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OBJECTIF PAGE
DÉCOUVRIR LA TECHNIQUE 10
UN EFFORT QUOTIDIEN 10
L’APPROCHE ET MÉTHODOLOGIE 13
LA PRATIQUE MÈNE À LA CONNAISSANCE 14
LA VÉRITÉ RÉSIDE DANS LES DÉPLACEMENTS 16
UN PARTENARIAT QUI S’IMPOSE 19
ENCÂDREMENT DE L’OUVRAGE
L’EXISTENCE D’UNE TECHNIQUE SUPÉRIEURE 22
PRATIQUER POUR LA VIE 23
LE GOKYO, MODÈLE ORIGINAL 25
DIFFUSION INTERNATIONALE DU GOKYO 26
REGROUPEMENT PAR FAMILLES TECHNIQUES 27
LE GOKYO ET LES TECHNIQUES AU SOL 29
TACHI WASA EN POPULARITÉ 34
AU DELÀ DE LA DIMENSION TECHNIQUE, CHIKARA 36
LES ANNEXES
TECHNIQUES DÉMONSTRATIVES
Note : Dans les définitions de judoka, Uke et Tori, sont compris les genres masculins et féminins
OBJECTIF
DÉCOUVRIR LA TECHNIQUE
UN EFFORT QUOTIDIEN
Depuis son entrée aux Jeux Olympiques, le judo se transforme continuellement. Il sort de
son bassin japonais pour subir les influences étrangères. Les techniques d’origine
demeurent toujours au programme d’enseignement des grandes écoles, mais elles
subissent de nombreuses adaptations. Elles évoluent vers un judo plus dynamique, plus
spectaculaire et très orienté vers la compétition.
Bien que la forme d’expression de certaines techniques fût modifiée, leurs éléments
éducatifs et leurs principes mécaniques sont conservés dans des programmes
d’enseignement modernes.
A L’étude technique pourrait être un but en soi, mais elle n’est qu’un
moyen en regard du but essentiel que se propose le judo. Le but le plus
noble du judo est de chercher à réaliser la perfection humaine.¨ 3
Jigoro Kano fondateur du judo Kodokan souhaitait que la pratique du judo facilite
l’épanouissement personnel de chacun. Il n’envisageait pas la promotion d’un système de
combat à l’ancienne, préparant à la guerre. Il visait un but plus noble, une maîtrise
technique qui complémenterait une spiritualité telle que véhiculée par le Zen, le
Confucianisme et le Bouddhisme en vogue au Japon au 17ième siècle. Ses maximes
personnelles reflètent la culture japonaise de l’ère Miji.
Sei Ryoku Zen Yo Jita Kyoei
Meilleure utilisation de l’énergie Bienfaits mutuels
A Pour réaliser un judo supérieur, il est nécessaire de bien maîtriser les techniques
fondamentales et de s’entraîner fort quotidiennement.¨ 4
Le thème principal Déplacer pour maîtriser exprime toute la dynamique qui se joue
dans la pratique du judo. Chaque technique judo prend son origine dans un déplacement
réalisé par l’un ou l’autre des partenaires de combat, l’exécution de la technique se fait à
l’intérieur d’une surface plus ou moins mobile et la cible adverse est dans un état plus ou
moins stable.
Créer une opportunité afin de faire déplacer, chercher des moyens d’amplifier le geste de
l’autre, le dévier ou le devancer devient le but ultime d’un judo personnalisé.
Déplacer pour maîtriser devient ainsi notre objectif.
4
Isao Okano, Le judo vivant, page 9
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 10
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
L’APPROCHE ET MÉTHODOLOGIE
Depuis son origine chinoise jusqu’à la fin du 18ième siècle, le ju jutsu (Yawara – judo-
campo) demeure un art de combat encore très méconnu. Les ouvrages publics traitant du
ju-jutsu ou campo sont assez rares. La transmission du savoir de bouche à oreille et à
l'intérieur de certains clans contribue à un défrichage souvent difficile.
La documentation publique débute réellement vers 1850. C'est le professeur Jigoro Kano
de l'Université Impériale de Tokyo qui tente une première grande synthèse des diverses
méthodes d’enseignement du ju-jutsu enseignées dans les grandes écoles dites nationales
et présentes dans la région de Tokyo (Endo) telles: Yoshin ryu, Shindo, Kito, Chokushin,
Tenshin- Shinyo et quelques autres écoles de grande réputation mais ayant des
rayonnements plus régionalisés.
Après quelques années de mise au point, des émissaires de Kano répandent le Judo du
Kodokan à travers le Japon et les continents grâce à la documentation entourant le
Gokyo. Les nombreuses démonstrations publiques, les écrits sérieux et l'enseignement à
partir de cette base commune vont favoriser la compréhension et l’expansion du judo
moderne. Les nouveaux initiés vont vite agrandir le cercle des activités. Dès les premiers
50 ans, le judo devient un sport international qui continue de s'organiser et de se solidifier
avec la création de la Fédération Internationale de Judo dans les années 1950.
Notre recherche a suivie le fil conducteur à partir d’articles de fond publiés durant les
années 1930-1950 par le Kodokan. Elle s’inspire des livres techniques écrits en français
et en anglais par des collaborateurs de Kano au cours des années 1950-1980. Plus
récemment, elle tire des observations de films et vidéos de compétiteurs internationaux.
Des entrevues et stages avec des collègues viennent confirmer nos recherches.
« La voie que chacun doit emprunter diffère selon les possibilités individuelles et
les cultures. L’esprit souffle où il veut. L’homme ne détient aucun droit pour
imposer quoi que ce soit, à qui que ce soit. »
Proverbe Zen
Comprendre le judo c'est d’abord le pratiquer à fond. Jigoro Kano insistait sur la pratique
régulière. À partir des séances d’entraînement quotidiennes, lui et ses collègues ont
établis les bases scientifiques du judo afin de permettre à chaque judoka d’évoluer à un
rythme personnel.
Lorsque le judoka est seul face à un partenaire participatif, il apprend à gérer son temps
de combat et à utiliser les ressources physiques en place. Les moments d’action, de
réaction et de non action vont attiser sa vigilance, sa créativité et son adaptation. Dans un
entraînement dynamique, il cherche à équilibrer l’intensité de ses efforts et à s’adapter
aux divers comportements de ses partenaires.
Depuis Kano, les maîtres n’ont pas cessé d’encourager la pratique régulière. Tous
insistent sur l’importance de répéter le plus grand nombre de techniques dans des
conditions variées afin qu’elles deviennent des mouvements très personnalisés. Sensei
Kawaishi disait :
¨ Chaque pratiquant doit exécuter les mouvements fondamentaux en les
interprétant, les adaptant à lui, pour faire naître de cette adaptation, l’harmonie
et l’efficacité.¨
5
M. Kawaishi, Ma méthode de judo, page 14
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 13
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
La répétition seule ne garantie pas le succès. Répéter une faute mille fois ne la corrige
pas. L’amélioration et la maîtrise sont possibles que s’il y a sincérité dans le travail et
qu’il existe une possibilité de correction à l’occasion.
¨ De la sincérité découle l’efficience. Sans action sincère, il ne peut y avoir de
véritable réaction.¨
Proverbe Zen
Ayant la volonté de participer et le courage de s’adapter, le judoka persévérant pourra
compter sur la pratique quotidienne pour le conduire au succès. L’objectif n’étant pas de
gagner sur l’autre, mais bien de placer une technique choisie qui conduira au IPPON.
L’atteinte du IPPON est conditionnelle. Nous verrons que chaque projection est
influencée par plusieurs facteurs dont : les habiletés motrices, le degré de flexibilité, la
vitesse, la puissance et l’agilité de chacun. Il nous faut également considérer les masses
physiques des compétiteurs, l’emploi des leviers, l’intention cachée, l’intuition,
l’improvisation et le degré d’agressivité pour n’en mentionner que quelques- uns.
Notre présentation ne contient pas la solution parfaite. L’étude du judo n’est pas que la
récitation d’un alphabet technique, elle comprend tout ce qui est modelé par l’intuition et
la créativité des participants. C’est d’ailleurs dans ce sens que le maître Kyoso Mifune
10ième dan disait :
6
Kyoso Mifune, Canon of judo, page 230
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 14
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
On ne fait pas du judo dans des situations stables ou neutres. C’est dans la pratique
dynamique que les meilleurs résultats sont obtenus. C’est dans des combinaisons de
déplacements continus et par des changements de postures soudaines réalisés avec des
partenaires participatifs que le judo prend toute sa forme et sa splendeur. Les moyens
employés dans les dojos pour réaliser cette dynamique sont :
L’uchi-komi qui est le placement d’une technique qui est répété à cadence
modérée sur un adversaire offrant une résistance limitée. Chaque tentative d’application
est corrigée et les gestes inutiles sont éliminés un par un au cours de chacune des entrées.
Le randori aussi appelé kakari-geiko a pour but la simulation d’un combat réel. Dans
cette forme de confrontation, les deux partenaires passent tant à l’attaque qu’à la
défensive sans se préoccuper de l’arrêt du combat même s’il y a IPPON. Le randori
favorise les échanges fréquents de partenaires afin d’utiliser la plus grande variété de
tactiques et stratégies.
Type de partenariat entre le maître H Nakamura 8ième Dan et Ronald Désormeaux depuis 1977
Même dans des partenariats très rapprochés, il faut noter que lorsque viendra le temps du
shiai, le judoka sera seul à prendre toutes les décisions. Le professeur québécois Jean
Roullet écrivait dans son approche pédagogique que :
A Dans le combat judo, comme dans tout sport individuel, le judoka endosse seul la
responsabilité de la défaite ou de la victoire. »
Conscient de cette isolation devant le combat, le judoka doit cependant tout mettre de son
coté pour se préparer à une telle éventualité. C’est dans les dojos avec le sensei et les
collègues que la préparation au combat se fait et que le bagage technique s’accumule.
L’apprentissage technique et la correction apportée durant des études dynamiques, des
mises en situation souples et des analyses d’opportunités serviront à définir et à imposer
une série de mouvements personnels.
Le sensei ne peut pas tout prévenir. Le judoka qui vise les podiums doit y mettre encore
plus. Le maître Shozo Awazu, grand technicien des années 1960 disait que « l’étude
théorique sous la direction du maître est insuffisante, qu’il faut compléter par des études
et des pratiques personnelles. » Le maître Kawaishi disait semblable : « Il faut étudier
plusieurs méthodes et pratiquer des techniques justes car une erreur même répétée mille
fois ne fait faire aucun progrès. »
On peut citer plusieurs exemples de partenariats où les intervenants ont bénéficié
mutuellement de leur succès. Les combinaisons de compétiteur élite avec leur maître
dont : Nakamura-Gill, Nakamura-Jani sont les plus évidentes au Canada car elles sont de
grande durée. Celui des sensei Leblanc et Gravel est aussi un bel exemple du travail
mutuel accompli en kata pendant des années de travail et qui fut récompensé par
l’atteinte de l’or au Championnat Mondial des Masters en Kata de 2003 au Japon.
Ci après, les professeurs Monette Leblanc et Gisèle Gravel 5ième dan pratiquant le nage no kata
ENCÂDREMENT DE L’OUVRAGE
Si on dit que les techniques judo sont infinies, peut-on déterminer où se trouve le
commencement et si une fin est possible? Anxieux d’y arriver, le néophyte s’interroge à
savoir quelle technique il doit apprendre à prime abord pour bien réussir.
Certains professeurs diront et avec raison, que le vrai judo dépasse les techniques
démontrées dans plusieurs ouvrages. D'autres techniciens diront que l’apprentissage d’un
trop grand nombre de techniques n’est pas nécessaire. S’appuyant sur des statistiques de
compétition, ils diront qu’il suffit de maîtriser une vingtaine de mouvements. Ces
derniers ont aussi raison. Ce sont là des points de vue intéressants et non contradictoires.
Rendu au niveau de l'élite, c’est la compétition et la victoire qui dominent. L'usage de
quelques techniques adaptées à la morphologie suffit à plusieurs pour s’élever sur le
podium.
Les résultats des Jeux Olympiques de 1996 et 2000, témoignent que moins de 20
techniques furent utilisées par les champions pour se conquérir une place d’honneur au
podium. Une étude secondaire par les chercheurs Sikorski, Sterkowicz et Keseck de
Pologne en 1996 sur l’application des techniques en tournoi national révèle que sur 819
attaques, 97% furent des mouvements de tachi wasa dont les plus populaires furent : seoi
nage à 18% suivi de Uchi mata à 15%, Tai otoshi 9%, Kuchiki taoshi 7%, O uchi gari et
Ko uchi gari 5%.
C'est l'expérience des combats qui amène les judokas à choisir parmi la panoplie de
techniques, celles qui les avantagent le plus. Mais avant d'atteindre un tel sommet, on
compte généralement de longues années de pratique et de formation guidée.
Avec ou sans shiai comme arrière plan, le judoka qui entreprend de pratiquer le judo sur
plusieurs années se doit d’apprendre l’essence de la technique.
« La période du champion s’étale normalement sur dix ans tandis que celle du
maître doit durer une vie entière »7.
Pour celui qui envisage faire carrière en judo, l’étude et la démarche vont varier selon le
but fixé. Pour pratiquer un judo récréatif, l’apprentissage sera plus général, tandis que
pour ceux et celles qui visent le stade, une formation plus poussée sera de mise. Il faut
distinguer ici, ces deux approches.
Une formation générale est enseignée dans la majorité des dojos à caractère publique ou
semi- privé tandis qu’une formation avec spécialisation compétitive se retrouve dans des
programmes guidés généralement offerts dans des centres d'entraînement régionaux ou
nationaux. Ces programmes guidés ont été mis sur pieds pour répondre aux besoins
particuliers de l’élite et sont orientés à renforcir des éléments techniques, physiques,
mentaux, stratégiques et tactiques des compétiteurs.
« Il faut être alerte comme le tigre, garder l’œil sur la victime et agir sans remord
et compassion lorsque le moment est opportun. »
Proverbe Zen
De tels programmes existent un peu partout dans le monde. Au Canada, cinq centres sont
répartis à travers les provinces. Ils sont généralement supervisés par de hauts gradés
assistés par une panoplie d’experts dont des professeurs seniors et des compétiteurs
émérites. On connaît actuellement les centres opérés par les maîtres Raymond Damblant,
Yoshe Senda, Lanke Ynouye, Massao Takahashi, Moe Oye, Hiroshi Nakamura et
quelques autres.
Ne rentre pas qui veut dans ces centres de perfectionnement. Le judoka doit d’abord faire
sa réputation parmi les rangs compétitifs à partir des dojos réguliers et participer aux
tournois sanctionnés. Une fois les habiletés au combat bien démontrées durant diverses
compétitions aux niveaux régionaux et provinciaux, il est souvent invité à joindre le
centre spécialisé le plus près.
M. Kawaishi, Ma méthode de judo, page 10
Pour le judoka qui vise le podium, une préparation de longue haleine est nécessaire. Sa
préparation physique bien en main, il devra aiguiser et maintenir ses habiletés physiques
et psychologiques à leur summum. Dans ces centres de formation spécialisée, il sera
accompagné d’un ou plusieurs conseillers qui assureront le suivi au plan technique,
physique, psychologique et mental. Une fois la carrière de combattant terminée, il sera
invité à rejoindre les rangs du judoka universel et à œuvrer dans les dojos municipaux et
semi privés.
« Il ne faut pas laisser envahir son espace sécuritaire par des étrangers, mais les
chasser promptement. »
Proverbe Zen
Le travail exhaustif entrepris par le Maître Jigoro Kano lui a permis de côtoyer et de
bénéficier de diverses associations avec les plus grands techniciens de son temps, dont les
experts: Masahige Kamemon Terade de l’école de Kito, Hachinosuke Fukuda et
Masatomo Iso de l’école Tenjin-Shinyo et ceux du maître Tsunetoshi Iikudo de l’école de
Kito. Les nombreux conseils reçus et échangés avec ses contemporains lui ont facilité la
mise sur pieds des structures administratives et pédagogiques de l’Institut du Kodokan.
Bien que le syllabus d’origine ait subi des raffinements et des améliorations au cours des
années subséquentes, le Gokyo no wasa de 1895 demeure la pierre angulaire du judo
Kodokan.
Le maître Jigoro Kano et Yoshi Yamashita dans le Koshiki-no-kata
(Tirée de la biographie de Jigoro Kano par Brian N.Watson, 2000)
Jigoro Kano aidé des professeurs YoshiYamashita, Nagaoka, Iitsuka et Yokohama décrit
les 42 techniques originales, choisies et organisées en cinq groupes démonstratifs. Les
techniques étaient :
Groupe 1
Hiza-guruma, sasae-tsurikomi-ashi, uki-goshi, tai-otoshi, o-soto-gari, de-ashi- harai,
et yoko-otoshi.
Groupe 2 :
Sumi-gaeshi, o-goshi, ko-soto-gari, koshi-guruma, seoi-nage, tomoe-nage et tani-
otoshi.
Groupe 3 :
Okuri-ashi-harai, harai-goshi, ushiro-goshi, ura-nage, uchi-mata, obi-otoshi, et hane
goshi.
Groupe 4 :
Uki-otoshi, uki-wasa, daki-wakare, kata-guruma, hikikomi-geashi, soto-makikomi
Groupe 5.
Yoko-guruma, yoko-wakare, uchi-makikomi, ko-uchi-gari, ashi-guruma, seoi-otoshi,
yoko-gake, harai-tsuri-komi-ashi, yama-arashi, o-soto-guruma et tsuri-komi-goshi.
Il faut noter l’absence des techniques au sol dans ce Gokyo original. Ce n’est que vers
les années 1914-20 qu’elles furent proprement cataloguées. L’importance du combat au
sol avait été remarquée par Kano à la suite des grands tournois universitaires qui ne
toléraient pas l’abandon volontaire par le judoka subissant un Osaekomi, un Shime wasa
ou un Kansetsu wasa (Kosen judo). Elles apparurent sous forme de kata, le KATAME
NO KATA.
