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techniques et méthodes
des laboratoires des ponts et chaussées
Présentation
des techniques de diagnostic
de l’état d’un béton
soumis à un incendie
Présentation
des techniques de diagnostic
de l’état d’un béton
soumis à un incendie
Méthodes d’essai n° 62
Décembre 2005
Prix : 35 Euros HT
En couverture : Dégradation du béton du tunnel sous la Manche après l’incendie du 18 novembre 1996.
Généralités 7 Partie 1
La démarche de diagnostic 9
Méthode 62.17 Les ondes de surface (Masw, Park et al., 1999) 109
Les dégradations de béton par incendie sont relativement rares pour les ouvrages d'art et
affectent davantage les bâtiments. Il existe néanmoins quelques cas d'incendie de camions
sous des ponts en béton qui ont provoqué un endommagement significatif du matériau. On
peut également citer cinq incendies importants dans les tunnels (tunnel sous la Manche -
1996, tunnel du Mont-Blanc - 1999, tunnel de Tauern en Autriche - 1999, tunnel du
Gothard en Suisse - 2001, tunnel de Fréjus - 2005).
L'évaluation précise des caractéristiques du béton des parties d'ouvrage restant après
incendie constitue évidemment un préalable indispensable à toute ébauche de projet de
réparation. Dans ces conditions, il est nécessaire de pouvoir évaluer les caractéristiques
mécaniques résiduelles du béton ainsi que de connaître la profondeur de l'endommagement
dans le but d'optimiser les travaux de réparation.
Lors de nombreuses missions d'expertise et au cours de travaux de recherche, le réseau des
Laboratoires des Ponts et Chaussées ainsi que le Centre d'Études des Tunnels (CETU) ont
acquis des connaissances et des compétences dans le diagnostic de l'état d'un béton soumis
à un incendie. Par ailleurs, les Laboratoires des Ponts et Chaussées disposent d'une
panoplie complète de méthodes pertinentes de mesure et d'essais de terrain et de
laboratoire.
Le présent recueil a pour objectif d'établir les capacités et les limites des méthodes de
diagnostic de l'état d'un béton soumis à un incendie. Mais, dans le cas d'une structure
incendiée, il est aussi fondamental de s'intéresser à l'état des aciers car ceux-ci sont très
sensibles à la chaleur. Ce recueil est destiné aux donneurs d'ordre pour les aider à formuler
leur demande d'études ainsi qu'aux techniciens (futurs utilisateurs de ces méthodes,
laboratoires souhaitant s'équiper, etc.). Ce document est structuré en quatre parties :
¾ Partie 1 : Généralités.
¾ Partie 2 : Observations et mesures in situ.
¾ Partie 3 : Méthodes d’essai de laboratoire.
¾ Partie 4 : Retour d'expériences sur d'autres méthodes.
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Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
La partie 1 rappelle quelques généralités sur l'évolution du matériau béton sous l'effet
de la température (microstructure, propriétés mécaniques, déformation thermique et
dégradation par écaillage ou éclatement) et donne des notions sur la démarche à mettre en
œuvre pour réaliser un diagnostic fiable et pertinent.
La partie 2 concerne les observations et les mesures que l'on peut effectuer in situ
(essai de dureté de surface au scléromètre et auscultation sonique).
La partie 3 rassemble les méthodes de mesure et d'essais de laboratoire disponibles dans
le réseau des Laboratoires des Ponts et Chaussées et pour lesquelles il existe une longue
expérience. L'évaluation de l'endommagement du béton se fait par la détermination des
caractéristiques du béton par profil sonique et par la mesure du module d'élasticité à l'aide
de la méthode de fréquence de résonance. Les températures maximales atteintes dans le
béton et le profil de diffusion de la chaleur peuvent être estimés par trois méthodes : la
microscopie électronique à balayage, l'analyse thermique et la diffractométrie des
rayons X.
La partie 4 présente certaines méthodes de mesure et d'essai en cours de
développement, mais qui paraissent prometteuses (réfraction des ondes de compression,
méthode radar, analyse d'images, colorimétrie, forage avec enregistrement des paramètres,
thermoluminescence, ondes de surface et méthodes MASW).
Enfin, il est apparu opportun de faire apparaître, pour chacune des méthodes décrites, les
coordonnées des interlocuteurs du réseau du Laboratoire des Ponts et Chaussées ainsi que
du CETU susceptibles de renseigner efficacement les personnes intéressées.
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Partie 1
Généralités
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PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS
LA DÉMARCHE DE DIAGNOSTIC
Les qualités de résistance mécanique, de facilité d'utilisation et de durabilité font du
béton un matériau de construction par excellence. Une autre de ses propriétés non moins
appréciable est son excellente tenue au feu ce qui, par exemple, conduit à le préférer à
tout autre matériau dans la construction d'immeubles de grande hauteur. Excellente ne
signifie pas pour autant totale. Soumis à un incendie, le béton se dégrade régulièrement
de l'extérieur vers le cœur pendant toute la durée de l'échauffement. Cependant, ce
processus de dégradation est suffisamment lent et progressif pour permettre un maintien
de la stabilité des structures pendant un laps de temps le plus souvent suffisant à
l'évacuation des personnes, mais aussi, pour permettre de retrouver après extinction de
l'incendie un ouvrage endommagé mais réparable.
Cette réparation doit être précédée d'une phase d'étude comprenant une expertise de la
structure en place. L'objectif de cette investigation est d'établir un relevé quantitatif des
dégâts occasionnés par l'incendie en termes de surface atteinte, de profondeur
d'altération (éclatement, écaillage, fissuration, modifications physico-chimiques, etc.) et
de déformations. Un recensement des autres dommages (équipements, superstructures,
etc.) doit être réalisé. Des informations en termes de diminution des caractéristiques
(module d'élasticité, résistance mécanique) des matériaux restés en place doivent
également être apportées ce qui est plus complexe. Ces informations sont notamment
déterminantes pour définir d'une part, l'épaisseur de béton à dégager et, d'autre part, les
techniques à mettre en œuvre pour reconstituer le béton disparu. Il s'agit d'éléments
d'information qui conditionnent directement les délais et le coût des travaux.
La difficulté pour les intervenants dans ce type d'expertise est de mettre au point rapidement
un programme pertinent d'investigations sur le terrain et sur échantillons en laboratoire. Ces
investigations mettent en œuvre des méthodes souvent peu courantes et complexes menées
par des spécialistes d'horizons variés. Le choix des différentes prestations est conditionné
essentiellement par l'ampleur du sinistre, l'importance de l'ouvrage mais aussi, le plus
souvent, par les délais disponibles. Intervient également la nécessité de recouper et de
calibrer les résultats donnés par certaines méthodes d'essai indirectes.
Avant toute autre opération, il est indispensable de procéder à une inspection détaillée de
l'ouvrage incendié. Celle-ci aura pour objet de relever et de quantifier les dégâts apparents
affectant la structure. Elle permet d'évaluer l'étendue des désordres. C'est aussi à partir
des résultats de cette inspection et, en particulier d'un classement en zones d'égal niveau
de dégradations, que l'on pourra décider du choix, du nombre et de la localisation des
autres investigations à mener, directement sur le site mais également en laboratoire sur
les prélèvements qui seront effectués par carottage sur la structure.
Pour ce qui concerne les mesures in situ, et notamment dans le cas de dégâts de grande
ampleur, les essais non destructifs sont à privilégier grâce à leur facilité de mise en œuvre
et à leur cadence élevée. Parmi ceux-ci, deux méthodes sont intéressantes : la mesure de
dureté superficielle au scléromètre et l'auscultation sonique.
La sclérométrie ne requiert qu'un matériel léger et sa mise en œuvre est rapide et simple.
Elle nécessite toutefois d'être menée avec beaucoup de soin et dans le strict respect des
procédures (préparation des surfaces notamment) afin de fournir des données fiables et
exploitables. Les inconvénients de cette méthode sont la faible profondeur investiguée et
la sensibilité à l'état de surface.
L'auscultation sonique exige un matériel plus sophistiqué et une plus grande expérience
dans la pratique de la mesure et dans l'interprétation de ses résultats. Les cadences de
mesure sont plus faibles, mais les résultats obtenus sont plus fiables. Par ailleurs, la
profondeur d'investigation est plus grande et les données restituées plus diverses
(hétérogénéités, délaminages, profondeur des fissures, etc.).
9
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
10
PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS
TABLEAU I
Les principales réactions physico-chimiques dans le béton en fonction de la température
Température Phénomène
_ Figure 1
Aspect normal d’une pâte de ciment n’ayant pas
subi d’échauffement.
(Image obtenue par microscopie électronique
à balayage avec un grossissement de 400).
_ Figure 2
Matrice cimentaire vitreuse présentant une macro-
porosité très importante. Ce phénomène se produit
au-delà de 1000 °C et provient de la fusion puis du
refroidissement de la pâte de ciment.
(Image obtenue par microscopie électronique à
balayage avec un grossissement de 150).
11
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
20
10
0
0 200 400 600 800 1000
Température (°C)
Enfin, de nombreuses études ont également montré une diminution graduelle du module
élastique et de la résistance en traction avec la température (cf. fiche simulation de
l'incendie par échauffement du béton en laboratoire).
3. Déformation thermique
La déformation totale d'une éprouvette de béton non chargée lors d'une élévation de la
température est due :
¾ à l'expansion thermique des différents constituants du béton ;
¾ au retrait du béton lié à l'évaporation de l'eau libre ;
¾ aux transformations chimiques ;
¾ aux fissurations ;
¾ à la détérioration physique des divers constituants.
12
PARTIE 1 - GÉNÉRALITÉS
_ Figure 4
Dégradation du béton du tunnel du Mont-Blanc
après l’incendie du 24 mars 1999.
Les deux grands processus contribuant à la dégradation du béton lors d'une sollicitation
thermique sont associés d'une part aux gradients de dilatation thermique dans l'élément
(appelé processus thermomécanique), d'autre part à l'établissement de gradients de
pression de vapeur dans le réseau poreux (appelé processus thermohydrique). Ces
processus sont contrôlés par les propriétés et caractéristiques microstructurales du
matériau. Ainsi, l'éclatement est le résultat de processus chimiques, thermiques,
hydriques et mécaniques couplés par le biais des caractéristiques microstructurales, ces
dernières évoluant au cours de la sollicitation thermique.
13
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
autre migre vers l'intérieur (où la température est encore faible) et se condense. Elle forme
ainsi une zone quasi-saturée qui joue le rôle d'une membrane étanche à la vapeur d'eau.
C'est à proximité de cette zone que la pression atteint son maximum, induit des
contraintes importantes, ce qui conduit à un écaillage du béton.
14
Partie 2
Observations
et mesures
in situ
15
PARTIE 2 - OBSERVATIONS ET MESURES IN SITU - MÉTHODE 62.1
OBJECTIF
L'objectif de l'inspection d'un ouvrage en béton ayant été soumis aux effets d'un incendie
est de relever et de classer l'étendue, l'intensité et le type des dégâts apparents subis par
les différentes parties de l'ouvrage.
PRINCIPE
Après un incendie, la quantité de débris et le noircissement de la structure peuvent
donner une impression exagérée de la gravité des dégradations, notamment dans le cas
d'un incendie violent. À l'inverse, lorsque la température atteinte n'a pas été élevée mais
s'est maintenue longtemps, la profondeur d'endommagement peut être sous-estimée.
Dès qu'il est possible d'accéder sur le site, il est important de pouvoir évaluer le niveau
d'endommagement de la structure pour s'assurer de la sécurité de sa stabilité et de
déterminer la suite à donner au sinistre : démolition partielle ou totale, confortation et
réparation. Le diagnostic nécessite une évaluation aussi précise et exhaustive que
possible du niveau de la perte de la résistance mécanique du béton, de l'état résiduel des
armatures et de la profondeur d'endommagement. La procédure mise en œuvre
comprend en premier lieu une inspection visuelle détaillée de l'ouvrage qui conduira
ensuite à fixer le programme d'essais non destructif in situ ainsi que des prélèvements et
analyses d'échantillons.
Selon la durée de l'incendie, les dégâts apparents sur un élément en béton prennent
successivement les aspects suivants :
¾ un écaillage superficiel de profondeur centimétrique se propageant plus ou moins
profondément jusqu'aux armatures ;
¾ une chute des caractéristiques mécaniques des armatures de surface, leur dilatation et
ses conséquences : perte d'adhérence et éclatement du béton d'enrobage ;
¾ une décohésion généralisée du béton et la ruine totale de l'ouvrage.
Avant que les premiers dégâts visibles n'apparaissent, l'échauffement du béton lui
occasionne des transformations physico-chimiques délétères. L'eau libre se vaporise,
créant ainsi des surpressions internes, la portlandite se décompose en chaux qui sera
potentiellement expansive à terme, les hydrates de calcium de la phase liant se
décomposent et font ainsi chuter la résistance mécanique du béton, les granulats calcaires
se décarbonatent ce qui entraîne leur désagrégation.
MÉTHODOLOGIE
L'examen d'un ouvrage en béton affecté par un incendie révèle en général la présence
d'une multitude de faciès de dégradation, ceux-ci pouvant s'étager depuis l'absence totale
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Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
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PARTIE 2 - OBSERVATIONS ET MESURES IN SITU - MÉTHODE 62.1
TABLEAU II
Classification des dégradations d’ouvrage en béton par incendie
Classe de
désordres
Vue en
élévation
d’une poutre
sous dalle
Coupe
Désordres Aucun. Dépôts de suies, Écaillage superficiel Disparition du Les armatures sont
observés État de référence coloration, (0 à 10 mm) béton d’enrobage. totalement dégagées
de béton sain traces de (figures 1 et 2). (fig. 3). et présentent des
microfissures Fissures nettes et Les armatures déformations
non orientées orientées (> 0,5 mm) sont visibles. plastiques.
