaisseur a la base est de l'ordre de 10 4 20 % de la hauteur, et les barrages a volte épaisse, dont 'épaisseur a la base dépasse 25 % de la hauteur. Diautre part, on distingue les barrages-voittes cylindriques (2 courbure horizontale seulement, simple courbure) et les barrages-vodtes a double courbure (horizontale et verticale). Dans la premiére moitié du Xx*™ sidcle, plusieurs barrages a voites cylindriques ont été réalisés dans des vallées particuliérement étroites. Ces barrages ont une cour- bure constante de la fondation jusqu'au couronnement. Nous verrons au chapitre 4 que les conditions de mise en ceuvre de ce type de barrage sont tout a fait particulié- res. EPFL LCH 2004 16 Généralités _— 0.15+0.20 H >0.25H Voiite mince Voiite épaisse Voite cylindrique Figure 1.16: Profils-types de barrages-voutes Comme le barrage-poids, le barrage-votte est construit en plots juxtaposés, mais une différence constructive essentielle les distingue : alors que les joints séparant les plots du barrage-poids sont ouverts, les joints d'un barrage-vottte sont injectés avec du lait de ciment pour rendre la votite monolithique et assurer la transmission des efforts horizontaux jusqu'aux rives. Cette injection s'effectue avant le premier rem- plissage de la retenue et en hiver, de sorte que la résultante des charges extérieures crée toujours une compression dans ces joints (voir figure1.17). Niveansu.copronne; ‘joints verticaux joints verticaux plots en construction Figure 1.17: Joints verticaux injectés A priori, le barrage-vodte nécessite la mise en place de sensiblement moins de béton que le barrage-poids. Le matériau est également beaucoup mieux utilisé. De par son systéme statique, le barrage-voitte sollicite de maniére importante la fon- dation sur les flancs de la vallée. Ceux-ci doivent étre résistants et peu déformables Alors que les barrages poids peuvent s'adapter a n‘importe quelle forme et n'importe quelle largeur de valiée, le barrage-voiite nécessite des caractéristiques topographi- ques bien particuliéres et ne peut se concevoir que dans des vallées relativement étroites. 2004 cH EPFL my oy ' . Barrages 17 On définit 'élancement d'un barrage 2: = longueur développée du couronnement hauteur du barrage En régle générale, on admet que I'élancement 2 ne doit pas dépasser 4 a 5 (excep- tionnellement 6). Ce facteur limite dépendra en particulier de la géologie du site. 1.5.1.4 Les barrages en béton compacté au rouleau BCR Depuis la fin des années 1970, une nouvelle technologie s'est développée pour op- timiser la construction de barrages-poids: le béton compacté au rouleau BCR (roller compacted concrete RCC). La mise en place de béton BCR permet d'utiliser des béton trés secs, trés faiblement dosés en ciment. Les résistances obtenues, particu- ligrement faibles, sont compatibles avec les exigences des barrages-poids qui s'op- posent a la poussée de l'eau par leur poids propre. On exploite au mieux les pro- priétés du béton en mettant en cauvre des techniques de mise en place et de com- pactage qui sont issues des barrages en remblai. 1.5.2 Les barrages en remblai Les barrages en remblai sont constitués essentiellement de matériaux granulaires naturels meubles prélevés a proximité immédiate de l'ouvrage. On distingue 2 catégories de barrages en remblai : Les barrages en terre, réalisés essentiellement a partir de sols naturels meubles prélevés dans des graviéres; + Les barrages en enrochement, dont la majeure partie est constituée de matériau de carriére concassé. Comme pour les autres types de barrages, les barrages en remblai doivent répondre 4 2 fonctions essentielles : la fonction statique, qui consiste a transmettre a la fonda- tion la poussée de la masse d'eau retenue a 'amont, et la fonction d'étanchéité. Les sols meubles des barrages en terre peuvent, selon leur caractéristiques géo- techniques, étre suffisamment imperméables pour suffire aux 2 fonctions. Il existe de ce fait un grand nombre de barrages ou de digues en terre homogene. Lorsque a perméabilité du sol d'emprunt principal est trop importante, la solution consiste 4 concevoir un barrage en remblai zoné, c'est a dire constitué de plusieurs matériaux répartis par zones dans le corps du barrage. Les matériaux de carriére avec lesquels sont constitués les barrages en enroche- ment sont toujours perméables (a des degrés divers). Ces enrochements sont donc toujours associés a un autre élément assurant la fonction d'étanchéité. EPFL LCH 2004 18 Géneéralités Barrage en terre homogéne Barrage en enrochement @ noyau d'argile Barrage en terre zonée Barrage en enrochement a masque Barrage en terre & noyau fergie amont (en béton ou bitume) Barrage en terre & masque amont Barrage en enrochement a écran (béton ou bitume) interne d’étanchéité (membrane) en béton bitumineux Barrage en terre & membrane interme en béton bitumineux Figure 1.18: Les types de barrages en remblai La figure 1.19 montre une section schématique des dispositions les plus utilisées. Barrage en terre homogéne arrage en enrochement & noyau central Barrage en enrochement Barrage en enrochement & masque amont écran interne d’étanchéité Figure 1.19: Barrages en remblai - disposition de I'élément d’étanchéité Par rapport aux barrages en béton, les barrages en remblai présentent les avantages suivants : + La grande majorité, voire la totalité des matériaux constituant le corps du barrage proviennent de la proximité immédiate du site ; 2004 LcH EPFL Barrages 19 * La mise en ceuvre des matériaux peut étre trés fortement mécanisée et les cadences trés importantes, méme si le volume a mettre en place est sensible- ment plus important ; * La sollicitation de la fondation (contraintes) est beaucoup plus faible ; « Les tassements de fondation ne posent pas de difficultés majeures, les matériaux étant suffisamment plastiques pour s'adapter. Ces 2 demiéres considérations sont essentielles pour le choix du type de barrage. Certains types de barrages en remblai peuvent étre placés aussi bien sur une fonda- tion rocheuse que sur une fondation en terrain meuble, pour autant que la continuité de I'étanchéité soit assurée entre le barrage et la fondation. 1.6 Critéres de choix du type de barrage Le choix du type de barrage est une tache complexe qui nécessite la prise en compte d'un nombre particuliérement important de paramétres et d’informations. Uobjectif est de proposer la solution la plus économique tout en garantissant le plus haut degré de sécurité et en minimisant les impacts causés par l'ouvrage et le chan- tier. Les criteres principaux a prendre en compte sont 1. la forme de la valiée, 2. la séismicité, 3. la géologie, 4. la disponibilité des matériaux de construction, 5. les conditions climatiques, 6. les crues a maitriser. 1.6.1 La forme de la vallée La géométrie de la vallée permet d'exclure d'embiée certains types de barrages. a) canyon ou gorae, vallée encaissée avec des flancs presque verticaux Le barrage-votite s‘impose si la géologie et lintégration des ouvrages annexes le permettent. Si la largeur est presque constante sur toute la hauteur, un barrage-vottte cylindrique peut étre envisagé. Si les crues sont importantes, un barrage-poids permettra d'intégrer 'évacuateur de crues. EPFL LcH 2004 20 Généralités b) vallée étroite en V Le barrage-voitte peut étre envisage si la géologie et I'intégration des ouvrages an- nexes le permettent. D'autre critéres topographiques doivent étre vérifiés : * L'élancement 2.< 5 a6. * Les courbes de niveau du rocher d'appui doivent étre paralléles a l'axe de la vallée, voire légérement convergentes, + La géologie doit étre adéquate (résistance, fracturation, pendages) Le barrage-poids et le barrage en enrochement 4 masque amont sont également envisageables. Le barrage en enrochement a noyau central est proscrit, du fait de la pente impor- tante des flancs (tassements différentiels et risque de fissuration du noyau). ¢) roite en U Le barrage-vottte peut étre envisagé si la géologie et lintégration des ouvrages an- nexes le permettent. D'autres critéres topographiques doivent étre vérifiés : © L’élancement2.<4 a5, + Les courbes de niveau du rocher d'appui doivent étre paralléles a l'axe de la vallée, voire légérement convergentes. * La géologie doit étre adéquate (résistance, fractu- ration, pendages). Le barrage-poids et le barrage en enrochement & masque amont sont également envisageables, alors que le barrage en enrochement a noyau central est proscrire, pour les mémes raisons que dans le cas précédent. ) vailée large L’élancement du barrage 4 est tres im- portant, éliminant le barrage-voiite. Tous les autres types de barrages peuvent étre envisagés pour autant que les autres critéres de choix soient satisfaits. 2004 LCH EPFL Barrages 21 1.6.2 La séismicité Les types de barrages les plus résistants aux sollicitations dynamiques sont : * Les barrages-voites et les barrages poids-votttes, de part leur hyperstaticité. + Les barrages en enrochement & noyau central argileux, de part leur capacité a supporter de grandes déformations, Les joints des barrages poids sont normalement ouverts. De ce fait, la résistance de ce type d'ouvrages aux sollicitations horizontales transversales est faible. Cette ré- sistance est trés sensiblement améliorée si les joints sont remplis de coulis de ciment et si ces joints présentent une surface supportant le cisaillement (joints avec des dé- crochements). Les barrages a contreforts ne supportent que peu les solicitations transversales, de par la forme méme de la structure. L'élargissement des Ames des contreforts a I'aval pour les rendre jointives permet d'améliorer cette situation. Les barrages en enrochement 4 masque amont posent le probléme de la fragilité de élément étanche. Le corps d'appui trés perméable est par contre un facteur trés po- sitif. 1.6.3 La géologie La géologie est un, sinon le critére essentiel pour le choix du type de barrage. Une analyse détaillée de l'ensemble des paramétres géologiques doit étre entreprise avant de pouvoir se prononcer sur la faisabilité de tel ou tel type de barrage Néanmoins, on peut sommairement et moyennant beaucoup de ré: géologie d'un site dans les catégories suivantes : a) rocher de bonne qualité * Module d’élasticité Ex > 8000 MPa ; * Les galeries de reconnaissance sont creusées presque sans mesures de souténement (localement des boulons et du béton projeté). Un tel rocher convient a tous les types de barrages. b) rocher de moyenne qualité * Module d’élasticité Ex compris entre 4000 et 8000 MPa ; * Les galeries de reconnaissance sont creusées sans mesures de souténement. Un rocher de moyenne qualité permet tous les types de barrages sauf les barra- ges-voittes pour lesquels les contraintes a la fondation sont trop importantes. La tenue du rocher doit étre étudiée minutieusement pour vérifier que les déforma- tions de fondation seront supportées par le barrage. Un comportement homo- géne de la fondation est trés important. c) rocher de mauvaise qualité * Module d’élasticité Ex < 4000 MPa ; * Le creusement des galeries de reconnaissance nécessite des mesures de souténement particuliéres (cintres métalliques, béton projeté) EPFL LCH 2004 22 Généralités La déformabilité du rocher est trop grande pour y fonder une structure rigide comme un barrage en béton. On préférera sur ce type de terrain un barrage en remblai, 4 noyau ou éventuellement 4 masque amont. d) sol meuble Seuls les barrages en remblai a noyau peuvent supporter la déformabilité de tels. sols. Une attention particuliére sera portée a la continuité de I'étanchéité de la retenue dans la fondation sous le barrage. 1.6.4 La disponibilité des matériaux de construction Quelque soit son type, la construction d'un barrage nécessite la mise en place de grandes quantités de matériaux. Les codts de construction sont fortement influencés Par le prélevement, le transport et la mise en place des matériaux. Les zones d'em- prunts devront donc se trouver a proximité immédiate du site, et les frais de traite- ment des matériaux (concassage, lavage, sélection) doivent étre optimisés. La quantité et la qualité des matériaux disponibles doivent étre suffisantes pour ré- pondre aux spécifications exigées pour chaque type de barrage. Une des grandes difficultés des études préliminaires de barrages consiste a garantir avec une bonne précision une qualité suffisante et homogene pour toute la quantité nécessaire. Les caractéristiques essentielles des matériaux d’emprunt nécessaires sont : a) granulats de béton * de préférence des granulats roulés issus de graviéres alluviales, sans particu- les organiques; * _granulats concassés issus de carriéres (controle de la granulométrie capital). Puisque la granulométrie des adjoints du béton influence fortement le dosage en ciment nécessaire, les contrdles et les essais préliminaires sont primordial. b) remblai pour le corps des barrages en remblai * matériaux alluvionnaires pour les barrages en terre. La teneur en fines doit étre faible (éventuellement apres lavage); + matériau de carriére pour les corps des barrages en enrochement. ©) noyau + matériau argileux a perméabilité trés faible. d) matériau de filtre * matériaux alluvionnaires ou éventuellement de carriére, lavés. Exigences granulométriques trés précises. e) rip-rap * grands blocs de rocher résistants a l'altération dynamique des vagues, sou- vent difficile a trouver; éventuellement blocs en béton (tétrapodes), 2004 LCH EPFL Barrages 23 1.6.5 Les conditions climatiques Les conditions climatiques influencent de maniére prépondérantes les conditions d'exécutions de l'ouvrage, et par la le délai d'exécution. La durabilité du barrage peut également étre influencée. a) noyau argileux des barrages en remblai (conditions pendant la construction) La teneur en eau est le critére essentiel de la mise en place et du compactage optimal du noyau. Dans les régions ol Ia saison des pluies est longue et intense (pluies tropicales), la mise en place est souvent interrompue a cause du degré de saturation trop élevé des matériaux, b) barrages a contrefort (conditions pendant 'exploitation) La différence de température entre la téte dont le parement amont en contact avec l'eau froide de la retenue et 'ame soumise au rayonnement solaire fait ap- paraitre des gradients thermiques importants pouvant conduire @ la fissuration du béton. ) masque amont en béton asphaltique Ce matériau est particuliérement sensible aux effets des températures extrémes : + déformations plastiques sous températures élevées, + vieillissement accéléré sous l'effet du gel et de l'exposition au rayonnement solaire. 1.6.6 Les crues a maitriser La problématique de la crue de dimensionnement est un point particuliérement sen- sible du projet de barrage, de par le caractére incertain et probabiliste des valeurs retenues. Le choix du type de barrage est directement dépendant de cette probléma- tique. Les barrages en béton peuvent supporter sans dommages excessifs un éven- tuel dépassement des débits de dimensionnement et donc un déversement par-des- sus le couronnement (pour autant que la fondation a t'aval le permette). Par contre, le déversement par-dessus le couronnement des barrages en remblai serait catas- trophique et pourrait conduire a la ruine de l'ouvrage et a des dégats considérables a taval. On peut considérer que les débits de crue a maitriser dépendent : «de 'hydrologie du bassin versant; * de l'effet de laminage, qui dépend de la retenue (surface, revanche), et des orga- nes d'évacuation des crues; + du type de barrage. a) Barrage-poids et barrage a contrefort Des déversoirs de grande largeur peuvent étre aménagés sur le barrage, per- mettant des débits d’évacuation trés importants a des conditions trés avantageu- ses. On observe souvent sur les ouvrages existants des capacités d’évacuation de crue supérieures 4 3000 m/s. EPFL LcH 2004 24 Généralités b) Barrage-voite Dans les vallées étroites, la capacité des déversoirs situés sur le couronnement est limitée. Des organes d’évacuation en charge (orifices vannés) peuvent faci- lement étre intégrés ou 'évacuateur de crues doit étre prévu sur les rives de la retenue. ¢) Barrages en remblai L’évacuateur de crues ne peut pas étre intégré au barrage, du fait de lincompati- bilité des déformations entre le corps du remblai et la structure en béton armé de 'evacuateur. Une solution doit étre trouvée sur les flancs de la vallée, ‘Sur des barrages particuliérement longs, on voit dans certains cas la combinai- son d'une section de barrage-poids ou a contrefort comportant l'évacuateur de crues et de longues sections de barrage en remblai de part et d'autre. Cette problématique de la crue 4 maitriser et de lintégration des ouvrages annexes constitue donc un critére essentiel du choix du type de barrage. 1.7 Avantages et inconvénients des différents types de barrages En guise de résumé, les avantages et particularités essentielles des principaux types de barrage sont énumérés ci-aprés a) Barrage-poids guys ain A vey mt ,") Avantages : Y faibles contraintes dans le béton, ¥ faibles contraintes transmises au rocher, Y les variations de température ne produisent que des contraintes faibles, ¥ évacuateur de crues pouvant facilement étre intégré, “a ¥ gradient des sous-pressions sous la fondation faible. Particularités :_ volume de béton important, ‘© refroidissement artificiel nécessaire lors de la prise du béton, * volume d'excavation important, ® sous-pressions importantes sous la fondation, © sensil aux séismes, ® sensibilité aux tassements. b) Barrage a contrefort Avantages: — / volume de béton plus faible que pour le barrage-poids, ¥ contraintes moyennes transmises au rocher, ¥ faibles sous-pressions sous la fondation, ¥ échauffement faible lors de la prise du béton, ¥ l'évacuateur de crues peut facilement étre intégré. 2004 LcH EPFL Barrages 25 7 Particularités : © grande sensibilité aux séismes, A % risque de tassements limité, % volume d'excavation important, . % gradient des sous-pressions sous la fondation localement trés im- 5 portant, ‘© contraintes de température peuvent étre importantes dans la téte. c) Barrage-poids évidé = Avantages: 7 comme pour le barrage-poids, ¥ volume de béton plus faible. Particularités : ‘© comme pour le barrage-poids. d) Barrage a votites multiples Avantages: — ¥ volume de béton faible, ¥ volume d'excavation relativement limité, - ¥ faibles sous-pressions sous la fondation, ¥ pas de problémes thermiques lors de la prise du béton. Particularités :_ ® contraintes importantes dans les voites, Grit ev (eainrdll ® néoessité d'armer les vootes pour limiter la fissuration, 4 JL. ied, & grande sensibilité au séisme, & eFC ole “bass, ele Sensibilité aux gradients de température, ‘S gradient des sous-pressions sous la fondation localement trés im- portant, _ a & sensibilité aux tassements différentiels, 7 © integration des ouvrages annexes difficile, ® structure trés vulnérable et trés exposée aux actes de malveil- - {l- dal” bem ue Gude a y, Z coed pO wate i Avantages: — ¥ volume de béton faible, ¥ volume d'excavation relativement limité, v haute résistance au séisme, 7 faibles sous-pressions sous la fondation. “Art, , — Particularités :_ ® contraintes importantes dans le béton, ine lb ee ‘© contraintes importantes dans le rocher sous la fondation,/ Ve ‘ efforts transmis obliquement aux appuis latéraux, fa, "“" Na 7 ~ ‘© sensibilité limitée aux tassements (hyperstaticité), a \ xy ‘© échauffement durant la prise du béton, pouvant nécessiter des“ « tt hoy mesures particuliéres, Pety 2, - © difficultés d'intégration de !'évacuateur de crues dans le barrage, .- ~7 ® gradient de sous-pression sous la fondation important, Avclei EPFL LcH 2004 26 Généralités *® drainage des fissures des massifs d'appui devant étre rigoureuse- ment traité. f) Barrage en remblai a noyau central Avantages: 7 corps du barrage trés flexible s'adaptant aux conditions de terrain, ¥ structure trés peu sensible aux tassements et aux séismes, ¥ excavations limitées, ¥ contraintes trés faibles sur le sol de fondation, ¥ gradient hydraulique faible dans le noyau et dans la fondation. Particularités : © volume de matériau 4 mettre en place trés important, © matériau argileux disponible en grande quantité a proximité du site, ‘* mise en place du noyau argileux impossible avec des conditions météorologiques défavorables. 