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Le zoroastrisme, aussi appelé mazdéisme, est une religion monothéiste, dont Ahura Mazdâ
est le Dieu, seul responsable de la mise en ordre du chaos initial, le créateur du ciel et de la
terre. Elle a été créée et prophétisée par Zarathoustra, dont le nom a été transcrit
Zoroastre par les Grecs (Ζωροάστρης, Zōroastrēs). Elle a été fondée au cours du Ier
millénaire av. J.-C (voir 2ème). dans l'actuel Kurdistan iranien (Iran occidental), et est
devenue la religion officielle des Perses sous la dynastie des Sassanides (224-651), jusqu'à
ce que la conquête arabe importe l'islam.
Les zoroastriens respectent le feu comme symbole divin. Zoroastre prêchait un dualisme
reposant sur la bataille entre le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres, dualisme présent
dans le culte chiite duodécimain . Le principe de Zoroastre est qu'il existe un esprit saint
(Spenta Mainyu), premier fils de Ahura Mazdā, et un esprit mauvais (Angra Mainyu) assimilé
à Ahriman, deuxième fils de Ahura Mazdā, opposés car représentant le jour et la nuit, la vie
et la mort. Ces deux esprits coexistent dans chacun des êtres vivants.
Les zoroastriens, ou mazdéens, sont appelés dans le Coran, "Majus". Ils sont évoqués je crois
dans le Coran, mais je ne sais plus très bien en quels termes.
L'héritage zoroastrien qui est le plus voyant est celui de la conception du Firdaws -terme
d'origine persane, et qui donna "paradis"- décrit dans le Coran. La description du Paradis
dans le Coran, répond à la conception zoroastrienne.
Petite précision: Zarathoustra (que l'on appelle comme cela surtout depuis le texte de
Nietzsche -avant plus connu sous le nom de Zoroastre, comme l'appelait les Grecs-), est le
réformateur de la religion mazdéenne, du nom de Ahura Mazda, le Dieu du Bien. Cette
religion est monothéiste selon certains, mais plus vraissemblablement, dualiste. Elle est
devenue dualiste depuis, justement, la réforme de Zarathoustra. Avant, Ahura Mazda était
le seul Dieu, Dieu du bien, il combat Ahrimann, qui n'est pas Dieu, mais principe du mal. Tous
deux sont aidés des Angra Mayniu (Esprit du Mal, contradiction du Saint Esprit), et Sépanta
Mayniu (Esprit du Bien/ Saint-Esprit).
La doctrine de Zartocht (en persan) fut dévié par les moines perses en un dualisme, les
textes en Avesta et Dari (l'ancien perse) ayant été modifiés. Dieu et le diable ayant des
forces comparables l'un n'existant pas sans l'autre dans la nouvelle doctrine de Zartocht
(zoroastre?).
L'Islam corrige aussi cette vision du dualisme et rejette ce dogme. Pourtant il existait
semble t'il des monothéistes purs parmis les Zartochtis (en persan toujours).
C'est pourquoi le Coran les reconnait et reconnait le message de Zartocht.
Aujourd'hui encore il existe des Zartochtis en Iran, mais ils sont très peu nombreux;
l'immense majorité des iraniens ayant adoptée, le culte chiite duodécimain
malheureusement.
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L'Avesta
L'Avesta (en avestique avesta) est l'ensemble des textes sacrés de la religion mazdéenne et
forme le livre sacré, le code sacerdotal des zoroastriens. Il est parfois connu en Occident
sous l'appellation erronée de Zend Avesta. Il est rédigé en plusieurs états de l'iranien
ancien, désignés sous le nom d'avestique. Les parties les plus anciennes, celles des gathas,
sont dans une langue aussi archaïque que celle du Rig Veda (sanskrit védique), le « gathique
», les autres en avestique tardif. Le tout est écrit dans l'alphabet avestique.
Du texte initial qui comptait 21 livres ou gathas (en avestique ga?a), des hymnes étant à la
fois des traités et des poèmes, seul le quart, ce qui représente un millier de pages, a été
transmis jusqu'à nous : les autres livres ont disparu ou ont été détruits à l'époque des
conquêtes d'Alexandre lors de l'incendie de la bibliothèque de Persépolis et lors des
invasions arabo-musulmanes au VIIe siècle (cela reste encore à voir).
Avestique
L'avestique est une langue indo-iranienne archaïque et celle de l'ancien livre sacré des
Iraniens zoroastriens, l'Avesta. C'est une parente du vieux perse.
La langue de l'Avesta
Ce texte présente nombre de similitudes avec les textes védiques indiens du Rig Veda, car
les Indiens et les Iraniens sont issus des mêmes souches culturelles et religieuses.
Toutefois, les deux textes sont assez différents : autant la grammaire védique est bien
connue, autant la grammaire avestique est relativement difficile à comprendre, en raison des
mauvaises conditions de transmission de ce livre sacré.
La langue avestique est donc surtout celle d'un livre sacré et d'un auteur, Zoroastre. Elle
apparaît en deux moutures:
* le gathique, la langue des gathas (chants), partie la plus ancienne de l'Avesta, datant de
Zoroastre, langue la plus ancienne et la plus proche du védique, que l'on peut faire remonter
au IIe millénaire av. J.-C.. Elle est hautement flexionnelle et très archaïque, à la manière du
védique, ce qui explique les difficultés d'interprétation que l'on peut rencontrer à la
traduction ;
* l'avestique récent, utilisé pour la majeure partie de l'Avesta, dont il existe une version
dite « artificielle », plus récente mais qui imite de manière archaïsante la langue d'autrefois.
L'avestique récent remonte au VIIIe siècle av. J.-C., l'avestique récent artificiel lui est
postérieur. Si la première version est vraisemblablement l'évolution du gathique, la seconde
n'a pour ainsi dire jamais été parlée : c'est une langue purement liturgique utilisée par les
prêtres alors que le peuple ne parlait plus avestique.
Écriture
L'avestique ne s'est écrit que tardivement (aux alentours du Ve ou VIe siècle de l'ère
chrétienne, sous les Sassanides, mais le plus vieux manuscrit qu'il nous reste ne date que du
XIIIe siècle), et ce au moyen d'un alphabet dérivé de la pèhlevî, qui note de manière
phonétique (et non phonologique) les moindres détails de la prononciation. On l'écrit de
droite à gauche.
On transcrit l'avestique au moyen d'une notation latine traditionnelle complexe quand il est
plus question de translittération que de transcription réelle, dans laquelle le fait le plus
notable est la représentation des fricatives issues de la spirantisation d'une occlusive
aspirée au moyen de lettres grecques.
Voyelles:
a a ? ?¯ e e o o å a i i u u
Consonnes:
k g ? x xv c j t d d ? t? p b ß f
? ?v ? n n m y v r s z š ?? z h
Divers
* code ISO 639-1 : ae
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En parlant du Dhoul Qarnayn du Coran (que nous avons identifié à Cyrus II le Perse), nous
avons dit un mot de sa religion : il adorait Dieu l'Unique, selon le culte monothéiste que
Zoroastre avait prêché en Iran. Nous voudrions donc ici dire un mot de ce dernier
personnage, Zoroastre, et du message qu'il a laissé aux Perses.
L'Iran ancien et sa religion dualiste (de l'an 2000 avant l'ère chrétienne environ
jusqu'au VIème siècle avant l'ère chrétienne environ)
"L'Iran antique naît vers 2000 av. J.-C. avec l'invasion des cavaliers aryens venus du
Turkestan. Et il ne prend fin qu'avec la conquête musulmane, en 642 apr. J.-C. Sa vie
religieuse se développe et se transforme donc pendant 2 500 ans sur un territoire immense
au contact d'autres grandes civilisations, celle de Babylone par exemple" (Mémo Larousse, p.
297). Le Mémo Larousse nous raconte aussi comment les anciens Iraniens croyaient en un
créateur de l'univers, Ahura-Mazdâ, mais croyaient également en d'autres divinités qu'ils
adoraient : Mithra (dieu-pasteur), Anâhita (déesse des sources), Haoma (dieu du haoma,
plante enivrante)... Pour les Iraniens, toutes ces divinités formaient les forces du Bien, au
monde de qui s'opposait l'empire des Ténèbres et du Mal, dont Ahriman (appelé au début
Angra Mainyu) était considéré le chef (Mémo Larousse, p. 297).
Le Mémo Larousse nous enseigne également que les Iraniens honoraient Ahura-Mazdâ par le
feu qu'ils faisaient rayonner au sommet des tours cultuelles ; qu'ils offraient à la plupart de
leurs divinités des sacrifices sanglants ; qu'ils buvaient le haoma et tombaient dans une
ivresse extatique ; qu'ils se racontaient les exploits des héros qui avaient consacré leur vie à
lutter contre les forces du Mal.
Un nouveau tournant (du IVème siècle avant l'ère chrétienne environ jusqu'à l'arrivée
de l'islam):
Il est à noter ici qu'une autre religion se forme également en Perse. Présente chez les
Iraniens depuis fort longtemps, la croyance en le dualisme revient sous la forme du
"manichéisme", créé par Mani au IIIème siècle après le début de l'ère chrétienne, et qui
sera bientôt combattu par les autorités sassanides. (La plupart de ces éléments sont
extraits du Mémo Larousse, p. 297.)
Le zoroastrisme (ou mazdéisme) se diffuse quant à lui parfois même jusque sur les pourtours
du monde iranien. Ainsi, à l'époque du Prophète Muhammad (sur lui la paix) (VIIème siècle
après le début de l'ère chrétienne), une minorité arabe convertie au zoroastrisme habite
Hajar, sur la côte orientale de l'Arabie qui est bordée par le golfe Persique. Elle sera placée
sous la protection (dhimma) des musulmans par le Prophète lui-même (rapporté par Al-
Bukhârî). Un verset du Coran (22/ 17) évoque d'ailleurs les zoroastriens ("al-majûs").
Aujourd'hui, en Iran, une minorité zoroastrienne continue de vivre et de pratiquer son culte
du feu. Sur la côte occidentale de l'Inde également (surtout à Bombay), une autre minorité
zoroastrienne existe, dont les membres sont connus sous le nom de "Parsis" (qui signifie
"originaires de la Perse").
Comment considérer Zoroastre par rapport aux enseignements des sources musulmanes?
Vous avez pu vous rendre compte des troublantes similitudes qu'offre l'enseignement
authentique de Zoroastre avec les fondements de l'enseignement de Muhammad (sur lui la
paix). Pour le musulman, il n'y a là rien d'étonnant puisque l'islam n'enseigne pas que le
monothéisme ait été une amélioration, imaginée par les Fils d'Israël, du polythéisme, mais au
contraire que le polythéisme a été une chute de l'homme, qui a oublié le monothéisme,
l'attitude naturelle de tous les hommes. D'ailleurs, si l'islam enseigne que les Fils d'Israël
ont eu l'honneur de compter de très nombreux messagers de Dieu parmi eux, il enseigne
également que tous les peuples ayant vécu sur la terre ont reçu au moins un messager venu
leur rappeler le monothéisme originel. Dieu affirme dans le Coran : "Et à chaque peuple Nous
avons envoyé (dans le passé) (au moins) un messager leur disant : "Adorez Dieu et préservez-
vous d' (écouter) le Rebelle" (Coran 16/36) ; "Dis (aux hommes, ô Muhammad) : Je ne suis
pas une nouveauté en terme de messager..." (Coran 46/9) ; "Et Nous n'avons pas envoyé
avant toi de messager sans lui révéler ceci : "Pas de divinité en dehors de Moi. Adorez-Moi
donc" (Coran 21/25) ; "Muhammad n'est le père d'aucun d'entre vous, mais il est le messager
de Dieu et le dernier messager" (Coran 33/40) ; "Ô vous les Gens du Livre, croyez en ce que
Nous avons fait descendre (sur Muhammad), qui confirme ce que vous aviez déjà..." (Coran
4/47).
Les messages originels reçus de Dieu par différents messagers ont tous communiqué les
mêmes choses en matière de fondements (monothéisme, croyances fondamentales, principes
principaux du culte et de la vie en société) : "Dieu vous a donné en matière de religion ce
qu'Il avait enjoint à Noé, ce que Nous t'avons révélé (ô Muhammad), ainsi que ce que Nous
avions enjoint à Abraham, à Moïse et à Jésus" (Coran 42/13).
