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L I C E N C E M E N T I O N D R O I T
S E M E S T R E 4
F A C U L T É
DES SCIENCES TRAVAUX DIRIGÉS DE DROIT
J U R I D I Q U E S,
POLITIQUES ET
ÉCONOMIQUES
ADMINISTRATIF GÉNÉRAL
S é a n c e s n ° 3 e t 4
Éq ui pe p é da go g i que:
Campus centre-ville
Site Ste Marthe C i n d y C o l l o c a
74 rue Louis Pasteur Z e h o r D u r a n d
84029 AVIGNON CEDEX 1
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-1-
SEANCE N° 3
LES SOURCES CONSTITUTIONNELLES DU DROIT
ADMINISTRATIF
Sommaire :
I/ Documents
II/ Exercices
III/ Exposés
__________
I/ DOCUMENTS
Le Conseil d’État ;
Vu sous le n° 46922 la requête présentée pour la Société Eky... ladite requête enregistrée au secrétariat du
contentieux du Conseil d’État le 24 février 1959 et tendant à ce qu’il plaise au Conseil d’annuler pour
excès de pouvoir les dispositions des articles R. 30-6°, R. 31, dernier alinéa, R. 32, dernier alinéa et R. 33,
alinéa 1er du Code pénal, édictées par l’article 2 du décret n° 58-1303 du 23 décembre 1958 ;
Vu sous le n° 46923 la requête présentée pour la société susnommée, ladite requête enregistrée comme ci-
dessus le 24 février 1959 et tendant à ce qu’il plaise au Conseil annuler pour excès de pouvoir l’article
136 du Code pénal (article 13 de l’ordonnance du 23 décembre 1958) ;
Vu la Constitution du 4 octobre 1958 ;
Vu le Code pénal ;
Vu l’ordonnance du 31 juillet 1945 et le décret du 30 septembre 1953 ;
Considérant que les requêtes susvisées de la Société Eky présentent à juger des questions connexes ; qu’il
y a lieu de les joindre pour y être statué par une seule décision ;
Sur le pourvoi n° 46923 dirigé contre les dispositions de l’article 136 du Code pénal, édictées par
l’ordonnance du 23 décembre 1958 ;
Considérant que l’ordonnance susvisée a été prise par le Gouvernement en vertu de l’article 92 de la
Constitution du 4 octobre 1958, dans l’exercice du pouvoir législatif ; que, dans ces conditions, elle ne
constitue pas un acte de nature à être déféré au Conseil d’État par la voie du recours pour excès de
pouvoir ;
Sur le pourvoi n° 46922 dirigé contre les dispositions des articles R. 30, alinéa 6, R. 31 dernier alinéa, R.
32, dernier alinéa et R. 33 du Code pénal édictées par le décret du 23 décembre 1958 ;
Sur les moyens tirés de la violation de l’article 8 de la Déclaration des Droits de l’Homme et de l’article
34 de la Constitution ;
Considérant que, si l’article 8 de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 à laquelle se réfère le
Préambule de la Constitution pose le principe que « nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et
promulguée antérieurement au délit », l’article 34 de la Constitution qui énumère les matières relevant du
domaine législatif, dispose que la loi fixe « les règles concernant... la détermination des crimes et délits et
les peines qui leur sont applicables » ; que ni cet article ni aucune autre disposition de la Constitution ne
prévoit que la matière des contraventions appartient au domaine de la loi ; qu’ainsi il résulte de
l’ensemble de la Constitution et, notamment, des termes précités de l’article 34 que les auteurs de celle-ci
ont exclu dudit domaine la détermination des contraventions et des peines dont elles sont assorties et ont,
par conséquent, entendu spécialement déroger sur ce point au principe général énoncé par l’article 8 de la
Déclaration des Droits ; que, dès lors, la matière des contraventions relève du pouvoir réglementaire par
application des dispositions de l’article 37 de la Constitution ;
Considérant que, d’après l’article 1er du Code pénal, l’infraction qui est punie de peines de police est une
contravention ; qu’il résulte des articles 464, 465 et 466 dudit code que les peines de police sont
l’emprisonnement pour une durée ne pouvant excéder deux mois, l’amende jusqu’à un maximum de
200.000 francs et la confiscation de certains objets saisis ; que les dispositions attaquées des articles R. 30
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et suivants du Code pénal punissent d’une amende de 2.000 à 4.000 francs et d’un emprisonnement de
trois jours au plus et, en cas de récidive, de huit jours, ceux qui auront accepté, détenu ou utilisé des
moyens de paiement ayant pour objet de suppléer ou de remplacer les signes monétaires ayant cours
légal ; que les infractions ainsi visées se trouvant punies de peines de simple police, constituent des
contraventions ; que, dès lors, c’est par une exacte application de la Constitution que le Gouvernement,
par voie réglementaire, les a définies et a fixé les peines qui leur sont applicables ;
Sur le moyen tiré de la violation de l’article 4 du Code pénal :
Considérant qu’il résulte de ce qui a été dit ci-dessus que l’article 4 dudit code édicte par la loi du 12
février 1810 est incompatible avec les dispositions des articles 34 et 37 de la Constitution du 4 octobre
1958 en tant qu’il a prévu que nulle contravention ne peut être punie de peines qui n’aient été prononcées
par la loi et doit, par suite, être regardé comme abrogé sur ce point ;
Sur le moyen tiré de la violation des conventions internationales et des dispositions législatives telles que
les articles 1235 et suivants du Code civil et 110 et suivants du Code de commerce permettant le recours
à des moyens de paiement autres que les signes monétaires ;
Considérant qu’il ressort des termes des articles R. 30 et suivants du Code pénal, que ces articles n’ont eu
nullement pour objet d’interdire l’acceptation, l’utilisation ou la détention des moyens de paiement tels
que le chèque bancaire ou les effets de commerce, auxquels les conventions internationales susvisées et
les dispositions précitées du Code civil et du Code de commerce reconnaissent un caractère légal ; que,
dans ces conditions, le moyen tiré de la violation desdites dispositions ou conventions est inopérant ;
Considérant qu’il résulte de tout ce qui précède que les requêtes susvisées ne sauraient être accueillies.
DÉCIDE :
Article 1er. - Les requêtes susvisées de la Société Eky sont rejetées.
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(Annulation du décret du 8 décembre 1959, et de la décision du secrétaire d’État aux relations avec les
États de la communauté du 16 juin 1960 ; non-lieu à statuer sur les requêtes susvisées enregistrées sous
les nos 50.032, 50.052, 50.053, 50.065 et sur le surplus des conclusions de la requête n° 52.187 et dispense
des droits d’enregistrement pour les autres auteurs desdites requêtes).
CC, n° 80-119 DC, 22 juillet 1980, Loi portant validation d’actes administratifs
Considérant que, selon les auteurs des deux saisines, les dispositions de la loi soumise à l’examen du
Conseil constitutionnel comporteraient une intervention du législateur dans le fonctionnement de la
justice et seraient contraires au principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs ; qu’en effet, cette
loi serait de nature à entraîner le rejet de recours actuellement pendants devant la juridiction
administrative.
Considérant qu’il résulte des dispositions de l’article 64 de la Constitution en ce qui concerne l’autorité
judiciaire et des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République en ce qui concerne, depuis
la loi du 24 mai 1872, la juridiction administrative, que l’indépendance des juridictions est garantie ainsi
que le caractère spécifique de leurs fonctions sur lesquelles ne peuvent empiéter ni le législateur ni le
Gouvernement ; qu’ainsi, il n’appartient ni au législateur ni au Gouvernement de censurer les décisions
des juridictions, d’adresser à celles-ci des injonctions et de se substituer à elles dans le jugement des
litiges relevant de leur compétence.
