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BOYE Ndeye
COLY Nfally
DIATTA Aliou
Analyse communicationnelle de
l’émergence des pratiques
environnementales et
d’éducation à l’écocitoyenneté :
le cas du Sénégal
7. Ressources théoriques...................................................................11
7.1. L’environnement ..........................................................................................................11
7.2. L’écocitoyenneté............................................................................................................13
8. Le Cas du Sénégal.........................................................................15
8.1. Politique environnementale: un héritage colonial..........................................................16
Conclusion..........................................................................................31
Bibliographie et Webographie.......................................................32
Annexes..............................................................................................34
1. Présentation du projet
environnementales entreprises par l’Etat sénégalais. Ainsi, face aux désastres grandissants
(insalubrité, déforestation, pollution…), les institutions avec l’aide des associations et ONG
font émerger de nouvelles pratiques environnementales qui se résument en une démarche
d’information et de sensibilisation auprès de la population. Cette démarche s’effectue sur la
base de quatre types de communication : la communication de masse, la communication de
proximité, la communication institutionnelle et la communication traditionnelle. A cela
s’ajoute une pratique qui devient aujourd’hui monnaie courante au Sénégal : la médiation par
le sport.
Néanmoins, en dépit de tous ces efforts, les campagnes environnementales ne
mobilisent pas véritablement les citoyens à long terme.
2. Les objectifs
L’objectif principal de ce mémoire est de réfléchir sur comment concilier les efforts
des acteurs politiques, associatifs et citoyens pour parvenir, à long terme, à un meilleur
engagement vis-à-vis de l’environnement ?
En effet, jusqu’à tout récemment, les projets environnementaux mis en place par l’Etat
sénégalais n’impliquaient pas forcément les citoyens comme « acteur partenaire ». Cela a eu
pour conséquence l’absence d’engagement efficace et pérenne.
C’est pourquoi il est important d’étudier avant tout, les pratiques environnementales
déjà existantes avant la prise de relais par les associatifs et les ONG. De ce fait, nous nous
sommes intéressés aux différents types de communication ainsi qu’à leurs dispositifs et aux
résultats obtenus.
Ensuite, nous essayerons d’analyser la particularité de l’action associative et des ONG
tant dans l’élaboration des projets, des démarches que dans l’obtention des résultats.
Enfin, nous allons essayer de voir comment ces deux points, à savoir l’action
institutionnelle et l’action associative, convergent vers une éducation à l’écocitoyenneté.
3. Problématique
Le problème que nous posons en étudiant « l’émergence des pratiques
environnementales et l’éducation à l’écocitoyenneté au Sénégal » est de savoir :
4. Le terrain
Comme nous l’avons indiqué à travers le titre de notre projet, le terrain étudié est le
Sénégal.
Le Sénégal est un pays sahélien situé à l’extrême ouest du continent africain, entre la
Mauritanie au Nord, le Mali à l’Est, la République de Guinée et la Guinée Bissau au Sud et
l’Océan Atlantique à l’Ouest. C’est donc l'avancée la plus occidentale du continent africain
dans l'Océan Atlantique, au confluent de l'Europe, de l'Afrique et des Amériques, et à un
carrefour de grandes routes maritimes et aériennes. La Gambie constitue une enclave à
l’intérieur du Sénégal.
Le territoire couvre une superficie de 196 722Km2. La population du Sénégal compte
9,8 millions d'habitants en 2001 soit une densité moyenne de 48 habitants au km2. Plus de
25% de la population est concentrée dans la région de Dakar. L'autre pôle de concentration est
le centre du pays (le bassin arachidier) avec plus de 35 % de la population. L'Est du pays est
très faiblement peuplé. Le Sénégal compte une vingtaine d'ethnies dont les principales sont les
wolofs (43 %), les Pulaars (24 %), et les sérères (15 %).
Les étrangers représentent environ 2 % de la population. Ils sont surtout présents dans la
capitale Dakar où on les rencontre dans le commerce, l'industrie, les services et les
organismes internationaux. On retrouve également au Nord et au Sud du pays les
ressortissants des pays frontaliers. Le Sénégal est un pays à majorité musulmane (95%). Les
chrétiens représentent 5% de la population. Les religions traditionnelles représentent 1%.
Le pays est divisé en onze régions dont les chefs-lieux sont les principales villes : Dakar,
Diourbel, Fatick, Kaolack, Kolda, Louga, Matam, Saint Louis, Tambacounda, Thiès,
Ziguinchor.