Des différences ont cependant existé entre ces multiples messages à propos de certains
points secondaires, comme les modalités du culte rendu à Dieu, etc. : "... A chacun (des
peuples ayant reçu un message de Dieu) parmi vous, Nous avons donné un type (spécifique)
de voie et un code" (Coran 5/48). Ces différences étaient d'autant plus justifiées qu'avant
le message de Dieu communiqué au dernier messager, Muhammad, les autres messages de
Dieu étaient destinés prioritairement à un peuple particulier. A l'occasion de chaque nouvelle
révélation, le message le plus récent abrogeait alors le message plus ancien. Je dis bien
"prioritairement" parce que ceux d'un autre peuple vivant alors au voisinage du peuple
destinataire pouvaient et devaient suivre le message communiqué ; c'est bien pourquoi Moïse
et Aaron invitèrent le Pharaon de leur temps à ne plus adorer que Dieu (Coran 79/18), et
qu'un égyptien de la famille du Pharaon avait accepté le message de Moïse (Coran 40/28).
Il est possible que Zoroastre ait été un Messager de Dieu au monde iranien de l'Antiquité. Il
est cependant difficile d'en être sûr au point de le déclarer formellement. En effet, faire
une telle affirmation demande des preuves plus approfondies, que nous ne possédons pas.
Nous préférons donc nous contenter de dire ici que l'enseignement de Zoroastre était
apparemment conforme à celui des messagers de Dieu. C'est globalement la position du
savant musulman indien As-Syohârwî (Qassas ul Qur'ân, tome 3 pp. 167-171). "Et (ô
Muhammad,) Nous avons envoyé (aux hommes) d'autres messagers avant toi : il y en a dont
Nous t'avons raconté l'histoire (dans le Coran), et il y en a dont Nous ne t'avons pas raconté
l'histoire" (Coran 40/78).
Dieu sait mieux. Que Ses bénédictions soient sur tous Ses Messagers, ceux dont nous avons
connaissance et ceux dont Il ne nous a pas raconté l'histoire.
Note:
Nous voudrions souligner ici que les thèmes développés par l'Allemand Nietzsche dans son
célèbre poème philosophique Ainsi parlait Zarathushtra ne correspondent pas forcément
tous à l'enseignement originel du réformateur. Nietzsche n'a d'ailleurs voulu, en faisant
ainsi, que présenter sa thèse du Surhomme en la prêtant à un personnage qui l'a fasciné.
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Zoroastre, Zarathushtra ou Zarathoustra (Zara?uštra en avestique, ?????st??? en grec), a
été un personnage religieux important, connu comme prophète et fondateur du
Zoroastrisme, ancienne religion de la Perse. Il est difficile, étant donné l'époque et
l'importance du personnage, sources de nombreuses affabulations, de donner des dates et
des lieux précis à son sujet. On suppose qu'il est né au nord de l'Iran, mais certaines
traditions le font naître à Balkh dans le nord de ce qui est aujourd'hui l'Afghanistan.
On connaît quelques bribes de sa vie, à travers les hymnes gathiques de l'Avesta, rédigés
dans une langue indo-iranienne archaïque, vieille d'entre 2500 et 3000 ans, l'avestique.
Celle-ci se montre très proche des textes védiques indiens du Rig Veda, où l'on retrouve le
même type de grammaire que dans le livre saint de Zoroastre. On le connaît aussi à travers
la tradition qui rapporte un récit épique de la vie de Zoroastre, tel un scénario exemplaire
empli d'événements surnaturels et de miracles. On considère généralement Zoroastre en
tant que personnage historique, mais les dates à son sujet sont très discutées. La version la
plus courante est de considérer qu'il a vécu aux alentours de l'an -600, mais d'autres
estimations le font naître plus tôt (-1000) ou plus tard (-400).
Le nom de Zoroastre
Une ancienne traduction erronée rapprochait zar?ta- de zaray (or ou jaune) qui donnait
"celui qui possède les chameaux jaunes" - traduction certes plus romantique, qui a, par cumul
d'erreurs, amené des traductions encore plus fantaisistes : "le porteur de l'aurore dorée"
(zaray ushas).
D'autre part uštra devenu ashtar en persan ancien, puis shotor en persan actuel (chameau),
pourrait signifier en même temps l'astre (en français), star en anglais et sétaré en persan
actuel.
Bien que ces dernières fantaisies n'aient pas été très correctes, elles semblent démontrer
un certain désir de grandeur, au-delà de "celui qui a de vieux chameaux".
Zoroastre, d'après la tradition, aurait commencé sa vie comme prêtre de la religion alors
régnante en Perse, le mithraïsme, qui comportait entre autres de nombreux rites
sacrificiels, en particulier d'animaux.
Il aurait alors eu une série de visions, dans lesquelles il voit Ahura Mazda, la divinité
suprême. Il commence alors une prédication passionnée, prêchant :
L'ancienne religion perse était soutenue essentiellement par les familles aristocratiques
guerrières. Or les arguments de justice et de conscience personnelle heurtèrent
profondément les coutumes et les mentalités de ces mêmes vieilles familles. Non seulement
ses idées ne plurent pas, mais surtout elles remettaient en cause le pouvoir établi.
Pourchassé par le peuple, il dut s'enfuir pour sauver sa vie.
Après plusieurs années d'exil au cours desquelles il aurait eu des entretiens mystiques avec
Ahura Mazda, il finit par trouver à Bactres un protecteur puissant, Hystaspe, le père de
Darius Ier. Hystaspe suivra son enseignement à travers un parcours initiatique.
* Dans la mythologie perse, notamment le Šahnama, mais également dans ce que l'on peut
entendre de la tradition orale, Zoroastre aurait vécu entre l'an -1000 et l'an -400.
* Zoroastre était célèbre durant l'Antiquité pour avoir fondé la religion des Mages. Son
nom est cité par Xanthus, Platon, Plutarque, Pline l'Ancien et Diogène – citations révélatrices
d'une certaine influence philosophique. Les estimations grecques, influencées par la
mythologie perse, prétendent que Zoroastre a vécu au cours du VIIe siècle av. J.-C. C'est
également une datation reconnue par les Pârsî.[2]
* Les preuves archéologiques remettent en cause les théories religieuses : Asgarov (1984)
démontre à partir d'excavations en Ouzbékistan que Zoroastre aurait vécu après -2000.
* L'approche historique compare les coutumes sociales décrites dans le Gathas à celles
connues par l'étude historique – mais à cause du caractère ésotérique du Gathas, qui est
donc sujet à l'interprétation libre, l'estimation est plus difficile. Les estimations actuelles
situent l'époque de Zoroastre autour de -1000 (Gherardo Gnoli).
* Certains chercheurs ont postulé des dates plus tardives, aujourd'hui contestées :
l'estimation à l'an -100 (Darmesteter) est rejetée depuis 1938.
La vie de Zoroastre
Ce que l'on sait de la vie de Zoroastre nous vient principalement de l'Avesta, du Gathas, des
textes grecs, de la tradition orale, et des preuves archéologiques.
Le Spena Nask, 13e section de l'Avesta, décrit la vie de Zoroastre. Ce chapitre, transmis
oralement, n'a plus aucune cohérence. Les biographies dans les sept livres du Denkard (IXe
siècle) et le Šahnama ont été démontrées comme fausses.
Il est aisé cependant d'affirmer que Zoroastre a vécu au nord-est de l'Iran actuel. Les
Grecs s'y réfèrent en l'appelant le Bactrien (un habitant de la Bactriane, l'actuel
Afghanistan du nord, un Mède ou un Perse d'il y a 5000 ans). Sa femme est dénommée Hvovi.
Ils ont trois filles : Freni, Friti et Pourucista, ainsi que trois fils : Isat Vastar, Uruvat-Nara
et Hvare Ci?ra. Sa mère s'appelait Dughdova ; son père était Pourushaspa Spitama. Son
grand-père s'appelait Haecadaspa Spitama.
Zoroastre aurait eu une illumination à Mazda, à l'âge de 30 ans. Il créa les bases de sa
religion et y convertit sa femme, ses enfants et son cousin Maidhyoimangha.
Les Grecs ont beaucoup fabulé sur sa vie et notamment son enfance. D'après Pline,
Zoroastre aurait ri le jour de sa naissance et vécu dans la sauvagerie. Plutarque le compare à
Lycurgue et Numa Pompilius (Numa, 4). Dion Chrysostome compare l'Ahura Mazda de
Zoroastre à Zeus. Plutarque, en s'inspirant de Théopompe, compare le zoroastrisme et
l'histoire d’Isis et Osiris.
Le Gathas est un recueil de prophéties et d'admonitions sous forme poétique, qui relate un
dialogue entre le Dieu et les Am?a Sp?ntas « Immortels » (en pahlavi Amahraspandan).
Cependant, ces textes contiennent des allusions personnelles — sa difficulté à transmettre
la religion, les insultes de l'entourage…
Zoroastre est plus connu comme un sage, un magicien, dans la culture moderne, bien qu'on ne
découvrit ses idées qu'à la fin du XVIIIe siècle. On l'associait alors avec les franc-maçons
et autres groupes prétendant que Zoroastre avait atteint un "savoir". Un personnage nommé
Sarastro apparaît dans l'opéra La Flûte enchantée de Mozart, et représente l'ordre et la
morale – par opposition à la Reine de la Nuit.
Les écrivains et philosophes des Lumières, dont Voltaire, engagèrent des travaux sur le
Zoroastrisme, y voyant une forme de déisme éclairé, préférable au christianisme
dogmatique. Avec la transcription de l'Avesta par Abraham Anquetil-Duperron, l'étude du
zoroastrisme put réellement débuter. Au XIXe siècle, le philosophe allemand Friedrich
Nietzsche utilisa, de façon parodique, le nom de Zoroastre dans son livre Ainsi parlait
Zarathoustra. Nietzsche en fait un personnage dramatique et critique envers ses œuvres et
prétentions philosophiques, développe la mort de Dieu. Poète-prophète, Zarathoustra se
retire dans la montagne et revient parmi les hommes pour leur parler : des vertus, du
Surhomme, de l'éternel retour, des prédicateurs de la mort, des faibles et des forts, des
nobles et des esclaves...
Nietzsche parodie le personnage de Zoroastre, l'associant au manichéisme. Il aurait, selon
lui, inventé le dualisme moral, sous la forme de la Daeva (les forces naturelles) et de
l'Ahuras (la raison, le "bien" et le "mal", la morale). C'est ce dualisme que Nietzsche proposa
d'abolir.
Richard Strauss, inspiré par Nietzsche, écrivit l'Opus 30, nommé également Also sprach
Zarathustra. La séquence d'ouverture est restée célèbre pour avoir mis en musique le film
de Stanley Kubrick, 2001, l'odyssée de l'espace.
Notes
Bibliographie
Source: wikipédia
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Sommaire
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* 1 Histoire
o 1.1 Genèse
o 1.2 Le zervanisme
o 1.3 Le zoroastrisme à l'époque Achéménide
o 1.4 Le zoroastrisme sous les Sassanides
o 1.5 Le Zoroastrisme et l'arrivée de l'islam
* 2 Principes et textes du Zoroastrisme
o 2.1 Les principes
o 2.2 L'Avesta
+ 2.2.1 Les Gāthās
+ 2.2.2 Les Yasht
o 2.3 Rites
* 3 Le zoroastrisme et la société
* 4 Les Parsis
* 5 Influences générées
* 6 Annexes
o 6.1 Notes et références
o 6.2 Bibliographie
o 6.3 Pour aller plus loin
+ 6.3.1 Articles connexes
+ 6.3.2 Zoroastriens célèbres
+ 6.3.3 Liens externes
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Genèse
Le zoroastrisme se présente comme une réforme de la religion pratiquée par des tribus de
langue iranienne qui se sont installées dans l'Iran occidental entre le IIe et le Ier millénaire
av. J.-C.. Ces tribus étaient étroitement apparentées aux Indo-Aryens, lesquels ont apporté
le sanskrit et toutes ses langues dérivées en Inde du Nord, à partir de l'an 1700 avant l'ère
chrétienne. Ces peuples constituent une famille dite indo-iranienne.
La comparaison du zoroastrisme avec la religion indienne est donc utile pour comprendre sa
genèse. Ces deux religions avaient un dieu appelé Mitra par les Indiens et Mithra par les
Iraniens (où th est prononcé comme en anglais), qui signifie le soleil ou dieu soleil. Il a évolué
de manière très divergente chez ces deux peuples. Chez les Indiens, selon François
Cornillot, le Mitra originel s'est scindé en trois dieux, Mitra, Aryaman et Varuna. Chez les
Iraniens, ce dieu a en revanche gardé son unité. Dieu souverain, il était le fils d'Ahura
Mazdā, qui semble avoir été le Ciel. Les zoroastriens se sont efforcés d'éliminer le culte de
Mithra au profit de celui d'Ahura Mazdā, justifiant le nom de mazdéisme donné parfois à
leur religion. La Perse antique, sous la dynastie des Achéménides, n'était pas vraiment
mazdéenne : elle vénérait autant Mithra qu'Ahura Mazdā. Les Grecs considéraient ce
dernier comme équivalent à Zeus, leur dieu céleste. Selon Hérodote (I, 131), la coutume des
Perses « est de monter sur les plus hautes montagnes pour offrir des sacrifices à Zeus,
dont ils donnent le nom à toute l'étendue du ciel ». Quant à Mithra, il était étroitement
apparenté au Soleil.