À partir du Gokyo, plusieurs fédérations sportives ont apporté au cours des années, des
modifications à l’ordre de présentation des techniques afin de satisfaire des besoins
locaux et régionaux. Le Gokyo a survécu aux interprétations régionales même si
quelques variations et adaptations y furent apportées et dont nous avons notées en annexe
B. L’Annexe : B : VARIATIONS MINEURES AU GOKYO
L’orientation pédagogique suit sensiblement le même parcours que l'original, c'est à dire:
Partir des techniques les plus simples et se diriger vers les techniques les plus
compliquées.
Aujourd’hui, les techniques du Kodokan Gokyo no wasa sont identifiées par leur
nomenclature japonaise. Une telle nomenclature facilite la saisie du sens original et
signale l’emphase à donner aux diverses techniques. Les noms servent à décrire l’action,
la partie du corps, la direction ou la forme que prennent les techniques. Regardons
quelques exemples :
L’action qui se produit telle : 0-soto-gari, un crochet externe majeur. Ko soto gari,
petit crochet extérieur.
La partie du corps utilisée dans une technique telle : hiza-guruma,
Une roue autour du genou. Ashi- guruma, roue avec la jambe.
La direction du mouvement telle : sumi-otoshi, renversement en coin ou en angle.
Yoko otoshi, chute en coin.
La forme globale que prend l’attaque telle : tomoe-nage, projection en rond.
Uchi- mata, lancement intérieur.
L’ambiance spéciale dans laquelle la technique est produite, telle
Yama-arashi, tempête dans la montagne. Tani-otoshi, chute dans la
vallée.
D’un point de vue pédagogique, le classement des techniques se fait également par
grandes familles de mouvements selon divers attributs tels : les fonctions et les
déplacements ou selon les effets biomécaniques qui sont réalisés. On les groupe aussi
autour des résultats escomptés. Les divisions les plus communes sont :
Les balayages :
La famille des balayages regroupe les techniques produisant l’élimination ou la
suppression du point d’appui. L’action de balayer est souvent réalisée en dessous du
centre de gravité de l’adversaire (uke). Elle s’exécute au ras du sol. L’action se fait au
moment du transfert ou déplacement du poids chez l’adversaire. Le balayage entraîne la
chute de l’adversaire loin de l’exécutant. (Tori).
Cette catégorie comprend entre autres : De-ashi-barai, O-uchi-gari, Ko uchi gari, Harai-
tsuri-komi-ashi, Okuri-ashi-barai, Harai-goshi et Tsubame-gaeshi.
Les fauchages :
Ce sont les mouvements qui cherchent à éliminer ou à supprimer les points d’appui de
l’adversaire avec un léger soulèvement. (De l’articulation servant de point d’appui).
Généralement le poids de l’adversaire repose sur une articulation qu’il faut éliminer. Ces
mouvements demandent une action courte et directe sur l’articulation avant même qu’il y
ait trop grande stabilisation du poids de l’adversaire. L’adversaire tombera plus
rapproché de l’exécutant.
Sont classés dans les fauchages : O-soto-gari, Ko-soto-gari, Ko-uchi-gari,
o- uchi- gari, Harai-goshi, Ashi- guruma et Uchi-mata.
Les bascules :
Les flottés :
Dans ce groupe, Tori cherche à maîtriser les déplacements pour capter l’espace vide
entre lui et son adversaire en introduisant une partie ou la totalité de son corps. Tori
cherche à dominer l’espace vide et à lancer un début de vrille avec un déplacement
rapide.
Parmi les flottés se trouvent : uki-goshi, tai-otoshi, uki-otoshi, sumi-otoshi, uki-wasa,
tani-otoshi et yoko-wakare.
Les enroulements :
Ce sont des techniques qui utilisent des mouvements circulaires autour d’axes
horizontaux ou verticaux. Le corps de l’adversaire est bien enroulé autour de Tori et il
est entraîné autour d’un axe fixe qui devient le point de contact essentiel.
Dans les grands mouvements de rotation on y trouve : koshi-guruma, seoi-nage,
tsurikomi-goshi, hiza-guruma, o-soto-guruma, ashi-guruma, o-guruma, kata-guruma, te-
guruma, sukui-nage, tomoe-nage, yoko-tomoe-nage, sumi-gaeshi, obi-tori-geashi, yoko-
guruma, soto-makikomi, hane-makikomi, koshi-makikomi.
Les sacrifices :
Cette catégorie résulte d’un déséquilibre volontaire de Tori. C’est le corps de Tori qui
tombe et qui entraîne l’adversaire à le suivre dans une chute contrôlée.
Ce groupe contient des techniques réalisées dans les huit directions d’un déséquilibre,
soit ; tomoe-nage, yoko-tomoe-nage, sumi-gaeshi, obi-tori-gaeshi, tawara-gaeshi, waki-
otoshi, tani-otoshi, kani-basami, uki-wasa, yoko-otoshi, ura-nage, yoko-guruma, soto-
makikomi, hane-makikomi, koshi-makikomi, yoko-gake, yoko-wakare.
Les immobilisations, les étranglements et les clefs sont les trois autres grandes familles
de techniques qui se font au sol, en Ne Wasa.
Trop souvent en compétition, les opportunités de travailler les techniques au sol restent
sans initiative car les règles actuelles ne donnent pas suffisamment de temps pour le
passage entre Tachi wasa et Ne wasa. Les amenées sans projection ne sont pas
comptabilisées. De plus, les compétiteurs redoutent de perdre des avantages gagnés en
tachi wasa et évitent de rentrer au sol avec la crainte de dépenser un temps précieux à
pénétrer la garde de l’autre.
Pour le judoka qui cherche à faire un judo complet, il doit réaliser qu’il ne peut effectuer
une technique parfaite à tout coup, il sera important de pratiquer les suivis et les entrées
au sol qui vont lui permettre d’assurer une supériorité et marquer son Ippon en utilisant
des techniques du Ne wasa. Ces ouvertures vers le combat au sol s’identifient avec :
Un suivi de projection où il a réalisé un demi point ou un quart de point.
Avec l’exécution d’un makikomi.
En combinaison avec une riposte ou contre prise.
Avec le sutemi avant ou arrière.
L’arrachée et renversement par la prise de la jambe ou par la ceinture
Profitant de ces opportunités, le judoka conduit l’adversaire dans un nouveau champ de
bataille. Peu importe s’il connaît des centaines de combinaisons de techniques au sol, sa
supériorité sera déterminée par la manière qu’il entraînera son adversaire dans la
continuité du mouvement et dans la façon de maintenir contact avec lui.
Avec la chute, l’adversaire développe normalement sa tactique selon deux positions de
garde: dans un premier temps, sur une fausse chute, il est sur le dos et se regroupe en
formant une boule de son corps et garde ses extrémités très rapprochées de lui. Il fait
face à l’attaquant ou encore, il est placé en diagonale. C’est une position défensive
dangereuse qu’il faut dominer dès que possible car elle offre plusieurs possibilités de
manœuvres à court terme.
Dans la deuxième alternative, l’adversaire s’est dégagé du contact et se regroupe en
formant une boule avec son corps, cette fois, en position de tortue, bien assis sur ses
avant bras et ses genoux . (Style de lutte gréco-romaine). Il peut garder ses jambes
étendues mais seulement après avoir repliés ses bras et sa tête pour se protéger.
Ces deux attitudes témoignent d’un judoka sur la défensive et la seconde surtout, indique
qu’il refuse de combattre au sol ayant la crainte de perdre ses avantages. Considérant que
ces gardes ou regroupés qui sont difficiles à pénétrer et que les règles actuelles du shiai
ne favorisent pas ni le bris naturel du contact ni l’expression d’un travail de longue
haleine au sol, les opportunités de placer des techniques de Ne wasa viennent et passent
sans suivi.
Pour tirer avantages de ces opportunités d’entrée en Ne Wasa le judoka doit réduire les
temps d’arrêt en donnant un suivi à sa technique, en gardant contact avec l’adversaire et
en utilisant tout son corps pour pénétrer, déjouer, manœuvrer et maintenir l’adversaire
dans des positions de contrôle. Tori doit apprendre à agir en cobra, à se décontracter, à
conserver son énergie et à envelopper Uke de tout son corps.
C'est-à-dire sécuriser petit à petit et progressivement, le maximum de points d’appui sur
l’adversaire (tête, épaules et hanches) et maintenir des points de contact avec le sol en se
servant de ses jambes, pieds et orteils.
Il doit apprendre à se faire lourd, à écraser la cage thoracique, le sternum et l’abdomen de
Uke en s’y appuyant. Il doit s’éloigner du centre de gravité de Uke en se plaçant de coté
ou en se rapprochant du sol le plus possible. Le poids de Tori doit servir de contre poids
en étant placé en diagonale de la ligne de résistance offerte par Uke et Tori doit maintenir
le contact constant, soit avec le menton, le front, le crâne, les épaules, les coudes, les
genoux et les orteils.
Maintenant que Uke est en position vulnérable, Tori peut utiliser une myriade de
techniques au sol pour sécuriser ses avantages. Trois grandes familles techniques qui sont
démontrées au katame no kata vont lui servir de premières armes de combat.
1. Les immobilisations : osae-komi sont exécutées aux régions de l’épaule, des
hanches, à la tête, de travers sur le tronc ou aux quatre coins. Elles sont : kuzure
kesa gatame, kata gatame, kami shiho gatame, yoko shiho gatame et kuzure kami
shiho gatame. Quatre conditions font faire des immobilisations des armes
importantes : avoir un bon contact sur Uke, faire pression aux endroits clefs,
soient aux épaules ou au hanches, placer le corps en contre poids et en diagonale,
paralyser les efforts de sorties de Uke en occupant les zones ou angles morts.
3. Le groupe des clefs de bras connu comme kansetsu-wasa est le plus utilisé en
combat. Ce sont surtout des luxations imposées au niveau du coude qui domine.
(ude garami, ude hishigi juji gatame, ude hishigi ude gatame, ude hishigi hiza
gatame, et ashi garami). L’important dans l’application d’une clef est de bien
garder son équilibre, de contrôler la partie supérieure du corps de l’adversaire, de
travailler sans rupture de mouvement et appliquer la clef avec vitesse.
La poussée en angle vers le sol s’effectue avec une bonne saisie par au collet ou par la
ceinture afin d’enfoncer Uke vers l’avant avec friction au sol et déplacer son centre de
gravité. L’effet de ramper au sol permet à Tori de placer ses talons de chaque coté des
cotes, près de la figure ou encore d’insérer un bras ou une jambe pour ceinturer le corps
de Uke et le renverser sur le coté ou sur le dos.
La pression latérale est faite sur le torse et à la partie supérieure de Uke afin de profiter
d’une réaction de Uke et prendre le retour du poids pour placer soit le talon, le genou ou
la main sous son corps ou encore pour ouvrir une zone libre au niveau du cou. La
pression sert également à rouler Uke sur son dos.
Le soulèvement s’effectue avec une position à cheval sur Uke par derrière ou vers
l’avant, saisissant la ceinture ou le haut des épaules de Uke, Tori tente de soulever le
corps ou le bras vers le haut ou le faire bouger de coté ou vers l’arrière afin d’exposer le
ventre, le cou ou pour y faire un espace afin d’ y placer ses jambes ou talons. Tori peut
également ceinturer Uke de ses mains et procéder à le renverser de coté en utilisant son
propre corps comme levier.
Pour penser à placer des étranglements et des clefs de bras, il faudra d’abord dégager la
nuque ou pousser le coude de Uke en haut vers son oreille. La majorité des techniques
sont regroupées autour de la prise du cou et de l’articulation du coude.
« Il n’est plus acceptable d’enseigner le travail au sol sans penser qu’il soit une
extension directe d’un mouvement explosif qui a débuté en tachi wasa. »
Une série de techniques démonstratives au sol sera est présentée aux annexes M N O P
(étranglements) (clefs0 (immobilisations)
Pour certains, l’étude de toutes les techniques comprises dans le Gokyo peut signifier un
apprentissage trop long. Raccourcir le temps des études est-il possible? Basé sur quelques
statistiques nous pourrions croire la chose possible mais nous la déconseillons.
Comme dans tous les sports, le judo a quelques techniques qui sont devenues plus
populaires parce que favorisés par de grands champions comme DAIGO, KIMURA,
SONE, YAMASHITA, OKANO, KOGA, INOUYE et plusieurs autres devenus des
légendes. Cette popularité a influencé l’ordre de présentation du Gokyo dans certaines
écoles ou dojos.
Au cours des années 1950, les techniques vedettes étaient : le Uchi-mata, le O-Soto-
Gari, le Harai-goshi, le Hane-Goshi et le Seoi-nage. Durant la période 1955 à 1964 ce fut
le temps du Uchi-mata, le Tai-otoshi, le Sasae-tsuri-komi-ashi, le O-soto-gari et le Harai-
goshi.
Depuis les années 1990, ce sont le Seoi-nage, Ko-uchi-gari, O-soto-gari, O-uchi-gari,
Uchi-mata, Osae-komi, Harai-goshi, Uki- otoshi, Tomoe-nage et Te- guruma qui
prennent la vedette.
Aux Olympiques de Sydney 2000, les chercheurs polonais S.Sterkowics et E.Blow ont
déterminés un classement à partir des statistiques des 316 combats et résumés leur
recherche comme suit :
« 200 combats gagnés par de ippons définitifs (62%) accomplis avec des techniques
telles : Uchi mata, Ko soto gake, O soto gari, Seoi nage, Sukui nage et Kata guruma. Le
Harai goshi et Ura nage furent les autres techniques populaires en Tachi wasa. Au sol,
la dominance était réservée au Juji gatame et ses variantes. »
Les combats se terminent normalement durant les trois premières minutes et ce,
avec une technique marquée par un IPPON dans 60% des cas.
65% des techniques gagnantes se font en position debout, tandis que 14% sont
gagnées par l’application de techniques d’enroulement au sol. Les techniques
purement amorcées à partir du sol ne compte que pour 3%.
Les techniques les plus populaires sont : Uchi-mata 9%, Seoi-nage 9%, O-
uchi-gari 4%, Tai otoshi 9%, Ko-soto-gake 4%, Harai-goshi 3% et O-soto-gari
3% et ku chiki taoshi
Il faut noter que depuis dix ans, les techniques de bras en TE WASA sont populaires.
Parmi celles-ci, des techniques non orthodoxes et non comprises au Gokyo tels les
arrachés, les accrochages avec les mains et les renversements en arrière ressemblant au
TANI OTOSHI et TE GURUMA et au WAKI OTOSHI ont marquées IPPON.
Au sol, ce sont Sangaku-jime, Okuri-eri-jime, Kata - ha-jime et Hadaka-jime qui sont les
plus favorisées. Dans la série des clefs, les variantes du Juji-Gatame figurent le plus
souvent avec Ude-gatame et du Ude-garami. Les combats gagnés par immobilisations
(kesa-gatame) comptent pour moins de 1%.
Le judoka ne fait pas parti d’une ligne d’assemblage où il est invité à reproduire
machinalement des gestes techniques. Sa formation va bien au-delà. On y trouve une
dimension spirituelle qui lui donne son caractère spécial. Jigoro Kano le faisait
remarquer :
¨ L’apprentissage n’a pas atteint son but si l’élève ne peut exécuter les mouvements
quand il le veut et en dépit de l’opposition de son adversaire¨.
¨Le but de l’étude et des pratiques n’est pas seulement d’agrandir le champ de nos
connaissances, mais de former en nous le caractère.¨ Kaibara Ekken
Les études universitaires du Maître Jigoro Kano et ses incursions dans les écoles
avoisinantes l’avaient mis en présence du Zen et des autres formes de méditation. Il
insistait pour que ses élèves et enseignants pratiquent les katas avec le même
enthousiasme que le randori. Son implication dans l’adoption du Koshiki no kata et des
autres katas formels du Kodokan a été substantielle.
Aujourd’hui, la majorité des judokas ne sont pas des professionnels et ne pratiquent pas
aussi régulièrement que les pionniers du Kodokan. Exiger d’eux une formation aussi
complète que celle qui dominait vers les 1890 n’est pas à la mesure du réel. Cependant,
cet idéal de combiner Zen et Judo tel qu’exprimé par Avakian et Watanabe doit viser des
objectifs plus atteignables et réalisables et prendre des dimensions plus modernes.
Quelque soit le style de formation adopté, méditation, visualisation, préparation
psychologique ou autre, une chose demeure :
8
Luis Robert, page 379.
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 36
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
La technique parfaite est celle réalisée au juste moment, avec le minimum de force sur un
adversaire qui est momentanément suspendu dans l’espace et dont l’application de la
technique choisie vient guider la chute jusqu’au sol pour un IPPON clair et net.
Pour arriver à une telle perfection, il faudra avoir appris à saisir, converger et utiliser les
principes biomécaniques et neuromusculaires qui jouent un rôle déterminant dans une
projection. Il faut savoir apprécier le cheminement des signaux musculaires, la force de
gravité, l’énergie cinétique, la vitesse du déplacement continu, l’effet de l’action et de la
réaction. Il faut aussi s’intéresser à la force cumulative des déplacements dans des plans
circulaires et sphériques, la complémentarité des forces et la création d’un nouveau
centre d’équilibre qui se produit par l’enlacement des deux corps.
Dans l’exécution de sa technique, le judoka ne travaille pas seul, il doit composer avec
les facteurs physiques et psychologiques de son partenaire. Pour réaliser le mouvement
parfait, l’un d’eux doit prendre l’initiative et poursuivre l’exécution de la technique
jusqu’au point de non retour, c'est-à-dire se lancer dans la technique jusqu’à en perdre
son propre équilibre.
En somme, le judoka doit dominer et contrôler la sphère de combat située dans l’espace
vide qui le sépare de son adversaire.
Cet espace est vital, l’adversaire doit la traverser pour placer son attaque et le judoka doit
s’en servir comme zone de manœuvre. Le kumi kata, le kuzushi et le tai sabaki joueront
des rôles clefs pour assurer cette dominance. Une fois la supériorité obtenue dans cette
zone, la technique pourra être lancée à fond et au juste moment. Cet instant coïncide avec
le déplacement de l’adversaire en état de zéro gravité.