Mais considérant que ces principes de valeur constitutionnelle ne s’opposent pas à ce que, dans l’exercice
de sa compétence et au besoin, sauf en matière pénale, par la voie de dispositions rétroactives, le
législateur modifie les règles que le juge a mission d’appliquer ; qu’ainsi le fait que la loi soumise à
l’examen du Conseil constitutionnel intervient dans une matière ayant donné lieu à des recours
actuellement pendants n’est pas de nature à faire regarder cette loi comme non conforme à la
Constitution ;
CC, n° 82-143 DC, 30 juillet 1982, Loi sur les prix et les revenus
Considérant […] que, si les articles 34 et 37, alinéa 1er, de la Constitution établissent une séparation entre
le domaine de la loi et celui du règlement, la portée de ces dispositions doit être appréciée en tenant
compte de celles des articles 37, alinéa 2, et 41 ; que la procédure de l’article 41 permet au Gouvernement
de s’opposer au cours de la procédure parlementaire et par la voie d’une irrecevabilité à l’insertion d’une
disposition réglementaire dans une loi, tandis que celle de l’article 37, alinéa 2, a pour effet, après la
promulgation de la loi et par la voie d’un déclassement, de restituer l’exercice de son pouvoir
réglementaire au Gouvernement et de donner à celui-ci le droit de modifier une telle disposition par
décret ; que l’une et l’autre de ces procédures ont un caractère facultatif ; qu’il apparaît ainsi que, par les
articles 34 et 37, alinéa 1er, la Constitution n’a pas entendu frapper d’inconstitutionnalité une disposition
de nature réglementaire contenue dans une loi, mais a voulu, à côté du domaine réservé à la loi,
reconnaître à l’autorité réglementaire un domaine propre et conférer au Gouvernement, par la mise en
oeuvre des procédures spécifiques des articles 37, alinéa 2, et 41, le pouvoir d’en assurer la protection
contre d’éventuels empiétements de la loi ; que, dans ces conditions, les députés auteurs de la saisine ne
sauraient se prévaloir de ce que le législateur est intervenu dans le domaine réglementaire pour soutenir
que la disposition critiquée serait contraire à la Constitution ;
-4-
CE, 3 juillet 1996, Koné
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second alinéa et qui sont reprises par l’article 3 du décret attaqué ; qu’ainsi, les articles 3 et 8 dudit décret,
loin de méconnaître l’article 76 de la Constitution en ont fait une exacte application ;
Considérant que l’article 76 de la Constitution ayant entendu déroger aux autres normes de valeur
constitutionnelle relatives au droit de suffrage, le moyen tiré de ce que les dispositions contestées du
décret attaqué seraient contraires aux articles 1er et 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen, à laquelle renvoie le préambule de la Constitution ou à l’article 3 de la Constitution ne peut
qu’être écarté ;
Considérant que si l’article 55 de la Constitution dispose que “les traités ou accords régulièrement ratifiés
ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois sous réserve, pour chaque
accord ou traité, de son application par l’autre partie”, la suprématie ainsi conférée aux engagements
internationaux ne s’applique pas, dans l’ordre interne, aux dispositions de nature constitutionnelle ;
qu’ainsi, le moyen tiré de ce que le décret attaqué, en ce qu’il méconnaîtrait les stipulations
d’engagements internationaux régulièrement introduits dans l’ordre interne, serait par là même contraire à
l’article 55 de la Constitution, ne peut lui aussi qu’être écarté ;
Considérant que si les requérants invitent le Conseil d’État à faire prévaloir les stipulations des articles 2,
25 et 26 du pacte des Nations unies sur les droits civils et politiques, de l’article 14 de la Convention
européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales et de l’article 3 du
protocole additionnel n° 1 à cette convention, sur les dispositions de l’article 2 de la loi du 9 novembre
1988, un tel moyen ne peut qu’être écarté dès lors que par l’effet du renvoi opéré par l’article 76 de la
Constitution aux dispositions dudit article 2, ces dernières ont elles-mêmes valeur constitutionnelle ;
Considérant enfin que, dans la mesure où les articles 3 et 8 du décret attaqué ont fait une exacte
application des dispositions constitutionnelles qu’il incombait à l’auteur de ce décret de mettre en oeuvre,
ne sauraient être utilement invoquées à leur encontre ni une méconnaissance des dispositions du code
civil relatives aux effets de l’acquisition de la nationalité française et de la majorité civile ni une violation
des dispositions du code électoral relatives aux conditions d’inscription d’un électeur sur une liste
électorale dans une commune déterminée ;
DECIDE :
Article 1er : Les interventions de l’Association de défense du droit de vote et de Mme Tastet et autres
sont admises.
Article 2 : Les requêtes de M. Sarran et de M. Levacher et autres sont rejetées.
Article 3 : La présente décision sera notifiée à M. Claude Sarran, […]
CC, n° 2005-512 DC, 21 avril 2005, Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école
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Art. 61-1 C.
Lorsque, à l’occasion d’une instance en cours devant une juridiction, il est soutenu qu’une disposition
législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit, le Conseil constitutionnel peut
être saisi de cette question sur renvoi du Conseil d’État ou de la Cour de cassation qui se prononce dans
un délai déterminé.
Une loi organique détermine les conditions d’application du présent article.
Art. 62 C.
Une disposition déclarée inconstitutionnelle sur le fondement de l'article 61 ne peut être promulguée ni
mise en application.
Une disposition déclarée inconstitutionnelle sur le fondement de l'article 61-1 est abrogée à compter de la
publication de la décision du Conseil constitutionnel ou d'une date ultérieure fixée par cette décision. Le
Conseil constitutionnel détermine les conditions et limites dans lesquelles les effets que la disposition a
produits sont susceptibles d'être remis en cause.
Les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun recours. Elles s'imposent aux
pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles.
« Section 1
« Dispositions applicables devant les juridictions relevant du Conseil d’État ou de la Cour de cassation
« Art. 23-1. — Devant les juridictions relevant du Conseil d’État ou de la Cour de cassation, le moyen tiré
de ce qu’une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution est, à
peine d’irrecevabilité, présenté dans un écrit distinct et motivé. Un tel moyen peut être soulevé pour la
première fois en cause d’appel. Il ne peut être relevé d’office. […]
« Art. 23-2. – La juridiction transmet la question de constitutionnalité au Conseil d’État ou à la Cour de
cassation si les conditions suivantes sont remplies :
« 1° La disposition contestée commande l’issue du litige ou la validité de la procédure, ou constitue le
fondement des poursuites ;
« 2° Elle n’a pas déjà été déclarée conforme à la Constitution dans les motifs et le dispositif d’une
décision du Conseil constitutionnel, sauf changement des circonstances ;
« 3° La question n’est pas dépourvue de caractère sérieux. […] »
__________
II/ EXERCICES
Préparer une introduction de commentaire d’arrêt et un plan détaillé pour chacun des arrêts ou décisions
reproduits par extraits ci-dessus.
__________
III/ EXPOSÉ
L’application par le Conseil d’État des décisions du Conseil constitutionnel.