Le climat est déterminé pour l’essentiel par les vents, une température élevée et une
saison des pluies variables du Nord au Sud de 3 à 4 mois selon la latitude et une saison sèche
le reste de l’année (de novembre à juin). Trois types d’événements atmosphériques
déterminent le climat du Sénégal : l’anticyclone des Açores, la haute pression au nord de
l’Afrique et l’anticyclone de sainte Hélène. Ils provoquent :
-L’harmattan, de direction dominante, se caractérise par une grande sécheresse liée à son long
parcours continental et par des amplitudes thermiques très accusées. Il souffle du continent
vers l’océan.
-La mousson est marquée par une faible amplitude thermique. Elle souffle du sud au centre et
provoque des précipitations.
Le Sénégal connaît un climat chaud et sec même si par endroits ce stress est atténué par
les 700 km qui constituent sa façade maritime et son avancée vers l’Océan Atlantique. Les
ressources naturelles sont composées pour l’essentiel des ressources en eau avec un potentiel
en eau de surface exploitable de 7 milliards de m2 par an, des ressources souterraines de
2 000 000 m2, des ressources végétales (ressources forestières, de la flore microbienne et les
ressources marines) et des ressources animales (cheptel domestique, les ressources
halieutiques et la faune sauvage).
5. Méthodologie
Dans ce travail, nous sommes partis de deux logiques : une logique empirico
inductive, et une logique hypothético-déductive.
Concernant la démarche empirico inductive, nous sommes appuyés sur des
expériences vécues au Sénégal, notamment les campagnes de sensibilisation autour de la
question de l’environnement (« Set Setal » c’est à dire Propre et Rendre Propre), le
reboisement, la création des clubs EVF (Education à la Vie Familiale) dans les lycées et
collèges, et la médiation environnementale qui passe par le sport et la santé.
Pour ce qui est de la démarche hypothético-déductive, nous sommes partis d’un
contexte général qui englobe des théories qui, d’une part ont été développées lors du cours, et
d’autre part, des théories développées dans des sites Web, des écrits de presse, des thèses et
des livres. En ce sens, la démarche hypothético déductive est beaucoup plus représentative
dans le mémoire. Après avoir parcouru l’ensemble de ces démarches, nous avons décidé de
mener les enquêtes auprès de trois corpus : les citoyens, les institutions, les associations et
ONG. Pour ce faire 3 méthodes ont été appliquées :
1ère méthode : nous avons contacté les administrations du collège Thierno Souleymane
Agne et du C.E.M Quinzambougou de le région de Tambacounda. Nous leur avons envoyé le
« questionnaire citoyen » qu’ils ont administré auprès des élèves de 5è, 4è et 3è. Soixante
répondants ont rempli le questionnaire dont 20 pour chaque niveau. Ensuite, le même
questionnaire a été envoyé au Club EVF (Education à la Vie Familiale) de Tambacounda,
composé de collégiens, de lycéens, de professeurs et de moniteurs. Quarante questionnaires
ont été administrés.
2èmeméthode : pour diversifier le corpus citoyen, nous avons décidé d’envoyer le
questionnaire à tous nos contacts e-mail se trouvant au Sénégal. Ce groupe de répondants est
composé principalement d’étudiants, de membres d’associations, de professionnels et de
fonctionnaires. Vingt réponses ont été recueillies.
3ème méthode : pour les associations et les institutions, nous avons tenté le même
processus que les citoyens, mais sans suite. Nous avons ensuite décidé de les contacter par
téléphone. Les résultats obtenus sont loin d’être suffisants. Cela est surtout dû par le fait
qu’elles n’avaient pas assez de temps à nous consacrer. Alors nous avons envisagé de
descendre sur le terrain. L’un de nous s’est rendu au Sénégal et a pu s’entretenir avec la
Fondation Nicolas Hulot de la sous région, la direction d’étude, la direction de
Le choix est porté sur les collégiens et les lycéens. Vu les effectifs élevés des classes,
nous avons jugé nécessaire de prendre une classe par niveau. Ainsi, une classe de 5ème, 4ème et
3ème ont rempli le questionnaire ; soit 2O élèves par classe. Par ce choix nous avons espéré
trouver des répondants capables de remplir le questionnaire sans difficulté majeur. Car la
plupart des mots sont polysémiques notamment « environnement », « communication »,
« éducation ». D’autres mots tel que « éco citoyenneté » sont des appellations et conceptions
nouvelles, donc inconnues pour la plupart des élèves. Par ailleurs, nous n’avons pas trouvé
suffisamment de personnes disponibles sur le net. En effet, le nombre de personne ayant accès
à Internet est encore très faible. Cela pour plusieurs raisons notamment le coût de l’accès, le
manque de formation à l’usage de l’outil informatique. Pour ce faire, nous avons essayé de
contacter l’administration d’une école qui a accepté notre projet. L’objectif est, alors, de
savoir s’ils ont reçu une éducation à l’éco citoyenneté et aussi de mesurer leur vision de
l’environnement ainsi que leur degré d’engagement.
