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‘-roll*_” Avec Françoise MARTEL, Infirmière Cénérak*

LA RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS,


STRATEGIE SCIENTI[IQUE,ET,POLITIQUE
DE L’INFIRMIERE GENERALE

SOMMAIRE INTRODUCTION

INTRODUCTION
« Vingt ans après » répondant aux exigences de I’évo-
LA RECHERCHE ET LES MISSIONS DE L’INFIRMIER(E) lution sociale et à des besoins et demandes de santé
GÉNÉRAL(E) plus spécifiques, est édictée une nouvelle loi portant
réforme hospitalière. Cette loi (n” 91-748) du 31 juil-
Le rôle scientifique du D.S.S.I. let 1991 transforme les hôpitaux en < Etablissements
Publics de Santé » et leur impose des obligations et
L’1.C. et la politique du S.S.I.
des missions élargies, la référence à des projets
La recherche en soins infirmiers concertés, une évaluation continue.

Par ce texte, il est également « créé, dans chaque Eta-


DES DIFFICULTÉS A CONCILIER LES RÔLES
blissement, un Service de Soins Infirmiers dont la Di-
SCIENTIFIQUE ET POLITIQUE DE L’IG.
rection est confiée à IfInfirmier Général(e) » (art.
Absence de recherche et gestion des soins L 714-26) qui préside aussi une Commission consul-
téesur:
Faute de recherche, l’administration du S.S.I.
,j:
- l’organisation générale des soins, ,i
POUR UNE POLITIQUE SCIENTIFIQUE DU SERVICE
DE SOINS INFIRMIERS - leur évaluation,

Projet des S.S.I. - l’élaboration d’une politique de formation,


Vers un management de la recherche - le projet d’établissement.

CONCLUSION !l
* Directrice de I’Ecole des Cadrer de Midi-Pyrénées, Membre de la
BIBLIOGRAPHIE Délégation a la Recherche Clinique du C.H.U. de Toulouse. ,b i
II
II
Dans cette situation vaste et complexe, une question comme les deux pôles complémentaires à la mission
se pose : comment « le responsable du Service Infir- de I’lnfirmier(e) Général(e) : la gestion et I’administra-
mier » (1) peut-il, tout à la fois, coordonner, d sous tion du Service de Soins Infirmiers. Deux pôles
l’autorité du Chef d’Etablissement », l’organisation et complémentaires car la gestion des soins, qui néces-
la mise en oeuvre de soins infirmiers efficients et de site une approche d’expertise et de créativité, traduit
qualité, et défendre une politique de soins qui parti- cette fonction en un rôle scientifique, cependant que
cipe de la politique d’Etablissement ? Autrement dit, l’administration du Service de Soins Infirmiers révèle
comment le « Directeur du Service de Soins Infir- l’importance du rôle politique de son Directeur, rôle
miers 1) (2) peut-il concilier sa mission scientifique de politique qui peut être compris comme la capacité à
soignant et son rôle de politique au sein d’un Etablis- faire les choix nécessaires pour assurer la compé-
sement de Santé ! tence, l’efficacité, l’avenir et la reconnaissance des
soins et des soignants.
Nous nous trouvons ici dans une double problémati-
que : Au coeur de cette complexité, /‘information. C’est elle
qur permet de « mieux connaître pour mieux choisir
- celle de la compléxité, et diriger ». Encore faut-il la trouver, la comprendre,
l’évaluer, l’utiliser et la diffuser. Encore faut-il vouloir
- et celle de la dualité.
la rechercher. La recherche en Soins Infirmiers permet
Dualité de la mission et complexité des fonctions. de conjuguer l’esprit d’aventure et la rigueur néces-
saires à cette découverte. Elle permet au Directeur du
La dualité inhérente à la mission de I’lnfirmier(e) Gé- Service de Soins Infirmiers de disposer du tryptique
néral(e) se traduit par le paradoxe de la coexistence savoir-vouloir-pouvoir qui peut l’aider à concilier plus
du savoir et du pouvoir, coexistence nécessaire à facilement ses missions, à assumer ses fonctions et à
l’exercice de la Direction du Service de Soins Infir- jouer pleinement son rôle. Toute cette problématique
miers. nous amène à poser cette hypothèse : s’il ne dispose
pas de l’outil performant qu’est la Recherche en Soins
Quant à la complexité de ses fonctions, elle se double Infirmiers, afin de découvrir, analyser et valider les
de la complexité du savoir dont il lui faut disposer informations nécessaires à l’exercice de ses missions,
pour : un Directeur du Service de Soins Infirmiers ne peut, ni
développer totalement, ni mettre en accord, ses fonc-
- créer un Service de Soins structuré, organisé, qui tions scientifique et politique.
puisse générer une transformation profonde de la pen-
sée et de la pratique infirmière ; Avant de tenter de valider cette hypothèse, il est né-
- engager ce service à participer à la mise en oeuvre cessaire de situer le cadre de cette réflexion. D’abord
en décrivant le domaine premier de la recherche,
de la Loi et des grandes orientations de la politique de
c’est-à-dire le domaine scientifique et en posant la
santé ;
question de la scientificité des SoEns. Ensuite, en dé-
- lui permettre, ainsi qu’à ses clients, de. trouver terminant le champ politique de I’lnfirmier(e) Céné-
l’autonomie et la responsabilité qu’il réclame, afin de ml(e) et sa capacité à faire participer le S.S.I. (3) à
participer, en partenaire responsable, à l’évolution du l’évolution des Etablissements de Santé. Enfin, en dé-
Service Public Hospitalier. En un mot, tout le savoir terminant précisément ce qu’est la R.S.I. (4) et en sou-
nécessaire pour développer une politique sanitaire de lignant les enjeux de sa pratique.
qualité globale et créer les conditions d’une nouvelle
dynamique qui permette d’offrir à la société de vérita- Ces références permettront de vérifier l’hypothèse
bles « Etablissements de Santé ». envisagée, mais aussi de déterminer des pistes de
réflexion, afin ‘de mettre en place la R.S.I. et d’en
Ces fonctions, ainsi que l’activité de formation qui les faire un des outils privilégiés de la Direction du
complète et les enrichit, doivent être abordées S.S.I.

Lire partout : (3) Sewice de Soins Infirmiers


(4) Recherche en Soins Infirmiers
LA RECHERCHE ET LES,M!SSIONS d’éliminer la singularité, la localité, la temporalité,
DE L’INFIRMIER(E) GENERAL(E) celui de reconnaître la complication, d’admettre le
désordre complémentaire de l’ordre.
II faut accepter que tout travail sur l’homme soit du
« ~a clef de toute science est, sans contredit le point domaine de la complexité et faire du savoir et de la
d’interrogation ; nous devons /a plupart des grandes science une ouverture. Mais alors la complexité ap-
découvertes au « comment ? » et /a sagesse, dans la pelkla stratégie, « l’art d’utiliser les informations qui
vie, consiste peut-être, à se demander, à tout propos, surviennent dans l’action, de les intégrer, de formuler
« pourquoi ? » soudain des schémas d’action et d’être apte à rassem-
BALZAC bler le maximum de certitudes pour affronter I’incer-
La peau de chagrin tain » (6). La direction des soins se situe dans ce
contexte et nécessite de penser ensemble les réalités
Actuellement, la santé semble progresser, nous assis- humaines et de les faire dialoguer. C’est là que se si-
tons à des avancées prodigieuses en matière de pro- tuent la difficulté et la force de la mission de I’lnfir-
grès biomédical et nous visons une meilleure adéqua- mier(e) Général(e), ses rôles scientifique et politique.
tion entre les demandes de santé et les services
offerts. Pourtant, la situation économique se détériore
encore du fait du ralentissement de la croissance.
Nous devrons nous interroger sur des problèmes I”:i Le rôle scientifique du directeur du S.S.I.
comme ceux de l’utilisation des ressources dans le
développement des systèmes de santé, des relations
de l’homme et son environnement ou de l’inégalité Le rôle scientifique de I’lnfirmier(e) Général(e) peut
des accès aux soins. être compris comme la traduction, dans la pratique,
Pour être efficaces, les services de santé doivent d’une de ses fonctions, la gestion des soins. Gérer les
s’équiper, être gérés au mieux et s’entourer de per- soins, c’est les supporter, les porter à un niveau de
sonnes compétentes, c’est-à-dire qu’ils doivent mobi- qualité qui permette :
liser toutes les ressources dont ils disposent en tenant
- de ne pas nuire,
compte des priorités et des moyens disponibles. Ils
doivent s’inspirer de grands principes directeurs que - de répondre aux besoins et demandes de la clien-
rappelle I’0.M.S. : tèle,
- améliorer constamment I’efficience et l’efficacité - d’en faire un service libéral -au sens où I’enten-
des interventions de soins, dait La Bruyère ; la libéralité consistant « m o i n s à
- respecter les droits de l’homme et l’intégrité de donner beaucoup qu’à propos ».
l’individu, Gérer les soins, dans ce but de qualité totale, c’est
..,
- rechercher une compatibilité entre le niveau de leur apporter efficacité, intelllgtblllte et crédibilité,
soins et le système socio-économique. c’est-à-dire leur conférer un caractère opératoire « et
c’est en définitive ce caractère qui confère à la
L’hôpital doit être considéré comme un soutien de
science son caractère distinctif » (7). Rendre le service
cette organisation et doit s’ouvrir sur l’extérieur pour
infirmier plus scientifique conduit donc à offrir un ser-
analyser de façon adéquate les besoins et demandes
vice de haute qualité et plus libéral.
de santé et pour participer au développement de la
qualité de la vie. Ces objectifs politiques de santé Mais qu’est-ce que la Science et en quoi consiste le
mettent la science au service de l’homme dans une rôle scientifique de I’lnfirmier(e) Général(e) ! Peut-on
approche multidimensionnelle qui doit conduire à la d’ailleurs poser la question sous cette forme ? N’y
réflexion. Cette complexité évidente des soins et des a-t-il pas plutôt des sciences comme il y a des disci-
sciences humaines « fait partie de la problématique plines, comme II y a la science médicale ou comme
générale de la connaissance scientifique » (3, mais pourrait se singulariser la science infirmière ? Disons
approcher cette complexité, c’est aussi un défi : celui plutôt qu’il y a des sciences et une démarche scientifi-
d’accepter le hasard comme la nécessité, de refuser que.