Obtenir un certain niveau de confort et savoir garder une supériorité dans cette espace
vide exigent beaucoup de pratique. Avec des kumi kata variés et des déplacements
subtils, le judoka persévérant y arrivera.
Le judoka doit dominer la garde (prise du judogui) avec flexibilité, développer autant son
acuité visuel que sensoriel afin d’être en mesure de percevoir toute forme de déplacement
chez l’opposant et s’y harmoniser. Chez certains, une technique peut se présenter comme
étant plus facile que d’autres à exécuter. Il en demeure que chaque technique ne peut pas
être dérobée de ses éléments fondamentaux que sont le kuzushi, tsukuri et le kake.
Dans sa quête de supériorité, le judoka devra être très prudent, car un déploiement
excessif de force ou une force déployée trop tôt peut anéantir ses efforts. Souplesse et
créativité sont les moyens préférés pour profiter des opportunités sans signaler ses
intentions.
Au plan psychologique, chercher la perfection d’une technique signifie la recherche du
IPPON et le désaveu des points secondaires que sont les KOKA, YUKO et WASA ARI.
Il faut être sûr de soi, ne pas être préoccupé et concentré autour d’une seule technique, ni
se sentir menacer par la force de l’autre, la taille ou l’apparence de l’adversaire. Toute
préoccupation peut avoir un impact sérieux sur la prise de l’initiative.
Une fois la technique amorcée, le judoka doit s’assurer que tout le poids de son corps se
combine avec la masse de l’adversaire et entraîne l’opposant avec lui dans la direction de
la chute. Le seul aboutissement possible : IPPON.
Voilà l’essentiel du mouvement parfait. Nous allons en examiner les détails dans les
pages qui suivent.
Maître M Novovitch 8IÈME dan exécutant un parfait Harai tsuri komi ashi
Nous avons déjà noté que dans une situation de combat où les adversaires sont immobiles
ou en position neutre, le mouvement parfait ne pourra pas s’extérioriser. Dans des
conditions où les adversaires offrent des champs de forces opposés statiques ou se
maintiennent dans des positions ultra défensive, l’esprit du judo disparaît. Pour tenter de
placer une technique parfaite, il doit y avoir un déplacement d’une des deux masses.
C’est pourquoi que nous avons signalé antérieurement l’importance d’adapter son rythme
d’action à celui de l’adversaire et de contrôler la sphère de combat pour faciliter la prise
de l’initiative et amorcer un mouvement continu qui se prolongera jusqu'à la chute de
l’adversaire. Trois points importants à considérer ici : Kuzushi, Tsukuri et au Kake.
Il faut se déplacer avec aisance. L’usage de force excessive et utilisé au mauvais temps
ne rencontre pas le principe de Jigoro Kano ayant trait à l’usage intelligente de l’énergie.
Pour éviter tout excès, le judoka doit évaluer la position de l’adversaire et réfléchir quant
à l’action qu’il doit entreprendre. (L’adversaire est-il de face, de coté, stable, mobile, va-
t-il vers l’arrière ou avance t’il?) Une fois la direction de l’initiative choisie, il doit mettre
en branle tous les segments de son corps pour diriger efficacement les actions qui vont
suivre.
Maître Michel Novovitch guidant l’adversaire dans sa chute avec l’aide du tsukuri
TAI SABAKI
Tsukuri et tai sabaki sont souvent pris dans une même description. Ils ont trait au
déplacement du corps dans la zone libre entre Tori et l’adversaire. Par un déplacement
habile du corps, le judoka peut amorcer un déséquilibre sur l’adversaire avec un kumi
kata et suivre avec l’action coordonnée des mains, bras, hanches et des jambes qui
accentuent la perte d’équilibre déjà obtenue.
Plusieurs professeurs englobent dans le tai-sabaki, les entrées et les sorties de la zone
libre. Ils y incluent les déplacements en tsugi-ashi (pas chassé) qui les préparent.
D’autres, voient dans le tai-sabaki, la manière de réagir souplement aux attaques de
l’adversaire. Dans les deux versions, l’important est de réaliser une accélération
constante dans le déplacement qui prépare la projection.
KAKE
Le kake est le geste intégrateur associé à une technique choisie. C’est la technique
désignée qui prend finalement la forme voulue sortie de l’accumulation des déplacements
de tous les segments du corps qui travaillent à sa réalisation. Dans le kake, on y voit le
prolongement du corps, le couplage des forces, l’encerclement, l’enroulée et la
synchronisation des articulations pour effectuer la bascule, le fauchage, le blocage ou le
lancé du corps dans la direction choisie pour la chute.
Le kake c’est l’attaque même. Il débute réellement avec la découverte de l’opportunité, il
suit avec la décision de passer à l’attaque décisive en utilisant une technique choisie et
fini par la chute contrôlée ver le IPPON.
L’APPRENTISSAGE
PRÉPARATION PHYSIQUE
La pratique assidue n’est pas une garantie du succès en soi. Elle doit s’accompagner
d’une préparation physique adéquate qui soit dirigée vers les actions rencontrées en judo.
Des approches individuelles sont possibles, mais l’aide d’un conseiller technique est
fortement conseillé afin d’établir les bases du cheminement à suivre. À cette fin,
certaines écoles emploient des fiches d’enregistrement, des dossiers d’admission, et des
feuilles d’évaluation psycho moteur.
Un questionnaire servant à identifier le potentiel compétitif de l’élève a été mis au point
par Brent Rushall de l’Université de Barcelone et est en usage depuis 1987 dans plusieurs
fédérations. La fiche comprend 100 questions permettant de déterminer les besoins
psychologiques et physiques des candidats potentiels. Les résultats du questionnaire
peuvent également servir à établir un programme d’entraînement spécifique à chacun. Sa
formule a été reprise par l’Association des sciences sportives américaines en 1995 et
diffusée depuis dans les dojos américains par l’Institut Carlile.
D’autres dojos ont leur propre système d’évaluation composé d’entrevues et divers tests
physiques. Avant même la première leçon, des sensei conseillent à suivre un régime
alimentaire balancé et s’attaque à développer une mise en forme progressive reliée aux
besoins de chacun. La fréquence des cours et le rythme des séances d’entraînement
reflèteront ainsi les objectifs et les capacités de chacun. Si le judoka opte pour une
formation plus récréative et générale, il faut s’attendre à ce que la période d’évaluation
soit raccourcie et que les efforts demandés soient plus modérés.
Quelque soit le chemin choisi, les exercices d’anaérobie et d’aérobie, le développement
de la puissance et la vitesse dans les déplacements seront à l’ordre du jour. Ce besoin a
été documenté dans le travail du chercheur portugais L.F.Monteiro qui analysa l’effort à
déployer durant les combats d’envergure. Ses études des championnats juniors d’Europe
en 1994 révèlent qu’au cours des 140 combats, les attaques avaient été concentrées sur de
courtes périodes très intenses de 20 à 30 secondes et ce, durant les trois premières
minutes de combat.
Il découvre une constante dans la période de pause entre les attaques qui passe de 10
secondes d’intervalle durant les premières minutes à 20 - 30 secondes après la troisième
minute. Le ralentissement des attaques étant causé par l’énergie déployé au cours des
attaques répétées des compétiteurs. D’où l’importance de bien doser son entraînement
pour varier la fréquence et l’intensité des séances d’entraînement afin d’être mieux
préparé pour le combat.
Bien que les écoles de judo ont cependant divers programmes de mise en forme
spécifiques aux cours donnés. Les exercices de réchauffement qu’on y retrouve sont
orientés à élever la température du corps de un ou deux degrés et la durée des exercices
ne dépasse pas dix à quinze minutes. Les exercices préparatoires sont exécutés soit sur le
tapis, dans un gymnase, en plein air ou dans une piscine, avec ou sans partenaire, avec ou
sans appareils.
À l’intérieur d’un programme de formation générale, les dojos n’auront sûrement pas la
formule magique qui donne l’endurance et la vitalité recherchées. Ils ne sont pas des
centres de conditionnement physique mais des écoles où je judo s’apprend et se pratique.
Dans les dojos, l’ensemble des exercices préparatoires comprend des gestes
d’assouplissement, extension, flexion, contorsion et déplacements. L’amélioration de la
souplesse et l’endurance se fait par des exercices plus spécifiques reliés au kumi kata et
au yaku soku geiko.
Le Maître Jigoro Kano favorisait la pratique des formes anciennes (kata) dont le
répertoire comprenait un ensemble spécial d’exercices de conditionnement connues sous
le vocable de Kata Seiryoku-Zenyo Kokumin Taiiku. (Exercices physiques nationales
basées sur le principe du meilleur usage de l’énergie). C’était alors une façon de
conserver les mouvements de ju jitsu et assurer un conditionnement physique de base.
Le Seiryoku-Zenyo est souvent remplacé par des exercices qui sont plus dynamiques et
plus près des techniques que le judoka rencontrera dans ses combats. On y voit la
pratique de kumi kata varié sur plusieurs adversaires. Des déplacements pour capturer la
supériorité de la zone de combat sont de routine. Des exercices de soulèvement de
l’adversaire avec le dos et les bras sont inscrits au même titre que les exercices de
contrôle et sortie au sol.
D’autres écoles favorisent le Tai-So (préparation du corps) ou le Tai-Chi (énergie du
corps) en guise de préparation individuelle pour des étudiants qui sont plus vieux. Ces
exercices d’étirement visent différents groupes musculaires et articulations. Les
mouvements sont répétés à différents rythmes dans le but de faciliter l’adaptation
cardiovasculaire. Ces exercices sont réalisés souvent seul ou en équipe, en série ou en
circuit.
D’autres dojos optent pour des mouvements de gymnastique générale, la course, les
exercices rythmés et d’autres moyens pour assurer une mise en forme initiale. On y
retrouve souvent des programmes d’aérobie et d’anaérobie combinés au yaku soku
Geiko, et au randori afin de préparer très tôt les élèves à la réalisation du IPPON.
Toutes ses méthodes ont de bons résultats. Le choix d’application revient au sensei mais
le judoka peut toujours intervenir en signalant ses préférences.
UKEMIS
La chute suit la projection et celles-ci comptent pour 80% des résultats du combat. Le fait
de tomber au sol et d’être projeté avec force peut être traumatisant pour un non initié. La
peur et les blessures vont freiner l’enthousiasme et la prise de décision. Comme l’action
de chuter ne vient pas naturellement, le mouvement doit être appris et maîtrisé très tôt
dans l’apprentissage.
Pour éviter le pire, le judoka doit pratiquer les brises chutes dans divers plans. En chute
vers l’avant, il doit s’assurer de faire une roulade sur le dos de l’épaule, l’arc de tombée
étant influencé par la poussée des jambes ou par l’élan que lui fourni son adversaire. La
paume des mains doit être déposée au sol et diriger la chute. Le roulement du corps doit
se continuer comme un ballon en mouvement au ras de sol.
En chute avant, l’arrivée au sol est amortie par un geste circulaire du bras qui guide le
roulement du corps. Le bras non impliqué dans la direction de la chute vient ensuite
frapper le sol dans le prolongement de la chute. Le poids du corps est étendu sur une
grande surface dont chacun des segments absorbe une partie de l’impact avec le sol.
Sans faire les computations mathématiques, on peut généraliser en disant que la nouvelle
source combinée d’énergie sera de 4 fois le volume original de 80 kilos et se déplaçant au
double de sa vitesse. On peut envisager l’ampleur de l’impact avec le sol.
Pour éviter le pire, que ce soit vers l’arrière, vers l’avant ou de coté, le judoka doit tenter
de diminuer l’impact par un geste continu qui favorise la progression de la chute.
En exécutant un geste de brise chute, le judoka tourne naturellement son dos en arc vers
le sol, il cherche à amortir le choc en offrant une succession de points de contact sur une
plus grande surface possible. Ses bras frappent le sol pour produire une onde vibratoire
qui va se propager dans tout son corps. Le corps et les bras forment ainsi des courbes
complémentaires qui permettent au bassin de rouler sur une plus grande distance et
répartir la distribution des ondes de choc.
La frappe du bras qui devance quelque peu le contact du corps va initier une série
d’ondes contraires qui vont s’entremêler aux ondes que produira l’instant de l’impact
avec le sol. Elles auront pour effet de diminuer sensiblement la masse énergétique qui
touche le sol. Au lieu de s’écraser directement sur un seul point, la masse du corps éclate
à des temps différents et à des points différents allégeant ainsi l’impact de la chute.
Être capable de chuter sans hésitation et sans avoir peur de se blesser ou de blesser l’autre
sert autant à celui qui projette (Tori) qu’à celui qui reçoit (Uke). La chute devenue un
élément naturelle par la pratique va permettre une plus grande liberté d’action dans
l’apprentissage des projections.
Autre que la chute vers l’avant, le judoka doit maîtriser les chutes latérales et vers
l’arrière.
« Bien maîtriser les chutes influence le progrès que nous ferons dans
l’application des techniques. » 9
9
Kuzuzo Kudo, page 22
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 51
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
Les dojos semblent offrir une même progression en ce qui a trait à l’apprentissage des
chutes. D’abord exécutées à partir d’une position couchée ou assise au sol, elles sont
ensuite exécutées en position accroupie ou à genoux près du sol. On débute avec les
ukémis vers arrière (mae- ukémi), de coté (ushiro- ukémi) pour passer à la roulade avant.
Le travail d’apprentissage se fait seul ou en couple.
Une attention particulière doit être portée à la frappe au sol. L’angle de frappe suggérée
pour le contact de la main avec le sol est de 35 à 45 degrés, faisant ainsi plier
naturellement l’articulation du coude. La tête doit être protégée en s’assurant que le
menton est bien rentré.
Dans les grands dojos, l’apprentissage des chutes se fait en groupe et sous la surveillance
d’un élève senior (sempai) qui synchronise les mouvements avec un commandement ou
signal quelconque. L’exercice des chutes sert souvent de mécanisme de réchauffement
pour des séances spéciales d’entraînement.
Durant l’entraînement aux chutes, Tori retient Uke pour amortir la chute à la suite d’une projection.
Il importe d’examiner des éléments qui sont significatifs pour une performance de haut
niveau. Plusieurs les lois biomécaniques jouent un rôle important : les effets de la gravité,
des règles qui régissent le maintien de l’équilibre, les effets de la friction causés par les
déplacements au ras de sol ainsi que les moyens pour appliquer et amplifier des forces
primaires et secondaires qui agissent dans l’exécution du geste. Nous examinerons ci
après, quelques facteurs importants.
Dans le déplacement fait avec un pas chassé (Tsugi Ashi), la reprise de l’équilibre se fait
autrement. Le pied avancé glisse au ras de sol sans que le talon lève d’une façon
marquée. Les genoux restent fléchis et le bassin demeure plus en arrière. Le poids est
ainsi retenu et supporté plus vers l’arrière centre. L’écrasement du talon arrière est moins
prononcé et le poids est mieux distribué entre les pieds. Ce genre de déplacement
favorise mieux le tai sabaki, certains balayages, accrochages et soulèvements. Dans les
deux genres de déplacement, malheureusement, on ne peut pas compter sur la largeur du
pied pour influencer considérablement le degré de stabilité. C’est plutôt l’effet
d’oscillation ou balancement du poids qui se fait au dessus et sur les articulations du pied
qui influence le plus.
Dans le cas d’un déplacement en Ayumi Ashi, il sera plus facile d’identifier la ligne de
force qui se dessine dans la succession des endroits ou les points de contact qui reçoivent
la majorité de la pesanteur du corps. À certains moments, c’est le talon qui deviendra le
point de contact avec le sol. En d’autres circonstances, c’est la paume du pied qui
supporte le plus de poids et à l’occasion, les orteils deviendront les points d’ancrage.
Dans le Tsugi Ashi, le transfert du poids se fait de l’arrière vers l’avant en parallèle avec
le sol et de façon plus rythmée. Il y a moins d’oscillation latérale d’où moins de chance
de perdre l’équilibre. La ligne de force repose plus dans le bloc fait par les hanches et le
bassin et se définie qu’en dernière minute avec l’extension de la jambe avant ou arrière
selon le cas.
(1) (2)
Déplacement en Tsugi Ashi Déplacements en Tsugi ashi et Ayumi Ashi
Les genoux sont légèrement pliés Voir la différente enjambé
Le pied arrière vient rejoindre La jambe arrière est en extension et prépare le
transfert
Durant les pratiques dynamiques, le judoka doit être en mesure d’identifier l’endroit et la
distance qui le séparent de son adversaire. Il doit pouvoir se placer, se situer ou s’extraire
de l’espace de combat à volonté. Pénétrer dans ce vide, y attirer l’autre ou s’en extraire
comporte des risques qui doivent être surmontés.
Il doit comprendre que tout déplacement arrêté dans sa course anéanti l’énergie et le
momentum de celui-ci sans compter qu’il devient un signal évident pour l’adversaire qui
peut le tourner à son avantage. La pratique continue doit corriger ces faiblesses.
« Celui qui pourrait faire de soi-même un vide dans lequel les autres
pénétreraient librement, deviendrait maître de toutes les situations. »
Lao Tse
ENVAHIR L’ESPACE LIBRE
L’espace qui sépare les deux adversaires devient une zone stratégique qu’il faut contrôler
si désireux d’une victoire. C’est le terrain où se joue la majorité de l’action. Si les deux
maintiennent leur position respective il n’y aura pas d’opportunité suffisante pour placer
une technique. L’un deux doit s’emparer de la zone de manœuvre dès qu’il le peut, soit
par une traction, poussée déplacement ou par ruse.
La zone de séparation entre les adversaires doit être traversée rapidement et maîtrisée
Celui qui traverse le centre de cette zone doit généralement parcourir une distance plus
grande pour rejoindre l’adversaire d’où la nécessité d’observer la surface entourant les
talons de l’adversaire et ses orteils. Ceux-ci dévoilent souvent l’axe de la force et le % de
poids qui repose sur les points d’appui. Le temps de la traversée et la durée de
l’occupation du centre le rendent vulnérable d’où l’importance de se déplacer rapidement
dans la direction choisie.