Pour recueillir leur témoignage, nous avons décidé, dans un premier temps, de réaliser
l’enquête par messagerie électronique ou par téléphone. Cette démarche n’a pas donné grand-
chose. Nous étions obligés de descendre sur le terrain.
7. Ressources théoriques
Dans cette partie nous allons nous intéresser à la définition des principaux termes du
sujet à savoir l’environnement, l’écocitoyenneté, ainsi que les pratiques environnementales
existantes au Sénégal.
7.1. L’environnement
L’environnement est ce qui nous entoure. C’est l’ensemble des éléments naturels et
artificiels où se déroule la vie humaine. Avec les enjeux écologiques actuels le terme
environnement tend actuellement à prendre une dimension de plus en plus mondiale. 1
Par ailleurs le terme est devenu très polysémique c'est-à-dire qu’il recouvre plusieurs
acceptions.
Etymologiquement, le terme « environnement » trouve son origine dans le grec, le latin
et le gaulois.
1.
Dans le dictionnaire Français Latin, 1539, p.183, de Robert Estienne, on peut lire
textuellement la traduction suivante « environnement : circundatio, circonscritio terrae,
stipatio », en d’autre terme tout qui nous entoure à savoir la terre et l’espace.
Quant à la première définition technique anglo-saxonne, elle se situe dans les années
1920. Elle englobe « l’ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques)
et culturelles (sociologiques) susceptibles d’agir sur tous les organismes vivants et les
activités humaines » 2. La définition élaborée lors du colloque d’Aix-en-Provence en 1971 va
dans le même sens, tout en étant plus précise et plus complète. Selon les experts d’Aix,
l’environnement c’est « l’ensemble, à un moment donné, des aspects physiques, chimiques,
biologiques et des facteurs sociaux et économiques susceptibles d’avoir un reflet direct ou
indirect, immédiat ou à terme, sur les êtres vivants et les activités humaines ».3
Cependant, l’usage moderne du vocable « environnement » a débuté vers les années
1960. Il regroupe « les ressources naturelles biotiques (faune, flore) et abiotiques (air, eau,
sol) et leurs interactions réciproques, les aspects caractéristiques du paysage et les biens que
composent l’héritage culturel » 4.
D’un point de vue plus sociétal, l’environnement se conçoit comme un milieux
physique, construit, naturel et humain dans lequel un individu ou un groupe (une famille, un
quartier, une société, une collectivité, une entreprise, une administration, etc.) fonctionne ;
incluant l’air, l’eau, le sol, le sous-sol, la faune, la flore, les autres organismes vivants, les
êtres humains et leurs interactions.
Ainsi, l’environnement est, de plus en plus, perçu comme une ressource finie, qu’on ne
considère plus comme inépuisable ou renouvelable à l’infini. Cette nouvelle vision à donner
naissance à des mouvements politiques dits écologiques ou verts ainsi que des associations en
faveur de l’environnement. Cette mouvance envisage une nouvelle politique visant à concilier
le développement humain et la restauration, la protection et la bonne gestion de
l’environnement pour les générations futurs (concept du développement durable). Dans ce
souci de pérenniser la prise de conscience et la protection de l’environnement, apparaissent de
plus en plus de nouveaux modes de communication dont la plus récente est la «
Communication engageante » 5.
2.
3. P.Giolitto, M. Clary, Eduquer à l’environnement, Hachette, 1994, p.65
4.
5. l’un des concepts les plus récents de communication né des travaux de Joule, R.V et Beauvois, J-L,
chercheurs en psychologie sociale et professeurs des Universités. C’est une « communication d’action et d’utilité
sociétale », F. Bernard, professeur de SIC-CREPCOM – Université de Provence.