Il faut remarquer que le terme ahura était également connu des Indiens, qui le prononçaient
asura. Ce sont les Iraniens qui ont transformé le s originel en un h. Dans les passages les plus
anciens du Rig-Veda, le mot asura représente l'Être suprême, comme chez les Iraniens. Plus
tard, changeant de sens, il s'est appliqué aux anti-dieux, aux démons.
Le culte du sauma était commun aux Indiens et aux Iraniens. Ce terme est devenu soma chez
les premiers et haoma chez les seconds. Au sens propre, ce mot désignait une plante,
l'éphédra, que l'on utilisait pour préparer une boisson hallucinogène. Pensant qu'elle
permettait aux dieux de conserver leur immortalité, on la leur offrait lors de sacrifices. Les
participants en buvaient eux-mêmes et accédaient au monde divin, à une « immortalité
provisoire ». Dans une langue iranienne parlée à l'est de l'Afghanistan, le wakhī, l'éphédra
est appelé yimïk, terme provenant de *haumaka-. Selon le Rig-Veda, l'élément de base du
soma est un champignon, substitution qui s'explique par le fait qu'en Inde, il n'y a pas
d'éphédra.
Le zervanisme
Les fondements de cette école sont contenus dans l'enseignement de Zarathushtra lui-
même, puisqu'il affirme que le Bon et le Mauvais Esprits étaient jumeaux. Les Achéménides
se sont posé la question de savoir qui était leur père. Certains pensaient que c'était l'Espace
(Thwasha en avestique), d'autres que c'était le Temps (Zrvan). La seconde opinion s'est
imposée et les Sassanides l'ont adoptée dès le début de leur dynastie.
Le zervanisme est une doctrine philosophique, mais elle s'est teintée de mythes. On raconte
que Zurvān, le dieu primitif, faisait des sacrifices dans l'espoir d'obtenir un fils. Puisqu'il
n'obtint rien durant un millier d'années, il eut des doutes sur l'utilité de ses sacrifices. Le
fils tant espéré arriva enfin. Ce fut Ahura Mazdā, dont le nom était prononcé Ohrmazd à
l'époque sassanide. Mais les doutes de Zurvān dotèrent Ohrmazd d'un jumeau qui était
Ahriman (Angra Mainyu). Les Iraniens considèrent soit que Zurvān a tout seul donné
naissance aux jumeaux, soit que c'est sa femme Khvashīzagh qui les a mis au monde. Ahriman
sortit le premier. Son père lui demanda : « Qui es-tu ? ». Ahriman lui répondit qu'il était son
fils, mais Zurvān répliqua : « Mon fils est d'une odeur suave, et il est lumineux, et toi, tu es
ténébreux et puant ». Ohrmazd s'étant présenté et ayant une odeur suave, Zurvān le
reconnut pour fils. Mais puisqu'Ahriman était sorti le premier, il put dominer le monde et
Ohrmazd fut obligé de lutter contre lui. On pensait que sa victoire aurait lieu 9 000 ans plus
tard.
La théologie zervaniste est connue par des textes comme le Bundahishn et par des
témoignages d'Arabes. On sait ainsi que la Lumière a produit un certain nombre de
personnes faites de lumière, d'une nature divine, et que Zurvān était la plus grande d'entre
elles. Il fait également partie d'une tétrade : Ashōqār « celui qui rend viril », Frashōqār «
celui qui rend éclatant », Zarōqār « celui qui rend vieux » et Zurvān, qui regroupe ces trois
aspects puisqu'il comprend la puberté, la maturité et la vieillesse. Parfois aussi, on lui donne
deux aspects, qui sont le Temps illimité (Zurvān akanāragh) et le Temps à la longue
domination (Zurvān dērang-khvadhāy) correspondant à une période de 12 000 ans.
Cyrus le Grand et la plupart des souverains de la Perse antique, ont voulu éviter d'imposer
leur religion lors des conquêtes. Au contraire, ils ont laissé aux peuples le libre choix de leur
foi et l'ont respecté. C'est sur la base de cette doctrine que lors de la conquête de
Babylone la charte des droits des nouveaux sujets de Cyrus le Grand stipulait : « Je n'ai
autorisé personne à malmener le peuple et détruire la ville. J'ai ordonné que toute maison
reste indemne, que les biens de personne ne soient pillés. J'ai ordonné que quiconque reste
libre dans l'adoration de ses dieux. J'ai ordonné que chacun soit libre dans sa pensée, son
lieu de résidence, sa religion et ses déplacements, que personne ne doit persécuter autrui ».
On peut dire qu'avec l'avènement de la dynastie des Sassanides en Perse, en 224, commence
la période de gloire du zoroastrisme : il devient très officiellement religion d'État. Le
grand-père d'Ardashēr I, le fondateur de cette dynastie, avait été préposé au temple de la
grande déesse iranienne Anāhitā, dans la ville de Stakhr (non loin de Persépolis). À son fils
Shapur I, Ardashēr déclare : « Ô mon fils, la religion et l'État sont sœurs. Elles ne peuvent
pas survivre l'une sans l'autre. La religion est le contrefort de l'État et l'État est son
protecteur. Et ce qui est privé de son support s'écroule et ce qui n'est pas défendu est
perdu. »
Temple du Feu de Yazd.
Les prêtres de rang supérieur étaient alors appelés des mōbadh. La Perse était divisée en
districts ecclésiastiques confiés à des mōbadh. Tous étaient placés sous l'autorité du
mōbadhān mōbadh, qui était l'équivalent exact du shahanshah dans le domaine laïc, c'est-à-
dire du « roi des rois », l'empereur des Perses. Cette unification fut surtout l'œuvre du
mōbadh Kartir, dont la carrière commença sous le règne de Shapur I et qui devint mōbadhān
mōbadh sous le règne de son successeur. À un rang inférieur, se trouvaient les mōgh, terme
qui est devenu magus chez les auteurs gréco-latins, puis mage en français, et qui a servi à
désigner tous les prêtres iraniens. Les mōghān mōgh étaient des préposés des grands
temples.
Certains considèrent que le zoroastrisme joua en Perse un rôle encore plus important que le
catholicisme dans l'Europe du Moyen Âge [1], tant la religion imprégnait la vie des gens.
L'arrivée des conquérants arabes qui a eu lieu lors de l'expansion de l'Islam, au milieu du
VIIe siècle, a provoqué la défaite des sassanides. L'Islam considère les Zoroastriens comme
Gens du livre, au même titre que les Juifs et les Chrétiens, cependant pour imposer l'Islam,
ils ont ordonné, partout où ils pouvaient trouver un traité ou un écrit, de le détruire par le
feu ou par l'eau. De ce fait, il y eut une progressive diminution en importance de la culture
perse, cette dernière ne formant plus qu'une des multiples facettes de l'immense empire
islamique, qui s'étendait des Pyrénées à l'Indus.
La majorité des Perses se convertirent donc graduellement à l'islam, mais il subsiste encore
aujourd'hui une communauté zoroastrienne en Iran (environ 40 000 fidèles) essentiellement
dans la ville de Yazd. Cette œuvre d'oppression se poursuivit longtemps en Iran, jusqu'à
l'époque du Chah Reza Pahlavi, qui mit officiellement fin à l'oppression contre les
zoroastriens et les adeptes des minorités religieuses.
Aujourd'hui il n'y a plus, environ, que 200 000 zoroastriens dans le monde, essentiellement
en Inde (les Pârsî), en Iran et dans les diasporas aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Le
zoroastrisme reste, cependant, un élément important de la civilisation iranienne, et a joué un
rôle important dans l'histoire politique et religieuse du Proche-Orient pendant plus d'un
millénaire. Par ailleurs de nombreuses traditions iraniennes ainsi que le calendrier iranien ont
des origines zoroastriennes. Des éléments de cette religion survivent dans le parsisme, un
développement autonome du zoroastrisme dans le monde, qui se situe aujourd'hui en Inde.
Les principes
Zoroastre n'a jamais prétendu être un prophète, il s'est contenté de donner des directions
de recherche spirituelle. Les zoroastriens considèrent que leur Dieu n'a pas besoin
d'adoration, pas besoin d'intermédiaires, ne les menace pas de l'enfer pour leur promettre
le paradis et ne joue pas de l'ignorance des peuples.
Dans la doctrine de Zoroastre, chaque personne répond de ses actes en vertu de la nature
de son « Fravahr », l'équivalent du karma hindouiste. La doctrine se résume en une maxime :
Humata, Hukhta, Huvarshta ("Bonnes Pensées, Bons Mots, Bonnes Actions").
Zoroastre a condamné les rites et les sacrifices traditionnels offerts aux dieux par les
Perses, mais il a gardé la tradition du culte du feu. Il a fondé sa doctrine sur la « bonne
pensée », la « bonne parole » et la « bonne action ». Il s'était rendu compte que toute
l'évolution du monde était basée sur « l'action » et « la réaction », donc la réponse à toute
attitude charitable lui parut être la « bonne action ». Si en société, les gens s'adonnent à la
bonté ils ne récolteront que la bonté et s'ils se livrent à la méchanceté, ils seront envahis
par le mal.
Selon Zoroastre, la « bonté » est quelque chose comme une lumière qui vient du fond de soi,
et cette bonté est inhérente à l'homme. Il y a en tout homme deux tendances l'une qui le
porte au bien, l'autre qui le porte au mal ; ce que propose Zoroastre, c'est de toujours
choisir le côté du bien, et cela se fait par une constante dialectique. Mais c'est l'homme qui
choisit ; il n'y a pas d'obligation et celui qui remplit sa responsabilité pleine et entière
envers les autres est un Saoshyant.
Zoroastre a nommé son dieu Ahura Mazda, force créatrice du monde et des quatre
éléments, l'eau, la terre, le feu et l'air, éléments que les zoroastriens vénérent et
respectent au plus haut point puisque venant du Dieu. Il a aussi créé l'homme en lui donnant
son libre arbitre afin qu'il puisse toujours choisir ce qu'il a à faire entre le bien et le mal.
Tout homme est l'ouvrier du Dieu pour transfigurer le monde. Les trois commandements
zoroastriens sont : « bonne pensée », « bonne parole », « bon acte », mais dans le monde, il
n'y a qu'une voie, c'est la voie de la « droiture ».
Les zoroastriens admettent une vie après la mort et un jugement des âmes; chaque être
humain étant jugé selon ses mérites. Le fravahr est un des symboles de la doctrine de
Zoroastre : c'est l'esprit de l'homme pré-existant à sa naissance et qui perdurera après sa
mort et il ne peut se substituer à ce Dieu. Si les bonnes actions l'emportent sur les
mauvaises, l'âme monte au ciel par un pont au-delà duquel l'attend le Seigneur de la Lumière.
Dans le cas contraire, il s'agit d'une descente en Enfer. Mais lorsqu'enfin l'Enfer lui-même
sera purifié, le royaume du Dieu s'installera sur Terre. Il existe donc toujours une
possibilité de rédemption réelle des plus « méchants ».
Un autre thème important du zoroastrisme est donc sa promesse d'une vie éternelle après la
mort, où les âmes seront départagées lors de la traversée du « Pont de Chinvat », et
finissent soit au Paradis, soit en Enfer soit au Purgatoire. La notion de résurrection existe,
celle-ci surviendra à la fin des temps avec l'avènement du « Saoshyant » qui rétablira la
justice par une régénération du monde.
L'Avesta
oiseau VAREGHNA représentant la "Xvarnah", la gloire royale, le culte d'Ahura Mazdâ est
aniconique
Les Gāthās
La partie la plus ancienne de l'Avesta, le texte sacré des zoroastriens, est constituée
d'hymnes, les Gāthā, censés avoir été composés par Zarathushtra lui-même. Il y apparaît
nettement comme un prêtre. Ahura Mazdā lui aurait donné la mission de rénover l'ancienne
religion, s'affirmant comme le seul dieu du Bien, incarnation de la lumière, de la vie et de la
vérité. Zarathushtra condamne le culte du haoma (étant entre autres, le culte de sacrifice
du Taureau qui est l'animal le plus sacré reconnu par Zarathushtra), Ahura Mazdā étant
immortel par lui-même, ainsi que la pratique des sacrifices sanglants. Il enlève au Feu sa
condition divine pour en faire un symbole concret de la Lumière. Ce n'est désormais plus en
tant que dieu que le Feu est vénéré, mais en tant qu'aspect éminent d'Ahura Mazdā.
Un combat cosmique entre Aša "La Vérité" (pahlavi : Ahlāyīh) et Druj "Le Mensonge" (pahlavi
: Druz) est présenté comme base de toute existence. C'est un paradigme comparable au
combat entre le "bien" et le "mal", l'"ombre" et la "lumière". Les deux forces en présence
sont Ahura Mazdā (Ohrmazd), alias Dieu, et Ahriman : le Bien et le Mal incarnés.