Recherche en soins infirmiers N’33 -Juin 1993


II n’y a pas de définition scientifique de la science et, questions. II existe un savoir infirmier, qui analyse les
pour la décrire, il est peut-être plus facile de voir demandes de santé des Patients, essaie d’y répondre
d’abord ce qu’elle n’est pas. Elle n’est ni un savoir- pertinemment, qui s’appuie sur une démarche intel-
faire, ni une technologie, ni un corps de techniques, lectuelle et qui vise à offrir des soins cohérents et
pourtant indissociables du principe de scientificité. adaptés. Mais visant encore plus, toujours plus, d’effi-
Elle n’est pas non plus un objet de savoir et, en aucun cacité, donc de qualité :
cas, une certitude ou une expertise : un scientifique
est sûrement expérimenté, jamais un expert, « serait scientifique tout savoir qui aurait réussi à ins-
crire ses pratiques constructives, déductives, expéri-
Alors, qu’est-ce qu’une science ? Avant tout, une affi- mentales, évolutives, voire fondationnelles, dans
tude : celle de l’aventure et cela ne se fait, ni sans dé- le cadre d’un jeu réglé d’opérations, c’est-à-dire
fi, ni sans lutte et parfois même, combat. Une science de transformations réglées par des schémas for-
est une quête, une démarche pour habiliter le vrai; mels » (10).
d’ailleurs, « le propre de la scientificité n’est pas de
refléter le réel, mais de le traduire en théories chan- Les enjeux de la scientificité des soins se situent donc
geantes et réfutables » (8). L’esprit scientifique contri- aux niveaux :
bue à éclairer : c’est l’art de découvrir, de compren- - du développement de leur qualité, c’est-à-dire en
dre et de savoir utiliser. Son domaine est celui des degré de conformité à des normes fixées profession-
vérités complexes, jamais démontrées, postulées, va- nellement. La recherche de normes pertinentes vise
lables jusqu’à leur réfutation. Ainsi, la science un haut niveau de qualité et leur validité doit être
consiste à découvrir constamment des problèmes constamment testée. Les autres services et les usagers
nouveaux et à soumettre les réponses à des tests re- doivent aussi être associés à l’élaboration des nonnes
nouvelés et de plus en plus affinés. « Elle contribue à de qualité du S.S.I. ;
une oeuvre de clarté » (9). BACHELARD note d’ail-
leurs qu’une science se constitue sur un ensemble - de l’acquisition et de l’entretien constant du Sa-
d’erreurs rectifiées : elle progresse par conjectures et voir Infirmier, afin qu’il demeure pertinent et rigou-
réfutations avec : reux. La Science doit être, avant tout, une activité co-
gnitive mais aussi élucidante et enrichissante. Il faut
- un savoir référent toujours augmenté, donc accumuler, mais aussi rechercher de nouvelles
- une démarche rigoureuse, connaissances dans tous les domaines des sciences
humaines ;
- des procédures strictes de vérification et de criti-
que. - du développement du raisonnement expérimental.
Soigner c’est aussi faire les liens entre les réalités
C’est une discipline, difficile, faite d’un ensemble de observées et être capable de transformer les observa-
connaissances uniques et destinée à : tions en hypothèses de travail. C’est ainsi que peut se
concrétiser quotidiennement la créativité des soi-
- formaliser gnants. « L’ordre logique du raisonnement expérimen-
tal est bien le suivant : le fait ; l’observation qui sug-
- approfondir gère l’idée sur l’hypothèse qui dirige l’expérience,
le savoir laquelle juge l’idée » (11) ;
- vérifier
- et de l’orientation de la pratique soignante dans le
- restructurer but d’un progrès permanent car le scientifique est
avant tout homme de terrain et, par pratique, nous
Alors posons-nous la question de /a scientificité des n’entendons pas seulement les actes effectués, mais
soins infirmiers : sont-ils dispensés scientifiquement et bien ces actions logiques qui découlent d’une analyse
quels seraient les enjeux d’une science infirmière ? de ce qu’il est nécessaire de faire dans une situation
C’est dans une problématique d’efficacité, l’efficacité donnée. Rendre les soins scientifiques, c’est enrichir
du service rendu par les soignants, que se posent ces leur pratique et permettre la précision dans l’action.

(81 MORIN (E.1, Science avec conscience, Fayard, Paris, 1990, (10) Enclyclop&ia Universalis, Opus citatum, p. 555.
p. 21. Il) FOURASTIE (J.), cité par M.C. SOULACNET-BASCOU : « Les
(9) WEBER (M.), Le savant et le politique, V.C.E., Paris, 1959, caractéristiques de l’esprit scientifique n in R.s.~., ni 20, mars 1990,
p. 111. (p. 40.

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Recherche en soins iniirmiers N’33 -Juin 1993


C’est aussi renoncer à la querelle sans fondement en- mier, que de l’approcher à travers ses paradoxes, ses
tre savoirs pratique et théorique... modifications, ses faiblesses. La science infirmière
peut être une quête, pratiquée dans les règles de l’art,
Les enjeux de la scientificité des soins infirmiers sont
visant plus d’objectivité, c’est-à-dire de cohérence et
simples : il s’agit de les approfondir, de les formaliser, acceptant que les faits puissent être soumis à des tests.
de les vérifier, de les restructurer, pour aller vers le La fonction scientifique de I’lnfirmier(e) Général(e)
progrès en santé et quel est le progrès que peut appor- consiste donc à aider le S.S./. à vivre /a complexité en
ter une science 1 « C’est que les erreurs soient élimi-
étant moins soumis à l’urgence de l’action et en pou-
nées, éliminées, éliminées >, (12). vant prendre des décisions dans un climat d’incerti-
Afin de permettre la correction des erreurs profession- tude. Les soins peuvent s’affirmer comme science s’ils
nelles et pour échapper à l’influence de doctrines soi- sont ancrés dans une philosophie humaniste, régis par
gnantes enfermantes, quel peut être le rôle scientifi- des lois partagées, aidés par une méthodologie créa-
que d’un(e) Infirmier(e) Général(e) ? trice, guidés par l’esprit de la recherche.

- II est d’abord de lutter contre les discours appa- Mais la Science a ses limites... Dans une perspective
remment savants, très dangereux, et d’apporter plus sanitaire et guidée par un esprit humaniste, la
d’objectivité aux soins. Le progrès doit comporter une connaissance scientifique, pourtant, « peut servir à or-
part d’autocritique et c’est au Directeur du S.S.I. de la ganiser plutôt qu’à ordonner, communiquer plutôt
susciter. qu’à manipuler, animer plutôt qu’à diriger » (14). Elle
pourrait même se révéler une voie possible pour sortir
- II est, ensuite, de gérer /‘information et le savoir le Service de Soins Infirmiers de ses difficultés
nécessaires aux soins, c’est-à-dire leur apporter une actuelles.
vision plus dynamique du service à rendre. Mais « la
connaissance ne se réduit pas à des informations ; la
connaissance a besoin de structures théoriques pour
[!:I L’hfirmier(e) Général(e) et la politique du S.S.I.
pouvoir donner sens aux informations » (13). Dans ce
but, un(e) Infirmier(e) Général(e) doit aider le S.S.I. à :
construire ses références et faire évoluer ses théo- Dans une société en constante mouvante et en conti-
;ies, nuelle mutation qui soulève de façon permanente des
problèmes de santé, mais aussi d’avenir pour le S.S.I.
maîtriser sa pratique en une démarche scientifique, c o m m e p o u r I’Hôpital, c o m m e n t a f f r o n t e r /a
complexité, le futur et l’incertitude ? Comment faire
autoévaluer ses compétences, vivre une nouvelle réforme hospitalika ? Pour ac-
corriger et améliorer ses prestations en acceptant compagner I’evolution du système de santé, pour vi-
que tout conflit d’idées soit productif. vre la concurrence, pour lutter contre l’épuisement
professionnel, pour aborder l’avenir, un art, celui de
- Il consiste à aider le S.S.I. à se doter d’outils per- /a politique. Quoiqu’en pensent certains, l’avenir
formants, prolongement de la pensée et de la main n’est jamais totalement prédéterminé : il demeure ou-
des soignants. Sans outil spécifique, les soins se résu- vert à plusieurs futurs et doit donc se présenter
ment à l’exécution d’une série d’actes. comme un espace de liberté. L’espace de liberté du
S.S.I., nous l’avons dit, c’est sa professionnalisation et
- II vise, en résumé, à développer /a professionnali- celle-ci repose sur quatre axes :
sation des soignants, c’est-à-dire à leur réserver le
contrôle, à la fois, de la définition des besoins de
- la qualité
leurs clients et de la manière de les satisfaire. Là est la
source de la crédibilité et de la reconnaissance du
- la productivité
S.S.I.
des soins
L’esprit scientifique des soins, dont est garant le Di- - la communication
recteur du S.S.I., n’est donc, ni rigide, ni enfermant, et
il s’agit moins d’accroître, sans cesse, le savoir infir- - l’administration

(12) MORIN CE.), Opur citatum, p, 53. (14) MORIN CE.), s pensées à venir » in Le Nouvel Observateur, 14
(13) MORIN CE.), Opus citatum, p. 92. au 20 décembre 198’3, p. 17.
Quatre axes qui doivent se traduire par un abord
scientifique, par le faire-savoir, par l’esprit d’en- A
treprise et par l’anticipation, ces fonctions partici-
pant elles-mêmes du rôle politique du Directeur du
S.S.I.