7.2. L’écocitoyenneté
6. Pierre Vidal-naquet, Jean-pierre Vernant, Jean-paul Brisson, Elisabeth Brisson, Démocratie Citoyenneté et
héritage gréco-romaine, Edition Liris, septembre 2004
7. Ousmane Sow Huchard, secrétaire national en charge de la citoyenneté active, président en exercice de la
fédération des Partis Ecologistes d’Afrique.
8. Cécilia Claeys-Mekdade, Maître de conférence en sociologie à l’Université de la Méditerranée, lors du 2 e
colloque interdisciplinaire (9&10 novembre 2006) exposait sa vision à travers un thème intitulé « le débat public
comme processus d’apprentissage écocitoyen »
« Nous n’avons qu’une seule Terre ! » tel est le cris d’alarme jeté par les jeunes réunis à
Stockholm, en 1972, à l’occasion de la conférence des Nations unies sur l’environnement.
Directement interpellées, les instances internationales ont décidé de faire appel à l’école pour
faire naître chez les futurs citoyens cette « conscience écologique » qui devrait leur permettre
d’œuvrer pour la survie de la planète et le bien-être de ses habitants.
Eduquer consiste à donner à chacun la capacité de comprendre le monde afin de pouvoir
le transformer, à donner à chacun la capacité d’analyse critique et d’élaboration de ses valeurs
pour se construire dans son identité et son rapport aux autres.9.
Ainsi, éduquer à l’écocitoyenneté c’est « permettre de se construire aussi par son rapport à
l’environnement et aux autres formes de vie ». C’est faire de « l’environnement l’un des pôles
d’interactions à la base du développement humain, [celui-ci étant à la] cognitif, affectif,
social, moral…10. Cela contribuera à former des citoyens capables d’affronter les défis du
présent et du futur, et des décideurs opérant des choix pertinents pour un monde vivable. Cette
éducation s’effectue, en général, selon cinq logiques fondamentales :
1- apprendre à connaître : il faut amener les individus et les groupes constitués à acquérir une
compréhension essentielle de l’environnement global, des problèmes qui s’y rattachent.
Chaque citoyen devrait connaître la place et la responsabilité qu’il est appelé à tenir vis-à-vis
de l’environnement.
2- apprendre à agir : bien former, c’est déjà préparer à l’action qui est la solution la plus
efficace pour préserver l’environnement.
9. P. Giolitto, M. Clary, Eduquer à l’Environnement, Hachette, 1994,
10. P. Giolitto, M. Clary, id,
3- apprendre à être : « The globe is our backyard. » (La terre est notre jardin) clamait Al Gore,
l’ex vice-président des Etats-Unis. Nous devrons amener chaque individu à développer un
sentiment profond d’intérêt en vers cette planète. Cela consiste à faire naître des attitudes et
des comportements conduisant à respecter l’environnement. Agir en faveur l’environnement
devrait être l’une des conditions de notre citoyenneté.
4- apprendre à vivre en ensemble : conscient des composantes de l’environnement, l’être
humain pourra mieux vivre avec celles-ci mais aussi avec lui-même. « L’environnement est
en outre pour l’homme source d’élévation morale, dans la mesure où il fait apparaître la
nécessité d’une éthique, véhiculant des valeurs, comme le respect des autres (respecter
l’environnement, c’est, à travers lui, respecter les autres) ou la solidarité entre les hommes et
entre les génération » P. Giolitto /M. Clary, Eduquer à l’environnement, p.54
5- apprendre à se transformer soi-même et la société : chaque citoyen devrait être à mesure de
s’approprier le comportement adéquat et exemplaire pour l’environnement puisse être léguer
aux générations futures. C’est de ce comportement que découle un avenir certain. D’ailleurs,
Antoine de Saint Exupéry affirmait à travers Citadelle : « l’avenir : tu n’as point à le
découvrir, mais à le permettre. ».