Zoroastre décrit Ahura Mazdā en une série de questions rhétoriques: «Qui établit la
course du Soleil et des étoiles?», «Qui nourrit et abreuve les plantes?», «Qui créa
l'ombre et la lumière?», «A travers qui existent l'aurore, le crépuscule et la nuit?»
(Yasna 44, 4-6).
D'autres immortels de premier plan sont Geush Urvan, défenseur des animaux et Sraōša
(pahlavi : Srōš) « Obéissance ».
Les Gāthā parlent des relations entre Ahura Mazdā et six catégories divines appelées
les Amesha Spenta, Immortels Bénéfiques. Ce sont:
* Vohu Manō : Bonne Pensée (Vohu Manu (pahlavi : Wahman), « bonne âme »
: le principe du « bon » ;).
* Asha Vahishta : Meilleure Rectitude (Aš əm, après Aš əm Vahištəm (pahlavi : Ardwahišt)
: « droit », vérité et incarnation de ce qui est « vrai », « bon » et « juste », la loi et les
règles).
* Xshathra Varya : Empire Désirable (Xša θra- Vairya- (pahlavi : Šahrewar) : «
meilleure règle », le pouvoir et le royaume d'Ahura Mazdā, gardien des métaux).
* Spenta Armaiti : Bénéfique Pensée Parfaite (Spɚnta- Ārmatay-, (pahlavi : Spandarmad)
: « pensée sacrée » : l'immortelle incarnation de la Terre).
* Haurvatāt : Intégrité (Haurvatat : « perfection »).
* Ameretāt : Non-Mort (Amərətatāt (pahlavi : Amurdād) : « immortalité », le gardien de
la nourriture et des plantes).
Ces Immortels ne sont pas dissociables les uns des autres dans les Gâthâ et ne sont pas
personnifiés. Il ne s'agit pas de polythéisme.
Très proche de Vohu Manō, se trouve Spenta Mainyu, l'Esprit Bénéfique, lequel est opposé à
Angra Mainyu, l'Esprit Mauvais, incarnation des ténèbres et de la mort. Bien qu'ennemis, ces
deux Esprits sont jumeaux. À l'époque des Sassanides, Spenta Mainyu sera identifié à Ahura
Mazdā. Angra Mainyu est aidé par des démons, les daēva. Leur nom provient de l'ancienne
dénomination indo-européenne des dieux, prononcée deva en sanskrit et avestique, qui a
acquis un sens négatif dans la totalité du monde iranien (en faisant référence à la force du
mal gouvernée par Angra Mainyu, avec une double face qui est le symbole du mensonge,
contrairement au monde indien qui a gardé son sens positif), donc à une époque assez
reculée. N'ayant plus de mots pour désigner les (bons) dieux, les Iraniens ont dû en inventer
un autre, qui a été yazata(Yazata signifie "digne d'être adoré"). Les six Amesha Spenta sont
qualifiés de yazata.
Les Yasht
Les autres parties de l'Avesta sont clairement postérieures aux Gāthā. C'est en particulier
le cas d'hymnes appelés les Yasht, où l'on voit resurgir tout un panthéon que Zarathushtra
avait voulu éliminer. Ils sont la plus importante source d'information sur la mythologie
iranienne. Le dixième Yasht est tout entier dévoué à la glorification de Mithra. Que s'est-il
donc passé ? La tentation de Zarathushtra d'imposer une forme d'hénothéisme a-t-elle
échoué ? Malgré leur contradiction, les Gāthā et les textes de l'«Avesta récent» sont
vénérés de la même manière par les zoroastriens.
Le pays où Zarathushtra aurait prêché est appelé airyānem vaējō «le domaine des Aryens»
par l'Avesta. Ce n'est pas très riche en renseignements, car Airya possède une vaste
signification : c'est l'auto-ethnonyme de tous les Iraniens. Les spécialistes s'accordent à
situer ce pays plus précisément dans le Turkestan occidental. Les Gāthā ont sûrement été
composés à une époque pré-Achéménide, donc avant le VIe siècle av. J.-C.. Ils dépeignent
une société rurale d'éleveurs et de cultivateurs sédentaires conservant un système de
relations claniques et tribales. On y trouve une protestation contre l'apparition d'une élite
dominante. L'Avesta connaît le bronze, mais pas le fer. Il convient de remarquer la langue
des Gāthā est si proche de celle du Rig-Veda que leurs locuteurs pouvaient sans doute se
comprendre.
D'après une école de spécialistes, il n'y a pas de différence fondamentale entre le Rig-Veda
et les Gāthā, le culte d'Ahura Mazdā étant le résultat d'une lente évolution. Cela permet de
nier l'existence de Zarathushtra. À ce sujet, Bernard Sergent a démontré que les épisodes
de sa vie, tels qu'ils sont racontés dans les textes iraniens, sont mythiques : ce personnage
ne serait rien d'autre que le «modèle» du prêtre indo-européen, modèle d'une telle
ancienneté qu'on le retrouve chez les Celtes, en la personne de Merlin (« Merlin et
Zarathushtra », Bruxelles, Ollodagos, Actes de la société belge d'études celtiques, Vol.
XIX, 2005, pp. 7-50). Dans ce cas, le terme de « mazdéisme » devrait être préféré à celui
de « zoroastrisme ».
Rites
Chez les Zoroastriens les rites sont assez légers : prier cinq fois par jour pour se rappeler
que la droiture est une bonne chose, que le bien est une bonne chose; faire une fête une fois
par mois, plus cinq jours pour préparer le nouvel an. En se purifiant, prendre le repas avec
nappe, nourriture, pains et fleurs.
La naissance d'un Parsi n'est pas vraiment accompagnée de rites religieux. Durant son
premier anniversaire, il peut effectuer sa Présentation au Temple, où le prêtre le marque au
front avec de la cendre du Feu sacré et récite des bénédictions. Ce n'est pas une cérémonie
obligatoire, tout au contraire du naojote, qui doit être effectué au maximum à l'âge de 15
ans, tant pour les garçons que pour les filles. C'est l'initiation, qui marque l'arrivée du Parsi
à l'âge adulte. Chez lui, et non dans un temple, le Parsi reçoit une tunique blanche, le sudreh,
nouée à la taille par un cordon de laine, le kūsti. Un Parsi pieux ne devrait jamais rester sans
tunique, et lorsqu'il faut la changer, il devrait réciter des prières appropriées. Sans cette
initiation, son âme resterait dans un état en quelque sorte virtuel et il vivrait comme un
paria.
Chez les Parsis, le mariage est obligatoire et la stérilité est conçue comme une malédiction.
Certains rites remontent au plus lointain passé indo-européen, comme le bain de la mariée.
Les Parsis ne se marient qu'entre eux. Ce n'est pas une coutume nouvelle : dans la Perse
sassanide, il était interdit d'épouser un non-zoroastrien. Bien plus, le contact avec des «
infidèles » est source de souillures. Si l'on a mangé de la nourriture préparée par un non-
zoroastrien ou si l'on a effectué un voyage, il est nécessaire d'effectuer des rites de
purification.
La vie étant conçue comme un don d'Ahura Mazdā, la mort ne peut être considérée qu'avec
horreur. On pense que la décomposition du corps est l'œuvre d'un démon. Des Parsis
formant une sorte de caste, les Nasālāsar sont chargés d'emmener les morts dans des «
Tours du Silence », appelées dakhmā par les Parsis. Le Rite funéraire se déroule ainsi, les
défunts y sont déposés, dénudés, afin d'y être dévorés par les vautours, de façon à ne pas
souiller la terre, par inhumation, et le feu, par crémation. Leurs parents les accompagnent
jusqu'à la Tour mais n'y entrent pas. Ils se rassemblent dans une petite chapelle bâtie à
proximité de la Tour et y récitent des prières.
L'âme du mort reste trois jours dans la Tour. Le quatrième jour, elle la quitte, mais elle doit
alors franchir un pont. Il se produit une sorte de jugement: l'âme du juste franchit le pont
et accède à la Maison des chants, tandis que celle du méchant tombe dans les Enfers.
Cependant, toutes les âmes jouiront de l'instauration d'un Paradis terrestre consécutive à la
victoire d'Ahura Mazdā sur l'Esprit du Mal. Il s'agit d'une résurrection qui diffère de celle
des chrétiens. L'enfer des zoroastriens est donc plutôt un purgatoire où l'on attend sa
résurrection.
La pratique du décharnement des corps remonte à un lointain passé et se retrouve dans les
hauts villages du Tibet.
Le zoroastrisme et la société
Dans la doctrine de Zoroastre toute personne doit répondre de ses actes par la bonne
pensée, or la bonne pensée est directement liée à la culture, les adeptes de cette doctrine
ne doivent donc pas mettre en œuvre une parole quelconque de Zoroastre qui ne
correspondrait pas à la science moderne. Les préceptes de Zoroastre sur la morale
collective et les liens qui attachent les hommes restent encore aujourd'hui d'actualité, alors
que la plupart des religions ne leur ont pas accordé d'importance. Par exemple :
* L'égalité des hommes et des femmes a été soulignée à maintes reprises dans les Gathas
et réalisée dans l'histoire de la Perse antique par l'avènement au pouvoir de femmes telle
que Pourandokht.
* Préserver la pureté de l'eau, de la terre, de l'air et du feu est un autre précepte des
adeptes de cette religion. Cependant, comme l'air, l'eau et la terre sont les éléments divins
qui existent sans le concours de l'être humain alors que le feu est l'élément divin qui a
besoin du concours de l'homme pour être entretenu, pour continuer d'exister, les
Zoroastriens vénèrent plus que tout le feu sacré car il exprime mieux que tout le véhicule de
communication entre Ahura Mazda et les hommes.
* L'esclavage et la soumission de l'être humain, présents dans d'autres religions, sont
complètement rejetés dans la doctrine de Zoroastre.
* Cette doctrine met l'accent sur l'importance de la récolte et rejette toute idée de
paresse, de vivre au crochet d'autrui, de voler le bien d'autrui. Chacun doit vivre de ses
efforts et pouvoir bénéficier de sa propre récolte.
* L'idolâtrie, l'adoration de la pierre ou tout autre lieu construit, sont prohibées dans la
pensée de Zoroastre. La maison de Dieu n'est pas celle construite par l'homme mais le cœur
et l'esprit de ce dernier.
* Aucune oppression ne peut être admise à l'égard des hommes, et si nécessaire, il faut se
soulever pour l'éliminer.
* Aucun mal ne doit être commis à l'égard des animaux et leur sacrifice doit être
considéré comme un crime des hommes à l'égard des animaux.
Dans le calendrier zoroastrien, chaque mois était divisé en deux périodes de 7 jours et deux
périodes de 8 jours, donc en 30 jours qui portaient tous des noms de divinités. Ces quatre
périodes commençaient respectivement par les jours d'Ohrmazd, d'Ādhur (le Feu), de Mihr
(Mithra) et de Dēn, la religion mazdéenne personnifiée (Dēn mazdayasn, aussi appelée
Bēdukht « fille de Dieu »). On voit que l'hénothéisme de Zarathushtra n'était pas plus vivant
dans la Perse sassanide qu'aux époques antérieures, et cela d'autant plus que les rois des
rois continuaient à vénérer Mithra. Cependant, six jours de la première période portaient les
noms des Amesha Spenta. Elle s'achevait par le jour Dadhv « le Créateur » (Ohrmazd), qui
clôturait également les deux périodes suivantes.
Le principe de ce découpage est décrit dans le chapitre III du Bundahishn «la Création
Originelle», ouvrage probablement compilé à la fin de la dynastie des Sassanides (au VIIe
siècle). C'est un traité qui parle de cosmologie, d'astronomie et d'eschatologie, et qui donne
également des listes de rivières, de montagnes et de plantes.
Les douze mois portaient également des noms de divinités. On y reconnaît les noms des
Amesha Spenta:
Les fravarshi étaient des esprits tutélaires des morts, la partie protectrice de leurs âmes,
qui revenaient durant les cinq derniers jours de l'année. C'était alors la fête de
Fravardīghān, aussi appelée Hamaspathmaēdaya. Il s'agissait de cinq jours supplémentaires,
nommés d'après les noms des cinq Gāthā, qui s'ajoutaient aux 12 mois de 30 jours. Cette
fête, au caractère carnavalesque, était suivie par le Naurūz, le Nouvel An, le 1er Fravardīn.
Malgré la conversion des Perses à l'islam et l'adoption du calendrier musulman, le Naurūz est
toujours resté vivant. Il est célébré à l'équinoxe du printemps. Une autre grande fête était
celle de Mihr, Mihrgān, au jour de Mihr (le 16e) du mois de Mihr. Elle avait lieu à l'automne
et coïncidait avec le début de l'année avant l'époque des Sassanides. On peut également
mentionner six fêtes de cinq jours réparties sur toute l'année, le Hamaspathmaēdaya étant
la dernière. On les appelait les Gāhanbār (phases de création).
