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Faculté de Droit
Année universitaire 2008-2009
L1 – Droit civil
Séance n° 1 : Le commencement de
la personnalité juridique
Equipe pédagogique : Annélie Deschamps,
Aurore Portefaix, Rémi Portes, Stéphane
Darmaisin
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La Cour :
- Sur le moyen unique, pris en ses trois branches :
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.Attendu que selon les énonciations de l'arrêt attaqué
(Lyon, 7 octobre 1976), dame Roy, institutrice au
"Cours Saint-Marthe", établissement privé
d'enseignement catholique lié à l'Etat par un "contrat
simple", a été, le 3 septembre 1970, licenciée de ses
fonctions en raison de son remariage après divorce ;
. qu'elle a obtenu une indemnité pour brusque renvoi
mais a été débouté de sa demande en réparation du
dommage résultant du caractère abusif de son
licenciement ;
Le commentaire d’arrêt est un exercice juridique dont l’importance est accentuée par la place
et le rôle essentiel de la jurisprudence dans le droit français.
Même s’il existe de nombreuses manières de traiter un commentaire d’arrêt, dans tous les cas,
la démarche emprunte un triple itinéraire :
Dans l’absolu, un commentaire d’arrêt se présente sous la forme d’un devoir comportant une
introduction et surtout un plan destiné à traduire l’opinion qu’a le commentateur de la
décision. Pour se rendre compte de ce que cela peut représenter, il peut être fort instructif de
prendre connaissance d’un commentaire d’arrêt publié dans une revue juridique (Dalloz ou
JCP G par exemple). Cette démarche très (trop ?) difficile pour des étudiants de première
année. Vous devez en effet acquérir auparavant certains réflexes, vous familiariser avec la
lecture d’arrêts ou de décisions et parvenir à correctement « disséquer » les prétentions des
parties au litige.
La méthode qui vous est proposée cette année pour l’étude des arrêts en droit civil ne sort pas
du triptyque évoqué ci-dessus. Elle reste cependant très formelle dans le but pour vous
apprendre à avoir les bons réflexes face à des arrêts ou des décisions de justice.
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Attention : Un commentaire d’arrêt n’est nullement une redite de cours : l’arrêt n’est pas
un prétexte pour réciter votre cours mais votre cours doit être le support de votre réflexion 4
personnelle. Dans cette perspective, il est impératif de comprendre l’arrêt, de cibler les
arguments qui ont été soumis aux juges sans les confondre avec la solution de droit dégagée
par ces mêmes juges. Il vous appartient d’apprécier ces arguments et de dégager la solution de
droit qu’ils appellent. Il faut enfin tenter de comprendre si la solution retenue par les
magistrats est conforme aux solutions classiques, aux positions de la doctrine, aux attentes de
la société … Dans cet objectif, il vous appartiendra de finir votre commentaire en prenant
position pour ou contre la solution. Cette dernière tâche n’aura de sens que si vous prenez soin
d’argumenter vos positions tant en droit qu’en vous référant à des arguments extra-juridiques :
facteurs politiques, historiques, économiques, sociologiques, moraux …
La méthode qui vous sera proposée cette année a été élaborée il y a plusieurs années par le
Professeur J. M. Mousseron et présente l’avantage de vous permettre de maîtriser
progressivement les étapes du commentaire d’arrêt. Elle ne comporte pas d’introduction mais
deux parties :
I : L’analyse de la décision
II : Le commentaire de la solution.
I : Analyse de l’arrêt
Par ailleurs, devant la juridiction saisie, chaque plaideur aura développé une argumentation
pour convaincre le juge du bien fondé de ses positions. Le litige portant en principe sur un
problème juridique précis, il vous appartiendra donc de l’identifier en prenant soin d’isoler les
arguments des plaideurs. Dans cette première partie, quatre temps doivent donc être
distingués :
A : Les faits
B : Les prétentions des parties
C : Le problème de droit
D : La solution de droit
A : Les faits
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faits matériels qu’il considère comme les plus importants. Il arrive parfois que certains faits ne
soient pas expressément mentionnés dans la décision commentée mais puissent se déduire de 5
sa lecture.
b : Exemple :
Le 20 mars 2003 : Adhémar achète un vélo.
Le 21 mars 2003 : Adhémar assure son vélo.