Françoise Trossat, institutrice, Lons-le-Saunier, en mars 1991, résume bien ces cinq objectifs
en témoignant : « l’environnement m’aide à avoir une vision globale des réalités…l’éducation
à l’environnement me permet de créer de l’espoir autour de moi : espoir de faire surgir dans
notre société des changements d’habitudes, espoir de faire naître de nouvelles valeurs, espoir
de contribuer à bâtir un monde meilleur pour tous. » P. Giolitto /M. Clary, id, p.27. En ce
sens éduquer à l’environnement va au-delà d’une simple instruction sur l’environnement et
ses composantes. Elle se base sur cette « pédagogie de l’environnement » pour agir au service
de la protection de cet environnement. Elle fait ainsi recours à l’école, plus particulièrement,
pour « faire naître chez les jeunes des comportements et des attitudes se référant à un certain
nombre de valeurs que seul une éducation au sens plein du terme peut transmettre. » P.
Giolitto /M. Clary, id, p.51.
8. Le Cas du Sénégal
Traditionnellement les populations africaines ont un rapport de proximité avec
l’environnement. Par proximité on entend respect, protection et adoration. À l’image des
peuples Bushmen, en Afrique du Sud, l’exploitation de l’environnement ne se fait que selon
les besoins quotidiens. En effet, seule la quantité nécessaire est prise. On peut remarquer, dès
lors, que ces peuples ont toujours eu le souci de protéger l’environnement. De plus,
l’environnement est considéré comme quelque chose de vivant, possédant une âme ou encore
comme une divinité. C’est la raison la plupart des peuples africains, développent un certain
nombre de rites avant, pendant et après l’exploitation de l’environnement. Les Bushmen, par
exemple, se penchent pour demander pardon à leur gibier.
Cependant, modernité oblige, ce privilège de l’environnement disparaît aussi vite que la
modernité gagne du terrain en Afrique. Aujourd’hui, le cumul des catastrophes naturelles et
celles occasionnées par l’homme, font de l’environnement africain l’un des milieux les plus
alarmants.
Jusqu’à une date récente, les législations environnementales du Sénégal sont issues du
décret colonial de 1935. Celles-ci reposaient sur une conception étatique et centralisée de
l’environnement et de sa gestion dont les principales caractéristiques sont :
-l’environnement est un patrimoine d’intérêt public appartenant de ce fait à l’Etat car il est
bien vaquant sans maîtres.
-une partie de ce domaine a fait l’objet d’un classement comme donnée environnementale
permanent de l’Etat ; il s’y applique une règlementation de protection par les services des
eaux et forêts.11.
On remarque dès lors l’exclusion de la population dans la gestion de l’environnement.
Ces législations vigoureuses protectionnistes ne tenaient pas en compte les besoins et les
aspirations des usagers. Alors la population avait le sentiment que c’était contre elle que
l’environnement était protégé. Cette politique ne tardera pas à échouer car les campagnes de
reboisement effectuées sous la direction de l’Etat n’avaient pas connu les résultats attendus
malgré les importants moyens financiers utilisés.
Par ailleurs, des réformes ont été établies modifiant petit à petit le comportement de
l’Etat vis-à-vis de la population, notamment la réforme de 1964 et de 1993.
Cependant, le véritable changement interviendra dans les années 1990 avec la mise place
de projets environnementaux communicants impliquant la participation de la population.
Le Plan national d’action pour l’environnement a été initié en février 1995 dans le cadre d’un
processus participatif et décentralisé de préparation de la stratégie de gestion des ressources
naturelles et de l’environnement. Il a été adopté en 1997. Il constitue un cadre global de
référence qui identifie les problèmes et les acteurs concernés et suggère des solutions
concertées. À ce titre, il accorde un rang de priorité élevé à l’intégration de l’environnement
dans le processus de planification macro-économique. Dans la partie consacrée à l’analyse des
enjeux, l’audit environnemental souligne la dégradation du cadre de vie lié notamment à
l’absence de systèmes efficaces de gestion des déchets urbains. Il signale également que dans
le cadre de la réalisation des actions urbaines les impératifs d’ordre économique prennent le
pas sur les enjeux environnementaux. Les éléments de stratégie reposent notamment sur la
réforme de la fiscalité locale pour permettre aux collectivités locales d’assumer les
compétences transférées et de prendre en charge le renforcement des capacités techniques des
collectivités locales, l’appui aux initiatives des communautés de base, la réalisation de
programme de sensibilisation grand public.12.
