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Avocat à la cour
40 rue d’Angiviller 78000 VERSAILLES
Tel : 01.39.53.11.65 / Fax : 01.39.51.48.19
e-mail : p.levy.avocat@wanadoo.fr
C 574
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N.RF A RAPPELER :
PAVLOV/92
Ayant pour Avocat, Maître Pascal LEVY, du Barreau de VERSAILLES, demeurant : 40 rue
d’Angiviller 78000 VERSAILLES – Tél. 01.39.53.11.65 – Fax : 01.39.51.48.19
CONTRE : Le préfet des Hauts de Seine ayant refusé le renouvellement d’un récépissé de demande
de titre de séjour
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PLAISE A MADAME OU MONSIEUR LE PRESIDENT DU TRIBUNAL ADMINISTRATIF
Il s’est marié le 3 mars 2010 avec Madame Oksana MELNYCHUK qui est titulaire d’une carte de
résident de 10 ans et est mère d’un enfant français André.
Monsieur PAVLOV participe à l’éducation du jeune André qui est de 4ans et qui vit avec le couple.
Le requérant a donc sollicité la délivrance d’un titre de séjour sur le fondement de l’article L313-11-7°
et à titre subsidiaire l’article L.313-14 du CESEDA au vu de la durée de sa présence en France auprès
de la Préfecture du Val d’Oise demeurant alors à Vauréal.
Le requérant déménageait au mois de février et sollicitait le transfert de son dossier auprès des services
préfectoraux des Hauts de Seine.
Il s’est présenté également des services préfectoraux du Val d’Oise qui l’invitaient à se présenter
auprès de la préfecture des Hauts de Seine (pièce n°6).
Le requérant adressait un courrier recommandé le 4 mars 2010 rappelant sa situation et le refus qui lui
avait été opposé d’instruire sa demande de titre de séjour (pièce n°4).
Monsieur PAVLOV était titulaire d’un récépissé qui expirait le 30 avril 2010.
Le requérant saisissait le 24 avril 2010 par l’intermédiaire de son Conseil le Préfet des Hauts de Seine
de cette difficulté et sollicitait le transfert de son dossier et la délivrance d’un récépissé.
Compte tenu de sa situation, de l’absence de renouvellement de son récépissé sans qu’aucune décision
ne lui soit notifiée et du refus d’examen de sa situation Monsieur PAVLOV saisit votre juridiction
d’une requête en référé liberté sur le fondement de l’article L. 521-2 du Code de Justice
Administrative.
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II- DISCUSSION
« Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes
mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une personne morale de
droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d'un service public aurait porté, dans
l'exercice d'un de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale. Le juge des référés se
prononce dans un délai de quarante-huit heures. »
Cet article établit donc la possibilité offerte au Juge des référés de mettre fin à toute atteinte grave et
manifestement illégale à une liberté fondamentale, dès lors que la demande formulée est motivée par
l’urgence.
La présente requête tendra à démontrer que les conditions de cet article sont remplies en l’espèce, et
que le Juge des référés ne pourra que faire droit aux demandes de Monsieur PAVLOV.
L’article précité établit que le demandeur doit justifier d’une urgence afin que le Juge des référés
puisse ordonner « toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d’une liberté fondamentale ».
Il y a urgence pour Monsieur PAVLOV à se voir mis en possession d’un nouveau récépissé de
demande de titre de séjour et de voir réexaminer sa situation.
En ne délivrant pas ce récépissé au requérant, celui-ci peut à tout moment dans le cadre d’un contrôle
d’identité être placée en garde à vue puisqu’il ne peut justifier de sa situation régulière alors qu’il a
effectué régulièrement une demande de titre de séjour et qu’il avait était mis en possession sans
difficultés de ce document par la Préfet du Val d’Oise.
Par ailleurs ne pouvant plus justifier de son séjour régulier en France il est privée de sa couverture
sociale.
Il ne peut bien sûr pas non plus justifier d’une autorisation de travailler.
A toutes fins utiles, il sera rappelé que la précarité caractérise l’urgence. (voir notamment CE, Juge
des référés, 15 septembre 2006, Inédit au Recueil Lebon n°296576).
Le Conseil d’Etat dans un arrêt du 12 novembre 2001 (Ministère de l’Intérieur c/ Mlle Zhor Bechar n°
239794) considère que la situation précaire imposée à une requérante qui ne s’est pas vue délivrer de
récépissé crée une situation d’urgence au sens de l’article L 521-2 du CJA.