Le 27 mars 2003 : Adhémar est victime d’un accident de vélo provoqué par le chien d’Agathe
et ce alors qu’il roulait sur un trottoir.
c : Le style retenu pour la présentation des faits doit être à la fois clair et concis. L’objet de
cette partie du commentaire n’est pas de faire de belles phrases mais de faire preuve
d’efficacité : des phrases simples, un style actif plutôt que passif, une sélection des faits
importants.
Dans l’exemple donné ci-dessus, le fait qu’Adhémar ait porté un casque ou non peut avoir
son importance dans le litige. En revanche, le fait que le scooter ait été acheté avec son
premier salaire n’aura sans doute pas sa place dans l’exposé des faits.
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demandé de les présenter sous forme de tableau en opposant les arguments du demandeur puis
ceux du défendeur. Il est précisé que le demandeur sera nécessairement celui qui a assigné. 6
C : Le problème de droit
Le problème de droit est la question qui, dès que l’on y aura répondu, permettra de donner une
issue au litige. Cette question est en principe formulée de manière très générale d’où la
nécessité d’employer les termes les plus génériques possibles.
Le problème de droit doit correspondre aux deux derniers arguments que s’opposent les
parties (cf. le tableau ci-dessus). Lorsque l’analyse est bien faite, il suffit de mettre ces
arguments sous forme interrogative et le problème de droit est alors identifié. Si vous n’y
parvenez pas, c’est souvent le signe d’une mauvaise décomposition des prétentions des
parties.
Exemple : Le propriétaire d’un chien est il responsable des dommages causés par celui-ci
lorsque la victime est un cycliste qui circulait sur un trottoir ?
D. La solution de droit
Cette solution de droit doit être la réponse au problème de droit que vous aurez posé dans le
« C » (cf. ci-dessus). Si ce n’était pas le cas, deux explications sont envisageables :
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- Vous vous trompez dans l’identification de la solution de droit. L’une des erreurs que
l’on commet en première année de droit est de confondre les moyens au pourvoi 7
(c’est-à-dire les prétentions des parties) et la solution dégagée par les juges. Seule la
multiplication des études d’arrêt permet de remédier à ce type d’erreur.
Exemple : à la question posée (Le propriétaire d’un chien est il responsable des dommages
causés par celui-ci lorsque la victime est un cycliste qui circulait sur un trottoir ?) la Cour
pourrait par exemple répondre :
« Attendu que si, en application de l’article 1385 du Code civil le propriétaire d’un animal
est responsable du dommage causé par celui-ci, la faute de la victime, lorsqu’elle est
assimilable à un cas de force majeure, peut exonérer le propriétaire de sa responsabilité. »
II : Commentaire de l’arrêt
A : Comprendre la solution
1°) En elle-même
a : Par la définition
Vous avez ici la charge d’expliquer les notions et concepts qui sont utilisés dans la solution de
droit retenue par les juges. Dans notre exemple, il faudra donc définir juridiquement (cf. les
mots en gras ci-dessus dans la solution de droit) :
- le propriétaire
- l’animal
- responsable
- faute
- dommages
- force majeure
- exonérer
- victime
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b : par la synthèse
Une fois cet exercice de définition opéré, vous livrerez une synthèse de la solution de droit
retenue : cet effort de synthèse qui consiste tout simplement à formuler différemment la
solution de droit est destiné à vérifier que vous avez bien perçu le sens de la décision étudiée.
Exemple : Lorsqu’un cycliste est victime d’un dommage causé par un animal appartenant à
un tiers, la responsabilité de ce dernier ne sera pas engagée s’il est possible de prouver que
la faute éventuelle de la victime était assimilable à un cas de force majeure.
Il est très important d’apprendre à situer une décision jurisprudentielle dans le temps :
ancienne, il est possible – bien que ce ne soit pas une certitude – qu’elle ait été depuis remise
en cause soit par la loi soit par un revirement de jurisprudence. A l’opposé, elle peut toujours
être valable et donner des indications précieuses pour les litiges à venir. La décision peut être
classique (on parle de jurisprudence constante) ou au contraire être novatrice (les juges
n’avaient jamais été questionnés sur ce point) voire emporter revirement de jurisprudence.
Elle peut créer une divergence entre les différentes chambres de la Cour de cassation ou
encore mettre fin à une résistance des juges du fond, elle peut avoir entraîné une modification
législative …
Remarque : Situer une décision dans le temps et dans le « débat » juridique n’est pas toujours
une chose aisée. Il faut donc très rapidement apprendre à se servir du Code civil pour parvenir
à cette tâche.
La recherche des domaines voisins de la décision est une tâche délicate et pourtant essentielle.