9) Barrage en remblai a masque amont Avantages: — corps du barrage trés flexible s'adaptant aux conditions du terrain, ¥ structure peu sensible aux tassements, 7 structure peu sensible aux séismes si des mesures spécifiques sont prévues ¥ excavations limitées, ¥ pas de matériaux argileux a mettre en place, / pas d'exigences particuliéres sur les conditions météorologiques, / contraintes trés faibles sur le sol de fondation Particularités :_ volume de matériau a mettre en place trés important, ‘© gradient hydraulique important sous la fondation de la plinthe, ® fondation de la plinthe sur du rocher peu perméable. (D Beg PAB. hae GH ae neo poe + oh jal . avec by JD [ cee cues «nats lower tn beh 4 Ho fan de robs ot pris Le en abe ME od > 9 2004 LCH EPFL te HL — 6 chugs pach bya ty : woleds : Barrages 27 1.8 Particularités de la construction des barrages 1.8.1 Généralités De par leurs dimensions et les impacts sur l'environnement qu'ils occasionnent, les barrages sont des structures exceptionnelles, dont les modes de réalisation sont parfois tres éloignés des autres structures du génie civil En premier lieu, les études préliminaires sont particuliérement importantes et coiteu- ses. Elles traitent d'un éventail trés vaste de domaines : I'hydrologie, la géologie, Thydrogéologie, 'hydraulique, la science des matériaux, la topographie, la géogra- phie, la biologie, la chimie, 'conomie rurale, économie énergétique, l'économie hy- draulique, la sociologie, le droit public, la politique de développement, les finances, et bien d'autres domaines. Ces études se distinguent souvent par leur durée, atteignant souvent plus d'une dizaine d'années “Associés a ces études, des travaux de reconnaissance approfondie doivent aussi 6tre entrepris : relevés topographiques, reconnaissances géologiques (géophysique, sondages, galeries de reconnaissance), essais géotechniques (puits, essais in situ et en laboratoire) a Lanalyse des impacts sur l'environnement est entreprise trés tot pour évaluer les différentes solutions, puis pour prendre des mesures de limitation des impacts ou de compensation. Les moyens nécessaires pour la réalisation posent de véritables problémes de logis- tique et dorganisation de chantier. II faut notamment tenir compte dés le début des études des accés, de l'approvisionnement, des installations de chantier, des équipe- ments, de la qualification de la main d'ceuvre, de la durée du chantier et de bien d'autres paramétres propres a tel ou tel site. Enfin, la démesure des quantités de matériaux nécessaires a une influence considé- rable sur la durée, les moyens a mettre en ceuvre et sur les paramétres techniques du projet. II ne s'agit pas, comme avec d'autres types de structures, de trouver des matériaux satisfaisant aux critéres ou normes fixés comme donnée du projet, mais de définir un ouvrage pouvant étre réalisé avec les caractéristiques des matériaux a disposition. Ainsi, chaque barrage est unique parce que réalisé avec des matériaux qui lui sont propres. Un chantier de barrage dure plusieurs années. Les différents travaux doivent étre exécutés dans une séquence précise, souvent conditionnée par les conditions hy- drologiques et météorologiques. Ces conditions impliquent un découpage des tra- vaux en phases selon les moyens disponibles. Ce découpage peut avoir une in- fluence directe sur le projet. Enfin il faut mentionner que quelque soit le type de barrage, les exigences relatives A la sécurité sont primordiales durant toute la vie de louvrage. Les barrages sont continuellement auscultés et soumis & une surveillance attentive. Les résultats de auscultation et les observations de la surveillance sont constamment analysés dans le cadre des procédures de contréle. - 2) if Den , beheld, cunc Capea (purvenlrbte) , acl? pruw? 4l Made) fom ote ected bE « uy coat Pe ple’ GF bétonnage des plots par levée Figure 1.20: Barrage en béton - étapes de bétonnage wii Trent rn Bi sefe Ps Gnjorteaet ef 1.8.3 Barrages en remblai Les barrages en remblai sont construits par la mise en place de couches de maté- riaux couvrant toute la surface du barrage. Les épaisseurs de couches sont de l'ordre de 50 cm de maniére 4 permettre un bon compactage de l'ensemble de ouvrage et une consolidation réguliére. ‘Lconsolidation Figure 1.21: Barrage en remblai - mise en place et consolidation 2004 LcH EPFL |e tM. r Barrages 29 p r i D - Figure 1.22: Niveaux caractéristiques de retenue 1. couronnement 7. tranche vidangeable ~ 2. vidange de fond 8. tranche morte 3. niveau normal de retenue (RN) 9. surremplissage de crue - 4. niveau minimal d'exploitation 10. niveau des plus hautes eaux (PHE) 5. volume de la retenue 11. revanche r 6. tranche utile EPFL cH 2004 Barrages 31 2_BARRAGES-POIDS 2.1 Forme générale La section verticale transversale des barrages-poids a une forme trés proche d'un triangle rectangulaire. Le parement amont est vertical ou tras légérement incliné vers 'amont. Le parement aval est souvent rectiligne et incliné avec un fruit de 75 4 80%. Il peut aussi prendre la forme d'une ligne brisée, comme le montre la figure 2.1. Le sommet du triangle doit dans tous les cas atteindre le niveau des plus hautes eaux. Le couronnement se situe sur un surépaississement de la forme triangulaire simpli- fiée, de sorte laisser la place a une voie d'accés et A augmenter la revanche (vagues). Enfin, pour augmenter la résistance au glissement, la fondation est parfois inclinée vers l'amont. Figure 2.1: Barrage-poids - profil simplifié et profil transversal réel 2.2 Sollicitations 2.2.1 Forces et actions 4 considérer Lorsque le barrage est rempli au niveau des plus hautes eaux (cas de dimension- nement), les principales forces a considérer sont les suivantes : Ean :la poussée de l'eau : tend a renverser le barrage vers laval. La direction est perpendiculaire au parement amont (le plus souvent vertical) et la résultante se situe au tiers de la hauteur. Si le parement amont est incliné, une compo- sante verticale doit étre ajoutée 32 Barrages-poids P:: le poids propre : a un effet stabilisant tendant a contrer le renversement causé par la poussée de l'eau. La direction est bien en- tendue verticale et la résultante se situe approximative- ment au tiers amont de l'épaisseur de la fondation. Fr:la poussée des terres : due a la sédimentation dans la retenue. La hauteur maximale correspond a celle de la tranche morte proximité de la vidange de fond, mais peut tre plus élevée dans d'autres secteurs. La densité des sédi- ments est plus élevée que celle de l'eau Pe plot en béton Pp =2.4+2.5 thm? \i Figure 2.2: Forces et actions 4 considérer S:lasous-pression: _causée par I'infiltration de l'eau sous et a travers le bar- rage. On admet généralement un diagramme triangulaire ou trapézoidal. Elle s'oppose au poids propre et a un effet déstabilisant. Diautres charges ont également un effet, soit sur la stabilité du barrage, soit sur l'état de contraintes internes : Ew la poussée de l'eau a laval, selon les conditions de submersion du pied aval, D__ eseffets sismiques dynamiques, T les effets thermiques. Toutes ces charges seront traitées dans le détail plus avant dans ce chapitre 2004 LH EPFL to. hee he Barrages 33, Trois principes fondamentaux gouvernent la statique des barrages-poids + Le poids propre s‘oppose a la poussée de l'eau par le frottement résultant sur la fondation, + Chaque bloc est stable par lui-méme; aucun effet de vodte tridimensionnel ne participe a la stabilité, * Le béton de barrage, non armé, ne supporte aucune contrainte de traction, sous aucun cas de charge. Dautre part, ce systéme statique trés simple implique des conditions précises a la fondation : la fondation doit étre rocheuse, son module d'élasticité doit étre élevé (peu déformable) et sa perméabilité faible (6tanchéité). De plus, et comme déja mentionné, les dimensions des plots sont limitées par les équipements de chantier mis en ceuvre. Les dimensions principales usuelles sont données 4 la figure 2.3. 1.583 m| F& joint d’étancheité Figure 2.3: Dimensions usuelles des levées de bétonnage Lorsque le barrage atteint plus de 30 m d'épaisseur, ily a lieu de subdiviser le plot en 2 plots amont et aval de sorte a limiter le volume des étapes de bétonnage. En reprenant le principe du profil simplifié triangulaire de la figure 2.1, les forces prin- cipales entrant en jeu sont les suivantes Poids propre P=\i py g-b-heL Poussée de l'eau: E=¥%.p,-g-h?-L Sous-pression: S=-A-pe-g-b-h-L ou: L : largeur du plot considéré 4 : coefficient de sous-pression; généralement admis 4 = 1.0; pe: masse spécifique de l'eau pe = 1'000 kg/m* pe: masse spécifique du béton pe = 2'400 a 2'500 kg/m®: 6 : épaisseur de la fondation; A hauteur. EPFL LcH 2004 34 Barrages-poids 2.2.2 La sous-pression 2.2.2.1 Le coefficient de sous-pression Le fait d'admettre un coefficient de sous-pression 2 = 1.0 et une répartition triangu- laire signifie que l'on suppose que toute la sous-pression est active sous la fondation et que la répartition de la perméabilité est homogéne sur toute la largeur de la fonda- tion. Depuis que le phénoméne de la sous-pression est clairement caractérisé sous les fondations de barrages et jusque dans les années 1970, on a généralement admis que le coefficient de sous-pression dépendait de la qualité du rocher de fondation et du traitement du contact béton-rocher par des injections. Les valeurs les plus sou- vent admises sont .7 0.8 — rocher sain et bien injecté, 75 41.0 rocher de qualité moyenne, mais bien injecté, © A=10 en cas de doute. Ce mode de faire se justifiait, pensait-on, par la diminution de la surface sur laquelle s'applique la sous-pression, comme le montre fa figure 2.4a. a) contact parfait x béton her ‘eau sous pression b) contact direct au sous pression ——— Fissures remplies d'eau sous pression faisant effet de vérin Figure 2.4 : Surface d'application de la sous-pression a) selon les principes anciens ) selon l'état actuel des connaissances. On sait aujourd'hui que seules des fissures dépassant 100 & 200 ym peuvent étre remplies par du coulis d'injection. Le modéle a adopter est plutot celui de la figure 2.4b, par le fait que I'on trouve partout une surface continue sur laquelle s'exerce la sous-pression En régle générale, on choisira donc toujours pour le contact béton-rocher et pour le rocher lui-méme 2 = 1.0. A lintérieur d'un plot de barrage, le béton est un milieu poreux. Si le béton n'est pas fissuré et que les reprises et joints de bétonnage sont de bonne qualité, on peut ad- mettre un coefficient de sous-pression 2. = 0.9 a I'intérieur du corps du barrage. 2004 LCH EPFL Barrages 35 2.2.2.2 La répartition de la sous-pression La répartition de la sous-pression sous la fondation dépend du gradient de la perco- lation souterraine, et ce gradient dépend des conditions de perméabilité. Plusieurs cas typiques peuvent étre mis en évidence a) perméabilité homogéne et isotrope b) écran de faible perméabilité (injections) Ces 2 demiers cas ont pour effet direct, s'ils sont correctement mis en ceuvre, de diminuer la force de sous-pression qui tend a soulever le barrage. EPFL LH 2004 36 Barrages-poids En pratique, on combine ces 2 effets par la mise en place d'un voile ou rideau diin- jection placé a 'amont du barrage et de forages drainants placés immédiatement & laval. La figure 2.5 montre la disposition de ces mesures et leur effet sur le dia- gramme de sous-pression. II faut noter que Ia réalisation d'un voile d'étanchéité dans la fondation est un travail long et délicat. L'injection dans une roche plus ou moins fissurée crée en réalité une zone de perméabilité réduite plus ou moins bien définie. Les forages diinjection se- font disposés de sorte que leurs zones diinfluence respectives soient jointives et s'interpénétrent, ce qui ne peut pas étre garanti de maniére absolue. On obtient done un voile hétérogéne de perméabilité variable a travers lequel il n'est pas exclu que "eau de percolation a travers la fondation trouve un chemin préférentiel. Pour cette raison, il est indispensable d'associer des forages de drainage a l'aval du voile d'étanchéité, pour éviter une éventuelle mise en charge et pour contrdler l'évolution de la percolation sous la fondation. injections de contact forages drainants voile d’étanchéité L Figure 2.5: Disposition des mesures de réduction de la sous-pression Les forages de drainage fixent une limite au développement de la sous-pression qui ne peut théoriquement pas dépasser le niveau de l'exutoire du drain (généralement, la galerie de pied dans le barrage). D'autre part, un gradient hydraulique trés impor- tant apparait dans la zone injectée qui constitue le voile d'injection. A 'amont du voile, la pression est quasi constante et égale a la pression hydrostatique. A l'aval du drain, la diminution de la pression se fait selon la répartition des perméabilités dans la roche (linéaire si la roche est homogéne et isotrope). En pratique, 'hétérogénéité et l'anisotropie du rocher de fondation font que les effets réels des injections et du drainage ne correspondent pas exactement a ce modéle théorique. II est par conséquent essentie! de mesurer réguliérement les pressions sous la fondation en un grand nombre de points pour contréler dans quelle mesure les hypothéses sont effectivement vérifiées. Si tel n'est pas le cas, il devra toujours 6tre possible soit de forer de nouveaux drains, soit de renforcer les injections. Pour cette raison, les barrages en béton comportent toujours une galerie de pied qui longe la fondation @ quelques métres du parement amont, dont les dimensions permettent liinstallation d'une foreuse. 2004 LcH EPFL my 7 Barrages 37 Etant donnée incertitude sur la répartition finale des sous-pressions, plusieurs régles ou recommandations ont été établies et sont en application dans les différents pays. Les principales sont indiquées sur la figure 2.6. a: éran d’étanchéité b: forages drainants Suisse, Autriche USA, Canada France ‘Australie < é ‘Allemagne Tralie DIN 19°700 Idecreto legge 1982| Figure 2.6: Hypothéses pour la répartition de la sous-pression En Suisse, comme en France et en Autriche, on admet généralement une répartition trapézoidale de la sous-pression. Pour tenir compte de effet du voile d'injection et des drains, la sous-pression 'amont est admise a 85% de la pression hydrostatique totale. Comme le montre la figure 2.6, d'autres pays adoptent un diagramme qui prend mieux en compte la réalité physique. La tendance actuelle va vers une généralisation de la formulation selon la norme allemande. 2.2.3 Les cas de charge En régle générale, on distingue 2 groupes de cas de charge : * les cas de charge normaux, * les cas de charge exceptionnels. EPFL CH 2004 38 Barrages-poids Les cas de charges normaux sont ceux qui se produisent réguliérement lors de 'ex- Ploitation normale de l'ouvrage. Ils combinent les effets de la poussée de l'eau, du Poids propre, de la sous-pression et les charges thermiques (dues aux variations saisonniéres et aux gradients thermiques dans 'ouvrage), Dans ces cas de charges normaux, on n'admet aucune traction dans le béton. Les contraintes de compression restent relativement basses (2 4 8 MN/m?). Les cas de charges exceptionnels correspondent aux cas de charges normaux aux- quels se rajoute l'effet d'un séisme. On admettra dans ces cas exceptionnels l'appa- rition de légéres tractions dans le béton. Ces tractions sont acceptables étant donné le caractére dynamique et transitoire de la charge due au séisme. Les tractions dans le béton peuvent certes provoquer l'ouverture de fissures dans le béton, mais celles- ci seront rapidement refermées par les cycles dynamiques, de sorte que la pression hydrostatique n'ait pas le temps de s'installer. Ainsi, les combinaisons de charge a étudier sont relativement peu nombreuses si on les compare avec celles d'autres types de structures. ll convient de combiner les cas : lac vide (P seul) et * lac plein (P+E+S), qui doivent étre combinés avec les charges thermiques extrémes (hiver et été). S'ajoutent pour les cas de charges exceptionnels l'effet dynamique du séisme. 2.2.4 Les contréles essentiels Les points essentiels 4 contréler sont : * la sécurité au renversement généralisé, * la sécurité au glissement généralisé, + la sécurité a la rupture. Les 2 premiéres verifications ont trait a la stabilité du barrage, la derniére vérifie que les contraintes dans l'ouvrage sont compatibles avec le matériau mis en place. 2.3 Sécurité au renversement En régle générale, une structure se renverse lorsque la résultante des forces mobili- sées quitte la base de la fondation de la structure. Cette definition est trop sommaire pour analyse du renversement d'un barrage- Tenversement poids, dans la mesure ou, a la limite de a fenversement selon ce critére, _ les. \ li contraintes de compression sous la partie la plus sollicitée de la fondation deviennent tres élevées. 2004 LcH EPFL Barrages 39 Dans le cas du barrage-poids, un autre critére guidera la vérification au renverse- ment : les contraintes de traction ne sont en aucun cas admises dans le béton. Elles ne sont pas acceptées non plus au contact entre le béton et le rocher de fondation Simplifions le profil du barrage-poids par un triangle rectangle de hauteur h. Le pa- rement amont sur lequel s'exerce la poussée de l'eau est supposé vertical, alors que le parement aval est incliné avec un fruit valant m. La répartition de la sous-pression est supposée triangulaire et le coefficient de sous-pression vaut k. Ce coefficient tient compte de la répartition réelle de la sous-pression, influencée par l'effet de I'écran d'étanchéité et du drainage sous la fondation. Les autres forces extérieures s'appli- quant sur le barrage sont supposées négligeables (poussée des sédiments, submer- sion aval). Les forces agissant sur un segment de largeur L du barrage sont : . la poussée de leau E=Kope gh lL, . la sous-pression S=\ok-pe-g-b-heL, auxquelles s'oppose le poids propre PHY py g-b-heL. Les points d'application de ces 3 forces sont illustrés sur la figure 2.7. Pour quil n’apparaisse pas de traction sous la fondation supposée infiniment rigide, la résul- tante des forces doit passer dans le tiers central de la base. Pour que les contraintes soient nulles au pied du parement amont, la résultante doit passer par le point ¢ indi- qué sur la figure 2.7. Figure 2.7: Forces agissant sur le barrage-poids EPFL LH 2004 40 Barrages-poids En établissant l'équation déquilibre des moments au point c, on obtient : YM = S-Y-P-Y=0 or b= meh, Le développement de cette équation permet d'exprimer m : a ae Pa kee Le fruit du parement aval est ainsi indépendant de la hauteur du barrage. Cette rela- tion fort simple est souvent appelée la régle de Lévy. Lorsque l'on admet p,/p, = 2.5 et k= 0.85 (1.0), ‘on obtient une valeur minimale pour le fruit du parement aval m > 78% (82%) | devient ainsi aisé de calculer les contraintes verticales extrémes sur la fondation, selon les 2 cas de charge /ac vide et lac plein . Le diagramme est dans les 2 cas de forme triangulaire, correspondant a une fondation supposée rigide (voir figure 2.8). Lac vide Lac plein av=Pe' IH (Ps/Pe-K) Figure 2.8: Contraintes sur la fondation sous cas de charge normaux Le facteur de sécurité au renversement généralisé du profil autour du point aval de la fondation peut étre calculé DMs Mp P*K DMvem Mp +My EX Kh+S*%b avec bam-h et may) ' , on obtient s, =-—2—~ Pa kee t+4[ 22] \Pa Avec les valeurs admises pour k = 0.85 et m = 0.78, on obtient un facteur de sécurité S-= 1.49, 2004 LcH EPFL 4 Barrag 2.4 Sécurité au glissement 2.4.1 Définitions et principe de calcul Reprenons le profil triangulaire simplifié du barrage poids et examinons le risque de glissement sur la fondation sous l'effet de la poussée horizontale de l'eau. R: force de cisaillement résistant au glissement 4: surface unitaire de glissement [m?