(faïençage) Le béton sous-jacent Une forte épaisseur
est légèrement de béton a disparu
feuilleté. ou est feuilletée
et a perdu
sa cohésion
(figure 4)
_ Figures 5a et 5b
Exemples de désordres de classe 2 sur une voûte
de tunnel : écaillage superficiel partiel, vue
générale et détail.
T
19
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
Figure 6 `
Exemple de désordres de classe 4.
Les armatures sont totalement dégagées
et retiennent des éclats de béton en feuillets.
La perte de l’épaisseur de béton atteint
localement 50 %.
Figure 7 `
Exemple de désordres de classe 3 .
Disparition du béton d’enrobage des armatures
elles-mêmes plus ou moins affaiblies.
20
PARTIE 2 - OBSERVATIONS ET MESURES IN SITU - MÉTHODE 62.2
] AU SCLÉROMÈTRE
ESSAI DE DURETÉ DE SURFACE MÉTHODE
62.2
PRINCIPE
Une masse propulsée par un ressort projette une tige de percussion au contact de la
surface. Le résultat de l'essai est exprimé par la mesure de la distance de rebondissement
de la tige. Cette distance est d'autant plus grande que la dureté de surface est élevée.
L'indice sclérométrique Ism est l'indication fournie par un scléromètre correspondant à
cette distance de rebondissement.
APPAREIL
L'appareil utilisé est un scléromètre Schmidt modèle N standard qui permet de faire des
mesures sur des bétons dont les résistances sont comprises entre 10 et 70 MPa (Fig. 8).
Il existe deux autres types de scléromètre :
¾ le premier de type P pour des produits dont les résistances sont comprises entre 5 et
25 MPa (revêtements, enduits) ;
¾ le second de type PT pour des produits (plâtre, mousse ou béton jeune) dont les
résistances sont comprises entre 0,5 et 5 MPa.
21
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
Figure 8 `
Mesures sclérométriques avec un enregistreur.
MÉTHODOLOGIE
L'essai de la mesure de la dureté de surface à l'aide d'un scléromètre se déroule selon trois
étapes :
1. Vérification du bon fonctionnement de l'appareil.
2. Établissement de la valeur de référence du béton avant qu'il ne subisse un incendie.
3. Exécution de l'essai suivant le mode opératoire et établissement de la cartographie de
la zone de béton altéré.
3. Mode opératoire
Les essais seront réalisés suivant des lignes s'éloignant du centre des zones visuellement
dégradées par l'incendie.
22
PARTIE 2 - OBSERVATIONS ET MESURES IN SITU - MÉTHODE 62.2
Chaque point fera l'objet de neuf mesures. C'est la valeur médiane qui constituera le
résultat pour ce point.
L'espacement entre les points de mesure sera d'environ 0,20 m. Cet espacement pourra
être adapté suivant le degré et l'étendue des désordres.
À noter que si des essais doivent être réalisés sur une surface talochée, il conviendra de
meuler, avec une pierre prévue à cet effet, le béton, avant de faire des mesures.
Lignes de mesures
Zone
visuellement
dégradée
Zone 1
Zone 2 Limite de la
zone dégradée
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Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
TABLEAU III
Incendie du tunnel sous la Manche.
Mesures in situ au scléromètre et résistances à la compression sur carottes
On constate que les résistances mécaniques diminuent sensiblement avec l'intensité des
dégradations, mais ce phénomène est plus accentué avec les mesures au scléromètre. Ceci
s'explique par le fait que les mesures sclérométriques caractérisent l'état de surface du
béton (altéré ici par l'incendie) alors que les essais de compression sont réalisés sur toute
la profondeur du voussoir comportant une partie non soumise à un échauffement.
L'intérêt de la campagne de mesure de dureté de surface est donc de faciliter la
localisation des zones de faible qualité résiduelle de surface. Elle permet alors de
déterminer rapidement les zones à réparer grâce à la possibilité de cadences élevées de
mesure in situ. Néanmoins, des essais sur carottes sont indispensables pour valider les
mesures au scléromètre afin de vérifier entre autres le caractère superficiel des désordres
dans les zones altérées.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] Norme NF EN 12504-2, Essais pour béton dans les structures - Partie 2 : essais non destructifs -
Détermination de l'indice de rebondissement, 2003.
[2] DEMORIEUX J.-M., L'incendie du tunnel sous la Manche - Diagnostic des dommages et inventaire des
données nécessaires à la mise au point du projet de réparations, Annales du bâtiment et des travaux
publics, pp. 43-65, septembre 1998.
CONTACT
" Gérard OLIVIER 01 60 56 64 75 gerard.olivier@equipement.gouv.fr
" LRPC de l'Est Parisien - Centre de Melun
Fax : 01 60 56 64 01
24
PARTIE 2 - OBSERVATIONS ET MESURES IN SITU - MÉTHODE 62.3
PRINCIPE
La vitesse sonique et l'atténuation sont deux paramètres qui permettent d'obtenir une
information qualitative sur le matériau et sur la structure. La vitesse sonique des ondes
longitudinales est en relation avec le module d'élasticité et la résistance à la compression
après étalonnage.
L'atténuation donne un complément d'information estimatif sur la cohésion, la compacité
ainsi que sur l'hygrométrie du milieu de propagation. Sa mesure et son exploitation sont
complexes du fait du grand nombre de paramètres qui entrent en jeu (température,
humidité, qualité de l'état de surface et du couplage des transducteurs).
Dans le cas d'un béton soumis au feu, l'élévation de température provoque une
modification physico-chimique du matériau. L'auscultation sonique, basée sur des
mesures de temps de parcours et d'énergie transmise, est une méthode particulièrement
bien adaptée à ce type d'investigation.
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Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL
Un dispositif commun aux mesures soniques in situ et aux essais de laboratoire dénommé
AVSP 2000 est disponible dans le réseau des LRPC. Il est constitué :
¾ d'un ensemble émetteur et récepteur d'ultrasons couplés physiquement à la structure
en béton,
¾ d'un boîtier électronique de conditionnement et de traitement du signal,
¾ d'un oscilloscope pour visualiser et analyser les signaux reçus,
¾ d'une unité de stockage du signal,
¾ d'un micro-ordinateur et de logiciels usuels de traitements de données (statistiques et
graphiques).
Il existe dans le commerce des appareillages similaires qui n'exploitent pas l'amplitude de
l'onde et qui ne possèdent pas de sortie signal. La lecture du temps se fait sur afficheurs
numériques* et dans le meilleur des cas via un traitement automatisé du signal.
On trouve de nombreuses variantes dans le conditionnement et la restitution du signal et
dans les caractéristiques des capteurs (forme, surface, mode d'excitations, de couplage et
fréquences de travail).
Les figures 10 et 11 donnent un aperçu du boîtier électronique de la chaîne AVSP 2000,
conçue au CECP de Rouen et une vue des capteurs à pointe.
Récepteur à pointe
Émetteur à pointe
c Figure 10 c Figure 11
Boîtier d’auscultation sonique AVSP 2000 Capteurs à pointes pour surfaces rugueuses.
distribué dans le réseau.
* La mesure du temps de trajet se fait par un afficheur numérique à déclenchement sur seuil de tension (immunité aux
parasites) qui donne une valeur acceptable dans le cas de bétons homogènes.
Il existe également des capteurs plans, couplés par collage ou à la graisse, qui sont plus énergétiques que les capteurs à
pointe mais sont moins précis en terme de positionnement. Le couplage manuel des pointes ou des capteurs plans à la
graisse est sujet aux fluctuations de la force d'appui.
Les meilleurs résultats sont obtenus avec un émetteur plan couplé à la colle (énergie plus élevée, meilleure stabilité) un
récepteur à pointe à fort gain (facile à positionner sur tout type de surface) et un oscilloscope numérique à mémoire pour
le stockage et le traitement des signaux.
26
PARTIE 2 - OBSERVATIONS ET MESURES IN SITU - MÉTHODE 62.3
L'AVSP 2000 possède une sortie signal analogique, une sortie à puissance variable pour
l'émission, un préamplificateur immunisé aux bruits, un afficheur numérique et une
alimentation autonome.
La chaîne de mesure se compose d'un micro-ordinateur et d'un oscilloscope. Les mesures
de temps et d'amplitude se font sur le site : toutes les mesures sont saisies sur le micro-
ordinateur et les courbes temps-distance-amplitude s'affichent en temps réel au fur et à
mesure du déplacement du récepteur.
En cours d'essai, les signaux issus de la chaîne de mesure sont obligatoirement visualisés
sur l'oscilloscope et enregistrés sur l'unité de sauvegarde.
Les figures 12 et 13 donnent une vue de l'oscilloscope et du micro-ordinateur. Ils sont
utilisés sur le terrain pour la saisie et l'exploitation automatique des données et en
laboratoire pour l'analyse des signaux et l'exploitation finale des résultats.
La figure 12 donne la photo d'un oscilloscope numérique. Deux unités de sauvegarde
(disquette et disque dur) permettent de conserver l'intégralité des signaux présentant des
singularités pour une analyse de signal a posteriori en laboratoire et de constituer une base
de données de défauts caractéristiques.
La figure 13 donne la photo du micro-ordinateur. Les mesures de temps, distance et
amplitudes sont saisies sur micro-ordinateur et les courbes temps/distance et
atténuation/distance s'inscrivent en temps réel au fur et à mesure de l'avancement du
récepteur et de la saisie de la mesure. Ces opérations sont réalisées sur site.
En fin de mesure, les résultats bruts (vitesse, atténuation, coefficients de corrélation des
paramètres temps et amplitude) s'affichent sur l'écran du micro-ordinateur.
c Figure 12 c Figure 13
Oscilloscope numérique (visualisation et stockage des signaux). Micro-ordinateur (affichage temps réel des courbes).
27
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
MÉTHODOLOGIE
La méthodologie s'appuie sur la norme européenne EN 12504-4, dans le choix des
méthodes et des modes opératoires.
28
PARTIE 2 - OBSERVATIONS ET MESURES IN SITU - MÉTHODE 62.3
3 - On relève toutes les observations visuelles faites sur le signal (forme, changements de
phase, fréquence, etc.), ainsi que celles concernant l'état de surface associé au point de la
mesure.
Toutes les valeurs de distance, temps et amplitude sont notées à chaque point de mesure
sur un support papier et entrées dans un tableau préparé pour le chantier (Fig. 16).
_ Figure 14
Exemple de chantier en tunnel : ligne de 1 m
située dans une zone peu affectée. L’émetteur
(E) est positionné en bout de ligne, le récepteur
(R1 à R5) est déplacé tous les 20 cm.
_ Figure 15
Oscillogramme obtenu dans la zone donnée
dans l’exemple de la figure 14.
Figure 16
Tableau de mesures pour une ligne de 1600 mm.
T
29
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
Les courbes vitesse et atténuation sont tracées sur l'écran du micro-ordinateur durant la
progression des mesures.
Lorsque le résultat d'une mesure semble erroné (cas d'un signal trop faible ou bien suite
à une erreur de positionnement du récepteur), elle est immédiatement recommencée. Ce
traitement en temps réel est appréciable car il évite les erreurs de saisie imputables à la
manipulation.
* Ces nuances dans la terminologie visent à apporter à la fois plus de commodité de langage et plus de précision dans le
terme générique « vitesse sonique » des ondes de compression.
30
PARTIE 2 - OBSERVATIONS ET MESURES IN SITU - MÉTHODE 62.3
31
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
élevée. La qualité originelle du béton n'est retrouvée que dans 1 % des mesures.
L'élévation de température n'a pas affecté une grande superficie de l'ouvrage. Celui-ci
présentait à l'origine un béton très micro-fissuré sans relation avec l'incendie (Fig. 19).
Nombre de mesures
` 14
Histogramme de l’ensemble des valeurs 12 Histogramme des vitesses
(béton sain, incendié et micro-fissuré). 10
8
6
4
2
0
00
80
60
40
20
00
80
60
40
20
00
80
60
40
20
00
80
60
40
20
00
24
24
25
26
27
28
28
29
30
31
32
32
33
34
35
36
36
37
38
39
40
Vitesses soniques (m/s)
` Nombre de mesures
12
On observe essentiellement deux familles
distinctes : 2100 m/s (béton incendié) et 10
4100 m/s (béton sain). Les vitesses
au-delà de 4800 m/s sont entachées d'une 8
mauvaise corrélation malgré leur vitesse
6
élevée. Les vitesses intermédiaires (3100-
3300 m/s) constituent à elles seules une 4
famille de béton peu endommagé par
l'incendie mais néanmoins altéré par la 2
micro-fissuration existante. Cette repré-
sentation est moins fiable que la 0
précédente du fait de l'interpolation qui 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000 5500
suggère des valeurs pour des zones Vitesses (m/s)
non auscultées.
c Figure 19
Histogrammes et courbe des vitesses.
Tableaux récapitulatifs
Les tableaux de résultats comportent toutes les valeurs de vitesse (vitesse apparente et
célérité), les valeurs d'atténuation et les coefficients de corrélation.