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SEANCE N° 4
LES SOURCES INTERNATIONALES DU DROIT ADMINISTRATIF
Sommaire :
I/ Documents
II/ Exercices
III/ Exposé
__________
I/ DOCUMENTS
-8-
ATTENDU QUE LA PREEMINENCE DU DROIT COMMUNAUTAIRE EST CONFIRMEE PAR
L’ARTICLE 189 AUX TERMES DUQUEL LES REGLEMENTS ONT VALEUR " OBLIGATOIRE "
ET SONT " DIRECTEMENT APPLICABLES DANS TOUT ÉTAT MEMBRE " ;
QUE CETTE DISPOSITION, QUI N’EST ASSORTIE D’AUCUNE RESERVE, SERAIT SANS
PORTEE SI UN ÉTAT POUVAIT UNILATERALEMENT EN ANNIHILER LES EFFETS PAR UN
ACTE LEGISLATIF OPPOSABLE AUX TEXTES COMMUNAUTAIRES ;
ATTENDU QU’IL RESULTE DE L’ENSEMBLE DE CES ELEMENTS, QU’ISSU D’UNE SOURCE
AUTONOME, LE DROIT NE DU TRAITE NE POURRAIT DONC, EN RAISON DE SA NATURE
SPECIFIQUE ORIGINALE, SE VOIR JUDICIAIREMENT OPPOSER UN TEXTE INTERNE QUEL
QU’IL SOIT, SANS PERDRE SON CARACTERE COMMUNAUTAIRE ET SANS QUE SOIT MISE
EN CAUSE LA BASE JURIDIQUE DE LA COMMUNAUTE ELLE-MEME ;
QUE LE TRANSFERT OPERE PAR LES ÉTATS, DE LEUR ORDRE JURIDIQUE INTERNE AU
PROFIT DE L’ORDRE JURIDIQUE COMMUNAUTAIRE, DES DROITS ET OBLIGATIONS
CORRESPONDANT AUX DISPOSITIONS DU TRAITE, ENTRAINE DONC UNE LIMITATION
DEFINITIVE DE LEURS DROITS SOUVERAINS CONTRE LAQUELLE NE SAURAIT
PREVALOIR UN ACTE UNILATERAL ULTERIEUR INCOMPATIBLE AVEC LA NOTION DE
COMMUNAUTE ;
CE, Sect., 1er mars 1968, Syndicat général des fabricants de semoules de France
-9-
REGIME, L’ENTREE EN FRANCE DE PRODUITS CEREALIERS EN PROVENANCE DE
L’ALGERIE, QUI ETAIT ALORS INCLUSE DANS LE TERRITOIRE DOUANIER FRANCAIS,
N’ETAIT PAS SOUMISE NI AUX DROITS DE DOUANE, ET NE L’AURAIT PAS ETE AU
PRELEVEMENT QUE LE DECRET DU 28 JUILLET 1962 A SUBSTITUE A CES DROITS EN
APPLICATION DU REGLEMENT N° 19 DE LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE EUROPEENNE ;
QUE, PAR SUITE, LES DISPOSITIONS PRECITEES DE L’ORDONNANCE DU 19 SEPTEMBRE
1962 FONT OBSTACLE A CE QUE CE PRELEVEMENT SOIT OPERE ET A CE QUE LA
POSSESSION DU CERTIFICAT PREVU A L’ARTICLE 8 DU DECRET DU 27 JANVIER 1962,
POUR L’IMPORTATION DES CEREALES SUR LE TERRITOIRE DOUANIER FRANCAIS, PUISSE
ETRE EXIGEE A L’OCCASION DE L’ENTREE DE CES MARCHANDISES SUR LE TERRITOIRE
METROPOLITAIN DE LA FRANCE ET SUR CELUI DES DEPARTEMENTS D’OUTRE-MER ;
QUE, DES LORS, LE SYNDICAT REQUERANT N’EST PAS FONDE A SOUTENIR QU’EN
PRENANT LES DECISIONS ATTAQUEES, LE MINISTRE DE L’AGRICULTURE A EXCEDE SES
POUVOIRS ;
DECIDE :
REJET AVEC DEPENS.
ATTENDU, CEPENDANT, QUE SI, EN VERTU DES DISPOSITIONS DE L’ARTICLE 189, LES
REGLEMENTS SONT DIRECTEMENT APPLICABLES ET, PAR CONSEQUENT, PAR LEUR
NATURE SUSCEPTIBLES DE PRODUIRE DES EFFETS DIRECTS, IL N’EN RESULTE PAS QUE
D’AUTRES CATEGORIES D’ACTES VISES PAR CET ARTICLE NE PEUVENT JAMAIS
PRODUIRE D’EFFETS ANALOGUES ;
QU’IL SERAIT INCOMPATIBLE AVEC L’EFFET CONTRAIGNANT QUE L’ARTICLE 189
RECONNAIT A LA DIRECTIVE D’EXCLURE EN PRINCIPE QUE L’OBLIGATION QU’ELLE
IMPOSE, PUISSE ETRE INVOQUEE PAR DES PERSONNES CONCERNEES ;
QUE, PARTICULIEREMENT DANS LES CAS OU LES AUTORITES COMMUNAUTAIRES
AURAIENT, PAR DIRECTIVE, OBLIGE LES ÉTATS MEMBRES A ADOPTER UN
COMPORTEMENT DETERMINE, L’EFFET UTILE D’UN TEL ACTE SE TROUVERAIT AFFAIBLI
SI LES JUSTICIABLES ETAIENT EMPECHES DE S’EN PREVALOIR EN JUSTICE ET LES
JURIDICTIONS NATIONALES EMPECHEES DE LA PRENDRE EN CONSIDERATION EN TANT
QU’ELEMENT DU DROIT COMMUNAUTAIRE ;
CC, n° 74-54 DC, 15 janvier 1975, Loi relative à l’interruption volontaire de la grossesse
-10-
Considérant qu’une loi contraire à un traité ne serait pas, pour autant, contraire à la Constitution ;
Considérant qu’ainsi le contrôle du respect du principe énoncé à l’article 55 de la Constitution ne saurait
s’exercer dans le cadre de l’examen prévu à l’article 61, en raison de la différence de nature de ces deux
contrôles ;
Considérant que, dans ces conditions, il n’appartient pas au Conseil constitutionnel, lorsqu’il est saisi en
application de l’article 61 de la Constitution, d’examiner la conformité d’une loi aux stipulations d’un
traité ou d’un accord international ; Considérant, en second lieu, que la loi relative à l’interruption
volontaire de la grossesse respecte la liberté des personnes appelées à recourir ou à participer à une
interruption de grossesse, qu’il s’agisse d’une situation de détresse ou d’un motif thérapeutique ; que, dès
lors, elle ne porte pas atteinte au principe de liberté posé à l’article 2 de la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen ;
Considérant que la loi déférée au Conseil constitutionnel n’admet qu’il soit porté atteinte au principe du
respect de tout être humain dès le commencement de la vie, rappelé dans son article 1er, qu’en cas de
nécessité et selon les conditions et limitations qu’elles définit ;
Considérant qu’aucune des dérogations prévues par cette loi n’est, en l’état, contraire à l’un des principes
fondamentaux reconnus par les lois de la République ni ne méconnaît le principe énoncé dans le
préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, selon lequel la nation garantit à l’enfant la protection de
la santé, non plus qu’aucune des autres dispositions ayant valeur constitutionnelle édictées par le même
texte ;
Considérant, en conséquence, que la loi relative à l’interruption volontaire de la grossesse ne contredit pas
les textes auxquels la Constitution du 4 octobre 1958 fait référence dans son préambule non plus
qu’aucun des articles de la Constitution ;
Décide :
ARTICLE PREMIER - Les dispositions de la loi relative à l’interruption volontaire de la grossesse,
déférée au Conseil constitutionnel, ne sont pas contraires à la Constitution.
ARTICLE 2 - La présente décision sera publiée au Journal officiel de la République française.
-11-
L’ARTICLE 95 DU TRAITE DU 25 MARS 1957, ALORS, SELON LE POURVOI, QUE L’ARTICLE
55 DE LA CONSTITUTION SUBORDONNE EXPRESSEMENT L’AUTORITE QU’IL CONFERE
AUX TRAITES RATIFIES PAR LA FRANCE A LA CONDITION EXIGEANT LEUR APPLICATION
PAR L’AUTRE PARTIE; QUE LE JUGE DU FOND N’A PU, DES LORS, VALABLEMENT
APPLIQUER CE TEXTE CONSTITUTIONNEL SANS RECHERCHER SI L’ÉTAT (PAYS-BAS)
D’OU A ETE IMPORTE LE PRODUIT LITIGIEUX A SATISFAIT A LA CONDITION DE
RECIPROCITE;
MAIS ATTENDU QUE, DANS L’ORDRE JURIDIQUE COMMUNAUTAIRE, LES
MANQUEMENTS D’UN ÉTAT MEMBRE DE LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE EUROPEENNE
AUX OBLIGATIONS QUI LUI INCOMBENT EN VERTU DU TRAITE DU 25 MARS 1957 ETANT
SOUMIS AU RECOURS PREVU PAR L’ARTICLE 170 DUDIT TRAITE, L’EXCEPTION TIREE DU
DEFAUT DE RECIPROCITE NE PEUT ETRE INVOQUEE DEVANT LES JURIDICTIONS
NATIONALES; D’OU IL SUIT QUE LE MOYEN NE PEUT ETRE ACCUEILLI;
Il ressort clairement de l’article 189 du traité du 25 mars 1957 que si ces directives lient les États
membres "quant au résultat à atteindre" et si, pour atteindre le résultat qu’elles définissent, les autorités
nationales sont tenues d’adapter la législation et la réglementation des États membres aux directives qui
leur sont destinées, ces autorités restent seules compétentes pour décider de la forme à donner à
l’exécution des directives et pour fixer elles-mêmes, sous le contrôle des juridictions nationales, les
moyens propres à leur faire produire effet en droit interne. Qu’ainsi, quelles que soient d’ailleurs les
précisions qu’elles contiennent à l’intention des États membres, les directives ne sauraient être invoquées
par les ressortissants de ces États à l’appui d’un recours dirigé contre un acte administratif individuel.