/m], A=b=m-h La sécurité au glissement est définie comme le rapport entre les forces résis- tantes et les forces poussantes : forces résistantes _R So Forces poussantes E Or la résistance au glissement sur une surface s'exprime par la relation de Coulomb issue de la mécanique des sols : R= Vang! +c'A ou Vesta résultante des forces perpendiculaires a la fondation, 9" _ est 'angle de frottement interne effectif de la surface de glissement considérée, c’ — est la cohésion effective sur la surface de glissement considérée. (P-S) tang! ~ E or, avec A = mh et les relations décrivant les forces P, E et S vues au paragraphe précédant, on en déduit : S,=m [5 ang 2c! Pr pegh En pratique, la cohésion doit le plus souvent étre négligée, soit qu'elle est trés faible, soit que la fissuration du rocher ou du béton la rende inexistante, La condition de n'admettre que des contraintes de compression sous la fondation nous a conduit précédemment a la ragle de Lévy, il en résulte la relation EPFL LcH 2004 42 Barrages-poids il =m| Lazer . _ 7 ce qui nous donne S, mn( Bede tang'=> So = Y. tang Par conséquent, la sécurité au glissement est assurée si S; > J, ce qui implique tan g' 2m. Cette relation, particuliérement simple, est conditionnée par les hypothéses simplifi- catrices suivantes: 1. le profil du barrage est simplifié sous la forme d'un triangle rectangle, avec un parement amont vertical et une fondation horizontale, 2. le diagramme de sous-pression est supposé triangulaire, a sous-pression est nulle a l'extrémité aval de la fondation, 3. la fondation est supposée rigide; par conséquent les diagrammes de contraintes verticales sur la fondation sont donc linéaires, 4. aucune contrainte de traction n'est admise sur la fondation, ce qui conduit a la régle de Lévy. 2.4.2 Les surfaces de glissement et leur résistance Pour déterminer l'angle de frottement interne effectif de la surface de glissement, il importe en premier lieu de déterminer quelles sont les surfaces de glissement poten- tielles (voir figure 2.9) arréts de bétonnage son beton-béon +++ béton-rocher +) rocher-rocher Figure 2.9: Surfaces de glissement potentielles La détermination des angles de frottement moyens dans le rocher et au contact entre le béton et le rocher n'est pas aisée. Le rocher est soumis a tout un réseau de dia- clases et autres discontinuités rendant les essais en laboratoire peu représentatifs du comportement global du massif. La qualité du contact béton-rocher dépend pour une large part de la qualité des injections de contact. Dans le béton, les reprises de bé- tonnage et les éventuelles fissures de retrait constituent des plans de glissement préférentiels qu'il conviendra de traiter avec un maximum diattention On peut tout de méme donner les fourchettes suivantes 2004 LcH EPFL Barrages 43 —o _tan(g!) Qosionotion < Suse ne mate fsue er 2030 reprise de bétonnage soignée 56-65° 1.5-2.14 rocher de be iité (faiblement diaclasé) 56-62° 1.5-1.9 Qpeton-rocher < je bonne qualité (faibler ) rocher de moyenne qualité 27-56" 0.5-1.5 rocher de bonne qualité (faiblement diaclasé) 45-62" 1.0-1.9 Qroorersosner < rocher de moyenne qualité (fortement diaclasé) 27-45" 0.5-1.0 Le rocher altéré proche de la surface est généralement enlevé, parfois sur une pro- fondeur importante, de sorte que le barrage soit fondé sur une roche de la meilleure qualité possible. Ainsi, la surface de glissement la plus critique se trouve le plus sou- vent directement au-dessous du contact béton-rocher. L’excavation de la fondation et le remplacement du rocher de qualité insuffisante par du béton crée un certain encastrement du barrage, ainsi qu'une butée au pied aval. Cette butée ne sera ja- mais prise en considéra- tion dans le calcul de la stabilité au glissement du barrage, étant ~—donné qu'un ‘déplacement de butée non ouvrage est nécessaire effective pour que la butée devien- ne effective. rocher altéré, évacué ‘Sur la base de ces quelques valeurs, on peut exprimer le coefficient de sécurité au glissement : mead Avec un fruit du parement aval m = 0.80 et une fondation horizontale sur un rocher de bonne qualité, on obtient un coefficient de sécurité Sz =1.8 - 2.3. Pour les cas de charge normaux, on exige un coefficient de sécurité au glissement de Sc = 1.50. Pour des cas de charge exceptionnels, avec l'effort d'un séisme, un coefficient de Sg = 1.30 au minimum est exigé. 2.4.3 Amélioration de la sécurité au glissement Avec un rocher de mauvaise qualité, ce facteur peut descendre jusqu'a 0.6, auquel cas la sécurité au glissement n'est pas assurée. Dans ce cas, des dispositions parti- culiéres doivent étre apportées pour améliorer cette sécurité au glissement. En observant la relation qui décrit le coefficient de sécurité au glissement, (P-S) tang! E ‘on constate 3 possibilités d'intervention pour augmenter ce facteur EPFL LCH 2004 44 Barrages-poids a) augmenter les forces verticales (P-S), b) réduire les forces poussantes E, ¢) augmenter la valeur de l'angle de frottement ¢’ Plusieurs dispositions peuvent étre mises en ceuvre pour atteindre ces objectifs. a) Augmentation des forces verticales (P-S) augmentation du fruit du parement aval Cette modification du profil type vise 4 augmenter le Poids propre en augmentant le volume de béton. Cette mesure est certes efficace, mais peu économi- que. +AP inclinaison du parement amont du barrage La pression hydrostatique s'applique sur un plan incliné qui se décompose en une force horizontale et une force verticale correspondant au poids de l'eau contenue dans la section grisée. y Cette mesure est souvent mise en ceuvre car elle ne nécessite qu'un volume supplémentaire de béton fai- ble. réduction des sous-pressions \b a:éoran d’étanchéité du poids propre. forages drainants Comme déja mentionné, la force de sous-pression peut étre réduite par des injections et des forages de drainage sous la fondation. La création d'évidements dans les joints du barrage (barrage-poids évidé) permet de garantir un parfait drainage de la fondation et de réduire considéra- blement et de maniére fiable la sous-pression. Par contre, les évidements impliquent une diminution 2004 LcH EPFL Barrages 45 b) Réduction des forces poussantes E II n’est bien entendu pas possible de réduire la poussée de l'eau sur le barrage sans diminuer le niveau du plan d'eau (ce qui nest pas le butl). Par contre un artifice permet d'obtenir un résultat comparable en inclinant légérement vers amont la fondation du barrage. Le poids propre se décompose en une force per- pendiculaire a la fondation et une force paralléle vers 'amont qui s'oppose a la poussée de l'eau. De méme, la poussée de l'eau se décompose en a une force poussante paralléle a la fondation et une force perpendiculaire a la fondation Ainsi, pour un glissement le long du plan de fondation, I'expression du coefficient de sécurité devient : (Pcos f+ E sin BS) tang! EcosB-P sin En ragle générale, la pente de la fondation ne dépasse pas 10%, de sorte que fanB et cosf=1. La relation devient alors 5, =P +E tan B—S) tang’ Z E-Ptanp . | faut noter que si le rocher est fracturé, il n'est pas exclu qu'un glissement se développe sur un plan horizontal dans le rocher sous la fondation. L’angle de frottement sur la surface rocher-rocher est en régle générale plus élevé qu'au contact béton-rocher. On a vu d'autre part que la sous-pression se déve- 7 loppe de maniére complete dans le réseau de fis ‘ sures et que le talon qui sert de butée a aval du R plan de glissement ne peut pas étre pris en compte, celui-ci n'étant mobilisé que si un dépla- cement effectif se produit. Le poids de la masse de roche comprise entre la fondation et le plan de glisse- ment peut étre pris en compte, de sorte que le coefficient de-sécurité devient _ (P+ Py -S) tang! E Bp So EPFL LcH 2004 46 Barrages-poids c) Augmentation de la valeur de I'angle de frottement ¢° amélioration de la qualité des reprises de bétonnage A Vintérieur du barrage, les plans préférentiels de glissement sont constitués par les reprises horizontales de bétonnage, généralement espacées de 2 4 3.5 m. Pour améliorer la résistance au cisaillement de ces surfaces, des mesures spéci- fiques sont prises i) La surface est nettoyée avec un jet d'eau ou d’air sous Pression quelques heu- res aprés la prise, de sorte a éliminer le lait de ciment excédentaire et rendre ainsi la surface plus rugueuse. il) Avant le bétonnage, la surface est trés méticuleusement nettoyée pour favori- ser l'accrochage de la nouvelle couche. Sur les barrages-poids de trés grande hauteur, il devient nécessaire de placer des joints transversaux perpendiculaires a l'axe de la vallée pour limiter le volume des étapes de bétonnage. En régle générale, la largeur bétonnée en une seule 6tape ne dépasse pas 30 4 40 m. Ces joints seront disposés de sorte 4 ne pas former de plans de glissement préfé- rentiels. lls formeront soit des redans avec des coffrages inclinés, soit des esca- liers, selon une disposition qui soit compatible avec les directions des contraintes principales dans le béton. isostatiques redans K talon \ A instable \. ‘joint longitudinal arréts de bétonnage en vertical escaliers . Figure 2.10: _Arréts transversaux de bétonnage 2.5 Sécurité a la rupture Les contraintes de compression dans un barrage-poids sont d'une maniére générale faibles (directement liées a la hauteur). I! en résulte que, par souci d'conomie, le béton de masse est faiblement dosé en ciment et comporte des agrégats de dimen- sions importantes. La résistance a la compression est par conséquent relativement faible et présente une grande dispersion. 2004 cH EPFL i. he Barrages 47 A la traction, pour les mémes raisons et parce que la présence de fissures n'est pas exclue, la résistance sera méme supposée nulle. En cas de traction, on pourrait ob- server une ouverture de fissures et, si ces fissures étaient eri contact avec la rete- nue, la pression hydrostatique pourrait s'y établir pleinement. Par conséquent, les tractions ne sont pas acceptables sous cas de charge normal. Le calcul des contraintes dans un barrage s'effectue aujourd'hui systématiquement sur des modéles numériques d'éléments finis bidimensionnels ou tridimensionnels, La prise en compte des contraintes internes causées par les variations et les gra- dients de température est alors indispensable. Pour une analyse préliminaire, une approche analytique simplifiée telle que décrite ci-aprés est souvent suffisante, 2.5.1 Efforts et contraintes dans le barrage ‘Admettons le profil simplifié triangulaire du barrage-poids et étudions la répartition des contraintes sur une section horizontale A-A située 4 une profondeur z (comme le montre la figure 2.11). L'hypothése de Navier suppose que les contraintes verticales varient de maniére linéaire le long d'une section horizontale. La répartition des contraintes prend donc la forme d'un trapéze ou d'un triangle. Le parement amont du barrage est admis vertical, le parement aval présente un fruit m 2Mnin , Minin tant défini par la régle de Lévy. x Figure 2.11: Répartition des contraintes dans une section horizontale EPFL LCH 2004 48 Barrages-poids Considérons dans un premier temps uniquement le poids propre P. Les conditions d'équilibre dans la section conduisent aux contraintes suivantes : P Seam = Po BZ Sav = 0 Ajoutons maintenant l'effet de la poussée de l'eau E: P+E ian = & 2 (a - Pom?) Oxon = Pez m? iam = Oxav = Ps 8 Team = 0 Bay = Pegzm En ajoutant enfin effet de la sous-pression S, selon le diagramme simplifié triangu- laire déjé développé au chapitre 2.2.2 : Ss Gam = K pe BZ Cay = 0. Les conditions d’équilibre des forces sur la section conduisent aux contraintes sui- vantes PHEtS ? = 82 [pe- ps(m*k)] Oa = pegzm™ Si m = nin selon la régle de Lévy, alors on retrouve bien on = 0, sous le cas de charge P+E+S. 2.5.2 Contraintes principales Les directions selon lesquelles les contraintes sont maximums ou minimums sont les directions principales, pour lesquelles les contraintes tangentielles nulles. Les pare- ments amont et aval donnent bien entendu directement la direction des contraintes principales. Les contraintes principales sont données par la relation 14 = WO, +0,)tVK(O,-0,) +0 « Parement amont Le parement amont est d'abord admis vertical. Alac vide (cas de charge P ), les contraintes sont Sam = Pr 82 Cian = 0 Ct Tam = 0 car la pression hydrostatique sur le parement est nulle. Il en résulte les contraintes principales G= pegzet a, =0. 2004 LCH EPFL Barrages 49 Alc plein (cas de charge P+E+S), les contraintes sont: Gzam = 82 [Pr pe (m?+k)], Pe82, Taam = 0. len résulte directement les contraintes principales 1 = 82 [pa- pe (m* +k] et Ou = pegz Si m = mnin Selon la rgle de Lévy, sam o1 = et oy = pe gz. Parement aval Le parement aval est supposé ne subir aucune pression extérieure. Sous cas de charge P, les contraintes sont, Cav = 0, Gar len résulte que les contraintes principales sont nulles. et t.zan = 0 car la pression hydrostatique sur le parement est null. Sous cas de charge P+E+S, les contraintes sont: Czay = Pe gem? ilen résulte que Txzav = M Ozay = pegzm" et Oxav = M Tear = Pr & Z. On en déduit les contraintes principales : oi = 0, parallale au parement, et Oy = (1 +m’) Ozay = (1 +m?) psgz. Le diagramme de gauche de la figure 2.12 montre le champ de contraintes dans le profil simplifié triangulaire, selon le calcul ci-dessus en admettant 'hypothése de Na- vier. Le diagramme de droite montre le champ de contraintes calculé par éléments finis sur une géométrie réelle en tenant compte de la répartition de la réaction de la fondation, EPFL LcH 2004 50 Barrages-poids \ WD Figure 2.12: _ Contraintes dans le corps d'un barrage-poids. A gauche: profil triangulaire; a droite: profil rée! N SS) LY, 2X 2.6 Sollicitation en cas de s. 2.6.1 Définition et classification Les tremblements de terre provoquent des accélérations dans toutes les directions. - Du fait de I'inertie du barrage et de la retenue, ces accélérations engendrent des ef- forts supplémentaires dans le barrage, aussi bien horizontaux (longitudinaux et transversaux) que verticaux. ~ Les accélérations horizontales sont généralement les plus critiques pour les barra- ges. La figure 2.13 montre un exemple d'enregistrement de l'accélération dans une direc- tion donnée, l'accélérogramme, pour un tremblement de terre historique (Taft, 1952, M=7.7). On notera que l'accélération est le plus souvent exprimée en fonction de laccélération terrestre g. 1.0 amis?) Figure 2.13: Accélérogramme du tremblement de terre de Taft, Californie 1952 2004 LCH EPFL Barrages 51 Les sismographes ne mesurent pas directement I'accélération, mais plutét I'ampli- tude des déplacements causés par le tremblement de terre. L'accélération est en- suite calculée. En admettant une solicitation qui causerait un ébranlement oscillant de maniére sinusoidale, selon la relation A=A sin(/T) ou A : le déplacement, A : amplitude maximale du mouvement, T : la période du mouvement (en réalité pouvant varier entre 0.1 seconde et plu- sieurs secondes au cours d'un méme événement), 'accélération maximale s‘exprime selon la relation 4nA 7 Ainsi, pour une période T = 0.1 s, l'accélération devient : a © pourA=1mm,a © pourA=0.5mm,a=0.2g. Pour une période 7 = / s, une amplitude maximale de mouvement de 0. m corres- pond a une accélération de 0.4 g. Les relevés de sismographes montrent qu'une accélération de 0.4 g correspond a un séisme catastrophique. En Suisse, et de maniére générale en Europe (a l'exception de zones particuliérement sensibles comme en Italie du Sud et en Gréce), on consi- dére une accélération horizontale de 0./ g @ 0.3 g comme un maximum pour le di- mensionnement des barrages selon la région (Intensité MSK 7.0 a 8.8). Les accélérations horizontales maximales du tremblement de terre de Izmit (17. 8. 1999) en Turquie ne dépassaient pas 0.36 g: 'l existe un grand nombre d'échelles qui permettent de décrire l'intensité d'un séisme. La plus utilisée est certainement I'échelle d’intensité MSK 64 (Medvedev-Sponheuer- Karnik, 1964) qui établi 12 degrés en fonction des dégats observés, principalement sur les constructions. Le tableau de la figure 2.14 constitue un extrait de 'échelle MKS. II se référe princi- palement aux dégats occasionnés sur trois types de construction caractéristiques : Constructions A : Construction d'adobe (plots d’argile séchés au soleil) ou en pierres des champs non taillées et mal liées ; Constructions B: Maisons en briques, en pans-rideaux préfabriqués de béton, en bois et briques, en pierre taillée ; Constructions C : Maisons en béton armé, chalets de bois bien construits. Une estimation de l'accélération correspondante, exprimée en fraction de |'accélé- ration gravitaire g est indiquée. EPFL CH 2004 52 Barrages-poids Degré MKS Description pecsleration, exprimée eng T ‘Seulement enregistré par les sismographes [A peine ressentie (personnes au repos dans les étages éleves i Ressenti par peu de monde (analogue au passage d'un camion) IV |Ressenti par beaucoup. Craquements, lager balancement des objets suspendus Vv Beaucoup de dormeurs s'éveillent, fort balan- |0.012-0.025 ‘cement des objets suspendus Vi___ | Frayeur. Petites fissures dans les murs 0.025-0.05 d'adobe et les platres VIL Larges fissures dans les constructions A, fai-_[0.05-0.1 bles dans les constructions B, chutes de che- minées, variation du niveau d'eau dans les puits, eaux des lacs boueuse Vill [Ecroulement partiel des constructions B, fissu-|0.1-0.2 res dans les constructions C, fissures dans le sol, statues et monuments déplacés, x Destruction d'une partie des constructions B, 0.2-0.4 gros dégats dans les constructions C. Glisse- ments de terrains x Ecroulement partiel des constructions C, lar _|0.4-0.8 ges fissures dans le sol (ouvertes jusqu'a 1m), dommages aux routes, voies ferrées, canali- sations enterrées XI Dommages importants aux constructions les _|0.8-1.6 plus résistantes: ponts, barrages Xil Bouleversement total de la surface du sol, >16 toute construction humaine est détruite Figure 2.14: _ Echelle MKS 64, description des dégats sur les constructions Pour une approche plus scientifique, on lui préférera la magnitude M, telle quelle a 6té définie par Richter : M = logn(A/A,), ou A : amplitude mesurée avec un sismographe standard a une distance de100 km de 'épicentre, A,: amplitude de référence (10° m). La figure 2.15 caractérise les tremblements de terre et les met en relation avec la magnitude de Richter. 2004 LCH EPFL Barrages 53 1 nicht gespart Wt leichtes Zittem Il deutlich sparbar — ———— "J IV Gerausche erzeugend V_ Gegenstande bewagend VI_ einzsine leichte Schaden VII leichte Schaden vill Schaden IX. starke Schaden X Zerstdrungen XI weitldufige Zerstérungen XI Verwastungen Figure 2.15: Caractérisation des tremblements de terre et magnitude selon Richter 2.6.2 Comportement réel d'un barrage en cas de séisme Le comportement réel d'un barrage en cas de séisme est un des problémes les plus complexes auxquels est confronté l'ingénieur, et ce pour différentes raisons : + le comportement dynamique d'une structure aussi massive est fortement non- linéaire et non-élastique, + linteraction entre la masse d'eau et la structure doit tenir compte de la compres- sibilité de l'eau, + interaction entre le sol et la structure est essentielle du point de vue de la dissipation d'énergie, La formation de fissures dans le béton et la présence de joints entre les plots rendent le comportement fortement non-linéaire. Dans les barrages-poids, les fissures apparaissent le plus souvent dans la partie su- Périeure du profil, non loin du couronnement, la ot! les amplitudes sont les plus im- portantes. EPFL. LcH 2004 54 Barrages-poids Certains modéles numériques permettent aujourd'hui de simuler la formation de fis- sures, en appliquant les théories de la mécanique de la rupture. lls doivent encore tre développés pour que leur utilisation par un ingénieur non-spécialiste de la dy- Namique des structures soit courante. Ces modéles font aujourd'hui objet de recher- ches considérables. La recherche sur la problématique de I'interaction réservoir-structure est quant a elle sensiblement plus avancée, On sait que linteraction est plus importante lorsque la fréquence propre du barrage associé a sa fondation a lac vide est proche de la fréquence propre de la retenue. oar: fréquence propre du barrage a lac vide, fonction de la géométrie et des matériaux. fic: — fféquence propre de la retenue fonction de la forme de la retenue, de la profondeur et de la célérité de l'onde de pression dans l'eau. Les fréquences propres couramment observées sur des barrages en béton sont comprises entre 1.4 et 5.1 s" (Hz] (cf. Figure 2.16). Les frequences propres des rete- nues ont été caloulées entre 1.3 et 4.4 s* [Hz]. Noarrage | fcourennement foarr flac foanffiac pease Im] im] [Hz] Hz] o_| Mauvoisin (CH) ” 250 560 2.0 24 1.0 Kolnbrein (A)? 