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Communication – Environnement – Changement de comportement

Département d’Information et de Communication


Master Sciences et Technologies de l’Information et de la Communication 2006-2007

Co-écrit et soutenu par

BOYE Ndeye
COLY Nfally
DIATTA Aliou

Analyse communicationnelle de l’émergence


des pratiques environnementales et d’éducation
à l’écocitoyenneté : le cas du Sénégal

Boye Ndeye, Coly Nfally, Diatta Aliou Université de Provence Aix-Marseille1


Méthodologie de recherche en
colynfally@yahoo.fr
Sciences Humaines et Sociales : Professeur Françoise Bernard
Communication – Environnement – Changement de comportement

Analyse communicationnelle de
l’émergence des pratiques
environnementales et
d’éducation à l’écocitoyenneté :
le cas du Sénégal

Boye Ndeye, Coly Nfally, Diatta Aliou Université de Provence Aix-Marseille1


colynfally@yahoo.fr
Communication – Environnement – Changement de comportement

1. Présentation du projet ...................................................................5


2. Les objectifs.....................................................................................6
3. Problématique ................................................................................6
4. Le terrain.........................................................................................7
5. Méthodologie ..................................................................................9
6. Définition des corpus.....................................................................10
6.1. Le corpus des citoyens ..................................................................................................10

6.2. Le corpus des associations.............................................................................................10

6.3. Les institutions et organisations.....................................................................................11

7. Ressources théoriques...................................................................11
7.1. L’environnement ..........................................................................................................11

7.2. L’écocitoyenneté............................................................................................................13

7.3. L’éducation à l’écocitoyenneté......................................................................................14

8. Le Cas du Sénégal.........................................................................15
8.1. Politique environnementale: un héritage colonial..........................................................16

8.2. La politique de gestion de l’environnement...................................................................17

8.2.1. Le Plan national d’action pour l’environnement (PNAE)......................................17


8.2.2. La Lettre de politique sectorielle de l’environnement............................................17
8.2.3. Le cadre législatif et réglementaire.........................................................................19
8.3. Le degré d’engagement des citoyens.............................................................................20

8.3.1. La communication de masse...................................................................................20


8.3.2. La communication de proximité.............................................................................21
8.3.3. La communication traditionnelle............................................................................21
8.4. La Médiation..................................................................................................................22

8.4.1. La médiation à travers le sport................................................................................22


8.4.2 La médiation par la santé.........................................................................................22
9. Difficultés rencontrées..................................................................22
9.1. Un sujet innovant...........................................................................................................23

9.2. Mise en commun des idées............................................................................................23

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9.3. L’éloignement du terrain................................................................................................23

10. Tableaux synoptiques des corpus..............................................24


10.1 Le corpus citoyen..........................................................................................................24

10.2 Le corpus des Institutions.............................................................................................25

10.3 Le corpus des Associatifs..............................................................................................26

11. Analyse des résultats...................................................................27


12. Approche réflexive......................................................................29
12.1 La communication classique : informer/sensibiliser ....................................................29

12.2 La communication engageante : des idées aux actes....................................................30

Conclusion..........................................................................................31
Bibliographie et Webographie.......................................................32
Annexes..............................................................................................34

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Analyse communicationnelle de l’émergence des

pratiques environnementales et d’éducation à

l’écocitoyenneté : le cas du Sénégal

1. Présentation du projet

Longtemps considérée comme l’apanage des seuls défenseurs de la nature, la prise de


conscience de la question de l’environnement et de sa protection est devenue un véritable
enjeu sociétal. En effet, partout dans le monde, différents acteurs consolident leurs efforts
pour mettre en œuvre un nouveau rapport entre l’individu et son environnement. C’est dans ce
sens qu’émerge un nouveau principe : l’éducation à l’écocitoyenneté.
Le Sénégal, à l’instar des pays en voie de développement, s’efforce de suivre cette
directive. De plus en plus, sa politique environnementale, conciliée aux efforts des
associations et des ONG, ainsi que l’engagement des citoyens, a donné naissance à une
« émergence des pratiques environnementales et d’éducation à l’écocitoyenneté ».
Cependant, d’énormes problèmes ralentissent cette volonté de changer les
comportements vis-à-vis de l’environnement. Ces problèmes sont liés à plusieurs facteurs,
dont plus particulièrement le facteur économique. En effet, malgré la prise de conscience de
l’environnement et de son impact sur le développement durable, le Sénégal, comme plusieurs
pays en voie de développement, ne dispose pas de moyens suffisants pour mener une
campagne efficace en faveur de l’environnement. Par ailleurs, le Sénégal est confronté à
plusieurs autres dossiers économiques et sociaux dont notamment l’éducation, la santé,
l’emploi et le pouvoir d’achat.
Toutefois, il est important de noter que le véritable obstacle aux politiques
environnementales est surtout dû au nombre insuffisant de projets engageant à la fois acteurs
politiques, associatifs, ONG, et citoyens. Certes, les peuples africains ont toujours eu un
rapport respectueux envers leur environnement, mais les clauses étatiques héritées depuis la
période coloniale, et qui sont principalement de nature restrictive, ont fini par détruire ce
rapport. La population sénégalaise, plus particulièrement celle des villages, a l’impression que
c’est contre elle que l’environnement est protégé. Elle se sent complètement exclue de la
gestion de l’environnement. Cela a pour conséquence la succession des échecs de politiques

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environnementales entreprises par l’Etat sénégalais. Ainsi, face aux désastres grandissants
(insalubrité, déforestation, pollution…), les institutions avec l’aide des associations et ONG
font émerger de nouvelles pratiques environnementales qui se résument en une démarche
d’information et de sensibilisation auprès de la population. Cette démarche s’effectue sur la
base de quatre types de communication : la communication de masse, la communication de
proximité, la communication institutionnelle et la communication traditionnelle. A cela
s’ajoute une pratique qui devient aujourd’hui monnaie courante au Sénégal : la médiation par
le sport.
Néanmoins, en dépit de tous ces efforts, les campagnes environnementales ne
mobilisent pas véritablement les citoyens à long terme.

2. Les objectifs

L’objectif principal de ce mémoire est de réfléchir sur comment concilier les efforts
des acteurs politiques, associatifs et citoyens pour parvenir, à long terme, à un meilleur
engagement vis-à-vis de l’environnement ?
En effet, jusqu’à tout récemment, les projets environnementaux mis en place par l’Etat
sénégalais n’impliquaient pas forcément les citoyens comme « acteur partenaire ». Cela a eu
pour conséquence l’absence d’engagement efficace et pérenne.
C’est pourquoi il est important d’étudier avant tout, les pratiques environnementales
déjà existantes avant la prise de relais par les associatifs et les ONG. De ce fait, nous nous
sommes intéressés aux différents types de communication ainsi qu’à leurs dispositifs et aux
résultats obtenus.
Ensuite, nous essayerons d’analyser la particularité de l’action associative et des ONG
tant dans l’élaboration des projets, des démarches que dans l’obtention des résultats.
Enfin, nous allons essayer de voir comment ces deux points, à savoir l’action
institutionnelle et l’action associative, convergent vers une éducation à l’écocitoyenneté.

3. Problématique
Le problème que nous posons en étudiant « l’émergence des pratiques
environnementales et l’éducation à l’écocitoyenneté au Sénégal » est de savoir :

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Comment le cadre réglementaire, discursif, d’intervention émanant de l’état, des associatifs et


des ONG, inscrit dans un cours d’actions les populations ?
Depuis dix ans, au Sénégal comme dans beaucoup de pays, le discours et la politique de
nombreuses institutions nationales et internationales en matière d’environnement se sont
sensiblement modifiés. On s’est, dès lors, détourné d’une protection environnementale
autoritaire et imposée d’en haut pour s’intéresser à une gestion communautaire des ressources
naturelles. Mais qu’en est-il dans les faits ? Des études ont montré « l’existence d’un
important décalage entre les discours que tiennent gouvernements et institutions et la
pratique ». La participation a souvent manqué de substance.
Nous essayons donc, à travers ce mémoire, de voir comment dans ce cadre discursif est posé
le passage à l’action ? Plus précisément, vers quelles actions concrètes vis-à-vis de
l’environnement ? Ou encore, comment passer des idées aux actes, c’est-à-dire la relation
entre communication et actions ?