CE, 7 déc. 1984, Fédération française des sociétés de protection de la nature et autres
Si, pour atteindre le résultat qu’elles définissent, les autorités nationales, qui sont tenues d’adapter la
législation et la réglementation des États-membres aux directives qui leur sont destinées, restent seules
compétentes pour décider de la forme à donner à l’exécution de ces directives et pour fixer elles-mêmes,
sous le contrôle des juridictions nationales, les moyens propres à leur faire produire leurs effets en droit
interne, ces autorités ne peuvent légalement édicter des dispositions réglementaires qui seraient contraires
aux objectifs définis par les directives […]
-12-
Vu les observations présentées par le Ministre de l’intérieur, enregistrées au secrétariat général du Conseil
constitutionnel le 3 octobre 1988;
Vu la Constitution, notamment ses articles 55, 59 et 61;
Vu l’ordonnance n" 58-1067 du 7 novembre 1958 portant loi organique sur le Conseil constitutionnel;
Vu la loi n° 73-1227 du 31 décembre 1973 autorisant la ratification de la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales et de ses protocoles additionnels n° l, 3, 4
et 5, ensemble le décret n° 74-360 du 3 mai 1974 portant publication de la Convention et des protocoles
précités;
Vu le code électoral ;
Vu le règlement applicable à la procédure suivie devant le Conseil constitutionnel pour le contentieux de
l’élection des députés et des sénateurs;
Le rapporteur ayant été entendu;
l. Considérant que les requêtes de Monsieur BISCHOFF et de Monsieur GUYOMARC’H sont dirigées
contre les mêmes opérations électorales; qu’il y a lieu de les joindre pour qu’elles fassent l’objet d’une
seule décision;
2. Considérant qu’au scrutin du 5 juin 1988, dans la cinquième circonscription du département du Val
d’Oise, deux candidats, Messieurs MONTDARGENT et KAMINSKA, ont obtenu chacun un nombre de
suffrages au moins égal à 12,5 pour 100 du nombre des électeurs inscrits; que Monsieur KAMINSKA
n’ayant pas fait acte de candidature pour le second tour, Monsieur GUYOMARG’H et Monsieur
BISGHOFF, arrivés respectivement en troisième et quatrième positions soutiennent que c’est à tort qu’ils
ont été écartés du second tour; que Monsieur GUYOMARC’H invoque, en outre, d’autres griefs mettant
en cause la régularité de l’élection de Monsieur MONTDARGENT;
- SUR LE GRIEF TIRE DE CE QUE L’ARTICLE L. 162 DU CODE ELECTORAL SERAIT CONTRAIRE
A LA CONSTITUTION :
3. Considérant que le Conseil constitutionnel ne peut être appelé à statuer sur la conformité d’une loi à la
Constitution que dans les cas et suivant les modalités définis par son article 61 ; qu’il ne lui appartient
donc pas, lorsqu’il se prononce en qualité de juge de l’élection en vertu de l’article 59 de la Constitution,
d’apprécier la constitutionnalité d’une loi ; que, dès lors, Monsieur BISCHOFF ne saurait utilement se
prévaloir à l’appui de sa requête de la non-conformité d’une disposition législative à des règles ou
principes de valeur constitutionnelle;
- SUR LE GRIEF TIRE DE CE QUE LE MODE DE SCRUTIN SERAIT INCOMPATIBLE AVEC LE
PROTOCOLE N° l ADDITIONNEL A LA CONVENTION EUROPEENNE DE SAUVEGARDE DES
DROITS DE L’HOMME ET DES LIBERTES FONDAMENTALES
4. Considérant qu’aux termes de l’article 3 du Protocole susvisé « les hautes parties contractantes
s’engagent à organiser, à des intervalles raisonnables, des élections libres au scrutin secret, dans les
conditions qui assurent la libre expression de l’opinion du peuple sur le choix du corps législatif»;
5. Considérant que, prises dans leur ensemble, les dispositions de la .loi n° 86-825 du 11 juillet 1986, qui
déterminent le mode de scrutin pour l’élection des députés à l’Assemblée nationale, ne sont pas
incompatibles avec les stipulations de l’article 3 du Protocole n° l additionnel à la Convention européenne
de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales; qu’il appartient, par suite, au Conseil
constitutionnel de faire application de la loi précitée;
Il ressort clairement des stipulations de l’article 189 du traité du 25 mars 1957 que les directives du
conseil des communautés économiques européennes lient les États membres "quant au résultat à
atteindre" ; que si, pour atteindre ce résultat, les autorités nationales qui sont tenues d’adapter leur
législation et leur réglementation aux directives qui leur sont destinées, restent seules compétentes pour
décider de la forme à donner à l’exécution de ces directives et pour fixer elles-mêmes, sous le contrôle
des juridictions nationales, les moyens propres à leur faire produire leurs effets en droit interne, ces
autorités ne peuvent légalement, après l’expiration des délais impartis, ni laisser subsister des dispositions
réglementaires qui ne seraient plus compatibles avec les objectifs définis par les directives dont s’agit, ni
édicter des dispositions réglementaires qui seraient contraires à ces objectifs.
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CE, Ass., 20 octobre 1989, Nicolo
DECIDE :
Article 1er : La requête de M. Nicolo et les conclusions du ministre des départements et des territoires
d’outre-mer tendant à ce qu’une amende pour recours abusif lui soit infligée sont rejetées.
Article 2 : La présente décision sera notifiée à M. Nicolo, à M. de Charette, mandataire de la liste l’Union
U.D.F.-R.P.R., aux mandataires de la liste de rassemblement présentée par le Parti Communiste Français,
de la liste du Centre pour l’Europe, de la liste Majorité de Progrès pour l’Europe, de la liste Les Verts
Europe-Ecologie et de la liste Europe et Patrie et au ministre de l’intérieur.