197 626 47 2.3. 0.7, Emosson (CH) " 180 424 2.2 2.4 0.9 Morrow Point (USA) " |__142 219 3.7 3.0 4.2 Pacoima (USA) " 413 180 5.1 44 1.2 Grand Dixence (CH)? | _285 695 14 4.3 4.4 Pine Flat (USA) ” 122 562 2.9 3.4 0.9 Figure 2.16: Interactions eau-structure : Exemples des fréquences propres des barrages et des lacs. ” barrage voute 2) barrage poids L’expérience a montré que Si fiarr/ fiac < 0.7, l'effet de la compressibilité de 'eau peut étre négligé et I'effet dynamique de la retenue sur le barrage peut étre remplacé par une force d'inertie de surpression hydrosismique. 2004 CH EPFL Barrages 55 La Figure 2.17 montre la pression dynamique de l'eau agissant sur un barrage poids : (©) Wh positive négative Figure 2.17: Pression dynamique de l'eau agissant sur un barrage poids en fonc- tion de la compressibilité d'eau et la fréquence propre du barrage et du lac (Bachmann, 1994). (a) L'eau compressible, mouvement harmonique : feanlfec = 0.8 > la pression de l'eau est seulement influencée prés du barrage ; on constate que la pression sur le barrage devient négative (cavitation). (b) L'eau compressible, mouvement harmonique feen/fae = 1.5 > dans ce cas le barrage devient un générateur donde et la pression dynamique se manifeste dans le lac entier. (c) L'eau incompressible, mouvement harmonique foan/fisc = 1.5 = si l'eau est incompressible, évidemment la pression dynamique dans l'eau se manifeste seulement prés du barrage. (d) L'eau incompressible, mouvement du barrage comme un choc ® le cas est probablement le plus réaliste pour un tremblement de terre réel. EPFL LcH 2004 56 Barrages-poids 2.6.3 L'analyse pseudo-statique Si l'accéleration du séisme est faible a < 0.15 g et si la compressibilité de eau peut étre négligée fiarr / ic < 0.7, alors une analyse simplifiée pseudo-statique fournit des résultats satisfaisants pour un prédimensionnement. Uanalyse pseudo-statique vise a remplacer les efforts dynamiques par des efforts statiques qui sont uniquement fonction de 'ouvrage et de l'accélération Un séisme réel est caractérisé par des accélérations dans les 3 dimensions. L'ana- lyse pseudo-statique se limite a évaluer leffet d'une accélération horizontale orientée dans la direction la plus défavorable. La figure 2.18 montre les principales forces entrant en jeu pour lanalyse sous le cas. de charge lac plein et séisme. Aux forces P, E et S deja développées s'ajoutent les 2 forces suivantes : a) F,:Ja force d'inertie du barrage Cette force sera appliquée dans Ia direction la plus défavorable, soit vers l'aval. Elle s'ajoute donc a la poussée de l'eau F, = ag M = aP (masse du barrage multipliée par l'accélération horizontale) et M, = F, 1/3 H = 1/3 a P H. (section triangulaire) Figure 2.18: Surcharges sismiques selon l'analyse pseudo-statique b) £,: la force d'inertie de la retenue La force d'inertie de l'eau se traduit par une surpression hydrosismique sur le pa- rement amont du barrage. 2004 LCH EPFL Barrages 57 i Westergaard a formulé une relation parabolique décrivant cette ‘surpression en fonction de la profondeur z : Pe=K,C, a pefHz . avec K, : coefficient dépendant de t'inclinaison du parement amont : - vertical : Ke = 1.0 incliné: Ke varie linéairement avec l'angle diinclinaison du parement (pour autant que 5< 20°): selon Figure 2.19 r Pour 5= 10°, K, = 0.88 pour a = 10 meth = 100 m. - CC. : coefficient de Westergaard 1. nf ~ H: hauteur du barrage, en m, T: période de vibration du barrage seul T= I/fyarr, @N S. - La période est généralement admise entre 0.5 et 1s. (C, ~7/8) TF AE (fe Figure 2.19 : 21.0 4 0.8 oe 7 os aS oe 02 02 a Surpression hydrosismique selon Westergaard — coefficient K. en fonction de Vinelinaison du parement amont. La poussée totale de la surpression hydrostatique vaut : et B,=|pe(a)de=|K, Ca ppfHe de=K,C,a p.4H M,= |[pg(@) H-2) de = K,C.a pe Xi? - ce qui conduit & déterminer le point d'application de la force résultante E, (he = 0.4 HH) EPFL LcH 2004 58 Barrages-poids ©) Sila sous-pression De par l'apparition de contraintes de traction au pied amont du barrage, on peut s'attendre lors d'un tremblement de terre 'ouverture de fissures au contact bé- ton-rocher @ lamont et par conséquent a une rupture de la continuité du voile d'étanchéité sous la fondation. Cette éventualité conduit a rejeter pour le cas de charge de tremblement de terre la réduction de la sous-pression par le coefficient & et a admettre que la sous-pression se développe selon un diagramme triangulaire dont la valeur a 'amont vaut la pression hydrostatique. Par contre, on admettra que la surpression hydro- sismique ne peut se développer dans Ia fis- fissuration sure, du fait du caractére oscillatoire des solli- Jécran d’étanchéité citations. d) la sécurité en cas de tremblement de terre Le séisme de dimensionnement est par nature un événement exceptionnel. On admet par conséquent une réduction des facteurs de sécurité par rapport aux cas de charges normaux. La durée de la sollicitation est également faible. * le facteur de sécurité admis sur les contraintes de compression est réduit, bien que ce critére ne soit généralement pas déterminant, «de faibles tractions sont tolérées au pied amont du barrage (1-2 Nimm?, inférieures a la résistance a la traction du béton non fissuré). Les tractions au pied amont du barrage vont favoriser le développement de fissu- res ouvertes durant la sollicitation. La présence de ces fissures va réduire la sec- tion horizontale effective et par conséquent surcharger le pied aval du barrage. Lorsque la résultante des forces extérieures sort du tiers central et atteint le sixigme de la base (limite généralement admise), la moitié de la surface de contact est ineffective et la contrainte de compression augmente de 33%. Le diagramme ci-contre illustre 400% —— aon "augmentation de la contrainte $ soon | de compression sur le po parement par [ouverture de He fissures sur le parement 8 200% opposé, en fonction de la $ is0% position de la force normale ¥ roo | résultante. Tant que la 5 | résultante reste dans le tiers 2 0% ee + central, augmentation est * 16 v3 We 28 56 1 null. Position de laresutante 2004 LcH EPFL Barrages 59 2.6.4 L'analyse dynamique Lorsque la séismicité du site du barrage est importante, c'est-d-dire si on doit s'at- tendre a des accélérations supérieures A a = 0.15 g, 'analyse pseudo-statique ne peut plus étre considérée comme suffisante et une analyse dynamique doit impérati- vement étre engagée. L'analyse dynamique considére un systéme de forces variables dans le temps et tient compte des effets d'inertie et d'amortissement. Cette analyse se base sur une modélisation du systéme selon la méthode des éléments finis. Sont en particulier considérés dans le détail : * la réponse dynamique du barrage (en termes de déplacements, vitesses, accélérations, contraintes et déformations), * interaction réelle sol-barrage, + l'interaction réelle retenue-barrage (selon la réponse du barrage, la réaction de "eau peut étre plus importante que la poussée hydrosismique calculée selon Westergaard). Pour parvenir a ces objectifs, le systéme 4 modéliser doit comporter le barrage, sa fondation et la rete- nue. On admets généralement un modéle limité dont extension est représentée sur le croquis ci-contre. Des développements récents per- mettent diintégrer des éléments finis de bord permettant de simuler le comportement du milieu semi- infini que constitue la fondation A terme, le comportement non-linéaire et non-élastique du béton de barrage devra 6tre pris en compte en intégrant dans le modéle les mécanismes d'endommagement et de fissuration du béton. Des moyens de recherche importants sont mis en couvre dans ce domaine. Une autre difficulté majeure de la modélisation dynamique est la détermination de la sollicitation de référence a prendre en compte. De maniére générale, on ne dispose jamais de l'accélérogramme d'un séisme extréme s'étant produit sur le site du bar- rage. Si la région est réputée sismique, on peut parfois disposer d'accélérogrammes de séismes de plus faible magnitude enregistrés 4 une distance raisonnable du site. En Suisse, un grand nombre d'analyses récentes ont été effectuées a partir de me- sures effectuées lors du tremblement de terre du Frioul, en Italie en 1976. La détermination de l'accélération de dimensionnement pour l'analyse d'un barrage sur un site donné s'effectue par une analyse statistique des accélérogrammes d'évé- nements suivie d'une extrapolation des probabilité d'occurrence plus faibles (1/100 & 1/1000 ans"). Cette approche est bien entendu vérifiée et complétée par une ana- lyse régionale et une étude géologique. EPFL LcH 2004 60 Barrages-poids Laccélérogramme de référence choisi est déformé par homothétie pour atteindre laccélération de dimensionnement. Lorsque la statique du barrage est spatiale, comme c'est le cas des barrages-voites, l'accélérogramme doit étre considéré dans ses trois dimensions. Dans le cas des barrages poids, une analyse en 2D dans le plan vertical longitudinal suffit généralement. II est néanmoins important d’analyser non seulement la section la plus haute du barrage, mais également des sections latérales dont les fréquences propres différentes pourraient étre plus défavorables. Lranalyse dynamique ne pose aujourd'hui pas de difficulté tant que l'on admet un comportement linéaire de la structure. Le développement de modéles non-linéaires intégrant la mécanique de la formation et de la propagation de fissures (mécanique de la rupture) se heurte a 2 obstacles qui constituent 2 axes de recherche importan- tes : une meilleure connaissance de la mécanique de la rupture dans le béton de barrage et, sur le plan numérique, la correction des réseaux d'éléments finis dans le temps pour tenir compte de la position et du développement des fissures. t= 15.238 Sy Figure 2.20: Analyse dynamique non-linéaire du barrage-poids Pine-Fiaten Californie pour le tremblement de terre de Taft avec amax = 1.8 m/s pour le lac plein (Bachmann, 1994). 2004 LcH EPFL Barrages 61 2.7 Les effets de température 2.7.1 Insolation insolation d'une surface de béton produit un échauffement considérable. Le pare- ment aval d'un barrage-poids, selon son orientation et les conditions climatiques, peut étre soumis & une forte insolation. A 'opposé, le parement amont, lorsque la retenue est pleine, est en contact avec de l'eau sensiblement plus froide. II s'ensuit une dilatation thermique du parement aval par rapport au parement amont qui se contracte. La conséquence est une déformation du barrage et une déplacement du couronnement vers l'amont. T; : température de l'eau T; = 4°C a partir d'une certaine profondeur Tz : température du béton dans le corps du barrage T, : température de lair a proximité du parement aval, peut atteindre 60 4 70°C. Liinertie thermique de la masse du barrage poids est telle que la température a I'nté- rieur de la masse s'établit quelques années aprés la construction a une valeur moyenne, pratiquement constante tout au long de l'année. Les parements subissent, pour leur part, une variation cyclique dépendant principa- lement des saisons et du cycle d'exploitation de la retenue. Il s‘ensuit un état de contraintes thermiques non négligeable dans le barrage, en particulier & proximité des parements, qui vient s'ajouter aux contraintes calculées précédemment pour les autres charges Les déformations longitudinales au couronnement dues aux effets de température peuvent atteindre des valeurs importantes. L'auscultation des barrages en exploita- tion se base pour une part importante sur la mesure des déformations. Ces mesures sont comparées avec des déformations calculées afin de contréler le bon comporte- ment de l'ouvrage. Il est par conséquent important d'évaluer avec suffisamment de précision l'effet de ces variations de température. Ici aussi, seule la méthode des éléments finis permet d'estimer le champ de température dans l'ouvrage et par conséquent également le champ de contraintes thermiques. 2.7.2 Echauffement du béton lors de la prise Lors de la construction d'un ouvrage aussi massif qu'un barrage-poids, 'échautfe- ment du béton par I'hydratation du ciment peut étre considérable et provoquer une fissuration importante de l'ouvrage si des précautions particuliéres ne sont pas pri- ses. a) Estimation de I'élévation de température On peut considérer qu'un volume de béton situé au coeur d'un barrage poids est entouré de béton dans un état thermique pratiquement identique au sien et que les échanges de chaleur sont par conséquent trés lents. L'’élévation de tempéra- EPFL LcH 2004 62 Barrages-poids ture durant les quelques jours que dure la prise du ciment peut étre considérée comme adiabatique et peut étre estimée avec la relation suivante : AT= W-D Paes ou W: chaleur d'hydratation du ciment [kJ/m*] D: dosage en ciment Ikg/m*] Pe: Masse volumique du béton —_—_[kg/m* ca: chaleur spécifique du béton —_[kJ/°C-kg] En admettant un ciment Portland suisse d'usage courant et un dosage de 250 kg/m?, on aura W = 335 [li/m'), D = 250 [kg/m], 450 [kg/m’], 0.84 [kJPCKg); ce qui conduit a une élévation de température de AT = 40.7 °C. Cette élévation de température est atteinte aprés 5 a 7 jours et s'ajoute a la tem- pérature initiale du béton frais. La température dans le corps d'un plot de barrage devient Taye =T, + AT ou T, est la température du béton frais et se calcule par la relation AT 4 +C Tote + E Tele Ac,+Ceot+Ee, avec 4, C, E : masse respective des agrégats, ciment et eau, en [kg] T, To, Te : température respective des agrégats, ciment et eau, en [°C] ca 0.2 [kJ/°Ckg] ce = 1.0 [kJ/*Ckg] : chaleur spécifique des agrégats, ciment et eau ll en résulte dans un milieu alpin une température du béton frais variant entre 8 et 15 C, et par conséquent une température maximale dans le Corps Tra: de Vordre de 508 65°C. Dans des pays arides, la température des agrégats pourrait dépasser les 40 °C et la température du béton frais atteindrait les 80 °C si aucunes mesures n’était prise! b) Conséquences du refroidissement du béton Le béton durci dont la température est de ordre de 50 a 65 °C va se refroidir progressivement jusqu'a atteindre sa température d'équilibre, généralement entre 5 et 10 °C dans un climat tempéré. 2004 LCH EPFL Barrages 63 Sous l'effet de ce refroidissement de plus de 40 °C, le barrage va se contracter. Comme le béton est relativement peu déformable, et que ce refroidissement est plus rapide @ proximité des parements qu’au centre de la masse, la fissuration du béton est quasiment inévitable. Pour cette raison, le barrage est découpé en plots séparés par des joints longitu- dinaux verticaux, comme expliqué au chapitre 2.2.1 Liouverture des joints verticaux entre 2 plots peut étre estimée 5 = B-AT-1 3107 [°C*]-40[°C]-16 [m] = 6.5 [mm] ¢) Mesures propres a accélérer le refroidissement du béton Pour limiter la fissuration du béton pendant son refroidissement, 2 mesures peu- vent étre prises : + la température maximale atteinte aprés la prise est abaissée. * le refroidissement est accéléré pour que la contraction s'effectue alors que le béton est encore jeune et déformable. Refroidissement nature! Lorsque le barrage est mince, c'est-a-dire jusqu’é 10 a 12 m d'épaisseur, le refroidis- sement naturel par les 2 parements est suffisamment rapide si les conditions climati- ques sont favorables. Dans le cas d'un barrage-poids, |'épaisseur est sensiblement plus importante, hormis & proximité du couronnement. Refroidissement artificiel pendant la prise La chaleur d'hydratation du ciment est évacuée par une circulation d'eau dans un réseau de conduites noyées dans le béton frais. serpentins 1583m étape de bétonnage Figure 2.21: Disposition des serpentins Des conduites meétalliques sont placées selon une disposition de serpentins sur la surface du plot avant chaque levée de bétonnage (voir figure 2.21) et une circulation EPFL cH 2004 64 Barrages-poids d'eau froide est assurée pendant et aprés la prise du béton. L'écartement entre les branches des serpentins varie entre 1.5 et 3 m. Il dépend du degré de refroidisse- ment a atteindre, de I'épaisseur des levées et de la température de l'eau disponible. Ce refroidissement artificiel est mis en ceuvre sur quasiment tous les chantiers de barrages massifs, en combinaison avec d'autres mesures. Refroidissement initial du béton frais Dans les pays chauds, on pratique trés sou artificiel pendant la prise, le refroidissement Les différents composants du béton sont traités préalablement au malaxage : les agrégats : sont protégés de linsolation, sont refroidis a l'eau froide ou avec un jet d'air réfrigéré. eau : est réfrigérée, est remplacée par des paillettes de glace. le ciment de I'air réfrigéré est insufflé dans les silos de stockage. De plus, le béton frais est transporté dans des bennes réfrigérées. La durée de transport du béton entre la tour a béton et le barrage sera réduite au maximum. Cette contrainte peut devenir essentielle dans 'évaluation des propositions d'organisation des installations de chantier. Ces mesures de refroidissement préalable vont permettre d'abaisser la température initiale du béton frais d'une dizaine de degrés dans le meilleur des cas. Vues les chaleurs spécifiques de chacun des composants, la réfrigération de l'eau de gachage est la mesure la plus efficace. i, en complément au refroidissement | du béton avant sa mise en place Emploi de ciments a faible dégagement de chaleur Pour limiter 'échauffement lors de la prise du béton, on utilise souvent des ciments & faible dégagement de chaleur, tels les ciments pouzzolaniques ou les ciments au laitier de hauts-fourneaux. On ajoute aussi dans certains cas une proportion impor- tante de cendres volantes. Une des caractéristiques de ces ciments est que la prise s'effectue plus lentement, retardant par conséquent le décoffrage. En outre, les résistances a la compression & 90 jours est sensiblement plus basse. Par contre, la maturation du béton continue & évoluer et les résistances finales sont satisfaisantes. L’échauffement plus lent rend plus efficaces les mesures de refroidissement artificiel et les températures maximales observées sont plus basses qu'avec de ciments usuels. Un des autres avantages est que la maturation du béton est plus lente. Le retrait s'effectue sur un béton plus déformable et la fissuration est réduite, Afin de déterminer la ou les recettes les plus appropriées pour un ouvrage particulier, la construction est toujours précédée d'une campagne importante d'essais prélimi- naires conduite avec les agrégats et les ciments retenus pour le barrage. 