Les expressions courantes : se lancer dans la zone d’approche, d’exploser la technique et
lancer le tai sabaki donnent l’importance à cette maîtrise du centre.
Le combat initié en position debout se poursuit dans ce sens à 90% du temps. Les deux
adversaires sont maintenus en place par la force de gravité individuelle qui les attire
directement vers le sol et ce, d’une manière proportionnelle à leur masse et à leur volume
mais inversement à leur distance. Nous en avons donné quelques explications lorsque
nous avons abordé le UKEMI.
Les judokas maintiendront momentanément cet état stable car ils sont retenus par le
Kumi kata. Si aucune force nouvelle n’est appliquée, ils resteront immobiles. Comme
tous les corps sont soumis à la même force d’attraction (gravité). Dans l’union fait par le
kumi kata, il se créer une nouvelle réalité, un ensemble de forces qui propage un
nouveau vecteur vers un centre de gravité commun qui repose généralement au centre de
la sphère de combat. Nous avons 3 centres de gravité avec quoi composer un
déplacement.
Pour tirer profit du nouveau centre, il faut revenir aux principes de la mécanique qui dit
qu’une force plus grande que la gravité doit être appliquée pour réussir à déplacer le
corps dans une nouvelle direction.
Un certain travail est à faire pour amorcer cette nouvelle demande de force. Dans le cas
d’une initiative de la part de Tori, ce sont le corps et l’ensemble des muscles de TORI qui
vont être les messagers de cette nouvelle force. Le kumi kata sert de trait d’union et la
force sera d’abord appliquée contre la partie supérieure du costume de UKE.
La force prendra de l’ampleur avec le déplacement continu de TORI, la direction de
l’application et la complémentarité du Kuzushi fait avec les deux mains, les bras et le
corps travaillant en unisson. Si Tori entreprend un mouvement non coordonné et qu’il se
déplace en zig zag ou qu’il s’arrête dans son parcours, il perdra beaucoup d’énergie et
son mouvement deviendra moins puissant.
Tori doit alors se rapprocher le plus près possible de Uke et dépasser le point central du
cercle, éliminant ainsi le centre de gravité provisoire et le remplaçant par son propre
centre de gravité. La vitesse avec laquelle TORI se rapproche est significative dans le
calcul du volume de travail exigé faire chuter UKE.
C’est la partie supérieure du corps de UKE qui va percevoir et subir le plus rapidement
l’effet du travail de Tori pour tenter le déplacement. En contre partie de l’oscillation de la
partie supérieure, les muscles abdominaux viendront jouer un rôle important pour
compenser la mise en jeu du centre de gravité. (Action- réaction) et un rajustement de la
posture s’effectuera. Une descente compensatoire, un élargissement de la base ou une
augmentation de force de Uke seront exposés au profit de Tori qui doit descendre sous le
centre de gravité pour effectuer la projection.
Tori a avantage à se servir de ses mains, ses bras, ses jambes, son tronc, ses épaules et sa
tête pour influencer et modifier son positionnement tout en les employant pour exercer
son travail contre Uke.
Une fois que TORI a pris la maîtrise du centre de la zone libre, il peut se servir de ses
membres pour pousser davantage, tirer, bloquer, déséquilibrer ou faire tourner le corps de
UKE autour d’un axe quelconque qu’il déterminera avec le choix de ses techniques.
La mécanique nous dit que lorsque les corps sont en mouvement, les déplacements et les
oscillations produisent des énergies cinétiques associées à la vitesse des déplacements sur
une distance parcourue. Ces déplacements doivent se réaliser avec une vitesse continue
afin de générer une plus grande puissance affectée au travail de projection.
Tel un gymnaste qui effectue une pirouette, le judoka peut se servir d’un geste continu en
spiral ou en rotation sur une petite surface (rotation sur lui-même) pour influencer le
déplacement de Uke. Plus la spirale sera fait à proximité d’Uke, plus il lui sera possible
d’entraîner le corps de Uke avec lui dans son mouvement.
De même, si Tori veut pousser Uke dans une direction et le faire tourner sur lui-même, il
pourra utiliser cette nouvelle énergie aux extrémités de Uke comme s’il poussait sur une
porte rotative. Une observation faite par le maître Michel Novovitch dans son ouvrage
Judo Zéro Gravité rapporte que dans de telles circonstances, le poids d’un judoka peut
varié de zéro kilo quand il est déplacé en l’air au cours d’une projection et prendre
jusqu’au double de lui-même quand il est lancé dans un mouvement circulaire.
Plusieurs autres tactiques peuvent être envisagées pour produire une perte l’équilibre sur
un adversaire : On peut toujours compter sur la supériorité musculaire car avec
l’application d’une plus grande force que celle de l’adversaire, il est possible de le
déplacer à volonté. C’est tout de même une dépense d’énergie extravagante. On voit
souvent la prise du judogi ou kumi kata fait avec les mains placées très haut derrière le
col, dans le haut du dos ou encore par une retenue de la ceinture au plan horizontal. Ce
sont moyens assez populaires chez les hommes forts ou les femmes de taille forte. Le
montant de l’effort à déployer sera influencé par la somme des muscles mis en action et
par la masse de adversaire qui doit être déplacée.
Un des moyens moins exigeants en consommation de volume d’énergie est d’utiliser les
déplacements de l’autre au moment où il offre la moindre résistance. C'est-à-dire au
moment où il y a transfert de poids relié aux ajustements de son centre de gravité qui
compense pour reprendre son équilibre initial.
Dès que cet instant de transfert se fait sentir, Tori peut ajouter son propre déplacement
dans la même direction et combiner son énergie cinétique avec celui de Uke. Dans cette
courte période de temps, il devient possible pour Tori d’utiliser ses leviers naturels avec
le minimum d’effort.
Avec l’aide d’un sensei, d’autres façons peuvent être ajoutées afin de mieux utiliser le
rythme, la cadence et l’espace vide entre les deux combattants.
Prenons le cas où l’on déplace Uke sur la gauche. Un déplacement d’une longueur d’un
pouce vers la gauche provoque une réaction musculaire d’égale dimension sur la droite
car ses muscles travaillent proportionnellement à rétablir l’équilibre original qui a été
menacé. Il est possible de tirer profit de ce mouvement de pendule pour effectuer
l’attaque dans le sens du retour, en réaction, car les deux forces en jeu (oscillation de
l’autre et notre poussée) vont se combiner dans la même direction et faciliter le travail.
Afin d’éviter un recouvrement d’équilibre, il faut agir vite et de façon constante et ce,
dans la direction choisie.
« Ne pavanons pas notre force, car elle sera attaquée et défiée, il faut plutôt la
conserver pour en faire un usage de surprise au moment opportun. »
Proverbe Zen
Dans une technique dite parfaite, il n’y a qu’un minimum de force qui entre en jeu.
L’aisance avec laquelle le kuzushi, le tsukuri et le kake sont exécutés reflète l’usage
minimum d’énergie. La force qui est employée est celle associée principalement au
travail de traction ou de poussée contre le corps de l’adversaire. Dans la technique
parfaite, le travail est réalisé avec intelligence et les muscles sont mis en œuvre avec
pondération.
On peut décrire la force musculaire comme étant le produit d’une vibration des fibres
musculaires qui sont attachés aux deux bouts d’une articulation et qui se contractent
lorsqu’ils sont excités par un ou plusieurs stimuli nerveux. Plus il y aura des excitants
rejoignant les masses fibreuses, plus il y aura possibilité de vibration ou contraction.
C’est la force musculaire. Si celle-ci est proportionnelle à la masse des muscles qui se
contractent, on peut insinuer que quand les muscles sont plus nombreux, grands,
volumineux et longs, plus ils exercent de la force.
Une personne plus massive devrait être capable de produire plus de force que celle qui
est moins volumineuse. L’existence d’une force surhumaine innée n’est ni présente, ni
apparente chez la majorité des judokas. C’est pourquoi les judokas doivent travailler à
bien utiliser les muscles et les articulations dont ils possèdent.
Quand le maître Kudo parle d’utilisation de la force, il introduit les déplacements et les
déséquilibres comme éléments essentiels au bon usage de la force : 10
« C’est à partir d’une position stable et détendue qu’il sera possible de saisir
l’opportunité qui se présente pour ensuite concentrer rapidement tout votre
énergie sur un point critique. »
10
Kazuzo Kudo, page 15
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Les Mystères du Judo L’essence des techniques
Le maître Novovitch utilisant une concentration d’énergie dans une direction donnée
5. Bien utiliser les articulations de tous les membres pour allonger les leviers,
maximiser les angles ou présenter de nouveaux points d’appui.
Artisan du judo scientifique, le maître Kyuso Mifune favorise des mouvements souples.
Il accentue la synchronisation avec les déplacements de l’adversaire afin d’utiliser la
force et la puissance de l’autre tout en la complétant d’une dose limitée de sa propre
énergie. Les techniques de Mifune étaient souvent faites en réaction. Il cherchait le
moment opportun et prenait l’initiative ou KIME dès que l’opportunité se présentait. Il
reprenait l’idée fondamentale de Kano :
« Si l’adversaire vous pousse, tournez votre corps, s’il vous tire, avancez en
diagonale. »11
Durant le shiai, les deux combattants jouent des rôles différents et font des jeux
indépendants. L’obsession de gain de suprématie supprime souvent l’utilisation de gestes
naturels qui faciliteraient le travail en harmonie avec l’adversaire (Wa).
Il faut porter plus d’attention aux déplacements subtils qui sont utilisés pour augmenter
les mouvements de l’adversaire et éviter la confrontation directe. Des déplacements
harmonieux sont des caractéristiques du judo supérieur.
Pour les maîtres Kano et Mifune, l’emploie du moindre effort est situé dans le
prolongement du geste adverse suivi par l’application d’une technique lorsque
l’adversaire offre un poids minimum. (C’est normalement le moment où il y transfert de
poids d’une jambe à l’autre afin de récupérer l’équilibre)
Ainsi, la technique parfaite est portée lorsqu’il y a harmonie et cadence entre les deux
opposants, un certain rythme d’action et une continuité dans le kuzushi, tsukuri et kake.
Dans certains cas, on a l’impression que l’action de tirer ou de pousser ne suffit pas pour
assurer un déséquilibre marqué.
Il faudra utiliser le déplacement de tout le corps pour assurer une impulsion adéquate.
L’action des poignets sur le torse de Uke doit initier les premiers mouvements
d’oscillation. Il est important d’appliquer une bonne traction ou poussée dans un
mouvement continu. Ces deux actions doivent être initiées dans un temps rapproché, en
succession continue afin d’augmenter la masse énergétique. C’est la combinaison et la
complémentarité qui font le succès de l’impulsion.
11
Kazuzo Kudo, page 15
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 66
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
La mise en déséquilibre de Uke devient plus efficace lorsque le corps de TORI pivote ou
démarre rapidement de sa base pour poursuivre un parcours le plus direct possible et dans
le même sens. Si on y ajoute le Kime (décision d’agir sur le coup et sans hésitation) et
une bonne vitesse du déplacement, le mouvement de projection devient alors très
puissant.
Dans le jargon courant, un mouvement exécuté avec détermination en utilisant tout le
corps durant un court laps de temps est dit être un Mouvement Explosif. Ce mouvement
très rapide résulte d’une concentration de toutes les énergies possibles durant une
fraction de temps ou presque.
En se servant de la technique O soto gari, nous expliquons ce phénomène comme suit.
Devant l’hypothèse que Tori se jette d’un seul bloc contre un point donnée situé sur le
corps de Uke, on pourrait calculer qu’avec un poids de 80 kilos, Tori se déplaçant avec
une vitesse moyenne de 1 mètres/ seconde, produirait une force équivalente à 800 kg
d’impact sur une surface réduite de 10 cm et ce, durant une seconde. (80 kg x 1 m/sec =
80 kg x 100 cm /sec = 800 kg x 10 cm/ seconde).
Dans la pratique courante, ce n’est pas une explosion qui se produit, mais un déplacement
rapide de la masse de Tori par succession de segments complémentaires. C’est d’abord le
travail de la poussée faite sur la partie supérieure du corps de Uke avec les deux mains.
Ce couple de force réussira à produire un déplacement de 5 à 10 centimètres. Tori suit
avec l’impulsion que donne les muscles de sa jambe d’appui qui s’étend dans l’angle de
la projection pour obtenir un autre 5-10 centimètres en supplément.
Durant ce temps, le haut du corps de Tori se penche et suit une courbe de déplacement
qui se rapproche de Uke gagnant ainsi un autre 10 à 20 centimètres. Tori maintien la tête
penchée vers l’avant pour donner plus de poids à l’avant de la trajectoire et dépasse son
propre centre de gravité. Tori se met en état de déséquilibre vers l’avant, lançant son
poids dans le prolongement de la ligne de force et ce, en arrière de la ligne de résistance
de Uke. Uke est ainsi placé en déséquilibre sur son talon.
À ce moment, la jambe d’attaque fléchie de Tori prend sa première impulsion lorsque sa
jambe se lève et s’amplifie dans sa descente pour fendre le poplité de Uke par le
balayage. Tout le corps de Tori est ainsi impliqué dans la continuité du geste et la force
d’énergie appliquée sur les 20 centimètres du poplité de Uke sera d’environ de 400
kg/sec..
Exécuter une technique parfaite en captant le moment opportun ou le juste instant et avec
le minimum de force n’est pas chose facile à réaliser.
Trop souvent, en situation de combat, la solution instantanée est l’application de force
contre force ou l’utilisation d’une force nettement supérieure à celle qui nous oppose.
L’excédent de force peut conduire à une réussite. Cependant, une pareille solution n’est
pas dans l’esprit véritable du judo.
Mieux vaut utiliser les déplacements en harmonie. L’emploie subtile des hanches, l’appât
ou la feinte pour déclencher une réaction dans la direction désirée sont plus de mise.
L’exécution d’une attaque explosive dirigée avec grande amplitude et comprenant un
enroulé (makikomi) peut aussi précipiter l’adversaire vers une chute certaine.
Certaines techniques vont exiger plus d’énergie que d’autres. Le judoka doit apprendre à
les reconnaître et à les adapter pour les fondre avec sa personnalité. Dans toutes les
techniques, tous les segments du corps doivent agir en complémentarité et dans un
mouvement continu.
Si deux articulations (forces) sont utilisées plutôt qu’une, la puissance totale sera
doublée, sans compter que l’énergie non utilisée dans la projection sera gardée en
réserve.
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Les Mystères du Judo L’essence des techniques
À ne pas oublier que dans toute projection qui demande un soulèvement, les muscles des
jambes qui agissent en mode de flexion ou extension viennent renforcer l’activité de tirer
ou de pousser avec les bras. L’action des muscles de la jambe est reliée aux muscles
abdominaux qui, à leur tour viennent amplifier le déplacement.
Habituellement une technique est complétée en une fraction de secondes. Il est même
possible de diminuer le temps réponse requis pour l’amorcer, la lancer et l’exécuter. Pour
accomplir ce raccourci, le judoka doit se sensibiliser aux déplacements de la masse
physique de ses adversaires. Ils sont tous uniques et demandent des adaptations
particulières que le cerveau doit enregistrer.
Les chercheurs Watanabe et Avakian 12 ont remarqué que si un stimulus est arrêté à
quelque part avant de se rendre au cerveau, le muscle ne pourra pas réagir par une
contraction instantanée adéquate. Cette observation conduit au développement et à
l’utilisation de conditions réflexes qui sont acquises par l’entraînement sur déplacement.
Pour être prêt à toutes éventualités, ils recommandent que :
« Le judoka doit réagir par réflexe conditionné dans la majorité des cas, car il
n’y a pas suffisamment de temps à la réflexion et à l’analyse. »
La décision d’agir au bon moment ou Kime est généralement influencée par des signaux
physiques que dégage l’adversaire. Ceux-ci peuvent être reçus et décodés par l’attaquant
avant même de préciser sa réponse. Le kumi- kata ou la saisie du judogi va servir de
point de contact et d’antenne avec l’adversaire.
Plusieurs messages physiologiques dont le regard déterminé, le déplacement des pieds,
l’effet de la traction des poignets, la respiration, le gonflement du torse, le mouvement de
la tête, les yeux qui se ferment et l’oscillation du ventre sont des indicatifs normalement
transmis lors de la préparation d’une attaque. C’est dans la pratique du yaku soku et du
randori que le judoka apprendra à observer et à enregistrer ces messages qui lui seront
utiles ultérieurement.
12
Jiichi Watanabe, Lindy Avakian, The Secrets of Judo, Charles Tutle, Tokyo, 1960, page 21
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Les Mystères du Judo L’essence des techniques
À titre d’exemple, dans Ippon- seoi- nage, Tori exécute un déplacement initial avec
sautillements. S’il répète ce genre de déplacement dans des situations variées, son corps
prendra l’habitude de tourner sur lui même devant l’adversaire sans qu’il en soit
conscient. De même, avec la pratique répétée de la bascule vers l’avant, son corps
s’adaptera à entrer avec une courbature frontale, éliminant ainsi une étape complète dans
le geste à exécuter tout en assurant un mouvement continu.
Maître Katanishi en exercice préparatoire avec geste répété pour Seoi nage
« La lumière pure contient toutes les couleurs. Celles-ci ne peuvent être décelées
que si nous l’observons comme étant un phénomène unique. »
Proverbe Zen
L’exécution des techniques étant variée avec chacun, il est possible de penser que nous
pouvons identifier des situations de combats où une technique conduit à l’application
d’une autre. Un tel enchaînement naturel nous est présenté dans l’étude linéaire du
Gokyo.
Les techniques peuvent être agencées différemment afin que la préparation de l’une
devienne le complément ou la prolongation d’une autre et vice versa. Dans un combat, il
y a maintes occasions d’exploiter, consciemment ou non, des gestes inattendus ou tirer
profit d’une réaction spontanée de l’adversaire pour placer des techniques inusitées.