4. Le terrain
Comme nous l’avons indiqué à travers le titre de notre projet, le terrain étudié est le
Sénégal.
Le Sénégal est un pays sahélien situé à l’extrême ouest du continent africain, entre la
Mauritanie au Nord, le Mali à l’Est, la République de Guinée et la Guinée Bissau au Sud et
l’Océan Atlantique à l’Ouest. C’est donc l'avancée la plus occidentale du continent africain
dans l'Océan Atlantique, au confluent de l'Europe, de l'Afrique et des Amériques, et à un
carrefour de grandes routes maritimes et aériennes. La Gambie constitue une enclave à
l’intérieur du Sénégal.
Le territoire couvre une superficie de 196 722Km2. La population du Sénégal compte
9,8 millions d'habitants en 2001 soit une densité moyenne de 48 habitants au km2. Plus de
25% de la population est concentrée dans la région de Dakar. L'autre pôle de concentration est
le centre du pays (le bassin arachidier) avec plus de 35 % de la population. L'Est du pays est
très faiblement peuplé. Le Sénégal compte une vingtaine d'ethnies dont les principales sont les
wolofs (43 %), les Pulaars (24 %), et les sérères (15 %).
Les étrangers représentent environ 2 % de la population. Ils sont surtout présents dans la
capitale Dakar où on les rencontre dans le commerce, l'industrie, les services et les
organismes internationaux. On retrouve également au Nord et au Sud du pays les

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ressortissants des pays frontaliers. Le Sénégal est un pays à majorité musulmane (95%). Les
chrétiens représentent 5% de la population. Les religions traditionnelles représentent 1%.
Le pays est divisé en onze régions dont les chefs-lieux sont les principales villes : Dakar,
Diourbel, Fatick, Kaolack, Kolda, Louga, Matam, Saint Louis, Tambacounda, Thiès,
Ziguinchor.
Le climat est déterminé pour l’essentiel par les vents, une température élevée et une
saison des pluies variables du Nord au Sud de 3 à 4 mois selon la latitude et une saison sèche
le reste de l’année (de novembre à juin). Trois types d’événements atmosphériques
déterminent le climat du Sénégal : l’anticyclone des Açores, la haute pression au nord de
l’Afrique et l’anticyclone de sainte Hélène. Ils provoquent :

-L’alizé maritime, une masse d’air humide de direction nord à nord-ouest

-L’harmattan, de direction dominante, se caractérise par une grande sécheresse liée à son long
parcours continental et par des amplitudes thermiques très accusées. Il souffle du continent
vers l’océan.

-La mousson est marquée par une faible amplitude thermique. Elle souffle du sud au centre et
provoque des précipitations.

Le Sénégal connaît un climat chaud et sec même si par endroits ce stress est atténué par
les 700 km qui constituent sa façade maritime et son avancée vers l’Océan Atlantique. Les
ressources naturelles sont composées pour l’essentiel des ressources en eau avec un potentiel
en eau de surface exploitable de 7 milliards de m2 par an, des ressources souterraines de
2 000 000 m2, des ressources végétales (ressources forestières, de la flore microbienne et les
ressources marines) et des ressources animales (cheptel domestique, les ressources
halieutiques et la faune sauvage).

Dans ce terrain large, nous nous intéresserons spécialement à la région de


Tambacounda située à l’Est du pays et celle de Dakar, la capitale. La situation
environnementale est beaucoup plus alarmante dans ces deux régions ; la première presque
entièrement touchée par la désertification et la sécheresse, la deuxième largement surpeuplée,
1 030 594 habitants sur une superficie de 83 km2 soit une densité de 12 417 hab. /km2.

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5. Méthodologie

Dans ce travail, nous sommes partis de deux logiques : une logique empirico
inductive, et une logique hypothético-déductive.
Concernant la démarche empirico inductive, nous sommes appuyés sur des
expériences vécues au Sénégal, notamment les campagnes de sensibilisation autour de la
question de l’environnement (« Set Setal » c’est à dire Propre et Rendre Propre), le
reboisement, la création des clubs EVF (Education à la Vie Familiale) dans les lycées et
collèges, et la médiation environnementale qui passe par le sport et la santé.
Pour ce qui est de la démarche hypothético-déductive, nous sommes partis d’un
contexte général qui englobe des théories qui, d’une part ont été développées lors du cours, et
d’autre part, des théories développées dans des sites Web, des écrits de presse, des thèses et
des livres. En ce sens, la démarche hypothético déductive est beaucoup plus représentative
dans le mémoire. Après avoir parcouru l’ensemble de ces démarches, nous avons décidé de
mener les enquêtes auprès de trois corpus : les citoyens, les institutions, les associations et
ONG. Pour ce faire 3 méthodes ont été appliquées :
1ère méthode : nous avons contacté les administrations du collège Thierno Souleymane
Agne et du C.E.M Quinzambougou de le région de Tambacounda. Nous leur avons envoyé le
« questionnaire citoyen » qu’ils ont administré auprès des élèves de 5è, 4è et 3è. Soixante
répondants ont rempli le questionnaire dont 20 pour chaque niveau. Ensuite, le même
questionnaire a été envoyé au Club EVF (Education à la Vie Familiale) de Tambacounda,
composé de collégiens, de lycéens, de professeurs et de moniteurs. Quarante questionnaires
ont été administrés.
2èmeméthode : pour diversifier le corpus citoyen, nous avons décidé d’envoyer le
questionnaire à tous nos contacts e-mail se trouvant au Sénégal. Ce groupe de répondants est
composé principalement d’étudiants, de membres d’associations, de professionnels et de
fonctionnaires. Vingt réponses ont été recueillies.
3ème méthode : pour les associations et les institutions, nous avons tenté le même
processus que les citoyens, mais sans suite. Nous avons ensuite décidé de les contacter par
téléphone. Les résultats obtenus sont loin d’être suffisants. Cela est surtout dû par le fait
qu’elles n’avaient pas assez de temps à nous consacrer. Alors nous avons envisagé de
descendre sur le terrain. L’un de nous s’est rendu au Sénégal et a pu s’entretenir avec la
Fondation Nicolas Hulot de la sous région, la direction d’étude, la direction de

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l’assainissement autonome, la direction d’exploitation et la cellule de communication de


l’ONAS (Office Nationale d’Assainissement du Sénégal) et le Ministère de l’environnement.

6. Définition des corpus


6.1. Le corpus des citoyens

Le choix est porté sur les collégiens et les lycéens. Vu les effectifs élevés des classes,
nous avons jugé nécessaire de prendre une classe par niveau. Ainsi, une classe de 5ème, 4ème et
3ème ont rempli le questionnaire ; soit 2O élèves par classe. Par ce choix nous avons espéré
trouver des répondants capables de remplir le questionnaire sans difficulté majeur. Car la
plupart des mots sont polysémiques notamment « environnement », « communication »,
« éducation ». D’autres mots tel que « éco citoyenneté » sont des appellations et conceptions
nouvelles, donc inconnues pour la plupart des élèves. Par ailleurs, nous n’avons pas trouvé
suffisamment de personnes disponibles sur le net. En effet, le nombre de personne ayant accès
à Internet est encore très faible. Cela pour plusieurs raisons notamment le coût de l’accès, le
manque de formation à l’usage de l’outil informatique. Pour ce faire, nous avons essayé de
contacter l’administration d’une école qui a accepté notre projet. L’objectif est, alors, de
savoir s’ils ont reçu une éducation à l’éco citoyenneté et aussi de mesurer leur vision de
l’environnement ainsi que leur degré d’engagement.

6.2. Le corpus des associations

Concernant les associations, nous avons choisi de travailler avec la Fondation


Nicolas Hulot, installée au Sénégal depuis les années 2000 et l’association Océanium. Elle a
pour vocation de sensibiliser le grand public et les jeunes générations à la connaissance de la
nature et au respect de la qualité de l’environnement. Au Sénégal, une dizaine de clubs FNH
ont été crée notamment à Dakar et à Thiès. Leur projet s’inscrit dans le cadre du
développement durable au sens large du terme. La plupart des clubs sont installés au niveau
des écoles, mais aussi au niveau des foyers des jeunes et de la culture. Les raisons pour
lesquelles, nous avons choisi d’enquêter auprès de cette association sont dues au fait qu’elle
s’investit énormément dans le secteur environnemental. De plus, l’avènement d’associations
telles que la Fondation Nicolas Hulot au Sénégal va de pair avec l’émergence de nouveaux
dispositifs de campagne auprès des populations.