Mais si le S.S.I. se cantonne dans l’urgence et le systé-


matique, tout choix et toute liberté s’effacent car,
comme le soulignait TALLEYRAND : « quand il est UT-
gent, c’est déjà trop tard ». Politiquement, il faut donc
concilier présent et futur, expertise et prospective, ur-
gence et recherche... Peut-être qu’en effet, la politi-
que, comme la définissait P. SEGUIN, « est l’art de
concilier le souhaitable et le possible... ».
Ta Te&
Plus précisément, l’objet de /a politique est le pouvoir
et nous entendons ici la capacité à agir après avoir le schéma ci-dessus de P. BOISANGER où nous si-
fait des choix. Le pouvoir n’est donc ni bon, ni mau- tuons l’impact de la recherche (15).
vais... il est essentiellement un mode de relation aux
êtres et aux choses. Les sources du pouvoir ont été Rechercher le souhaitable, c’est donc :
bien souvent décrites : la force, la richesse, mais aus-
si, et nous nous y arrêterons surtout, l’information et - prévoir des scénarii pour s’armer face à plusieurs
le savoir comme la compétence, celle-ci pouvant être futurs possibles,
comprise comme l’amalgame du savoir entretenu, de - adapter des stratégies,
la motivation, de la délégation, de l’évaluation et de
l’innovation. - développer la prévention.
Mais tout pouvoir n’est pas pouvoir politique. Le poli- Ceci requiert l’information qui permettra d’agir et
tique prend des décisions quant à des actions collec- d’innover, c’est-à-dire d’ancrer des idées nouvelles
tives et règle une société ou un service. A ce titre, il dans la pratique. La recherche permet de restaurer
n’y a pas de groupe social sans pouvoir politique pour son unité, l’unité de la science et du pouvoir de choisir.
décider, commander, régler, sanctionner, c’est-à-dire
aussi pour choisir, normaliser, organiser, évaluer et C’est encore dans le domaine de la complexité que
faire réajuster. prend son sens et sa valeur la politique du S.S./.
Complexité du système de santé, des mutations hospi-
L’enjeu de la politique est de se rendre autonome et
talières nécessaires, des exigences sociales, écono-
donc responsable et professionnel (pour ce qui est du
miques et sanitaires, de l’évolution de la profession
S.S.I.) ; en effet, elle vise à intéresser un groupe à :
soignante, de la multiplication de ses fonctions, de la
- ce qu’il vit, responsabilité du S.S.I., etc., complexité d’où a émer-
gé la crise infirmière et d’où sont nés les objectifs de
- ce qu’il fait, la dernière loi de réforme hospitalière.
- ce qu’il fera, Quel peut être, dans ce cadre, le sens de la politique
du S.S.I. ? Ce sens politique vise, ici comme ailleurs,
ceci en luttant contre : le «bien-agir », c’est-à-dire toute action qui vise le
progrès en rapprochant les professionnels entr’eux et
- l’incompréhension,
en donnant un sens à leur pratique. Ce sens-là doit
- l’imprévisible, être valorisé plus que l’intelligence car il sous-tend la
richesse sociale et professionnelle du service rendu.
- l’indifférence.
II organise aussi la pratique des acteurs de santé,
Tout l’art politique repose donc sur le fait d’oser dans c’est-à-dire qu’il permet d’administrer le S.S.I., lui
la complexité, l’incertitude et l’ambiguïté. C’est en fournissant les moyens d’assurer la satisfaction des
partie ce que C. Berger a étudié sous le terme de
prospective, cette « attitude adossée au passé, ancrée (15) BOISANCER (PJ, « Réduire l’imprévu à l’imprévisible » in
dans le présent et tournée vers l’avenir » que résume Foturibles, nD 119, mars 1988, p. 62.
clients, d’accroître sa rentabilité et de développer des - C’est changer les mentalités soignantes, c’est pro-
relations stimulantes. mouvoir les soins, c’est admettre la nécessité d’un
changement dans les modes d’action et les habitudes.
Pour atteindre ce but, la politique du S.S.I. doit s’an-
crer dans trois grands principes : La promotion du S.S.I. apparaît comme une politique
de médiation entre ce service, ses clients, leur envi-
- le poids de la parole. Le Directeur du S.S.I. doit ronnement, espérant la synthèse entre les choix indi-
pouvoir « dire » les soins, leur spécificité, leurs limites, viduels et la responsabilité du S.S.I. dans le domaine
leurs normes, doit savoir ce qu’il dit et comment le des Soins et de la Santé :
dire et surtout avoir le même discours, quelles que
soient les circonstances. L’abord scientifique des Etablir des politiques visant la promotion du S.S.I.
soins, dans cette acception, est fondamentale ;
- /a cohérence du discours et des actes : elle seule
peut apporter la crédibilité et la reconnaissance d’un
service. Agir, avec intelligence et réflexion, sur des
bases scientifiques, permet de s’imposer, autant dans
l’innovation que dans la correction d’erreurs. Le vrai
sens politique ne souffre pas le mensonge et « le men-
songe vient de reculer devant l’essai » (16) ;
- /a reconnaissance d’autrui : là se trouve la signifi-
cation et la valeur de la notion de clientèle et de celle
de ressources humaines, comme celle de reconnais-
sance professionnelle.
La politique du S.S.I. consiste donc à maintenir avec
sagesse, réalisme et prudence, une dynamique de
qualité du service rendu. Pour cela, des normes doi-
vent être déterminées et < une norme de qualité doit
trouver son fondement dans les besoins du client ;
c’est une garantie de cohérence » (17) pour lui don-
ner les moyens et la force d’atteindre l’excellence et
le progrès. La R.S.I. peut aider à valider ces normes et
à organiser les tâches indispensables pour satisfaire le
Administration et Promotion du SM. :
client ; la politique du S.S.I. consiste donc en /‘utilisa-
savoir anticiper, pouvoir entreprendre
tion productive de son savoir et, à ce titre, exige tou-
jours une mise à jour ininterrompue des connais-
sances et de leur approfondissement. Pour affirmer Mais administrer le S.S.I., c’est aussi motiver ses ac-
son sens politique, le S.S.I. doit aller de la théorie à la teurs. La motivation se fabrique au travers de la
pratique et utiliser son savoir pour que ses compé- recherche et de la gestion des ressources humaines.
tences servent la qualité du service qu’il rend. La recherche peut lui apporter :

Pour administrer le S.S.I. et le promouvoir, donc exer- - une pensée commune,


cer son rôle politique, quelles sont les fonctions que
doit exercer I’lnfirmierk) Général(e) ? - plus de participation,

- D’abord, développer la conscience du service à - un esprit d’aventure.


rendre par les soignants, c’est-à-dire viser sa profes- La gestion des ressources humaines vise à entretenir :
sionnalisation et sa scientificité afin de lui permettre
d’affronter les situations complexes et d’en résoudre - la collaboration,
les problèmes.
- la présence,

- l’utilisation des ressources de chacun.

Promouvoir et motiver doivent se traduire en un


Projet pour le S.S.I., « fédérant autour d’objectifs mo-
bilisateurs, rendus explicites à l’issue d’une réflexion gnants. L’examen des forces et des faiblesses de la
cokctive, les imaginations et les énergies » (18). La discipline soignante peut sûrement aider à définir les
R.S.I. peut aider à faire émerger ce projet en appor- rôles et fonctions des infirmières, pour tout dire, à cer-
tant des éléments nécessaires pour bâtir ses objectifs, ner leui identité. Mais cette identité, toujours mal
définir les stratégies, choisir des organisations et éva- connue est peut-être mise en doute par les infirmières
luer les réalisations. elles-mêmes. Les soins manquent-ils de cette base
théorique qui les rendrait scientifiquement valables,
Exercer son rôle politique, c’est encore, pour I’lnfir-
qui leur permettrait d’être reconnus, au même titre
mier(e) Général(e), aider le S.S.I. à se procurer, à utili-
que d’autres sciences !
ser et à faire évoluer des outils de gestion des soins :
ses concepts, une démarche scientifique, des diag- Nous l’avons décrite ainsi : la science est avant tout
nostics réalisés, des méthodes d’organisation et d’éva- une aventure et toute aventure sous-entend un esprit
luation, la formation,... la recherche. de recherche, mais sous-entend aussi et surtout la pra-
tique de la recherche. La R.S.I. se développe depuis
Ces outils, partagés au sein de l’établissement avec quelques années. Cependant, des soignants restent
d’autres services fonctionnels, pourront affirmer I’au- sceptiques ou ignorants de sa spécificité par rapport à
tonomie du S.S.I. et lui permettre de participer, en la recherche médicale. Prenons garde à la réaction in-
toute responsabilité, à /a politique de /‘étab/i&ment,
verse : pour d’autres, la tentation première consiste
au travers notamment de la Commission du S.S.I. souvent à tout appeler recherche, même une simple
. Enfin, jouer son rôle politique, c’est pour le Direc- analyk de problème. La recherche scientifique, et
teur du S.S.I., grâce encore à la recherche, et avec un c’est d’elle dont nous parlons, va plus loin : elle
esprit large de collaboration, faire évoluer les soins et comprend tous les travaux et activités intellectuelles
participer à l’enseignement, dans les écoles, en for- qui terident à acquérir des connaissances nouvelles, à
mation continue et continuée, par l’éducation aux pa- repousser les limites du savoir, à prendre conscience
tients, par des écrits, des échanges, par la circulation de réalités ignorées. Un deuxième axe, toujours en
du savoir, par la recherche aussi de futurs leaders lien avec la pratique, vise à apporter des solutions à
pour les soins. des problèmes concrets. Mais toujours recherche et
pratique s’influencent et se complètent.
Le rôle politique du Directeur du S.S.I. consiste donc
à choisir, sous la responsabilité du Directeur Général La recherche, qui peut et doit conduire à la décou-
et en collaboration avec les autres services hospita- verte, repose sur un certain nombre de postulats :
liers, les voies que doivent emprunter les soignants - D’abord, le processus de recherche se reproduit
pour garantir la qualité des soins, leur autonomie volontairement : c’est la méthodologie ; elle se com-
dans l’institution et la satisfaction des clients autant pose :
que la leur. La politique, c’est penser le souhaitable,
mais avoir foi aussi dans le possible. L’esprit d’aven- d’une phase logique avec :
tufe que peut apporter la R.S.I. affirmera ce possible,
- un recueil de données,
au travers même du souhaitable car « il est parfaite-
ment exact de dire, et toute l’expérience historique le - un diagnostic,
confirme, que l’on n’aurait jamais pu atteindre le pos-
sible si, dans le monde, on ne s’était pas toujours et - une hypothèse ;
sans cesse attaqué à l’impossible » (19). d’une phase intuitive avec :
- prise de distance,
- et de maturation ;
La recherche en soins infirmiers
enfin, d’une phase critique avec :
- l’action, c’est-à-dire l’enquête,
Nous avons noté la situation de crise que vivent ac-
tuellement les institutions sanitaires autant que les soi- - l’évaluation ou vérification de l’hypothèse,
la mise au point.
- Ensuite, quelle que soit la science pour laquelle
b,z, Circulaire du 23/02/1989 relative au renouveau du Service Pu- s’exerce la démarche de recherche, le processus est le
(19) WEBER (M.1, Opus citatum, p. 185. même.
- On sait aussi qu’il faut, pour cela, libérer l’in- - elle aide à résoudre ses problèmes,
conscient de ses inhibitions : les tabous, préjugés, ha-
bitudes, idées toutes faites, etc., c’est-à-dire oser. - elle permet d’avoir, sur elle, un autre point de
vue,
- La découverte suppose donc un climat de « pas-
- elle développe, envers elle, un réel esprit critique
sion )), en tout cas, de plaisir professionnel accompa-
et donc l’aide à devenir un savoir, au sens large du
gné d’un peu de « naïveté )).
terme.
- La découverte ne se fait donc pas grâce aux ex-
perts, mais plutôt grâce aux chercheurs, car en Une des fonctions du S.S.I.
recherche, il faut faire appel moins à l’expérience
qu’à l’imagination. Ces effets sont clairement recherchés et ces objectifs
affirmés au travers de la Loi du 3l‘juillet 1991 qui dé-
- A ce titre, seul un groupe pluridisciplinaire peut finit les missions des établissements de santé ainsi que
former une unité opérationnelle de recherche, ce qui, « les moyens adéquats pour dispenser des soins de
d’ailleurs, abolit l’intérêt de l’expertise. Des logiques qualité ». L’obligation < d’analyser l’activité » et
différentes seules permettent l’affrontement (au sens « d’évaluer les pratiques professionnelles » y est
pédagogique du terme) donc le dialogue. clairement exprimée ainsi que celle de « mettre en
Toutes ces caractéristiques font déjà apparaître claire- oeuvre des systèmes d’information >>, toutes ces exi-
ment l’importance de disposer, dans le cadre d’une gences « concourant à une prise en charge globale du
discipline qui se veut scientifique, d’une équipe de malade >b.
chercheurs mais aussi d’apprendre à chacun la remise pour « prévoir et susciter les évolutions nécessaires de
en cause permanente des solutions déjà trouvées. l’offre de soins, en vue de satisfaire de manière opti-
Pour cela, deux approches sont envisageables. On male la demande santé », pour participer à toute
peut ainsi induire une généralisation, une loi (certes action de collaboration, pour s’impliquer dans I’admi-
temporaire, nous l’avons dit) à partir du vécu, de la nistration hospitalière, au travers notamment des di-
perception que l’on a des <c choses mêmes ». C’est verses Commissions d’établissement et des conseils
l’approche inductive. Mais de grands principes géné- de service, pour participer à l’élaboration de projets,
raux peuvent aussi éclairer des situations particulières le s.s.I., comme les autres services hospitaliers, sera
à travers la démarche déductive.,Dans l’un et l’autre consulté et devra avoir recours à « la recherche dans
cas, « tout l’univers de la science est construit sur le le domaine des Soins Infirmiers et à l’évaluation de
monde vécu et, si nous voulons penser la science ces Soins » (21).
elle-même avec rigueur, en apprécier exactement le
sens et la portée, il nous faut réveiller d’abord cette La fonction de recherche du S.S.I. est là clairement
expérience du monde dont elle est l’expression se- exprimée dans la Loi, aux côtés de celle de formation
conde » (20). et de gestion de l’information, afin, non seulement, de
garantir la meilleure qualité possible de ses presta-
La R.S.I. : une définition tions, mais aussi, de bénéficier du « droit à I’expres-
sion directe et collective » sur le contenu, les condi-
Ainsi, la recherche scientifique se justifie tout à fait tions d’exercice et l’organisation » de son travail.
comme approche des soins infirmiers et dans son do-
La R.S.I. est donc une conséquence logique de l’im-
maine essentiel, la pratique soignante. La recherche
portance grandissante des fonctions autonomes infir-
n’est pas un sujet de discussion à la mode... Elle est
mières. Elle doit aborder l’ensemble des situations de
nécessaire pour adapter les soins, les faire évoluer, as-
santé ainsi que l’exercice des soins et sa promotion
surer leur qualité, en faire un service rendu par des
dans tous les domaines de leur compétence, de la ré-
professionnels compétents qui osent remettre en ques-
habilitation à la prévention. La R.S.I. aborde donc
tion leur exercice. II y a réellement place pour la
l’analyse des besoins et demandes des patients, de la
Recherche en Soins Infirmiers.
qualité du service rendu, de son coût, de la dotation
La R.S.I. doit donc se définir comme la recherche des services en personnel, des conditions de travail,
scientifique appliquée aux soins, à leur pratique et de la pédagogie sanitaire, etc. Elle est aussi spécifique
ayant sur elle une triple influence : que l’est la science infirmière, « amalgame unique
d’autres sciences » (22). Si les soignants l’ignorent, La R.S.I.~ : ses enjeux
des soins peuvent être donnés et même être « consi-
dérés comme efficaces », mais ce n’est que grâce à Posséder cet outil fondamental qu’est la recherche
elle, que le S.S.I. affirmera la haute qualité de sa prati- peut permettre aux soins de gagner les enjeux de leur
que. scientificité et de se structurer en un service auto-
nome qui puisse :
La R.S.I. : un état d’esprit - poser un regard nouveau sur la santé,
répondre de manière plus adaptée, plus personna-
yr,
En effet, la recherche scientifique est avant tout un rsee et plus qualifiée aux demandes et besoins de la
état d’esprit issu du questionnement, de l’intuition, clientèle,
mais aussi de la rigueur qui permet la construction ex- - aider à développer l’autonomie et le bien-être des
périmentale. Sans elle, les soignants ne peuvent avoir
patients,
qu’une perception de la réalité des soins et que I’illu-
sion d’un savoir infirmier. Et s’il est vrai <q de dire qu’il - ouvrir des voies nouvelles dans les soins,
n’y a pas de science qui ne s’enracine dans le ter-
rain » il ne peut y avoir de pratique scientifique sans - créer de nouveaux outils pour soigner,
recherche d’où émanent lois et théories » (23). - développer la motivation et la formation des soi-
gnants.
La R.S.I. : un mode d’action En résumé, se positionner comme partenaire efficace
et responsable au coeur des établissements de santé.
Tout ceci en affirmant son professionnalisme au tra-
Elle n’est cependant pas qu’une démarche de pensée : vers d’un savoir unifié, d’écrits argumentés, d’actions
elle est aussi un mode d’action au quotidien, qui ap- concertées, de créations, c’est-à-dire au travers d’une
profondit, vérifie et restructure une pratique soi- politique efficace, vécue en une démarche participa-
gnante, souvent livrée à des conditions de travail diffi- tive.
ciles. Peut-être d’ailleurs est-ce à travers la recherche
que les infirmières développeront leur pouvoir sur
Méthodologie de la Recherche
leur propre exercice professionnel et pourront en pro-
mouvoir la qualité. « Le savoir infirmier existe : il est Pour pouvoir s’engager dans cette démarche de quali-
étendu, performant, mais il manque de certification té, mais aussi pour s’en donner les moyens humains
scientifique » (24). et financiers, les soignants ont besoin de la recherche
et la recherche a besoin d’être pratiquée avec métho-
dologie (nous l’avons vue), c’est-à-dire avec < un
La RAI. : un outil de soins corps de méthodes, de procédures, de concepts opé-
ratoires, de règles, de postulats employés par une
« Un corps professionnel est responsable de son cor- science, un art ou une discipline » (25).
pus de connaissance, de sa dynamique et de sa pro- A ce titre, le premier outil méthodologique est celui
gression. » La recherche est un des outils nécessaires qui donne un sens à la recherche, c’est-à-dire le cadre
à la professionnalisation. Pour acquérir l’esprit de li- conceptuel. Après avoir identifié un problème de
bre entreprise, les infirmières ont besoin de s’appro- soin, les infirmières pourront, grâce à lui, enclencher
prier des outils et, qui plus est, d’outils de qualité. Les un processus de recherche ; ce cadre l’éclairera grâce
outils du S.S.I. sont le prolongement de la pensée et aux références documentaires qu’il procure.
de la pratique soignante. Ce sont des moyens d’action ;
sans eux, le Service Infirmier ne peut exister et la Il clarifie aussi la problématique.
R.S.I. est l’un d’entr’eux.
II permet de formuler des hypothèses, réponses antici-
pées à la question.

