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Guy SERBAT
1. Pour tre exact, ce n'est pas le verbe qu'il convien
drait
d'tudier, mais le terme introducteur de l'interroga
tion.
Car, beaucoup plus librement que le franais, le
latin emploie dans ce rle un nom, ou un adjectif (1), ce
qui donne des noncs dont la traduction littrale serait
peu prs :
.... "le souvenir o il tait all ....
ou "assur quand il devrait partir".
D'autres langues connaissent cette libert, le hongrois
par ex. d'aprs J. Kelemen (2). Mais on laissera de ct
ce problme de distribution : c'est moins la classe du
terme introducteur qui importera que sa charge smant
ique.
2. Pour dcrire l'interrogation indirecte, on part assez
naturellement de l'interrogation directe, qui implique,
dit-on, une attitude "percontative" du locuteur, c'est-dire une demande d'information de sa part. Il est certain
qu'une interrogation directe peut toujours tre extraite
d'une interrogation indirecte. Mais cette possibilit
formelle ne doit pas induire croire que le questionneur
s'identifie au locuteur, comme on verra plus bas. D'autre
part, "interroger"
incertitude"
sur une
implique
donnefondamentalement
quelconque; ce n'est
"doute,
pas
toujours un acte de parole tel qu'il mette en demeure
un allocutaire de fournir une rponse. Cette dernire
interprtation n'est que l'un des effets de sens peuttre le plus frquent qu'autorise le tour interrogatif;
effets de sens nombreux et subtils, comme l'a montr
si bien Grard MOIGNET en 1966 (3).
Quoi qu'il en soit de ces rserves, dont on mesurera plus
loin les consquences, l'usage constant est de driver
l'interrogation indirecte partir de l'interrogation
directe, en appliquant quelques rgles simples de tran
sformation
: perte du trait prosodique, prsence (quasi)obligatoire d'un mot "interrogatif", contraintes modales
et temporelles.
(1) Voir les quelques exemples cits par Khner et Stegmann,
Ausfhrliche Grammatik ... Il, 2, 488.
(2) J. KELEMEN, La question indirecte la lumire de la des
cription
contrastive, dans Le Franais moderne, 45, 1977, 144145.
(3) Grard MOIGNET, Esquisse d'une thorie psycho-mca
nique
de la phrase interrogative, dans Langages, 3, 1966,49-71.
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