Les résultats peuvent s'organiser de manière à faire des tris sur les valeurs d'atténuation,
de vitesse et les coefficients de corrélation, toutes les combinaisons pouvant s'observer
entre ces données (vitesses élevées et corrélations faibles, vitesses basses et bonnes
corrélations etc.).
Cartographie en vitesse
La cartographie permet d'avoir une bonne information sur l'étendue de
l'endommagement. Elle est déterminante pour le choix des prélèvements par carottage
dans le cas ou l'on recherche les profondeurs de dégradation dues au feu et des résultats
d'essais mécaniques (modules et résistance mécanique). Elle est utile également pour
l'établissement des courbes d'étalonnage vitesse/résistance.
32
PARTIE 2 - OBSERVATIONS ET MESURES IN SITU - MÉTHODE 62.3
On attribue généralement une nuance de gris ou une couleur par classe de 500 m/s pour
les vitesses et par classe de 20 dB/m pour les atténuations.
La cartographie complétée par les caractéristiques mécaniques obtenues sur carottes (ou
extrapolées à partir de la courbe d'étalonnage) est une représentation quantitative et
qualitative des résultats.
Les mesures soniques en surface (méthode indirecte) comme en transparence (méthode
directe) ont mis en évidence des zones très affectées mais néanmoins de superficie
restreinte. Les vitesses les plus basses, proches du foyer, étaient de l'ordre de 900 m/s. On
observe une augmentation des vitesses soniques et une diminution de l'atténuation du
signal au fur et à mesure que l'on s'éloigne du foyer (Fig. 20)
_ Figure 20
Incendie d’un camion sous un ouvrage autoroutier.
33
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
2000-2500 m/s
2500-3000 m/s
3000-3500 m/s
3500-4000 m/s
4000-4500 m/s
Un schéma représentant des zones de 1 à 2 m² de côté est en général suffisant. Pour avoir
une meilleure résolution on peut faire un lissage par interpolation en augmentant la
densité de mesures à condition de faire des points de transparence par la méthode directe
pour délimiter les zones : deux lignes au m² juxtaposées ou en croix sont suffisantes.
L'interpolation donnant un rendu lissé aux contours est d'un aspect plus « esthétique »,
un ensemble « pixellisé » (une représentation en petits carrés) refléterait tout aussi bien
l'état de surface.
34
PARTIE 2 - OBSERVATIONS ET MESURES IN SITU - MÉTHODE 62.3
_ Figure 22
>80 dB/m Profil des dégradations :
cartographie iso-atténuation.
70-80 dB/m
60-70 dB/m
50-60 dB/m
40-50 dB/m
30-40 dB/m
20-30 dB/m
<20 dB/m
Des essais de répétabilité et de reproductibilité ont été menés sur une dalle de béton
recouverte d'une peinture époxy et comportant une zone hétérogène due à un ragréage. La
ligne de mesure tracée comportait 9 points distants de 20 cm. Un émetteur était positionné
à une extrémité de la ligne et le récepteur était déplacé tous les 20 cm sur cette ligne.
Pour l'étude de la répétabilité, un opérateur a déplacé le récepteur et un autre opérateur
a réalisé les mesures de temps et d'amplitude sur l'oscilloscope. Les mesures ont été
répétées 4 fois dans les mêmes conditions d'essais par le même opérateur ce qui a donné
36 mesures de temps et 36 mesures d'amplitude. Pour une vitesse sonique moyenne des
ondes de compression de 4343 m/s, l'écart type est alors de 4,9 m/s. Pour une atténuation
sonique de 18 dB/m, l'écart type s'élève à 1 dB/m.
Pour l'étude de la reproductibilité, les mesures ont été réalisées par 4 opérateurs
différents sur la même ligne. Le nombre de mesure a été inchangé : 36 mesures de temps
et 36 mesures d'amplitude. Pour une vitesse sonique moyenne des ondes de compression
de 4321 m/s, l'écart type est alors de 47 m/s. Pour une atténuation sonique de 19 dB/m,
l'écart type s'élève à 2 dB/m.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] Norme NF P 18-418, Béton - Auscultation sonique - Mesure du temps de propagation d'ondes
soniques dans le béton, décembre 1989.
[2] Norme EN 12504-4, Essais pour béton dans les structures - Partie 4 : détermination de la vitesse de
propagation du son, mai 2005.
35
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
[3] CANNARD G., CARRACILLI J., PROST J., VENEC Y., Auscultation dynamique des superstructures par les
méthodes classiques, Rapport de recherche n° 34, LCPC Paris, 132 pages, avril 1974.
[4] CANNARD G., Propagation d'ondes mécaniques dans les solides, Comptes-rendus de travail FAER
1.65.09 - 1.65.13 - 1.69.10, CETE Lyon, dossier E6413, 31 pages, octobre 1985.
[5] CANNARD G., PROST J., Caractéristiques de la dégradation des matériaux, Compte-rendu de travail
FAER 1.30.35, CETE Lyon, 1987.
[6] CANNARD G., Synthèse des résultats du Laboratoire Régional de Lyon sur le contrôle des bétons par
ultrasons, CETE Lyon, Dossier E6413, 39 pages, décembre 1989.
[7] JONES R., Les essais non destructifs des bétons, Éditions Eyrolles, 165 pages, 1967.
[8] GARNIER V., CHAIX J.-F., CORNELOUP G., Caractérisation non destructive du béton par analyses
d'ondes ultrasonores, Bulletin des laboratoires des Ponts et Chaussées, 239, juillet-août 2002.
CONTACTS
" Sylvie Arnaud 04 72 14 32 16 sylvie.arnaud@equipement.gouv.fr
" Bernard Naquin 04 72 14 32 35 bernard.naquin@equipement.gouv.fr
" CETE de Lyon LRPC de Lyon
Groupe Ouvrages d'art
Section « Construction et durabilité des ouvrages en béton »
Fax : 04 72 14 30 35
36
Partie 3
Méthodes
d’essai
de laboratoire
37
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.4
MÉTHODOLOGIE
39
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
MATÉRIEL
L'ensemble du matériel est constitué d'un bâti, d'un moteur et d'un carottier. Le
refroidissement de ce dernier peut se faire soit avec de l'eau, soit avec de l'air dans le cas
d'un carottage à sec. La fixation du bâti se fait par chevillage dans le béton (Fig. 23).
40
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.4
_ Figure 23
Mise en place d’un carottier à la surface d’une paroi
en béton.
41
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] Norme NF EN 12504-1, Essais pour béton dans les structures - Partie 1 : carottes, prélèvement,
examen et essais en compression, août 2000.
[2] MÉNOU J., Projet de recommandations techniques pour l’extraction des carottes, LCPC Nantes,
novembre 1994.
[3] MAQ du réseau LPC « Études et expertises » O.A. - Évaluation en place de l'état du béton armé ou
non - Prélèvement d'échantillons de béton par carottage - Réf. : EDOA - Fe 2.1, avril 2000.
[4] Norme pr EN 13791 - Estimation de la résistance à la compression du béton dans les structures ou les
éléments structuraux, juillet 2003.
CONTACT
" Gérard OLIVIER 01 60 56 64 75 gerard.olivier@equipement.gouv.fr
" LRPC de l’Est Parisien - Centre de Melun
Fax : 01 60 56 64 01
42
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.5
PRINCIPE
Des échantillons de béton sain prélevés dans l'ouvrage faisant l'objet du diagnostic sont
placés dans un four de laboratoire et y subissent un traitement thermique. Un cycle de
température est programmé. Une connaissance des caractéristiques générales de
l'incendie (durée, intensité) permet de déterminer le cycle optimal à appliquer.
Toutefois, ce principe ne permet pas de réaliser une simulation réelle de la diffusion de la
chaleur obtenue lors de l'incendie. En effet, les conditions de celui-ci ne sont pas
parfaitement reproduites (influence des conditions aux limites, de la taille de l'échantillon
notamment). Il s'agit donc d'un traitement thermique conventionnel.
Il est possible cependant de recréer les transformations physico-chimiques du matériau
dues à l'élévation de température. Il faut donc chercher à atteindre des paliers de
température dans des conditions de vitesse réalistes. La durée du palier est fonction de la
durée de l'incendie, qui est déterminante dans la réalisation des réactions de
transformation des constituants du béton.
APPAREILLAGE
L'appareil utilisé est un four de laboratoire équipé d'un système de programmation (cf.
modèles de four, figures 25a et 25b).
Le module de programmation et de régulation doit permettre de régler :
¾ la vitesse de montée en température (de 30 à 700 °C/h) ;
¾ la durée des paliers ;
¾ la température maximale à atteindre (au moins jusqu'à 1000 °C).
43
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
a b
CONDITIONS D'ÉCHAUFFEMENT
Le cycle appliqué au béton des échantillons carottés doit permettre de recréer au mieux
les conditions d'échauffement subies par le béton de l'ouvrage incendié.
Les conditions d'échauffement des échantillons ont des influences différentes sur les
caractéristiques à déterminer après traitement. Les caractéristiques mécaniques sont
impactées notamment par la taille des échantillons et par la vitesse de montée en
température qui ont un effet direct sur la micro-fissuration (transformations
s'apparentant à des chocs thermiques). En revanche, ce sont les températures atteintes et
la durée des paliers qui importent pour obtenir les transformations chimiques et
minéralogiques. Il est nécessaire, dans un premier temps, de rechercher toutes les
données relatives à l'incendie (durée, températures atteintes, matériaux ayant brûlé, etc.).
Les carottes auront un diamètre minimal de 80 mm et de trois fois la taille du plus gros
granulat. Les paliers de température seront suffisamment longs pour obtenir les
transformations chimiques et minéralogiques.
EXEMPLE D'APPLICATION
Après l'incendie du tunnel du Mont-Blanc, on a cherché à caractériser les dégradations
du béton à partir des différentes méthodes présentées dans ce guide (détermination des
modules et caractérisation minéralogique).
Les traitements thermiques ont été réalisés sur des échantillons carottés de béton n'ayant
pas subi d'échauffement lors de l'incendie (dans des zones saines proches du lieu du
sinistre ou en profondeur au niveau de l'incendie). Les paliers atteints étaient de : 200,
400, 600, 800 et 1000 °C. La vitesse de montée en température était de 50 °C / heure à partir
de la température ambiante (environ 20 °C), le palier durait 15 heures, le retour à
température ambiante a été obtenu four éteint et fermé.
Les essais réalisés sur béton sain comprenaient le traitement thermique du béton à
différentes températures puis la détermination de la résistance à la compression
(Fig. 26a), du module (Fig. 26b) et des caractéristiques chimiques et minéralogiques
(Fig. 27).
44
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.5
Module (GPa)
Résistance à la compression (MPa) 40
50 35 Sonique
30 Grindo
40 Extensométrie
25
30
20
20 15
10 10
5
0
0
0 200 400 600 800 1000
0 200 400 600 800 1000
Température (˚C)
Température (˚C)
_ Figure 27
Photos de rondelles de carotte ayant subi un
échauffement variant de 100 à 800 °C : Évolution
sensible de l’aspect (couleur, cohésion).
CONTACTS
" Sylvie Arnaud 04 72 14 32 16 sylvie.arnaud@equipement.gouv.fr
" Bernard Naquin 04 72 14 32 35 bernard.naquin@equipement.gouv.fr
" CETE de Lyon - LRPC de Lyon
Groupe Ouvrages d’art - Section « Construction et durabilité des ouvrages en béton »
Fax : 04 72 14 30 35
45
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.6
PRINCIPE DE LA MESURE
Cette méthode est une application des lois de propagation des ondes soniques de
compression dans les matériaux qui permet d'en déterminer les caractéristiques
mécaniques et d'estimer l'homogénéité du milieu de propagation, de déceler des vides,
délaminages et micro-fissurations [1 à 8].
La dégradation du béton, lorsqu'il est soumis à un incendie, affecte ses propriétés
mécaniques. Le niveau de cette dégradation peut être évalué grâce à la mesure de la
variation des caractéristiques de propagation des ondes de compression dans le béton.
Les vitesses soniques et les atténuations d'énergie sont deux paramètres qui permettent
d'obtenir une information qualitative sur le matériau.
La vitesse sonique évolue en relation avec le module d'élasticité et la résistance à la
compression. L'atténuation donne un complément d'information estimatif sur la rigidité
et la compacité du milieu de propagation. La méthode ne nous autorise pas, à l'heure
actuelle, à exploiter isolément l'amplitude ou l'atténuation du signal ultrasonore à cause
du trop grand nombre de paramètres qui influencent la mesure (humidité, température,
qualité de l'état de surface et du couplage aux transducteurs, etc.).
47
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL
Le matériel se compose de :
¾ un matériel standard de carottage du béton en place ;
¾ un générateur et un récepteur d'ultrasons : palpeurs à pointe ayant une fréquence
propre de 35 kHz (un dispositif commun aux mesures soniques in situ et aux essais de
laboratoire dénommé AVS 1500 est disponible dans le réseau des LRPC) ;
¾ une chaîne de conditionnement et de traitement du signal ;
¾ un oscilloscope pour visualiser et analyser les signaux reçus (de préférence numérique
à mémoire, permettant de mesurer le 10e de microseconde et de stocker les signaux) ;
¾ un micro-ordinateur et des logiciels usuels de traitement de données (statistiques et
graphiques) ;
¾ un pied à coulisse et du matériel de traçage.