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Pour recueillir leur témoignage, nous avons décidé, dans un premier temps, de réaliser
l’enquête par messagerie électronique ou par téléphone. Cette démarche n’a pas donné grand-
chose. Nous étions obligés de descendre sur le terrain.

6.3. Les institutions et organisations

Notre enquête auprès des institutions et des organisations concerne exclusivement le


Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature du Sénégal, l’ONAS (Office
Nationale d’Assainissement du Sénégal),…
Par ailleurs, l’intérêt de ce corpus relève du fait que ces institutions et organisations
ont longtemps été les seuls acteurs habilités à définir une politique de protection
environnementale. En effet, avant l’arrivée des associations, la principale politique
environnementale était verticale, c'est-à-dire du gouvernement vers les citoyens, et cela à
travers des décrets, des lois, des amendes…Donc, le point essentiel, ici, est de savoir si les
démarches des associations auprès des citoyens ont influencé la politique environnementale
du gouvernement. Le but est, entre autres, de voir les stratégies de communication mises en
place par le gouvernement sénégalais, leurs démarches auprès de la population, et la visée de
leurs politiques environnementales.

7. Ressources théoriques
Dans cette partie nous allons nous intéresser à la définition des principaux termes du
sujet à savoir l’environnement, l’écocitoyenneté, ainsi que les pratiques environnementales
existantes au Sénégal.

7.1. L’environnement

L’environnement est ce qui nous entoure. C’est l’ensemble des éléments naturels et
artificiels où se déroule la vie humaine. Avec les enjeux écologiques actuels le terme
environnement tend actuellement à prendre une dimension de plus en plus mondiale. 1
Par ailleurs le terme est devenu très polysémique c'est-à-dire qu’il recouvre plusieurs
acceptions.
Etymologiquement, le terme « environnement » trouve son origine dans le grec, le latin
et le gaulois.
1.

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Dans le dictionnaire Français Latin, 1539, p.183, de Robert Estienne, on peut lire
textuellement la traduction suivante « environnement : circundatio, circonscritio terrae,
stipatio », en d’autre terme tout qui nous entoure à savoir la terre et l’espace.
Quant à la première définition technique anglo-saxonne, elle se situe dans les années
1920. Elle englobe « l’ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques)
et culturelles (sociologiques) susceptibles d’agir sur tous les organismes vivants et les
activités humaines » 2. La définition élaborée lors du colloque d’Aix-en-Provence en 1971 va
dans le même sens, tout en étant plus précise et plus complète. Selon les experts d’Aix,
l’environnement c’est « l’ensemble, à un moment donné, des aspects physiques, chimiques,
biologiques et des facteurs sociaux et économiques susceptibles d’avoir un reflet direct ou
indirect, immédiat ou à terme, sur les êtres vivants et les activités humaines ».3
Cependant, l’usage moderne du vocable « environnement » a débuté vers les années
1960. Il regroupe « les ressources naturelles biotiques (faune, flore) et abiotiques (air, eau,
sol) et leurs interactions réciproques, les aspects caractéristiques du paysage et les biens que
composent l’héritage culturel » 4.
D’un point de vue plus sociétal, l’environnement se conçoit comme un milieux
physique, construit, naturel et humain dans lequel un individu ou un groupe (une famille, un
quartier, une société, une collectivité, une entreprise, une administration, etc.) fonctionne ;
incluant l’air, l’eau, le sol, le sous-sol, la faune, la flore, les autres organismes vivants, les
êtres humains et leurs interactions.
Ainsi, l’environnement est, de plus en plus, perçu comme une ressource finie, qu’on ne
considère plus comme inépuisable ou renouvelable à l’infini. Cette nouvelle vision à donner
naissance à des mouvements politiques dits écologiques ou verts ainsi que des associations en
faveur de l’environnement. Cette mouvance envisage une nouvelle politique visant à concilier
le développement humain et la restauration, la protection et la bonne gestion de
l’environnement pour les générations futurs (concept du développement durable). Dans ce
souci de pérenniser la prise de conscience et la protection de l’environnement, apparaissent de
plus en plus de nouveaux modes de communication dont la plus récente est la «
Communication engageante » 5.
2.
3. P.Giolitto, M. Clary, Eduquer à l’environnement, Hachette, 1994, p.65
4.
5. l’un des concepts les plus récents de communication né des travaux de Joule, R.V et Beauvois, J-L,
chercheurs en psychologie sociale et professeurs des Universités. C’est une « communication d’action et d’utilité
sociétale », F. Bernard, professeur de SIC-CREPCOM – Université de Provence.

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7.2. L’écocitoyenneté

L’écocitoyenneté est un comportement des individus favorables à l’environnement. Il


s’agit de prendre conscience que tous les individus ont parfaitement les moyens d’assurer un
développement soutenable ou durable ; qui répond aux besoins du présent sans compromettre
ceux des générations futures.
Par ailleurs, se poser la question de l’écocitoyenneté nécessite d’analyser le concept de la
« citoyenneté ».
La citoyenneté vient du Latin civitas. Le citoyen adhère à la finalité et aux règles de la cité, ce
qui lui vaut de disposer de prérogatives, droits et devoirs lui conférant un droit de cité.
En d’autres termes, le citoyen concret exerce ses droits et assume ses devoirs d’abord
dans son environnement immédiat, là où il habite et parfois travaille…cela justifie que la
citoyenneté effective soit souvent recherchée dans le rapprochement du citoyen et des lieux de
pouvoir.6.
La citoyenneté active c’est l’ensemble des actions du citoyen en tant qu’agent
dynamique du changement qualitatif des gestes et des comportements. C’est la participation
dynamique de chaque citoyen à la vie sociale politique et culturelle de la cité, qui ne peut être
que bénéfique pour la communauté sociale et pour la vie démocratique nationale.7.
Jean Jacques Rousseau résume bien ce concept en signifiant que le citoyen c’est celui sait
penser l’intérêt général qu’il place dès lors avant son intérêt particulier. Donc la notion
d’écocitoyenneté veut étendre l’approche rousseauiste aux êtres humains et non humains afin
d’échapper à une conception anthropocentrique du monde au profit d’une approche
biocentrique.8.
L’écocitoyenneté consisterait à construire, sur des bases écologiques, des principes de la
citoyenneté. Être écocitoyen serait :
 De prendre en compte dans ses actions de tous les jours les conséquences que ces actes
sont susceptibles de produire sur l’environnement dans le présent mais aussi à moyen
et long terme.

6. Pierre Vidal-naquet, Jean-pierre Vernant, Jean-paul Brisson, Elisabeth Brisson, Démocratie Citoyenneté et
héritage gréco-romaine, Edition Liris, septembre 2004
7. Ousmane Sow Huchard, secrétaire national en charge de la citoyenneté active, président en exercice de la
fédération des Partis Ecologistes d’Afrique.
8. Cécilia Claeys-Mekdade, Maître de conférence en sociologie à l’Université de la Méditerranée, lors du 2 e
colloque interdisciplinaire (9&10 novembre 2006) exposait sa vision à travers un thème intitulé « le débat public
comme processus d’apprentissage écocitoyen »

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 Réaliser au cours de sa vie quotidienne les actions nécessaires à la sauvegarde de


l’environnement.
 Reconnaître la portée écologique de tous les actes et gestes quotidiens que l’on pose.
 Reconnaître ses droits et devoirs envers l’environnement.
 Adopter une démarche de vie respectant la nature, cette démarche comporte des
responsabilités tant individuelles que collectives des acteurs.
Par ailleurs, ces concepts aussi faciles qu’ils puissent apparaître, leur application
quotidienne ne relève pas de l’évidence. En effet, la réalité nous montre qu’il y a un écart
entre la prise de conscience et l’application effective des pratiques écocitoyennes. Cet écart
peut être progressivement réduit par la mise en place d’une éducation à l’éco citoyenneté.