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En matière de refus de renouvellement de titre de séjour ou de retrait de titre de séjour, le Conseil
d’Etat dans un arrêt du 14 mars 2001 (Ministère de l’Intérieur c/ Madame AMEUR n° 229773) mais
également dans une décision du 25 juin 2003 Mademoiselle AHMADA n° 257835 relève que « la
condition d’urgence soit en principe constatée dans le cadre d’un refus de renouvellement de
titre de séjour comme d’ailleurs d’un retrait de celui-ci. »
En l’espèce la loi prévoit la délivrance d’un récépissé sans possibilité d’appréciation par le Préfet
jusqu’à l’édiction d’une décision d’octroi d’un titre de séjour ou de refus.
Monsieur PAVLOVvoit mis à mal son droit à la liberté d’aller et venir compte tenu de l’attitude de
l’administration.
Figure au nombre de ces libertés fondamentales, la liberté individuelle et la sûreté, la liberté d'aller et
venir (CE, 27 mars 2001, no 231735, Djalout)
Il est rappelé que l’encadrement de l’entrée et du séjour des étrangers relève de la liberté d’aller et
venir.
Il est ainsi porté également atteinte à cette liberté d’aller et venir qui est considérée, par nature, comme
une liberté fondamentale par le Conseil Constitutionnel (depuis décision du 22 avril 1997, n°97-
389DC rendue lors de l’examen de la loi Debré portant diverses dispositions relatives à
l’immigration).
Il appartient ainsi également aux autorités disposant de prérogatives de puissance publique d’opérer
cette conciliation entre la sauvegarde de l’ordre public et la liberté d’aller et venir de toute personne
résidant sur le territoire Français.
Il a ainsi été admis par le Conseil d’Etat que la liberté d’aller et venir est une liberté fondamentale au
sens de l’article L.521-2 du Code de Justice Administrative et qu’une atteinte était portée à celle-ci
lorsqu’on ne permettait pas à une personne en situation régulière de justifier de la régularité de son
séjour.
En effet, dans un arrêt en date du 7 mai 2003, le Conseil d’Etat dispose que :
« Considérant que Mlle X qui a d’abord séjournée régulièrement en France en qualité d’enfant
mineur d’un étranger titulaire d’une carte de résident puis a demandé, dans le délai prévu par
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le décret du 30 juin 1946, la délivrance d’un titre de séjour, n’a pas cessé d’être en situation
régulière ; qu’en la privant de tout document lui permettant d’établir la régularité de sa
situation, l’administration a porté une atteinte grave et manifestement illégale à plusieurs des
libertés fondamentales reconnues aux étrangers en situation régulière et notamment à sa liberté
d’aller et venir »
(CE, 7 mai 2003, n°250002, Inédit au Recueil Lebon)
L’arrêt du Conseil d’Etat précité du 12 novembre 2001 relève qu’en privant une requérante de
document lui permettant d’établir la régularité de sa situation, l’administration a porté une atteinte
grave et manifestement illégale à plusieurs libertés fondamentales reconnues aux étrangers en situation
régulière et notamment à sa liberté d’aller et venir.
Sur l’erreur de droit tirée de la violation des dispositions des articles R 311-4 du CESEDA :
R 311-4 « Il est remis à tout étranger admis à souscrire une demande de première délivrance ou de
renouvellement de son titre de séjour un récépissé qui autorise la présence de l’intéressé sur le
territoire pour la durée qu’il précise ».
Le requérant a bien été admis a souscrire une demande de titre de séjour un récépissé lui ayant été
remis par les services préfectoraux du Val d’Oise.
De manière purement arbitraire le Préfet des Hauts de Seine refusait de renouveler son récépissé de
demande de titre de séjour au requérant.
Saisie d’une demande de titre de séjour, l’administration ne peut – sauf si elle statue
immédiatement sur cette demande, ce qui n’est pas le cas – refuser de délivrer un récépissé qui
vaut autorisation provisoire de séjour (TA Paris, 3 mars 1997, n° 9206940/4, Charif).
Il apparaît donc que le refus de délivrance de récépissé constitue bien une atteinte manifestement
illégale à la liberté d’aller et venir du requérant, cette décision violant les dispositions précitées.
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- ENJOINDRE à la Préfète des Hauts de Seine de délivrer dès le prononcé de la décision et
sous astreinte de 150 euros par jour de retard un récépissé de demande de titre de séjour à
Monsieur PAVLOV.
- CONDAMNER l’Etat à payer une somme de 1.500 euros sur le fondement de l’article L.761-
1 du Code de Justice Administrative à Monsieur PAVLOV,
- DIRE et JUGER que la décision à intervenir sera exécutoire dès son prononcé, en application
de l’article L.722-14 du Code de Justice Administrative.
SOUS TOUTES RESERVES, notamment de mémoires ultérieurs et des observations et des pièces
qui seront présentées à l’audience publique expressément sollicitée qu’il plaira au Tribunal de fixer,
dont le requérant et son Conseil demandent à être informé.
Il est encore expressément demandé communication des mémoires et pièces en défense qui
seraient produits.
Pascal LEVY