(22) SCOTT-WRIGHT VA), « La Recherche, base de l’exercice de Mais il faut encore construire un plan de recherche.
la profession d’infirmière » in Krankenpflege, mai 1975, p. 167.
( 2 3 ) FORMARIER (M.1 et POIRIER-COUTANSAIS (C.), Initiation d
/a R-W., P a r i s , Lamarre-Painat, 1988, p. 2 1 .
( 2 4 ) FORMARIER (M.1 et POIRIER-COUTANSAIS (C.), Opus cita- CL51 ENCYCLOPEDIA UNIVERSALIS, Volume 6 , e M é t h o d o l o g i e u,
tum, p, 2 1 . Edition 1980, p. 370.
Recueillir les informations. du S.S.I. et d’exercer ses rôles scientifique et politi-
que, tout en visant l’excellence, l’innovation et le par-
Les exploiter, les traiter. tenariat. Annie ALTSCHUL, ancienne Doyenne de la
Evaluer les résultats et valider ou infirmer les hypo- Faculté de Soins Infirmiers de l’université d’Edim-
thèses. bourg va plus loin et affirme :

Bien sûr, cette méthodologie nécessite, pour être ap- <t II ne devrait pas y avoir d’infirmière-chercheur qui
pliquée, des outils d’enquête fiables et valides, désor- n’a pas de pratique ni d’infirmière-praticienne ne fai-
mais acquis dans les écoles en soins : les sondages, sant pas de recherche ; tout enseignant en Soins Infir-
les questionnaires, les entretiens, l’observation, tous miers et tout administrateur en Soins Infirmiers devrait
associés à des outils d’analyse bien connus eux-aussi disposer de temps pour faire de la recherche afin
et parfois empruntés à d’autres sciences : l’analyse de d’appuyer son enseignement ou ses décisions admi-
contenu, les échelles d’attitude, les statistiques, les nistratives sur des résultats de recherche... »
grilles de dépendance, etc.
Tous ces outils permettent aux soignants d’aborder
plusieurs types de recherche : DJS DIFFICULTÉS A CONCILIER
- les recherches descriptives, simples mais qui met- LES ROLES SCIENTIFIQUE,ET,POLITIQUE
tent en évidence des relations de causalité, et qui DE L’INFIRMIER(E) GENERAL(E)
vont plus loin que l’enquête ou la description. Elles
sont les plus utilisées dans les soins infirmiers. La
recherche descriptive peut aussi aborder les compa- « Ayez le culte de /‘esprit critique »
raisons qualitative ou quantitative, dans l’espace ou le
temps et permet aisément une analyse sociologique PASTEUR
des soins. La recherche historique procède de la
même démarche mais ici, le lien causal est souligné Afin de vérifier l’hypothèse de l’intérêt que peut avoir
par la notion de continuité. La recherche génétique la R.S.I. dans l’exercice des missions scientifique et
est toujours descriptive, mais centrée sur la genèse politique d’un Directeur du Service de Soins Infir-
des événements, tandis que la dialectique révèle les miers, les méthodes classiques de recherche convien-
contradictions des systèmes, etc. ; nent mal et se révèlent peu pratiques dans le contexte
actuel de la gestion des soins. En effet, peu d’hôpitaux
- /a recherche expérimentale ou quasi-expérimen- français (pour ne pas dire aucun) utilisent systémati-
tale. Peu pratiquée, elle est plus difficile à aborder, re- quement cet axe de développement du service soi-
pose sur le jeu de variables de recherche et repose gnant. Les dysfonctionnements observés dans I’admi-
aussi sur un strict respect des règles éthiques ; nistration des soins ne sont donc pas uniquement
- /a recherche action : l’action est ici le support révélateurs de l’existence d’un esprit et d’une struc-
même de la recherche. Son but premier est de faire turc de recherche au sein du service infirmier. Les
évoluer et d’améliorer la qualité de la pratique soi- problèmes peuvent avoir d’autres causes, souvent dé-
gnante. « La recherche de la maîtrise des savoir-faire, crites ou restant à découvrir et à étudier. Cependant,
l’optimisation des moyens, l’appréhension des situa- l’absence de la R.S.I., pensée comme un des outils du
tions de changement sont exploitables en recherche- Service de Soins, peut avoir des impacts non négli-
action » (26). geables et nous avons donc, pour le démontrer, choisi
d’utiliser une approche philosophique de recherche,
« Tout ne peut être fait en même temps, sans examen l’approche phénoménologique et qualitative.
et étude préalables, éventuellement Sand expérimenta-
tion et, naturellement, sans concertation... » (27). Celle-ci a pour but de faire émerger de nouveaux axes
de réflexion afin de mieux comprendre certains phé-
La R.S.I. est un des outils privilégié de I’lnfirmier(e) nomènes qui peuvent faire progresser la pratique soi-
Général(e) et lui permet, en découvrant, analysant, gnante. Comme l’a décrite MERLEAU-PONTY (28),
validant l’information, de mieux cerner la Direction cette approche s’appuie sur la compréhension globale
d’un phénomène et sur l’ébauche de nouveaux sa-
voirs que l’on peut en tirer. Son but : comprendre les
(26) FORMARIER CM.1 et POIRIER-COUTANSAIS (C.), Opus cita-
tum, p. 34.

(28) MERLEAU-PONTY CM.), Opus citatum, p. 9.