Vu la requête, enregistrée le 14 mai 1986 au secrétariat du Contentieux du Conseil d’État, présentée pour
le groupement d’information et de soutien des travailleurs immigrés -G.I.S.T.I.-, dont le siège est 46 rue
de Montreuil à Paris (75011), représenté par son président, et tendant à ce que le Conseil d’État annule la
circulaire du ministre de l’intérieur et de la décentralisation et du ministre des affaires sociales et de la
solidarité nationale en date du 14 mars 1986 relative aux conditions de circulation, d’emploi et de séjour
en France des ressortissants algériens et de leur famille ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu l’ordonnance du 2 novembre 1945 ;
Vu le code du travail ;
Vu la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme ;
Vu l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968 modifié par l’avenant et le protocole du 22 décembre
1985 ;
Vu l’ordonnance n° 45-1708 du 31 juillet 1945, le décret n° 53-934 du 30 septembre 1953 et la loi n° 87-
1127 du 31 décembre 1987 ;
Sur les conclusions tendant à l’annulation des 7ème et 10ème alinéas du paragraphe 2-2-1-2 de la
circulaire du 14 mars 1986 :
Considérant que si l’article 7 de la déclaration de principes relative à la coopération économique et
financière entre la France et l’Algérie du 19 mars 1962 reconnaît aux ressortissants algériens résidant en
France les mêmes droits qu’aux nationaux français à l’exception des droits politiques, les conditions
d’entrée et de séjour des ressortissants algériens en France sont régies par l’accord franco-algérien du 27
décembre 1968 et les conventions qui l’ont modifié ; qu’aux termes de l’article 7 b) dudit accord dans la
-14-
rédaction issue de son premier avenant du 22 décembre 1985 : “Les ressortissants algériens désireux
d’exercer une activité professionnelle salariée reçoivent, après le contrôle médical d’usage et sur
présentation d’un contrat de travail visé par les services du ministre chargé des travailleurs immigrés un
certificat de résidence valable un an pour toutes professions et toutes régions, renouvelable et portant la
mention “salarié” ; cette mention constitue l’autorisation de travail exigée par la législation française” ;
qu’en précisant que, pour l’application de cette disposition l’autorisation de travail serait délivrée selon
les instructions applicables aux étrangers relevant du régime général et en tenant compte notamment,
comme le prévoit l’article R.341-4 du code du travail, de la situation de l’emploi, les auteurs de la
circulaire attaquée se sont bornés à interpréter exactement les stipulations de l’accord ; que, les
dispositions critiquées de la circulaire étant ainsi dépourvues de caractère réglementaire, le groupe
d’information et de soutien des travailleurs immigrés n’est pas recevable à en demander l’annulation ;
Sur les conclusions tendant à l’annulation du 24ème alinéa du paragraphe 2.2.1.2 relatif aux
autorisations provisoires de travail accordées aux étudiants algériens :
Considérant que le protocole annexé au premier avenant à l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968
ne comporte, en ce qui concerne les ressortissants algériens admis à séjourner en France comme étudiants,
aucune stipulation qui, lorsqu’ils entendent exercer une activité salariée à titre accessoire, en même temps
qu’ils poursuivent leurs études, subordonne l’exercice de cette activité à l’autorisation de travail exigée
par la législation française ; qu’en prévoyant que les étudiants algériens voulant travailler seraient soumis
à un régime comportant des autorisations provisoires de travail délivrées dans les conditions fixées par les
circulaires des 24 février 1976 et 1er août 1985, lesquelles disposent qu’il sera tenu compte notamment de
la situation de l’emploi, et en abrogeant sur ce point la circulaire du 12 mars 1979 qui constatait qu’ils
étaient dispensés d’une telle autorisation par l’article 7 de la déclaration de principes du 19 mars 1962, la
circulaire a édicté une règle contraire aux conventions internationales applicables aux intéressés ; que le
groupement d’information et de soutien des travailleurs immigrés est, par suite, recevable et fondé à en
demander l’annulation sur ce point ;
Considérant que le règlement n° 1035/72 du conseil des communautés européennes en date du 12 mai
1972 a défini, en ce qui concerne notamment les pommes de table, une réglementation commune des
marchés comportant des normes de qualité et des mécanismes d’intervention ; qu’il résulte de
l’interprétation donnée dans sa décision du 25 novembre 1986 par la cour de justice des communautés
européennes statuant sur renvoi préjudiciel que si cette réglementation n’interdit pas aux groupements de
producteurs d’imposer à leurs adhérents différentes disciplines dans ces domaines, elle ne donne pas
compétence aux autorités des États membres pour étendre à l’ensemble des producteurs d’une région
déterminée les règles ainsi édictées ; qu’il suit de là que le ministre délégué à l’économie et aux finances
et le ministre de l’agriculture n’avaient pas compétence pour étendre celles des règles édictées par le
comité économique agricole “fruits et légumes” du Val de Loire qui sont mentionnées aux alinéas 5°, 6°
et 7° de l’article 1er de leur arrêté du 29 mars 1978, relatives aux règles de production, de qualité, de
grosseur, poids et présentation des pommes de table et aux modalités d’intervention sur les marchés et
aux 8° et 9° relatives à la participation des producteurs au financement des fonds de gestion et de
promotion, pour des dépenses liées aux disciplines qui ne pouvaient être étendues ; qu’en déclarant
prorogée pour une nouvelle période de trois ans les dispositions illégales de cet arrêté le ministre de
l’économie, le ministre du budget et le ministre de l’agriculture ont entaché d’illégalité leur arrêté du 28
avril 1981 ; que l’extension pour une nouvelle période de trois ans, des règles mentionnées aux 5° à 9° de
l’arrêté du 29 mars 1978 ne saurait avoir pour base légale des dispositions de l’article 7 de la loi susvisée
du 4 juillet 1980 qui a donné une nouvelle rédaction aux dispositions de l’article 16 de la loi du 8 août
1962, dès lors qu’en tant qu’elle autorise pour certaines matières l’extension de règles édictées par ses
comités économiques agricoles, elle est incompatible avec les dispositions alors en vigueur du règlement
du conseil des communautés européennes en date du 12 mai 1972 ;
CE, Ass., 21 décembre 1990, Confédération nationale des associations familiales catholiques
Sur les moyens tirés de la violation de la loi du 17 janvier 1975, du préambule de la Constitution du 27
-15-
octobre 1946 et de traités internationaux :
Considérant que la Mifégyne est un produit ayant la propriété d’interrompre la grossesse ; que son emploi
est, dès lors soumis, de plein droit, aux règles posées en la matière par les articles L. 162-1 à L. 162-14 du
code de la santé publique issus des lois des 17 janvier 1975 et 31 décembre 1979 relatives à l’interruption
volontaire de grossesse ; que l’arrêté attaqué n’édicte aucune disposition violant ces textes mais, au
contraire, rappelle les conditions posées, en ce domaine, par le législateur pour qu’il puisse être procédé à
une interruption de grossesse ; que la circonstance que cette référence à ces conditions figure non dans le
corps de l’autorisation de mise sur le marché mais dans une annexe à cette décision, est sans incidence sur
la légalité de l’arrêté attaqué ;
Considérant qu’en invoquant la violation de principes ou textes de valeurs constitutionnelle ou
internationale, les requérants mettent, en réalité, en cause non la légalité de l’arrêté attaqué, mais la
compatibilité des articles ci-dessus rappelés du code de la santé publique issus des lois des 17 janvier
1975 et 31 décembre 1979 avec les principes et actes dont ils invoquent la violation ;
Considérant qu’il n’appartient pas au Conseil d’État statuant au contentieux de se prononcer sur la
conformité de la loi avec des principes posés par le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 ;
Considérant, s’agissant du moyen tiré de la violation de traités internationaux, que la seule publication
faite au Journal Officiel du 9 février 1949 du texte de la déclaration universelle des droits de l’homme ne
permet pas de ranger cette dernière au nombre des traités ou accords internationaux qui, ayant été ratifiés
et publiés, ont, aux termes de l’article 55 de la Constitution du 4 octobre 1958, “une autorité supérieure à
celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie” ;
Considérant, s’agissant de l’incompatibilité des dispositions législatives ci-dessus rappelées avec les
autres actes invoqués par les requérants, que l’article 2-4 de la convention européenne de sauvegarde des
droits de l’homme et des libertés fondamentales ratifiée en vertu de la loi du 31 décembre 1973 et publiée
par décret du 3 mai 1974, stipule que “le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi. La mort ne
peut être infligée à quiconque intentionnellement” et que, selon l’article 6 du pacte international sur les
droits civils et politiques auquel le législateur français a autorisé l’adhésion par la loi du 25 juin 1980, et
dont le texte a été annexé au décret du 29 janvier 1981 publié le 1er février 1981 “le droit à la vie est
inhérent à la personne humaine. Ce droit doit être protégé par la loi. Nul ne peut être arbitrairement privé
de la vie” ;
Considérant qu’aux termes de l’article 1er de la loi du 17 janvier 1975 : “La loi garantit le respect de tout
être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu’en cas de
nécessité et selon les conditions et limites définies par la présente loi” ; qu’eu égard aux conditions ainsi
posées par le législateur, les dispositions issues des lois des 17 janvier 1975 et 31 décembre 1979 relatives
à l’interruption volontaire de grossesse, prises dans leur ensemble, ne sont pas incompatibles avec les
stipulations précitées de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et du pacte
international sur les droits civils et politiques ;
DECIDE :
Article 1er : Les requêtes de la confédération nationale des associations familiales catholiques, du comité
pour sauver l’enfant à naître, de l’union féminine pour le respect et l’aide à la maternité, et de M. Jamin
sont rejetées.