MÉTHODOLOGIE
Ces essais se déroulent en deux étapes :
¾ le prélèvement des carottes in situ ;
¾ la mesure des caractéristiques de propagation des ondes de compression.
48
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.6
_ Figure 28
Exemple du dispositif de mesure sur carotte en
laboratoire.
(1 + v) (1 – 2v)
(1 - v)
Le coefficient de Poisson peut être déterminé avec précision par la méthode sonique. Dans la
pratique, on considère qu'il est de 0,2 pour des bétons ordinaires et 0,3 pour des bétons altérés.
49
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
PRINCIPE DE RÉALISATION
D'UN PROFIL SONIQUE SUR CAROTTE (Fig. 29 et Fig. 30)
c Figure 29
Schéma de traçage et mesures - Exemple d’une carotte prélevée en zone incendiée.
50
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.6
c Figure 30
Schéma de traçage et mesures - Exemple d’une carotte prélevée en zone saine.
51
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
On observe :
¾ une zone correspondant à l'hétérogénéité normale du béton, matérialisée par les
droites D1 et D2 ;
¾ la profondeur maximale de dégradation, située entre 87 et 100 mm de l'extrémité de la
carotte exposée au feu, valeurs minimale et maximale prenant en compte les écarts de
temps dus à l'hétérogénéité naturelle du béton et à la précision des mesures.
La figure 32 donne le profil sonique d'une carotte prélevée en zone saine : l'évolution des
temps de propagation se limite à des variations de quelques microsecondes
correspondant à l'hétérogénéité naturelle du béton et à la précision des mesures.
100
90 D1
85
D2
80
75
70
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30
Profondeur de la carotte (cm)
Des essais de répétabilité et de reproductibilité ont été menés sur une dalle de béton
recouverte d'une peinture époxy et comportant une zone hétérogène due à un ragréage.
52
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.6
La ligne de mesure tracée comportait neuf points distants de 20 cm. Un émetteur était
positionné à une extrémité de la ligne et le récepteur était déplacé tous les 20 cm sur cette
ligne.
Pour l'étude de la répétabilité, un opérateur a déplacé le récepteur et un autre opérateur
a réalisé les mesures de temps et d'amplitude sur l'oscilloscope. Les mesures ont été
répétées quatre fois dans les mêmes conditions d'essais par le même opérateur ce qui a
donné trente-six mesures de temps et trente-six mesures d'amplitude. Pour une vitesse
sonique moyenne des ondes de compression de 4343 m/s, l'écart type est alors de 4,9 m/s.
Pour une atténuation sonique de 18 dB/m, l'écart type s'élève à 1 dB/m.
Pour l'étude de la reproductibilité, les mesures ont été réalisées par quatre opérateurs
différents sur la même ligne. Le nombre de mesure a été inchangé : trente-six mesures de
temps et trente-six mesures d'amplitude. Pour une vitesse sonique moyenne des ondes de
compression de 4321 m/s, l'écart type est alors de 47 m/s. Pour une atténuation sonique
de 19 dB/m, l'écart type s'élève à 2 dB/m.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] Norme NF P 18-418, Béton - Auscultation sonique - Mesure du temps de propagation d'ondes
soniques dans le béton, décembre 1989.
[2] Norme EN 12504-4, Essais pour béton dans les structures - Partie 4 : détermination de la vitesse de
propagation du son, mai 2005.
[3] CANNARD G., CARRACILLI J., PROST J., VENEC Y., Auscultation dynamique des superstructures par les
méthodes classiques, Rapport de recherche n° 34, LCPC Paris - 132 pages, avril 1974.
[4] CANNARD G., Propagation d'ondes mécaniques dans les solides, Comptes-rendus de travail FAER
1.65.09 - 1.65.13 - 1.69.10, CETE Lyon, dossier E6413, 31 pages, octobre 1985.
[5] CANNARD G. et PROST J., Caractéristiques de la dégradation des matériaux, Compte-rendu de travail
FAER 1.30.35, CETE Lyon, 1987.
[6] CANNARD G., Synthèse des résultats du Laboratoire Régional de Lyon sur le contrôle des bétons par
ultrasons, CETE Lyon, Dossier E6413, 39 pages, décembre 1989.
[7] R. JONES, Les essais non destructifs des bétons, Éditions Eyrolles, 165 pages, 1967.
[8] V. GARNIER, J.-F. CHAIX, G. CORNELOUP, Caractérisation non destructive du béton par analyses
d'ondes ultrasonores, Bulletin des laboratoires des Ponts et Chaussées, 239, juillet-août 2002.
CONTACTS
" Sylvie Arnaud 04 72 14 32 16 sylvie.arnaud@equipement.gouv.fr
" Bernard Naquin 04 72 14 32 35 bernard.naquin@equipement.gouv.fr
" CETE de Lyon - LRPC de Lyon
Groupe Ouvrages d’art - Section « Construction et durabilité des ouvrages en béton »
Fax : 04 72 30 35
53
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.7
] DÉTERMINATION DU PROFIL DE
MODULE D’ÉLASTICITÉ DANS DU
MÉTHODE
62.7
BÉTON DURCI PAR LA MÉTHODE
DE FRÉQUENCE DE RÉSONANCE
PRINCIPE DE LA MESURE
La dégradation du béton affecte différents aspects de ses propriétés mécaniques (élasticité
et rupture). Le niveau de cette dégradation peut donc être évalué par la diminution
relative de l'une de ces caractéristiques comme le module d'élasticité de flexion.
Le principe de la mesure repose sur la détermination du module d'élasticité dynamique
à partir de la mesure de la fréquence propre de résonance de disques obtenus par sciage
en tranches successives de carottes prélevées dans l'ouvrage. Ces mesures, réalisées ainsi
à différentes profondeurs dans le béton prélevé, permettent de dresser son profil de
module d'élasticité, du parement jusqu'au cœur de la structure [1 à 2].
DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL
Le matériel se compose de :
¾ une scie à béton de précision pour la confection des disques. Il s'agit d'une machine
équipée d'une lame diamantée à jante continue d'une capacité de coupe adaptée aux
55
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
éléments à découper (découpe en une passe). Le porte échantillon est muni d'un
dispositif de bridage qui doit assurer un maintien strict des carottes, ainsi que d'une butée
amovible permettant le positionnement toujours identique de la carotte par rapport à la
lame pour chaque coupe ;
¾ une balance de précision 0,1 g ;
¾ un pied à coulisse d'ouverture minimale 250 mm et de précision 0,05 mm ;
¾ un analyseur de fréquence de résonance de pièces en béton de type « GRINDO-
SONIC » (Fig. 33) ou matériel équivalent permettant la détermination (analyseur de
spectre, etc.) ;
¾ un marteau de mise en vibration des disques et un support des disques.
Figure 33 `
Mesure de la fréquence de résonance d’un disque
de béton.
MÉTHODOLOGIE
Ces essais se déroulent en trois étapes :
¾ le prélèvement des carottes in situ (cf. fiche « Le prélèvement de carottes in situ ») ;
¾ la confection des disques à partir des carottes ;
¾ la mesure de fréquence de résonance des disques.
56
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.7
_ Figure 34
Prélèvement de carotte sur le revêtement
d’un tunnel.
D'une manière générale, les prélèvements doivent être répartis sur les différents types de
parties de l'ouvrage et, pour chacun d'eux, dans une zone indemne et dans plusieurs
zones endommagées à des degrés divers. Sitôt les carottes extraites de l'ouvrage, celles-ci
sont rincées à l'eau claire, identifiées et immédiatement emballées dans un film étanche.
57
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
croix. Le capteur de vibration est placé sur la couronne du disque entre deux supports
puis un coup de marteau est appliqué sur le bord du disque à l'opposé du capteur ou à
90° de celui-ci (Fig. 35). Le chiffre indiqué par l'appareil est relevé et l'opération est
renouvelée jusqu'à ce qu'une même valeur se répète suffisamment fréquemment une
dizaine de fois. La valeur stable finale est notée.
c Figure 35
Procédure de mesure de la fréquence de résonance d’un disque de béton.
58
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.7
Pour un béton de bonne qualité, l'écart entre les deux modules est de l'ordre de 7 GPa. Au
besoin, une corrélation précise peut être établie expérimentalement sur des carottes
prélevées dans l'ouvrage étudié.
TABLEAU IV
Exemple de calcul des masses volumiques et des modules des disques Φ 4,5 mm
selon la position par rapport au parement
Un autre exemple est présenté dans la figure 37 sous forme de graphes représentant, pour
plusieurs prélèvements, la variation du module de chaque disque par rapport à la
moyenne de chaque prélèvement en fonction de la profondeur résiduelle. Ici encore, on
observe un affaiblissement systématique du module à proximité du parement sur
environ 30 à 40 mm de profondeur.
59
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
Figure 36 `
Aspect de l’une des carottes avant découpe
des disques.
À noter l’état dégradé de l’extrémité côté
parement (à gauche) empêchant la réalisation
d’un disque à proximité immédiate de cette
extrémite.
Figure 37 `
Courbes de variation du module selon la
profondeur pour divers prélèvements de béton
dans le revêtement d’un tunnel.
RÉPÉTABILITÉ DE LA MESURE
DU MODULE D'ÉLASTICITÉ DYNAMIQUE
Des essais de répétabilité menés sur une série de dix disques confectionnés dans une
même carotte extraite d'un matériau homogène (bloc de granite) conduisent à un écart
type 1,9 GPa pour un module d'élasticité dynamique moyen de 69 GPa.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] Cyril M. Harris, Charles E. Crede, Shock and vibrations handbook, Ed. Mc Graw - Hill Book
Compagny, 1972.
[2] FASSEU P., Incendie du tunnel sous la Manche, Expertise des désordres et contrôle de la réparation,
Monographies d'études et de recherches 1996-1997, Document LCPC, 1996.
CONTACT
" Pascal Fasseu 03 20 48 49 49 pascal.fasseu@equipement.gouv.fr
" LRPC de Lille - Unité Bétons et Bâtiments
Fax : 03 20 50 55 09
60
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.8
PRINCIPE
Le principe de la microscopie électronique à balayage consiste à déplacer un faisceau
d'électrons de haute énergie et très focalisé (environ 50 mm de diamètre) suivant une
série de lignes parallèles sur la surface de l'échantillon à analyser. L'interaction du
faisceau d'électrons avec la surface induit plusieurs phénomènes (Fig. 38) : absorption
d'électrons, rétrodiffusion et diffraction d'électrons, émission d'électrons secondaires et
Auger, émission de photons X, UV et visibles (cathodoluminescence). Chacun de ces
effets peut donner lieu à la formation d'une « image », si l'on dispose du détecteur
correspondant, capable de transformer l'effet obtenu en signal électrique.
61
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
Zone d'échappée
Échantillon des électrons
rétrodiffusés
L'utilisation des électrons secondaires est le mode habituel de formation d'images pour
les microscopes à balayage courants. Elle donne une information sur la topographie d'un
échantillon massif. En effet, la grande profondeur de champ et la haute résolution
permettent la visualisation de détails très fins de la microstructure. Le contraste de
composition ou de numéro atomique peut être visualisé à partir des électrons
rétrodiffusés. Par contre, cette technique nécessite de travailler sur des surfaces polies.
Enfin, il est possible d'analyser, à l'aide d'un spectromètre, les photons X caractéristiques
de chaque élément entrant dans la composition chimique de l'échantillon.
DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL
Le dispositif expérimental décrit ici est celui du LCPC. Il s'agit d'un microscope
électronique à balayage PHILIPS XL 30. Il est composé d'une chambre à échantillon, d'une
colonne, d'un détecteur d'électrons secondaires, d'un détecteur d'électrons rétrodiffusés,
de deux écrans de visualisation et d'un système de pompage destiné à assurer le vide
dans la colonne et la chambre. Enfin, le microscope est également équipé d'une
microsonde EDAX DX 4i pour l'analyse en sélection d'énergie du spectre X émis (Fig. 39).
Figure 39 `
Vue d’ensemble du microscope électronique à
balayage.
62
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.8
MÉTHODOLOGIE
63
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
c Figure 40 c Figure 41
Surface d'un béton ne présentant pas de faciès d'altération, en Cristaux d'ettringite aciculaire dans une vacuole. L'ettringite
particulier absence de fissure. Cet échantillon n'a pas subi (3CaO.Al2O3.CaSO4.32H2O) commence à perdre son eau de
d'échauffement au-delà de 100 °C. constitution à partir de 80 °C et devient amorphe pour des
températures supérieures à 100 °C. La présence d'ettringite
(Surface polie, technique des électrons rétrodiffusés, atteste donc que le matériau n'a pas subi une élévation de
grossissement × 60). température au-delà de 100 °C, sauf si un apport d'eau s'est
produit après l'incendie ayant permis alors une réhydratation.
(Fracture fraîche, technique des électrons secondaires,
grossissement × 100).
c Figure 42 c Figure 43
Apparition de fissures au sein de la pâte de ciment dues au Recristallisation sous forme de « roses des sables » de la
départ de l'eau. Phénomène observé pour des températures portlandite (Ca(OH)2) transformée en chaux vive (CaO) lors de
voisines de 200 °C. l'incendie. Phénomène observé pour des températures voisines
de 500 °C.
(Surface polie, technique des électrons rétrodiffusés,
grossissement × 160). (Fracture fraîche, technique des électrons secondaires,
grossissement × 1220).