7.3. L’éducation à l’écocitoyenneté

« Nous n’avons qu’une seule Terre ! » tel est le cris d’alarme jeté par les jeunes réunis à
Stockholm, en 1972, à l’occasion de la conférence des Nations unies sur l’environnement.
Directement interpellées, les instances internationales ont décidé de faire appel à l’école pour
faire naître chez les futurs citoyens cette « conscience écologique » qui devrait leur permettre
d’œuvrer pour la survie de la planète et le bien-être de ses habitants.
Eduquer consiste à donner à chacun la capacité de comprendre le monde afin de pouvoir
le transformer, à donner à chacun la capacité d’analyse critique et d’élaboration de ses valeurs
pour se construire dans son identité et son rapport aux autres.9.
Ainsi, éduquer à l’écocitoyenneté c’est « permettre de se construire aussi par son rapport à
l’environnement et aux autres formes de vie ». C’est faire de « l’environnement l’un des pôles
d’interactions à la base du développement humain, [celui-ci étant à la] cognitif, affectif,
social, moral…10. Cela contribuera à former des citoyens capables d’affronter les défis du
présent et du futur, et des décideurs opérant des choix pertinents pour un monde vivable. Cette
éducation s’effectue, en général, selon cinq logiques fondamentales :
1- apprendre à connaître : il faut amener les individus et les groupes constitués à acquérir une
compréhension essentielle de l’environnement global, des problèmes qui s’y rattachent.
Chaque citoyen devrait connaître la place et la responsabilité qu’il est appelé à tenir vis-à-vis
de l’environnement.
2- apprendre à agir : bien former, c’est déjà préparer à l’action qui est la solution la plus
efficace pour préserver l’environnement.
9. P. Giolitto, M. Clary, Eduquer à l’Environnement, Hachette, 1994,
10. P. Giolitto, M. Clary, id,

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3- apprendre à être : « The globe is our backyard. » (La terre est notre jardin) clamait Al Gore,
l’ex vice-président des Etats-Unis. Nous devrons amener chaque individu à développer un
sentiment profond d’intérêt en vers cette planète. Cela consiste à faire naître des attitudes et
des comportements conduisant à respecter l’environnement. Agir en faveur l’environnement
devrait être l’une des conditions de notre citoyenneté.
4- apprendre à vivre en ensemble : conscient des composantes de l’environnement, l’être
humain pourra mieux vivre avec celles-ci mais aussi avec lui-même. « L’environnement est
en outre pour l’homme source d’élévation morale, dans la mesure où il fait apparaître la
nécessité d’une éthique, véhiculant des valeurs, comme le respect des autres (respecter
l’environnement, c’est, à travers lui, respecter les autres) ou la solidarité entre les hommes et
entre les génération » P. Giolitto /M. Clary, Eduquer à l’environnement, p.54
5- apprendre à se transformer soi-même et la société : chaque citoyen devrait être à mesure de
s’approprier le comportement adéquat et exemplaire pour l’environnement puisse être léguer
aux générations futures. C’est de ce comportement que découle un avenir certain. D’ailleurs,
Antoine de Saint Exupéry affirmait à travers Citadelle : « l’avenir : tu n’as point à le
découvrir, mais à le permettre. ».
Françoise Trossat, institutrice, Lons-le-Saunier, en mars 1991, résume bien ces cinq objectifs
en témoignant : « l’environnement m’aide à avoir une vision globale des réalités…l’éducation
à l’environnement me permet de créer de l’espoir autour de moi : espoir de faire surgir dans
notre société des changements d’habitudes, espoir de faire naître de nouvelles valeurs, espoir
de contribuer à bâtir un monde meilleur pour tous. » P. Giolitto /M. Clary, id, p.27. En ce
sens éduquer à l’environnement va au-delà d’une simple instruction sur l’environnement et
ses composantes. Elle se base sur cette « pédagogie de l’environnement » pour agir au service
de la protection de cet environnement. Elle fait ainsi recours à l’école, plus particulièrement,
pour « faire naître chez les jeunes des comportements et des attitudes se référant à un certain
nombre de valeurs que seul une éducation au sens plein du terme peut transmettre. » P.
Giolitto /M. Clary, id, p.51.

8. Le Cas du Sénégal
Traditionnellement les populations africaines ont un rapport de proximité avec
l’environnement. Par proximité on entend respect, protection et adoration. À l’image des
peuples Bushmen, en Afrique du Sud, l’exploitation de l’environnement ne se fait que selon
les besoins quotidiens. En effet, seule la quantité nécessaire est prise. On peut remarquer, dès

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lors, que ces peuples ont toujours eu le souci de protéger l’environnement. De plus,
l’environnement est considéré comme quelque chose de vivant, possédant une âme ou encore
comme une divinité. C’est la raison la plupart des peuples africains, développent un certain
nombre de rites avant, pendant et après l’exploitation de l’environnement. Les Bushmen, par
exemple, se penchent pour demander pardon à leur gibier.
Cependant, modernité oblige, ce privilège de l’environnement disparaît aussi vite que la
modernité gagne du terrain en Afrique. Aujourd’hui, le cumul des catastrophes naturelles et
celles occasionnées par l’homme, font de l’environnement africain l’un des milieux les plus
alarmants.

8.1. Politique environnementale: un héritage colonial

Jusqu’à une date récente, les législations environnementales du Sénégal sont issues du
décret colonial de 1935. Celles-ci reposaient sur une conception étatique et centralisée de
l’environnement et de sa gestion dont les principales caractéristiques sont :
-l’environnement est un patrimoine d’intérêt public appartenant de ce fait à l’Etat car il est
bien vaquant sans maîtres.
-une partie de ce domaine a fait l’objet d’un classement comme donnée environnementale
permanent de l’Etat ; il s’y applique une règlementation de protection par les services des
eaux et forêts.11.
On remarque dès lors l’exclusion de la population dans la gestion de l’environnement.
Ces législations vigoureuses protectionnistes ne tenaient pas en compte les besoins et les
aspirations des usagers. Alors la population avait le sentiment que c’était contre elle que
l’environnement était protégé. Cette politique ne tardera pas à échouer car les campagnes de
reboisement effectuées sous la direction de l’Etat n’avaient pas connu les résultats attendus
malgré les importants moyens financiers utilisés.
Par ailleurs, des réformes ont été établies modifiant petit à petit le comportement de
l’Etat vis-à-vis de la population, notamment la réforme de 1964 et de 1993.
Cependant, le véritable changement interviendra dans les années 1990 avec la mise place
de projets environnementaux communicants impliquant la participation de la population.

11. I. Diallo, Le droit de l’environnement au Sénégal, Mémoire de D.E.A, Juin 1998

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8.2. La politique de gestion de l’environnement

La politique de gestion de l’environnement au Sénégal se réfère à deux textes principaux :


le Plan de gestion à l’environnement, adopté en 1997 et qui a pour but de préparer la stratégie
de la gestion de l’environnement, et la Lettre de politique sectorielle adoptée en 2004.

8.2.1. Le Plan national d’action pour l’environnement (PNAE)

Le Plan national d’action pour l’environnement a été initié en février 1995 dans le cadre d’un
processus participatif et décentralisé de préparation de la stratégie de gestion des ressources
naturelles et de l’environnement. Il a été adopté en 1997. Il constitue un cadre global de
référence qui identifie les problèmes et les acteurs concernés et suggère des solutions
concertées. À ce titre, il accorde un rang de priorité élevé à l’intégration de l’environnement
dans le processus de planification macro-économique. Dans la partie consacrée à l’analyse des
enjeux, l’audit environnemental souligne la dégradation du cadre de vie lié notamment à
l’absence de systèmes efficaces de gestion des déchets urbains. Il signale également que dans
le cadre de la réalisation des actions urbaines les impératifs d’ordre économique prennent le
pas sur les enjeux environnementaux. Les éléments de stratégie reposent notamment sur la
réforme de la fiscalité locale pour permettre aux collectivités locales d’assumer les
compétences transférées et de prendre en charge le renforcement des capacités techniques des
collectivités locales, l’appui aux initiatives des communautés de base, la réalisation de
programme de sensibilisation grand public.12.