2004 LcH EPFL i Barrages 65 2.8 Aspects constructifs particuliers 2.8.1 Précautions en cas de séismicité importante Lorsque le barrage-poids est construit dans une zone a fort risque sismique, le di- mensionnement appuyé sur une analyse dynamique doit étre accompagné de certai- nes précautions constructives. a) Forme du couronnement Pour limiter la concentration de contraintes et ouverture de fissures, la transition du couronnement au parement aval est arrondie. Zoke critique b) Joints entre les plots Pour améliorer la stabilité des plots sous une charge dynamique transversale (d'une rive l'autre), les joints sont remplis de coulis de ciment. Les efforts trans- versaux peuvent ainsi étre transmis d'un plot a son voisin et ainsi absorber les accélérations latérales. L'inconvénient de ce remplissage est que les variations annuelles de températures peuvent créer un état de contraintes transversales additionnelles. La stabilité des plots peut étre améliorée par la mise en place de boltes de cisail- Jement dans les joints entre les plots, comme le montre la figure 2.22. Les joints sont alors remplis de coulis pour améliorer la reprise des efforts. La stabilité d'en- semble du barrage n'est pas affectée, du fait que chaque plot a une géométrie qui lui est propre (la hauteur change) et par conséquent des fréquences propres dif- ferentes. ~F Proszon Figure 2.22: Boites de cisaillement dans les joints. EPFL LcH 2004 66 Barrages-poids 2.8.2 Qualité du béton, dosage en ciment Les contraintes a 'intérieur d'un barrage-poids sont faibles. Selon les cas de charge considérés, seuls les parements sont plus fortement sollicités (I'amont a lac vide, Taval a lac plein). Les contraintes thermiques et le risque de fissuration sont aussi limités aux zones a proximité des parements. aliération permeable metéoriaue Figure 2.23: Dosage en ciment: ‘4 gauche : principe de répartition des dosages, 4 droite : répartition des dosages dans le barrage de la Grande-Dixence Le seul critére limitant le dosage en ciment est la maniabilité du béton frais lors de sa mise en place. Des dosages en ciment de 130 a 180 kg/m? sont couramment obser- vés. Sur les parements, par contre, le dosage est plus important, souvent entre 250 et 280 kg/m® sur une épaisseur variant de 1.5 4 3.0 m. Outre les considérations stati- ques, ce béton de meilleure qualité est rendu nécessaire pour assurer I'étanchéité du parement amont, la protection contre le gel et les altérations météoriques. La faible résistance & la compression nécessaire au coeur du barrage et la stabilité thermique de la masse conduisent a choisir un dosage minimum en ciment au centre du barrage. Ce dosage faible est favorable quant a la dissipation de la chaleur d'hy- dratation et sur le plan économique. 2004 LcH EPFL Barrages 67 2.8.3 Joints de construction et dispositif d'étanchéité Un dispositif particulier d'étanchéité doit tre mis en place pour que le joint longitudi- nal vertical séparant 2 plots ne constitue pas un cheminement privilégié d'infitration. Ce joint, placé a proximité du parement amont, doit reprendre l'ensemble de la pres- sion hydrostatique de la retenue. 2 Vu timportance de cet élément, et limpossibilité de le : réparer sans un abaissement de la retenue jusqu'au ni- veau incriminé, le joint est constitué de 2 bandes étan- t ches entre lesquelles est placé un tube drainant. Ce tube récolte les eaux de fuites ayant passé le premier obstacle et fournit ainsi une bonne information sur l'état du joint. En cas d'obturation du drain ou de fuites importantes, la seconde bande d'étanchéité est capable de reprendre la totalité de la pression. 2.9 Surélévation des barrages poids 2.9.1 Motivation et conditions préalables La plupart des barrages ayant été surélevés jusqu'a ces derniéres années sont des barrages-poids. Plusieurs motivations peuvent conduire a envisager la surélévation d'un barrage a) La retenue est sous-dimensionnée ‘+ hydrologie ayant servi de base de dimensionnement était mal connue ou non représentative, * 'hydrologie a changé (fonte des glaciers, urbanisation), * des apports extérieurs au bassin versant ont été ajoutés (captages ou pompa- ges). b) Le volume utile de la retenue est réduit Les causes en sont soit l'alluvionnement de la retenue, soit une modification des contraintes d'exploitation. ¢) Une meilleure utilisation des apports est souhaitée Une augmentation du volume de la retenue fournirait un avantage économique, par exemple, par un meilleur transfert de l'exploitation du volume d'eau d'été en hiver. d) La compensation pluriannuelle doit étre mieux garantie par exemple, le développement démographique de certains pays arides rend plus important le volume a transférer d'une année humide a une année séche. Pour que la surélévation d'un barrage soit envisageable, un certain nombre de conditions doivent impérativement étre réunies : a) Le comportement du barrage depuis sa mise en eau doit étre bien connu et ne présenter aucune anomalie, EPFL LcH 2004 68 Barrages-poids b) Le comportement de la fondation du barrage doit également étre bien connu et ne présenter aucune anomalie. Cet aspect est essentiel, car si on sait avec quoi on a construit un barrage, on ne sait que trés partiellement sur quoi on I'a construit (sondages, galeries d'explora- tion, observation de la fondation avant bétonnage, relevés d'absorption de coulis diinjection). L'analyse du comportement de la fondation pendant exploitation est une information essentielle, additionnelle. ¢) Le régime des sous-pressions est bien connu; leur augmentation peut étre maitri- sée par de nouvelles mesures techniques (injections supplémentaires, draina- ges). d) la qualité du béton doit permettre 'augmentation des contraintes. 2.9.2 Modes de surélévation Surélévation faible Lorsque la surélévation est faible par rapport a la hauteur du barrage, augmentation des efforts est également faible. SiH est la hauteur du barrage et F la force exercée par la poussée de l'eau, pour AH = 10%H, F=(1.1)"F, dou AF =20%F. Un certain nombre d'anciens barrages-poids sont, selon les critéres actuels, sensi- blement surdimensionnés et pourraient supporter des effort supplémentaires tout en restant dans des limites de sécurité acceptables. Le plus souvent, le point le plus critique a vérifier est la sécurité au glissement sur la fondation. La surélévation peut étre réalisée par un simple ancien ag fenforcement du couronnement. Le nouveau béton couroanement doit étre rendu solidaire de l'ensemble de la structure tirans de, Pa UN traitement approprié de la surface et par la preconirainte mise en place de tirants précontraints courts. Les sollicitations dynamiques en cas de séisme sont cri- tiques pour le dimensionnement de ces tirants. Surélévation importante On considére que la surélévation est importante lorsqu’elle atteint ou dépasse 10% de la hauteur initiale du barrage. Dans ce cas, des interventions lourdes sont néces- saires pour préserver la sécurité de ouvrage. Plusieurs mesures peuvent étre mises en ceuvre : a) Le renforcement du parement amont 2004 LcH EPFL a Barrages 69 Le profil type du barrage-poids est reconstitué a la nouvelle hauteur par I'adjonc- tion de béton rapporté 4 'amont. : L'épaisseur de béton est constante sur toute la surface du parement et vaut év. précontrainte locale (séisme) E=mdH Le nouveau béton rapporté est rendu solidaire de l'ancien béton par la mise en place de goujons de cisaillement. Le : contact entre l'ancien et le nouveau goujons béton, qui constitue un plan de drains percolation préférentiel, sera soigneu- sement drainé. Les joints entre les plots seront prolongés dans le nouveau béton, et des bandes d'étanchéité seront placées proximité du nouveau parement amont. De par sa position, le renforcement du parement ne peut se faire qu'a lac vide. En regle générale, la retenue ne peut étre vidée que jusqu'au niveau de la vidange de fond, elle-méme située suffisamment haut pour éviter 'envasement. II est donc rare que l'on puisse vider la retenue jusqu’a la fondation. D'autre part, a lac vide, la contrainte la plus importante sur la fondation se situe a l'amont. Il n'est pas possible lors du renforcement de mettre en charge la partie étendue de la fonda- tion de sorte a assurer la continuité des contraintes dans la fondation. Pour ces différentes raisons, ce mode de surélévation n'est que trés rarement retenu. b) Le renforcement du parement aval dew. précontrainte Le profil type du barrage-poids est reconstitué a la locale (séisme) nouvelle hauteur par f'adjonction de béton i fapporté a I'aval dans ce cas-ci. L'épaisseur de goujons' béton est constante sur toute la surface du drains Parement aval et vaut E=m-AH. Le nouveau béton rapporté est rendu solidaire de l'ancien béton par la mise en place de goujons de cisaillement. Les joints entre les plots seront prolongés dans le nouveau béton et drainés. Le parement aval étant généralement accessible en toutes circonstances, 'exé- cution du renforcement jusqu’a la fondation ne pose pas de difficulté majeure. Le pied du renforcement sera exécuté a lac vide, lorsque les contraintes sur le pied aval de la fondation sont les plus faibles. Une attention particuliére sera portée a la qualité du béton mis en place, la partie inférieure du parement aval étant la zone la plus sollicitée de l'ensemble de fouvrage. Pour assurer la stabilité du nouveau couronnement en cas de séisme, celui-ci est souvent scellé au béton de I'ancien barrage par des tirants précontraints. EPFL LcH 2004 70 Barrages-poids Cette solution présente par contre linconvénient majeur de nécessiter la reprise des ouvrages annexes si ceux-ci sont intégrés au corps du barrage. c) Le renforcement du couronnement et précontrainte scellement Une charge supplémentaire est appliquée sur le Couronnement surélevé du barrage par la mise en place de tirants de précontrainte. Le couronnement. sert également de poutre de répartition pour une introduction homogéne des efforts de précontrainte. Le gros avantage des solutions de surélévation avec des tirants de précontrainte est une exécution indépendante de |'exploitation de la retenue. La durée d'exécution ~ couronnement, forages, pose des tirants en mise en tension — est pour de tels travaux un paramatre délicat a gérer. Le scellement des tirants de précontrainte est situé profondément sous la fondation du barrage. La tenue de ces scellements, qui dépend de la géologie, constitue par conséquent un des critéres déterminants de la faisabilité d'une telle solution. La force de précontrainte appliquer est considérable, aussi 'usage de tirants de plus de 1000 tonnes est souvent indispensable. La téte des tirants étant située sur le couronnement du barrage, la longueur des cables atteint 1.5 a 2 fois, la hauteur totale du barrage. La manipulation de cAbles d'aussi gros diamétre et aussi longs limite dans bien des cas, pour des raisons pratiques et constructives, la hauteur de surélévation envisageable. 2.9.3 Utilisation de la précontrainte 2.9.3.1 Force de précontrainte nécessaire Les objectifs a atteindre avec la force de précontrainte sont les suivants : * pas de tractions sur le parement amont a lac plein, © contraintes de traction limitées sur le parement aval a lac vide, * contraintes maximales de compression inférieures aux limites admissibles sur la fondation, sécurité au glissement suffisante, «la stabilité d'ensemble du barrage et de sa fondation doit étre assurée. Les 2 premiers critéres déterminent la force de précontrainte nécessaire ainsi que la position des tétes et I'inclinaison des ancrages. 2004 LcH EPFL Barrages 1 Pour éviter les tractions sur le parement amont a lac plein, la position des ancrages la plus économique serait le plus a 'amont possible. Par contre, pour limiter les trac- tions sur le parement aval a lac vide, l'axe de la force de précontrainte devrait se si- tuer dans le tiers central de la section, soit beaucoup plus a lintérieur de louvrage. La force de précontrainte qui permettrait d'éviter "apparition de tractions tant a lac vide qu’a lac plein serait démesurée et atteindrait trés rapidement les limites du réali- sable. De méme, la contrainte maximale de compression sur la fondation deviendrait trés importante. Pour ces raisons, et pour autant que la géologie le permette, on to- Iére de faibles contraintes de traction au pied aval a lac vide. Ces tractions Pourront occasionner un décollement ou une décompression du pied aval du barrage a lac vide. ‘Admettons le profil triangulaire simplifié du barrage-poids et appliquons une surélé- vation de la poussée hydrostatique sans augmentation du poids propre. La sous- pression va également augmenter de la méme maniére que la pression d'eau. La figure 2.24 montre les diagrammes de contraintes verticales sur la fondation pour le barrage non surélevé et le barrage surélevé auquel a été ajouté une force de pré- contrainte. On admettra également que le barrage avant surélévation a été dimensionné en ap- pliquant la régle de Lévy, de sorte que les contraintes a lac plein sur le parement amont sont nulles, EPFL LcH 2004 72 Barrages-poids Sram = +168 =O nica DP i moa, DEF rom =F (mhy Sraptenen = F.am + Fam * TF .0m Srastenon = Fo.an +T ¢.am + Fon + Or Figure 2.24: Cem = po Ly hp, =~? Pe ce) hp, ‘Le (mhy E Sem = HEY hee 5am = Ahr (Sm: os, ht Ni D N iS S' Pr nn PP Fam =~ Mh + Mh) Pk . (h+Ahy = Gait? “lac ein om wae 7 pee Sede av = Fp. gy =O 7 lac vide jac vide Procnde am =F P,am km = Tp. + Tm Diagramme des contraintes verticales sur la fondation @ gauche: avant surélévation 8 droite aprés surélévation et précontrainte Les efforts dus au poids propre, a la poussée de l'eau et a la sous-pression devien- nent : P=, pggeh-mh E= Myo p,-g-(h+Ahy S= Kk: pe gemh-(h+ Ah) 2004 LcH EPFL Barrages 73 De méme, la force de précontrainte ajoutée va viser le méme objectif avec le profil surélevé. Le calcul des contraintes fournit alors une force de précontrainte minimale par métre courant Tinin : p= LB lk (a+ Ah) (ah)? + (ht Bh)’ ~(°%,,) hah)” me 4mh— 6a ou a est la distance entre I'axe de la précontrainte et le parement amont (voir figure 2.24). En régle générale, a = 2.4 3m. La précontrainte a aussi une influence directe sur la sécurité au glissement _(P+T-S) tang! E P et ¢’ ne sont pas affectés par la surélévation. Par contre, E et S augmentent. S os a T Shevyso glove i = Cashéels Glissement, } 03 }— t “Los 02 " Thevydo T: Force de la précontrainte Lgl? ** G: Poids propre 00 O20. oe Ho ‘Surélévation Delta H/ H Figure 2.25: — Précontrainte nécessaire a la stabilité d'un barrage-poids surélevé (Rapportée au poids propre de louvrage). Cette approche trés simple a permis de déterminer la précontrainte nécessaire a la stabilité pour une hauteur de surélévation donnée. Si le profil du barrage n’est pas modifié, on observe par cette approche que pour une surélévation de 20% de la hauteur du barrage, la précontrainte minimale nécessaire est de lordre de 25% du Poids propre. Selon l'angle de frottement admis pour le calcul de la sécurité au glis- sement, la précontrainte peut méme atteindre 35%. On associe souvent la précontrainte a un renforcement du couronnement par la mise en place d'une masse importante de nouveau béton. Cette augmentation du poids propre doit dans ce cas étre également intégré au calcul, ce qui permet dans certains cas de réduire la précontrainte a environ 15% du poids propre. En ragle générale, on constate que le rapport entre la force de précontrainte par mé- tre dans une section et le poids propre équivaut a peu prés au rapport entre la suré- lévation et la hauteur initiale du barrage : Tey EPFL LcH 2004 74 Barrages-poids 2.9.3.2 Longueur et profondeur de scellement a lonqueur de scellement dépend de la force d'ancrage et de la qualité de la roche dans la zone de scellement. Cette longueur peut certes étre estimée par calcul, mais les hypotheses font quiil est indispensable de vérifier la jo tenue du scellement par des essais in situ. La sécurité a la rupture du scellement dépend des profondeurde contraintes de cisaillement dans le rocher le long du scel- aan lement, lesquelles doivent rester faibles pour éviter un fluage important (1 a 2 N/mm’). longueurde La profondeur de scellement est déterminée par la stabilité seliemen’ ensemble du systéme composé du barrage et de sa fon- dation. L'analyse de la stabilité du barrage poids non su- rélevé présupposait un plan de faible résistance a la trac- tion ou au glissement situé soit dans un joint horizontal de reprise de bétonnage (béton-béton), soit au contact béton-rocher, soit dans un sys- téme de discontinuités a faible profondeur sous la fondation (rocher-rocher). Avec la surélévation par précontrainte, ces plans sont renforcés par la force de précontrainte. Par contre, une surface de rupture peut apparaitre plus profondément, la ou la force de précontrainte disparait, soit au niveau du scellement. La sécurité au renversement et au glissement de l'ensemble du barrage et du diédre rocheux comprimé par la précontrainte doit étre vérifiée. La longueur de scellement sera choisie de sorte que cette sécurité soit suffisante. Lorsque la roche peut étre admise comme isotrope et homogene, le schéma de ruine montré sur la figure 2.26 peut étre utilisé. Les modéles numériques et physiques ont montré que la rupture se produisait par renversement du barrage et du diédre ABC autour du pied aval du barrage (point C, voir figure 2.26). Si par contre la roche comporte des fractures ou un systéme de fissures, ce sont ces plans de moindre résistance qui imposeront le mode de rupture. Dans ce cas, plu- sieurs schémas de ruine seront définis selon lesquels la sécurité au renversement et au glissement seront analysées. 2004 cH EPFL Barrages 75 TIRANT PRECONTRAINT SCELLEMENT: Figure 2.26: — Modéle de rupture d'un barrage surélevé sur une fondation homo- géne isotrope 2.9.3.3 Quelques remarques sur la technique des tirants d'ancrage La figure 2.27 montre un tirant d'ancrage assez perfectionné tel que ceux utilisés Pour la surélévation des barrages. II comporte en particulier une double protection contre la corrosion. La mise en place des tirants s'effectue selon les étapes suivantes * depuis le couronnement du barrage, le trou est foré dans le béton, puis dans le rocher de fondation jusqu’a la profondeur de I'extrémité du scellement. + le trou est gainé par un tube en PE (polyéthyléne) sur la longueur libre et par un tube métallique crénelé équipé de manchettes diinjection dans la zone de scel- lement. * un obturateur fixe est injecté a l'extrémité supérieure de la zone de scellement. * la zone de scellement est alors injectée en plusieurs étapes, a partir d'un obtura- teur double mobile. EPFL LcH 2004 76 Barrages-poids + |e tirant d'ancrage est mis en place. Les torons sont a nu dans la zone de scelle- ment. Sur toute la longueur libre, ils sont par contre gainées. * le tube est injecté a faible pression de coulis de ciment sur toute sa longueur. * finalement, la téte d'ancrage est posée et 'ensemble est mis en tension. Example detent eaner frau cutee Figure 2.27: Détails de tirants d'ancrage utilisés pour la surélévation de barrages La longueur libre du tirant doit étre garantie par des torons prégainés et graissés. Sur certains ancrages, le remplissage du tube de la longueur libre est effectué avec une résine visqueuse de protection anti-corrosion au lieu de coulis de ciment. Cette solu- tion est utilisée pour les tirants contrélables. La protection des tirants contre la corrosion constitue la préoccupation majeure. Les points singuliers du tirant sont particuliérement sensibles, comme la téte d’ancrage, la liaison entre la longueur libre et le scellement ainsi que le scellement lui-méme. L’étanchéité de la zone de scellement est souvent assurée par un systéme double. La procédure de mise en tension des tirants doit étre minutieusement préparée. Le comportement des tirants et de l'ensemble de l'ouvrage doit étre mesuré et examiné avec la plus grande attention. La force de précontrainte implique généralement une densité de tirants tres importante. L'ordre de mise en tension des tirants devra viser une mise en charge progressive et uniforme de chaque plot du barrage. Le contréle des tirants d'ancrage aprés I'achévement doit se poursuivre sur un rythme régulier. + la tension d'un certain nombre de tirants est contrélable, + inspection visuelle des tétes est intégrée au contréle régulier du barrage, * Tauscultation normale du barrage donne des indices sur l'état de la précontrainte: la détente des cables occasionnerait des déformations du barrage, des infiltra- tions d'eau ou une modification des sous-pressions. 