64
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.8
c Figure 44 c Figure 45
Fractures transgranulaires d'un grain de quartz (SiO2). Ceci Fissuration en forme d'étoile d'un cristal de quartz (α) et joints
correspond à la transformation allotropique du quartz α en inter cristallins (flèches) attestant que le béton a atteint des
quartz β qui se produit autour de 570 °C. Cette transformation températures supérieures à 570 °C.
réversible a des répercussions importantes sur les propriétés
physiques du quartz et induit en particulier une dilatation (0,8 % (Surface polie, technique des électrons rétrodiffusés,
en volume). grossissement × 800).
c Figure 46 c Figure 47
Présence de concrétions de sulfate de calcium amorphe à la Mamelons d'anhydrite en surface de la matrice attestant que le
surface de l'échantillon. À une température voisine de 1000 °C, béton a atteint une température voisine de 1000 °C.
la décomposition des sulfoaluminates de calcium hydratés
(ettringite et monosulfoaluminate) conduit entre autres à la (Fracture fraîche, technique des électrons secondaires,
formation de produits anhydres tel que l'anhydrite (CaSO4). grossissement × 700).
65
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
c Figure 48 c Figure 49
Le faïençage observé traduit un début de décohésion Décohésion généralisée des minéraux constitutifs du granulat
intragranulaire du granite. Les minéraux du granite (feldspaths, granitique. En effet, il se produit à haute température (vers
quartz, micas) se comportent au feu par des variations de leurs 1000 °C) un important retrait des minéraux qui engendre alors
dimensions microstructurelles en fonction de la température. Ce une fissuration du granulat.
phénomène se produit pour des températures voisines de
800 °C. (Surface polie, technique des électrons rétrodiffusés,
grossissement × 100).
(Surface polie, technique des électrons rétrodiffusés,
grossissement × 30).
c Figure 50 c Figure 51
Matrice cimentaire d'aspect vitreux et présentant une Densification et vitrification de la matrice cimentaire. Ceci
macroporosité importante. La forte porosité provient de la s'explique vraisemblablement par le remplacement au cours de
dégradation des phases minérales présentes avant l'incendie l'échauffement des liaisons hydrauliques par des liaisons
(entre autres, vaporisation de l'eau de constitution des céramiques. Ce phénomène débute à partir de 1000/1100 °C.
hydrates). Ce phénomène témoigne d'une élévation de la
température au-delà de 1000 °C. (Surface polie, technique des électrons rétrodiffusés,
grossissement × 80).
(Fracture fraîche, technique des électrons secondaires,
grossissement × 150).
66
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.8
c Figure 52
Phase cristallisée en forme de bâtonnets et de composition
SiO2, CaO à la surface de la matrice. Il s'agit de la wollastonite β
(CaO.SiO2). D'après le diagramme de phases CaO-SiO2, la
formation de wollastonite ne peut arriver qu'à partir d'une
température supérieure à 1125 °C.
(Surface polie, technique des électrons rétrodiffusés,
grossissement × 200).
Références de la zone A’ A’ B B D D E
Température atteinte (°C) 200-400 200-400 200-400 200-400 700-800 800-900 200-400
Références de la zone E E E F F F G
Température atteinte (°C) 200-400 200-400 ≅ 570 ≅ 570 400-500 400-500 < 100
67
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
La zone D apparaît la plus affectée par l'incendie. En effet, le béton a subi une élévation
de température proche de 900 °C. Il est vraisemblable que la partie superficielle du béton,
qui était en contact direct avec le feu et qui s'est décrochée de la voûte (échantillon non
analysé), ait dépassé cette température compte tenu de l'éclatement du matériau.
La zone F a également subi une zone de feu intense mais le béton a été porté à une
température moins élevée (au maximum 570 °C).
La zone E comporte un échantillon pour lequel la température du béton a également
atteint 570 °C. Pour les autres échantillons de cette zone, l'incendie n'a pas engendré un
échauffement important du béton. Celui-ci se situe vers 200 °C - 400 °C. La pâte de ciment
apparaît peu fissurée ce qui milite en faveur d'une température plus proche de 200 °C.
Toutefois, nous ne pouvons pas définir plus précisément la fourchette de température
étant donné l'absence de modifications minéralogiques dans ce domaine de
températures.
Les bétons des zones A' et B ont été soumis à des températures similaires à la zone E,
c'est-à-dire à une température comprise entre 200° et 400 °C.
Enfin, le béton de la zone G, prélevé en dehors de la zone d'incendie, n'a bien subi aucun
échauffement significatif.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] Mode opératoire de l'AFPC-AFREM, Méthodologie d'approche de la microstructure des bétons par
les techniques microscopiques, 1998.
[2] PERSY J.-P., DELOYE F.-X., Investigations sur un ouvrage en béton incendié, Bulletin des
laboratoires des Ponts et Chaussées, 145, pp. 108-114, 1986.
CONTACTS
" Loïc Divet 01 40 43 51 48 loic.divet@lcpc.fr
" Thierry Berthelot 01 40 43 52 36 thierry.berthelot@lcpc.fr
" Laboratoire Central des Ponts et Chaussées - Service physico-chimie des matériaux
Section Pathologie des bétons, Protection et Expertise
Fax : 01 40 43 65 14
68
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.9
PRINCIPE
Le principe de l'analyse thermogravimétrique est de mesurer en fonction du temps ou de
la température les variations de masse d'un échantillon soumis à un programme de
température déterminé.
Le principe de l'analyse thermique différentielle est de mesurer, en fonction du temps ou
de la température, la différence de température entre un échantillon et une référence
provoquée par toutes modifications physique et/ou chimique de l'échantillon lorsqu'ils
sont soumis à une même loi de variation de température.
Ces deux méthodes permettent d'obtenir des données soit qualitatives soit quan-
titatives [1].
La thermogravimétrie et sa dérivée, notée DTG, quantifient les diverses pertes ou reprises
de masse observées au cours de l'essai.
L'analyse thermique différentielle permet une identification des phases responsables des
différentes pertes ou reprises de masse observées au cours de l'essai.
69
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL
Le matériel disponible au LCPC est le suivant :
¾ une thermobalance ou analyseur thermique simultané (25 à 1200 °C) ;
¾ une balance permettant de mesurer la masse initiale de l'éprouvette avec une précision
de ± 0,1 mg ;
¾ des creusets de platine.
La figure 53 donne le principe de fonctionnement d'une thermobalance.
Porte-échantillon DSC
Four
Capillaire pour
entrée des gaz
Porte-échantillon
Radiateurs
Porte-échantillon TG
Tube de protection
Fermeture étanche
QR + QS QR
QS
Système
d'évacuation
Capteur de
déplacement
Balance
Compensation
électromagnétique
Caisson étanche
au vide
c Figure 53
Principe de fonctionnement d’une thermobalance.
70
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.9
_ Figure 54
Analyseur thermique simultané.
MÉTHODOLOGIE
Préparation de l'échantillon
L'échantillon de béton à analyser est fragmenté au concasseur de façon à obtenir une
granulométrie inférieure à 2,5 mm. Cette opération doit se faire en récupérant
soigneusement toutes les fines produites. Prélever au moins 100 g d'échantillon au moyen
d'un échantillonneur ou par quartage. Broyer l'échantillon pendant quelques secondes
puis tamiser à 315 μm. Répéter l'opération « broyage plus tamisage » jusqu'à passage
complet à 315 μm. Transférer l'échantillon dans un flacon propre et sec à fermeture
hermétique, prendre soin de ne pas perdre de fines et agiter vigoureusement pour
l'homogénéiser.
Enfin, une prise d'essai de l'ordre de 180 à 230 mg est placée dans un creuset en platine
(préalablement calciné) compatible avec l'analyseur et pesée avec précision.
Paramètres de l'appareil
Tout appareil analytique nécessite des réglages ou des procédures de correction afin de
donner des résultats fiables et corrects.
Les étalonnages et les corrections des dérives de l'appareil portent sur :
¾ l'étalonnage en température ;
¾ l'étalonnage de la masse ;
¾ la correction de la poussée d'Archimède ou correction de la variation apparente de la
masse en fonction de la température.
Les méthodes utilisées varient en fonction du type de thermobalance et doivent être
appliquées selon des procédures définies en accord avec les constructeurs des appareils.
L'étalonnage et la vérification de la masse peuvent s'effectuer soit par pesage de poids
calibrés soit par analyse thermogravimétrique de références (carbonate de calcium RP,
oxalate de calcium RP).
Le creuset utilisé lors des analyses est calciné avant l'introduction de la prise d'essai et est
manipulé ensuite avec des pinces.
71
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
Description de l'essai
Selon la nature du liant entrant dans la composition du béton à analyser, l'essai se
déroule, soit sous atmosphère inerte, soit sous air. Dans le cas d'un essai sous atmosphère
inerte, la thermobalance doit être dégazée, soit par mise sous vide suivie d'un
remplissage par le gaz inerte, soit par un long balayage par le gaz inerte avant de
commencer les mesures.
L'analyse thermique est conduite suivant le programme de température suivant :
¾ départ à la température ambiante (proche de 25 °C) ;
¾ chauffage linéaire depuis la température ambiante jusqu'à 1150 °C et à une vitesse de
10 °C/min selon les conditions suivantes :
3 soit sous balayage d'azote (80 ml/min),
3 soit sous balayage d'air (80 ml/min).
Remarque : Le débit du gaz de travail (azote ou air) doit rester constant tout au long de
l'essai.
72
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.9
Calcite ATD
C4AHn+/-CO2
0
902,5°C
Brucite Quartz a b
-5
773,2°C
234,2°C
-10
176,5°C
397,2C
573,1°C
-15
116°C
-20 Portlandite
491,4°C
-25 TG
-30
0 200 400 600 800 1000 1200
Température (˚C)
c Figure 55
Courbes ATG et ATD types obtenues avec un échantillon de béton.
73
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
15
10
0
0 200 400 600 800 1000 1200
Température imposée au béton (˚C)
Au-delà d'un échauffement de 600 °C, il ne reste plus d'eau liée aux hydrates du ciment.
Entre 200 et 400 °C, il apparaît des changements dans la répartition de l'eau dite
faiblement (eau hydrates BT) et fortement (eau hydrates HT) liée aux hydrates indiquant
des modifications dans leurs microstructures.
Les teneurs en eau hydroxyle des granulats ainsi que les teneurs en gaz carbonique sont
exprimés par rapport à la masse totale de béton (Fig. 57).
74
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.9
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 200 400 600 800 1000 1200
Température imposée au béton (˚C)
75
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
Les informations issues de l'analyse thermique ont été ensuite confrontées aux résultats
obtenus par microscopie électronique à balayage et par diffractométrie des rayons X, ce
qui nous a permis d'établir le profil de température au sein des deux carottes de béton.
La nature du béton du tunnel du Mont-Blanc ne nous a pas permis d'obtenir un nombre
suffisant de « traceurs » structuraux dans le domaine des températures inférieures à
500 °C. C'est pourquoi, nous avons donné des plages de températures pour certains
niveaux de profondeur. Les résultats de l'estimation des températures auxquelles ont été
soumis les bétons sont rassemblés dans le tableau VI.
TABLEAU VI
Estimation des températures atteintes en fonction du niveau de profondeur
Profondeur (cm) 0-2 2-4 4-6 6-8 8-10 10-12 12-14 14-16 16-18
Température dans la
zone de feu intense ≈ 900 ≈ 600 600/400 400/200 400/200 < 200 < 100 < 100 < 100
(°C)
Température dans la
zone de feu intermé- ≈ 600 ≈ 400 ≈ 400 400/200 400/200 ≈ 200 < 100 < 100 < 100
diaire (°C)
Des essais de répétabilité ont été menés sur une série de dix prélèvements d'une poudre de
calcite RP (pureté de 99 % minimum). La calcite ou le carbonate de calcium se décompose
suivant la réaction : CaCO3 Æ CaO + CO2. La décomposition a lieu pour une température
supérieure à 675 °C et se termine vers 920 °C. La teneur en CO2 est de 43,95 %. Les essais
de répétabilité conduisent à un écart-type de 0,30 % pour cette teneur en CO2.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] NF T 01-021, Analyse thermique : Vocabulaire - Présentation des résultats.
[2] PERSY J.-P., DELOYE F.-X., Investigations sur un ouvrage en béton incendié, Bulletin de liaison des
laboratoires des Ponts et Chaussées, 145, pp. 108-114, 1986.
CONTACT
" Gérard Platret 01 40 43 51 47 gerard.platret@lcpc.fr
" Laboratoire Central des Ponts et Chaussées - Service physico-chimie des matériaux
Fax : 01 40 43 65 14
76
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.10
PRINCIPE
Les rayons X sont des radiations électromagnétiques de très courtes longueurs d'onde (de
0,1 à 10 Å). Les cristaux constituent des réseaux naturels dont les intervalles
caractéristiques (intervalles entre plans réticulaires) sont du même ordre de grandeur que
la longueur d'onde des rayons X. En conséquence, les rayons X sont diffractés par les
cristaux comme la lumière l'est par les réseaux et donnent des phénomènes
d'interférences identiques. Les conditions de diffraction d'un rayonnement X par une
famille de plans réticulaires sont définies par la loi de Bragg :
n λ = 2 d sinθ
ou
n = nombre entier désignant l'ordre de réflexion ;
λ = longueur d'onde du rayonnement X ;
d = distance entre les plans réticulaires d'une même famille (raie exprimée en Å) ;
θ = angle de diffraction.
