You are on page 1of 3

Quelles dynamiques territoriales demain ?

Regard sur le volet intercommunal du projet de loi de réforme des


collectivités territoriales

Séminaire, organisé par l’ADELS et l’UNADEL le 11 février 2010 à la CDC (Paris).


Les travaux de la matinée se sont concentrés sur les changements touchant le binôme commune /
intercommunalité. Ceux de l’après-midi ont concerné la situation des pays et leurs liens avec
l’intercommunalité (surtout le niveau des communautés de communes). Des séminaires ultérieurs
seront consacrés aux autres volets de la réforme des collectivités.
Participants :
- Assemblée des communautés de France,
- Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale (ADELS),
- Association de promotion et de fédération des pays,
- Coordination nationale des conseils de développement,
- Fédération des parcs naturels régionaux de France,
- Union nationale des acteurs et des structures du développement local (UNADEL).

Vers une démocratisation de l’intercommunalité


Cette démocratisation est rendue nécessaire par la montée en puissance des intercommunalités comme
lieux de pouvoir, comme territoires, comme institutions devant rendre des comptes (elles lèvent
l’impôt). Aujourd’hui, beaucoup d’assemblées intercommunautaires sont peu politisées (pour certains,
c’est ce qui fait leur force).
Aujourd’hui, les conseillers communautaires sont désignés au sein des conseillers communaux et leur
nombre et répartition font l’objet d’accord entre les villes. La réforme prévoit leur l’élection au
suffrage universel. Si les modalités posent problèmes (différents modes d’élection, absence de
paritarisme, etc.), cette réforme a au moins l’avantage de conserver des conseillers communautaires -
conseillers communaux.
Exemples de modalités techniques de la réforme :
- Chaque commune membre a au moins un délégué communautaire,
- Aucune ville ne peut être avoir plus de la moitié des délégués communautaires,
- Le nombre de vice-présidences est limité à 15 et peut être porté au minimum à 4,
Selon certaines projections, le nombre de conseillers communautaires en France passerait d’environ
91 000 à 72 000 et celui de vice-présidents communautaire chuterait de moitié. La réforme pousserait
de façon sous-jacente les intercommunalités vers les villes-centres.
Pour l’achèvement et la rationalisation de la carte intercommunale
Les EPCI à fiscalité propre englobent 95% des communes et 89% des Français.
Principales critiques lancées contre la carte intercommunale actuelle :
- beaucoup d’EPCI de faible envergure, dichotomie entre le milieu urbain et le milieu rural,
- cas atypique de la région francilienne (peu d’intercommunalités),
- discontinuités territoriales,
- persistance des SIVU, SIVOM et syndicats mixtes.

La réforme prévoit une couverture intégrale du territoire par les intercommunalités en plusieurs étapes:
- Jusqu’en 2011 : les collectivités proposent des schémas de couverture intercommunale
- Par la suite, le préfet fait ses propositions
- Dès 2014 : le préfet peut intégrer de force une commune dans un EPCI.
Le préfet devient un organisateur de restructuration intercommunale.

Débats et échanges avec le public


Vers une simplification institutionnelle locale ?
Alors que cette loi devait simplifier le « millefeuille » institutionnel local, elle le complexifie en
introduisant la commune nouvelle, la métropole, le pôle métropolitain.
Cette réforme entraîne une recomposition du pouvoir entre les élus des différents niveaux
institutionnels.

Quel avenir pour la commune face à l’intercommunalité ?


La réforme questionne en profondeur les rapports entre la commune et l’intercommunalité, leur
articulation, la prééminence de l’une sur l’autre. Aucune réponse de fond n’est donnée. Certains se
demandent si la ville tend à devenir une simple circonscription électorale. D’autres craignent de voir
les débats de la ville-centre polluer les conseils communautaires.
L’intercommunalité est-elle une représentation des citoyens ou une émanation des villes ? Le choix de
l’élection ou de désignation des conseillers communautaires a une haute charge symbolique.
Le positionnement des élus communaux est clairement interrogé. Comment vont-ils agir et réagir,
surtout lors des élections : en représentants de leurs villes ou du territoire intercommunal ?

Une réforme portée par quelle philosophie ?


Il est noté et reproché le peu de place laissé aux citoyens, en termes de consultation et d’information,
au risque d’accroître le fossé entre le politique et le citoyen.
Mais ce qui laisse vraiment perplexe, c’est le caractère très technique de ces lois et la fragmentation de
ces réformes qui portent pourtant sur des sujets politiques de grande envergure : places, rôles,
compétences et politiques publiques menées par les collectivités territoriales. Il est complètement
anormal que la suppression de la TP ait été votée avant et sans lien la réflexion sur les compétences.
Dans ces conditions, comment peut-on trouver du sens, de l’analyse, une vision, que ce soit dans la
position du gouvernement mais aussi de ses opposants ?

Des liens difficiles entre la commune, l’intercommunalité et le bassin de vie


La réforme impacte l’intercommunalité et lui donne davantage de pouvoirs. Mais quel est le bon
périmètre d’une intercommunalité ? Existe-t-il un lien évident avec le quotidien des habitants ou
encore un taille critique à ne pas dépasser ?
Le bassin de vie ne semble plus être une bonne notion car elle est mise à mal par les mobilités (des
individus, des transports, de l’information, etc.).
Il faut peut-être faire le deuil d’une vision utopique d’une intercommunalité correspondant pleinement
aux réalités du vécu pour se focaliser sur la volonté partagée des élus de travailler ensemble.

Quid de la pérennité des parcs et pays ?


Du côté des parcs naturels régionaux, la représentante de la Fédération des parcs naturels régionaux de
France fait état de ses inquiétudes : que vaudra la charte, socle du PNR, dans le futur paysage
institutionnel ? Quelle place trouver au niveau local et quels interlocuteurs choisir entre les villes et
l’intercommunalité ?
EN ce qui concerne les pays, l’article 25 de la loi ne prévoit pas la suppression des pays mais la
« suppression des dispositions législatives réglementant l'existence des pays, sans porter atteinte à la
liberté de coopérer des communes et des intercommunalités dans le périmètre des pays existants ». Il
importe donc de pérenniser la démarche du pays et de contractualiser avec les communes.
Certains élus des pays craignent, non pas le fait métropolitain, mais l’absorption dans l’institution
métropole.
L’Association de promotion et de fédération des pays travaille sur la mise en convergence des
périmètres des SCOT et des pays, surtout en milieu rural. Les pays pourraient se consacrer à la
maîtrise d’ouvrage des SCOT pour le compte d’une ou des intercommunalités inclues dans le
périmètre SCOT.
Les pays et parcs devraient davantage mettre en exergue l’effet levier de leurs dépenses (de 1 à 7 pour
un pays – ce qui semble irréaliste).

You might also like