8.2.2. La Lettre de politique sectorielle de l’environnement

Adopté en 2004, la Lettre de politique sectorielle a pour objectif de « concilier la conservation


et l’exploitation des ressources naturelles et de l’environnement pour un développement
durable, mais et surtout de réorienter les rôles de l’État et des autres acteurs non
gouvernementaux dans la recherche d’un meilleur cadre de vie ». Le gouvernement entend
exposer un état des ressources naturelles et de l’environnement en soulignant « l’inadéquation
des systèmes et services urbains de base en raison d’une urbanisation rapide et mal maîtrisée
entraînant une pollution excessive et faisant des villes des pôles d’insécurité et de vie précaire
».13.
12. La gestion des ordures ménagères dans les villes secondaires du Sénégal :Vers des politiques municipales
incluant les quartiers périphériques, Gret - collection Études et travaux - Série en ligne n°8, 2006
13. id

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Par ailleurs, la lettre mentionne le déficit d’information et de sensibilisation par rapport au


rôle et responsabilités des différents acteurs, l’insuffisance de la réglementation relative à la
gestion des déchets solides ménagers et industriels ainsi que le faible niveau des équipements
de collecte et de nettoiement.
L’objectif global est d’assurer la durabilité du développement économique et social dans une
perspective de croissance compatible avec la préservation des ressources naturelles et de
l’environnement. Les objectifs spécifiques sont notamment :
(i) d’atténuer la dégradation des ressources en mettant en place un dispositif institutionnel et
réglementaire efficace s’appuyant sur les conventions internationales;
(ii) d’améliorer les capacités de planification et de coordination des actions de préservation de
l’environnement dans un contexte de plus grande responsabilisation des acteurs ;
(iii) de promouvoir des activités génératrices de revenus et des infrastructures collectives
combinant la lutte contre la pauvreté et la dégradation de l’environnement;
(iv) d’augmenter la desserte des populations en ouvrages d’assainissement collectifs
autonomes ;
(v) de réglementer la gestion des déchets solides urbains, d’élaborer les plans directeurs
régionaux de gestion des déchets et de renforcer les équipements de collecte et de nettoiement
(vi) de promouvoir des attitudes et comportements citoyens en faveur d’une bonne gestion de
l’environnement et des ressources naturelles par le développement de l’éducation, de la
sensibilisation, de l’information et de la formation environnementale.
La stratégie d’intervention, selon le texte, repose d’abord sur un processus de concertation
pour permettre aux différents acteurs de partager leur perception des problèmes et d’adhérer
aux réponses proposées. Les actions devront être développées en synergie afin d’améliorer
leur efficacité, leur durabilité et leur crédibilité auprès des bénéficiaires.14.
La lettre de politique sectorielle propose ensuite les grands axes d’un programme d’action :
– améliorer la base de connaissance des ressources naturelles et de l’environnement en vue de
mieux mesurer leurs capacités de charge (éducation, information et communication) ;
– mettre en place un dispositif institutionnel et réglementaire efficace ;
– promouvoir des activités génératrices de revenu et des infrastructures collectives combinant
lutte contre la pauvreté et dégradation de l’environnement (gestion de la biodiversité, gestion
de la faune, lutte contre la désertification et la dégradation des terres, aménagement et
production forestière, gestion intégrée de la zone côtière et marine) ;

14. République du Sénégal, Lettre de politique sectorielle de l’environnement, 2004

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– assurer une gestion/utilisation rationnelle des produits chimiques et une gestion des déchets
solides et de la propreté du cadre de vie. « Dans cette optique, les structures responsables
devront constituer un dispositif, en amont et en aval, pour accompagner et soutenir les
initiatives des collectivités locales et des OCB notamment dans les domaines de la
planification des programmes, de l’appui matériel, du suivi évaluation et de leur mise en
oeuvre, de l’information et de la sensibilisation pour l’instauration de comportements
civiques, de la recherche opérationnelle pour enrichir la base de données sur la gestion des
déchets, du renforcement des capacités des acteurs qui interviennent dans la gestion de la
propreté »
– promouvoir des modes de production et de consommation durables (notamment efficacité
énergétique dans les bâtiments) ;
– protéger l’environnement urbain par le traitement des eaux résiduaires et des matières de
vidange et, à long terme, par l’épuration avant rejet vers la mer des eaux vannes et ménagères.

8.2.3. Le cadre législatif et réglementaire

Les textes qui s’appliquent à la protection de l’environnement sont assez nombreux. Ce qui
nous intéresse, ici, c’est principalement le code de l’environnement.
La loi 2001-01 du 15 janvier 2001 portant Code de l’environnement précise notamment :
– les déchets doivent être éliminés ou recyclés de manière écologiquement rationnelle afin de
supprimer ou de réduire leurs effets nocifs sur la santé de l’homme, sur les ressources
naturelles, la faune et la flore ou la qualité de l’environnement (article L30) ;
– toute personne, qui produit ou détient des déchets, doit en assurer elle-même l’élimination
ou le recyclage ou les faire éliminer ou recycler auprès des entreprises agréées par le ministre
chargé de l’environnement. À défaut, elle doit remettre ces déchets à la collectivité locale ou à
toute société agréée par l’État en vue de la gestion des déchets. Cette société, ou la collectivité
locale elle-même, peut signer des contrats avec les producteurs ou les détenteurs de déchets en
vue de leur élimination ou de leur recyclage. Le recyclage doit toujours se faire en fonction
des normes en vigueur au Sénégal (article L31) ;
– les collectivités locales et les regroupements constitués assurent l’élimination de déchets des
ménages, éventuellement en liaison avec les services régionaux et les services nationaux de
État, conformément à la réglementation en vigueur (article L32) ;
– l’élimination des déchets comporte les opérations de collecte, de transport, de stockage et de
traitement nécessaires à la récupération des matériaux utiles ou de l’énergie, ou de tout dépôt

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ou rejet sur les endroits appropriés, de tout autre dépôt dans des conditions propres à en éviter
les nuisances mentionnées dans la présente loi (article L33) ;
– l’enfouissement dans le sous-sol ne peut être opéré qu’après autorisation du ministre chargé
de l’environnement qui fixe des prescriptions techniques et des règles particulières à observer
(article L 42).
Cependant, il y’a un énorme décalage entre ces textes et la pratique. Par exemple, dans la
région de Dakar, plus particulièrement dans le département de Pikine, le recours à
l’enfouissement est monnaie courante malgré l’article L 42 du Code de l’environnement. Ce
décalage s’explique par l’absence d’information et de sensibilisation suffisantes, de réels
projets intégrant les usagers, le manque de moyens financiers et matériels nécessaires et le
caractère restrictif et punitif des lois qui engendrent souvent la déviance de la population de
certaines localités. Il faut ajoute aussi le manque de suivi, sans lequel aucun bilan ne peut être
tiré.

8.3. Le degré d’engagement des citoyens

La gestion des ressources naturelles ne se conçoit plus sans une participation active de la
population. L’échec des politiques environnementales classiques est généralement lié à un
déficit de communication. L’Etat a compris que l’adhésion aux changements proposés
implique un dialogue, une négociation avec la population. Ce qui revient à parler d’un
échange de pratiques de savoirs de techniques entre les deux parties. Ce projet contribue à
instaurer un climat de confiance entre les différents acteurs et permet de recueillir et de
valoriser les traditions, les coutumes et les savoirs populaires qui sont le plus souvent ignorés
ou négligés dans le domaine de la gestion des ressources environnementales.
Pour ce faire, différents types de communication ont été mis en place à la fois par les
institutions et par les associatifs.

8.3.1. La communication de masse

S’adressant à un public vaste et divers, ce type de communication permet d’informer de


sensibiliser ou développer la communication interactive. Elle fait appel aux moyens de
communication de masse mobilisable à l’échelle nationale, régionale et locale : radio,
télévision, presse écrite, etc. Son but est de répondre à des objectifs d’information générale
destinée au grand public par l’organisation de campagnes de sensibilisation aux enjeux

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environnementaux. Cependant, elle n’entre pas proprement dit dans le cycle d’une approche
participative. Elle n’en est qu’un moyen d’accompagnement. (Exemple voir annexe).