– assurer une gestion/utilisation rationnelle des produits chimiques et une gestion des déchets
solides et de la propreté du cadre de vie. « Dans cette optique, les structures responsables
devront constituer un dispositif, en amont et en aval, pour accompagner et soutenir les
initiatives des collectivités locales et des OCB notamment dans les domaines de la
planification des programmes, de l’appui matériel, du suivi évaluation et de leur mise en
oeuvre, de l’information et de la sensibilisation pour l’instauration de comportements
civiques, de la recherche opérationnelle pour enrichir la base de données sur la gestion des
déchets, du renforcement des capacités des acteurs qui interviennent dans la gestion de la
propreté »
– promouvoir des modes de production et de consommation durables (notamment efficacité
énergétique dans les bâtiments) ;
– protéger l’environnement urbain par le traitement des eaux résiduaires et des matières de
vidange et, à long terme, par l’épuration avant rejet vers la mer des eaux vannes et ménagères.
Les textes qui s’appliquent à la protection de l’environnement sont assez nombreux. Ce qui
nous intéresse, ici, c’est principalement le code de l’environnement.
La loi 2001-01 du 15 janvier 2001 portant Code de l’environnement précise notamment :
– les déchets doivent être éliminés ou recyclés de manière écologiquement rationnelle afin de
supprimer ou de réduire leurs effets nocifs sur la santé de l’homme, sur les ressources
naturelles, la faune et la flore ou la qualité de l’environnement (article L30) ;
– toute personne, qui produit ou détient des déchets, doit en assurer elle-même l’élimination
ou le recyclage ou les faire éliminer ou recycler auprès des entreprises agréées par le ministre
chargé de l’environnement. À défaut, elle doit remettre ces déchets à la collectivité locale ou à
toute société agréée par l’État en vue de la gestion des déchets. Cette société, ou la collectivité
locale elle-même, peut signer des contrats avec les producteurs ou les détenteurs de déchets en
vue de leur élimination ou de leur recyclage. Le recyclage doit toujours se faire en fonction
des normes en vigueur au Sénégal (article L31) ;
– les collectivités locales et les regroupements constitués assurent l’élimination de déchets des
ménages, éventuellement en liaison avec les services régionaux et les services nationaux de
État, conformément à la réglementation en vigueur (article L32) ;
– l’élimination des déchets comporte les opérations de collecte, de transport, de stockage et de
traitement nécessaires à la récupération des matériaux utiles ou de l’énergie, ou de tout dépôt
ou rejet sur les endroits appropriés, de tout autre dépôt dans des conditions propres à en éviter
les nuisances mentionnées dans la présente loi (article L33) ;
– l’enfouissement dans le sous-sol ne peut être opéré qu’après autorisation du ministre chargé
de l’environnement qui fixe des prescriptions techniques et des règles particulières à observer
(article L 42).
Cependant, il y’a un énorme décalage entre ces textes et la pratique. Par exemple, dans la
région de Dakar, plus particulièrement dans le département de Pikine, le recours à
l’enfouissement est monnaie courante malgré l’article L 42 du Code de l’environnement. Ce
décalage s’explique par l’absence d’information et de sensibilisation suffisantes, de réels
projets intégrant les usagers, le manque de moyens financiers et matériels nécessaires et le
caractère restrictif et punitif des lois qui engendrent souvent la déviance de la population de
certaines localités. Il faut ajoute aussi le manque de suivi, sans lequel aucun bilan ne peut être
tiré.
La gestion des ressources naturelles ne se conçoit plus sans une participation active de la
population. L’échec des politiques environnementales classiques est généralement lié à un
déficit de communication. L’Etat a compris que l’adhésion aux changements proposés
implique un dialogue, une négociation avec la population. Ce qui revient à parler d’un
échange de pratiques de savoirs de techniques entre les deux parties. Ce projet contribue à
instaurer un climat de confiance entre les différents acteurs et permet de recueillir et de
valoriser les traditions, les coutumes et les savoirs populaires qui sont le plus souvent ignorés
ou négligés dans le domaine de la gestion des ressources environnementales.
Pour ce faire, différents types de communication ont été mis en place à la fois par les
institutions et par les associatifs.
environnementaux. Cependant, elle n’entre pas proprement dit dans le cycle d’une approche
participative. Elle n’en est qu’un moyen d’accompagnement. (Exemple voir annexe).
Son objectif est d’accompagner et de renforcer chacune des étapes et des phases de la
démarche participative à travers un certain nombre d’outils d’information, d’analyse, de
dialogue, de formation, de gestion et de suivi. Ces outils et méthodes sont généralement
utilisés par les agents ayant une fonction d’appui, d’animation ou d’encadrement des
communautés villageoises : agents forestiers, vulgarisateurs, enseignants, animateurs d’ONG
ou de projet…Ils s’agit de supports audio-scripto-visuels : album de photos villageois, vidéo,
diaporamas ou films fixes, cassettes audio…
-Les jardins publics : ce sont des lieux de divertissement ou il est plus probable de rencontrer
un public jeune.