Tout temple, quel que soit le dieu (ou les dieux) auxquels il était consacré, comprenait un
autel du feu. Il était placé dans une pièce sombre, afin que le feu sacré ne fût pas touché
par les rayons du soleil. Les prêtres l'entretenaient selon un rituel extrêmement strict.
Trois temples jouaient un rôle majeur : celui du Feu de Farnbagh, qui se serait trouvé dans la
ville de Kāriyān (région du Fars), celui du Feu de Gushnasp, à Gandjak dans l'actuel
Azerbaïdjan, et celui du Feu de Burzēn-Mihr, au nord-ouest de Nishapur. Ces feux étaient
respectivement celui des prêtres, celui des rois et celui des agriculteurs. Ils correspondent
aux trois fonctions reconnues par Georges Dumézil chez tous les peuples indo-européens : la
fonction cléricale, la fonction guerrière (à laquelle se rattachaient les rois) et la fonction de
production. Ainsi, l'Avesta récent reconnaît trois états, celui des prêtres, celui des
guerriers et celui des agriculteurs. Quand un empereur montait sur le trône, il effectuait
une visite solennelle au Feu de Gushnasp. Il lui demandait également son aide pour vaincre
ses ennemis.
Les Parsis
Icône de détail Articles détaillés: Parsis et Parsisme.
Influences générées
La profondeur intellectuelle de son système a exercé une grande influence sur les doctrines
judéo-chrétiennes (influence mentionnée dans le Manuel de discipline trouvé parmi les «
rouleaux de la mer Morte »). On retrouve tous les thèmes du Zoroastrisme sous une forme
semblable dans le judaïsme, le christianisme et l'islam.
L'empereur perse Cyrus le Grand mit fin à l'exil des juifs, en libérant Jérusalem de la
domination babylonienne et en autorisant la construction du Second Temple. La plupart des
textes judaïques traitant de la vie après la mort appartiennent à la période de domination
perse en Palestine, ce qui laisse penser à une influence zoroastrienne. Ils ne sont attestés
dans les écrits juifs que postérieurement à la captivité de Babylone (597 à 538 av. J.-C.),
période pendant laquelle les élites juives, en exil à Babylone, entrèrent en contact avec la
Perse et les religions iraniennes et kurdes.
Le changement des mœurs que les zoroastriens veulent, ils travaillent à l'obtenir par la
droiture, par des actes justes et bons, et de ce fait le Zoroastrisme a eu aussi une grande
influence sur le plan philosophique en occident : Platon, Voltaire, Nietzsche, mais aussi
Plutarque, Pythagore, Aristote, Montaigne, Érasme, Goethe, Hegel, et même Karl Marx.
Notes et références
1. http://www.paris.fr/portail/viewmultimediadocument?multimediadocument-id=23461
[archive] Dossier de presse de l'exposition "LES PERSES SASSANIDES, FASTES D'UN
EMPIRE OUBLIE" au musée Cernuschi, p.12
Bibliographie
http://www.gatha.org/french/articles/000094.html
Les études zoroastriennes sont des champs de recherche bien établis depuis longtemps dans
les sphères académiques occidentales. La plupart des universités européennes ou
américaines enseignent cette matière. Leur but est d’étudier les idées, l’œuvre, l’influence
et la langue d’un des personnages les plus fascinants de l’Histoire, celui que les Perses
appelaient Zarathoustra et les Grecs Zoroastre.
En effet, depuis plus de 3.000 ans, Zarathoustra est entré dans les mythologies et dans
l’inconscient collectif tant de l’Europe que de la Perse et des pays de l’Asie centrale.
Depuis les temps anciens, le nom de Zarathoustra a été utilisé constamment par les
philosophes grecs en tant que symbole de connaissance. Beaucoup d’entre eux ont même fait
abriter leurs travaux scientifiques ou philosophiques sous le couvert de l’autorité de
Zarathoustra. Pythagore se disait son élève et Aristote affirmait que son maître Platon
tirait de lui toutes ses connaissances. Pratiquement tous les grands philosophes grecs
étaient sensés avoir étudié à l’école de Zarathoustra. (voir entre autres J. Duchesne-
Guillemin: The Western Response to Zarathustra ; Oxford 1958; .M Afnan ; Zoroaster’s
Influence on Greek Thought ; New York 1965; J.A.Farrell;The Influence of Zarathustra and
Zoroastrianism on Western Culture, Sydney 1977).
En effet, à partir du Ve siècle av.J.C., les Perses ont constitué le premier empire universel
de l’Histoire, comprenant quarante- six nations, dont la Grèce, l’Egypte et l’Inde. L’Orient et
l’Occident étaient pratiquement unifiés et cela allait durer plus de deux cents ans.
Grâce à la réforme zoroastrienne, les Perses ont propagé de façon complètement inédite les
idées les plus tolérantes et les plus humanistes dans ce vaste empire, en contraste total
avec la barbarie qui les précédait. Ils avaient appris que « la vérité n’appartient à aucun
peuple, à aucun pays, à aucune race ». ( voir ; Gerard Israel ; Cyrus le Grand ; Fondateur de
l’empire Perse, Paris 1987 ; R. Ghirshman ; Les Perses; Paris, Gallimard 1967 ; Platon ; Les
Lois, III 693, 694 ; Xenophon ; Cyropedie, Paris,Flammarion 1967).
Dans cette atmosphère zoroastrienne, qui a permis d’abandonner tous les dogmes et tous les
formalismes religieux, la première déclaration des droits de l’homme fut rédigée au 6e siècle
av.JC, sous Cyrus, premier roi des Perses. Selon cette charte, découverte au 19e siècle en
Mésopotamie, gravée en ancien persan sur un prisme d’argile et conservée aujourd’hui au
British Museum, les peuples de l’empire jouissaient d’une liberté totale de croyance, de
langue et de coutumes :
«J’ai accordé à tous les hommes la liberté d’adorer leurs propres dieux et ordonné que
personne n’ait le droit de les maltraiter pour cela. J’ai ordonné qu’aucune maison ne soit
détruite. J’ai garanti la paix, la tranquilité à tous les hommes. J’ai reconnu le droit de chacun
à vivre en paix dans le pays de son choix… » .
( voir ;W. Eilers, le texte cunéiforme du cylindre de Cyrus, Acta Iranica, tome II 1974 ;
I.Quiles Analyse des principes énoncés dans le Cylindre de Cyrus, Acta Iranica, TomeI, 1973
J.Israel ;Cyrus le Grand, op.cit. pp268-269 )
C’était la première révolution humaniste et libératrice de l’Histoire, autant pour les femmes
que pour les hommes. En ce qui concerne les femmes, le grand spécialiste de Zarathoustra
Paul du Breuil écrit «les femmes perses jouissaient d’une liberté unique dans l’Antiquité
grâce à la reforme de Zarathoustra avant qui la femme arya était une véritable esclave,
comme pour Aristote chez qui la femme relève d’un statut proche de l’esclavage» ( Paul du
Breuil, Histoire de la philosophie zoroastrienne, p.110, Paris 1984).
C’est aussi durant cette période que le temple de Jérusalem, détruit au 7e siècle av.JC. par
le Babylonien Nabuchodonosor, fut rebâti par Cyrus et ses successeurs, et que les juifs
déportés en Babylonie purent regagner leur pays. Cyrus entra ainsi dans la Bible.
Les prophètes hébreux, tels que Isaie, Ezéchiel, Daniel et Jérémie l’appelèrent le Sauveur
et l’Envoyé de Dieu. (voir; E. Yamauchi, Persia and Bible, NewYork 1990 ; Gerard Israel ;
Cyrus le Grand, op. cit.pp.267-271 ; R.de Vaux,Les décrets de Cyrus et de Darius sur la
reconstruction du Temple; Paris 1937).
La libération du peuple juif par Cyrus, la reconstruction du temple de Jérusalem par Darius
et le rassemblement des traditions de la Torah par Artaxerxès - les trois rois zoroastriens
de la Perse - et le retour massif des juifs de leur captivité babylonienne, ont produit une
remise en question salvatrice des anciennes lois juives. Les prophètes d’Israël ont alors fait
pénétrer, avec un grand lyrisme, la vision zoroastrienne de l’existence dans les Nouvelles
Lois. (G. Israel; Cyrus le Grand,op.cit .pp.270-295,
Au début du VIIème siècle avant J.-C. Zaratoustra, Zoroastre en français, voulut réformer
la vieille religion utilitaire de l'Iran, qu'on appelle mazdeisme en l'honneur du dieu principal,
Mazda. Il nous sera utile de connaître un peu cette religion, pour mieux apprécier la réforme
zoroastrienne.
Outre Mazda, les mazdéens adoraient d'autres divinités, par exemple Mithra. Les "mages",
prêtres et devins, leur offraient des sacrifices d'animaux, à l'instar de tous les prêtres de
l'Antiquité. Devins, ils buvaient une drogue appelée "haoma" - analogue au "soma" hindou.
Également sorciers, ils pratiquaient la magie. Ils imposaient aux fidèles des rites, tout cela
ayant pour but d'obtenir des avantages matériels. Cette religion ne proposait aucun idéal
moral.
ZOROASTRE
Nous nous intéressons au fondateur du zoroastrisme parce que plusieurs éléments de cette
nouvelle religion ont passé plus tard dans le judaïsme puis dans le christiannisme.
Autrefois, on n'avait que des idées fantaisistes sur ce Sage iranien. Mais les recherches des
orientalistes, dès le XVIIIème siècle, ont permis la découverte et l'étude critique des
manuscrits de l'Avesta, Ecriture Sainte des anciens iraniens avant l'arrivée de l'islam en
652.
Zoroastre est né autour de l'an 700 avant notre ère dans une famille de riches éleveurs
installés à l'est de l'ancien Iran, région agricole arrosée par l'Oxus, faisant aujourd'hui
partie de l'Afghanistan. Ses parents étaient aussi des poètes sacrés et des chantres.
Le jeune Zoroastre se révéla bientôt un bon élève, doté d'un caractère non seulement doux
et pacifique, mais également altruiste, sensible aux injustices dont les paysans avaient à
souffrir de la part des nomades pillards et des seigneurs égoïstes. Zoroastre aimait
beaucoup les bêtes, surtout les bovins, dont la vie humaine dépendait, comme aujourd'hui
chez nous.
Dès l'âge de quinze ans, Zoroastre commença à dire tout haut ce qu'il ressentait, blâmant
les injustices, demandant l'abolition des sacrifices de bovins, ce qui ne pouvait que déplaire
aux mages. Son audace gèna sa famille. Il s'isola de plus en plus, adopta une nourriture
végétarienne.
Pour finir, il alla en Bactiane, où il passa une dizaine d'années dans la montagne, ayant pour
seul compagnon son cousin Maïdiomaha, scon premier disciple. Et c'est dans cette retraite
que Zoroastre bénéficia d'une expérience religieuse, sous la forme d'entretiens mystiques
avec Ahoura Mazda, en qui il voyait le dieu unique, Seigneur du Ciel et de la Terre. Son Dieu,
il le prie ainsi:
"Toi dont le regard protecteur veille de toute éternité sur l'Ordre et la Bonne Pensée, 0
Mazda Ahoura, de ta bouche céleste enseigne-moi les Lois du monde."
Zoroastre veut tout savoir: D'où vient la méchanceté, ce qui est juste, et aussi la cause des
phases de la lune ou la marche des astres au firmament. C'est ainsi que Zoroastre, au cours
de longues méditations, conçut une nouvelle religion : le zoroastrisme, que nous allons
maintenant décrire et illustrer par des extraits de l'Avesta.
" Tu es le Premier et le Dernier, O Mazda, Toi, Père de la pensée bonne, Toi, le véritable
instructeur de l'Ordre et de la Droiture, le Maître des manifestations de la Vie."
2) Pacifisme et Altruisme
"Je loue la bonne religion de Mazda, qui repousse les querelles et fait déposer les armes ... Il
fait régner le Seigneur, celui qui secourt les pauvres."
"Celui qui veut du bien au juste, au parent, au confrère et au serviteur, et qui veille
activement sur le bien du troupeau, celuilà prend parti pour le Bien. Il est un collaborateur
de la Bonne Pensée." (...) L'homme qui réjouit la Terre, c'est celui qui sème le plus de blé, de
légumes et d'arbres fruitiers, O Zaratoustra, également celui qui irrigue ou qui draine, selon
les cas."
4) Abolition du sacrifice des animaux
Magie et rites des Mages sont illusoire une exploitation de la crédulité populaire. En outre,
Mazda Ahoura ne peut être représenté par une idole, car il est le Seigneur du Ciel. Son seul
symbole est le feu, que les zoroastriens entretiennent dans les sanctuaires - les pyrées.