77
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
Pour qu'il y ait diffraction, il faut que les ondes réfléchies par une famille de plans
parallèles, d'intervalle d, soient en phase c'est-à-dire que la différence de chemin entre les
rayons passant par A et par A' soit égale à un nombre entier de longueurs d'onde n λ
(Fig. 59).
Figure 59 `
S0
Démonstration de la loi de Bragg.
S
A1 A θ
θ d
n m
A'
(π')
(π0) (π)
Chaque espèce minérale ayant un motif cristallin qui lui est propre, deux poudres
d'espèces différentes donnent des spectres de diffraction différents sous le même faisceau
de rayons X.
DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL
Le matériel disponible au LCPC est le suivant :
¾ un générateur de rayons X. Le rayonnement est émis par une anticathode de cobalt
bombardée par un faisceau d'électrons de haute énergie (environ 30 kV) ;
¾ une chambre de diffraction, comportant la fenêtre d'entrée des rayons X, le porte
échantillon et le compteur proportionnel qui se déplace sur le cercle goniométrique,
(cercle gradué en degrés, de 0 à 108°, cf. Fig. 60) ;
¾ une baie de mesure dans laquelle les impulsions du compteur sont amplifiées et
traduites en un signal analogique ;
¾ un module informatique d'acquisition de signal analogique transmis et d'exploitation
des diagrammes de diffractométrie des rayons X. il s'agit d'une station de travail SUN
utilisant des logiciels réalisés sous GKS développés au Laboratoire Central des Ponts et
Chaussées à partir des programmes de GOEHNER et GARBAUSKAS [1].
La figure 60 donne le principe de fonctionnement d'un diffractomètre à rayons X.
Détecteur
Figure 60 ` 2ω
Principe de fonctionnement
d’un diffractomètre à rayons X.
Enregistreur
θ
Foyer de tube
θ
à rayon X
θ Échantillon
78
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.10
_ Figure 61
Vue d’ensemble du diffractomètre à rayons X.
MÉTHODOLOGIE
Préparation de l'échantillon
L'échantillon de béton à analyser est fragmenté au concasseur de façon à obtenir une
granulométrie inférieure à 2,5 mm. Cette opération doit se faire en récupérant
soigneusement toutes les fines produites. Prélever au moins 100 g d'échantillon au moyen
d'un échantillonneur ou par quartage. Broyer l'échantillon pendant quelques secondes
puis tamiser à 315 ou 80 μm. Répéter l'opération « broyage plus tamisage » jusqu'à
passage complet à 315 ou 80 μm. Transférer l'échantillon dans un flacon propre et sec à
fermeture hermétique, prendre soin de ne pas perdre de fines et agiter vigoureusement
pour l'homogénéiser.
Enfin, une prise d'essai de l'ordre de 80 à 100 mg est placée dans la cavité du porte
échantillon (0,6 ml) et surfacée afin d'obtenir une surface bien plane pour éviter les
phénomènes d'exaltation de certaines raies de diffraction des rayons X.
Paramètres de l'appareil
Afin d'améliorer la qualité des enregistrements tant au niveau des tracés, de la symétrie
et de la dimension des pics que de la stabilisation du bruit de fond, il est nécessaire de
travailler avec :
¾ une puissance appliquée au tube de rayons X ne dépassant pas 1500 watts ;
¾ un pas de comptage suffisamment lent ;
¾ des fentes à ouverture fine ;
¾ un couple vitesse de défilement - temps de comptage le plus approprié possible.
Description de l'essai
L'analyse par diffractométrie des rayons X est conduite selon le déroulement suivant :
¾ mise en fonctionnement du générateur de rayons X ;
79
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
J
C
G
F
INTENSITE
4.898
NORMALISEE
100.
2.625
90.
80.
70.
F
E
C
60.
H
J
G
J
H
J
E
F
50.
1.926
G
B C
C
F
F
H
J
E
J
G
H
H
G
3.106
B E G H
40.
G
G H I J
D F G H
G
B D F
E F
G
B D E
J
J
1.795
G
2.779
J
F
3.030
F
G
J
C
G
H
F
J
A E
H J
J
E
H
F
J
F
J
30.
D
G
H
A
2.967
2.671
D
F
1.686
F
E
E
J
9.654
D
F
H
2.747
1.821
2.557
2.190
2.056
3.865
2.022
1.982
2.283
1.727
3.465
5.587
3.650
20.
7.283
8.870
4.691
4.011
4.398
7.585
10.
0.
4.0 11.0 18.0 25.0 32.0 39.0 46.0 53.0 60.0 67.0
2-THETA Co K ALPHA1- 3
c Figure 62
Diagramme de diffraction des rayons X d’une pâte de ciment durcie.
(Intensité en coups normalisés en fonction de 2 θ du Co kα 1-3, les raies sont exprimées en Å et correspondent à la
distance inter-réticulaire).
80
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.10
TABLEAU VII
Évolution de la minéralogie des hydrates du ciment et des granulats du béton du tunnel du Mont Blanc
Minéral
25 °C 200 °C 400 °C 600 °C 800 °C 1000 °C
Température
81
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
82
PARTIE 3 - MÉTHODES D’ESSAI DE LABORATOIRE - MÉTHODE 62.10
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] RAYMOND P., GOHNER and MARY F. GARBAUSKAS, PDIDENT-A, Set of programs for powder
diffraction phase identification, X-Ray Spectrometry, vol. 13, n° 4, pp. 172-179, 1984.
[2] Powder Diffraction File (PDF-1), édité par ICDD (International Centre for Diffraction Data),
USA.
[3] HOLTZAPFFEL T., Les minéraux argileux, Société Géologique du Nord, Publication n° 12,
136 pages, 1985.
CONTACT
" Gérard Platret 01 40 43 51 47 gerard.platret@lcpc.fr
" Laboratoire Central des Ponts et Chaussées - Service physico-chimie des matériaux
Fax : 01 40 43 65 14
83
Partie 4
Retour
d’expériences
sur d’autres
méthodes
85
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.11
] DE COMPRESSION
LA RÉFRACTION DES ONDES MÉTHODE
62.11
OBJECTIF
Dans sa forme la plus simple, cette méthode permet de mesurer les épaisseurs de couches
planes ainsi que la vitesse de propagation des ondes de compression dans chacune
d'entres elles. Un pré-requis incontournable est la croissance des vitesses en fonction de
la profondeur.
Plus généralement, un protocole expérimental classique en géophysique permet de traiter
le cas de couches non planes et donc de caractériser les variations d'épaisseur des
couches [1].
PRINCIPE
La figure 63 explique le principe de la réfraction des ondes de compression dans le cas
d'interfaces planes pour un milieu avec trois couches (caractérisées par des vitesses des
ondes de compressions V0, V1 et V2 croissantes avec la profondeur et d'épaisseur e0, e1 et
e2) reposant sur un milieu infini de vitesse V3 (le principe reste le même quel que soit le
nombre de couches) [1].
Source
Capteur Temps d’arrivée
V0
e0
1/V3
V1 T3 1/V2
e1
T2 1/V1
V2
e2 T1 1/V0
T0
V3 xc
Distance source capteurs
Trajets des rayons directs et réfractés des ondes
de compression dans le cas de marqueurs horizontaux
c Figure 63
Principe d’utilisation de la réfraction des ondes de compression.
87
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
1 + V0 /V1
l'abscisse du premier point de brisure est égale à : x c = 2e 0 .
1 − V0 /V1
Le dispositif doit donc être plus long et sur chaque portion de droite plusieurs points de
réception sont nécessaires pour la détermination fiable des vitesses. Le principe peut être
étendu à un milieu bi-dimensionnel : il convient alors de disposer d'au moins cinq points
source : un à chaque extrémité de la ligne de capteur, un au milieu des capteurs et un
point source éloigné de chaque coté.
EXEMPLE [2]
Les signaux enregistrés pour l'auscultation du tunnel du Mont-Blanc faisaient l'objet d'un
travail de recherche sans rapport avec la méthodologie de mesure de géophysique
appliquée utilisée classiquement en sismique réfraction. Ceci explique le grand nombre
de données recueillies, qui n'est pas nécessaire pour une utilisation optimale de ce
principe. L'objectif de ce paragraphe est donc d'illustrer le principe de la méthode décrit
plus haut et non de présenter une méthodologie optimale d'application.
Dans le cadre de la campagne de mesure dans le tunnel du Mont-Blanc, trois zones tests
ont été auscultées :
X Une zone dite Non Endommagée (à côté du carottage G1 - PK7268.5) dénommée ci-
après zone NE.
Y Une zone dite Moyennement Endommagée (à côté du carottage E1 - PK6680)
dénommée ci-après zone ME.
Z Une zone dite Très Endommagée (à côté du carottage F1 - PK6898.5) dénommée ci-
après zone TE.
Matériel utilisé
¾ La source est une bille maintenue éloignée de la surface par un électroaimant et
couplée à un accéléromètre pré-amplifié pour le déclenchement de l'acquisition.
¾ Le système d'acquisition de transitoire possède 32 voies (ACQTRANS). La fréquence
d'échantillonnage utilisée est de 500 kHz par voie. 8192 points sont enregistrés.
88
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.11
Résultats
Les temps de propagation entre source et capteur sont pointés sur les signaux non
sommés bruts (Fig. 64).
c Figure 64
Temps d’arrivée en fonction de la distance source capteurs.
(À gauche : zone NE - Au milieu : zone ME - À droite : zone TE).
TABLEAU VIII
Résultat avec un milieu bi-couche
Zone V0 e0 V1
89
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
Rappelons qu'un béton sain a, en général, une vitesse des ondes de compression
supérieure à 3500 m/s.
La première information issue de ce tableau est que, quelle que soit la zone considérée,
un béton de mauvaise qualité est présent en surface sur des épaisseurs centimétriques.
Ensuite, l'analyse des valeurs de V0 obtenues révèle que le béton de surface a des
caractéristiques mécaniques, ou niveaux d'endommagement, très différents suivant la
zone considérée. La zone ME apparaît comme plus endommagée que la zone TE, avec
une vitesse très faible (870 m/s). La zone TE est elle-même nettement plus endommagée
que la zone NE. De surcroît, l'épaisseur de l'endommagement e0, calculée avec une
hypothèse de milieu bicouche, est plus importante pour la zone ME que pour les zones
TE et NE.
Finalement, les valeurs de V1, notamment celles obtenues pour la zone TE, et l'allure des
courbes « Temps d'arrivée en fonction de la Distance source capteurs » (sans doute plus
de deux pentes 1/Vi visibles) suggèrent que le béton a été endommagé plus
profondément par l'incendie que sur l'épaisseur e0, et/ou avait des caractéristiques
mécaniques initiales faibles.
Dans le cas du tunnel du Mont-Blanc cette méthode permet donc de déterminer
l'épaisseur de la première couche endommagée et de caractériser cet endommagement
par l'intermédiaire de la vitesse des ondes de compression dans cette couche.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] LAVERGNE M., Méthodes sismiques, Edition Technip, 1986.
[2] ABRAHAM O., DÉROBERT X., Non-destructive testing of fired tunnel walls : the Mont-Blanc
tunnel case study, NDT&E Int., pp. 411-418, 36, 2003.
CONTACT
90
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.12
OBJECTIF
Cette méthode de reconnaissance non destructive à grand rendement permet d'obtenir
des informations sur les géométries internes des structures de génie civil [1]. Suivant le
choix de la fréquence centrale utilisée, il est possible d'ausculter les structures ou les sols
jusqu'à des profondeurs variant de quelques décimètres à quelques mètres. Son emploi
reste cependant limité à des matériaux électriquement résistants, laissant les ondes radar
se propager.
Lorsque l'on cherche avec précision des épaisseurs, il est alors nécessaire de s'étalonner
localement dans le but d'obtenir la vitesse de propagation des ondes radar dans le béton.
Pour cela, on peut soit utiliser un sondage destructif (réalisation d'une carotte), soit
s'appuyer sur des informations précises (épaisseur de béton connue, hétérogénéité
connue à une profondeur connue).
Cette méthode est bien adaptée à des applications comme la localisation des armatures
dans du béton armé ou précontraint ou la mesure des épaisseurs des couches de
chaussées (elle est actuellement employée par quatre Laboratoires Régionaux des Ponts
et Chaussées).
Concernant l'application des bétons incendiés, elle permet d'obtenir les épaisseurs
globales de béton coffré, de localiser le renforcement s'il existe, et d'avoir une idée de
l'état de fracturation (fractures importantes supérieures au millimètre). Il est à noter que
cette méthode manque de recul pour cette application.
PRINCIPE
La technique radar repose sur l'utilisation d'impulsions électromagnétiques émises par
une antenne d'émission. Celles-ci se propagent en s'atténuant dans les matériaux et à
chaque interface de deux matériaux électromagnétiquement différents, une partie de
l'énergie de l'impulsion est réfléchie vers la surface. Les échos successifs sont alors
enregistrés dans un signal temporel par l'antenne de réception. En général, les antennes
émettrice et réceptrice se situent dans un même boîtier, ce qui correspond à une
configuration classique d'acquisition.
La juxtaposition des signaux temporels enregistrés lors du déplacement de l'antenne
radar (émettrice-réceptrice) permet d'obtenir une coupe-temps, souvent présentée avec
une échelle de couleurs (ou de niveaux de gris) corrélée aux amplitudes des signaux, et
donnant des informations géométriques sur la structure auscultée (Fig. 65).
91
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
Figure 65 `
Construction d’un profil radar sur
un bloc de béton.