8.3.2. La communication de proximité

Son objectif est d’accompagner et de renforcer chacune des étapes et des phases de la
démarche participative à travers un certain nombre d’outils d’information, d’analyse, de
dialogue, de formation, de gestion et de suivi. Ces outils et méthodes sont généralement
utilisés par les agents ayant une fonction d’appui, d’animation ou d’encadrement des
communautés villageoises : agents forestiers, vulgarisateurs, enseignants, animateurs d’ONG
ou de projet…Ils s’agit de supports audio-scripto-visuels : album de photos villageois, vidéo,
diaporamas ou films fixes, cassettes audio…

8.3.3. La communication traditionnelle

D’une manière générale, les outils et réseaux de communication traditionnelle ont un


fort impact sur la population. Généralement, ce type de communication est très vivant en
milieu rural et joue un rôle important dans les dynamiques villageoises. Les manifestations les
plus courantes de cette forme de communication sont les assemblées villageoises , le théâtre ,
les représentations des marionnettes, les chansons, les proverbes, les devinettes, les récits, les
contes, les visites inter villageoises …
Dans une démarche participative, les communautés villageoises doivent mobiliser leurs
propres outils de communication tout en conservant leur contrôle sur la conception et la
diffusion du message véhiculé. Elle se présente dès lors comme des partenaires à part entière
dans les processus de négociation.
En général, les lieux choisis pour ces différents types de communication sont :
-le marché : contrairement à la vision occidentale, le marché au Sénégal est aussi un lieu de
rencontres, d’échanges, de débat, de médiation autour de différents sujets, en l’occurrence
celui de l’environnement. De plus, l’expression dans ce lieu est plus personnelle et libre car
les passants (hommes, femmes et enfants) peuvent poser des questions qu’ils n’oseraient pas
poser dans les assemblées de village.
-Les places publiques : appelées en général « arbre à palabre » sont des endroits ou se
réunissent souvent les hommes pour débattre sur divers sujets. Ce sont des lieux privilégiés de
rencontre avec des leaders d’opinion, généralement des hommes.

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-Les jardins publics : ce sont des lieux de divertissement ou il est plus probable de rencontrer
un public jeune.

8.4. La Médiation

C’est une pratique très fréquente au Sénégal utilisée à travers divers thèmes. Elle permet
de mobiliser les gens sur un sujet donné par une activité beaucoup plus attractive.

8.4.1. La médiation à travers le sport

Elle concerne à la fois l’échec scolaire, l’éducation à la citoyenneté et à l’éco


citoyenneté. Les jeunes apprennent à travers les pratiques sportives le respect des règles, du
groupe, de l’arbitre, de l’adversaire… Ces séances de sport sont donc l’occasion pour ces
jeunes d’apprendre les règles de vie en société par le jeu. « Les tournois citoyens » proposés
par l’association Sport Sans Frontières par exemple permettent de sensibiliser les jeunes et
leur famille autour de différents thèmes notamment l’éducation , la santé et l’hygiène ,
l’environnement et la lutte contre le paludisme. En d’autres termes, c’est une façon de
montrer aux jeunes qu’ils sont eux aussi des citoyens à part entière et qu’en conséquence, ils
peuvent participer à l’amélioration de la vie de leur quartier, de leur ville…

8.4.2 La médiation par la santé

Il faut également mobiliser la population sur les risques sanitaires liés au manque
d’hygiène, à l’insalubrité et à la pollution. Des cours de sensibilisation sont organisés auprès
des établissements scolaires. Il est important de montrer, d’informer la population sur la
recrudescence des maladies infectieuses. Les professionnels de santé sur le terrain se rendent
auprès des populations pour donner dont le but final est l’environnement. L’existence de
clubs, formés de collectifs d’étudiants ou encore de professeurs invite les participants. Il faut
également mobiliser la population sur les risques sanitaires liés au manque d’hygiène, à
l’insalubrité et à la pollution. Des cours de sensibilisation sont organisés.

9. Difficultés rencontrées
Les difficultés rencontrées dans le cadre de ce projet peuvent être résumées en trois points.

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9.1. Un sujet innovant

Peu d’ouvrages ont été réalisés concernant le secteur environnemental et l’éducation


à l’écocitoyenneté au Sénégal. C’est donc un secteur qui n’attire pas jusque là beaucoup de
chercheurs et d’écrivains. C’est à une date très récente que le sujet, à savoir le respect et la
protection de l’environnement, a émergé comme une priorité qui réunit à la fois les
institutions, les citoyens et les associations au Sénégal.

9.2. Mise en commun des idées

Dans ce sens il apparaît très difficile de recueillir des donnés suffisantes pour appuyer
nos thématiques. Deux aspects peuvent être notés dans un travail de groupe : un aspect positif
et un aspect négatif.
Concernant l’aspect positif, on peut noter que l’on se construit à l’image des autres. En effet,
le travail de groupe permet de confronter les idées et d’apprendre davantage de ce que les
autres membres apportent. C’est aussi un moyen d’échange permanent de connaissances sur
un sujet bien défini. Ainsi, chacun essaie d’apporter son expérience et son savoir dans la
réalisation du projet.
Cependant, le travail de groupe s’avère très difficile. Cette difficulté réside dans la mise en
commun des idées, dans la perception que chacun a du sujet. Cela nécessite un temps de
débat, parfois même très intense, pour trouver un accord entre les membres du groupe.
En somme, le travail de groupe peut se définir comme une quête perpétuelle de consensus.

9.3. L’éloignement du terrain

Cette étape constitue un handicap majeur dans l’avancement de notre travail. Le


terrain étant loin (le Sénégal), il nous est difficile de réaliser concrètement le projet. Pour les
enquêtes nous faisons souvent recours à des personnes intermédiaires pour trouver des
répondants. Ceux-ci étant très occupés par des projets qui leur sont propres, nous nous
retrouvons dans l’obligation de multiplier les contacts ou de fixer des rendez-vous.
Concernant les institutions, nous utilisons le téléphone et la messagerie électronique. Mais là
aussi on rencontre plus de difficultés. Car il faut dans un premier temps s’assurer d’avoir les
bonnes coordonnées, puis dans un second temps, fixer un rendez-vous qui arrange les deux
camps. Il faut, enfin, se doter de dispositifs permettant de mieux recueillir les informations de
l’interviewé. De ce fait, le déplacement de l’un d’entre nous au Sénégal a largement contribué
à la collecte des informations auprès des Institutions.

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10. Tableaux synoptiques des corpus


10.1 Le corpus citoyen

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10.2 Le corpus des Institutions


Questions Tendance forte Tendance Tendance mineure
Questions Tendance majeure intermédiaire
Tendance Tendance mineure
1- Quelle est la visée Amélioration des Assainissement,
intermédiaire Préserver
1- Quelles conditions et cadres réduire la pollution,
de votre politique
l’environnement
représentations de vie
Propre Traitement
Très propre des eaux Très sale
environnementale
faites-vous de votre? Sale usées
2- En tant qu’acteur
environnement ?
politique, quelle Dégradant Peu satisfaisant Avancée notoire
représentation
2- Jetez-vous des faites- Déplorable (dans
vous deà lal’état de Oui
ordures Inquiétant / l’assainissement)
Non
l’environnement
poubelle ? au
Sénégal
3- ?
Jetez-vous les
3-
ordres par terre ? de Non
Quelle stratégie Communication
/ de Communication
Oui de
communication
4- Comment avez- Tout
Informer
ce qui nous et Cadre
masse dans lequel on Ensemble
proximité, constitutif
porte à
vous mis en
définiriez-vous place Sensibiliser
entoure vit porte,
de la Nature
concernant le secteur
l’environnement ?
environnemental
5- Respecter ? Respecter la Respecter les Respecter son
4- Quels dispositifs Nature
l’environnement Télévision, radio et Autres
Presse, Colloque
Pays
avez-vous mis en autres
c’est (affichage, Théâtre Sport
place
6- A votre avis qui pour road show,
communiquer
peut vraimentavec la mobilisation
agir, Citoyens Tous Entreprises
population
au Sénégal, pour sociale…)
?
5- Quelles sont vos Intervention auprès Mise
préserver en place Séances de causeries,
démarches auprès
l’environnement ? de des leaders d’ouvrages dans les démarches
la population pour la d’opinion, quartiers participatives
protection
7- quelles sont les de
l’environnement
dispositions mises? en Radio Conférence
6- Y’a-t-il
place pour un réel Télévision Presse Médiation par le
engagement avec
communiquer de la Théâtre
Oui / Non
sport
population ?au sujet
7- l’environnement
de Quels sont les ? Evaluation, enquête Sondage, pas de aucun
dispositifs mis
8- Quelles sont les en satisfaction moyens
place pour mesurer
démarches des le Opérations de Actions sur le Cours d’éducation à
degré d’engagement
Institutions et sensibilisation terrain : reboisement, l’environnement,
de la population
Associations ?
auprès nettoyage (Set Setal financement des
8- Y’a-t-il
de la population pour une = propreté) projets,
politique
la d’éducation
protection de la Oui Pas performant Non
à l’écocitoyenneté
nature ? ?
Si oui,unen
9- Y’a-t-il réelquoi Discussion avec
Engagement à les /
consiste-t-elle
engagement de?la Elaboration
Pas de guide condition
d’engagement usagers qu’il ait Engagement
population ? sur l’environnement financement insuffisant
10- Quelles
Selon voussolutions
c’est Soucieux de Citoyens Respecter la
envisageriez-vous
quoi Sensibiliser
« être Préserver son Accentuer
(aimer son la Nature
Responsabiliser la
pour optimiser
écocitoyen » ? l’effet environnement
davantage communication
environnement de population, créer une
de la prise de masse
comme sa patrie) synergie (politiques,
conscience
11- Y’a-t-il uneet du citoyens, entreprises
respect
(politique d’) à Oui Très peu et
Nonassociatifs)
éducation à
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l’écocitoyenneté ?
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12- Si oui, en quoi Modules Sensibilisation, Néant
consiste-t-elle ? d’enseignement dans campagne, publicité
les écoles
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l’environnement ?
11- A votre avis qui Tous Citoyens Citoyens et politiques
peut vraiment agir,
au Sénégal, pour
préserver
l’environnement