Dans le monde créé par Ahoura Mazda, deux énergies antagonistes sont à l'oeuvre : le Saint
Esprit (Spenta Maniou) aidé des angesgardiens, contre le Mauvais Esprit (Ara Maniou, plus
connu sous le nom d'Ahriman), chef des démons hostiles aux humains. Tous les maux
dérivent de cette lutte.
Mais Zoroastre annonce une bonne nouvelle : Ahoura Mazda veut et obtiendra la victoire du
Bien sur le Mal. En conséquence, chaque être humain aurait intérêt a bien choisir son camp.
Le Prophète appelle donc les "mal partis" à se convertir. Ecoutons-le :
"Que le pécheur s'amende. Qu'il craigne la redoutable gloire victorieuse engendrée par
Mazda, gloire qui accompagnera le Sauveur le Sochiante - et ses compagnons, lorsqu'il fera
un monde nouveau ou l'on ne connaîtra ni la viellesse ni la mort ..."
"Alors, les morts se èveront et l'immortalité leur sera donnée. Le monde se renouvellera à
souhait. Les créatures bénies du Bien seront soustraites à la mort. Quant au Trompeur
(Ahriman), il tombera et sera détruit."
Par ce sens donné à l'histoire, avec cette perspective d'urie vie heureuse possible après la
mort, Zoroastre lançait une véritable révolution religieuse.
Ses disciples propagèrent leur foi dans les alentours, en dépit de l'opposition bien naturelle
des Mages.
"Le mal qui fut fait, en bien je le changeais. Les nations qui s'entretuaient ont cessé de se
battre, par la grâce d'Ahoura Mazda, afin que celui qui est fort ne frappe ni ne dépouille le
pauvre"
Au cours des siècles, comme toute autre religion, le zoroastrisme évolua, surtout sous la
pression du ritualisme des Mages traditionnels. Après la conversion de l'Iran à l'islam, des
groupes restés fidèles aux grandes idées de Zoroastre n'eurent pas la vie facile ! Aussi,
beaucoup d'entre eux s'en allèrent en Inde, ou ils prospérèrent sous le nom de Parsis.
Pendant les deux siècles de la domination perse sur le Proche-Orient, de -539 à -330
environ, bien des juifs eurent l'occasion d'entrer en contact avec le zoroastrisme. Ils en
apprécièrent le monothéisme moral, qui leur rappelait celui des grands prophètes hébreux,
d'Amos à Jéremie. Et ils en vinrent à adopter la vision zoroastrienne d'une humanité soumise
à une lutte entre les foces du Bien et celles du Mal, avec la promesse d'un Jugement et
d'une juste rétribution post mortem, notions nouvelles pour ces juifs.
Minoritaires, ils durent longtemps rester dans la clandestinité parmi leurs compatriotes, car,
à Jérusalem comme dans la Diaspora juive, la soumission au légalisme et au ritualisme de la
caste sacerdotale était de rigueur.
C'est alors que, vers l'an -200 eniron, apparurent les premiers écrits juifs contenant ces
nouveautés : anges et archanges, le "Fils de l'homme", Fin du monde, etc. Citons en
particulier le livre c'Henoch (env.-190) et le livre de Daniel (-160)
Voici quelques textes illustrant l'introduction en Israël ces idées nouvelles:
1) Les anges
"Quelqu'un sembable à un homme cria : Gabriel, explique-lui la vision qu'il a eue." (Dan. 6 :16)
"Mikaël, l'un des princes de premier rang, vint à mon aide." (Dan. 10 :13)
Ainsi, les messagers anonymes de jadis sont devenus des anges gardiens pourvus de noms
hébreux. Ils sont si nombreux qu'ils sont hiérarchisés. A leur tête voici les archanges :
Gabriel, Mikaël, Raphaël et Ouriel.
"L'ange du seigneur et le Satan se tenaient aux côtés du grand-prêtre Josue. L'ange dit au
Satan :Que le Seigneur te fasse taire." (Zach. 3 : 1-2, texte daté -520)
"Satan fut hostile à Israël et poussa David à faire le recensement d'Israël." (Chron. 21 :1)
Autrefois Satan était un serviteur de Dieu (cf. Job 1 : 6) de même le "mauvais esprit"
envoyé à Saül (I Sam. 16 :14).
Les démons, ansemts de l' Ancien Testament., apparaissent dans les livres apocryphes et
joueront un grand rôle autemps de Jésus.
3) Le Jugement dernier
"En ce temps-là, la terre rendra son dépôt, le Chéol rendra ce qu'il. a reçu (...) Le Seigneur
des Esprits fera asseoir son Elu sur un trône de Gloire pour juger toutes les oeuvres des
Saints (...) Ceux qui seront sauvés ne verront plus la face des pécheurs et des méchants. Le
Seigneur des Esprits demeurera avec eux. Ils revêtiront des vêtements blancs. La douleur
viendra sur eux (les méchants), oui, la douleur les saisira lorqu'ils verront le le Fils de l'
Homne , assis sur son trône de gloire. (Henoch, extraits des ch. 61-62)
En ce temps-la, Mikaël, le grand prince, celui qui veille sur les enfants de ton peuple,
interviendra. Ce sera un temps d'angoisse tel qu'il n'y en a encore jamais eu, mais ton peuple
en réchappera, ainsi que tous ceux que l'on trouvera inscrits dans le Livre. Beaucoup de ceux
qui dorment dans la poussière se relèveront, les uns pour la Vie éternelle, les autres pour
l'Horreur éternelle." (Dan. 12 : 1-2)
"Quand le fils de l'homme viendra, accompagné de tous les anges, alors il s'assiéra sur son
trône de gloire." (Matt. 25 : 31)
Pour Jésus et Jean-Baptiste, comme pour zoroastre, ce seront les coeurs purs, les
pacifiques, les miséricordieux. (Les béatitudes, Matt 5 : 3-12)
Les juifs pharisiens, par contre, comptaient obtenir leur salut par l'observance fidèle des
rites et des tabous ordonnés par la Loi. les Esséniens, eux, se fiaient à leurs rites de
purification.
Quant aux Judéens nationalistes, ils n'espéraient pas un jugement des individus, mais le
salut collectif de leur peuple, sous la forme d'une victoire du Messie sur les étrangers
hostiles à Israel, une libération politique et le rétablissement de l'indépendance, après quoi
viendrait le bonheur.
Ps. de Salomon 17 : 23-32, 35-36 : "Seigneur, suscite-leur pour roi un fils de David; ceins-le
de force pour écraser les dominateurs impies ! purifie Jérusalem de tous ces étrangers qui
la foulent. (---) Et lui, le Roi juste enseigne de Dieu, les gouvernera. Il ne se commettra
aucune injustice en ces jours-là, car tous seront saints, et leur Roi sera le Messie."
Points communs
Tous deux recherchaient la relation directe avec Dieu sur la montagne loin de la foule. Ces
entretiens mystiques réalisaient et nourrissaient lleur amour pour le Seigneur et
nourrissaient leur amour pour les êtres numains. C'est là qu'ils élaborèrent leur
enseignement.
Ils prêchèrent la bonté, et critiquèrent l'illusion de ceux qui croyaient plaire à Dieu au
moyen de pratiques. Ils rejetèrent la magie.
Tous deux conçurent l'histoire de l' humanité comme une lutte des anges contre Satan et
ses démons, lutte se termlnant un jour par la victoire Biem, la résurrection générale des
morts, un Jugement et une juste rétribution, selon des crltères d'ordre moral.
Différences
Jésus, au contraire de Zuroastre, n'a pas explicitement demandé l'abolition des sacrifices
d'animaux, même s'il a prédit la chute du Temple. Il ne se déclara pas végétarien et
n'accorda pas une importance primordiale à l'agriculture parmi les activités de l'homme
D'autrè part. Jesus eut une vie courte et ne se maria pas, tandis que Zoroascre fonda un
foyer et semble avoir vécu assez longtemps. Ceci peut expliquer le fait que l'Avesta ne
rapporte rien de precis sur sa mort. Tout au conraire, les évangilrs racontent en détail la
Passion de Jésus et sa crucifixion. De plus, ils nous parlent de sa résurrection, de ses
apparitions et de son ascension, Et même de son retour sur terre pour instaurer son
Royaume. Rien de tel à propos de Zoroastre.
Concernant la prédication, nous constatons une autre différence, non pas de fond mais de
forme. Zoroastre nous a laissé des hymnes et des préceptes, conservés dans l'Avesta. Leur
diffusion ne dépassa guère les frontières de l'ancien iran. Jésus, quant à lui, utilisa
admirablement les ressources de la poésie sémitique, avec ses rythmes et ses paraboles.
Enfin, et c'est très important, les paroles de Jésus furent non seulement mémorisées mais
mises par écrit dans la langue universelle de l'époque, le grec.
Le monde entier peut les lire aujourd'hui, ce qui est loin d'être le cas des paroles de
Zoroastrre.
J'espère avoir montré par quelle filière certaines doctrines, lancées en Iran au VIIème
siècle avant notre ère sont parvenues jusqu'à nous, à travers le judaisme; Jésus et le
christianisme.
Roger SAUTER
Genève le 2 février 1995
BIBLIOGRAPHIE
DU BREUIL, Paul, Le zoroastrisme, PUF, Paris, 1982.
AUTRAN, Charles, Mithra, Zoroastre et la préhistoire aryenne du christianisme, Payot,
Paris, 1906.
Nous pouvons, nous poser beaucoup de questions.
Les trois religions monothéistes semblent avoir leur fondement en Afghanistan et en Iran.
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On aimerait connaitre de notre vivant la sagesse de cette société des temps anciens.
Je me permets d'extraire ces aspects qui font référence à la dualité de l'existence:
Le but de la vie est de mener une existence heureuse et joyeuse (plus de 75 fois, les deux
mots «bonheur» et «joyeux» sont répètés dans les Gathas). Le bonheur individuel dépend du
bonheur de la société, et la société ne peut être heureuse que si tous les êtres qui la
composent, y compris les animaux et les plantes, peuvent mener une existence paisible et
épanouie.
Cependant, pour obtenir et surtout maintenir cet état de bonheur, il faut que les hommes et
les femmes apprennent les fondements des lois qui régissent leur existence.
1) La vie est conditionnée par des forces opposées qui, à chaque instant, en agissant sur nos
pensées et nos sentiments, mènent en nous et en dehors de nous une lutte sans merci. La
joie et la tristesse, l’amour et la haine, la justice et l’injustice, la vérité et le mensonge, la
quiétude et l’anxiété, l’harmonie et le désordre, la connaissance et l’ignorance, l’ouverture
d’esprit et l’obscurantisme ainsi que d’innombrables autres forces contradictoires, nous
tiraillent à chaque instant vers eux.
La source d’où émanent les forces positives, celles qui nous mènent vers le bonheur et la paix
intérieure, est appelée Ahura Mazda, qui veut dire «force de la sagesse».
Quant aux forces négatives, celles qui mènent vers le malheur et l’anxiété, elles sont
appelées angra maynu, ce qui signifie anxiété, angoisse.
2) Pour exister, chaque force crée aussitôt son contraire. Dans ce monde, aucune force ne
peut avoir de sens sans celle qui lui est opposée. Bon sans mauvais, quiétude sans anxiété,
amour sans haine, vérité sans mensonge, etc. n’ont aucun sens. Chaque force se définit donc
par rapport à son contraire.
3) Dans ce combat existentiel entre le bien et le mal, les hommes et les femmes ont la
liberté de choisir entre les forces antagonistes. Ils peuvent choisir entre la joie et la
tristesse, entre l’amitié et l’inimitié, entre la vérité et le mensonge, entre la justice et
l’injustice…etc. Et cette liberté de choix entre le bien et le mal les rend aussi responsables.
Dans les Gathas, des mots tels que justesse et rectitude de pensée, parole et acte sont
constamment utilisés et la phrase- clé est « la pensée juste, la parole juste et l’action juste
».
L’essence des idées de Zarathoustra, énoncées plus de 3.000 ans auparavant, fut
brillamment reprise en 1883, c’est-à-dire quelques années seulement après la redécouverte
des textes des Gathas par l’un des plus grands philosophes de notre temps, Friedrich-
Wilhelm Nietzsche, dans son livre «Ainsi parlait Zarathoustra». Cet ouvrage bouleverse
radicalement la pensée européenne des temps modernes ( Voir, James Farrell ; The
Influence of Zarathustra on Western Culture, op.cit.)).
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Pârsî
Les pârsî ou «parses» - de Pârashika, peuple de Perse - sont les adeptes du parsisme,
confession dérivée du zoroastrisme, qui fuirent au VIIIe siècle une Perse conquise par les
Arabes et s'installèrent en Inde.