Article 2 : La présente décision sera notifiée à la confédération nationale des associations familiales
catholiques, au comité pour sauver l’enfant à naître, à l’union féminine pour le respect et l’aide à la
maternité, à M. Jamin, à la Société Roussel-Uclaf, à la Société des laboratoires Roussel et au ministre
délégué auprès du ministre des affaires sociales et de la solidarité, chargé de la santé.
Il résulte de tout ce qui précède que le droit communautaire impose le principe selon lequel les États
membres sont obligés de réparer les dommages causés aux particuliers par les violations du droit
communautaire qui leur sont imputables.
-16-
Les dispositions précitées de l’article 6 de la loi du 24 mai 1976 confèrent au gouvernement un pouvoir
spécifique de fixation du prix des tabacs importés des pays membres de la communauté européenne,
indépendamment de l’application de la législation nationale sur le contrôle du niveau des prix ; qu’elles
permettent ainsi au gouvernement de fixer les prix de vente des tabacs importés dans des conditions non
prévues par l’article 5-1 de la directive du 19 décembre 1972 et sont incompatibles avec les objectifs
définis par cette directive ; qu’il suit de là que l’article 10 précité du décret du 31 décembre 1976, pris sur
le fondement de l’article 6 de la loi du 24 mai 1976, dont il y a lieu d’écarter l’application, est lui-même
dépourvu de base légale […]
CE, Ass., 28 février 1992, Sté Arizona Tobacco, SA Philip Morris France
Les dispositions précitées de l’article 6 de la loi du 24 mai 1976 confèrent au gouvernement un pouvoir
spécifique de fixation du prix des tabacs importés de pays membres de la communauté européenne,
indépendamment de l’application de la législation nationale sur le contrôle du niveau des prix ; qu’elles
permettent ainsi au gouvernement de fixer le prix de vente des tabacs importés dans des conditions non
prévues par l’article 5-1 de la directive du 19 décembre 1972 et sont incompatibles avec les objectifs
définis par cette directive […]
Les décisions ministérielles prises en application du décret du 31 décembre 1976 et refusant, pour la
période du 1er novembre 1982 au 31 décembre 1983, de fixer le prix des tabacs manufacturés aux
niveaux demandés par les sociétés requérantes sont illégales ; que cette illégalité est de nature à engager
la responsabilité de l’État ;
Le principe selon lequel les États membres sont obligés de réparer les dommages causés aux particuliers
par les violations du droit communautaire qui leur sont imputables est applicable lorsque le manquement
reproché est attribué au législateur national.
Considérant, en troisième lieu, qu’aux termes de l’article 55 de la Constitution du 4 octobre 1958 : “Les
traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à
celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie” ; que ni cet
article ni aucune autre disposition de valeur constitutionnelle ne prescrit ni n’implique que le juge
administratif fasse prévaloir la coutume internationale sur la loi en cas de conflit entre ces deux normes ;
qu’ainsi, en écartant commeinopérant le moyen tiré par M. Aquarone de la contrariété entre la loi fiscale
française et de telles règles coutumières, la cour administrative d’appel, qui a également relevé que la
coutume invoquée n’existait pas, n’a pas commis d’erreur de droit ;
Considérant que les règles nationales applicables à la date de la délibération attaquée à la passation des
contrats de concession de travaux publics, ne prévoyaient pas de mesures de publicité et n’étaient pas
compatibles avec les objectifs de la directive du 18 juillet 1989 ; qu’elles ne peuvent, dès lors, donner de
base légale à la délibération attaquée qui, prise sans que la communauté urbaine de Lyon ait assuré une
publicité de ses intentions de passer ce contrat de concession compatible avec les objectifs de la directive
du 18 juillet 1989, a été adoptée dans des conditions irrégulières ;
Considérant qu’il résulte de tout ce qui précède que M. Tête est fondé à soutenir que c’est à tort que, par
le jugement attaqué, le tribunal administratif de Lyon a rejeté sa demande dirigée contre la délibération du
18 juillet 1991 du conseil de la communauté urbaine de Lyon et la décision de son président de signer le
19 juillet 1991 sur le fondement de cette délibération la convention de concession ;
CE, Ass., 30 octobre 1998, Sarran, Levacher et autres : Voir séance précédente
-17-
CE, Ass., 18 décembre 1998, SARL du parc d’activités de Blotzheim
Considérant qu’aux termes de l’article 53 de la Constitution : “Les traités de paix, les traités de
commerce, les traités ou accords relatifs à l’organisation internationale, ceux qui engagent les finances de
l’État, ceux qui modifient des dispositions de nature législative, ceux qui sont relatifs à l’état des
personnes, ceux qui comportent cession, échange ou adjonction de territoire, ne peuvent être ratifiés ou
approuvés qu’en vertu d’une loi ...” ; qu’aux termes de l’article 55 de la Constitution : “Les traités ou
accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des
lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie” ; qu’il résulte de la
combinaison de ces dispositions que les traités ou accords relevant de l’article 53 de la Constitution et
dont la ratification ou l’approbation est intervenue sans avoir été autorisée par la loi, ne peuvent être
regardés comme régulièrement ratifiés ou approuvés au sens de l’article 55 précité ; qu’eu égard aux
effets qui lui sont attachés en droit interne, la publication d’un traité ou accord relevant de l’article 53 de
la Constitution ne peut intervenir légalement que si la ratification ou l’approbation de ce traité ou accord a
été autorisée en vertu d’une loi ; qu’il appartient au juge administratif de se prononcer sur le bien-fondé
d’un moyen soulevé devant lui et tiré de la méconnaissance, par l’acte de publication d’un traité ou
accord, des dispositions de l’article 53 de la Constitution ; que, par suite, contrairement à ce que soutient,
à titre principal, le ministre des affaires étrangères, le moyen tiré par les sociétés requérantes de ce que le
décret attaqué serait illégal au motif que l’approbation de l’accord qu’il publie n’a pas été autorisée par la
loi n’est pas inopérant ;
Considérant qu’aux termes de l’article 55 de la Constitution du 4 octobre 1958 : “Les traités ou accords
régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous
réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie” ; qu’il n’appartient pas au juge
administratif d’apprécier si et dans quelle mesure les conditions d’exécution par l’autre partie d’un traité
ou d’un accord sont de nature à priver les stipulations de ce traité ou de cet accord de l’autorité qui leur
est conférée par la Constitution ; que, par des observations produites le 2 novembre 1998, le ministre des
affaires étrangères a fait savoir que les stipulations précitées de l’article 5 de la déclaration relative à la
coopération culturelle entre la France et l’Algérie ne pouvaient être regardées comme ayant été en vigueur
à la date de la décision attaquée dès lors que, à cette date, la condition de réciprocité posée à l’article 55
de la Constitution n’était pas remplie ; que, par suite, la requérante n’est pas fondée à invoquer ces
stipulations ;
Attendu, ensuite, que l’article 188 de la loi organique du 19 mars 1999 a valeur constitutionnelle en ce
que, déterminant les conditions de participation à l’élection du congrès et des assemblées de province de
la Nouvelle-Calédonie et prévoyant la nécessité de justifier d’un domicile dans ce territoire depuis dix ans
à la date du scrutin, il reprend les termes du paragraphe 2.2.1 des orientations de l’accord de Nouméa, qui
a lui-même valeur constitutionnelle en vertu de l’article 77 de la Constitution ; que la suprématie conférée
aux engagements internationaux ne s’appliquant pas dans l’ordre interne aux dispositions de valeur
constitutionnelle, le moyen tiré de ce que les dispositions de l’article 188 de la loi organique seraient
contraires au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales doit être écarté ;
21. La Cour admet que…, afin de déterminer si, dans les faits, le traité est appliqué ou non par l’État
cocontractant, les juridictions peuvent être appelées à consulter le ministère des Affaires étrangères, par
nature susceptible de détenir des informations concernant l’application du traité par l’autre État.