Recherche en soins infirmiers Ni 33 -Juin 1993


expériences en retournant aux faits mêmes. Certes, il B.O. n0 91-10 Bis. Nous synthétiserons simplement
s’agit moins, en un premier temps, d’expliquer que de les trois axes décrits en deux approches :
décrire le réel mais, dans ce sens, l’approche phéno-
ménologique, basée sur une philosophie de I’expé- - ceIl& de la gestion des soins infirmiers,
rience vécue, peut permettre la découverte dti «.sens
des choses » grâce à la confrontation d’expérience et - et celle de leur administration,
au recoupement de données observables : la phéno-
ménologie est aussi une approche scientifique qui
en y incluant la politique de formation et d’évaluation
vise, elle, à faire émerger le réel au-delà de I’appa-
qui fait, dans ce guide, l’objet d’un paragraphe spéci-
rente du vécu.
fique.
Reste le choix de la méthode de recherche. II paraît
logique de le dire, mais encore faut-il le souligner : Au hasard de nos observations, nous prendrons donc
une approche phénoménologique nécessite d’être as- l’exemple de trois centres hospitaliers généraux du
sociée, en recherche, à la méthode descriptive, qui, Nord et du Sud-Ouest de la France. Leur histoire est
elle, sert de fondement à toute science, grâce aux do- ancienne et ils présentent les caractéristiques sui-
maines de la déduction et des relations causales. vantes :
Cette méthode est fondamentale dans les soins
comme dans toute science sociale. Mais décrire ne - Ce sont des établissem&ts de plus de mille lits
consiste pas à établir une simple suite d’observations dont au moins cinq cents lits actifs.
sans lien ou signification. MERLEAU-PONTY le sou-
ligne encore : « la science n’a pas et n’aura jamais le
- Ils ont taille humaine.
même sens d’être que le monde perçu pour la simple
raison qu’elle en est une détermination ou une expli-
cation... (29). En conclusion, et pour schématiser, on - Ils sont proches du C.H.U. dont ils ne subissent
peut résumer la méthode descriptive en trois grands cependant pas la concurrence.
points :
- On observe, à leur tête, une Direction Générale
- décrire, c’est-à-dire se familiariser avec un phéno- très présente, mais qui n’a pas encore validé une poli-
mène ou une situation, puis les imager ou les caracté- tique et un projet d’établissement.
riser ;

- les typer, c’est-à-dire déterminer entr’eux toutes - On note une reconnaissance certaine du corps
les relations existantes ; médical.

- enfin, vérifier la présence de causes explicatives. II - Les établissements disposent d’un Service de Soins
en va également ainsi de toute réflexion qui d’abord Infirmiers, qui, sous l’impulsion d’un(e) seul(e) Infir-
aide à percevoir, puis à comprendre, enfin à expli- mier(e) Général(e), cherche à se structurer mais à qui
quer. s’oppose encore un cloisonnement certain entre les
unités de soins.
Bien sûr, l’outil privilégié de la recherche descriptive
reste /'observation, associée à l’analyse explicative.
- Ces services ont à leur disposition peu d’outils de
Nous avons donc’observé, dans le cadre d’hôpitaux
gestion et d’administration, rarement évalués. La R.S.I.
fréquentés lors de stages ou pendant notre carrière,
n’y est pas pratiquée et peu ou mal connue des soi-
les fonctionnements de leur Service de Soins Infir-
gnants.
miers. L’exercice des missions scientifique et politique
de leurs directeurs sera analysé à la lumière de la
pratique ou de l’absence de pratique de la R.S.I. - On note la présence d’un encadrement essentiel-
Et ceci grâce à une grille de lecture déjà validée lement hiérarchique, aux fonctions imprécises, floues
puisqu’il s’agit de la description des « normes de qua- et parfois mal comprises des intéressées eux-mêmes.
lité pour la pratique des soins infirmiers » qui fait
l’objet du Cuide du Service Infirmier no 12 paru au - On observe enfin des difficultés de recrutement de
personnel soignant qualifié qui touche de plein fouet
le corps infirmier, malgré la présence d’écoles profes-
(29) MERLEAU-PONTY (Ml, Opus citatum, p. 9. sionnelles au sein de ces centres hospitaliers.
Ii!] Absence de recherche et gestion du S.M. En l’absence de recherche sur l’évaluation des soins,
sur les besoins de la clientèle, sur les nouvelles tech-
niques, sur l’évolution des mentalités, en l’absence
d’évaluation de la qualité des soins et même de calcul
Le cadre des valeurs annoncées
des charges de travail, comment envisager des ré-
ponses adaptées à des demandes non formulées ?
On n’observe, dans aucun de ces établissements, la
Comment envisager des perspectives pour le S.S.I. !
connaissance par les soignants d’une politique du
S.S.I. concertée, écrite, diffusée. Les Infirmiers(ères) Comment organiser les moyens nécessaires pour régir
les actions futures ?
Généraux(ales) ne disposent pas ici de la recherche,
anthropologique et sociologique notamment, qui leur
Dans ce cadre, les normes de qualité sont mal étu-
permettrait de connaître la population qui fréquente
diées, rarement divulguées, peu utilisées et la seule
ces hôpitaux, leurs habitudes, leur culture et leurs be-
référence commune se révèle être les textes juridi-
soins de santé. Sans ces données, il leur est donc diffi-
ques. Dans ces conditions, les évaluations qualitatives
cile de conduire le S.S.I. vers une réflexion sur les
des soins sont rares et aucun projet ne voit jour dans
soins pratiqués dans les unités, leurs spécificités, les
un but de réajustement.
concepts qui les sous-tendent et qui pourraient :
- les éclairer, La Recherche et les outils du S.S.I.
- les valider,
On observe, dans ces trois institutions, que classique-
- les orienter, ment, des outils de soins ont été perpétués (cahiers de
- permettre leur évaluation. transmissions, par poste), ou imposés (par mimé-
tisme), mais peu interrogés, rarement évalués et ex-
Ainsi, la politique du S.S.I., couramment entendue ceptionnkllement validés par les soignants :
dans les unités, se traduit souvent par :
- Ainsi, certains soignants pratiquent la « démarche
- « II faut faire comme les autres... » de soins »... sans réel recueil de données de santé.
« Cette démarche scientifique 3 Ah ! oui, ce qu’elles
- « II faut de la polyvalente... »
apprennent à l’école ? ! »...
- « II faut agir suivant le chef de service... » (30)
- Ainsi, le diagnostic infirmier est inconnu des ser-
Sans références qui s’ancreraient dans une recherche vices et ne permet pas de bâtir des,, projets de soins in-
des besoins de la clientèle, il est donc difficile aux Di- dividualisés ou collectifs pour les patients.
recteurs de ces S.S.I. d’affirmer le besoin d’un niveau
de qualité référent et, par là-même, de développer, Sans diagnostic infirmier validé, il est difficile égale-
définir, exiger des normes qualitatives ou quantita- ment pour le Directeur du S.S.I. d’envisager la partici-
tives de soins. Comment, dans ce cas, peuvent-ils bâ- pation des soins au P.M.U. et de faire reconnaître le
tir, avec et pour le S.S.I., un projet de soins ! coût des prestations soignantes...
Comment faire participer le S.S.I. au projet d’établis-
gement ? Comment, sans norme, évaluer la qualité - Ainsi, aucune analyse de contenu n’a permis de
des soins, les argumenter, faire valoir un savoir infir- valider les dossiers de soins utilisés, de connaître leur
mier ? réelle utilité, de vérifier leur intérêt dans le cadre
d’une approche globale des soins : « Normalement, si
les infirmières sont intelligentes, avec des cahiers, ça
Le projet du S.S.I.
suffit. Les malades restent peu maintenant ; le dossier,
Aucun de ces établissements ne dispose d’un projet ça ne vaut, ni le coup, ni la dépense. »
de service ou d’un projet du S.S.I. qui puisse souder - Dans ces conditions, l’évaluation des prestations
un groupe professionnel ou structurer une organisa-
est difficile et l’argumentation de l’organisation des
tion.
soins parfois impossible. Sans recherche évaluative,
sans étude ergonomique ou des conditions de travail,
un(e) Infirmier(e) Général(e) peut rarement exiger une
lutte efficace contre les soins « oubliés », insuffisants
ou contre la confusion et la dispersion des tâches.

Recherche en soins infirmiers N’33 -Juin 1993


- De même, il lui est difficile de faire participer le de matériel, des dotations en linge, de l’évacuation
S.S.I. pour régler les problèmes des attentes, de l’accueil, des déchets.
des heures supplémentaires, etc.
On remarque donc, dans ces trois S.S.I. concer-
- Pour ce qui est de la méthodologie des soins, au- nés, un manque certain d’outils. Sans eux, I’lnfir-
cune recherche-action, aucune évaluation, aucun test m&(e) Général(e) ne peut exercer pleinement
n’a pu permettre l’élaboration de protocoles visant, non son rôle de gestionnaire de soins, son rôle scienti-
seulement une meilleure qualité des soins, mais aussi fique. Sans la R.S.I. qui apporterait les informa-
leur cohérence ainsi qu’une harmonisation des outils. tions validées nécessaires à sa fonction, il lui est
- Enfin, à titre de dernier exemple, l’absence de difficile de gérer efficacement, économiquement,
recherche descriptive et comparative, permet mal une la production de soins, telle que décrite dans le
participation active du S.S.I. et de son Directeur au Guide du Service Infirmier, relatif au fonctionne-
choix des matériels, à leur renouvellement, à leur ges- ment du S.S.I. (31).
tion : « Moi, il y a du matériel stocké dans mon bu-
reau, je le distribue... B.
On peut d’ailleurs observer le même phénomène
pour ce qui est de l’administration des pools des prêt

NOMBRE D; PERSONNES
SOIGNÉES

ACTES MÉDICAUX

PERSONNELS SOINS INFIRMIERS


ETIOU PARA-MÉDICAUX
+

MATIÈRES CONSOMMABLES
+
4 MOYENS
i LES USAGERS
~
ACTES MÉDICO-TECHNIQUES RATIOS
+
+
ÉQUIPEMENTS DE LA PERSONNE
ACCUEIL ACTIVITÉ HOTELIÈRE A LA SORTIE
I
ÉTUDE DE L’ËTAT +
DE SANTÉ
ACTIVITÉ ADMINISTRATIVE

INCIDENCE
INDI”IDUELLE
SOCIALE
ÉCONOMIQUE

Efficience technique Elficience


\ h s soignante et m6dicale >
\
\
‘. 1
3
I /
/
INDICATEURS DE QUALITÉ ’

Gestion de la production des soins.