Les pârsî s'installèrent tout d'abord dans le Sind et dans le Saurâshtra au Gujarat. Il
profitèrent dès 716 (ou 735) de la protection du rajâ Shîlâhâra Jâi qui régnait sur les États
de Thana près de l'actuelle Mumbai. Comme les Juifs installés en Inde de longue date, ils
purent dès lors pratiquer leur culte librement et sans contrainte.
Les pârsî vénèrent le feu (parce que c'est le seul élément divin qui requiert le concours
humain - voir zoroastrisme) et ne pratiquent pas la crémation comme les hindous, pour ne pas
le souiller. Les corps ne sont pas inhumés pour les mêmes raisons mais exposés dans les tours
du silence ou dakhmâ de façon à être décharnés par les vautours.
Comme les femmes juives indianisées, les femmes pârsî portent le sari, mais en le drapant
sur l'épaule droite.
La population pârsî décroît, elle est passée de 114 000 en 1941 à 76 000 en 1991, soit une
chute de 33% en 50 ans. Ceci s'explique par le fait qu'ils refusent les conversions et ne
doivent se marier qu'entre eux (ce qui était une des conditions de leur intégration lorsqu'ils
se réfugièrent en Inde). La majeure partie d'entre eux, soit 56 000, vit dans la ville de
Mumbai. Les pârsî de plus de 65 ans représentent 29% de la population à comparer aux 5%
de la population générale en Inde.
Parmi les pârsîs célèbres, on trouve les famille d'industriels Tata, Dubash, Godrej, Pandole,
Karkaria , le chef d'orchestre Zubin Mehta et le chanteur de rock Freddie Mercury. Ainsi
que Feroze Gandhi, mari d'Indira Gandhi.
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Même si les historiens et les philosophes grecs avaient quelque connaissance de la religion de
l'ancien Empire perse, il fallut attendre le milieu du XVIIIe siècle pour qu'un voyageur
français, Anquetil-Duperron, puisse acquérir auprès des Parsis de Pondichéry des manuscrits
en nombre suffisant pour que commence l'étude de la langue et des textes de l'Avesta, puis
de la mythologie, de la religion et des philosophies recueillies dans ce livre sacré.
Une génération après les guerres médiques, quand les Grecs purent jeter sur l'Empire perse
un regard apaisé, ils furent sensibles à un certain exotisme religieux. Hérodote se plaît à
faire le tableau d'un peuple pratiquant une religion toute naturelle. Les Perses, dit-il, n'ont
ni temples, ni idoles, ni autels. Ils adorent, au sommet des montagnes, le ciel tout entier. Ils
exposent les cadavres aux chiens et aux oiseaux, ou les enterrent après les avoir enduits de
cire. Leur morale est simple et raisonnable : une faute isolée ne compte pas, mais bien la
balance entre les bonnes et les mauvaises actions que l'on accomplit durant sa vie ; et ils
enseignent aux enfants trois choses seulement : monter à cheval, tirer à l'arc et dire la
vérité. La fonction sacerdotale est confiée à la tribu mède des mages.
Quelques dizaines d'années plus tard (vers 380), dans le Premier Alcibiade, Platon attribue
la paternité de la science des mages à un certain « Zoroastre d'Ahura Mazdâ », mentionnant
ainsi le nom du fondateur de la doctrine et celui de son dieu. Désormais, l'Antiquité ne
cessera de placer Zoroastre aux origines de sa propre sagesse. Une tradition que Clément
d'Alexandrie attribue à un écrivain du Ier siècle avant notre ère, Cornélius Alexandre
Polyhistor, rapporte que Pythagore reçut à Babylone l'enseignement de Zoroastre. Les
philosophes voient en lui l'inspirateur du dualisme platonicien. Le dualisme iranien,
présentant le monde comme le théâtre du combat entre un dieu bon, Ahura Mazdâ ou
Ohrmazd, et un dieu mauvais, Angra Manyu ou Ahriman, est décrit pour la première fois par
Plutarque, qui dit tenir son information de Théopompe (IVe s. avant notre ère). À l'époque
hellénistique, on attribue à Zoroastre la paternité de la magie, dont le nom dérive
effectivement de celui des mages, et de la science ésotérique des astrologues de Chaldée.
Tout ceci est parfaitement fantaisiste : Zarathushtra n'est pas le contemporain de
Pythagore et rien n'est plus étranger à la vieille religion iranienne que la magie, l'astrologie
ou l'alchimie.
La naissance de l'orientalisme
Léguée par la tradition hellénistique, la figure légendaire de Zoroastre, prince des mages,
maître des astrologues chaldéens, initiateur de Pythagore, persistera durant le Moyen Âge
et la Renaissance. Mais il passe aussi pour l'inspirateur du dualisme manichéen honni. Il faut
attendre le XVIIe siècle pour que la perspective se modifie de manière radicale. En 1660, le
capucin français Raphaël du Mans rapportait, d'un long séjour à Ispahan, la nouvelle qu'une
secte d'adorateurs du feu, les Guèbres, perpétuait en Iran la religion des mages. Quelques
années plus tard, deux autres voyageurs signalaient les affinités de leur doctrine avec la
religion chrétienne : Tavernier notait que les Guèbres avaient une connaissance confuse des
mystères du christianisme et Chardin leur reconnaissait la foi en un dieu suprême, supérieur
à la fois à quelques autres divinités et aux deux principes personnifiant le bien et le mal. À
l'aube du siècle des Lumières, ces nouvelles d'Orient ne pouvaient laisser indifférent. Dès
1670, les libres-penseurs anglais Marsham et Spencer mettaient l'accent sur les
ressemblances entre certaines doctrines païennes et le christianisme et les expliquaient par
le fait que les juifs avaient subi l'influence de leurs voisins.
Lorsque, en l'an 1700, l'évêque anglican d'Oxford, Thomas Hyde, entreprend la compilation
de tout ce qui est connu de la religion préislamique de l'Iran, il nourrit aussi l'intention de
trancher une question d'importance pour la théologie chrétienne. Fallait-il considérer
Zarathushtra comme un prophète positif, qui avait reçu quelques lumières de la révélation
monothéiste, ou comme un hérétique, qui avait scindé l'unité divine en deux forces
contraires, l'une bonne, l'autre mauvaise – une doctrine que Hyde allait définir en forgeant,
en latin, le mot « dualisme » ? Quelle que soit l'ampleur de son érudition, Hyde n'est pas
véritablement en mesure d'aborder efficacement cette question. À la connaissance des
sources classiques, il joint celle de l'orientalisme naissant qui lui donne accès aux textes
arabes et persans. Il a su, nous ne savons toujours trop comment, se procurer des
manuscrits avestiques et pehlevis, mais il ne sait pas les lire. Privée de l'apport des
documents originaux, son œuvre reste donc encore pré-scientifique. Ainsi armé, Hyde a cru
pouvoir conclure que Zarathushtra était un prophète comparable à Abraham, qui avait su
préserver pour un temps son peuple de la dégénérescence polythéiste. Les accusations de
dualisme ne sont pas sans fondement mais elles sont sans portée. Le dualisme du fondateur
n'est pas de nature religieuse mais philosophique et cette philosophie est imprégnée de
morale. Elle fonde une éthique du comportement qui exige le discernement entre le bien et
le mal et est soumise à une rétribution posthume.
C'est dans ce climat que survient un événement essentiel. La vieille religion iranienne n'avait
pas seulement survécu en Iran même mais aussi en Inde où la communauté des Parsis, fuyant
la conquête musulmane, avait essaimé en quelques points de la côte occidentale. En 1723, un
Parsi de Surate offrit un manuscrit à un marchand anglais, qui le fit parvenir à la
bibliothèque bodléienne d'Oxford : l'Europe apprenait ainsi que le livre de Zoroastre n'était
pas perdu. Encore fallait-il l'avoir tout entier sous la main, puis le comprendre, ce qui n'était
possible qu'avec le consentement du clergé parsi. Ce fut l'œuvre du Français Anquetil-
Duperron (1731-1805), le Champollion des études iraniennes, bien méconnu aujourd'hui, en
dépit d'une excellente biographie de Raymond Schwab (1934) et d'une page émue de
Michelet. En 1754, à vingt-trois ans, renonçant à attendre des subsides qui ne viennent pas,
il s'engage dans les troupes de la Compagnie des Indes et s'embarque pour Pondichéry avec
des compagnons d'armes recrutés dans les prisons. Pour reprendre une expression de
Raymond Schwab, la philologie iranienne commence comme finit Manon Lescaut, par un convoi
de prisonniers vers les colonies. Anquetil traverse à grand-peine et à grand risque une Inde
déchirée par la guerre franco-anglaise, puis, jouant habilement des rivalités qui déchirent la
communauté parsie de Surate, il vainc les réticences, se fait montrer les manuscrits,
expliquer leur écriture et leur langue. De retour en France, le 15 mai 1762, il dépose à la
Bibliothèque du roi cent quatre-vingts manuscrits. L'analyse de ces documents lui prendra
encore dix ans : sa traduction de l'Avesta, le livre réputé de Zoroastre, paraît en 1771.
Au milieu du premier millénaire avant notre ère, l'Iran – c'est-à-dire l'Iran actuel,
l'Afghanistan et une partie de l'Asie centrale ex-soviétique – et le bassin des deux grands
fleuves de l'Inde septentrionale, l'Indus et le Gange, sont habités par des peuples parlant
une langue indo-européenne. La langue des Indiens et celle des Iraniens sont donc
apparentées au grec, au latin, aux langues celtiques, germaniques, slaves..., d'une parenté si
précise qu'elle peut être définie par un ensemble de lois phonétiques invariables ; de plus,
elles présentent entre elles des affinités si grandes qu'elles apparaissent, à cette date
ancienne, comme de faibles variantes dialectales d'un unique idiome indo-iranien.
Les premiers documents originaux que les Indo-Iraniens ont laissés de leur langue et de leur
histoire sont des inscriptions royales : en Iran, les inscriptions que les rois achéménides, à
partir de Darius I, ont fait graver dans les provinces occidentales de leur empire, qui
jouxtait le monde mésopotamien ; en Inde, les inscriptions, disséminées des rives du golfe du
Bengale à la région de Kaboul, dans lesquelles le roi Açoka proclame sa soumission à la loi
morale ou dharma, ce qui signifie peut-être sa conversion au bouddhisme. Ainsi, les
documents iraniens sont les plus anciens : si les inscriptions d'Açoka se situent aux alentours
de 255 avant notre ère, la plus ancienne inscription achéménide peut être datée avec
précision de 519. Les Iraniens sont aussi les premiers à avoir été mentionnés par leurs
voisins, une priorité de hasard qu'ils doivent au contact de civilisations maniant l'écriture.
Un roi assyrien rapporte, sur une tablette que l'on date communément de 835, une campagne
qu'il mena contre les Madai, ceux que les Grecs appelleront Médoi et nous, d'après eux, les
Mèdes. Nous savons ainsi qu'au milieu du IXe siècle avant notre ère, la tribu qui, durant
l'Antiquité, occupa la frontière nord-ouest du monde iranien, aux lisières du Caucase et de
l'Arménie, avant de se dissoudre dans la diaspora et les invasions de nomades, se trouvait
installée dans son habitat historique.
L'histoire proprement dite ne permet pas de remonter plus haut. Il est certain que les
peuples de langue indo-européenne ne sont pas, en Inde et en Iran, des autochtones mais
nous ne connaissons ni la date de leur arrivée ni l'itinéraire de leur migration, comme les
participants d'un colloque consacré à cette question au Collège de France, en janvier 2000,
ont été unanimes à le rappeler.