EXEMPLE [2]
Après l'incendie du tunnel du Mont-Blanc, la section Reconnaissance et Géophysique du
LCPC a été amenée à réaliser des essais radar sur quelques zones tests : une zone saine,
une zone moyennement endommagée et une zone très endommagée.
La figure 66 montre un exemple de profil, réalisé à 1500 GHz, sur la zone moyennement
endommagée.
Figure 66 `
Profil radar traité (1,5 GHz), réalisé
sur 10 mètres dans la zone très
endommagée.
On note que le béton présente un niveau de fracturation important avec des interfaces
correspondant à de forts contrastes électromagnétiques, suggérant deux à trois natures de
matériaux très différents. Le manque d'expérience n'autorise pas des interprétations plus
avancées quant à l'origine de ce type d'échos (qui n'existent pas dans un béton sain,
cf. Fig. 65).
Les conclusions partielles que l'on peut tirer de cet exemple portent à la fois sur
l'existence de plusieurs couches de matériaux électromagnétiquement différents dans le
béton (constat que l'on retrouve également sur les mesures de réfraction des ondes
mécaniques - cf. exemple sur la fiche correspondante), et sur le fait que cette « structure »
reste homogène sur les dix mètres auscultés et donc que les mesures de réfraction sont
représentatives de tout ce linéaire.
L'avantage de cette méthode est de réaliser de grands linéaires, en amont de sondages
destructifs ou de mesures locales non destructives, afin de les positionner au mieux pour
qu'ils soient représentatifs de zones considérées comme homogènes. On valorise ainsi à
la fois les sondages destructifs et l'interprétation radar qui peut être plus élaborée.
92
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.12
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] DÉROBERT X., COFFEC O., Investigation radar de structure - Performances envisageables pour
des applications sur ouvrages d'art, Bulletin des laboratoires des Ponts et Chaussées, vol. 230,
pp. 57-66, 2001.
[2] ABRAHAM O., DÉROBERT X., Non-destructive testing on fired tunnel walls. A case history: the Mont-
Blanc tunnel, NDT&E, vol. 36, pp. 411-418, 2003.
CONTACTS
93
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.13
] À UN FAÏENÇAGE DE PAREMENT
TRAITEMENT D’IMAGE APPLIQUÉ MÉTHODE
62.13
DE BÉTON APRÈS UN INCENDIE
PRINCIPE
La méthode repose sur l'hypothèse que la géométrie du faïençage reflète la dégradation
du béton et dépend de l'intensité de l'incendie.
L'appareil photo est positionné par rayon laser au centre du cercle correspondant à l'arc
de la voûte, les images sont ainsi toutes à la même échelle.
Un logiciel de traitement d'image, utilisable sur PC et disponible au CETU, a été
développé pour analyser les clichés réalisés après incendie dans des zones faïencées. Une
procédure de traitement a été adaptée à ce type d'images. Le logiciel permet de traiter en
série toutes les images stockées dans un même répertoire. Les paramètres calculés (aire,
périmètre, etc.) sont stockés dans un fichier exploitable sur tableur [1 et 2].
Les figures 67 et 68 montrent toutes les étapes de la procédure de traitement d'images.
La suie des fumées de l'incendie, poussée par un fort courant d'air, s'est déposée suivant
une direction privilégiée, soulignant les lèvres des fissures.
_ Figure 67
Image initiale représentant une surface
d’environ 1 m2.
95
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
1. Passage en niveau de gris avec rehaussement des contours 4. Élimination de pixels isolés puis squelettisation
à l’aide du modèle LIP (Logarithmic Image Processing). et ébarbulage.
c Figure 68
Séquence d’images détaillant les étapes du traitement.
96
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.13
EXEMPLE
Après l'incendie du tunnel du Mont-
Blanc, trente images présentant un
faïençage quantifiable ont été traitées.
L'aire moyenne des cellules et la
variance de ce paramètre, permettant
d'en exprimer la dispersion, ont été
retenues comme paramètres géo-
métriques de chaque photographie.
Les valeurs centrées réduites calculées
à l'aide de la moyenne et de l'écart-
type ont été utilisées afin d'enlever
7. Carte des distances construite sur les lignes précédentes. toute dimension aux valeurs et d'en
faciliter les comparaisons.
Afin de valider l'hypothèse de la
méthode (paramètres géométriques
représentatifs de la dégradation du
béton incendié), des corrélations ont
été effectuées avec des mesures de
dureté de surface, évaluées par
sclérométrie dans la zone centrale de
chacune des images (Fig. 69).
Dans cet exemple, la corrélation entre
les aires moyennes et les résistances
sclérométriques montre que l'aire
moyenne des cellules de faïençage est
d'autant plus faible que la résistance
8. Extraction des cellules par l’opérateur superficielle du béton après l'incendie
appelé ligne de partage des eaux. est faible. La résistance diminuant avec
la température, cela conforte l'idée que
l'aire des cellules de faïençage pourrait
être un indicateur pertinent pour
évaluer les dommages engendrés par
un incendie (Fig. 70).
La corrélation de la variance de l'aire
avec les mêmes valeurs scléro-
métriques apporte d'autres rensei-
gnements : on remarque que plus la
dureté superficielle du béton incendié
est faible, plus la variance de l'aire des
cellules (dispersion) est élevée. Le
faïençage semble être d'autant moins
9. Élimination des cellules incomplètes ; on ne garde homogène que le béton est fortement
que les cellules complètes qui ne touchent pas les bords endommagé (peu résistant) après
(surlignées de rouge) afin de pouvoir calculer correctement l'incendie.
aires, périmètres et coefficients de forme des cellules.
97
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
3
3
Aire moyenne des cellules (variable centrée réduite)
2,5
2,5
2
0,5 1
0 0,5
-2,5 -2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2 2,5
-0,5
0
-1 -2,5 -2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2
-0,5
-1,5
-1
-2
-2,5 -1,5
c Figure 69 c Figure 70
Corrélation aire moyenne des cellules - Corrélation aire variance des aires dans une image -
mesures sclérométriques. mesures sclérométriques.
Ces observations nécessitent une confirmation sur d'autres cas de bétons incendiés si l'on
veut espérer pouvoir généraliser les résultats, les caractéristiques initiales du béton
(résistance, porosité, etc.) risquant de modifier totalement la géométrie du faïençage.
L'intérêt de cette approche réside dans son aspect non destructif et sa possibilité de mise
en œuvre simple et rapide. On peut pour l'instant envisager une recherche de corrélation
« faïençage-résistance » dans une zone limitée et, en cas de succès, une application de la
méthode de traitement d'images sur une zone plus étendue.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] MASTIER M., Traitement d'image appliqué au faïençage du béton, mémoire de DEA de
l'Université Jean Monet, 2001.
[2] GIROUD C., Traitement d'images numériques appliqué aux tunnels, Mémoire IUP Génie
Mathématique et Informatique, Grenoble, 2004.
CONTACTS
98
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.14
PRINCIPE
La couleur dépend des interférences des différentes longueurs d'onde de la lumière
incidente quand celle-ci se reflète sur une surface aux motifs réguliers, comme celle d'un
cristal. La variation des formes de cristallisation d'un béton se traduit donc par une
couleur différente. Comme cette cristallisation n'est pas réversible, le béton conserve la
couleur qui correspond à la plus forte température atteinte.
Diagramme L, a, b
Figure 71 `
Diagramme L, a, b de colorimétrie.
99
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
EXEMPLE
Cette méthode a été utilisée après l'incendie du tunnel du Mont-Blanc [1 et 2]. Le
colorimètre employé est le CR210 de Minolta, qui peut fournir les valeurs mesurées sous
plusieurs formes. Les coordonnées L, a, b ont été retenues (Fig. 72).
Figure 72 `
Exemple de découpage d’une
carotte de béton incendié. La
mesure colorimétrique est faite sur
chaque face de chaque tranche.
Sur cet exemple, l'étalonnage n'a pu être réalisé dans des conditions satisfaisantes
(Fig. 73). On note toutefois l'évolution des paramètres a et b en fonction de la profondeur.
Le paramètre b semble particulièrement sensible. Les cinq centimètres de décroissance
rapide correspondent à une profondeur de dégradation rencontrée dans de nombreuses
zones du tunnel.
D'autres essais sont nécessaires afin de vérifier la pertinence des mesures colorimétriques
pour évaluer la profondeur des zones dégradées par incendie.
100
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.14
_ Figure 73
4 Mesures de deux coordonnées chro-
b
3 matiques le long de la carotte.
2 Abscisse : profondeur par rapport à la
1 surface de la voûte (en cm).
a
0 Ordonnée : les paramètres a et b des
0 2 4 6 8 10 12 14 mesures de chromaticité (le paramètre L
-1 x s'est avéré peu discrimant).
-2
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] FAURE R.-M., HÉMOND G., Reconnaissance de l'état du béton du tunnel du Mont-Blanc, après
l'incendie de mars 1999, Proc World Tunnel Congress, Milan 2001, Patron Editore, Bologna,
pp. 555-562, 2001.
[2] FAURE R.-M., POZZI V., TRASINO C., HÉMOND G., Colour and speed drill measurement for risk
mitigation of a lining after a fire, The experience of Mont-Blanc tunnel, Proc World Congress Tunnel,
Sydney 2002, on CD rom, 2002.
CONTACTS
" René-Michel Faure 04 72 14 34 81 rene-michel.faure@equipement.gouv.fr
" Catherine Larive 04 72 14 34 38 catherine.larive@equipement.gouv.fr
" Centre d’Études des Tunnels (CETU), 25 avenue François Mitterrand, case n° 1
69674 Bron cedex
Fax : 04 72 74 59 30
101
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.15
PRINCIPE
Le principe consiste à mesurer la vitesse de pénétration d'un foret, qui peut être
directement reliée à la résistance du milieu traversé.
EXEMPLE
Après l'incendie du tunnel du Mont-Blanc, plus de 500 forages destructifs avec
enregistrement des paramètres ont été effectués dans la zone incendiée [1 et 2]. Fixant les
paramètres de la machine à une valeur nominale, les principaux paramètres de forage
sont enregistrés (vitesse instantanée de pénétration, pression en tête, couple de rotation,
pression du fluide et vitesse de rotation) (Fig. 74).
_ Figure 74
Forage en voûte avec enregistrement des paramètres.
Cinq forages en étoile ont été effectués par profil.
103
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
c Figure 75
Graphes d'enregistrement du paramètre vitesse instantanée de pénétration.
(Extraits du rapport « Évaluation des dommages », Société GEOS, mars 2000).
Les trois premiers graphes traduisent l'effet de l'incendie qui altère les premiers
centimètres de béton (vitesse de pénétration élevée puis nettement plus faible et
relativement homogène). Le profil 4 est celui d'un forage dans une zone non soumise à
l'incendie (on retrouve une valeur stable comparable à celle des profondeurs non
affectées des trois premiers profils). Le profil 5 correspond également à une zone non
incendiée mais dont le béton est de très mauvaise qualité (cas fréquent dans le tunnel
sous le Mont-Blanc).
Une schématisation des ces courbes peut être faite suivant le schéma de la figure 76.
Profondeur
La première valeur (P1) correspond à une vitesse de pénétration rapide dans un béton de
très mauvaise qualité. La seconde (P2) est la profondeur au-delà de laquelle la vitesse est
stable et une valeur relativement faible. Elle correspond à la profondeur au-delà de
laquelle le béton a gardé ses caractéristiques initiales, sans avoir été perturbé par la
chaleur.
Les profondeurs P1 et P2 ont été évaluées pour les 500 forages réalisés au Mont-Blanc. Les
valeurs obtenues ont ainsi pu être cartographiées (Fig. 77).
104
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.15
c Figure 77
Cartographie des profondeurs de béton dégradé.
Portion de 150 m de tunnel avant le garage 21 en arrivant de France, zone la plus touchée.
Cette cartographie s'est heurtée à une difficulté liée au nombre de mesures nécessaires
pour obtenir des résultats vraiment représentatifs de l'ensemble d'une zone. Dans cet
exemple, l'utilisation d'interpolations linéaires entre deux valeurs et l'espacement
longitudinal entre points de mesure rendent le résultat cartographique peu fiable.
On retient toutefois que les profondeurs dégradées ont été globalement assez faibles
(béton intact après une vingtaine de centimètres). On peut penser que cette faible
épaisseur des dégradations est liée à l'absence de phénomène d'écaillage (béton très
poreux), les premiers centimètres ayant limité la montée en température du béton en
profondeur.
Ces faibles valeurs ont été confirmées par d'autres méthodes d'investigation et par les
épaisseurs de réparation du béton dégradé mises en œuvre après destruction à l'hydro-
fraise.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] FAURE R.-M., HÉMOND G., Reconnaissance de l'état du béton du tunnel du Mont-Blanc, après
l'incendie de mars 1999, Proc. World Tunnel Congress, Milan 2001, Patron Editore, Bologna,
pp. 555-562, 2001.
[2] FAURE R.-M, POZZI V., TRASINO C., HÉMOND G., Colour and speed drill measurement for risk
mitigation of a lining after a fire - The experience of Mont Blanc tunnel, Proc. World Congress
Tunnel, Sydney, on CD rom, 2002.
