Activité A – La crise de recrutement des syndicats
Questions 1. Faites une phrase exprimant la signif ication de la donnée entourée 2. Calculez l'évolution du taux de syndication entre 1950 et 2006. Que constatez- vous ?
3. Comment l'augmentation du chômage et de la précarité de l'emploi peut-elle
expliquer cette baisse de la syndicalisation ?
Activité C – Quel avenir pour le syndicalisme
Avec un taux de syndicalisation global de 8% et de 5% seulement dans le secteur privé, le
syndicalisme français ressemble à l'homme malade de l'Europe. Cette faiblesse est accentuée par l'éclatement du paysage syndical français, qui voit vingt cinq confédérations disposer de la présomption irréfragable1 de représentativité : la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, la CGT et FO... L'avenir des syndicats français passe par l'élargissement de leur base et par la diversif ication des services qu'ils offrent aux salariés. L'augmentation du nombre de personnes syndiquées ne se décrète pas. Dans les pays nordiques, où le taux de syndication atteint 80%, les syndicats offrent plusieurs services à leurs adhérents. Ils participent à l'identif ication des besoins de formation. Ils accompagnent l'évolution des compétences des salariés en dispensant eux-mêmes une partie des formations. Ill négocient les salaires et ont su résister aux tentatives visant à décentraliser les négociations au niveau de l'entreprise, qui est le plus défavorable aux salariés. Ils offrent des avantages par les accords qu'ils concluent et dont le bénéfice est réservé à leurs seuls membres. Autant de pistes qui pourraient nourrir la réflexion actuelle sur l'avenir du syndicalisme français. Cyril Coulet, Les Echos, 5 janvier 2007 Questions 1. En quoi l'éclatement du paysage syndical peut-il expliquer les difficultés du syndicalisme français ? 2. Quels sont les services rendus par les syndicats nordiques à leurs adhérents ? 3. La crise du syndicalisme français est-elle inéluctable? 4. Comparez ces situations avec celle de votre Pays.
1 Que l'on ne peut pas refuser
Point info Le syndicalisme en France
Le syndicalisme est issu des groupements corporatifs (métiers, compagnonnage...) des
sociétés modernes et médiévales. Ces groupements sont interdits par la loi Le Chapelier de 1791 et subissent une répression opiniâtre lors de la première révolution industrielle. Mais en 1864, la loi Ollivier abolit le délit de coalition et autorise de fait le droit de grève. Les syndicats ne sont cependant légalisés qu'en 1884 avec la loi Waldeck-Rousseau, qui comporte encore plusieurs restrictions. En particulier, le syndicalisme est toujours interdit dans la fonction publique. Des syndicats patronaux se créent sur cet exemple. Dès lors, le syndicalisme tend à embrasser l'ensemble de la société du travail et affche des objectifs politiques : la CGT est créée en 1895, au congrès de Limoges. Le syndicalisme français, dit d'action directe, est caractérisé par ses velléités révolutionnaires et d'indépendance vis-à-vis des partis politiques. Ces principes sont affrmés lors du congrès de la CGT d'Amiens en 1906 (charte d'Amiens). Après la Grande Guerre, une partie du syndicalisme se rallie aux idées socialistes puis communistes, alors qu'une minorité s'oriente vers le réformisme. Ainsi la CFTC, de tradition chrétienne européenne, créée en 1919, apporte une réponse en contrepoids de la tradition marxiste. Lors du Régime de Vichy la conception corporatiste de l'organisation du travail est mise en avant et divise le monde syndical. Un dirigeant de la CGT, René Belin devient ministre de la Production Industrielle et du Travail du Maréchal Pétain en juillet 1940. Dans les années 1940 est créé la CGC, syndicat sectoriel composé d'une multitude de syndicats professionnels locaux (d'ingénieurs essentiellement - Mines, Ponts, métallurgie, électricité...). La promulgation en 1941 de la Charte du Travail organise la dissolution des organisations syndicales existantes et la création de syndicats uniques par corporation. La majeure partie des syndicalistes s'organisent alors clandestinement. Les libertés syndicales sont rétablies par une loi du 27 juillet 1944 et les confédérations dissoutes sont recréées. En 1948, un courant sécessionniste de la CGT, réformiste et opposé à la domination du Parti communiste français sur la CGT, crée la CGT-FO. En 1964, la CFTC par déconfessionnalisation devient la CFDT, une nouvelle CFTC - dissidente - est créée par des militants qui refusent la déconfessionnalisation. En 1992, le mouvement « autonome », comportant principalement des syndicats qui, en 1947, avaient refusé de choisir entre la CGT et FO, s'organise dans l'UNSA. Les grandes organisations sont confédérées par rassemblement de fédérations syndicales qui regroupent elles tous les syndicats d'une même profession, et d'unions interprofessionnelles locales qui regroupent tous les syndicats d'une ville ou d'un département autour de la Bourse du travail. Il ne faut donc pas confondre syndicat (par exemple le syndicat des charpentiers de la Seine) et organisation syndicale (par exemple la CGT, ou la CFDT). Si, aujourd'hui, les grandes organisations syndicales sont moins puissantes, les syndicats sont encore présents dans la réalité du travail, même s'ils ont perdu une grande partie de leur assise tertiaire depuis les années 1970. Du fait de la fxation de seuils par effectifs, des risques de se syndiquer et d'une désaffection générale, seul un salarié sur deux est amené à élire des représentants. La participation aux élections professionnelles (63,8% en moyenne en France) est un baromètre de représentativité qui permet aux syndicats de peser dans les négociations avec les employeurs. Ce déclin est dû à la crise de l'industrie (bastion syndical), une insuffsante prise en compte du secteur tertiaire et des PME par les syndicats, la privatisation d'entreprises, un phénomène d'externalisation, l'insuffsante prise en compte du travail féminin, la chute du communisme et la division syndicale. Alors que le taux de syndicalisation dans le secteur privé est à peine supérieur à 5% (alors que les autres pays européens sont aux alentours de 30, voire 50%), la France a un paysage syndical divisé, constitué de cinq confédérations qui bénéfciaient d'une présomption irréfragable de représentativité jusqu'à la loi du 20 août 2008 (CGT, CFDT, Force ouvrière, CFTC et CFE-CGC) ainsi que trois autres organisations non représentatives de droit (l'UNSA, la FSU et l'Union syndicale Solidaires dont font partie entre autres les « SUD »). D'après le ministère du travail, 8 % des travailleurs français sont syndiqués en 2003. D'après une étude du ministère du travail sur la syndicalisation (DARES, octobre 2004), le taux de syndicalisation dans les entreprises de moins de 50 salariés est de 3,5 % (contre 5,2 % dans le secteur privé) ; il n'est que de 2,4 % chez les salariés en CDD ou en intérim (contre 9,5 % chez les salariés en contrat à durée indéterminée et à temps complet). Selon un sondage TNS Sofres de décembre 2005, les causes de non- syndicalisation sont : pour 38 %, le sentiment que les syndicats ne comprennent pas leur problème pour 36 %, la peur de représailles de leur direction pour 34 %, la division syndicale (80% des sondés estimant qu'il y a trop de syndicats en France)