L’exercice qui est ici demandé impose d’identifier le domaine propre de l’arrêt mais
également de voir quelles sont les solutions retenues dans des domaines voisins.
Exemple :
- Domaine propre : Lorsqu’un cycliste est victime d’un dommage causé par un animal
appartenant à un tiers, la responsabilité de ce dernier sera-t-elle engagée s’il est
possible de prouver que la faute éventuelle de la victime était assimilable à un cas de
force majeure ?
- Domaines voisins :
o Lorsqu’un automobiliste est victime d’un dommage causé par un animal
appartenant à un tiers, la responsabilité de ce dernier sera-t-elle engagée s’il
est possible de prouver que la faute éventuelle de la victime était assimilable à
un cas de force majeure ?
o Lorsqu’un piéton est victime d’un dommage causé par un animal appartenant
à un tiers, la responsabilité de ce dernier sera-t-elle engagée s’il est possible
de prouver que la faute éventuelle de la victime était assimilable à un cas de
force majeure ?
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o Lorsqu’un cycliste est victime d’un dommage causé par un enfant, la
responsabilité des parents sera-t-elle engagée s’il est possible de prouver que 9
la faute éventuelle de la victime était assimilable à un cas de force majeure ?
o Lorsqu’un cycliste est victime d’un dommage causé par un élève, la
responsabilité de l’enseignant sera-t-elle engagée s’il est possible de prouver
que la faute éventuelle de la victime était assimilable à un cas de force
majeure ?
o Lorsqu’un cycliste est victime d’un dommage causé par la ruine d’un
bâtiment appartenant à un tiers, la responsabilité de ce dernier sera-t-elle
engagée s’il est possible de prouver que la faute éventuelle de la victime était
assimilable à un cas de force majeure ?
o Lorsqu’un cycliste est victime d’un dommage causé par un animal appartenant
à un tiers, la responsabilité de ce dernier sera-t-elle engagée en présence
d’une faute de la victime sans qu’elle soit pour autant qualifiée de cas de
force majeure ?
A chacune de ces interrogations, il conviendra d’apporter une réponse qui devra être
argumentée (par une référence à un texte, à une jurisprudence, à une prise de position de la
doctrine …). Dans cette tâche, le Code civil vous sera d’une aide précieuse. C’est notamment
lui qui vous aidera à identifier certains domaines voisins et les réponses à apporter.
B : Expliquer la solution
Sans donner votre avis, vous vous efforcerez dans cette partie de rappeler les différents
éléments que l’on peut faire valoir pour ou contre la solution. Il s’agira d’arguments
juridiques et d’arguments en opportunité (morale, économie, histoire, sociologie, logique,
politique …)
Pour présenter vos développements vous veillerez à retenir la structure suivante :
Ce « B » tient une place très importante dans le commentaire d’arrêt. C’est lui qui va
permettre de révéler les facultés de réflexion et d’analyse de l’étudiant. Il devra donc être
construit de manière très rigoureuse étant précisé que ce n’est pas parce qu’une solution a été
retenue par la Cour de cassation qu’il n’est pas permis de ne pas être d’accord avec elle.
C : Apprécier la solution
Dans ce dernier développement, après avoir pesé le pour et le contre, il vous est demandé ce
que vous pensez personnellement de la solution. Vous pourrez par exemple contester
l’application d’un texte à un cas d’espèce ou appeler de vos vœux une intervention législative.
Aucune conclusion n’est exigée. L’étudiant procèdera enfin à une relecture pour supprimer les
coquilles et autres scories.
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Remarque générale : Lorsque vous citez une norme (loi, règlement …), une solution
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jurisprudentielle ou une position doctrinale, il faut toujours faire preuve de rigueur et en
donner les références précises de manière à ce que le lecteur puisse les retrouver.
Votre commentaire d’arrêt devra donc impérativement faire apparaître les intitulés suivants :
I : Analyse de l’arrêt
A : Les faits
1°) Les faits matériels
2°) Les faits judiciaires
B : Prétentions des parties
C : Le problème de droit
D. La solution de droit
II : Commentaire de l’arrêt
A : Comprendre la solution
1°) En elle-même
a : Par la définition
b : par la synthèse
2°) Par rapport au temps
3°) Par rapport aux domaines voisins
B : Expliquer la solution
1°) Arguments juridiques
a : Arguments pour
b : Arguments contre
2°) Appréciation en opportunité
a : Arguments pour
b : Arguments contre
C : Apprécier la solution
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