8.4. La Médiation
C’est une pratique très fréquente au Sénégal utilisée à travers divers thèmes. Elle permet
de mobiliser les gens sur un sujet donné par une activité beaucoup plus attractive.
Il faut également mobiliser la population sur les risques sanitaires liés au manque
d’hygiène, à l’insalubrité et à la pollution. Des cours de sensibilisation sont organisés auprès
des établissements scolaires. Il est important de montrer, d’informer la population sur la
recrudescence des maladies infectieuses. Les professionnels de santé sur le terrain se rendent
auprès des populations pour donner dont le but final est l’environnement. L’existence de
clubs, formés de collectifs d’étudiants ou encore de professeurs invite les participants. Il faut
également mobiliser la population sur les risques sanitaires liés au manque d’hygiène, à
l’insalubrité et à la pollution. Des cours de sensibilisation sont organisés.
9. Difficultés rencontrées
Les difficultés rencontrées dans le cadre de ce projet peuvent être résumées en trois points.
Dans ce sens il apparaît très difficile de recueillir des donnés suffisantes pour appuyer
nos thématiques. Deux aspects peuvent être notés dans un travail de groupe : un aspect positif
et un aspect négatif.
Concernant l’aspect positif, on peut noter que l’on se construit à l’image des autres. En effet,
le travail de groupe permet de confronter les idées et d’apprendre davantage de ce que les
autres membres apportent. C’est aussi un moyen d’échange permanent de connaissances sur
un sujet bien défini. Ainsi, chacun essaie d’apporter son expérience et son savoir dans la
réalisation du projet.
Cependant, le travail de groupe s’avère très difficile. Cette difficulté réside dans la mise en
commun des idées, dans la perception que chacun a du sujet. Cela nécessite un temps de
débat, parfois même très intense, pour trouver un accord entre les membres du groupe.
En somme, le travail de groupe peut se définir comme une quête perpétuelle de consensus.
l’environnement ?
11- A votre avis qui Tous Citoyens Citoyens et politiques
peut vraiment agir,
au Sénégal, pour
préserver
l’environnement
consiste-t-elle ? /
10- Quelles solutions Mener un ensemble Davantage Plus de moyens
envisageriez-vous de front, les responsabiliser la financiers et
pour optimiser l’effet populations décident population matériels
de la prise de des programmes,
conscience et du synergie de
respect à l’ensemble des
l’environnement ? acteurs
communication de masse. Tandis que les Associatifs optent une synergie des actions, une
responsabilisation de la population.
Conclusion
Bibliographie et Webographie
Robert Vincent JOULE, Jean-Léon BEAUVOIS, Petit traité de manipulation à l’usage des
honnêtes gens, Presses Universitaires de Grenoble, 2002
JOULE, R V., PY, J. et Bernard F., Qui dit quoi, à qui, en lui faisant faire quoi ? Vers une
communication engageante. Dans M. Bromberg et A. Trognon (eds). Psychologie sociale et
communication. Paris : Dunod, 2004
CRET, LVIA, PACTE, La gestion des ordures ménagères dans les villes secondaires du
Sénégal, vers des politiques municipales incluant les quartiers périphériques, édition du
Gret, 2006
Programme prioritaire urbain, Concertation et partenariat entre acteurs du développement
local à Ziguinchor (Sénégal), Gret, 2003
SOW P. S., KANTE S. (SVD, Ministère de la Ville), Pour une nouvelle stratégie de gestion
des déchets dans les communes de l’intérieur, ministère de la Ville, Agetip, Sahélienne de
valorisation des déchets (S.V.D.), Rapport d’études, 1996, SVD.
Sanou MBAYE, Lettre adressée aux autorités sénégalaises : Pollution et menace sur les
vies humaines, sur la faune et sur la flore par les industries chimiques du Sénégal (ICS),
août 2000
Dr Aïssatou Thioubou, Femmes et Utilisation des Ressources naturelles au Sahel, mai 2002
Annexes
Annexe 1 : Différents outils de communication classique
Annexe 4 : Questionnaires (enquêtes auprès des citoyens, des institutions et des associatifs)