Recherche en soins infirmiers N’ 33 -Juin 1993


La complexité actuelle des situations de soins ne per- Ceci amène, dans deux cas sur trois, le Directeur du
met plus l’utilisation d’outils empiriques. C’est le sa- S.S.I. à répondre aux besoins de personnels, au fur et
voir infirmier tout entier qui doit être mobilisé, testé, à mesure des demandes, quand cela est possible et,
validé pour créer les outils de son service : la fabrica- sans profil de poste ou de fonction, à placer les soi-
tion d’outils scientifiques demande toujours un im- gnants là où le manque ((( si elle convient, je la
mense et intense échange d’informations et d’explica- garde... ») s’en fait trop sentir, sans recherche d’adé-
tions. Le permettre est un des rôles de la Direction quation entre leurs qualités personnelles et les at-
d’un service et c’est aussi le domaine privilégié de la tentes des unités.
recherche.
L’accueil n’est alors pas toujours adéquat, certains
conflits éclatent, et l’épuisement professionnel, dans
ces établissements, est important autant que I’ahsen-
Eii Absence de recherche et rôle politique téisme, bien qu’aucune recherche n’ait permis de
iii; de IfInfirmier Général(e) l’évaluer quantitativement ou qualitativement ou
même d’établir des relations de cause à effet avec une
gestion insatisfaisante des effectifs, l’absence d’outils
Nous abordons ici l’administration du S.S.I. : professionnels performants, des charges de travail im-
comment est-elle envisagée dans les trois hôpitaux portantes (encore que mal connues), un entretien ré-
que nous suivons ! Nous avons défini ce rôle comme gulier du savoir, etc.
celui qui conduit au partenariat, qui responsabilise,
qui se révèle être l’art de faire des choix. - Dans le cadre de son rôle politique, la délégation
est un outil fondamental pour le Directeur du S.S.I.
- D’abord, nous remarquons qu’aucune recherche Les Surveillantes-Chefs sont dans les trois hôpitaux
ne permet d’étudier, d’affirmer, d’utiliser un cadre concernés, nombreuses, et devraient assurer, par dé-
éthique officiel ou des règles déontologiques qui puis- légation, certaines activités d’administration de I’lnfir-
sent responsabiliser tous les soignants et affirmer la mie@) Général(e). Malheureusement, seules 30 %
valeur d’un service rendu. d’entr’elles ont suivi une formation Cadre. Des Mé-
- L’esprit d’appartenance au S.S.I., dans ces condi- thodes de recherche auraient peut-être pu préciser les
tions, existe peu et pour beaucoup, axes de leurs fonctions en relation avec les exigences
institutionnelles, les demandes des soignants, les exi-
« le service de Soins Infirmiers, c’est I’LC. » et < Mé- gences des clients. Sans pouvoir les cerner, sans les
fiance, il appartient à I’Administration ». connaître, la majorité des Cadres Supérieurs de Santé
II est évident, dans ces conditions, que l’élaboration envisagent leur rôle ainsi : « je contrôle tout, tou-
jours > et on entend parfois : « je veux garder mon cô-
d’un projet de soins est difficile et lente à émerger et
que, sans lui, la crédibilité du service de soins, au tra- té I.D.E. ; je ne peux me passer des malades ». Qui
vers de son Directeur, est souvent soumise à caution alors, peut, en position fonctionnelle, et nous n’en
dans les instances participatives auxquelles assiste avons rencontrées que 5 sur 47 postes de Surveil-
l’Infirmierte) Général(e) (deux établissements sur lantes-chefs, exercer des fonctions d’administration
trois). Comment sera-t-elle reconnue au travers de la des soins, basées sur des méthodes scientifiques, ai-
future Commission du S.S.I. ? dées par la R.S.I. ! Qui sera garant de l’évaluation
qualitative, quantitative, économique des soins !
- La R.S.I. fait aussi défaut dans le domaine de la
gestion des ressources humaines. Aucun de ces trois
établissements n’utilise la recherche pour pouvoir
aborder la Gestion Prévisionnelle et Préventive des Absence de recherche et autonomie du S.S.I.
Emplois et des Carrières (pas de recherche systémati-
sée sur :
l’évolution des prestations, L’absence de R.S.I., comme outil d’administration des
soins, ne conduit pas I’lnfirmierk) Général(e) a être
les besoins futurs en personnel, reconnu(e) comme seul interlocuteur de la Direction
les remplacements à prévoir, Générale dans le cadre de la fonction autonome soi-
gnante. Certes, dans les trois cas etudiés, sur I’organi-
les adéquations qualificationlfonction ou qualifica- gramme, sa position en tant que Directeur du S.S.I. le
tionfpostes). situe aux côtés d’autres Directeurs fonctionnels. Mais,

Recherche en soins infirmiers N’ 33 -Juin 1993


sans recueil systématique d’informations pertinentes, ment les rôles de prévention ou d’éducation inclus
on note que I’lnfirmier(e) Général(e) : dans la mission de soins.

n’est pas toujours consulté(e) sur les problèmes de - Sans recherche, le Directeur du S.S.I. peut diffici-
conditions de vie des équipes et des patients à~ I’hôpi- lement évaluer la satisfaction de ses clients ou même
ta1 ; simplement analyser le contenu des appréciations que
laisse les patients. La difficulté d’évaluer ces presta-
qu’il ne peut pas toujours intervenir comme média- tions, donc de les réajuster en corrigeant les erreurs,
teur entre Médecins et Administration ; ne fait pas, sur nos terrains d’étude, des soins, une
discipline scientifique, pleinement reconnue par ses
qu’il ne participe pas systématiquement à la prise clients.
de décision dans les instances où il siège.
- De même, d’autres sciences, médicale, écono-
Ainsi, sans l’aide de la R.S.I., il n’existe également au- mique, sociologique, etc., d’autres services sanitaires
cun plan de formation continue qui définirait des be- reconnaisent parfois mal le S.S.I. comme un parte-
soins et des objectifs pédagogiques pour I’établisse- naire performant. II suffit d’observer, dans ces établis-
ment et les demandes ne sont satisfaites par sements, l’attitude des autres services hospitaliers à
I’Administration qu’au fur et à mesure de leur arrivée, leur égard : les services économiques, techniques, les
jusqu’à épuisement du budget. écoles, les C.H.R., les centres de soins hospitaliers,
etc. qui recherchent peu sa collaboration.
- On ne note également aucun rapport d’activité fait
par le Directeur du S.S.I., faute de données recueil-
lies, analysées pour informer, rendre compte, évaluer,
souligner l’évolution, poser de nouveaux objectifs et Recherche et Pédagogie
faire reconnaître le S.S.I.
- On note encore qu’il n’a pas toujours de pouvoir
de décision dans les domaines qui lui sont propres, La R.S.I. permet enfin la collaboration et le partenariat
ceux de la fonction autonome infirmière. Ainsi, l’or- dans le domaine de l’enseignement. Sans avoir re-
ganisation des soins, les méthodes de travail, I’admi- cours à elle, les trois S.S.I. observés ont des difficultés,
nistration des unités lui échappent parfois et dépen- nous l’avons vu, à prendre en charge la formation
dent généralement du corps médical : « c’est eux qui continue, autre condition de scientificité, d’efficacité
disent ce qu’ils veulent de nous ». « Ils préparent leurs et de reconnaissance des soins.
gens et les imposent. » Mais sans recherche pédagogique, on observe aussi
des difficultés relationnelles avec les écoles hospita-
- On remarque enfin qu’il n’a pas toujours la possi-
lières : ainsi, dans un établissement, aucune I.D.E.
bilité d’entreprendre les études nécessaires pour faire
n’est recrutée à l’école ; dans un autre, les travaux des
évoluer les soins et la profession, pour argumenter
élèves sont vécus comme des agressions envers les
l’obtention de moyens nécessaires, pour prendre les
initiatives concernant le S.S.I. : approche de soins unités et, dans les trois, les relations entre Directeurs
nouvelles, techniques différentes, structures spécifi- du S.S.I. et de l’école réduites à la civilité la plus ré-
glementaire.
ques, conditions de travail améliorées, etc.
Sans échange de projets de service ou pédagogique,
sans interrogation commune sur la pratique des soins,
sans réel tutorat des élèves dans les services, sans
banque de données de soins constamment enrichie,
L’absence de R.S.I. et la reconnaissance du S.S.I. de bibliothéque, de fond documentaire, le S.S.I. re-
nonce à un élément moteur de son évolution, la pé-
dagogie. Sans R.S.I. dans le domaine de l’éducation
La difficile autonomie du S.S.I., que ne sert pas la sanitaire, on peut entendre : « Ça ne manque pas, il y
Recherche, entraîne rarement une reconnaissance a peu de demandes » ou « c’est une perte de temps
complète de ses prestations et de ses membres. Nous pour les patrons... 8.
l’avons vu, la méconnaissance des besoins des pa-
tients entraîne une définition floue du service rendu Nous observons donc, dans le cadre de cette situation
et, par là, un accueil limité et des admissions parfois de services infirmiers ne disposant pas de l’outil
mal gérées ainsi que l’impossibilité d’exercer pleine- qu’est la R.S.I. que l’information nécessaire fait défaut

Recherche en soins infirmiers Ni 33 luin 1993


et que cette absence gêne le plein exercice de la mis- comprendre et pour pouvoir agir. II permet, sans
sion de I’lnfirmier(e) Général(e) : doute, à I’lnfirmier(e) Général(e) de choisir, pour lui,
les directions à prendre et d’approfondir sa culture ;
- au niveau scientifique,
d’inventer, de développer les innovations et la forma-
les connaissances, qui ne se stockent pas, vieillis- tion : toute recherche bien menée est formatrice ;
sent et se perdent ; c’est une école d’intelligence et de caractère qui dé-
veloppe les compétences.
les savoirs ne s’alimentent pas de nouvelles don-
nées vers la compétence et l’efficacité ; Les décisions stratégiques requièrent toujours des
diagnostics professionnels basés sur un recueil d’in-
l’enseignement évolue peu ; formations fiables, analysées et critiquées. La R.S.I.
rien n’entretient une vraie culture professionnelle peut donc aider à déterminer :
soignante ;
le sens critique est peu développé, ne s’appuie pas
sur des normes partagées, ne vise pas l’évaluation, ne - la pertinence
promeut pas le S.S.I. ;
- le coût des actions,
- dans une visée politique, - le niveau d’acceptabilité
le hasard est peu utilisé et, dans ce cas, il est diffi-
- les ressources nécessaires à leur
cile de développer des stratégies efficaces ;
mise en place,
car des qualités professionnelles restent enfouies : la
créativité, l’imagination, l’originalité ; - et la légalité de la situation
car on perpétue un cloisonnement certain des uni-
tés de soins ;
C’est ainsi que J.A. BURY situe sa place dans un algo-
car les professionnels sont peu mobilisés et I’émer- rythme décisionnel de tout programme de soins (32).
gence d’un véritable service fonctionnel des soins est
lente et devient aléatoire.
La R.S.I. semble donc bien être l’outil nécessaire au (32) BURY U.-A.), Education pour /a Santé, De Baeck-Wesmael,
SM. pour développer ses connaissances, pour mieux Bruxelles, 1988, p. 175.