Certaines techniques se prêtent mieux à ce genre d’enchaînement. Des combinés
techniques sont souvent le résultat d’une technique originale qui manque de certains
éléments essentiels. Le maître Kawaishi défini ce genre d’enchaînement comme suit :
« L’enchaînement est le processus d’attaque qui, à partir d’un mouvement esquivé ou
bloqué par votre adversaire, vous permet immédiatement d’en placer un autre, d’autant
plus efficace qu’il exploitera ce blocage ou cette esquive13. »
Plusieurs situations de combats favorisent les enchaînements. Les plus courantes sont :
1. L’utilisation d’un déplacement ou mouvement de feinte qui est réalisé dans une
direction contraire afin de profiter d’une réaction contraire de l’adverse. La feinte sert
à maintenir l’initiative tout en permettant de mieux se placer, d’utiliser le
déplacement en réaction de l’adversaire et imposer une projection désirée dans la
direction souhaitée. (Ex. Uchi-mata suivi de Tani-otoshi ou sumi gaeshi).
13
M.Kawaishi, Enchaînements et contre prises, page 9
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 73
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
M. Kawaishi
Patrick Vial un autre entraîneur français, nous dit un peu la même chose dans son étude
sur L’Évolution de la compétition15.
« Le judoka est nettement favorisé par des analyses de situations de combat avec des
partenaires différents. »
C’est dans l’entraide mutuelle que les judokas arriveront à mieux maîtriser des situations
de déjà vu et qu’ils réussiront à développer des réflexes conditionnés qui les aideront
durant les combats.
14
George Baudot, page 4
15
Patrick Vial/Daniel Roche/Claude Fradet, Évolution de la compétition, Édition Vigot Paris, 1978
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 74
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
On ne peut pas parler d’enchaînement sans aborder la contre prise. L’enchaînement étant
la possibilité d’apporter un dernier élan à une technique non décisive et la contre prise
étant l’opportunité de saisir l’erreur technique que fait l’adversaire. Le maître Kawaishi
défini la contre prise comme suit :
« C’est l’utilisation à votre profit, d’une technique d’attaque de l’adversaire. »16
C’est surtout à travers du randori que le judoka fait face à la plus grande possibilité de
placer des contres prises sur les attaques de son adversaire. Avec l’apprentissage de la
contre attaque, le vocabulaire du monde judo s’enrichi des mots : Go No Sen, Ura Wasa
et Sen No Sen.
Le Go No Sen s’identifie le moment où Tori prend l’initiative (sen) avec une technique
exécutée directement contre l’attaque de l’adversaire (Omote). La technique de riposte
fait échouer l’attaque durant son exécution et facilite un placement de sa technique durant
l’instant de non retour. Le judoka se sert normalement du déséquilibre de l’adversaire
pour l’accentuer et le tourner à son avantage. À titre d’exemple : un harai goshi contrer
par un utsuri goshi ou un te guruma.
Le Ura-Wasa est une technique qui est portée en harmonie. Le judoka prenant une
attitude d’apparence passive, attend la technique adverse se développe et se déplace
soudainement pour remplir le vide qui se produit entre les deux opposants et utilise l’élan
de l’adversaire rendu au point de non retour pour le projeter. En exemple : uchi mata
contré en faisant le vide et suivi par le uchimata geashi.
Le Sen- No- Sen est une initiative introduite par anticipation. Le judoka anticipe un
déplacement imminent et devance celui-ci en plaçant sa technique au moment même où
l’adversaire va démarrer son attaque. Tori vole ainsi l’instant d’impulsion et la force du
mouvement adverse pour l’utiliser à ses fins. À titre d’exemple : l’adversaire prépare un
déplacement vers la gauche pour O soto gari , Tori anticipe le déplacement et pivote pour
rentrer un sumi otoshi en ligne perpendiculaire, bénéficiant ainsi de la force de l’attaque
de l’autre.
« Les vieux experts disent que pour l’enchaînement l’œil suffit. Pour la contre
prise, il faut la perception, le contact et surtout cet instinct qui vous fait devancer
l’intention même de votre adversaire. » 17
16
M. Kawaishi, Enchaînements et contre prises, page 13
17
M. Kawaishi, Enchaînements, page 13
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 75
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
Le maître de la technique en réaction fut sans doute le célèbre Kyuso Mifune 10ième dan
qui durant un stage de professorat à l’Université de Waseda (Tokyo) au Japon, conçu un
Kata spécial (Go no Sen) pour faciliter l’étude des contres attaques. Ce kata a pour
couverture de fond 15 situations les plus communes avec leur possibilité de placer des
mouvements contraires. Bien que populaire et toujours pratiqué dans les grandes écoles,
ce kata n’a jamais reçu l’approbation formelle pour être retenu au syllabus du Kodokan.
Le maître Mifune exécutant un Sumi Otoshi en contre du Sasae (Tirée de Canon of Judo)
Certaines des techniques de ce kata ont cependant été retenues parmi les techniques
complémentaires (shimmeisho) du Kodokan telles : l’anéantissement de l’attaque du De
ashi barai par un Tsubame gaeshi ou un Tai otoshi. Un Ko soto gake contré par un migi
uchimata. Un Hiza guruma envahi par O uchi gari. Un Uki otoshi réduit en ruine par Tai
otoshi. Un Seoi nage éliminé par Yoko guruma. Un Kata guruma enveloppé par Sumi
geashi, et un Sasae tsuri komi ashi emporté par Sumi otoshi.
« La vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier. »
Proverbe Zen
La majorité des techniques de contre attaque sont réalisées sur des adversaires qui trop
souvent tentent des techniques sans les avoir bien préparées ou qui manquent certains
éléments essentiels dont le principal étant un mauvais déséquilibre.
Pour utiliser un mouvement de contre attaque, le judoka doit anticiper, subir
partiellement ou réutiliser la technique amorcée par l’adversaire. Il doit anticiper et faire
un usage calculé des moments d’hésitations et des bris de continuité qui peuvent se
présenter au cours d’une attaque.
La contre attaque est souvent déclenchée par un simple blocage avec le bas-ventre ou
hara (par contraction des muscles abdominaux) qui favorise l’arrêt momentané du
mouvement adverse. (On dit aussi le DOME pour la concentration musculaire
abdominale qui s’extériorise par l’arrondissement de l’abdomen). Cette réaction permet
de bloquer, de transformer et même d’amplifier le geste de l’adversaire.
La contre attaque se réalise également avec une esquive qui se fait par déplacement dans
la continuité du geste adverse. La contre attaque s’effectue dans six situations courantes :
1. En anticipation.
2. En fonction du déséquilibre de l’attaque adverse.
3. En maximisant les points morts situés en début ou fin de l’attaque.
4. En transformant le mouvement adverse à son avantage.
5. En accentuant le momentum et vitesse de déplacement.
6. En amenant au sol par sacrifice par en avant ou par arrière.
« Le judo a la nature de l’eau. L’eau court pour atteindre un niveau d’équilibre. Elle n’a
pas de forme propre mais prend celle de son contenant. Indomptable, elle pénètre
partout. » G. Koizumi dans son introduction du Judo pour ceinture noire de
M.Feldenkrais
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 78
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
Il est aussi possible d’observer chez des judokas d’expérience, une certaine aisance à
utiliser la posture souple combinée à leur grande sensitivité pour détecter très tôt les
intentions de l’adversaire. Ils se placent souvent au bon moment et au bon endroit pour
anticiper la technique adverse (Sen-no-Sen) et attaquer avant même que l’adversaire ne
bouge.
Avec le déplacement souple, le judoka maintien un meilleur équilibre de son corps. Le
déplacement en tsugi ashi lui permet de faire reposer 40% de son poids sur la jambe en
avant et garder 60% sur la jambe arrière. Ayant les genoux fléchis, il peut mieux se
cramponner au sol, bondir et transférer son poids selon l’urgence. Le glissement des
pieds au ras de sol assoupli la traversée du centre de gravité et stabilise davantage.
On constate dans des exercices dynamiques que les judokas ont souvent tendance à
recourir à l’emploie de la confrontation en offrant des résistances par le raidissement des
bras, une courbature du corps vers l’avant et par une descente du siège en jigotai. Il faut
travailler davantage en harmonie et laisser tomber ses mauvaises habitudes qui
paralysent le travail debout. Le Yaku soku et le butsukari permettent de travailler plus
proche de l’adversaire et de maintenir une posture souple. Les judokas doivent tenter de
mieux harmoniser leurs déplacements avec ceux de l’adversaire.
Nous approchons alors du principe de `Ju` avec lequel le judoka doit céder pour vaincre.
Durant les exercices en yaku soku et randori, les ripostes doivent devenir plus
absorbantes, plus élastiques. Elles doivent répondre aux gestes de traction et de poussée
qui accompagne les attaques adverses. Les déplacements en angle, en cercle ou spirale
doivent être réalisés dans la direction de la chute proposée. Compte tenu que le moment
opportun de porter l’attaque n’est que passager, le judoka doit travailler à saisir les
opportunités (temps morts ou points de déséquilibre) qui se présentent et les transformer
à son avantage.
C’est la capture du moment opportun pour créer ou maximiser le déséquilibre qu’il faut
rechercher. Des textes chinois de Chen Tuan (871-989 A D) édités par Li Dongfen en
1368 expriment cette urgence dans les mots suivants : yu shou fang gen ji (désiré,
recevoir, donner dans un seul instant).
Les maîtres du Kodokan dans les années 1930 parlaient du moment Wa qui est cet
instant critique où le judoka se sert de la faiblesse maximale causé par un déséquilibre
habilement porté contre l’adversaire pour porter la technique sans retour qui conduit au
IPPON. Les écrits de Li Dongfen font aussi cette précision dans le texte suivant : Shen ji
de qi shi (Juger de l’opportunité et agir soudainement.)
Exprimé autrement, le Wa est l’occasion où le judoka fait la symbiose avec l’autre. S’il
ne bouge pas, il reste immobile. S’il y a déplacement, il doit y avoir un accompagnement
avec l’esprit, les yeux, les mains et tout le corps. C’est l’instant même où ses gestes
s’entrecroisent et font un mouvement combiné dans les traces du déplacement de l’autre.
Des chercheurs du Daito Technical Medical College du Japon ont reconnus que les
mouvements populaires associés à une posture défensive où Tori prend haut en arrière du
collet sont limités au O soto gari, Uchi mata, Harai goshi et le Tai otoshi.
Il y a toujours des exceptions à la règle. Un judoka de force supérieur peut réussir à
contrôler le kumi kata de l’autre et le conduire aisément vers l’épuisement.
Aaron Davis champion de la cote du Pacifique 2002 avec un kumi kata haut en arrière
L’observation quant aux limites imposées par la prise d’une garde défensive et dure nous
est fournie par les études de George Weers de la fédération américaine de judo qui a fait
une analyse systémique de films comprenant 148 combats internationaux entre 1983 et
1991. Dans son analyse, il note que les déplacements à partir d’une posture naturelle et
flexible représentent de 29 à 38% de la tendance durant les combats préliminaires et les
combats de repêchage. L’adhésion à des postures naturelles souples s’élargie à 63%
durant les combats de grande finale.
Il note aussi qu’à partir d’une posture naturelle, les combattants se tiennent plus à la
verticale, que leurs déplacements sont plus libres et sont réalisés avec de grandes
enjambées circulaires et avec des pas rapides exécutés autour de l’adversaire. Ces
déplacements semblent produire des effets psychologiques positifs dès les débuts de
combats.
On rejoint ici, la recommandation de Li Dongfeng : Le corps doit se tenir droit, sans
inclination et conserver sa souplesse.
AVANTAGES DE LA SOUPLESSE
Weers et ses associés ont remarqué qu’avec une posture plus souple, il se produit des
mouvements de rotation très rapides qui sont effectuées sur la pointe des pieds et que la
garde est généralement maintenue plus flexible pour faciliter ce genre de déplacement.
Souvent, lorsqu’il y a prise d’une seule main, le judoka semble jouir d’une zone de
manœuvre encore plus grande. Le judoka peut conserver des distances rassurantes à
l’intérieur desquelles il peut placer une plus grande variété de techniques.
L’étude de Weers dénote le fait que même si le judoka est souvent placé face à
l’adversaire, il réussi à maintenir sa souplesse même lorsque l’adversaire lui offre un
kumi kata qui soit très fort.
Weers conclue que la position naturelle souple permet de maintenir un meilleur contrôle
du combat car le judoka conserve une garde plus flexible qui lui permet de ne pas trop
dévoiler son jeu. Au lieu de résister par la force, il cède et peut mieux se déplacer à
volonté. De plus, il note que souvent, les déplacements circulaires ou exécutés en spirale
facilitent l’entraînement de l’adversaire dans des chutes rapides et décisives.
Les forces ou démons qui pénètrent votre sphère de garde doivent être repoussés
sans compassion et humilité 18
Les recherches de Weers ont conduit à identifier d’autres types de postures gagnantes.
Comme on l’a déjà vu, la posture plus courbée avec ses gardes plus dominantes est
devenue très populaire.
Dans les postures dites courbées, les adversaires font souvent des déplacements en forme
de petits arcs vers l’avant ou sur le coté de l’adversaire. Le fait de se battre en diagonale
semble favoriser le placement d’une technique de coin et permet d’exercer plus de force
avec l’ensemble du corps. La diagonale permet d’être mieux placer pour riposter avec des
contre- prises par renversement du genre te-guruma.
Une autre tendance décelée par l’étude de Weers a trait au déplacement limité que font
les adversaires avec deux ou trois enjambés en diagonale pour sonder les faiblesses de
l’opposant et suivre avec des attaques sur le coté.
18
Deng Ming Dao, 365 Tao, page 33
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 83
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
Les études du Daito Technical Medical College du Japon ont démontrées que 30% des
compétiteurs nationaux utilisent ce genre de positions pour placer des grands
mouvements populaires comme : O soto gari, Uchi mata, Harai goshi, Tai otoshi et des
enroulements du genre Makkikomi.
À cause des déplacements limités qui accompagnent la prise d’une posture courbée, le
combat devient souvent assez stationnaire et nombreux sont les avertissements des
arbitres pour accélérer la dynamique. Certains combats vont même se terminer sans qu’il
y ait eue tentative marquée d’une attaque sincère et doit appliquer le « Golden rule » ou
le résultat par extension du combat. (Ne sont calculés que les initiatives nouvelles)
Dans la défensive, le kumi kata doit agir comme première ligne de détection des
mouvements adverses et être utilisé pour empêcher ou anéantir l’attaque de l’autre. Il
peut également servir d’obstacle psychologique pour briser ou reprendre le rythme du
combat.
Nous avons déjà remarqué qu’une technique réalisée au bon instant s’accomplie quand
l’esprit est clair et que l’attaquant n’est pas dérangé par des pensées divergentes ou par
des motifs négatifs qui retiennent son attention. Devant un geste menaçant de
l’adversaire, il est possible d’avoir une réaction négative et soudaine telle que la
fermeture des yeux ou le détournement de la tête. La peur naturelle de l’autre, l’hésitation
de se lancer à plein, la peur de provoquer un accident ou de subir une blessure sont des
distractions qui peuvent provoquer des moments d’hésitation et diminuer la capacité
d’agir.
L’olympien Neil Adams de Grande Bretagne raconte que lorsqu’il pratiquait avec le
grand champion Yamashita, il ne s’est jamais senti en danger d’être blessé ou projeter en
dehors du tatami. Yamashita était d’une telle dextérité technique que ses mouvements
précis et spontanés étaient placés au juste moment, et qu’Adams n’avait qu’un recours
instinctif en tête, celui de s’assurer de bien chuter.
Dans ses recherches sur l’acuité mentale et le judo, Watanabe conseille :
Si vous désirez faire chuter l’adversaire, placer-le dans une situation mentale et
physique dans laquelle il sera obligé d’augmenter son temps de réaction pour
essayer de reprendre une position naturelle stable.
Au même instant, placez-vous dans une position naturelle dans laquelle vous
pouvez réagir dans les meilleurs délais en utilisant des réflexes conditionnés pour
porter votre attaque sans arrière pensé. 19
Quelques tactiques du même ordre ont été notées dans notre premier tome Les Mystères
du judo.
Une action peut être prise dès qu’il y a prise du costume (kumi-kata). L’olympien
français Stéphane Traîneau employait un kumi-kata fort afin de tirer et de garder
l’adversaire dans une position désavantagée durant un très grand lapse de temps. Les
frustrations qui s’en suivirent ébranlèrent la psyché de plusieurs de ses adversaires.
Si un des combattant est trop gêné par le kumi-kata de l’autre, il devient hésitant et son
esprit offensif se ralenti considérablement. Il doit concentrer à se dégager et du fait
même, il est retardé dans le placement de sa technique offensive. Sans compter qu’il est
vulnérable à commettre des erreurs tactiques qui peuvent être exploités.
On a déjà mentionné qu’il était possible de déjouer la concentration de l’adversaire par
des changements soudains de postures. Les déplacements et feintes rapides réalisés tant
du coté gauche que du coté droit sont des moyens courants.
19
Watanabe, page 33
Souvent les déplacements sont accompagnés de petits cris aigus et concentrés dits kiai.
Cette combinaison sert à surprendre l’adversaire, le mettre hors de diapason et
déséquilibrer sa concentration.
Certains athlètes sans scrupules vont même tenter d’intimider l’adversaire en brouillant la
vue de l’autre avec une partie du judogi ou avec la main à la hauteur de la figure. De
telles intimidations n’ont qu’une portée limitée et l’arbitre intervient assez rapidement
avec un avertissement. À long terme, il vaut mieux développer des raffinements
techniques.
Dans cette veine, le judoka est encouragé à se familiariser avec certains signes qui
indiquent des éléments de faiblesse chez l’adversaire tels :
Ralentissement des déplacements
Respiration haletante,
Gestes de nervosité, sueurs de stress,
Distraction soudaine par un bruit inusité,
Manque d’harmonie dans les gestes,
Protection poussée envers une vieille blessure etc.
Voilà autant d’opportunités à surveiller et à exploiter pour placer une technique rapide
qui marquera le point vainqueur.