10.3 Le corpus des Associatifs


Questions Tendance forte Tendance Tendance mineure
intermédiaire
1- Quelle est la visée Politique globale Politique sectorielle : Sensibiliser, éduquer
pour le reboisement, à l’environnement
de votre politique
développement assainissement,
environnementale ? durable gestion des
ressources naturelles
2- En tant qu’acteur
associatif, quelle Etat alarmant : côtes déplorable /
représentation faites- saccagés, quartiers
vous de l’état de inondées pendant
l’environnement au l’hivernage
Sénégal ?
3- Quelle stratégie de Ciblage des élus Responsabilisation Organisation des
communication avez- locaux, des de la population Assemblées
vous mis en place fonctionnaires générales dans les
concernant le secteur villages
environnemental ?
4- Quels dispositifs Autre : projection de Théâtre, sport Radio, télévision,
avez-vous mis en films, animation, presse
place pour road show,
communiquer avec la
population ?
5- Quelles sont vos Démarche Démarche de Aucune car la
démarches auprès de participative : proximité : outils population est
la population pour la décision concertée traditionnels de consciente de son
protection de communication, environnement
l’environnement ? séances de palabre
6- Y’a-t-il un réel
engagement de la Oui Pas suffisamment /
population ?
7- Quels sont les
dispositifs mis en Pas encore de Evaluations, descente Enquête
place pour mesurer le dispositifs sur le terrain
degré d’engagement
de la population ?
8- Y’a-t-il une Pas de politique
politique d’éducation d’éducation à l’éco / Oui
à l’écocitoyenneté ? citoyenneté
9- Si oui, en quoi

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consiste-t-elle ? /
10- Quelles solutions Mener un ensemble Davantage Plus de moyens
envisageriez-vous de front, les responsabiliser la financiers et
pour optimiser l’effet populations décident population matériels
de la prise de des programmes,
conscience et du synergie de
respect à l’ensemble des
l’environnement ? acteurs

11- A votre avis qui / /


peut vraiment agir, Tous
au Sénégal, pour
préserver
l’environnement

11. Analyse des résultats


Les résultats obtenus à travers ces questionnaires ont unanimement décrit un état
déplorable de l’environnement au Sénégal. En effet, les remarques qui reviennent sont
souvent celles de la pollution maritime et aérienne, la désertification et la déforestation,
l’insalubrité liée au mauvais traitement des eaux usées, des ordures ménagères et aux canaux à
ciel ouvert. Pour préserver l’environnement, Institutions et Associatifs ont souvent des visées
différentes. Là où les Institutions développent une politique sectorielle (service
assainissement, service forestier,…) les Associatifs optent pour une politique globale à savoir
une intervention axée sur toutes les composantes de l’environnement. Cela pour deux bonnes
raisons :
- la première c’est que les Institutions sénégalaises ont beaucoup tardé à prendre en
considération la question de l’environnement comme étant centrale pour le
développement durable,
- la deuxième c’est que, selon les Associatifs, le développement durable ne peut être
possible et efficace que lorsque la question de l’environnement est traitée dans sa
globalité.
D’une manière générale, la démarche utilisée par les acteurs politiques et associatifs
est celle de la communication classique basée sur l’information et la sensibilisation.
Cependant, les stratégies divergent. Celle des Institutions est centrée sur la communication de
masse à travers la télévision, la radio, les campagnes d’affichages et les ouvrages destinés aux
scolaires.

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Les Associatifs adoptent une stratégie de communication de proximité voire de


communication participative. En effet, dans la démarche des Associatifs, les populations sont
beaucoup plus impliquées. Car leur processus consiste à cibler et responsabiliser l’ensemble
des acteurs à travers des projections de films, des animations, des sketchs, des séances de
palabre, des assemblées villageoises, etc.
Les appréciations concernant l’engagement des citoyens sont mitigées. Du point de
vue des Institutions, il y’a un réel engagement de la population évalué à travers des enquêtes
de satisfaction, des sondages, etc. Cependant, le corpus citoyen affirme le contraire. Selon
eux, il n’y a pas d’engagement ou du moins « l’engagement existe à condition qu’il y ait un
gain ». Cela nous amène à revoir la position du gouvernement. Ne faut-il voir, à travers ce
positionnement, une stratégie de voiler les échecs de la politique environnementale, dont l’une
des cases principales est l’absence d’inclusion des populations dans la prise de décision des
projets gouvernementaux ?
Quant aux associatifs, l’engagement existe surtout dans les milieux ruraux. Car ces
populations ont beaucoup plus conscience de leur environnement naturel que les citadins.
Néanmoins, les associatifs reconnaissent que cet engagement est loin d’être suffisant.
Concernant la politique d’éducation à l’écocitoyenneté, les avis diffèrent surtout entre
Institution et Associatif. Le premier affirme l’existence d’une éducation à l’écocitoyenneté à
travers l’élaboration de manuel sur l’environnement, des discussions avec les usagers. Le
second, quant à lui, pense le contraire. La réponse des Citoyens tranche en faveur des
Institutions. Selon eux, cette politique d’éducation à l’écocitoyenneté s’effectue à travers des
modules d’enseignement dans les écoles, des campagnes de sensibilisation, etc. En résumé
cette politique peut-être qualifiée de « pédagogie environnementale » car elle est typiquement
axée sur l’enseignement de l’environnement dans ses composantes naturelles et humaines, sur
la prise de conscience du danger inhérent à l’activité humaine…Seulement, cette pédagogie
n’est qu’une composante de l’éducation environnementale, plus précisément un outil au
service d’une finalité : l’action. Sans l’action, l’éducation à l’environnement devient
inefficace. Car à quoi cela sert de connaître si on n’agit pas. Ainsi, comme le notent
Institutions, Associatifs et une bonne partie des Citoyens, il est impératif d’impliquer tous les
acteurs pour préserver l’environnement au Sénégal.
Pour optimiser l’effet de la prise de conscience et du respect à l’environnement, on
retrouve les deux composantes de l’éducation environnementale : pédagogie et action. En
effet, selon les Institutions, la tendance forte est de sensibiliser davantage et d’accentuer la

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communication de masse. Tandis que les Associatifs optent une synergie des actions, une
responsabilisation de la population.

12. Approche réflexive


En tout état de cause, nous pouvons reconnaître que le discours des Institutions
sénégalaises en faveur de l’environnement s’est considérablement modifié. En effet, d’une
politique environnementale autoritaire et imposée on est passé à des pratiques incitant à
préserver la nature. Aussi, l’avènement des Associatifs a-t-il largement contribué à la mise en
place de démarches de proximité en vers la population. Cependant, malgré ces efforts, la
politique environnementale sénégalaise ne suscite pas tant d’engagement. Les raisons d’une
insuffisance d’engagement s’expliquent entre autre par le recours au modèle classique de
communication.

12.1 La communication classique : informer/sensibiliser

La communication est essentiellement centrée sur l’information et la sensibilisation. Il


s’agit, donc par là, de véhiculer un message à travers des outils tels que la radio, la télévision,
les affiches, à travers des campagnes de sensibilisation, des rencontres sportives, etc. Un tel
modèle n’engendre pas un réel engagement des destinataires. La raison c’est que dans ce type
de communication, l’action n’est pas la finalité. On vise essentiellement à conscientiser et à
amener chaque individu à poser un discours favorable, en l’occurrence la protection de
l’environnement. Les expériences, conduites en 2005-2006, dans le sud de la France, par
l’ADEME et le CREPCOM résument bien les limites des campagnes d’informations. « Ces
campagnes sont certes nécessaires. Elle servent au fil du temps à modifier les savoirs, les
idées, les attitudes et même, certainement, à provoquer de réelles prise de consciences. Mais
elles ne sont pas, en tant que telles, suffisantes pour promouvoir de nouvelles habitudes ».
Souvent, ces discours ne prennent en compte les idées et les besoins de la population. Or,
l’engagement des destinataires nécessite l’implication de ces derniers dans l’élaboration et
l’application du projet tel que le prône la communication engageante.