-18-
22. Toutefois, la Cour note qu’en l’espèce le Conseil d’État, conformément à sa propre jurisprudence,
s’en remit entièrement à une autorité relevant du pouvoir exécutif pour résoudre le problème
d’applicabilité des traités qui lui était posé … Or, même si la consultation du ministre par le Conseil
d’État pour l’appréciation de la condition de réciprocité peut paraître nécessaire, cette juridiction, par sa
pratique actuelle du renvoi préjudiciel, utilisée en l’espèce, s’oblige à suivre obligatoirement l’avis du
ministre, c’est-à-dire d’une autorité qui lui est extérieure, et qui se trouve en outre relever du pouvoir
exécutif, sans soumettre cet avis à la critique ni à un débat contradictoire.
23. La Cour observe de surcroît que l’interposition de l’autorité ministérielle, qui fut déterminante pour
l’issue du contentieux juridictionnel, ne se prêtait en effet à aucun recours de la part de la requérante, …
24. Dans ces conditions, la requérante ne peut passer pour avoir eu accès à un tribunal ayant ou s’étant
reconnu une compétence suffisante pour se pencher sur toutes les questions de fait et de droit pertinentes
pour statuer sur ce litige (voir, notamment, l’arrêt Terra Woningen B.V. précité, p. 2123, § 54).
25. Partant, il y a eu violation de l’article 6 § 1 de la Convention en ce que la cause de la requérante n’a
pas été entendue par un « tribunal » de pleine juridiction. (…)
-19-
Considérant que l’autorité compétente, saisie d’une demande tendant à l’abrogation d’un règlement
illégal, est tenue d’y déférer, soit que ce règlement ait été illégal dès la date de sa signature, soit que
l’illégalité résulte de circonstances de droit ou de fait postérieures à cette date ;
Sur les conclusions dirigées contre le refus d’abroger l’article 1er du décret :
Considérant qu’aux termes de l’article 1er du décret du 19 août 2004 : Le présent décret s’applique aux
installations classées pour la protection de l’environnement produisant ou transformant des métaux
ferreux, produisant de l’énergie, des produits minéraux, du papier ou de la pâte à papier et répondant aux
critères fixés dans l’annexe au présent décret, au titre de leurs rejets de dioxyde de carbone dans
l’atmosphère, à l’exception des installations ou parties d’installations utilisées pour la recherche, le
développement et l’expérimentation de nouveaux produits et procédés ; qu’aux termes du point II-A de
l’annexe au décret, sont visées au titre des activités de production et de transformation des métaux
ferreux, les installations de grillage ou de frittage de minerai métallique, y compris de minerai sulfuré et
les installations pour la production de fonte ou d’acier (fusion primaire ou secondaire), y compris les
équipements pour coulée continue d’une capacité de plus de 2,5 tonnes par heure ;
Considérant que la soumission des activités de production et de transformation des métaux ferreux au
système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre est prévue par l’annexe I de la directive
du 13 octobre 2003, dont l’annexe au décret du 19 août 2004 se borne à reprendre, à l’identique, le
contenu ; qu’ainsi qu’il a été dit, la directive exclut la possibilité, pour un Etat membre, de soustraire des
activités visées à l’annexe I au champ d’application du système ;
Considérant, en premier lieu, que le pouvoir réglementaire ne pouvait donc, en l’espèce, se livrer à
aucune appréciation quant au champ d’application du décret ; que, dès lors, le moyen tiré de ce que celui-
ci serait entaché d’erreur manifeste d’appréciation ne peut qu’être écarté ;
Considérant, en deuxième lieu, qu’est invoqué le moyen tiré de ce que l’article 1er du décret
méconnaîtrait le principe de sécurité juridique en tant que principe général du droit communautaire ; que,
toutefois, la circonstance que les entreprises du secteur sidérurgique ne pourraient prévoir à quel prix elles
devront, le cas échéant, acheter des quotas ne saurait caractériser une méconnaissance de ce principe ;
Considérant, en troisième lieu, que les sociétés requérantes soutiennent que l’article 1er du décret
méconnaîtrait plusieurs principes à valeur constitutionnelle ;
Considérant que si, aux termes de l’article 55 de la Constitution, les traités ou accords régulièrement
ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour
chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie , la suprématie ainsi conférée aux
engagements internationaux ne saurait s’imposer, dans l’ordre interne, aux principes et dispositions à
valeur constitutionnelle ; qu’eu égard aux dispositions de l’article 88-1 de la Constitution, selon lesquelles
la République participe aux Communautés européennes et à l’Union européenne, constituées d’Etats qui
ont choisi librement, en vertu des traités qui les ont instituées, d’exercer en commun certaines de leurs
compétences , dont découle une obligation constitutionnelle de transposition des directives, le contrôle de
constitutionnalité des actes réglementaires assurant directement cette transposition est appelé à s’exercer
selon des modalités particulières dans le cas où sont transposées des dispositions précises et
inconditionnelles ; qu’alors, si le contrôle des règles de compétence et de procédure ne se trouve pas
affecté, il appartient au juge administratif, saisi d’un moyen tiré de la méconnaissance d’une disposition
ou d’un principe de valeur constitutionnelle, de rechercher s’il existe une règle ou un principe général du
droit communautaire qui, eu égard à sa nature et à sa portée, tel qu’il est interprété en l’état actuel de la
jurisprudence du juge communautaire, garantit par son application l’effectivité du respect de la
disposition ou du principe constitutionnel invoqué ; que, dans l’affirmative, il y a lieu pour le juge
administratif, afin de s’assurer de la constitutionnalité du décret, de rechercher si la directive que ce
décret transpose est conforme à cette règle ou à ce principe général du droit communautaire ; qu’il lui
revient, en l’absence de difficulté sérieuse, d’écarter le moyen invoqué, ou, dans le cas contraire, de saisir
la Cour de justice des Communautés européennes d’une question préjudicielle, dans les conditions
prévues par l’article 234 du Traité instituant la Communauté européenne ; qu’en revanche, s’il n’existe
pas de règle ou de principe général du droit communautaire garantissant l’effectivité du respect de la
disposition ou du principe constitutionnel invoqué, il revient au juge administratif d’examiner directement
la constitutionnalité des dispositions réglementaires contestées ;
Considérant que les sociétés requérantes soutiennent que seraient méconnus le droit de propriété et la
liberté d’entreprendre, dès lors que l’inclusion des entreprises du secteur sidérurgique dans le système les
-20-
placerait dans une situation où elles seraient contraintes d’acquérir des quotas d’émission de gaz à effet de
serre ; qu’en effet, le taux de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui leur est imposé serait
supérieur aux possibilités de réduction effective des émissions de gaz à effet de serre dont elles disposent
en l’état des contraintes techniques et économiques ;
Considérant que le droit de propriété et la liberté d’entreprendre constituent des principes généraux du
droit communautaire ; qu’ils ont, au regard du moyen invoqué, une portée garantissant l’effectivité du
respect des principes et dispositions de valeur constitutionnelle dont la méconnaissance est alléguée ;
qu’il y a lieu, dès lors, pour le Conseil d’Etat, de rechercher si la directive du 13 octobre 2003, en tant
qu’elle inclut dans son champ d’application les entreprises du secteur sidérurgique, ne contrevient pas
elle-même à ces principes généraux du droit communautaire ;
Considérant que la seule circonstance que les entreprises du secteur sidérurgique soient incluses dans le
système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre ne saurait être regardée comme portant
atteinte aux principes généraux du droit communautaire qui garantissent le droit de propriété et la liberté
d’entreprendre, dès lors qu’une telle atteinte ne pourrait résulter, le cas échéant, que du niveau de
réduction des émissions de gaz à effet de serre assigné à ce secteur dans le cadre du plan national
d’allocation des quotas prévu par l’article 8 de la directive et approuvé par un décret distinct du décret
contesté ;
Considérant que les sociétés requérantes mettent en cause également la méconnaissance du principe à
valeur constitutionnelle d’égalité ;
Considérant qu’elles font valoir, tout d’abord, que les entreprises du secteur sidérurgique se trouveraient
placées dans une situation différente de celles des autres entreprises soumises au système d’échange de
quotas d’émission de gaz à effet de serre et ne pourraient, dès lors, faire l’objet du même traitement ; que,
cependant, le principe constitutionnel d’égalité n’implique pas que des personnes se trouvant dans des
situations différentes doivent être soumises à des régimes différents ; qu’il suit de là que le moyen ne
saurait être utilement invoqué ;
Considérant, toutefois, que les sociétés requérantes soutiennent en outre que l’article 1er du décret attaqué