105
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
CONTACTS
" René-Michel Faure 04 72 14 34 81 rene-michel.faure@equipement.gouv.fr
" Catherine Larive 04 72 14 34 38 catherine.larive@equipement.gouv.fr
" Centre d’Études des Tunnels (CETU), 25 avenue François Mitterrand, case n° 1
69674 Bron cedex
Fax : 04 72 74 59 30
106
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.16
PRINCIPE
Les cristaux présents dans les roches se transforment progressivement au cours du temps
sous l'effet de la radioactivité naturelle de la terre. Or, si pour une raison quelconque, on
apporte au cristal une certaine élévation de température, les modifications structurales
engendrées au cours du temps par la radioactivité naturelle disparaissent. L'énergie
accumulée par le « bombardement » radioactif est libérée sous l'action de la chaleur et se
manifeste par une émission de lumière qui dure tout le temps nécessaire au retour à l'état
originel du cristal. Ce phénomène est appelé la radio-thermo-luminescence (Fig. 78 et
Fig 79).
c Figure 78 c Figure 79
Exemple d'un étalonnage de la réponse de thermo- Résultat de l'évaluation par TL de la température (courbe
luminescence (abscisse) sur des échantillons chauffés en inférieure) à une profondeur de 30 - 35 mm dans le béton d'un
four de laboratoire pendant 8 heures à des températures tunnel incendié en fonction de la position par rapport à
comprises entre 100 à 350 °C (ordonnée) d’après [1]. l'épicentre de l'incendie (ordonnée) d’après [1].
107
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
EXEMPLE
Dans la pratique, pour l'expertise de béton incendié, on procède dans un premier temps
à un étalonnage du signal de TL sur des corps d'épreuve en béton issus de zones
indemnes de l'ouvrage soumises artificiellement à des échauffements à température
variable mais de durée égale à celle subie par l'ouvrage (Fig. 78). Des mesures de TL sont
ensuite réalisées sur des échantillons provenant de zones incendiées de l'ouvrage et à
différentes profondeurs dans le béton. La comparaison du signal de TL des éprouvettes
chauffées en laboratoire avec celui obtenu sur les échantillons prélevés en zones
incendiées permet alors d'évaluer les températures atteintes par ces derniers (Fig. 79). La
qualité de la réponse de cette méthode dépend essentiellement du niveau du signal de TL
que restituent les minéraux présents dans le béton et en particulier de l'état de
cristallisation de ces derniers. Dans des conditions favorables, il est possible d'obtenir une
résolution de 10 à 20 °C sur l'évaluation de la température atteinte par le béton résiduel
de l'ouvrage.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] SANDERSON D.C.W., SPENCER J.Q., NAYLOR J.D., Storebaelt bored tunnel. Luminescence testing of fire
damaged concrete. SURRC reports to Mott MacDonald, 1995.
[2] PLACIDO F., Thermoluminescence Testing for fire-damaged concrete, Mag. Concrete Res., 32, pp. 112-
116, 1980.
[3] SPENCER J.Q., SANDERSON D.C.W., Mapping thermal exposure by luminescence thermometry,
Radiation and Measurements, 23, 2/3, pp. 465-468, 1994.
CONTACT
" Pascal Fasseu 03 20 48 49 49 pascal.fasseu@equipement.gouv.fr
" LRPC de Lille - Unité Bétons et Bâtiments
Fax : 03 20 50 55 09
108
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.17
OBJECTIF
L'utilisation des ondes de surface permet la détermination d'un profil des vitesses
de cisaillement du béton en fonction de la profondeur. Cette vitesse de cisaillement
Vs est reliée au module de cisaillement dynamique Gmax par la relation suivante
Vs = G max ρ où ρ est la densité.
Cette technique est à ce jour moins familière que la sismique réfraction car elle requière
un minimum d'expertise tant en propagation d'ondes guidées qu'en traitement du signal
et en théorie des problèmes inverses.
PRINCIPE
Les ondes de surface ont une profondeur de pénétration voisine de leur longueur d'onde,
leur comportement va dépendre de la fréquence. Les petites longueurs d'onde porteront
des informations sur le milieu proche de la surface tandis que les plus grandes longueurs
d'onde renseigneront sur le milieu plus en profondeur. Si les propriétés mécaniques du
béton varient en fonction de la profondeur, la vitesse des ondes de surface variera en
fonction de la fréquence : l'onde est dispersive. Ce sont ces variations de la vitesse (de
phase et ou de groupe) en fonction de la fréquence qui vont être utilisées pour
reconstruire le milieu en résolvant un problème inverse.
Le dispositif expérimental pour enregistrer les ondes de surface appelé MASW se
compose d'une source (impulsionnelle de type marteau ou entretenue de type pot
vibrant) et d'une série de capteurs non résonants alignés avec la source (Fig. 80). Comme
le problème inverse repose sur des hypothèses de champ lointain, la distance qui sépare
la source du premier capteur x1 doit classiquement être supérieure à la moitié de la
longueur d'onde maximale utilisée (et par extension supérieure à la profondeur
maximale d'investigation). Le milieu reconstruit est uni-dimensionnel : il s'agit d'une
succession de couche. Un ordre de grandeur pour la première épaisseur e1 est la moitié
de la longueur d'onde minimale utilisable. Plus la résolution en épaisseur de la première
couche e1 est faible plus la longueur du dispositif total doit être réduite pour conserver
dans les signaux les informations hautes fréquences.
L'espacement entre capteur doit être inférieur à la moitié de la longueur d'onde minimale
utilisée (Fig. 80).
109
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
Vitesse (m/s)
inverse
x1 > λmax/2 Vsn en
Fréquence (kHz) z
z
c Figure 80
Principe de la méthode MASW.
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE
[1] PARK C.P., MILLER R., XIA J., Multichannel Analysis of Surface Waves, Geophysics, 64(3),
pp. 800-808, 1999.
CONTACT
" Odile Abraham 02 40 84 59 18 odile.abraham@lcpc.fr
" Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
Division Reconnaissance et mécanique des sols
Fax : 02 40 84 59 99
110
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.18
] LA MÉTHODE MASW
(Modal Analysis of Surface Waves)
MÉTHODE
62.18
Mise au point à l'Université de Sherbrooke [1 à 4], cette méthode ne doit pas être
confondue avec une autre méthode MASW (Multichannel Analysis of Surface Waves).
Cette méthode de l'Université de Sherbrooke sera indicée S par la suite.
DOMAINE D’APPLICATION
Pour le mécanicien des sols, il s'agit d'obtenir des valeurs quantitatives sur un sol non
remanié, pour une meilleure connaissance du sous-sol. La méthode MASWS permet aussi
d'atteindre le coefficient de Poisson, donc dans un sol, l'identification du niveau
pièzométrique.
Pour le constructeur « béton », elle permet de connaître la qualité de la mise en place d'un
béton et les paramètres mécaniques de ce dernier. Suite à un incendie, le niveau de
dégradation du béton peut être quantifié.
PRINCIPE
Les ondes de cisaillement utilisées intéressent le squelette solide et l'analyse est faite en
contraintes effectives, alors que l'utilisation d'une onde de compression conduit souvent
dans un sol saturé à retrouver la vitesse de cette onde dans l'eau, soit environ 1500 m/s.
L'analyse est faite en petites déformations et en élasticité.
La théorie montre que les ondes de surface (ondes de Raleigh) s'amortissent
exponentiellement avec la profondeur. On admet qu'à une longueur d'onde de
profondeur, l'amplitude est suffisamment faible pour dire que la pénétration des ondes
de surface est d'une longueur d'onde dans le milieu. Ceci va permettre de distinguer les
ondes de différentes longueurs d'ondes.
Dans la méthode MASWS, l'ébranlement est réalisé par un choc, c'est-à-dire que le spectre
des ondes émises est très large. Ce large spectre va permettre de différencier les niveaux
du milieu afin d'obtenir un profil de caractéristiques. Le choc initial génère aussi des
modes harmoniques qui pénètrent moins profondément que le mode fondamental et
seront aussi utilisés dans l'analyse grâce à la puissance des calculateurs. La disposition
régulière des seize des capteurs permet un traitement par décalage qui fournit une
tomographie du milieu.
Les ondes de surface ainsi utilisées permettent d'obtenir une tomographie sur un profil
en fonction de Gmax, donc une stratigraphie et les paramètres géotechniques
correspondants : Id, s'p, etc. À l'aide de relations empiriques, il est même possible de
normaliser les résultats pour une contrainte de confinement connue, par exemple
100 kPa, ce qui est utilisé pour la détection des zones liquéfiables en cas de séisme.
111
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
Figure 81 ` Source
16 m MASW-1 MASW-2
Exemple de configuration de la
méthode MASWS.
Profil 1
Profil 2
Profil 3
Profil 4
Profil 5
Vitesse de phase (m) Vitesse des ondes de cisaillement (m/s) Coefficient de Poisson
100 200 300 400 500 600 700 800
50 150 250 350 450 550 650 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
0 0
5
20 R-6
10
R-5
40 15
R-4
60 20
25
80 R-3
30
100 35
R-2
40
120
45
140 50
55
160 Modes expérimentaux
R-0 60 Roc
Modes théoriques
180 R-1
65
Longueur d'onde (m) Profondeur (m)
c Figure 82
Exemple d’identification des différents modes des ondes de Rayleigh.
112
PARTIE 4 - RETOUR D’EXPÉRIENCES SUR D’AUTRES MÉTHODES - MÉTHODE 62.18
EXEMPLES
Le premier type d'application correspond à la tomographie d'un profil de sol. Cela
permet de détecter les zones faibles (risque de liquéfaction, les vides plein d'eau ou d'air,
etc.). L'information obtenue est une quantification mécanique et non pas géologique
(Fig. 83).
c Figure 83
a. Contours de vitesse des ondes de cisaillement.
b. Contours de vitesses normalisées pour une contrainte effective de 100 kPa.
En 2000, comme second type d'application, la méthode MASWS a été, au tunnel du Mont-
Blanc, utilisée pour la première fois sur du béton, pour évaluer l'épaisseur de béton plus
ou moins détruite par la chaleur. Des tomographies de 0,8m × 0,8m ont été faites. Les
résultats ont été comparés aux nombreuses autres méthodes d'investigation et sont tout
à fait concordants. Le contact béton - rocher a été clairement mis en évidence.
En 2004, au tunnel de Fontain lors d'une autre campagne, les anomalies de contact roche
revêtement ont été mises en évidence (Fig. 84).
_ Figure 84
Tunnel de Fontain : mise en œuvre de la méthode
(mars 2004) (16 capteurs collés au parement, la
centrale d'acquisition et le calculateur, alimentation
par un groupe 1,5 kW).
113
Méthodes d’essai n° 62 Présentation des techniques de diagnostic de l’état d’un béton soumis à un incendie
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
[1] KARRAY M., LEFEBVRE G., Identification and Isolation of Multiple Modes in Rayleigh Waves
Testing Methods, Use of Geophysical Methods in Construction, Proceedings of the sessions
of Geo-Denver 2000, ASCE, Denver, Colorado, USA, pp. 80-94, 2000.
[2] LEFEBVRE G., KARRAY M., New Developments in in-situ Characterization Using Rayleigh
Waves, 51e Canadian Geotechnical Conference, Edmonton, Alberta, Canada, Vol. 2,
pp. 821-828, 1998.
[3] LEFEBVRE G., KARRAY M., Utilisation des ondes de surface dans les investigations
géotechniques pour une meilleure évaluation du risque en génie civil, Colloque Risque en
Génie Civil, 9 p., Tunis, mars 2004.
[4] LEFEBVRE G., KARRAY M., FAURE R.-M., Results of surface waves testing in the investigation
of the Mont-Blanc tunnel after the 1999 fire, Proc Int. site characterization, 9 p., Porto,
sept. 2004.
CONTACTS
114
Document publié par le LCPC sous le numéro J1050423
Conception et réalisation LCPC-DISTC, Marie-Christine Pautré
Dessins LCPC-DISTC, Philippe Caquelard
Impression Jouve - N° 387918 N
Dépôt légal 4e trimestre 2005
L'objet de ce document est de faire le point sur les techniques de diagnostic de l'état d'un béton
soumis à un incendie. Il est structuré en quatre parties :
- Partie 1 : Généralités
- Partie 2 : Observations et mesures in situ
- Partie 3 : Méthodes d'essai de laboratoire
- Partie 4 : Retour d'expériences sur d'autres méthodes
La première partie rappelle quelques généralités sur l'évolution du matériau béton sous l'effet de la
température et donne des notions sur la démarche à mettre en œuvre pour réaliser un diagnostic
fiable et pertinent. La seconde partie concerne les observations et les mesures que l'on peut
effectuer in situ. La troisième partie rassemble les méthodes de mesure et d'essais de laboratoire
disponibles dans le réseau des Laboratoires des Ponts et Chaussées et pour lesquelles il existe une
longue expérience. La dernière partie présente certaines méthodes de mesure et d'essai en cours
de développement, mais qui paraissent prometteuses.
The objective of this document is to describe diagnosis methods to investigate the condition of
concrete subjected to fire. It is organised in four parts, as follows :
- Part 1: General information.
- Part 2: In situ observations and measurements.
- Part 3: Laboratory testing methods.
- Part 4: Experience feedback with others methods.
The first part is devoted to general information on the evolution of the properties of concrete with an
increase of the temperature and gives the concepts to carry out a reliable and relevant diagnosis.
The second part describes observations and measurements which can be carried out in situ. The
third part presents laboratory methods and tests, for which there is a long experiment in the LPC
network. The last part presents some measurement and test methods under development, but which
appear promising.
Réf : ME 62
Prix : 35 Euros HT