Ippon au Sol
Abandon par Shime et Kansetsu wasa
Retenu du dos au sol pendant 25 sec
Combinaison de retenu au sol avec pointage debout
Le judoka doit s’assurer d’une bonne saisie du costume afin de diriger ou contrôler
l’adversaire. Il doit exercer des pressions verticales en position de travers, aux quatre
coins ou par-dessus l’épaule. Pour effectuer des étranglements et des clefs, il faut bien
utiliser le poids de son corps afin de fatiguer et contrôler l’adversaire. En parlant du
travail au sol, l’ancien champion mondial Isao Inokuma suggère : 20
« Lorsque vous saisissez l’adversaire, placer votre force dans le creux de la main et
dans les petits doigts, laissant ainsi votre pouce libre pour glisser et s’adapter aux
tensions du tissu. «
Dans le même sens, le chercheur Watanabe suggère d’appliquer une force aux poignets
au moment même de l’application du Kuzushi. « Il faut tenir le judogi comme si nous
avions un œuf frais au creux de la main.21 Pour le maître Kudo, l’important :
« C’est de ne pas tenir l’adversaire avec des bras tendus mais plutôt de tenter de
se garder le plus de jeu de manœuvre possible avec des bras flexibles. »22
20
Inokuma, page 14
21
Watanabe, page 93
22
Kazuzo Kudo, page 12
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 90
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
Pour le spécialiste des étranglements au sol, le champion Kashiwasaki ce qui importe est
de travailler près des sinus carotidiens pour effectuer Shime wasa. ¨ Travailler
méthodiquement à placer la main du collet, le plus près possible des carotides et de
garder les poignets souples ¨.23 Le maître Awazu du Kodokan parlant du déplacement au
sol dit que l'avantage au sol s'acquiert par petits gains stratégiques successifs et
irréversibles.
Considérant que les corps sont interposés, il est plus difficile d’observer l’usage de la
force abdominale dans le travail au sol. Cependant, lorsque bien employée, la zone
abdominale sert de point d’appui aux divers leviers utilisés. Elle est employée comme
point de contact pour assurer une emprise solide durant le changement de positions. Parce
que les adversaires exécutent des déplacements près du sol, la force de la gravité est plus
grande. Les déplacements de types rampant, les pontages, le geste de la langouste sur le
coté et la rétraction du corps sont des mouvements qui illustrent l’usage du hara.
Pour bien maîtriser l’adversaire au sol, un contact continu avec lui est nécessaire. S’il est
libre de se déplacer tant en dessus qu’en dessous, il sera extrêmement difficile de porter
une attaque sérieuse. On doit se l’imaginer comme étant un bloc de bois flottant sur l’eau
et autour duquel il faut s’agripper et se retenir.
Le maître Mifune donnait l’exemple de l’adversaire au sol comme étant un ballon roulant
à la surface du sol et dont il fallait attraper. Laissé libre, il va bondir et poursuivre sa
direction. S’il rencontre un obstacle, il sera dévié ou arrêté selon le cas. On doit donc
tenter de l’encercler et l’immobiliser.
Avec l’impact de la projection, l’adversaire chute normalement en forme de cercle. S’il
s’arrête en cours et prend une position défensive accroupie, il forme également un cercle.
Couché au sol, sa poitrine et sa région abdominale vont former une sphère. Placé ainsi en
boule, il peut être retenu ou arrêté par une pression exercée directement sur son pôle
traversant jusqu’à son point de contact au sol. Cette pression s’exerce normalement avec
le hara.
Une fois retenu au sol, il faut l’encager en dressant des obstacles qui nuisent à sa
mobilité. Le bassin de Tori (hara) doit alors être utilisé comme une grande enveloppe ou
filet au centre duquel, les muscles abdominaux font pression contre les parois du ballon
qu’est devenu Uke.
23
Katsushiko Kashiwazaki, page 15
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 91
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
Si Uke tente des sorties, Tori riposte avec des déplacements du bassin qui suit
attentivement les tentatives de sorties. Les bras et les jambes formant des appuis solides,
serviront à se mouvoir autour et par-dessus l’adversaire tout en offrant divers angles de
force ou servant de leviers pour assurer le contrôle.
Les déplacements au ras de sol exigent une grande subtilité. Il faut pratiquer à se déplacer
comme un boa, par petits gestes conscripteurs et ondulatoires qui s’amplifient l’un sur
l’autre, tout en resserrant le contrôle de l’adversaire. Avec le corps, il faut envelopper
l’autre, le couvrir, l’enrouler, s’y coller fortement afin de faire qu’une seule masse avec
lui.
Mieux vaut travailler en se servant des jambes pour contrôler, pour éloigner ou faire
pression selon le besoin. À l’exemple du travail debout (tachi), il faudra travailler
davantage les angles et les leviers naturels. Quoique qu’il advienne on doit tenter de
conserver au moins un point d’appui avant de tenter de se déplacer.
En défensive, se sortir d’une immobilisation doit se faire avec des mouvements
spontanés, rapides, directs et sans laisser l’opportunité à l’adversaire de placer sa
technique à plus de 70% d’efficacité. Il ne faut surtout pas laisser traîner les jambes en
arrière et laisser les bras immobiles. Si possible, il faut essayer de créer un espace libre
entre les deux adversaires et de l’utiliser comme zone de manœuvre.
En tout temps, l’esprit sportif en judo demande que le judoka porte une attention
particulière envers son partenaire d’entraînement. Il est de son devoir de faire le
nécessaire pour le protéger contre des blessures. Le respect de l’autre et la facilitation de
la chute assurent cette protection. Dans le randori et le shiai, lorsqu’il est nécessaire de
compléter les projections avec un suivi jusqu’au sol pour sécuriser la victoire il faut être
doublement respectueux envers l’autre pour ne pas s’écraser sur lui et infliger des
douleurs supplémentaires. La prévention des accidents n’entrave pas la possibilité de
poursuivre avec une technique d’immobilisation, d’étranglement ou de clef de bras. Dans
tous les exercices au judo il faut prendre les précautions nécessaires pour maîtriser son
tempérament et respecter son adversaire.
Les écrits anciens invitent à nourrir et à développer une attitude positive face à
l’entraînement. L’humilité, le jugement sage, le détachement, la satisfaction de bien faire,
le pardon et la tolérance sont des vertus qui accompagnent un comportement respectueux
de tout judoka.
La technique elle-même donne ses résultats. Mais sa mise en exécution est entourée par
des stratégies et tactiques qui sont adaptées à chacun afin de déjouer l’adversaire et
d’assurer la victoire à l’intérieur des règles. Elles sont normalement enseignées durant un
programme préparatif à la compétition.
La stratégie c’est l’exécution d’un plan général de comportement conçu pour prendre en
considération l’état physique, psychologique et technique du combattant face à un
adversaire. Attaquer dès l’instant du Hajime, éviter le travail au sol, forcer le
déplacement à gauche ou à droite, ralentir l’élan, jouer sur les points obtenus et les
avantages acquis et faire pénaliser l’autre sont quelques exemples de stratégies.
Les tactiques sont plutôt des méthodes personnelles utilisées pour styliser un mode
d’approche à la technique telles : favoriser l’approche sur la gauche, tenir d’une seule
main, forcer la réaction de l’autre, enchaîner diverses techniques en répétition, passer en
jigotai et changer de garde.
Les stratégies et tactiques se dessinent généralement dans l’étroite collaboration entre
l’entraîneur et le judoka. Elles résultent de l’observation de compétiteurs identifiés
comme étant des adversaires potentiels et dont les comportements ont été observés sur
quelques semaines ou mois. Processus continu, rempli d’échanges, d’analyses et de
jugements, les stratégies sont souvent du domaine de l’équipe technique qui accompagne
le judoka compétiteur et qui suggère des comportements différents selon les occasions.
ANNEXE : A
Progression de l’enseignement général
ANNEXE : B
Condensé des modifications mineures au Gokyo
Inokuma, Le judo vivant, page 22
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 98
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
L'approche britannique
Poursuivant les traces laissées par Y.Tani c’est le professeur G. Koizumi, ancien de
l’école Tenshin-shinyo et du Kodokan, qui met au point le premier programme
britannique. Les techniques enseignées sont regroupées autour des articulations majeures
agissant comme points d’origine. Nous pouvons identifier les techniques de bras, de
hanche, de jambe, de sacrifice etc. Il classifie également les techniques selon l’action
désirée telles la bascule, le levier et l’obstruction.
Le programme débute avec une technique de dos: le uki otoshi qui sera suivi par deux
techniques d’épaule : le kata guruma et le seoi- nage.
Après la visite de Kano en 1920, le programme s'enlignera au Gokyo révisé.
L'Europe et Kawaishi
À partir de 1934 et durant plus de 30 ans, le maître Minosuke Kawaishi enseignait un
Gokyo modifié à travers l'Europe et principalement en France. Sa méthode comprenait
146 mouvements. (Il n’avait pas connu les limites et restrictions politiques imposées au
Kodokan lors de l’occupation américaine). Son programme contenait plusieurs
techniques dites dangereuses dont les clefs de jambes et certains atémis. Un tel éventail
technique semblait plaire à beaucoup et favorisa l'expansion du judo dans des milieux où
d'autres professeurs à l'approche plus traditionnel avaient échoué.
Les techniques étaient plus connues par leur numéro de séquence, que par leur nom ou
description japonaise. Cette approche pédagogique lui valut de nombreuses critiques de
ses pairs qui le voyaient s’éloigner de la voie traditionnelle du Kodokan.
La méthode Kawaishi s’amorçait avec le premier mouvement de jambe, le grand
accrochage de jambe, le o soto gari, exécutée de face. Cette technique était suivie du
deuxième de jambe, soit : le de-ashi-barai, le balayage du pied avancé et suivi par le
troisième de jambe, le hiza- guruma, le bloqué en roue autour du genou.
Le maître Kazuzo Kudo 9ième dan, ancien collègue de Jigoro Kano, fait lui aussi l’usage
de grandes familles de mouvements pour présenter son programme d’enseignement
autour des techniques de bras, de hanche, de jambes et de sacrifice. Sa technique de
départ est le tai otoshi, technique normalement exécutée de dos. Elle est suivie par le seoi
nage, soulèvement par l’épaule, elle aussi, une technique exécutée de dos. Le travail au
sol suit une progression semblable aux autres institutions et comprend des
immobilisations, étranglements et des clefs de bras.
Le programme français
La fédération de judo de France (F.F.J.D.A) procède à une refonte de l’enseignement du
judo vers les années 1960. Elle publie sa progression qui se veut une adaptation nouvelle
du Gokyo. Les techniques sont présentées sous différentes facettes afin de faciliter la
compréhension des principes de base tout en offrant un environnement plus sécuritaire.
Le programme contient six grandes familles de techniques correspondant aux grades des
ceintures mudansha. Les premières techniques sont des techniques où Tori est placé de
dos à l’adversaire. On voit la grande bascule de la hanche dite le 0-goshi. Elle est suivie,
avec l’ippon seoi nage, projection fait de dos, mais cette fois, avec l’aide de l’épaule. Les
techniques de face débuteront avec le hiza-guruma, la roue autour du genou.
Le groupe de discussion. C’est un moyen qui sert à approfondir une situation plus globale
vécue par le groupe. Un animateur est choisi pour guider l’analyse technique du geste en
question et suscite des solutions des participants.
L’analyse critique. C’est de la rétroaction immédiate que fait le judoka avec son
partenaire de pratique suite à l’exécution des techniques.
L’analyse de cas. Ce fait généralement en dehors du tatami. Des revues des vidéos ou
films sont suivies de discussions.
Les jeux de rôles. Les judokas adoptent des rôles alternatifs d’agresseurs ou de
défenseurs : exemple, lors de randori d’entraînement ou durant le Yaku soku. À tour de
rôle, les judokas tentent des opportunités d’attaques ou de défenses tout en respectant la
sécurité de l’autre au cours des chutes résultantes.
ième
Le sensei M Novovitch 8 dan donnant conseil
ANNEXE : C
LE GOKYO ILLUSTRÉ
Les dessins sont tirés de cours de la Fédération Allemande de judo, circa 1962.
ANNEXE D
EXIGENCES POUR LE PASSAGE DE GRADE
Bien que sans obligation de le faire, la progression des examens de grade est liée avec
l’étude du Gokyo. Au Canada, on exige la première série du Gokyo pour la ceinture
jaune, la deuxième série pour l’orange, la troisième série pour la verte et ainsi de suite.
Les examens de grade comprennent trois aspects : l’aspect technique (GHI), la pratique
correcte du mouvement (TAI) et le comportement mental (esprit) qui doit accompagner
le judo (SHIN). Chaque examen est dosé en fonctions des éléments psychomoteurs et
physiques exprimés par les postulants.
¨ En conséquence, l’examinateur doit tenir compte des progrès personnels de
chacun par rapport à son point de départ.¨
En général, les examens de grade du premier jusqu’au cinquième kyu (ceinture jaune à
marron) sont tenus sous la surveillance du directeur technique du club (sensei). Les
exigences techniques pour l’obtention des divers grades sont présentées dans les pages
qui suivent.
Durant cette phase, autres que les chutes, les déséquilibres et les déplacements, les
techniques exécutées debout (tachi) sont généralement :
De-ashi-barai, (harai) : balayage avec revers du pied en cuillère sur pied avancé,
exécuté de face. O-soto-gari, grand fauchage extérieur, en latéral avec accrochage et
fauchage, fait de face. Hiza-guruma, le blocage en roue autour du genou fait de face.
Uki-goshi, hanche flottée, fait de dos, avec utilisation minimum du point de contact
pour faire tourner l’adversaire autour de la hanche. O-goshi, grande bascule de
hanche fait de dos, avec utilisation du point de contact pour soulever autour de la
hanche. Kube-nage, projection exécuté de dos par enroulement autour du cou,
utilisant la hanche comme point d’appui et contact. Tsuri-komi-goshi, fait de dos à
l’adversaire, le soulèvement de la hanche.
Ippon- seoi-nage, fait de dos, projection par une épaule.
Morote-seoi-nage, projection par l’épaule avec utilisation de la bascule.
Les techniques au sol comprennent : Kesa-gatame, kata gatame, qui sont deux
immobilisations par le contrôle de l’épaule, Kami-shiho gatame, une immobilisation
par-dessus avec contrôle aux quatre coins.
Le judoka est en période de consolidation. Le programme est d’une durée de trois à six
mois. On cherche à renforcer l’utilisation des hanches comme moyens de levier et
comme centre d’initiation de défense. Le judoka débute les intégrations des mouvements
de hanche et d’épaule. Il complète les déplacements linéaires pour passer aux
applications diagonales et circulaires plus avancées.
En fin de période, C’est un travail technique plus souple qui est visé. L’initiation aux
exercices libres du Yaku soku et du randori le sensibilise aux situations de combat.
Les techniques courantes au programme sont :
Koshi-guruma, enroulement de la hanche, avec utilisation de la hanche comme point
de contact. Harai-goshi, fauchage de la hanche en utilisant sa proche hanche comme
point de contact. Hane- goshi, hanche percutée par le revers extérieur de la cuisse.
Tsuri-goshi, hanche soulevée avec utilisation du point de contact en baissant et
relevant le centre d’appui. Tsuri-komi-goshi, hanche tirée et soulevée avec point de
contact très bas.
O-soto-gari, grand crochet extérieur de la jambe.
O-uchi-gari, grand fauchage intérieur avec balayage.
Ko-uchi-gari, petit fauchage intérieur avec balayage.
Sasae-tsurikomi-ashi, blocage au tibia de la jambe avec action de tirer en soulevant.
Tai-otoshi, renversement dans un mouvement flotté avec un minimum de contact.
Ce niveau marque un point important pour le judoka. Au cours des prochains six mois, il
traverse le niveau dit ¨avancé¨. Il pratique plusieurs amenées au sol, enroulements et
projections exécutées dans plusieurs angles. L’importance des esquives et des contre-
attaques est mise en valeur. On note également une augmentation marquée dans la
fréquence et la durée des exercices de randori et du shiai afin de mieux le préparer vers
les grandes compétitions.
Au programme technique, sont couverts les mouvements suivants :
Ashi-guruma, enroulé de jambe. O-soto-otoshi, le grand fauchage extérieur.
Ko-soto-gari, petit fauchage extérieur, accrochage. O-soto-guruma, grand
enroulement extérieur, mouvement de rotation avec blocage.
Harai-tsurikomi-ashi, balayage de la jambe tirée en soulevant.
Sumi-gaeshi, renversement dans l’angle, mouvement de rotation en sutemi.
Tani-otoshi, le mouvement de sacrifice en coin dirigé vers l’arrière.
Yoko-otoshi, la chute du corps en coin latéral. Uki-wasa, grande technique flottante
avec sacrifice du déséquilibre. Hane-makikomi, l’enroulé de la hanche percutée,
mouvement de rotation avec point d’appui.
Sukui-nage, renversement arrière avec contact à la ceinture, mouvement de rotation.
Ura-nage, soulèvement en sacrifice du déséquilibre exécuté vers l’arrière.
Keashi-wasa, (gaeshi), révision de diverses combinaisons de contre- prises.
Au sol, dans le groupe de la ceinture bleue, sont comprises :
Le judoka atteint la maturité. Cette période d’une durée de six à huit mois sert au
raffinement des techniques de combat. Il apprend les techniques complémentaires, les
stratégies et les tactiques de survie. L’esprit combatif y est accentué. Il y a
personnalisation de certaines techniques et utilisation marquée des contre-attaques.
Annexe : E
QUELQUES CONSEILS POUR TACHI-WASA
TECHNIQUES DÉMONSTRATIVES
Une technique très ancienne qui a subie plusieurs modifications au cours des années. Elle
est actuellement populaire pour amener au sol. C’est un renversement vers l’arrière en
forme de cuillère. L’action de bascule faite par les hanches doit être prononcée. Sukui-
Nage suit souvent une feinte en seoi-nage. Il faut lancer le corps dans la partie basse de
Uke, avec la jambe en extension à l=arrière et pousser vers l’arrière avec le bras, au
niveau de la ceinture.
Une variation courante consiste à partir d’une position plus transversale à Uke, jambes
écartées en perpendiculaire. Tori fléchit légèrement les jambes, s’approche de Uke, place
une main entre les jambes et saisie la ceinture ou le gui à l’arrière. De sa seconde main,
prend en croisé au collet et effectue une forte tirée vers l’avant pour faire bousculer Uke
vers l’arrière.