Objectifs Action

Révélation
du
problème

Recherche Recherche

Dab. W. et Abenhaim, L.L. e Connaissance scientifique et action en sante publique : l’utilité d e l a


recherche dans l’élaboration d’un programme de santé a. Canadian Journal oiPublic Health, vo1
75, septembreloctobre, 1984, p. 392.

l’algorithme décisionnel d’un programme de santé


C’est cette olace aui oermettra au Dirkteur du communication, la capacité de choisir et d’intégrer
S.S.I. de faire des choix éclairés et de mobiliser les des réalités, attitudes fondamentales de la science et
ressources en vue de faire accomplir les obiectifs de la, wcherche. Ces attitudes peuvent aider I’lnfir-
fixés : mier.(e) Général(e) à développer un rôle politique et à
prendre, sous la responsabilité du Directeur Général
et en collaboration avec les autres services concernés,
les décisions nécessaires à l’épanouissement du
S.S.I. :

- l’excellence du service rendu

résolution des problèmes quotidiens,

correction des manques et erreurs,

satisfaction des clients,

expression des patients sur leurs besoins de santé,


Niveau de développement (33) car « il convient d’associer les usagers à I’amé-
lioration des services publics » (35) ;

Dans le même ordre d’idée, l’évaluation, comparai- - /a motivation des soignants


son d’informations et d’une norme d’acceptabilité
grâce à des critères adéquats, participe également au acquisition d’un langage professionnel partagé au-
rôle politique de I’lnfirmier(e) Général(e) car « il ne tour d’une pensée globale,
peut y avoir ni autonomie sans responsabilité, ni
développement de leur autonomie au travers de
i’argum&ation
responsabilité sans évaluation, ni évaluation sans
et de l’évaluation,
conséquence » (34). L’évaluation est une recherche
d’efficacité et de qualité autant qu’une estimation meilleure gestion du temps de travail et de son or-
quantitative ; c’est une analyse permanente pour le ganisation,
S.S.I. et sa Direction.
amélioration des conditions de travail,

restauration de la communication et décloisonne-


ment,

f diminution du poids hiérarchique car la recherche


Probkmes raccourcit la ligne hiérarchique,
Demandes
Besoins épanouissement des rôles préventif et pédagogique
de des soignants,
SERVICE
à rendre POLITIQUE adéquation et efficacité de la formation continue,
du S.S.,.
,ressources ?,
lutte contre l’épuisement professionnel ;

- le partenariat au coeur de /‘établissement

Ces observations de terrain le montrent, le pouvoir ne par l’application intelligente des textes juridiques,
s’acquiert pas uniquement par l’application de tech- notamment la Loi du 31/07/1991,
niques. II dépend aussi d’attitudes psychologiques : la
par plus de cohérence autour du projet d’établisse-
ment,
(33) Ibid, p. 186.
WI Circulaire du 23 février 1989, relative au renouveau du Ser-
vice Public (1111, Michel ROCARD. (35) Circulaire du 23/02/1~9, opus citatum, IV, 4.

Recherche en soins infirmiers N’ 33 -juin 1993


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STRATÉGIE SCIENTIFIQUE ET POLITIQUE DE L’INFIRMIÈRE GÉNÉRALE

par plus de participation à la vie de l’institution, no- POUR UNE POLITIQUE SCIENTIFIQUE
tamment dans les différentes instances légales et bien- DU SERVICE DE SOINS INFIRMIERS
tôt au travers de la Commission du S.S.I.,
par un travail sanitaire en plus étroite collaboration
« Quand l’éducation scientifique aura produit fous ses
avec le corps médical. effets, /a politique elle-même sera transformée. L’une,
La R.S.I. a sa place au coeur de la mission de I’lnfir- comme /‘autre, deviendra, suivant un mot célèbre, ex-
mie+) Général(e). Elle lui permet de mieux faire : périmentale. »
- découvrir Marcelin BERTHELOT
- mettre en place les moyens de réaliser
Ce que visent les soins c’est avant tout la QUALITÉ de
- évaluer la VIE. C’est là désormais une exigence sociale autant
une prestation de qualité maximale, les soins, par une qu’une nécessité institutionnelle. Et c’est dans cette
équipe pluridisciplinaire et compétente : le Service de perspective que le progrès peut s’affirmer quand il
Soins Infirmiers. rapproche les individus et donne un sens à leurs ac-
tions.
la politique, comme la science, sont véhiculées par
des êtres humains qui ne doivent craindre, ni de se Vouloir le progrès c’est à la fois le but de la science
tromper, ni d’oser. L’erreur est au coeur de l’esprit qui développe l’esprit critique et celui de la politique
scientifique. Pour pouvoir la corriger, il faut d’abord qui vise à faire les choix nécessaires. Mais, en amont
accepter de la voir : de ces volontés, il faut au Service de Soins Infirmiers
et à son Directeur, l’espoir qu’il existe des solutions.
- sans peur, C’est aux soignants de les découvrir pour rendre le
- sans relâche, service qu’ils souhaitent offrir.
- en référence à des valeurs partagées, La Recherche en Soins Infirmiers est un peu la traduc-
- confiant en sa correction, tion de cette espérance, un des moyens d’unifier et de
développer le S.S.I. autour d’un projet d’excellence et
- avec une méthodologie adaptée, celle de la ce projet peut devenir « un puissant levier... » pour
recherche scientifique. diriger le S.S.I. « s’il est compris comme la recherche
permanente et généralisée... du sens de chaque acti-
La R.S.I., comme les recherches en sciences hu-
vité » (36).
maines, constitue une réserve de compétence, de sa-
voirs qu’une entreprise, telle qu’un établissement de Le pouvoir qu’en tireront les soignants est acceptable
santé, doit prendre au sérieux et s’approprier. Elle puisqu’il vise un réel progrès sanitaire et hospitalier.
peut alimenter la motivation et être un des facteurs Mais il est commandé par la faculté qu’aura le S.S.I. à
clefs de l’efficacité de l’épanouissement des individus se remettre en cause et à se positionner comme un
au travail, autant que de progrès sanitaires, sociologi- partenaire performant. Réfléchir à cet avenir du S.S.I.
ques, économiques, technologiques, etc. implique donc de penser la politique des soins qu’il
convient de promouvoir, ensemble.
C’est à tous ces niveaux qu’elle peut aider les soins à
se structurer, en un long mais irréversible processus, Pour être capable d’exercer totalement ce rôle politi-
en un service performant visant l’excellence et le par- que, c’est-à-dire de développer le pouvoir de suggé-
tenariat : rer, d’influencer et de conseiller du S.S.I., I’lnfir-
mier(e) Général(e) doit exiger des soignants une
AUTONOMIE - OBLIGATIONS - RESPONSABILITE pratique scientifique et donc de recherche à toutes les
\ i’ étapes des soins. Le S.S.I. est un immense réseau d’in-
formations. Les rechercher et les valider, c’est mieux
CO\MPÉTENCE -ÉVALUA;ION
approcher les réalités et donc pouvoir choisir. Mais le
risque est inhérent au choix ; pour s’adapter et bien
choisir, il faut « piloter n le S.S.I., c’est-à-dire recher- - Enfin, si toute infirmière doit avoir l’esprit de
cher quelque certitude et donc disposer de données recherche, toutes ne doivent pas devenir chercheur.
fiables. Développer l’esprit scientifique et la R.S.I., Le tableau ci-dessous (37), situant la participation
c’est se permettre de meilleurs choix. des professionnels à la recherche, le précise claire-
ment.
Mais le pouvoir au Directeur du S.S.I. prend aussi sa
source dans l’organisation des soins. La compétence Pour tenter de pallier les difficultés que nous avons
donne, bien sûr, du pouvoir, mais le pouvoir, c’est observées, exercer plus facilement sa mission et
aussi donner la compétence et oser les changements concilier ses fonctions, I’lnfirmier(e) Général(e) peut
nécessaires. La question n’est donc plus de savoir si la développer une stratégie (38) de soins plus scientifi-
R.S.I. est nécessaire, mais de savoir comment : ques et l’aborder simultanément par différents
axes :
- la faire connaître,
- entreprendre un effort de recherche pour baser
- l’implanter, cette stratégie sur la prospective et la planification ;
- l’utiliser, - viser la flexibilité de l’ouverture du S.S.I. ;
pour le bénéfice de tout le S.S.I. et pour faciliter - rechercher un équilibre dynamique entre les soi-
l’exercice de la mission de son Directeur. gnants, les moyens du S.S.I. et la formation ;
Pour cela, le S.S.I. dispose de quelques points forts : - viser une réelle éducation sanitaire pour le SU.
- D’abord, la R.S.I. bénéficie d’une reconnaissance Choisir de faire des soins une science, pour
juridique, affirmée dans le Décret du 17 juillet 1984 mieux agir en leur nom, c’est néanmoins éviter de
comme dans la Loi du 31 juillet 1991 ; faire de la recherche pour faire de la recherche ;

- La formation des cadres soignants leur apporte la


méthodologie nécessaire à la pratique de la R.S.I. et
peut les convaincre de la développer ;

- La structuration d’un S.S.I. entraîne l’émergence (38) STRATÉGIE : processus de dkision par lequel une organisa-
d’un véritable savoir dans lequel peut s’enraciner la tion choisit les demandes qu’elle veut satisfaire et les affres de pro-
recherche. duction qu’elle veut mettre en ceuvre.

Participation des professionnelles à la recherche

- Problème - - Dkision de - - Clarification - - Bibliographie - - Choix- - Choix- - Vérification


- Questionnement faire une de la problématique - Cadre conceptuel de la méthode du terrain sur le terrain
- Idée recherche - Formulation des outils des populations - Utilisation
- D’en prévoir des hypothéses du temps des outils
les moyens

4 J L $ 1 J J

- Professionnelles - Demandeur - Chercheur - Chercheur - Chercheur - Chercheur - Observateur


Niveau 4 (professionnelle, Niveau 1-2 Niveau 1-2 Niveau 1 Niveau 1-2 - Enquêteur
association, - Demandeur (professionnelle
établissement, niveau 3)
HC.) - Personnes
observ&s

7 t t T t t î

Utilisation t Maîtrise c Interprétation c Analyse c Dépouillement t Recueil des


des résultats des r&ultats des résultats des résultats (aide données
(aide statistique) informatique)

Niveau 1 : chercheur, conseiller et superviseur Niveau 3 : infirmières paiiicipant aux enquêtes


Niveau 2 : professionnels entreprenant des rechercher Niveau 4 : ensemble des soignants

Recherche en soins infirmiers N’ 33 luin 1993


c’estplutôtenfaireunoutil incontournable.Pource- i.ij ,T Vers un management de la recherche a
la,ilfaut:
- avoir un but,
Cette gestion de la recherche, inséparable du projet
- le traduire en un projet, proposé, permettra sa mise en oeuvre et aussi de met-
tre à la disposition du S.S.I. et de l’hôpital les moyens
- l’écrire et le diffuser. nécessaires. Cette gestion aborde trois grands axes :
Ce projet pourrait être ,< avoir une politique scientifi- - le savoir,
que pour le S.S./. » dans le but de valoriser son pré-
sent et d’envisager son avenir. - le savoir-faire,
- le faire-savoir.