L'Avesta, dont le nom, repris tel quel aux Parsis modernes, est la déformation d'un mot
ancien signifiant « éloge », présente un double intérêt linguistique et religieux. Sa langue,
l'avestique, est l'un des deux dialectes iraniens anciens connus qui font pendant au
témoignage indien du sanskrit védique, le second étant le vieux-perse des inscriptions
achéménides. C'est aussi le livre sacré de la religion préislamique de l'Iran, que les
spécialistes appellent, selon leur goût, « mazdéisme » en se référant au nom de son dieu
dominant, Ahura Mazdâ, ou « zoroastrisme » d'après le nom de l'homme qui est censé l'avoir
fondée et prêchée, Zarathushtra ou Zoroastre. Si proche qu'il soit du Véda par la langue, le
style et les conceptions religieuses, l'Avesta s'en distingue du moins par deux particularités
d'ordre général qui font qu'il relève d'une problématique scientifique sensiblement
différente. Tout d'abord, il est de dimension beaucoup plus modeste. Alors que le Veda
n'est pas un livre, mais une bibliothèque tout entière, l'Avesta représente à peu près un
livre de poche classique de 250 pages, si bien que l'analyse se trouve embarrassée, non par
l'abondance inhumaine du matériel à traiter, mais par sa ladrerie, qui refuse trop souvent la
confrontation de passages parallèles, seule technique d'éclairage possible quand il n'y a pas
évidence linguistique. Le texte est aussi beaucoup plus mal transmis, non par déficience des
techniques iraniennes de transmission orale mais parce que la tradition mazdéenne a connu,
semble-t-il, des crises et des solutions de continuité. L'une, en tout cas, est sûre et
décisive. La conquête arabe et l'islamisation de l'Iran, au VIIe siècle, ont provoqué la
dispersion des écoles théologiques et entraîné une irrémédiable décadence de l'élocution
liturgique. En dépit de tous les efforts accomplis par les communautés restées fidèles à la
vieille religion, qu'elles soient demeurées en Iran ou aient migré vers l'Inde, pour conserver
à leur doctrine une certaine qualité théorique, la transmission orale et, à cette époque,
écrite de l'Avesta n'a cessé de se détériorer jusqu'à l'intervention, au siècle dernier, de
l'érudition scientifique. Alors que le Veda est un texte irréprochable, où les fautes sont
exceptionnelles, l'Avesta est corrompu et, pour être compris, doit faire l'objet d'un travail
lent et difficile de restitution philologique, travail parfois désespéré et, en raison de
l'indigence des faits qui nourrissent l'argumentation, toujours guetté par l'arbitraire.
Ces vicissitudes, jointes à l'absence de tout témoignage extérieur, expliquent que nous
connaissions si mal l'histoire de l'Avesta, depuis sa composition jusqu'à son exhumation par
Anquetil-Duperron, et encore les quelques choses sûres que nous sachions ont-elles bien
souvent été acquises tout récemment. L'édition critique de l'Avesta, qui a été faite par
Karl-Friedrich Geldner dans les dernières années du XIXe siècle, est fondée sur l'ensemble
de la documentation significative provenant des communautés parsies. Tous les manuscrits
importants et la plus grande partie des manuscrits secondaires ont été dépouillés et il est
totalement exclu que nous recueillions, dans l'avenir, la manne d'un matériel nouveau. Le
classement des manuscrits par famille et la détermination de leurs liens de filiation a mis en
lumière le caractère récent de la tradition manuscrite qui nous est parvenue. Les deux plus
anciens des manuscrits importants (J2 et K5) ont été écrits par le même copiste et sont
datés de 1323, le plus vieux manuscrit (K7a) pourrait remonter, selon l'estimation la plus
extrême, à 1268 et la mémoire des scribes ne va pas au-delà d'un modèle perdu qu'on peut
situer aux environs de 1020. De plus, des fautes généralisées démontrent à l'évidence que
tous les manuscrits sans exception dérivent d'un original perdu qu'on appelle le « manuscrit
de base » et que ses imperfections invitent à situer à l'époque troublée de la migration vers
l'Inde, c'est-à-dire entre le VIIIe et le Xe siècle. Il est donc vain de se bercer de l'espoir
qu'un manuscrit ait pu conserver, contre tous les autres, la leçon miracle. Tous sont
pareillement les rejetons du manuscrit de base et leur confrontation ne permet rien de plus
que la restitution d'une version déjà corrompue de la fin du premier millénaire. Non
seulement la tradition manuscrite est récente mais elle est aussi extraordinairement ténue.
Un progrès significatif a été accompli à la fin des années soixante lorsque Karl Hoffmann,
par une analyse paléographique rigoureuse, a pu remonter aux sources de la transmission
manuscrite. Par sa structure et les caractéristiques formelles de ses signes, l'alphabet
avestique est clairement une invention érudite ad hoc de l'époque sassanide. Il n'est pas le
fruit de l'évolution historique aveugle d'un système d'écriture, mais une création délibérée
menée dans le but exclusif de mettre l'Avesta par écrit. L'inventeur s'est inspiré de deux
modèles. Du point de vue de la forme, il a puisé l'essentiel du stock de ses signes dans
l'écriture du pehlevi des livres – une forme particulière du dialecte moyen-perse –, elle-
même dérivée de l'écriture araméenne. Mais, alors que celle-ci ne note pas les voyelles et va
jusqu'à confondre plusieurs consonnes sous le même signe, il a adopté le principe typologique
« un signe égale un son » des alphabets grecs et latins, qu'il connaissait et auxquels il a
d'ailleurs emprunté deux signes. Ce principe de travail fournit de précieuses indications. Une
indication chronologique tout d'abord : les caractéristiques formelles de l'écriture pehlevie
que l'alphabet avestique reproduit n'ont été acquises qu'au début du VIIe siècle. Le fait que
l'inventeur anonyme ait pris pour modèle le système alphabétique gréco-latin et une écriture
qui servait à noter le dialecte moyen-perse suggère qu'il a travaillé dans une ambiance «
occidentale », c'est-à-dire en Perse, qui était la province autochtone du pouvoir politique
sassanide. L'alphabet avestique n'a jamais été utilisé pour un autre texte que l'Avesta. Il a
très probablement servi à mettre par écrit un exemplaire unique du canon – disons :
l'archétype sassanide –, déposé en lieu sûr, auquel le clergé pouvait se référer en ultime
recours pour dénouer d'éventuelles controverses théologiques. La minutie véritablement
maniaque avec laquelle il rend les plus subtiles variations phonétiques montre qu'il a été
prévu pour transcrire finement les nuances de l'élocution liturgique solennelle. L'alphabet
avestique a été inventé pour donner une forme écrite à un texte récité : ceci démontre qu'il
n'y eut jamais auparavant de tentative pour mettre l'Avesta par écrit. Ajoutons que tous les
textes connus n'ont sans doute pas été confiés à l'écriture et que ceux qui ont été mis par
écrit ne l'ont probablement pas été avant la conquête arabe.
Le premier déchiffrement de ces textes a paru justifier le vieux débat sur le système
religieux du mazdéisme. C'est que ce système semble varier selon les livres constitutifs et,
dans chaque cas, épouser des contours flous. Les Yashts témoignent d'un polythéisme
soigneusement hiérarchisé, le cœur du Yasna d'un monothéisme indécis qui montre le dieu
unique entouré d'abstractions divinisées. Les notations dualistes sont disséminées dans
l'ensemble des textes, mais se font plus insistantes dans le Vidêvdâd. En somme, un beau
désordre, qui explique qu'Anquetil-Duperron, tout en travaillant sur les textes originaux,
n'ait pas remis en cause l'interprétation de Hyde.
Les travaux de Martin Haug…
Haug ne peut cependant éluder le fait qu'il existe des rapports synchroniques entre le
monothéisme des origines et le dualisme, puisque ce sont les Gâthâs elles-mêmes qui
semblent esquisser la théorie des deux forces antagonistes dans une strophe (Y 30.3) que
Haug traduit ainsi : « In the beginning, there was a pair of twins, two spirites, each of
peculiar activity : these are the good and the base, in thought, word and deed. Choose one
of these two spirites ! Be good, not base ! ». Haug est ainsi amené à reproduire
l'interprétation de Hyde en présentant le monothéisme comme la théologie de Zarathushtra
et le dualisme comme sa philosophie. Ayant pris conscience de l'unité de la personne divine,
le prophète s'est trouvé contraint d'expliquer comment la création d'un être parfait pouvait
être imparfaite. Il l'a fait philosophiquement, en supposant l'existence de deux causes
primordiales inhérentes à l'homme et à Dieu lui-même. Appelées mainiiu ou « esprit », elles
sont des forces de l'état mental et néanmoins créatrices, l'une de tout ce qui est bon,
l'autre de tout ce qui est mauvais. Plus tard, confondant la théologie et la philosophie du
fondateur, les docteurs mazdéens ont constitué une vraie religion dualiste. Le bon manyu a
été confondu avec Ahura Mazdâ lui-même et le mauvais est devenu son adversaire frontal. Si
grand et si durable qu'ait été son succès, on voit que cette manière de rendre le
monothéisme compatible avec le dualisme est doublement suspecte. Elle reproduit une
interprétation pré-scientifique et attribue à l'auteur des Gâthâs une spéculation qui n'est
pas exhumée du texte mais d'une philosophie prétendument universelle. Haug a cependant le
mérite et l'excuse d'avoir procédé avec une logique impeccable : il a lu la strophe Y 30.3 et a
cru devoir en conclure que le vieux débat était justifié. C'était légitime à défaut d'être
juste.
Quinze ans plus tard, le Français James Darmesteter faisait de la religion de l'Avesta une
analyse radicalement différente de celle de Haug. Pour Darmesteter, il ne fait aucun doute
que la religion préislamique de l'Iran a été, de manière constante, un dualisme. Mais ce
dualisme ne peut avoir été original, puisqu'il est issu de la vieille religion indo-iranienne que
l'on définissait alors comme un polythéisme naturaliste. L'évolution s'explique par l'histoire
de la personnalité des deux protagonistes, Ahura Mazdâ et Angra Manyu. Le premier est un
ancien dieu du ciel lumineux qui a évolué en dieu du bien parce que, comme son équivalent
indien Dyaus pitar ou Varuna, il a créé l'ordre du monde et s'en est fait le gardien. Le
dualisme mazdéen n'est pas le fruit d'une spéculation philosophique mais l'aboutissement
d'une très ancienne représentation mythologique. L'ordre dans la nature ne va pas sans une
lutte constante dans la nature contre les forces du désordre. Darmesteter situe les origines
d'Angra Manyu dans un motif mythologique développé par les hymnes védiques : le
ravissement de la lumière et des eaux par un serpent qui les enferme dans son étreinte. Un
dieu lumineux abat le monstre et libère les captives. Cette péripétie a pour fondement
naturaliste la lutte censée se livrer dans l'orage. Les ténèbres envahissent le monde mais,
frappées par l'arme de l'éclair, elles en sont finalement expulsées, tandis que la pluie
ruisselle. Angra Manyu est le serpent transfiguré par adaptation à la dimension spirituelle
qu'a prise son adversaire et par transposition depuis un mythe cosmogonique ponctuel dans
une représentation générale de l'histoire du monde. Le mal, comme les ténèbres, envahit
l'univers. Son irruption met en marche le temps et les grands cycles naturels ; son
élimination après 6 000 ans de conflit, en marque la fin. Le scénario de Darmesteter diffère
donc de celui de Haug par trois aspects essentiels.
1. Le dualisme mazdéen ne relève pas d'une spéculation distincte du système religieux. C'est
l'héritage d'une antique mythologie.
2. Son fondement n'est pas l'antagonisme entre les deux esprits du comportement, mais
celui entre Rta et Druj, l'ordre et le désordre dans le monde. L'opposition n'est pas d'ordre
éthique, mais d'origine cosmogonique.
3. Puisque le dualisme n'est pas greffé sur un monothéisme préexistant, dont les traces sont
imperceptibles, il n'y a aucune raison de penser que le mazdéisme est le produit d'une
révolution de la pensée religieuse. Comme Darmesteter l'écrivait si bien deux ans plus tôt : «
Le mazdéisme est au même titre que le védisme un développement spontané et libre de la
religion indo-iranienne, se transformant sans secousse, et sans qu'il soit besoin d'invoquer
une invasion étrangère, ou une révolution intérieure. » En corollaire, la figure de
Zarathushtra est sans consistance historique ; il serait lui aussi, comme adversaire d'Angra
Manyu, un combattant de l'orage.
Dans l'absolu, le scénario de Darmesteter n'est ni plus ni moins convaincant que celui de
Haug mais il est survenu à contretemps dans l'histoire de notre discipline. L'usage
monomaniaque de la mythologie de l'orage a indisposé ceux-là mêmes, les védisants, qui
étaient les mieux préparés à percevoir les aspects mythologiques du mazdéisme et
Darmesteter lui-même n'a pas tardé à prendre ses distances. L'abus de mythologie
naturaliste a discrédité son interprétation mais, en la récusant, on a fait ce qu'on appelle «
jeter le bébé avec l'eau du bain ». En fait, Darmesteter a eu l'intuition d'un mode de
développement du mazdéisme qu'il n'avait pas les moyens adéquats d'investiguer : pouvait-on
en 1877, aborder les mythes autrement qu'en appliquant la méthode à laquelle Max Müller a
attaché son nom ? Pourtant, Darmesteter avait justement perçu que le fondement du
dualisme mazdéen était l'antagonisme entre Rta et Druj et que cet antagonisme avait été
inséré dans une histoire mythique du monde, où, débordant la cosmogonie dont il tient ses
origines, il envahit la durée et se résout en eschatologie. Un tel scénario, s'il n'est pas la
transposition du combat de l'orage, est néanmoins de nature mythologique, à charge pour
nous d'en faire une nouvelle exégèse.
Jean Kellens
Mars 2004
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Source:
http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/LAvesta_Zoroastre_et_les_sources_des_religions_in
do-iraniennes.asp