Boye Ndeye, Coly Nfally, Diatta Aliou Université de Provence Aix-Marseille1


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12.2 La communication engageante : des idées aux actes

Pour optimiser davantage le degré d’engagement de la population sénégalaise, il serait,


peut-être, intéressant de faire recours à la communication engageante. En effet, l’idée serait de
passer d’un état de conscience à un état d’action. Les acteurs sociaux devraient penser la
relation entre le discours et l’action autrement dit comment emmener la population à agir de
façon libre, en s’identifiant à l’action (je fais ça parce que je suis comme ça). Ce faisant,
l’écart entre les discours et la réalité pourrait considérablement diminuer voire même
disparaître. Les recherches sur la communication engageante montrent « qu’il suffit de peu de
chose pour passer des idées aux actes » (Joule, R.V., 2004, Des intentions aux actes citoyens.
Cerveau & Psycho, 7, 12-17). Ce peu de chose « passe notamment par l’obtention d’actes
préalables peu coûteux, et donc relativement facile à obtenir. » (Joule, R.V., id). Ces actes dits
« préparatoires » ont un double intérêt :
1 / ils vont rendre les personnes qui les auront réalisés plus sensibles au messages qui leur
seront communiqués par la suite,
2/ ils vont les préparer à se comporter conformément à ces messages. (Joule, Py et Bernard,
2004, Qui dit quoi, à qui, en lui faisant faire quoi ? Vers une communication engageante,
Paris : Dunod).
Les projets engageants se veulent alors d’intégrer tous les acteurs, notamment la
population qui devient « acteur-partenaire » susceptible de contribuer aussi bien par ses idées
que par son action. Car l’on ne peut s’engager que lorsqu’on est réellement impliqué. De cette
implication et cet engagement, découle la pérennisation de l’action, élément fondamental de
tout projet efficace.
En somme, le recours à la communication engageante devrait permettre aux
institutions, associations et ONG d’impliquer davantage la population et de les engager
durablement en vue de la pérennisation de l’action.

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Conclusion

« Après l’ère de l’exploitation s’ouvre celle de la gestion et de la protection. Après le


temps de l’antagonisme, celui de l’harmonie. », tel est le message adressé par Claude Allègre,
en préfaçant l’ouvrage de P. Giolitto et M. Clary, Eduquer à l’environnement, Hachette, 1994.
Ainsi, il est plus que jamais urgent d’agir pour protéger l’environnement. En effet,
nombreuses sont les recherches qui nous permettent de nous porter à faux contre cette vision
selon laquelle l’environnement serait une source inépuisable, que l’on pourrait exploiter sans
la mettre en péril. Partout à travers le monde, les institutions nationales et internationales ont
pris conscience de cette réalité et s’engagent, par conséquent, à promouvoir une « éducation à
l’environnement ». Ce projet vise à intervenir auprès des populations jeunes pour susciter
chez eux le comportement idéal en faveur de l’environnement. L’intérêt d’agir à la source se
justifie par le fait que ces jeunes sont les citoyens de demain. Alors pour que l’avenir soit
meilleur, la génération présente doit s’assurer d’un cadre de vie sein sans compromettre ceux
des générations à venir. Pour ce faire, l’action doit, plus que jamais, demeurer la finalité de
tout projet. Il faut impérativement associer discours et action si l’on veut apporter un
changement, aussi petit qu’il soit. De plus, il faut, davantage, impliquer la population en tant
qu’acteur-partenaire pour provoquer chez eux un réel engagement. Cet engagement doit
s’inscrire dans la durée, faute de quoi tout projet visant à changer les comportements serait
voué à l’échec. Il est donc urgent de faire nôtre la sage formule des Anciens : Uti, non abutti
(user, non abuser).

Boye Ndeye, Coly Nfally, Diatta Aliou Université de Provence Aix-Marseille1


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Bibliographie et Webographie

Ecocitoyenneté : des idées aux actes favorables à l’environnement, 2e Colloque


interdisciplinaire Marseille 9 & 10 novembre 2006

Développer l’éco-citoyenneté dans la mise en œuvre des politiques publiques. Plan


d’éducation au développement durable, GRANDLYON communauté urbaine, septembre
2006

Approche participative Afrique, communication et gestion des ressources forestières en


sahélienne: Bilan et perspectives, FAO, 1995
http://www.fao.org/documents/pub_dett.asp?pub_id=22030&lang=fr

Alexandre ROESCH, L’écocitoyenneté et son piler éducatif : le cas français, Harmattan,


2003
Pierre GIOLITTO, Maryse CLARY, Eduquer à l’environnement, Hachette, 1994

Anicet Le Pors, La Citoyenneté, QSJ, Presse Universitaire de France, novembre 2002

Pierre Vidal-naquet, Jean-pierre Vernant, Jean-paul Brisson, Elisabeth Brisson, Démocratie


Citoyenneté et héritage gréco-romaine, Edition Liris, septembre 2004

Robert Vincent JOULE, Jean-Léon BEAUVOIS, Petit traité de manipulation à l’usage des
honnêtes gens, Presses Universitaires de Grenoble, 2002

JOULE, R V., PY, J. et Bernard F., Qui dit quoi, à qui, en lui faisant faire quoi ? Vers une
communication engageante. Dans M. Bromberg et A. Trognon (eds). Psychologie sociale et
communication. Paris : Dunod, 2004

CRET, LVIA, PACTE, La gestion des ordures ménagères dans les villes secondaires du
Sénégal, vers des politiques municipales incluant les quartiers périphériques, édition du
Gret, 2006
Programme prioritaire urbain, Concertation et partenariat entre acteurs du développement
local à Ziguinchor (Sénégal), Gret, 2003

Joel JAKUBEC, Le développement durable, un bilan multisectoriel provisoire, Collection


Stratégies énergétiques, biosphères & Société, éd. Ivo Rens et joel Jakubec, 2004

VANNIER T., Environnement et développement urbain : l’assainissement et la gestion des


ordures ménagères dans la ville de Thiès (Sénégal), mémoire de stage, Enda tiers Monde
RUP, Université Louis Pasteur de Strasbourg, Ecole et observatoire des sciences de la terre,
Dakar, 2001
I. Diallo, Le droit de l’environnement au Sénégal, Mémoire de D.E.A, Université de Paris
Panthéon Sorbonne, Juin 1998

SOW P. S., KANTE S. (SVD, Ministère de la Ville), Pour une nouvelle stratégie de gestion
des déchets dans les communes de l’intérieur, ministère de la Ville, Agetip, Sahélienne de
valorisation des déchets (S.V.D.), Rapport d’études, 1996, SVD.

Boye Ndeye, Coly Nfally, Diatta Aliou Université de Provence Aix-Marseille1


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LANGLEY P., MONDJANAGNI A. (Ceda), Recherche d’espaces pour le dialogue, la prise


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République du Sénégal, Plan national de l’environnement, 1997


République du Sénégal, Lettre de politique sectorielle de l’environnement, 2004

Ministère de l’Environnement et de la Protection de la nature, Textes de base sur


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Sanou MBAYE, Un camp de la Mort au Sénégal, août 2000

Sanou MBAYE, Lettre adressée aux autorités sénégalaises : Pollution et menace sur les
vies humaines, sur la faune et sur la flore par les industries chimiques du Sénégal (ICS),
août 2000

Dr Aïssatou Thioubou, Femmes et Utilisation des Ressources naturelles au Sahel, mai 2002

Nepad-Environnement, Cadre du plan d’action pour l’initiative environnement du Nouveau


Partenariat pour le Développement en Afrique, UNEP, Dakar 2000

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Annexes
Annexe 1 : Différents outils de communication classique

Annexe 2 : Comparaison de deux pratiques de communication au Sénégal

Annexe 3 : Campagne de sensibilisation à la protection de l’environnement

Annexe 4 : Questionnaires (enquêtes auprès des citoyens, des institutions et des associatifs)

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