Le savoir
ii; Projet de S.S.I.
Les objectifs sont clairs : c’est éveiller l’intelligence
des soins, la capacité à les évaluer, à les apprécier, à
- D’abord, faire connaÎtre /es valeurs du S.S./. : les libérer la créativité, à encourager les intuitions. Pour
discuter, les écrire, les diffuser. cela, les stratégies se multiplieront :
- Puis, envisager une planificat?m : - motiver et mobiliser la hiérarchie, en général ; soi-
gnante, en particulier ;
Analyser les besoins du S.S.I. pour aborder plus
scientifiquement les soins : - impliquer les soignants par des rencontres, des
exemples, l’implication dans des choix de recherches,
- en personnel, etc. ;
- en outils, - les former par le biais de la formation continue ;

en connaissances, - travailler en collaboration avec les écoles (d’lnfir-


mières et de Cadres). Collaborer avec les Directrices à
en méthodologie, etc. l’élaboration d’un programme d’enseignement à la
Cette analyse permet de développer concertation et R.S.I. ;
consensus, un processus d’aide à la décision qui ren- - obtenir que les mémoires des élèves soient des
dra cohérentes les stratégies et permettra de détermi- mémoires de recherche (au moins de recherche des-
ner quelques scénarii. criptive) ;
- Bâtir, avec les Cadres, le projet : qui polarisera les - développer l’utilisation d’un ensemble d’outils de
efforts. II doit être ambitieux et vaste, élaboré collecti- soins dans la pratique quotidienne. Aider les soi-
vement et partagé sur la base des valeurs annoncées : gnants à les acquérir, du cadre de référence à I’éva-
la qualité scientifique des soins. Le S.S.I. réfléchit ici luation argumentée. La démarche scientifique a plus
au « comment » (moyens organisation) au service du de valeur que le contenu d’un programme. Cette dé-
< pourquoi » (scientificité des soins). marche, c’est l’esprit critique, donc l’esprit de recher-
che ;
- Déterminer, avec le S.S./., une stratégie : c’est-à-
dire, la décision, le choix, la priorité. II faut ici, bien - développer, chaque jour, dans chaque unité de
sûr, envisager des études de faisabilité, notamment soins, l’esprit de recherche en exigeant explications,
avec tous les services concernés et le corps médical. argumentation, évaluation, créativité ; en les laissant
s’exercer... ;
- Bâtir des objectifs opérationnels : qui organiseront
les moyens d’agir. La conciliation est là plus que né- - travailler avec les écoles de Cadres et d’autres
cessaire. Un de ces objectifs est bien sûr la mise en lnfirmier(e)s Cénéraux(ales) à un rapprochement avec
place, dans ces établissements, d’une cellule de l’Université. Les soins infirmiers ont besoin d’élaborer
recherche. Cependant, pour que cet objectif trouve de nouveaux repères capables d’alimenter les savoirs.
un sens dans le projet, il doit être conduit simultané- L’université peut entretenir l’esprit critique, faire dé-
ment avec d’autres qui le complèteront et permettront couvrir des modes de pensée nouveaux, conduire les
de « manager la recherche ». soignants à une restructuration rationnelle de leur sa-
voir,... La formation universitaire, par sa spécificité, - en utilisant les résultats pour enrichir la participa-
peut garantir une conceptualisation des soins au tra- tion des soignants à la future Commission du S.S.I. ou
vers de cultures générale et professionnelles larges ; au projet d’établissement, mais aussi dans les ser-
peut permettre l’utilisation d’outils variés et adaptés, vices, ceci en entretenant la motivation, la compré-
parfois empruntés à d’autres sciences ; peut anticiper hension et la capacité à changer, etc.
et prévoir l’évolution du S.S.I. ; peut coordonner les
professions para-médicales ; peut préparer la forma- L’évocation de ce qui pourrait être un projet de soins
tion de l’encadrement supérieur et ouvrir, aux soi- plus scientifiques permet de voir comment I’informa-
gnants, d’autres mondes professionnels. tion pourrait mieux naître du S.S.I. et permettre à I’ln-
firmier(e) Général(e) de faire des choix adaptés en son
nom. Bien sûr, ce projet apporterait aux uns et aux
Le savoir-faire et le faire-savoir
autres moins de certitudes ; il leur donnerait, par
contre, sûrement plus de conviction.
Ils consistent, eux, à donner au projet les moyens de
se concrétiser en : « Quand les changements s’accélèrent, rien n’est plus
suicidaire que les certitudes > (40). Dans les condi-
étant formé, en tant qu’infirmier(e) Général(e) à la
tions d’exercice infirmier, difficile en cette époque,
&.l. ;
complexe, le Directeur du S.S.I. ne peut se dérober :
- choisissant des chercheurs formés, diplômés, créa- sa responsabilité est de fournir au personnel, aux ser-
tifs, « na’ifs », curieux, qui savent « poser des ques- vices collaborateurs et à l’administration, les informa-
tions embarassantes et avoir un réel désir d’élargir ses tions nécessaires à l’exercice de leurs fonctions. La
connaissances et de contribuer à faire progresser les R.S.I. ,I’aidera dans cette mission, mais la recherche
soins b> (39). En un mot, en osant parfois la marginali- n’a de valeur que si elle enrichit une pratique et en-
té, tretient des liens de collaboration avec tous les ser-
vices sanitaires.
- en ayant, pour cela, l’aval de la Direction et
l’accord des Commissions d’établissement ; C’est à ce prix que la R.S.I. et le projet dans lequel
elle s’ancrera seront motivants et unificateurs et qu’ils
- en dotant la cellule de recherche d’un budget permettront la qualité, la responsabilité, l’autonomie
qu’elle gèrera ; et la crédibilité du S.S.I.
- en disposant d’un ‘comité-pilote pour analyser les
thèmes et demandes de recherche, éviter de re-
commencer des recherches déjà faites, aider les uni- CONCLUSION
tés à mettre en place la R.S.I., etc. ;

- en créant un Comité d’éthique pluridisciplinaire ;


« Where is the wisdom we bave lest in knowledge 3
- en gérant les résultats de recherche, en les vali- Where is the knowledge we bave lest in informa-
dant, les diffusant ; en créant une banque de don- tion ? »
nées ; en laissant un libre accès à l’information (grâce
T.S. ELIOTT
à l’informatique notamment) ; en faisant mettre en Collected poems 1909-l 962
place les solutions découvertes ; en partageant le sa-
voir acquis à l’intérieur et à l’extérieur de I’établisse-
ment (revues, articles, journées de tyavail, bibliothè- La mission de diriger le Service de soins infirmiers est,
ques, échanges de professionnels) ; nous l’avons observé, complexe et duelle. Les rôles
scientifique et politique de I’lnfirmier(e) Général(e),
- en confiant toutes ces réalisations à des Cadres en inhérents à cette mission, bien qu’antagonistes dans
position fonctionnelle ; leurs définitions et leurs objectifs, sont complémen-
taires et ne peuvent que difficilement s’exercer sans la
- en développant les postes d’infirmières expertes, Recherche en Soins Infirmiers qui :
cliniciennes qui travailleront en étroite collaboration
avec la cellule de recherche et les unités de soins ; - les génère,

(39) SCOTT-WRIGHT CM.), Opus citatum, p. 189. (40) SERIEYX U4.1, Opus citatum, p. 239..

Recherche en soins infirmiers N’ 33 -Juin 1993


- les dynamise, que. Pourtant, « ce qu’il nous faut le plus, dans cette
profession, c’est oser, espérer activement et risquer
- les argumente, car, enchaînée à ses certitudes, - notre profession -
- les évalue, est esclave et renonce à sa liberté (42) ». Gérer les ris-
ques c’est aussi le rôle du Directeur du S.S.I. et, là
- les rend crédibles, encore, la recherche se révèle fondamentale : gérer
les risques c’est interroger la réalité, la questionner, la
- les fait vivre et reconnaître.
démystifier, la confronter à la pensée. Cet abord
Ces rôles visent, ensemble, à développer le pouvoir scientifique est certes déstabilisant mais pourtant,
des soignants, c’est-à-dire leur capacité à atteindre un seul, il peut renforcer et solidifier la pratique des soins
niveau maximal de qualité dans le service qu’ils ren- et donc les rendre plus sécurisants et plus représenta-
dent, en conciliant expertise et innovation. Et, pour tifs. La recherche, alimentant les projets des S.S.I.,
affronter l’incertitude et la complexité des soins, diri- apportera la pensée, le langage, la pratique, les condi-
ger le Service Infirmier c’est, comme le dit François tions de travail communs qui assureront la cohésion
CUIRAUD < faire passer un service de la logique de de la profession qui ne peut trouver sa représentativité
l’obéissance à celle de la responsabilité ». qu’en sachant ce qu’elle veut, où elle va, pourquoi
elle veut le faire et à quel prix.
La question peut alors se poser de savoir s’il y a adé-
quation entre la définition du champ de compétence La recherche est, en résumé, un investissement pour
des Soins Infirmiers, tel que défini dans le Décret du l’institution, ses clients et chacun des soignants. II y a
17 juillet 1984 et la réalité de la pratique soignante. désormais obligation de recherche et la recherche fait
On peut, certes, avancer le problème des effectifs, de partie des soins infirmiers, Mais n’est-ce pas aussi
l’organisation, des conditions de travail mais on ne pour I’lnfirmier(e) Général(e) une question d’éthique
peut nier le fait que notre pratique est rarement éva- que de la faire pratiquer chaque jour et d’en gérer les
luée et donc peu réajustée. II faut donc à I’lnfirmier(e) résultatî dans un but d’excellence et de partenariat 3
Général(e) faire développer le savoir infirmier, vouloir N’est-ce pas une obligation éthique, pour toute soi-
le faire pratiquer plus scientifiquement et, grâce à la gnante qui se sent responsable de son avenir et de ce-
R.S.I., aider le S.S.I. à prendre conscience des pou- lui des soins ?
voirs à conquérir... d’abord sur lui-même pour pou-
voir SERVIR :
- le pouvoir d’exister,
BIBLIOGRAPHIE
- celui de prendre des initiatives,
- celui de se différencier, A.M.I.E.C. - Les Infirmières construisent leur avenir,
- celui de participer et de décider, Paris, Le Centurion, 1987, 240 p.
- le pouvoir stratégique, BERNARD (C.). - Introduction à /a Médecine expéri-
- le pouvoir de se former. mentale, Nouvel Office d’Edition, Paris, 1963, 384 p.

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développer la R.S.I., entraîneront obligatoirement un Paris, 1984, 318 p.
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« qu’est-ce qu’une culture ! Tout à la fois un art, une
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ser, toutes réalités jamais valables, jamais compréhen- CARPENITO (L.J.). - Diagnostic Infirmier, M.E.D.S.I.,
sibles en dehors de l’esprit qui les anime » (41). Celle- Paris, 1986, 548 p.
ci, et il en va du rôle de I’lnfirmiene) Général(e) doit
être observée, analysée, soutenue, aidée, protégée car Collectif Recherches Interdisciplinaires. -Les critères
elle affirme l’autonomie du S.S.I. et l’autonomie est de vérité dans /a recherche scientifique, Maloine, Pa-
difficile et fait peur : elle ne s’acquiert jamais sans ris- ris, 1983, 256 p.
COLLIÈRE (M.F.). - Promouvoir /a vie, InterEditions, WEBER (M.). - Le savant et le politique, Union Gé-
Paris, 1982, 392 p. nérale d’Edition, Paris, 1959, 193 p.

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ERRATUM RSI N’ 31 d6c. 92. L’introduction à l’article de Nicole ZLATIEV 4 Les Soins Palliatifs ?J la rencontre
du 2= Type * débutait par ces lignes :
I Lorsque vous voyez quelque chose de diffkent dans le domaine des coutumes, de la nourriture ou des traditions,
ne dites pas “Comme c’est bizarre”. Dites plut& “Comme c’est int&essant” et mettez-vous à en savoir plus D (1).

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