2004 LcH EPFL Barrages ccd 3_BARRAGES A CONTREFORTS ET BARRAGES EVIDES 3.1 Du barrage-poids au barrage a contreforts Rappelons les principales caractéristiques des barrages-poids : * La forme est simple et s'adapte facilement a la topographie ; * Le volume de béton est important ; * Les contraintes sont faibles et le béton est peu sollcité ; + Le béton est faiblement dosé. Sur la majeure part de la structure, la résistance a la compression est néanmoins excessive par rapport aux solicitations ; * Les sous-pressions sont importantes et déterminantes pour la stabilité * Les cycles de remplissage-vidange de Ia retenue impliquent un basculement complet de |'état de contrainte, comme le montre la figure 3.1. Cette sollicitation de la fondation peur engendrer des déformations plastiques. * Lors de la prise du béton, l'accumulation de chaleur est importante du fait du caractére massif de la structure. En régle générale, le refroidissement artificiel du béton est nécessaire. Lac vide Lac plein Sav=Pe'& I (pg/D_e- k) Figure 3.1: Barrage-poids - contraintes sous la fondation sous cas de charges normaux Toutes ces considérations montrent que le matériau mis en place n'est pas utilisé de maniére optimale. Comme le codt d'un barrage-poids est directement lié au volume de béton mis en place, les ingénieurs ont cherché a supprimer du béton la ou il était le moins bien utilisé. C'est dans ce but qu'ont été congus les barrages-poids a joints évidés, tels quiillustrés sur la figure 3.2. 78 Barrages a contreforts et barrages évidés coupe horizontale Figure 3.2: Barrage-poids a joints évidés - dispositions générales Par rapport au barrage-poids classique, il est possible de mettre en évidence les avantages et inconvénients de ces types d'ouvrages : © Economie de béton : 10 a 15%; ® Refroidissement facilité; Drainage aisé 4 mettre en place et a contréler; F Stabilité réduite; % Coffrages plus importants; Renforcement par des étrésillons (stabilité en cas de séisme). Il ressort de cette comparaison un point critique essentiel : les stabilités au renver- sement et au glissement sont réduites par la diminution du volume de béton. Une seconde mesure permet de corriger ce défaut majeur : le parement amont est incliné pour élargir la base de la fondation et ajouter une composante verticale de la poussée de l'eau, comme le montre la figure 3.3. 2004 LcH EPFL ‘ | on oe | Barrages 79 Figure 3.3: Barrage-poids a joints évidés avec parement amont incliné - disposi- tions générales Pour améliorer encore le drainage de la fondation et réduire encore le volume de béton, les évidements sont ouverts vers aval et descendent entre les plots jusqu'au niveau de la fondation. Ces améliorations conduisent au barrage a contreforts dont les dispositions les plus classiques sont reproduites a la figure 3.4. 0.95 + 10H Figure 3.4: Barrage contreforts - dispositions générales Les avantages et inconvénients des barrages a contreforts peuvent étre résumés comme suit : © La composante verticale de la poussée de l'eau créée par Iinclinaison du parement amont augmente considérablement la stabilité; + Les sous-pressions sont faibles et facilement controlées, de part la surface de fondation laissée libre entre les plots; © Le volume de béton est réduit de 25 30% par rapport 4 un barrage-poids. EPFL LcH 2004 80 Barrages a contreforts et barrages évidés © La dissipation de la chaleur d'hydratation est facilitée; la réfrigération artifi- cielle n'est généralement pas nécessaire; $ La surface de coffrage est importante, les formes sont compliquées, ce qui réduit avantage de la réduction de volume d'un tiers environ; % La stabilité transversale en cas de séisme peut étre critique, par I'absence de continuité du parement aval; La fondation des contreforts sur les rives est délicate; } Le barrage est relativement vulnérable aux actes de malveillance et aux chutes de blocs. Cette demiére considération explique le trés petit nombre de barrages de ce type en Suisse. L'épaisseur du joint entre 2 tétes de contreforts est faible. Suite a la seconde guerre mondiale, on a estimé que cette vulnérabilité était excessive, aussi les barra- : ges a contreforts conus a cette époque comportait un masque a aval, formé par lélargissement des contreforts. Cette disposition n'est pas satisfaisante car si une cellule - 'espace vide entre 2 contreforts - était mise en communication avec la rete- - nue, la pression hydrostatique qui s'établirait aurait pour effet d’engendrer des efforts transversaux pouvant mettre en danger ouvrage dans son ensemble. Les seuls barrages a contreforts concus en Suisse (par exemple Lucendro, 1947) ont été transformés en barrage évidés en cours de construction. COUPE A-A — seton ve RewPLissace Ete mae 2 COUPE B-B Figure 3.5: Renforcement du barrage 4 contreforts de Cleuson par un béton de remplissage (1 pilier de la polygonale, 2 clinométres, 3 pendule avec téléenregistreur, 4 pendule 4 mesure optique, 5 télérocmétres.) 2004 LcH EPFL Barrages 8t 3.2 Le barrage évidé Le barrage évidé est un cas particulier du barrage a contrefort dont le masque aval est continu (voir figure 3.6). —_—- 095+ 10H Figure 3.6: Barrage évidé - dispositions générales Sur le plan strictement statique, le masque aval n'est pas indispensable. Il présente néanmoins les avantages suivants : © Il réduit linfluence de la température dans les régions chaudes; * Il protége I'ame contre le gel dans les régions froides; + Ilaugmente la stabilité latérale en cas de tremblements de terre; + Il réduit la vulnérabilité de l'ouvrage contre les actes de malveillance. 3.3 Contraintes dans le contrefort 3.3.1 Contraintes sur les parements Comme pour les barrages poids, en application de I'hypothése de Navier, les contraintes extrémes se trouvent sur les parements. Sous le cas de charge P+E+S, poids propre + poussée de l'eau + sous-pression, la contrainte de compression la plus grande se situe au pied du parement aval, alors que la contrainte la plus faible sur la méme section se situe sur le parement amont. La contrainte minimale sur le parement amont doit dans tous les cas rester une com- pression : Oninam =F (PES) 2 0. Les contraintes principales sont normales et paralléles aux parements. En reprenant les relations : EPFL LH 2004 82 Barrages a contreforts et barrages évidés a lac plein, sur le parement aval 01 = Onaxey = Sean (1+ tar ct) ou=0 et sur le parement amont : 1 = Oninam = Fzam (1+ tan?S) ~ ops tan?S oy = Oe len résulte que pour satisfaire la contrainte Cninam 2 0, la condition suivante doit étre satisfaite : Ozam (1+ tan?) > og, tan? 6, ce qui peut s'exprimer par Seam > Of, SiS, Figure 3.7: Contraintes sur le contrefort 3.3.2 Contraintes verticales Comme pour le barrage-poids, étant donnée la rigidité de louvrage, on peut suppo- ser que Ihypothése de Navier est réaliste. Cette hypothase conduit a admettre que les contraintes verticales varient de maniére linéaire le long d'une section horizon- tale. On obtient dans ce cas les contraintes verticales avec la relation bien connue NM, 4d, o, avec WN’: effort normal résultant du poids et de la poussée d'eau, A: section du contrefort, M, : moment en direction de l'axe y, J,: moment diinertie de la section relatif a axe y, x: distance a l'axe neutre de la section. 2004 LcH EPFL Barrages 83 3.3.3 Contraintes a |" tielles) Une fois les charges extérieures connues, les conditions d'équilibre intérieur s'appli- quent comme pour le barrage-poids. Le calcul est néanmoins plus compliqué que pour les barrages-poids étant donné la géométrie complexe du contrefort dont la forme varie en fonction de la hauteur. On utilise aujourd'hui le plus souvent la méthode des éléments finis pour le calcul des contraintes a l'intérieur du contrefort (cf. Figure 3.14). térieur du contrefort (horizontales et tangen- 3.3.4 Forme de la téte amont Etudions plus en détail la forme de la téte amont du contrefort et analysons les contraintes qui s'y développent en supposant toujours valable I'hypothése de Navier. a) Géométrie simple, avec dispositif d’étanchéité & proximité du parement mont ay(tractions) Sous la pression hydrostatique Surface de rupture probable zz, la forme rectangulaire de la . téte conduit a des tractions au gE pores ree point A de la section 4-B. Ces tractions . sont d'autant plus importantes que le porte-d-faux d est grand. Deux solutions existent pour éviter ces tractions: + déplacer le dispositif d’étanchéité vers 'aval; ‘+ modifier la forme de la téte. Ces 2 possibilités visent a créer une charge d'eau latérale comprimant la téte et faisant disparaitre les contraintes de traction. “SN étanchéité b) Déplacement du dispositif d’étanchéité vers I'aval Le déplacement du dispositif d'étanchéité vers t'aval évite apparition de tractions au point A. La mise en charge du joint entre les 2 plots est nécessaire. Ce joint n'ayant que quelques milli- métres d'épaisseur, le risque existe quill s'obstrue soit par des efflorescences du béton, soit par du matériel organique. La mise en place d'un joint élargi, ou sillon, permet de garantir la mise en charge. En contrepartie, les formes de béton sont plus compliquées. EPFL LcH 2004 84 Barrages a contreforts et barrages évidés ¢) Modification de la forme de la téte La téte arrondie permet de mieux orienter les for- ces dans la téte et de limiter les concentrations de contraintes. Elle présente par contre le désavantage de formes de béton compliquées, nécessitant la construction de coffrages spéciaux. La téte polygonale, ou en forme de diamant, présente une géomeétrie plus simple a réaliser que la téte arrondie. C'est cette demigre forme que l'on rencontre sur la majorité des barrages a contreforts construits depuis 1950. étancheité 3.3.5 Optimisation de la téte en diamant Du fait de la pente du parement amont, le poids propre comporte une composante normale au parement. Cette composante appliquée sur le porte-a-faux des tétes im- plique 'apparition de contraintes de tractions sous le simple effet du poids propre, comme Iillustre la figure 3.8. Cette contrainte est faible; elle est tolérée a lac vide. Par contre, a lac plein, il est impératif que cette contrainte de traction soit compensée par les compressions .créées par la poussée de l'eau. TL |_ ena trie de contact pan coupé Figure 3.8: Effet du poids propre sur la téte du contrefort Analysons les contraintes résultant de cet effet et de la poussée hydrostatique sur le parement amont de la téte. La condition impérative est Oninam 2 0 dans le sens des contraintes principales, soit parallélement au parement. 2004 LCH EPFL Barrages 85 Figure 3.9: Efforts sur la téte de contrefort La contrainte ay est fonction du poids propre, de la poussée de I'eau, des sous-pres- sions et de la géométrie de la téte. II s'agit d'une contrainte effective. A partir de la contrainte ow , de la poussée de 'eau o¢ et de la géométre, il est possible de calculer la a 5 contrainte principale minimale au point K, sur le plan S, biais K-C. On peur exprimer la relation : a %. 1 = Onin = Oy “(14 tan? €)= or, tan? e Oy (eonna) Or tan? 2, dou tan? y 21-004 = 4 (14 Yogr, oe are an 64 lor 0u) Yes La condition impérative c,,,, 20 (compression) ne peut étre satisfaite que si ay est grand et si le terme a déduire est petit (donc tan’ y est grand). Comme déja mentionné, avec la géométrie de la téte la plus simple avec joint d'étan- chéité a I'amont, des tractions apparaissent sous l'effet de la poussée de l'eau sur le parement amont. Ces tractions. sont fonctions de la charge et du porte-a-faux d. Pour annuler ces tractions, le joint d’étanchéité a été repoussé vers l'aval dans les Propositions de géométrie plus abouties. Dans ces autres cas, la poussée de l'eau agit également en comprimant la section A-B qui constitue la surface de rupture la plus probable. La téte polygonale est la solution la plus simple a mettre en ceuvre. Comme déja mentionné également, le poids propre du barrage induit également une contrainte de traction transversale dans la téte. Cette traction est due a I'inclinaison du parement amont. Ces contraintes de tractions sont acceptées a lac vide. Elles sont compensées par l'effort de la poussée de l'eau sur les pans coupés amont de la téte. Pour respecter la condition ,,, 20, langle y doit étre le plus grand possible. Cette condition a pour effet de réduire leffet de compression de la section A-B sous effet de la poussée de l'eau, ce qui n'est pas souhaitable. Pour résoudre cette apparente contradiction, il convient de choisir une forme de la téte dont la partie frontale est plus large que l'épaisseur des mes, comme le montre la figure 3.10 EPFL LcH 2004 86 Barrages a contreforts et barrages évidés Ainsi, les contraintes sur les sections A-B et K-S doivent étre vérifiées, ainsi que la contrainte principale -o; au point K, parallélement au parement du pan incliné (contrainte principale minimale). Ces considérations conduisent @ proposer une téte en forme de diamant dont les caractéristiques géométriques typiques sont les suivantes : sy Figure 3.10: Proportions typiques de la téte polygonales =m =39m | NOETZLI (LUCENDRO/CH) — STUCKY (DIXENCE/CH) 1887-1933 1892-1969 MARCELLO (ANCIPA/I) 1901-1969 Figure 3.11: Tétes.spéciales des contreforts nommées selon leurs inventeurs 2004 LcH EPFL Barrages 87 3.4 Sécurité au renversement et au glissement 3.4.1 Méthode de calcul La verification de la sécurité au renversement et au glissement se fait de la méme maniére que pour un barrage-poids. Bien entendu, le centre de gravité des sections horizontales et le noyau doivent étre déterminés compte tenu de la forme exacte du contrefort, qui n’est plus un rectangle comme dans le cas du barrage-poids. Une des caractéristiques principales du barrage a contrefort est la réduction des sous-pressions, du fait de l'espace laissé libre entre les contreforts en aval de leurs tétes. 3.4.2 Hypothéses pour la prise en compte des sous-pressions On distingue clairement les 2 sections verticales a l'axe du contrefort et entre 2 contreforts. Comme pour les barrages-poids, les propositions des normes DIN sont aujourd'hui couramment appliquées pour décrire le diagramme des sous-pressions (voir figure 3.12). 20-30% pegh fépaisseur de ame) 60% pegh sen DIN Section A-A Pegh 0% 60% pegh seimpm Section BB Pegh Figure 3.12: Diagramme de sous-pressions EPFL LcH 2004 88 Barrages a contreforts et barrages évidés 3.5 Comportement en cas de séisme Les barrages a contreforts sont particuliérement vulnérables au séisme. Pour cette raison, ce type d'ouvrage est a proscrire dans des zones de forte ou de moyenne séismicité. Néanmoins, méme dans des zones de faible risque sismique, le comportement en cas de tremblement de terre doit étre analysé. Pour simplifier la description des phénomenes, on distinguera 2 cas, selon la direc- tion de la solicitation par rapport a I'axe du barrage : d) Accélération longitudinale La partie supérieure de la téte du contrefort est la plus menacée par les vibrations en raison du caractére massif de cette zone de couronnement. Selon la forme mise en ceuvre, des tremblements de terre importants peuvent provoquer des fis- sures horizontales dans le béton, selon la figure 3.13. gousset gousset ‘surface de contact ‘surface de contact entre les plots entre les plots Figure 3.13: Couronnement - & gauche: solution classique; droite, solution plus favorable @) Accélération transversale L'accélération dans le sens transversal est la plus critique car la stabilité des contreforts dans cette direction est trés faible. Plusieurs mesures permettent de renforcer cette stabilité, en empéchant ou en limitant les possibilités de déplacement d'un plots vers son voisin «mise en place d'un masque aval en élargissant les contreforts dans leur partie aval; * mise en place d'une semelie jointive entre les contreforts, ce qui implique des mesures particuliéres pour garantir le drainage de la fondation; + mise en place d'étrésillons entre les plots, semblables 4 ce que on peut voir sur la figure 3.3. 2004 LcH EPFL Barrages 89 3.6 Effets de température Les barrages contreforts présentent lors de leur construction de grandes surfaces coffrées, permettant un refroidissement aisé du béton. En régle générale, il n'est pas nécessaire de prévoir des dispositifs de refroidissement artificiel Par contre, les variations de température jouent un réle considérable dans l'état de contrainte interne de fouvrage, sous charges normales. Les contreforts sont des structures relativement minces; ils réagissent donc immédiatement aux variations de température. En cas de conditions climatiques extrémes, les gradients de tempéra- ture entre la téte et l'ame du contrefort peuvent étre trés importants. Des contraintes de traction importantes peuvent de ce fait apparaitre. La figure 3.14 montre la répartition de la température dans le béton selon une coupe horizontale située a l'axe d'un contrefort d'un barrage exposé a un climat aride. On constate que la température est de 15 °C a l'amont, a proximité du parement en contact avec la retenue. A I'aval, ou 'ame est mince, en contact avec I'atmosphére et soumis a l'ensoleillement, la température atteint prés de 40 °C. Ti Figure 3.14 : Effet de la température sur les contreforts Létat de contrainte et les déformations sous I'effet de ce champ de température ont 6t6 calculées par la méthode des éléments finis, en supposant un matériau élastique linéaire. La figure 3.14 montre la déformée d'un contrefort sous effet du gradient de température. On constate que des tractions se développent dans la tate et sur le pa- Tement amont. Ces tractions peuvent atteindre 1 MPa dans la partie supérieure et provoquer l'ouverture des joints de reprise de bétonnage horizontaux. Le moyen le plus simple pour éviter ces gradients de température est de fermer les contreforts par un parement aval, lequel peut étre constitué par l'élargissement de ame (auquel cas il est porteur et intégré a la structure) ou par la mise en place d'un matériau isolant non porteur. EPFL LcH 2004 90 Barrages a contreforts et barrages évidés 3.7 Problémes particuliers 3.7.1 Fondation des contreforts Lorsque les flancs de vallée sont rai- des, un glissement transversal d'un contrefort isolé est possible. Le glis- sement peut aussi étre favorisé par le pendage défavorable des couches. Pour éviter ce glissement, excavation se fera toujours en marches d'esca- e lier, Lorsque {a stabilité d'un bloc isolé n'est pas garantie selon un axe transversal, plusieurs mesures peuvent étre mises en place : Mise en place de poutres ou de butons entre les contreforts; /outons discontinus * Elargissement du pied des contreforts jusqu'a les rendre jointifs. 2 Dans ce demier cas, des dispo- z sitions particuliéres doivent étre pri- ses pour éviter le développement de sous-pressions au-dessous la a fondation des Ames. Ces dispositifs peuvent étre constitués de forages 1 de drainages (a contréler réguliére- a galerie longitudinale ment) ou de galeries longitudinales eee ce eee débouchant a l'aval, comme illustré sur la figure ci-contre. = 2004 LCH EPFL J Barrages 91 3.7.2 Dispositif d'étanch Le dispositif d'étanchéité entre les tétes des contreforts est similaire & celui d'un barrage-poids. On pré- rubans d’étanchéité voit en. général deux rubans waterstop d’étanchéité (bandes waterstop) avec un puits de drainage entre les deux. L’étanchéité du ruban amont peut étre contrélée en ob- servant le drain. II est également tube de drainage possible de colmater un éventuel défaut d’étanchéité du ruban amont, en remplissant le drain avec de largile. Au pied amont du barrage, la continuité de l'étanchéité avec le voile d'injection est assurée par des injections de contact et des forages de décharge (drains) exécutés partir d'une galerie de pied. joint d’étanchéité (waterstop) 7 \ dena temncatnsproimd “7 WN Forages de (forages et injections) if drainage Figure 3.15: — Connexion du dispositif d’étanchéité avec la fondation (section verti- cale du pied amont de Ia téte du contrefort) EPFL LcH 2004 Barrages 93 4 BARRAGES-VOUTES 4.1 Choix de I'emplacement Le barrage-voite s'adapte particuliérement bien si les 3 conditions suivantes sont respectées : + Lavallée est relativement étroite. * La topographie des appuis latéraux est favorable. * La géologie des appuis latéraux est de bonne qualité. Critéres topographiques On définit !'