Points importants
Attirer Uke sur le coté, le coller bien près de soi. Briser l’équilibre vers l’arrière. Engager
la jambe d’appui derrière Uke (Il est également possible de lancer fortement la jambe
et de balayer le talon de Uke et terminer en sutemi). Bien capter à la ceinture de Uke
pour le maintenir sur la hanche. Prendre la culotte au creux du genou pour ajouter au
tir arrière. Pencher le corps un peu en avant pour ensuite cueillir Uke dans un
mouvement rapide.
Variante inversée : Un bras pousse l’abdomen vers l’arrière tandis que l’autre soulève les
jambes vers l’avant.
Combinaison avant possible avec yoko-guruma. À l’arrière, avec yoko-shiho-gatame ou
tate-shiho-gatame. Attention aux contre prises populaires : uchi-mata, hara-hishigi-
gatame.
TE GURUMA
Le Te Guruma est une technique qui n’est pas classée dans le Gokyo mais qui est
très populaire comme contre prise. La saisie entre les deux jambes peut se faire de
l’extérieur comme de l’intérieur de la cuisse de Uke. La projection peut s’accomplir
en formant un cercle de reculons ou en projetant Uke vers l’avant dans un
mouvement circulaire.
Dans la projection en cercle vers l’avant, elle se fait sur contre attaque d’une
projection de hanche et la saisie de la cuisse de Uke se fait par l’extérieur. Dans le cas
où l’on choisi d’utiliser la technique comme projection de soulèvement et de
retournement, toute la partie du hara doit servir au soulèvement tandis que le
renversement se fait avec la main à la cuisse. Pour le renversement complet de dos, la
main peut se glisser et saisir le bas du judogui et aller même jusqu'à la ceinture.
C’est une technique de hanche soulevée. Similaire au O-goshi. Tori se place devant dans
la zone entre lui et Uke et avec un déséquilibre des deux mains, vient placer Uke sur le
bas de son dos pour le faire chuter vers l’avant.
Points importants
Se placer dans la direction du déplacement
Placer la main droite pour maximiser la poussée
Fléchir les genoux et sortir la hanche vers l’avant
Placer Uke sur le bas dos
La tête peut regarder Uke pour le passage de Uke. Il faut voir sa tête d’abord puis sentir
son centre de gravité.
Avec Seoi nage, attention aux contre prises courantes : se laisser embarquer dans le
mouvement et retourner sur le dos de Uke pour retourner devant lui et suivre avec te-
guruma, sumi-gaeshi, ko-soto-gari, uke-wasa, yoko-wakare, okuri-éri-jime, hikkomi-
gaeshi
Le maître M Takahashi 8ième dan, exécutant ippon seoi nage au premier ministre du Canada, Pierre Elliot Trudeau
Uki goshi est une technique de hanche étudiée dans le premier groupe du gokyo. Il
importe de faire glisser l’adversaire sur la hanche et non de le soulever.
Cette technique illustre la possibilité de placer une technique dans le sens du déplacement
de Uke ou de le capter en défaut au moment même où il vient vers vous.
Tori pénètre à l’intérieur de la zone libre entre lui et Uke. Tori place sa hanche en
parallèle, pivote, engage la main à plat au dos de l’adversaire, au niveau de la ceinture de
Uke. Avec son dos, il prend contact avec l’abdomen de Uke. Il accentue le déséquilibre
vers l’avant, et par une simple rotation latérale de la hanche projette Uke.
Le Maître Jigoro Kano en avait fait sa projection favorite et l’exécutait surtout à la
gauche. D’elle sont partis plusieurs grands mouvements de hanche tels : le harai, le hane
et le koshi guruma.
Points importants
Accentuer le geste de réaction (poussée- tirée) pour que Uke avance vers vous.
Déplacer-le pour qu’il vous résiste avec le ventre, le corps raisonnablement droit.
Maintenir le déséquilibre en tirant avec le haut des poignets.
Entraîner l’adversaire dans un geste circulaire par un enroulé fait avec tout le corps.
Ne pas trop engager les hanches à l’intérieur de la posture de Uke.
Ne pas dépasser le corps de l’adversaire avec la hanche.
Ceinturer avec la main au niveau des hanches de l’adversaire.
Placer le dos en contact avec l’abdomen et les cotes de Uke.
Placer votre épaule plus basse que la sienne (sous l’aisselle).
Exercer un mouvement circulaire latéral avec une torsion au niveau de la hanche.
Tirer à l’horizontal pour assurer le déplacement du poids d’Uke sur le pied d’appui.
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 123
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
Pivoter rapidement sur la pointe du pied.
Garder les pieds à l’intérieur de sa base d’appui.
Synchroniser la rotation du tronc avec la mise de la main à la ceinture.
Éviter de pencher vers l’avant.
Produire une accélération constante par les rotations du corps et de la hanche
Conserver le corps droit sans trop plier les genoux ou les hanches
Une projection de contre-attaque initié par avec un bref déplacement des hanches et suivi
d’un soulèvement poussé avec la hanche. Une technique qui demande une bonne maîtrise
de la région du tronc (Haragi). Il faut bien se coller à Uke et enrouler le bras autour de
lui, le soulever et le porter sur la hanche, pour ensuite le renverser vers le sol. Il n’est pas
nécessaire de le lancer trop loin en arrière sur la hanche.
Points importants
Bloquer l’attaque initiale en fléchissant les genoux et en conservant le tronc droit
Ceinturer Uke, le maintenir près de soi
Soulever Uke de l’action de la hanche (pendule remontant) au-dessus de la ceinture
Déplacer la jambe d’appui vers l’avant avec un demi pas
Placer la hanche devant celle de Uke
Essayer de faire le mouvement de changement de hanche dans un seul coup.
Combinaisons avant possibles avec : ushiro-goshi, harai-tsuri-komi-ashi
Combinaisons arrière : ura-nage, ko-soto-gake
Attention à la contre prise populaire : ko-uchi-gari
ANNEXE : G
Une technique d’enroulement du corps de Uke qui se veut une continuité du hane-goshi
et qui peut même s’exécuter à partir d’un saut. Elle est la synthèse du hane-goshi et du
soto-maki-komi. Elle compte plusieurs variations dont un enroulé par le cou, un enroulé
par l’épaule (forme originale) ou avec main libre sous l’aisselle en seoi ou encore avec
saisie du revers en yama-arashi si la direction est dirigé vers le sol.
Points importants
Attirer l’adversaire très près
Enrouler l’adversaire sur la plus grande surface possible de votre corps.
Pointer les pieds dans la même direction que celle prise par Uke
Fléchir légèrement la jambe
Tourner la tête pour accentuer l’enroulement
Points importants
Grand enroulement extérieur fait principalement avec les mains et souvent considéré
comme étant un amené au sol. Il y a essentiellement deux manières de le réaliser, soit en
bloquant la jambe de l’adversaire ou en sortant les hanches pour l’enrouler dans une
chute. Il est préférable de bien enrouler le bras autour de soi en s’aidant de la main droite.
(La photo démontre une variation pour enrouler sans blesser l’adversaire dans la chute.
Points importants
Barrer les jambes en ayant la jambe tendue contre l’extérieur droit ou sortir les hanches.
Saisir la manche de Uke assez bas. Tirer le judogui vers vos pectoraux.
Maintenir le bras de Uke très près de soi par un contact solide
Passer le bras allongé au-dessus de la tête
Exécuter un mouvement de chute avant tout en portant l’adversaire sur vous
Point de sécurité : Tori doit arriver au sol dans un enroulé touchant la poitrine de Uke
comme en osae-komi.
Variante pour uchi maki-komi : saisir le bras de Uke comme ippon seoi nage
C’est une projection autour d’un axe, la jambe tendue à la hauteur des cuisses. Il doit
débuter avec un déséquilibre avant et suivre avec un déplacement de tout le corps sur le
coté. Une technique à la fois de hanche et de jambe où Tori effectue un blocage à la
hauteur des cuisses de Uke.
C’est surtout le mouvement circulaire qui fait basculer Uke autour de l’axe. On en
connaît deux variantes : par entrée directe (plus rapide) avec blocage et fauchage genre
harai goshi et avec déplacement en cercle autour de Uke pour exécuter une force
centripète ajoutant ainsi plus de vélocité.
Points importants
Assurer la rotation au niveau des bras et des jambes
Pousser et soulever avec la jambe au niveau des cuisses de Uke
Tirer en cercle avec les mains et ne pas lâcher la traction
Fléchir la jambe d’appui pour permettre l’extension rapide
Tourner la tête dans la direction de la roue
Maintenir une bonne traction des bras
Un enroulement avec la jambe étirée devant Uke. Tori se déplace de coté et à l'extérieur
de Uke sur un plan parallèle. Il pivote en faisant une extension de la jambe qui vient se
placer comme une barre au niveau des genoux de Uke. Dans le mouvement de rotation,
Tori tire la manche de Uke vers son oreille, dans la même direction rotative pour faire
basculer.
Points importants
Déséquilibrer sur l’avant droit
Pivoter rapidement pour passer à la droite
Lancer la jambe en pointant les orteils vers l’arrière externe de Uke
Poser le talon/ la cheville sur le bord externe du genou de Uke
Garder le contact avec Uke à l’aide de votre tronc et tourner rapidement
Contrôler Uke avec la jambe tendue au devant
Plonger la tête vers votre pied d’appui pour donner plus de force au mouvement rotatif
Un mouvement de balayage latéral s’attaquant aux deux pieds réunis de l’adversaire. Une
technique qui demande précision, vitesse et coordination. Cette technique résulte de
l’effet d’une amplification oscillatoire. (Va et vient) (Comme requis pour faire chavirer
un bateau en produisant des oscillations qui s’amplifient de chaque coté et à chaque
mouvement)
Tori doit se déplacer en parallèle et effectuer le balayage au-dessus de la cheville de Uke
avec la plante de son pied. En gardant les coudes serrés contre lui et en contractant les
abdominaux, Tori exerce un déséquilibre arrière et tourne ses poignets pour emprisonner
les bras de l’adversaire et le soulever en mouvement de pendule. Il suit avec un balayage
du pied avec la jambe étendue qui passe devant lui, déplaçant ainsi Uke du lieu potentiel
où il devait prendre contact avec le sol. Il ne doit pas y avoir de friction au sol dans la
phase de balayage. Les deux mains de Tori doivent tirer Uke vers le sol.
Points importants
Se rapprocher de Uke le plus possible.
Soulever vers le haut avec les mains près du corps.
Tenter de faire flotter l’adversaire en transition par l’action des mains.
Synchroniser le déséquilibre flotté et l’entrée en force du balayage.
Effectuer le balayage latéral avec la plante du pied dès que Uke pose son pied droit.
Garder la jambe d’appui légèrement fléchie.
Lancer les hanches et le ventre (Haragi) vers l’arrière de Uke durant la projection.
Combinaisons vers l’avant ; tai-otoshi, sasae-tsuri-komi-ashi, harai-goshi, uchi-mata
Combinaisons arrière ; ko-uchi-gari, o-uchi-gari, o-soto-gari
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 131
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
Sur déplacement, Tori provoque Uke à avancer la jambe. Lorsque Uke a encore son poids
sur la jambe arrière, Tori fait une traction de la main gauche et avec la jambe gauche,
place la plante de son pied en dessus et en arrière de la cheville droite et balaie la jambe
avancée latéralement vers sa droite.
Points importants :
Exécuter une bonne traction avec les mains. Provoquer le déplacement vers l’avant.
Contre prise populaire : passage de la jambe par extension et rentrer en tai otoshi
Annexe J
Points importants
Pivoter sur le pied d’appui. Éviter de trop sortir les hanches pour faucher dans le vide.
Faucher énergiquement en coordination avec l’action des mains
Amener l’adversaire sur votre hanche arrière
Conserver le corps en extension, perpendiculaire vers l’avant
Tirer fortement avec la main gauche en parallèle avec le sol
Coller le menton à au bras étiré de Uke. Faucher avec la jambe étendue et non pliée
Possibilité de faire suivre en harai-makikomi dans un mouvement de chute libre.
Pointer les orteils dans la direction vers laquelle vous tentez de projeter Uke
Une technique des plus populaires en compétition. Tori vient se placer dans la zone libre
en plaçant son dos à Uke et en s’assurant que son pied d’appui est dans la même direction
que les orteils de Uke. Il effectue un déséquilibre avant avec une forte tirée de son bras
gauche pour s’assurer que le bras droit de Uke lui passe devant la figure. Il lance sa
jambe droite le plus haut possible vers l’arrière comme un balancier entre les deux
jambes de Uke, de préférence contre la face interne de la cuisse gauche. Il penche son
corps en ligne droite vers l’avant en s’assurant que sa tête deviennent le point le plus bas
de sa bascule.
Points importants
UCHI MATA
Kosei Inouye projetant N Gill aux Olympiques de 2000 avec Uchi Mata (photo collection IJF)
Une technique de sacrifice où Tori s’allonge en déposant sa jambe gauche au sol jusqu’à
ce que son genou soit placée près de la cheville de Uke. Il tire fortement de coté, vers le
sol, en direction de son épaule. Il utilise tout le poids de son corps pour créer une
dynamique qui va entraîner Uke dans une chute. Dans certains cas, il peut utiliser la
partie interne de sa jambe droite pour renforcer la pression faite contre la jambe de Uke
Points importants
Déséquilibrer sur le devant droit
Utiliser un mouvement circulaire vers le haut pour déséquilibrer
Ramener ensuite le déséquilibre vers le bas
Étendre le pied gauche jusqu'à ce que le genou prenne contact avec la jambe de Uke
Tirer verticalement vers vos épaules
Éviter de trop courber le corps, faire l’extension en arc de flèche
Une technique de bras qui se fait dans la poursuite d’un déplacement. C’est un
mouvement qui doit être exécuté avec une certaine vitesse. Il doit y avoir une bonne
coordination entre l’action des mains et le déplacement de tout le corps. (Tai sabaki).
Tori se déplace de coté à Uke. Sur déplacement du poids de Uke sur la jambe avancée,
Tori poursuit l'extension du déséquilibre en exerçant une tirée vers l’avant et en
soulevant au niveau du cou. Tori tire le poids de l'autre pour le faire passer au delà des
extrémités de ses orteils. Il fléchi les jambes, conserve son buste droit et poursuit le geste
dans la direction du déplacement.
Points importants
Faire reposer le poids de Uke sur son gros orteil.
Assurer le déséquilibre dans la direction des orteils
Garder le corps droit lorsque vous reculez ou avancez
Tirer et pousser dans la même direction avec les deux mains
Placer la jambe d’appui en angle, un peu en dehors de la ligne de marche (30 degrés)
Points importants
Rentrer dans le continuum de la marche avant. Pivoter de coté à l’adversaire. Assurer une
traction continue de la main en demi cercle. Pousser vers le haut de la clavicule de Uke.
Placer la jambe loin à l’extérieur et forcer le mouvement en demi cercle
S’assurer que le haut du corps de Uke dépasse son centre de gravité
Pousser des hanches en direction de la chute
Placer la jambe loin en arrière pour maintenir l’équilibre
Descendre très bas, répartir le poids sur les deux jambes
Ne pas pencher le tronc vers l’avant sauf en fin de mouvement
Un mouvement de sacrifice avant. C’est un flotté avec chute de Tori vers l’avant droite
de Uke. Tori doit déséquilibrer vers l’avant et glisser sa jambe tendue à l’extérieur afin
d’utiliser le poids de son corps pour faire chuter Uke en direction de son épaule.
Uki-wasa est souvent contre une position forte en Jigotai. Tori tire d’abord vers l’avant
dans la direction opposée pour provoquer et bénéficier de la réaction de Uke. Tori saisi
avec la main sous l’aisselle, descend son corps le plus creux possible vers l’extérieur de
la jambe tout en bloquant le pied de Uke avec son derrière de genou.
C’est la chute de Tori qui entraîne Uke. Pour plus d’efficacité, Tori doit mettre l’emphase
à porter Uke sur la pointe des pieds. Tori tire Uke dans la direction de son épaule qui
s’écrase. Il doit s’assurer que dans sa chute, il fait reposer son épaule au sol et
formant un grand triangle au sol (épaule - jambes).
Point importants
Coordonner l’action des mains et le mouvement de chute du corps
Travailler la main droite sous l’aisselle pour aider la tire vers l’avant
Retenir la manche au niveau du coudre avec la main gauche
Tirer en direction de vos oreilles pendant la chute
Utiliser la force abdominale pour bien diriger Uke
Placer le genou de la jambe étendue près du pied de Uke
Étendre la jambe gauche pour terminer le triangle avec l’épaule
Les sutemis sont des techniques de derniers recours. Les techniques sont difficiles à
contrer parce qu’elles se poursuivent généralement jusqu’au sol ne laissant pas
d'alternative ou opportunité de contrer dans la phase dite tachi. Seules l’anticipation,
l’esquive et une torsion du corps de Uke durant le temps de la projection servent
efficacement à les contrer.
Tomoe nage est une technique de sacrifice qui introduit les enchaînements à des réactions
naturelles de poussée - tire. Le mouvement d’entraînement vers le sol est considéré
comme une fin de technique, un ultime sacrifice où Tori utilise son propre corps qui est
en déséquilibre et s’élance dans le vide vers l’arrière pour entraîner Uke dans un
déplacement circulaire et le faire chuter.
Points importants
Tori pousse Uke vers l’arrière pour obtenir une réaction, il recule légèrement en attirant
Uke vers lui et attend la poussée de retour de Uke avant de réagir.
S’assoire le plus près possible de ses talons (la ceinture de Tori à égalité du pied de Uke)
Tirer en se glissant sous le poids de Uke.
Placer le pied dans le bas de l’abdomen sous le nombril.
Tirer des deux mains les revers adverses en demi-cercle autour de votre tête.
Faire glisser les mains près des oreilles et retenir les revers
Lancer son corps dans une chute libre (balançoire) vers l’arrière.