méconnaît le principe d’égalité au motif que les entreprises relevant de secteurs concurrents, notamment
du plastique et de l’aluminium, et émettant des quantités équivalentes de gaz à effet de serre, ne sont pas
assujetties au système d’échange de quotas ;
Considérant que le principe d’égalité, dont l’application revêt à cet égard valeur constitutionnelle,
constitue un principe général du droit communautaire ; qu’il ressort de l’état actuel de la jurisprudence de
la Cour de justice des Communautés européennes que la méconnaissance de ce principe peut notamment
résulter de ce que des situations comparables sont traitées de manière différente, à moins qu’une telle
différence de traitement soit objectivement justifiée ; que la portée du principe général du droit
communautaire garantit, au regard du moyen invoqué, l’effectivité du respect du principe constitutionnel
en cause ; qu’il y a lieu, dès lors, pour le Conseil d’Etat, de rechercher si la directive du 13 octobre 2003,
en tant qu’elle inclut dans son champ d’application les entreprises du secteur sidérurgique, ne contrevient
pas à cet égard au principe général du droit communautaire qui s’impose à elle ;
Considérant qu’il ressort des pièces du dossier que les industries du plastique et de l’aluminium émettent
des gaz à effet de serre identiques à ceux dont la directive du 13 octobre 2003 a entendu limiter
l’émission ; que ces industries produisent des matériaux qui sont partiellement substituables à ceux
produits par l’industrie sidérurgique et se trouvent donc placées en situation de concurrence avec celle-ci ;
qu’elles ne sont cependant pas couvertes, en tant que telles, par le système d’échange de quotas de gaz à
effet de serre, et ne lui sont indirectement soumises qu’en tant qu’elles comportent des installations de
combustion d’une puissance calorifique supérieure à 20 mégawatts ; que si la décision de ne pas inclure
immédiatement, en tant que telles, les industries du plastique et de l’aluminium dans le système a été prise
en considération de leur part relative dans les émissions totales de gaz à effet de serre et de la nécessité
d’assurer la mise en place progressive d’un dispositif d’ensemble, la question de savoir si la différence de
traitement instituée par la directive est objectivement justifiée soulève une difficulté sérieuse ; que, par
suite, il y a lieu pour le Conseil d’Etat de surseoir à statuer sur les conclusions de la requête dirigées
contre le refus d’abroger l’article 1er du décret contesté jusqu’à ce que la Cour de justice des
Communautés européennes se soit prononcée sur la question préjudicielle de la validité de la directive du
13 octobre 2003 au regard du principe d’égalité en tant qu’elle rend applicable le système d’échange de
quotas d’émission de gaz à effet de serre aux installations du secteur sidérurgique, sans y inclure les
-21-
industries de l’aluminium et du plastique ;
-22-
octobre 2002, que, dans l’ordre juridique communautaire, les droits fondamentaux garantis par la
convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales sont protégés
en tant que principes généraux du droit communautaire ; qu’il appartient en conséquence au juge
administratif, saisi d’un moyen tiré de la méconnaissance par une directive des stipulations de la
convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, de rechercher
si la directive est compatible avec les droits fondamentaux garantis par ces stipulations ; qu’il lui revient,
en l’absence de difficulté sérieuse, d’écarter le moyen invoqué, ou, dans le cas contraire, de saisir la Cour
de justice des Communautés européennes d’une question préjudicielle, dans les conditions prévues par
l’article 234 du Traité instituant la Communauté européenne ;
Considérant, en second lieu, que lorsque est invoqué devant le juge administratif un moyen tiré de ce
qu’une loi transposant une directive serait elle-même incompatible avec un droit fondamental garanti par
la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales et protégé
en tant que principe général du droit communautaire, il appartient au juge administratif de s’assurer
d’abord que la loi procède à une exacte transposition des dispositions de la directive ; que si tel est le cas,
le moyen tiré de la méconnaissance de ce droit fondamental par la loi de transposition ne peut être
apprécié que selon la procédure de contrôle de la directive elle-même décrite ci-dessus ;
Sur les moyens mettant en cause la validité de la directive du 4 décembre 2001 :
Considérant qu’il résulte de l’interprétation de la directive du 4 décembre 2001 qui a été donnée par
l’arrêt du 26 juin 2007, Ordre des barreaux francophones et germanophones et autres , de la Cour de
justice des Communautés européennes, saisie d’une question préjudicielle par la Cour d’arbitrage de
Belgique, que les dispositions de son article 6 qui, ainsi qu’il a été dit, permettent, dans certains cas, aux
Etats membres de ne pas imposer aux avocats les obligations d’information et de coopération qu’il
prévoit, doivent être regardées, à la lumière du considérant n° 17 de la directive, et afin de donner une
interprétation du texte compatible avec les droits fondamentaux garantis par la convention européenne de
sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, comme excluant que de telles obligations
puissent, dans les cas ainsi mentionnés, leur être imposées ;
Considérant, en premier lieu, qu’il résulte de ce qu’a jugé la Cour de justice des Communautés
européennes que la directive, ainsi interprétée, ne méconnaît pas les exigences liées au droit à un procès
équitable garanti par l’article 6 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des
libertés fondamentales, dès lors qu’elle impose que soient exclues du champ des obligations
d’information et de coopération les informations reçues ou obtenues par les avocats à l’occasion de leurs
activités juridictionnelles ;
Considérant, en deuxième lieu, que si la Cour de justice des Communautés européennes, qui n’était saisie
que de la question de la validité de la directive au regard de l’article 6 de la convention européenne de
sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ne s’est pas explicitement prononcée en
ce qui concerne les informations reçues ou obtenues par un avocat lors de l’évaluation de la situation
juridique d’un client, il résulte de l’interprétation qu’elle a donnée de la directive que celles-ci doivent
également, à la lumière du considérant n° 17, être exclues du champ des obligations d’information et de
coopération à l’égard d’autorités publiques, sous les seules réserves des cas où le conseiller juridique
prend part à des activités de blanchiment de capitaux, où la consultation juridique est fournie à des fins de
blanchiment de capitaux et où l’avocat sait que son client souhaite obtenir des conseils juridiques aux fins
de blanchiment de capitaux ; que dans ces conditions, et eu égard à l’intérêt général qui s’attache à la lutte
contre le blanchiment des capitaux, doit être écarté le moyen tiré de ce que la directive, ainsi interprétée
en ce qu’elle concerne les activités d’évaluation par les avocats de la situation juridique de leur client,
porterait une atteinte excessive au droit fondamental du secret professionnel protégé par l’article 8 de la
convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, lequel prévoit
qu’il peut y avoir ingérence de l’autorité publique dans l’exercice du droit au respect de la vie privée et
familiale, notamment lorsqu’une telle mesure est nécessaire à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et
à la prévention des infractions pénales ;
Considérant enfin que le moyen tiré de ce que la directive laisserait aux Etats membres le soin de
déterminer eux-mêmes le niveau de protection à assurer aux informations détenues par les avocats ne
peut, compte tenu de l’interprétation qu’il convient de donner à ce texte, qu’être écarté ; que la
circonstance que la directive ne définit pas la notion de procédure judiciaire ne saurait être regardée
comme entraînant une méconnaissance du principe de sécurité juridique, dès lors que la directive a eu
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recours, comme il lui appartenait de le faire, à une notion susceptible de s’appliquer aux différents
systèmes juridiques des Etats membres ; qu’enfin, les requérants ne sauraient utilement invoquer la
Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, laquelle est dépourvue, en l’état applicable du
droit, de force juridique ;
Considérant qu’il résulte de ce qui précède, et sans qu’il soit besoin de saisir la Cour de justice des
Communautés européennes d’une question préjudicielle, que les moyens mettant en cause la validité de la
directive du 4 décembre 2001 ne peuvent qu’être écartés ;
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II/ EXERCICES
Préparer une introduction de commentaire d’arrêt et un plan détaillé pour chacun des arrêts ou décisions
reproduits par extraits ci-dessus.
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III/ EXPOSÉ
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