étancement d'un barrage-vodte comme le rapport entre la longueur du couronnement Lc et la hauteur du barrage sur sa fondation H. Selon la forme de la vallée, 'élancement maximal envisageable varie selon la figure 4.1 Vallée enV Vallée en U Le Cs L, Le /H <5(46) Ig/HS4(a4.5) Figure 4.1: Forme de la vallée En régle générale, I'élancement est limité a 5 dans une vallée en forme de V et a 4 dans une vallée en forme de U. Ces limites peuvent étre dépassées pour certains ouvrages lorsque la nature du rocher de fondation est particuligrement souple: la Condition porte sur le rapport des modules d’élasticité de béton et de la roche de fondation : E,/E_>3 En ragle générale, la symétrie de la vallée est nécessaire au bon fonctionnement statique du barrage-vodte. EPFL LcH 2004 94 Barrages-véutes Un défaut de symétrie peut étre corrigé comme sur la figure ci-contre en constituant une culée massive. Le plus souvent, cette culée est formée par un €paississement progressif de laile la plus longue, de maniére & passer d'un profil mince & un profil de barrage-poids sans discontinuité. Figure 4.2: Barrage du Chételot, H = 74 m, Le = 150 m, volte prolongée par une culée en rive gauche Critéres géologiques De part son fonctionnement statique, le barrage-votte sollicite fortement la fondation sur les flancs de la vallée. Pour cette raison, le rocher doit étre sain (peu altéré), peu perméable et peu déformable. De plus, une fondation homogéne et dans la mesure du possible isotrope est essentielle pour permettre un développement harmonieux des efforts dans la vodte. On évite ou on traite de maniére trés spécifique les discontinuités dans la fondation et les failles. 2004 LcH EPFL Barrages 95 En ragle générale, au passage d'une zone géologi- quement favorable, 'érosion par le cours d'eau forme un verrou favorable a I'implantation d'un barrage-vodte. Le barrage sera implanté a I'amont du resserrement ou du verrou, de sorte que les efforts soient transmis a la fondation dans la zone de la meilleure qualité géo- mécanique 4.2 Avantages et inconvénients des barrages-vottes Lorsque ces conditions sont réunies, le barrage-votte présente des avantages importants par rapport aux autres types de barrages + Le volume de béton est réduit (I'épaisseur la base est de l'ordre de 15 - 20 % de la hauteur, contre 75 - 80 % pour un barrage poids); Le prix du m® de béton, plus dosé en liant, n'est qu'un peu plus élevé, tout comme le prix du m? de coffrage. * Le systéme statique tridimensionnel hyperstatique induit une grande réserve de portance. + Lleffet des sous-pressions est réduit du fait de 'épaisseur limitée de la fondation Par contre, les gradients hydrauliques sous la fondation sont importants. 4.3 Principaux types de barrages-vottes On distingue les barrages-vottes a simple courbure et les barrages-voiites a double courbure. Les premiers barrages-voittes construits avant la seconde guerre mondiale sont pour la plupart des barrages a simple courbure. Depuis les années 1950, et a quelques exceptions prés, tous les barrages-voites ont été construits 4 double courbure, 4.3.1 Barrages-voites a simple courbure On appelle un barrage-vodte & simple courbure un barrage dont le profil est développé selon un axe curviligne identique du pied au couronnement. Le barrage forme un segment de cylindre dont 'épaisseur est constante a un niveau donné (figure 4.3) EPFL LH 2004 96 Barrages-voutes Figure 4.3: Principe de la vote & simple courbure Ce type de barrage est approprié a des vallées particuliérement étroites, dont la largeur est pratiquement constante sur toute la hauteur (canyon). Lorsque la vallée a une forme en V, ouverture des arcs diminue du haut vers le bas. Le rayon étant constant, la portance des arcs inférieurs trés, courts est faible. Pour y remédier, l'épaisseur des arcs varie sur la hauteur, comme le montre la figure 4.3. Pour éviter cette faible ouverture des arcs inférieurs, des barrages a rayon variables et a angle d'ouverture constants ont été développés. De géométrie plus complexe, ces types de barrage offrent une meilleure introduction des efforts dans les massifs d'appui latéraux (figure 4.4). Dans ce cas, les arcs inférieurs sont trés sollicités et reprennent pratiquement la totalité de la poussée hydrostatique. Une solution de compromis est trouvée avec les barrages a rayon et a angle d'ouverture variable, comme le montre la figure 4.4. En optimisant cette derniére géométrie, on arrive finalement au barrage-votite a double courbure. Coupeb Coupe Figure 4.4: @ gauche :barrage @ angle d’ouverture constant droite: barrage a rayon et 4 angle d'ouverture variable 2004 LcH EPFL uw. Barrages 97 4.3.2 Barrages-voites 4 double courbure Le nom du barrage-votte @ double courbure provient de la section incurvée d'épaisseur variable des coupes verticales du barrage, et de la section courbe et d’épaisseur généralement variable des sections horizontales. La géométrie de Vouvrage est dictée par la répartition des efforts et des contraintes dans le barrage et sa fondation, sous différents cas de charge (figure 4.5). 4, i} ui 4) ys Figure 4.5: Barrage de Punt dal Gall, section verticale type et vue en plan En régle générale, les angles d'ouverture des rayons diminuent de haut en bas, comme le montre la figure 4.6. Om som ‘oom 160m 70 80 60 100110 120.190 Rayon moyen Rey ‘Angle dlouverture 24 Figure 4.6: Rayon et angle d’ouverture des arcs La géométrie des arcs est composée + daros de cercles, * de segments de paraboles, + dares d'ellipse, * de segments de spirales logarithmiques. EPFL LcH 2004 98 Barrages-véutes 4.4 Choix de la forme initiale 4.4.1 Hauteur du barrage Le niveau du couronnement d'un barrage est déterminé d'une part par la topographie et la géologie, d’autre part par des critéres économiques. La hauteur optimale est obtenue par une analyse des colts et des revenus occasionnés par 'ouvrage en considérant également les aspect de l'environnement. Les codts de 'ouvrage sont composés : * des codts de construction, des intéréts intercalaires et des amortissements financiers correspondants; * des intéréts de la dette; * des charges d'expioitation et de renouvellement; * des impéts, taxes et droits. Pour évaluer les revenus, il convient de considérer tous les buts de I'aménagement : * la production d'énergie, but principal en Suisse, mais souvent but secondaire dans les pays arides; * lamélioration de la productivité agricole, pour litigation; * la valeur de la réduction des risques, pour les barrages servant de protection contre les crues; * lalimentation en eau des populations, etc. La quantification des revenus est souvent trés délicate. II convient de tenir compte de Vincertitude hydrologique, par exemple en simulant la production sur une série d'années représentatives. Les expériences récentes ont montré que la projection sur le moyen terme des bénéfices escomptés est délicate. Plusieurs scenarii doivent étre envisagés et une analyse de sensibilité sur les paramétres principaux est nécessaire. Le bénéfice est la différence entre les revenus et les charges. La relation entre la cote de la retenue et le bénéfice est alors établie. La hauteur optimale est celle qui correspond au maximum des bénéfices, tout en respectant bien entendu les niveaux limites déterminés par la topographie et la géologie (figure 4.7). cots venus: ibénéfices oO @ @-O h a h Figure 4.7: Optimisation de la hauteur du barrage 2004 cH EPFL — Barrages 99 4.4.2 Forme des sections horizontales La recherche de Ia solution la mieux adaptée pour la géométrie d'un barrage-votte a double courbure est un processus itératif. Dans une premiére étape, on admet les sections horizontales - les arcs - formées d'ares de cercle. Figure 4.8: Définitions géométriques des arcs La figure 4.8 décrit les principaux parameétres descriptifs des arcs. La géométrie préliminaire doit satisfaire les conditions suivantes : Le rayon de courbure diminue de maniére continue du haut vers le bas; Au niveau du couronnement, l'angle d'ouverture au centre 29 est de l'ordre de 2 = 120-130". A mi-hauteur, l'angle d’ouverture au centre 29 > 85° A la base, langle d’ouverture au centre 2p = 80°. Cette condition est relativement facile & satisfaire dans les vallées en forme de V, mais beaucoup plus difficile dans les vallées en forme de U. L'angle diincidence de l'arc avec le rocher # 2 30°. Ce critére essentiel est Parfois difficile 4 remplir. Il doit étre apprécié en tenant compte de la géologie (fracturation, pendage). Plusieurs solutions peuvent étre envisagées pour palier a cette insuffisance d'angle diincidence, en corrigeant le choix initial de rayon constant sur l'arc : En maintenant les rayons circulaires, cortiger le rayon en maintenant la continuité de la relation entre le rayon et la hauteur. II est souvent possible d'améliorer la reprise des efforts latéraux par le choix de rayons plus grands, au détriment de 'angle d'ouverture. Renoncer a la définition d'arcs circulaires. Dans ce cas, plusieurs solutions sont envisageables: EPFL LcH 2004 100 Barrages-voutes a. Introduction d'ares de rive Ces arcs de rive ont un rayon supérieur au rayon principal de l'arc (vote a 3 centres). Cette solution introduit une discontinuité de la courbure dans les arcs, peu favorable ‘sur le plan des contraintes. Souvent, cette discontinuité se remarque & I'ceil nu sur le parement aval de la votte. b. Arcs constitués de segments de parabole Beaucoup de barrages-votttes suisses ont été réalisés avec des arcs paraboliques. Cette solution présente 3 avantages importants : i. Résistance Le calcul montrera que la poussée de l'eau sur l'arc est moins importante a proximité des naissances qu’a la clé de l'arc (effet de la proximité de la fondation). La forme de la parabole permet de tenir compte de cet effet. ji, Topographie On choisit souvent de définir les parements amont et aval par 2 paraboles dont les cercles osculateurs au sommet ont le méme centre. Cette disposition fait varier 'épaisseur de maniére progressive vers les naissances et s‘adapte par conséquent bien aux vallées dissymétriques. iii, Géologie Il arrive que lors de l'excavation, on constate que la fouille doit étre approfondie localement (lorsque la prévision géologique n'est pas vérifiée). La forme parabolique des arcs permet de prolonger les arcs dans la fondation sans trop modifier la direction de la force résultante. Avec les arcs circulaires, un approfondissement signifie presque toujours une nouvelle définition géométrique de l'ensemble de la vodte, la condition # 2 30° n’étant plus respectée. Les arcs de paraboles de second degré sont entiérement définis lorsque l'on fixe la position de la clé (sommet de la parabole) et de la naissance, ne laissant plus aucune liberté pour adapter la section de arc aux champs de contraintes. On utilise souvent des paraboles de rives pour ajouter un degré de liberté a la définition géométrique des arcs. c. Arcs constitués d'arcs d'ellipse Les arcs dellipses disposent d'un degré de liberté supplémentaire par rapport aux paraboles. On peut ainsi choisir le rayon du cercle osculateur a la clé ou I'angle diinci- dence a la naissance sans avoir recours & des arcs composés de plusieurs segments de courbes, 2004 cH Barrages 101 Pratiquement, le rayon de courbure a la naissance est 2 & 3 fois plus grand qu’a la clé, Définition géomeétric Rayon de courbure local : d. Arcs constitués de segments de spirale Jogarithmique Les arcs de spirale présentent les mémes avantages que les arcs de paraboles ou dellipse. Par contre leur définition géomeétrique est plus complexe : raceme Rar NCP 41 Le rayon de courbure varie proportionnellement avec la distance curviligne a la clé de arc, En régle générale, le rayon de courbure a la naissance est 1.5 a 3 fois plus grand qu’a la clé. 4.4.3 Forme des sections verticales On appelle console la section verticale d'un barrage-votte (parfois aussi mur). A axe ou a la clé du barrage se trouve la console a la clé. Le processus qui conduit a la définition géométrique de la console a la clé doit étre conduit simultanément avec la recherche des paramétres des sections horizontales, les arcs. Comme le montre la figure 4.9, les sections horizontales et verticales ne sont pas indépendantes. Le processus est itératif et doit aboutir au respect des conditions fixées pour les arcs et a celles fixées pour les consoles. ares consoles / murs itérative » 2) Figure 4.9: Relation entre la géométrie des arcs et celle des consoles EPFL LCH 2004 102 Barrages-voutes La géométrie des consoles doit satisfaire les 2 conditions suivantes: 1) Alac plein, aucune traction verticale ne doit se développer sur le parement amont Vem Le premier critére est satisfait si le poids propre s'oppose aux tractions crées par la Poussée hydrostatique. Au pied amont du barrage, cette condition ne peut étre satisfaite que si le poids propre crée un moment de flexion vers I'amont, accentuant la contrainte de compression. 2) Alac vide, les tractions sur le parement aval sont limitées & Cette condition entre en contradiction avec la seconde condition, car si la console est trop inclinée vers l'amont, des tractions apparaissent au pied aval du barrage sous le seul effet du poids propre (lac vide). Un moyen fréquemment utilisé pour limiter ces tractions est la mise en place de sellettes (ou béquilles) au pied du parement amont. o> ae sellétes 7. Figure 4.10 : Montage de sellettes Comme mentionné au chapitre 1 que les barrages-votttes sont réalisés sous forme de blocs verticaux juxtaposés et indépendants. Ces consoles ne sont rendues solidaires qua la fin des travaux, par injection d'un coulis de ciment dans les joints séparant les plots. Cette opération, qui rend la vodte hyperstatique, est appelée le clavage. Cependant, durant la phase de construction, chaque plot qui constituera le barrage aprés le clavage, doit étre stable pour luicméme et indépendamment des plots adjacents. La stabilité des blocs situés 4 proximité de la clé ainsi que sur les rives du barrage est généralement facile a garantir. Par contre, trés souvent, les blocs situés de part et d'autre de la clé posent le plus de difficultés (voir figure 4.11). 2004 LcH EPFL Barrages 103 joints de construction (mouvement libre avant ,|e clavage de la vottte") levée de bétonnage Figure 4.11: | Découpage par plots et phases de construction La solution est le plus souvent dans une correction de la géométrie des arcs et des consoles, ce qui conduit & une nouvelle itération du processus de définition géométrique. Il faut remarquer que trés souvent, les phases intermédiaires de construction sont critiques, surtout si les consoles présentent une forte courbure, 4.4.4 Epaisseur de la console a la clé médiaire aw sellettes centre de gravité ll existe plusieurs approches pour prédimensionner I'épaisseur de la console a la clé. En Suisse, on utilise le plus souvent les régles simples suivantes, en se basant sur les grandeurs définies sur la figure 4.12: Vallée large (en U) Vallée étroite (en V) Epaisseur au eH. couronnement e, eS =H, = "720 Epaisseur a la base e, & ‘hy (cxceproneltement 4, 4) EPFL 2004 104 Barrages-voutes #1: ‘hauteur de la console a la clé Z,: longueur développée du couronnement L;: longueur de la coude au couronnement ec! @paisseur au couronnement es: épaisseur a la base Figure 4.12: | Coupe de la console a la clé La figure 4.13 donne les dimensions selon les recommandations du US Bureau of Reclamations : US Bureau of Reclamation 001+(H+12*Ly) eo4 095+ ey Figure 4.13: | Recommandations du US Bureau of Reclamations 2004 LcH EPFL Barrages 105 4.4.5 Coefficient d'élancement La definition d'un coefficient d’élancement pour un barrage-voitte a été proposée par Giovanni Lombardi (probablement expert suisse le plus connu dans le monde sur les barrages, et docteur honoris causa de EPFL). L'élancement est défini par la relation: © : Coefficient d'élancement, S. : Surface moyenne du barrage, V : Volume de béton #: Hauteur sur la fondation Lombardi a montré que pour un barrage-voite trés élancé, les efforts de cisaillement deviennent trés importants et peuvent conduire a la fissuration du béton. Figure 4.14: Relation entre le coefficient d'élancement C et la hauteur H, pour quelques barrages-voites existants 4.5 Méthodes de calcul 4.5.1 Généralités Bien que Ion ait construit des barrages-voites depuis prés de 80 ans, le calcul Statique d'un ouvrage aussi complexe est encore aujourd'hui en constante évolution. Aujourd'hui, utilisation de la méthode des éléments finis est systématique. Le développement actuel vise a intégrer dans le calcul le comportement fortement non- linéaire du matériau (le béton), de la structure (comportant des joints de clavage, des reprises de bétonnage, des fissures, etc.) et de la fondation rocheuse inhomogéne et dont les caractéristiques géomécaniques sont connues de maniére approximative. EPFL LcH 2004 108 Barrages-voutes Enfin, la méthode des éléments finis permet également d’étudier le comportement dynamique de la structure soumise a des sollicitations sismiques Néanmoins, avant d'en arriver a ce stade de vérification statique de la structure au moyen des éléments finis, il convient de mettre en ceuvre des approches plus simples et plus approximatives pour prédimensionner la structure en lui donnant une géométrie satisfaisante avec un minimum d'effort. En ce sens, nous développerons ci-aprés 'approche par analogie avec la membrane, puis une version simplifiée de la méthode du trial-load. Tous les barrages-vottes construits jusque dans les années 1980, et en particulier les plus grands barrages de ce type que nous avons en Suisse, ont été dimensionnés a l'aide de cette méthode. Aujourd'hui, avec les moyens informatiques actuels, elle ne se justifie plus que pour une phase de prédimensionnement sommaire. 4.5.2 Formule du tube, membrane La formule du tube, qui assimile le barrage-vodte a une membrane, peut étre utilisée pour une toute premiére estimation des efforts et des contraintes dans les arcs. La théorie de la membrane néglige la résistance a la flexion du barrage-vodte. La répartition des contraintes dans les arcs est donc uniforme. Le barrage est découpé en tranches horizontales indépendantes. Ces arcs sont supposés libres de se déformer dans un plan horizontal. On admet comme simplification supplémentaire que ces arcs ont une épaisseur constante et que leur rayon est constant (arc circulaire) Cette démarche n'est évidemment pas rigoureuse puisqu'elle néglige toutes les transmissions d'effort par cisaillement, mais elle présente l'avantage de donner trés rapidement une premiere idée des dimensions nécessaires. : contrainte uniforme : pression uniforme de l'eau a l'axe de I'arc: pap Ry : rayon extérieur : rayon intérieur : rayon moyen de l'arc (a 'axe) @paisseur de l'arc (constante) déplacement radial module d’élasticité du béton Figure 4.15: Barrage-vodte a ares circulaires On admet en premiére approximation que les arcs ne sont pas encastrés. Les contraintes uniformes dans I'arc sont donc obtenues a l'aide de la formule du tube : 0, = Pa Ryld. 2004 LcH EPFL Barrages 107 Le déplacement radial devient 5 =M/Ey-Ry-0,. En utilisant cette méthode simple pour le dimensionnement préliminaire d'un barrage-voute, les contraintes maximales admissibles dans la section moyenne du barrage (figure 4.16) ne devraient pas dépasser 0, <3.5+4.0 MPa. En régle générale, cest-a-dire en utilisant des méthodes de calcul plus détaillées, les contraintes maximales sur le parement aval d'un barrage volte doivent étre inférieures & 7 8 MPa (compressions) et aucune traction ne doit apparaitre sur le parement amont. Ces exigences sont le plus souvent satisfaites si les contraintes maximales dans la section moyenne du barrage (voir figure 4.16), calculées avec la formule du tube, ne dépassent 3.5 + 4.0 MPa, Figure 4.16: — Définition de la section moyenne EPFL LcH 2004 108 Barrages-voutes 4.5.3 Méthode des ajustements 45.3.1 Généralités La méthode des ajustements permet un dimensionnement préliminaire plus précis du barrage-votite du fait que sa portance est analysée en deux directions. Avant le développement du calcul par éléments finis, cette méthode était systématiquement utilisée pour le calcul détaillé. Cette méthode, appelée également méthode de Trial-Load, a été développée dans les années 30 aux Etats-Unis. Elle exigeait, jusqu'a apparition des premiers ordinateurs, des ressources humaines considérables pour le calcul. 