Engager la jambe le plus loin possible à l’intérieur sous le corps de Uke
Combinaison avant ; yoko tomoe nage en coin ou nidan tomoe-nage en double roulé,
Contre prises populaires ; esquives et torsion de corps avant chute.
Une projection par renversement arrière qui requiert un bon contrôle du corps de Uke car
celui-ci est ceinturé et soulevé pour être basculé derrière l’épaule de Tori. Tori doit coller
son abdomen et sa poitrine contre le coté de Uke. La tête de Tori demeure à l’avant des
pectoraux de Uke, les bras ceinturent à la hauteur de la cage thoracique à l’avant et à la
ceinture des reins en arrière. Tori doit se lancer derrière l’adversaire et le faire décoller en
prenant un point d’appui sur son pied droit. Il fait un arc vers l=arrière en exécutant une
chute libre.
Points importants
Bien ceinturer avec les deux mains pour soulever
Pousser la cage thoracique vers le haut
Fléchir les jambes avant de faire l’arc vers l’arrière
Pousser le ventre vers l’avant en se redressant
Placer le genou sous le centre de gravité de Uke
Chuter vers le sol en même temps que Uke
Point de sécurité : attention à la chute qui est très difficile pour les deux partenaires
URA NAGE
Une technique semblable au tomoe nage mais faite dans un angle. Comme tout
mouvement de sutemi, il est difficile à exécuter sur un adversaire en posture souple.
Jambes à l’intérieur, Tori place son tibia droit contre la face interne de la cuisse gauche
de Uke et tire fortement du bras gauche. Il soulève le creux du genou avec le dessus du
pied droit. Il y a une variation qui est faite avec la jambe droite de Tori à l’extérieur qui
vient faire un blocage et qui est suivi d’une bascule de coté pour en faire un sutemi
latéral.
Point importants
Une technique efficace contre des adversaires avec les bras raidis. Un mouvement de
sacrifice (sutemi) où Tori encercle la jambe de Uke et penche son tronc vers l’avant pour
briser la posture de Uke vers arrière droit et le faire tomber sur le dos. Tori va poursuivre
son enroulement jusqu’à l’arrière de la jambe de Uke et pousser fortement des bras dans
l’angle de la chute.
Points importants
Force un recul de Uke pour se positionner avec la jambe en extension
Forcer à mettre le poids de Uke vers l’arrière, sur son talon
Contrôler le bras en allant chercher la saisie loin en arrière et près du sommet de l’épaule
Bloquer la jambe et le pied de Uke pour l’empêcher de reculer
Tori se jette au sol en s’assurant que son torse suit sa jambe étendue tout en tirant Uke
dans un mouvement de vrille
Ne pas s’asseoir au sol.
Ne pas relâcher l’action des mains et demeurer prêt à passer aux techniques de ne wasa.
Combinaison avant : enchaînement avec ko soto gake et suivre avec immobilisation kesa-
gatame.
Contre prise populaire : Soulèvement du pied pour retourner le corps et suivre au sol.
C’est un mouvement de sacrifice réalisé par une séparation latérale. Tori effectue un
déséquilibre avant droit, le bras gauche en demi cercle exerce une tire pendant que tout le
corps de Tori tombe sur la partie gauche de son dos. La technique se fait également avec
les deux jambes à l’extérieur et le fauchage se fait au niveau des genoux.
Opportunité : En surpassant une attaque de hanche. Tori recule et attire Uke, pivote,
lance la jambe entre les deux corps comme en ashi guruma mais au niveau du sol. Tori se
laisse tomber devant Uke en exécutant un grand écart des jambes et en continuant à tirer
en cercle vers l’avant pour tomber sur son coté gauche.
Points importants
LES ACCROCHAGES
O-Soto-Gari / grand fauchage extérieur
Points importants
Placer le poids sur le talon
Travailler l’action des bras pour effectuer un rapprochement avec Uke.
Serrer la partie supérieure de son corps contre vous.
Engager la hanche en accentuant le déséquilibre.
Faire une traction arrière à partir du haut du cou, main à la nuque.
Faire toucher les poplités
Pointer les orteils du pied pour donner de la force au mouvement
Baisser la tête lors du crochet pour utiliser la force du buste
Pencher en avant, garder contact avec le haut du corps et plonger la tête vers le sol
Garder le talon de Uke en vue. Exécuter une légère rotation du buste.
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 147
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
Donner de la force dans les orteils. Faucher loin en arrière. Frotter le sol avec le
mouvement de la jambe
Combinaison vers l’avant : o soto – o uchi gari, sasae tsuri komi ashi, uchi mata, ippon-
seoi-nage, harai-goshi, hiza-guruma,
Combinaison vers l’arrière : ko-soto-gake, o-soto-otoshi, o-soto-guruma, o-uchi-gari,
tani-otoshi.
Les contre prises populaires sont : O-Soto-Gari Gaeshi, uki-otoshi, sukui- nage, harai-
goshi, soto-makikomi, te-guruma, tani otoshi et morote-otoshi
C’est une technique de sutemi avec un accrochage du pied pour faire tomber UKE sur le
dos. Un mouvement difficile à réaliser car il est souvent confondu avec un de ashi barai.
Tori doit stabiliser le pied avancé de Uke et s’assurer que tout le poids de Uke est placé
sur le bord externe du pied. Il doit porter un déséquilibre de coté avec force. Il faut
s’assurer que le haut du corps et le bras de Uke soient tournés vers l’intérieur avant que
Tori chute sur le coté en tirant Uke vers lui et plaçant sa plante du pied sur le coté externe
de la cheville de Uke. La poussée sur le pied de Uke doit être perpendiculaire.
Points importants
Attaquer la jambe avancée et fixer le poids de Uke sur le coté externe du pied.
Enchaîner avec un blocage de coté et une torsion du corps
Tirer assez fort pour qu’il y ait torsion de coté et retournement du dos de Uke.
Ne pas tomber sur la fesse mais sur le dos.
Il faut accrocher et tomber simultanément
Ce petit fauchage extérieur qui se fait avec un peu plus de force que le de-ashi-barai
(balayage en souplesse et précision) et le ko- soto- gake (crochet du talon). Ici le poids de
Uke est déjà sur le pied d’appui. L’objectif du mouvement est de faire glisser le pied au
raz de sol vers l’avant.
Points importants
Forcer le déséquilibre arrière sur le talon en forçant Uke à osciller vers la gauche
Faire glisser le talon horizontalement au ras de sol
Crocheter dans la direction où pointent les orteils de Uke
Garder le pied d’appui perpendiculaire à celui de Uke
Faire le crochet avec la plante du pied au ras du sol ou avec le derrière du talon.
Il est possible de crocheter en double (l’autre jambe) avec un nidan-ko-soto-gake
Combinaison avant : ippon-seoi-nage, tai-otoshi, uchi-mata
Voici une technique a double rotation : celle des bras et celle de la jambe. Tori effectue
un blocage au genou avec la plante de son pied et suit avec une rotation du corps.
L’action de rotation des hanches est importante pour attirer Uke dans la direction de la
chute.
Points importants
Il doit y avoir action coordonnée des mains qui tente un premier mouvement circulaire.
Placer la plante du pied en cuillère sur le coté extérieur du genoux de Uke.
Le contact au genou doit être le point fixe.
Conserver la jambe d’appui un peu pliée au genou.
Tirer de la main gauche tout en offrant l’obstacle à la hauteur du genou.
C’est une technique de blocage en tirant. Tori fait un déséquilibre l’adversaire sur son
avant gauche et repousse Uke sur son arrière droit avec l’aide d’un blocage à la partie
inférieure de la jambe.
Points importants
Assurez vous de placer le pied de soutien en angle pour bien maintenir l’équilibre.
Lors de la projection, Tori doit tenter d’étirer tout son corps vers l’arrière.
Le blocage est une action complémentaire fait avec la plante du pied.
ANNEXE M
Les techniques de judo au sol comprennent les contrôles ou immobilisations, les clefs et
les étranglements.
Au sol comme debout, chaque judoka a ses préférences et développe des aptitudes pour
appliquer les techniques de son choix sans trop être restreint dans ses déplacements. Le
judoka est encouragé à travailler diverses méthodes de poursuivre le judo debout avec
des enchaînements vers le sol. Les suivis, les amenées au sol, les mouvements en
makikomi, les contre prises, les entrées et les renversements sont de bons outils à cette
fin.
Pour maintenir un bon contrôle sur l’adversaire et l’empêcher UKE de rouler de coté,
Tori doit faire pression directement sur le point de contact avec le sol. Supposons que
Uke est une sphère reposant au sol, la pression doit se faire perpendiculairement, sinon,
quand la pression est mal enlignée, il y aura possibilité pour Uke de sortir en roulant sous
le poids de Tori.
POSITIONS DE CONTROLE
Positions de pression
Dessins de Jean Gailhat
Dans le cas où Tori exerce une pression de moindre force, il doit tenter d’encager ou
emboîter Uke au maximum en distribuant ses jambes, ses bras et son torse pour couvrir
toute la plus grande superficie avoisinante de Uke et le clouer au sol avec le plus de
points d’appui possibles. Si Uke tente de se dégager, les déplacements de Tori doivent
suivre de près et se faire le plus près du sol possible et en parallèle avec celui-ci afin
d’éviter de produire des forces verticales qui ne sont pas dans l’axe.
Lorsque Tori est lui-même prisonnier, il doit tenter de créer un vide, ou dégager un
espace libre de jeu entre lui et Uke afin d’y déplacer son corps ou une partie de son corps
dans un endroit qui n’est pas sous le contrôle direct de Uke. Il doit chercher le lieu de
moindre résistance ou la faiblesse de Uke est apparente. Il faut éviter d’aller là où il y a
maximum de force.
Lorsque Tori est en position supérieure, il doit en tout temps garder contact avec Uke et
faire pression avec ses hanches et abdomen dans l’axe de force pour encercler Uke ou
travailler en angle contre les genoux et les coudes de Uke pour influencer le déséquilibre
de ce dernier. Voici quelques techniques démonstratives d’immobilisation,
d’étranglement et de clefs de bras.
TECHNIQUES DÉMONSTRATIVES
LES ÉTRANGLEMENTS
La famille des étranglements vise à créer des situations qui vont forcer Uke à abandonner
avant même que l’étranglement soit porté à fond. C’est en utilisant principalement les
poignets et le bord du col du judogui pour faire des pressions au larynx ou au niveau des
carotides que se réaliseront la majorité des Shime wasa. Avant d’appliquer un Shime
wasa, Tori doit bien contrôler son adversaire, le mettre en déséquilibre ou assurer une
pression avec le poids de son corps avant d’utiliser l’avant bras comme levier.
Rompre l’équilibre de Uke. Glisser la main droite le plus haut possible pour toucher
l’artère près des oreilles et soulever dans un mouvement de glissade vers l’oreille.
Rapprocher votre tête près ce celle de l’adversaire.
Faire glisser vers le bas la main gauche à la hauteur de l’estomac pour bien étirer le
judogui tandis que la main droite passe à l’horizontal à la gorge et le bord radial de
l’avant bras exécute la traction inverse à l’horizontal. Contrôler avec les jambes pour
éviter le recul de Uke.
Étranglement par derrière avec enroulement du revers avec utilisation maximale du col.
Un étranglement qui se fait souvent dans la position assise avec le genou de Tori qui
s’appuie sur l’omoplate de Uke. On rencontre cette technique lorsque Tori est couché sur
le dos et qu’il contrôle Uke avec un ciseau de jambe. C’est une variante du Nami juji
jime. Une main à l’intérieur du col sous le menton et la seconde main à l’extérieur du col
près de l’oreille de Uke. Il est accepté de saisir avec les deux mains paumes à l’intérieur.
Le judogui est étiré au maximum par un mouvement croisé des mains à l’arrière de la tête
de Uke. Le larynx est ainsi compressé par le revers du judogui.
Points importants
Saisir le collet opposé (en croisé). Tirer en renversant vers l=arrière. Placer la deuxième
main le plus près possible du col. Utiliser les coudes comme levier et rapprocher la tête
de la vôtre. Garder le genou en contact avec le dos de Uke
QUELQUES CLEFS
Techniques de luxation : Les clefs de bras : kansetsu-wasa
Bien que les règles actuelles de compétition interdisent l’application des clefs autres que
sur l’articulation du coude, l’adoption de certaines techniques dérivées du sambo dans les
années cinquante a permis de découvrir des variantes qui, aujourd’hui sont devenues très
populaires.
Le but recherché dans la clef est de faire abandonner l’adversaire en lui appliquant une
douleur à l’articulation soit par hyper extension du bras, hyper flexion, luxation,
élongation ou torsion intérieure ou extérieure. Devant la douleur, l’adversaire abandonne
et concède généralement la victoire. Une résistance est souvent futile, ceux et celles qui
tentent de résister outre mesure à l’application d’une clef, se retrouvent souvent avec des
blessures permanentes.
Conditions d’application
Pour bien réussir une clef de bras, il faut un certain contrôle dans la vitesse et la force de
l’application. Il est souvent recommandé de profiter du geste de poussée de l’adversaire
pour enfiler avec une clef dans la direction de la force. Il est essentiel d’utiliser de bons
points d’appui que fournissent le bassin, le pubis, le ventre, l’estomac, les bras, le thorax,
les aisselles ainsi que les genoux. Pour éviter des blessures graves aux articulations, il
faut s’assurer de bien immobiliser le corps de l’adversaire avant de faire la clef et durant
la portée.
Dans le randori, il faut éviter d’appliquer trop de force contre l’articulation et demeurer
attentif aux gestes de soumission de Uke. Celui-ci doit concéder avant qu’il y ait cassure
ou blessure grave.
Tori doit tirer vers le haut la manche de Uke tenue près de l’avant bras. Le poignet de
Uke doit être conserver prisonnier avec les deux mains près de l’oreille de Tori. Les
jambes doivent servir à maîtriser le corps de Uke en étant appuyées contre le cou et la
cage pulmonaire. Les genoux doivent être serrés l’un contre l’autre pour éviter tout
échappement du bras. Il doit y avoir pression avec les abdominaux (bas-ventre).
25
Neil Adams, page 38
Déplacer pour Maîtriser Ronald Désormeaux 161
Les Mystères du Judo L’essence des techniques
UDE GATAME
Le but de cette technique est d’amener le bras de Uke en hyper extension en appliquant
une pression des deux mains sur le coude tendu. Il faut bien ancrer le bras près de la tête
pendant que l’on tire vers le haut tout en conservant une pression avec le genou dans le
flanc.
Ude gatame
Luxation du coude par enroulement du bras fléchi produite par le retournement et l’hyper
flexion du bras.
Points importants
Saisir la face interne du poignet, paume de la main contre la face interne du poignet.
S’assurer que le bras de Uke est plié à angle droit avant de faire la torsion. Glisser l’avant
bras droit sous la partie supérieure du bras de Uke. Placer la face externe et l’avant bras
de Uke en contact avec le sol. S’appuyer de tout le corps sur la poitrine en fléchissant les
deux poignets. Refermer les angles tout en gardant le contact du coude avec le sol en
soulevant l’avant bras et en tirant la main vers soi.
Voici une clef en hyper extension du bras qui subi une pression avec le genou et la
jambe. Une technique qui débute couché sur le coté pendant que Uke est a plat ventre. On
peut placé le bras prisonnier sous l’aisselle ou près de la tête. Tori pousse avec le pied
dans l’aine de Uke et tire Uke vers lui avec la saisie au col du judogui. Il existe plusieurs
variantes de cette technique.
ANNEXE P
Voici une immobilisation assez fondamentale avec contrôle traversant les côtes. À partir
de ce mouvement fondamental, plusieurs variantes sont possibles.
Uke est tenu prisonnier avec la main droite sous son aisselle et avec la main gauche qui
l’attire au torse de Tori. Les jambes sont en angle et il y a pression sur la cage thoracique
de Uke. Le genou droit doit être placé très en avant plus haut que l’épaule de Uke. Le
pied gauche fait pression au sol.
Il ne faut pas oublier de pousser avec le pied gauche pour apporter plus de pression dans
l’angle. Tori doit se déplacer et ajuster sa position lorsque Uke tente des sorties avec des
virages de coté, des ponts ou en se redressant dans une position assise.
Kata Gatame
C’est une immobilisation avec contrôle par l’épaule. Ce sont le bras et la tête de Tori qui
font pression à la hauteur du triceps pendant que le genou droit de Tori maintient le
contact avec le corps de Uke. Tori se maintien perpendiculaire à Uke
kata gatame
Ici, nous retrouvons une technique de contrôle des 4 coins en étant placé au dessus et en
arrière de Uke. Tori initie la technique d’un point de départ à genoux en arrière de la tête
de Uke. Tori place son bras droit sous l’aisselle de Uke et revient prendre le col gardant
ses doigts à l’intérieur. Il garde le bras de Uke prisonnier contre sa propre aisselle et
s’étend les jambes écartées selon le besoin. De la main gauche, Tori saisi la ceinture de
Uke et retiens vers lui.
Tori est assis jambes écartées sur l’arrière droit de Uke et pousse sa cuisse droite sous la
tête de Uke comme pour faire un oreiller. La main droite de Tori encercle la tête et vient
rejoindre la cuisse. Il est aussi possible de passer la main gauche et venir retenir la
ceinture de Uke sur le flanc. Dans une variante, la main droite peut garder prisonnier le
bras gauche de Uke près de la tête ou encore revenir prendre la culotte de la jambe droite.
Tori doit bien écarter les jambes et faire pression de son pectoral droit.
Mots de la fin
Ce qui précède n’est qu’un bref exposé. Nous l’avons voulu souple et respectueux de la
tradition. Les lecteurs sont invités à demeurer ouverts aux interprétations car nombreuses
techniques ont été personnalisées. Comme les approches varient avec les individus nous
osons croire que notre contribution fut positive.
A Soyons comme la fleur du cerisier qui s’y détache au summum de sa splendeur, sans
se faner ni se flétrir. @
26
Luis Robert, page 422
Jigoro Kano, Kodokan Judo, Édition Kodansha International, Tokyo, Japan. 1986
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