4.5.3.2 Systéme de poutres Le principe fondamental qui permet la mise en ceuvre de la méthode est de remplacer la structure de coque tridimensionnelle que constitue la voGte par un systéme orthogonal de poutres, composé d'arcs horizontaux et de consoles verticales. Les arcs et les consoles sont encastrés partiellement a la fondation (selon la déformabilité du rocher de fondation, caractérisé par Ey). La figure 4.17 illustre cette modélisation. Surface du terrain Rocher sain (excavation) Figure 4.17: Modélisation d'un barrage par 3 arcs et 4 consoles La méthode des ajustements présuppose une répartition de la poussée hydraulique sur les arcs horizontaux et sur les consoles verticales. Il en résulte des déformations 6lastiques des arcs et des consoles dans les 3 dimensions (6 degrés de libertés). es déformations doivent étre concordantes 4 chacun des points diintersection des arcs et des consoles. Si la déformation des consoles ne coincide pas avec celle des ares, alors la répartition de la poussée hydrostatique entre arcs et consoles doit étre adaptée, ce qui a donné le nom de “Trial-Load' a la méthode. Pour un dimensionnement préliminaire, dans bien des cas un modéle symétrique composé de trois arcs et d'une console permet d'obtenir les résultats satisfaisants par un simple ajustement des seules déformations radiales 2004 LcH EPFL Barrages 109 Afin dillustrer cette méthode et permettre une application rapide, quelques choix et hypotheses ont été effectués dans les développements qui suivent Figure 4.18: Dimensionnement préliminaire avec 3 ares et une console Forme des arcs et disposition du modéle Les arcs sont admis circulaires et d'épaisseur constante. Cette hypothése simplificatrice permet de calculer plus aisément dans le développement qui suit les contraintes et déformations de l'arc, mais n'est pas nécessaire a la méthode des ajustements. Dans la plupart des cas, les arcs sont d'épaisseurs variables et leur forme est parabolique, elliptique, voire de segment de spirale. Le choix de 3 arcs de calcul et leur disposition dans la hauteur du barrage selon la figure 4.18 résulte d'un compromis raisonnable : Arc_| Profondeury Ar 0 Ar | 2ay=2h/7 As | 4ay=4h/7 Le premier arc se trouve au niveau du couronnement, le second a une profondeur de 2h/7 et le troisiéme a 4h/7. Position de la console La console (ou mur) est placée au lieu oi Ia vallée atteint sa plus grande hauteur si la vallée est presque symétrique. Lorsque la vallée présente une asymétrie marquée, 'a position de la console sera choisie par compromis entre la position de la hauteur maximale et 'axe de symétrie de l'arc de couronnement (voir figure 4.19). EPFL LcH 2004 110 Barrages-voutes Figure 4.19: Emplacement de la console pour une vallée asymétrique 4.5.3.3 Répartition de la poussée de l'eau entre arcs et consoles La poussée de l'eau agissant sur le barrage-vodte est répartie entre les trois arcs et la console. On décompose par la pensée, la poussée de l'eau en deux parties, 'une qui charge les arcs, l'autre qui charge la console : Pa™PatPo=re'¥ avec p, : poussée de l'eau a la position y P,: partde p, reprise par arc Pc: partde p, reprise par la console Ye=Pe& Lexpérience a montré que la répartition de la poussée de l'eau sur la console Ply) peut étre assimilée avec une bonne approximation a une fonction parabolique de y. Aux trois points d'intersection entre les arcs et la console, cette fonction de charge de la console prend les valeurs suivantes: p,, p,, P;. Le reste de la poussée de l'eau est pris par les arcs qui sont admis chargés uniformément par les valeurs suivantes: Py, Pia» Pas Comme le montre la figure 4.20, le partage de la poussée de l'eau s'effectue comme suit : Charge sur console + charge sur arc = poussée de leau eee pee suntare fonction parabotique solde Pe) = Pat P,=0 => Dy PsQ)= Pat Py P:8)=PotPs Les valeurs p,, p,, p; se trouvent sur une courbe parabolique selon I'hypothése mentionnée ci-dessus (voir Fig. 4.21). 2004 LcH EPFL Barrages 114 Figure 4.20: — Partage de la poussée de l'eau entre les arcs et la console Comme I'arc supérieur 1 reprend certainement une partie de la poussée de l'eau positive, la charge de la console est négative au point d'intersection entre cet arc et la console A;-C;, c'est-a-dire au point auquel la console s'appuie sur 'arc. 4.5.3.4 Compatibilité des déformations Le partage de la poussée de l'eau entre les arcs et la console se calcule en appliquant la condition de la compatibilité des déformations radiales a chaque point de croisement entre les arcs et la console. Les conditions suivantes doivent étre satisfaites = be, Pour le prédimensionnement d'un barrage-votte on se contente d'un ajustement des déformations radiales aux points d'insertion des arcs et de la console. Hormis une augmentation des nombres d'arcs et de consoles, une nouvelle amelioration consiste en un ajustement aux points d’insertion des arcs et des murs toutes les déformations (ily ena six en tout), Dans la pratique, on se contente des plus importantes qui sont au nombre de trois: soit radiales, tangentielles dans le sens horizontal et angulaires A axe vertical. Dans la section centrale d'un barrage symétrique, les deux derniéres sont nulles (par symétrie). Pour un systéme simplifié avec trois arcs et seulement une console centrale, il suffit alors de contréler uniquement la compatibilité des déformations radiales. On calcule la déformation radiale de la console et des arcs en trois points d'intersection en appliquant la théorie des travaux virtuels. Les déformations radiales sont ensuite ajustées en obtenant trois équations pour les trois inconnues Pir Pos Ps EPFL LcH 2004 112 Barrages-voutes a) Déformation de I'are au centre 5, Pour un arc chargé par une force radiale uniforme, la déformation radiale au centre (@ la clé) se calcule par la relation 6, Ee (1) :Tayon moyen de arc (a l'axe); et B Aa d, : épaisseur de tare; E, : module d’élasticité du béton; : module d’élasticité du rocher de fondation; 2 : ouverture de l'arc. Comme approximation satisfaisante on admet pour le prédimensionnement que la valeur du module d’élasticité du rocher de fondation est deux fois inférieure a celle du béton Ex~ My-Es La valeur # est donnée dans les tableaux suivants pour un encastrement partiel (Ep ~ 4-E_) et pour un encastrement parfait (E, ><) : CC 3 Test —«2.056~=«2S—CTDBSCSGSC«OT SST «3.08 5 1.781 2.175 2.454 2623-2712 «2747 «2749-275 7 1983 2267 2446 «2.533 «2.564 «2563-2545 2.55 10 2.406 2.303 2.900 2416 «2413 2:306 «2373-235 20 2182 2217 «2218 «2.200 2.182 2.164 21468 2.13 40 2094 2.084 2.070 2055-2043 «2.032 2023-201 Tableau 4.1: Valeur de 8 pour Ep = hy Eg 6 30° 35° 40° 45° 50" 55° 60" 6s" 3 05037 0.6980 0807 1085 1249 1388 1500 5 0.7671 1.0227 1.243 1.416 «1.545 1.640 1.708 7 1.0152 1273 1484 «1596 1.6868 1.748 1.791 10 4293-1506 «1641 «1.726 «1.780 «1.816 = 1.841 20 1677 1.766 1.814 1.842 1.860 1.872 1.881 40 18241851 «1.866 1.875 1.881 1.886 1.891 Tableau 4.2 : Valeur de f pour E, >= (encastrement parfait) b) Déformation de la console 5, La déformation de la console en un point y quelconque sous I'effet des forces horizontales transmises par les arcs peut étre déterminée a l'aide du principe des travaux virtuels: 2004 LcH EPFL Barrages 113 MM’ ey . & TA ay SE ayes Q) E, 1 2 =2-(1+0,); pour vy =— => —2=2,333 G, (1+0,); pour vp 6° G, be! déformation radiale de la console (en un point y quelconque) M,,Q': moment, effort tranchant causé par la charge unitaire P= 1 en un point considéré MQ: — moment, effort tranchant causé par les charges réelles F: est la section réduite de la section rectangulaire admise pour le calcul. & est la part de la déformation qui résulte de I'élasticité du rocher de fondation. Elle est causée par la compression et la rotation de la fondation au pied de la console: 8 = 5, +aq-(h~y); 5, : déformation par compression du rocher au pied de la console; a, -(h- y) : déformation au point y par rotation de la fondation; hauteur du barrage: ¥: point de calcul de la déformation recherché. 6, et a, sont calculés a l'aide des équations de Vogt dérivées de la théorie d'élasticité tridimensionnelle: 6,26 Me, et cp Me, Oe a) Egvdy En-dy Exedy avec MQ, : moment, effort tranchant au pied de la console, dy: épaisseur du barrage au pied de la console, C\. CC; : coefficients sans dimensions qui dépendent de la forme de la fondation et de la console. Pour le calcul préliminaire on utilise souvent, comme déja mentionné - =2, rapport pour lequel les coefficients prennent les valeurs 3 C,=5.2,C,=08 et C,=20. La déformation de la console au point y est alors obtenue en appliquant le principe des travaux virtuels par l'équation suivante: EPFL. LcH 2004 114 Barrages-voutes 5(y)- Es = >. Ay, +S 4 SB. AY +5, +Eg +p (hy) Ey Sly) 12. ay 428. 22 ay 4) sty) Mea | (4) 5 1.6-M, { 3 +400,| In Les moments et efforts tranchants sollicitant la console peuvent étre exprimés en fonction de la répartition parabolique de la charge = f(y). La répartition parabolique de la charge p= f(y) peut étre estimée par la formule suivante =3-Bt4 PHP Y BH 4 ay PO)= Pit Cette relation permet d'obtenir facilement la charge de la console en sept sections horizontales réparties sur la hauteur du barrage en utilisant les valeurs du tableau ‘suivant P(y)=a,-P, +b, +P, +e,-P, oay 1.9000 0.0000 0.0000 tay 0.3750 0.7500 0.1260 2ay 0.0000 1.0000 0.0000 Say 0.1250 0.7500 0.3750 aay 0.0000 0.0000 1.0000 Bay 0.3750 -1.2500 1.8750 éay 4.0000 -3.0000 3.0000 Tay 1.8750 -5.2500 4.3750 Tableau 4.3: Répartition parabolique de le charge d'une console découpée en 7 sections horizontales Avec p(y), l'effort tranchant O(y) devient: 20) 2004 LcH EPFL Barrages 115, =p yt a Pit4Pr-Ps 3? Bi-2- PtP, 20) = PB ae ay 234 ay Cette équation décrit la répartition de leffort tranchant le long de la hauteur de la console. Le tableau suivant donne les valeurs de l'effort tranchant réduit Q(y)/Ay pour une console découpée en sept sections horizontales oay 0.0000 0.0000 0.0000 tay 0.6667 0.4167 -0.0833 2ay 0.8333 1.3333 -0.1667 3ay 0.7500 2.2500 0.0000 aay 0.6667 2.8667 0.6667 Say 0.8333 2.0833 2.0833 eay 1.5000 0.0000 4.5000 7ay 2.9167 4.0833 8.1667 Tableau 4.4; Répartition de l'effort tranchant réduit dans une console découpée en sept sections horizontales Le moment M(y) se calcule également en fonction de l'effort tranchant Q(y) et de la charge p(y): MQ) = JOW)-dy M(y)= Le tableau suivant donne les valeurs du moment réduit M(y)/Ay* pour une console découpée en sept sections horizontaies. 2a Pete ay? ay 0.0000 0.0000 0.0000 tay 0.3854 0.1458 0.0312 2ay 1.1667 1.0000 -0.1667 aay 1.9688 2.8125 -0.2613 aay 26667 5.3333 0.0000 say 3.3854 7.8125 113021 bay 4.5000 9.0000 4.5000 Tay 66354 7.1458 10.7188 Tableau 4.5: Répartition du moment réduit dans une console découpée en sept sections horizontales La déformation recherchée en chaque point de croisement s‘obtient en déterminant la sollicitation de la console sous une charge unitaire pour chaque point. Les EPFL LcH 2004 116 Barrages-voutes tableaux 4.6, 4.7 et 4.8 donnent la sollicitation de la console, soit le moment et l'effort tranchant 4 chaque point d'intersection sous une charge unitaire p = 1. oay tay 2ay 3ay aay say 6ay 7ay Nomsunso Je Tableau 4.6 : Répartition du moment et de I'effort tranchant sous une charge unitaire au point diintersection 1 (y=0) oay | 0 tay | 0 2ay | 0 aay | 4 aay | 2 Say | 3 ay | 4 vay | 5 Tableau 4.7: Répartition du moment et de effort tranchant sous une charge unitaire au point dintersection 2 (y=2Ay) y Moa Ay Tay 3 o tay oO oO 2ay 0 O ‘Say 0 0 4ay 0 4 ‘Say 1 1 6ay 2 1 Tay 3 1 Tableau 4.8: Répartition du moment et de I'effort tranchant sous une charge unitaire au point dintersection 3 (y=4Ay) 2004 LcH EPFL Barrages 417 Par la multiplication des valeurs des tableaux 4.4 et 4.5 avec celles des tableaux 4.6, 4.7 et 4.8, on obtient les expressions M'M' et QQ’ Le résultat de cette multiplication pour peut &tre déduit a partir des tableaux 4.9 a 4.11. SOO) aoe 7 + Boa Br + C00 ay y Boo Oay oO oO tay 0.6667 0.4167 -0.0833. 2ay 0.8333 1.3333 -0.1667 3ay 0.7500 2.2500 0.0000 4ay 0.6667 (2.6667 0.6667 Bay 0.8333 2.0833 2.0833 Gay 1.5000 0.0000 4.5000, Tay 2.9167 — -4.0833 8.1667 Tableau 4.9 : Facteur pour Q°Q'(y)/Ay au point d'intersection 1 (y=0) y Boo Oay o 0 ° tay 0 0 oO ay 0.8333 1.3333 -0.1667 Bay 0.7500 22500 0.0000 4ay 0.6667 2.6667 0.6667 Bay 0.8333 2.0833 2.0833 Ay 1.5000 0.0000 4.5000 Tay 29167 -4.0833 8.1667 Tableau 4.10 : Facteur pour Q:Q'(y)/Ay au point diintersection 2 (y=2Ay) y Soa ‘ay O 0 day 0 oO 2ay oO oO Say 0 oO aay 0.6667 2.6667 0.6667 ‘Say 0.8333 (2.0833 2.0833 bay 1.5000 0.0000 4.5000 Tay 29167-40833 8.1667 Tableau 4.11 : Facteur pour Q-Q'(y)/Ay au point dintersection 3 (y=4Ay) Avant l'intégration, chaque facteur des tableaux 4.9, 4.10 et 4.11 doit étre multiplié avec Ay”/F(y), qui varie sur la hauteur de la console. La somme de la forme est ensuite introduite dans I'équation des travaux virtuels. De la méme maniére, le résultat de la multiplication M-M'(y)/Ay° peut aussi étre déduit a partir des tableaux suivants (Tableaux 4.12 a 4.14). EPFL LcH 2004 118 Barrages-voutes MM (y) — = ‘ay? = Buy Ps + Daane “Po + Cre “Ps y Oay ° 0 tay | (0.3854 0.1458 -0,0312 2ay 2.0000 -0.3333 Bay 5.9062 8.4375 -0.8437 aay 10.6667 21.3333 0.0000 Say 16.9271 39.0625 6.5104 Gay 27.0000 54,0000 27.0000 Tay 46.4479 50.0208 75.0312 Tableau 4.12 : Facteur pour M'M'(y)/4y? au point d'intersection 1 (y=0) y Be Sune oay 0 0 0 tay 0 0 0 2ay 0 0 9 Bay 1.9687 28125 -0.2812 ay 5.3333 10.6667 0.0000 say 10.1563 23.4375 3.9062 Gay 48.0000 36,0000 18.0000 Tay 33.1771 36,7292 63.5937 Tableau 4.13 : Facteur pour M'M'(y)/4y* au point d'intersection 2 (y=24y) Y Baw Con oay 0 0 0 tay 0 0 0 2ay 0 0 0 Bay 0 0 0 aay ° 0 0 Say 3.3854 7.8125 1.3021 bay 9.0000 18,0000 9.0000 Tay 19,9063 21.4375 32.1562 Tableau 4.14 : Facteur pour MM'(y)/Ay* au point diintersection 3 (y=44y) Avant la sommation, chaque facteur des tableaux 4.12, 4.13 et 4.14 doit étre multiplié avec Ay‘/J(y), qui varie sur la hauteur de la console. La somme de la forme 72 MM" ¥ MM" 4 wd est ensuite introduite dans l'équation des travaux virtuels. Remarques: 4. En faisant lintégration a l'aide des tableaux 4.9 a 4.14, les facteurs au point y=7Ay doivent étre multipliés par Ay/2 et non Ay, du fait que la grandeur de Fintervalle diintégration est Ay/2 a I'intersection avec la fondation. 2. La largeur de la console et des arcs est unitaire (1 m) et donc les charges p, Q et M doivent étre calculées pour 1 m de largeur. 2004 LcH EPFL Barrages 119 Finalement, les déformations radiales de la console 4 chaque point d’intersection avec les trois arcs peuvent étre exprimées en fonction de la charge p Scr = S(PusP2»Ps) ca = Sa(Prs Pas Ps) ca = S(Prs Pr» Ps) ou Eq Bey =A, Py Oy Ps +443 -Py Eq Ser =n" Py + An" Pr +" Py (5) Eyes = yy Py + sy Pr + Oy * Py ¢) Détermination de la répartition de la poussée de l'eau entre les arcs et la console La poussée de l'eau est partagée dans une part supportée par les arcs et une part supportée par la console. Cette répartition est donnée par les équations suivantes: (re =Pe'9) Prt Pa = Pe(l)=0 d, ~~ Ry+ Prt a= PsQ2)=Ye wy BR 6) 4, _ Rt Pst Pas = PeQ)= Ke tay BX La compatibilité des déformations radiales aux trois points d'intersection résulte en trois équations avec trois inconnues p,, P; Ps Point dintersection 1 (y=0) : 2 Pas: —-— ek €a-8a1)= Br carr = Es -Sc1)= a44-Pi + a2 P2 +249 “Ps Pat =-Pi ” “Pi + 49° P2 + 849° Py = 0 Point diintersection 2 (y=2Ay ): EPFL LCH 2004 120 Barrages-voutes >R. 2 _— _— _ €e-842)= Bz PAR T2 = Ey -Bc2)= apr: Py +az0 Pa + An :Pe dz Paz = Pe(2)- Pz oy _ Re? > an +(e +fnRit). i Point d'ntersection 3 (y=4Ay) : [Re - = 8 Ee -8as)= Bs PALE = Ee -8cs)= 831:P 1+ 832 “Po + 8a5°Ps Pas = Pe(3)- Ps a3 = Pe(3)- Ps (9) - + Ri?) — 65 -R:? > ay Bits app +R") p= Pe(3) Is La solution de ce systéme de trois équations fournit les trois valeurs inconnues Prs Pr »Ps- a) Détermination des efforts tranchants et des moments dans la console Une fois la part de la poussée de l'eau supportée par la console déterminée, la répartition de effort tranchant et du moment sont calculés par les équations suivantes (répartition parabolique de la charge) : = -3-p; “Po-Ps Y2 pi-2-Po +Pa a(y)=5;-y+2SPt4Pe—Ps Y* , Bi-2-By +93 y” 8 Ay 24 ay?! 2 3b 4at 3 > o>a My) = 2 ,=S-Pit4 Po-Pa Yo Pi=2-Pp Pay" 2 “24 ay 96 ay? 4.5.3.5 _ Efforts et contraintes au pied de la console a) Contraintes a lac vide A lac vide, le poids propre du barrage-vottte est transféré vers le sol par les consoles (murs) seulement car le barrage se construit par tranches verticales indépendantes. Ces tranches ne sont rendues solidaires entre elles qu’a la fin des travaux par injection d'un coulis de ciment dans les joints. Cette opération, appelée le clavage de la voite, rend la structure hyperstatique. Durant la construction, le poids propre augmente peu a peu, mais agit toujours sur les mémes sections horizontales. II est donc logique de calculer l'effet du poids propre comme pour un barrage-poids. Les contraintes verticales au pied de la console (par metre de largeur) sous l'effet du poids propre avec les notations données a la figure 4.21 se calculent par 2004 LcH EPFL Barrages 124 P 6. P 6 Mp Svay = a” a2 Mp Mp: moment sous I'effet du poids propre Mp = Pen P: poids propre, qui s'applique au centre de gravité de la console en: excentricité du poids propre par rapport au centre de gravité de la console vam ym contraintes & l'amont ve 1 contraintes a aval wi Figure 4.21: Répartition des contraintes au pied de la console sous Veffet du poids propre b) Contraintes a lac plein Les contraintes a lac plein au pied de la console deviennent, selon les notations de la figure 4.22 : Mp —M, eR eaPiE vam, av = Me: moment sous I'effet de la poussée de l'eau : Me = M(7Ay=h) eg: excentricité du poids propre par rapport au centre de gravité de la console Figure 4.22: Répartition des contraintes au pied de /a console sous l'effet combing du poids propre et de la poussée de feau EPFL LCH 2004 122 Barrages-voutes 4.5.3.6 Efforts et contraintes dans les arcs Sous I'hypothése que la part de la poussée de l'eau supportée par un are est constante le long de celui-ci, les moments et les efforts normaux peuvent étre calculés a la clé et a la naissance de l'arc par les formules suivantes a) Clé de 'arc Effort normal Ne(¥)= Ba "R: Pa D 30° 35° 40° 45° 50° 55° 60° Rid 3 0.2675 0.3803 0.4957, 0.6024 0.6935, 0.7672 0.8245, _ 6 0.4912 0.6336 0.7438 0.8212 0.8759 0.9125, 0.9374 10 0.7008 0.8109 0.8794 09213 «0.9473 0.9637 0.9744 20 0.8961 0.9410 0.9647 0.9777 0.9854 0.9901 0.9930 40 0.9709 0.9841 0.9908 0.9942 0.9962 0.9974 0.9982 . Tableau 4.15 : Coefficient B,, pour le calcul de l'effort normal a la clé Moment Me) =Bm-R-d-Pa o 30° 35° 40" 45° 50° 55° 60" Rid 3 0.1885 0.2025 0.2030 0.1925 0.1751 0.1544 0.1933 - 6 0.2047 0.1907 0.1670 0.1414 0.1179 0.0977 0.0809 10 0.1760 0.1457 0.1178 0.0844 0.0762 0.0620 0.0509 20 0.1084 0.0816 0.0626 0.0480 0.0390 0.0316 0.0269 - 40 0.0567 0.045 0.0314 0.0245 (0.0195 0.0188 (0.0130 Tableau 4.16 : Coefficient Bm pour le calcul du moment a la clé b) Naissance de l'arc Effort normal Nu) =Bn-R-Pa ‘ ® 30" 35° 40° 450 50° 55° 60° : Rid 3 03656 0.4922 0.6131 0.7188 0.8030 0.8665 0.9122 - 6 05504 0.6999 0.8037 «0.8736. «0.9202 «0.9498 0.9687 10 0.7407 0.8451 0.9076 «0.9444 0.9661 0.9792 0.9872 20 0.9100 0.9517 0.9730 0.9842 (0.9908 0.9943 (0.9965 . 40 0.9748 0.9870 0,9828 «0.9959 0.9976 0.9985 0.9991 Tableau 4.17 : Coeffisient B, pour le calcul de effort normal é la naissance 2004 LcH EPFL

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