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Comité Français des Grands Barrages

Groupe de Travail « barrages poids »

Justification des barrages poids

Synthèse des principales recommandations et


état de la pratique des méthodes déterministes

Développement d'une méthode semi-probabiliste


aux états-limites

Faisabilité de la calibration de la méthode semi-


probabiliste sur les pratiques actuelles

Rapport définitif

Animateur du GT : P. ROYET (Cemagref)


Secrétaire du GT : L. PEYRAS (Cemagref)
Membres du groupe de travail :
R. ALBERT (COB)
E. BOURDAROT (EDF – CIH)
J.-B. KOVARIK (VNF - Direction régionale Seine Aval)
P. LE DELLIOU (BETCGB)
M. LINO (ISL)
M. THAREAU (CNR)

Janvier 2002
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PLAN DU DOCUMENT

Introduction générale ............................................................................................... 3

Partie 1 - Justification des barrages poids par les méthodes déterministes (synthèse
des principales recommandations et état de la pratique)............................................ 8

Chapitre 1 – Principes de calcul des actions et des effets des actions....................... 8


Chapitre 2 – Les résistances des matériaux ............................................................. 16
Chapitre 3 – Justifications classiques des barrages poids (pratiques actuelles)....... 18

Partie 2 – Développement d’une méthode semi-probabiliste aux états-limites


pour les barrages poids ............................................................................................ 25

Chapitre 1 – Les situations de projet ........................................................................ 25


Chapitre 2 - Valeurs représentatives des actions au format semi-probabiliste
dans la situation durable d’exploitation ................................................ 29
Chapitre 3 - Cas de charge....................................................................................... 36
Chapitre 4 - Les combinaisons types d’actions......................................................... 37
Chapitre 5 - Les valeurs représentatives des résistances des matériaux
au format semi-probabiliste ................................................................. 40
Chapitre 6 – Les états-limites .................................................................................. 42

Partie 3 – Faisabilité de la calibration de la méthode semi-probabiliste sur les


pratiques actuelles…………...................................................................................... 52

Introduction .............................................................................................................. 52
Chapitre 1 - Analyse des résistances des matériaux adoptées dans les
pratiques actuelles déterministes et proposition de coefficients
partiels γm issus de la littérature ................................................................................ 54
Chapitre 2 - Niveaux de sécurité à adopter selon les combinaisons
types d’actions .......................................................................................................... 59
Chapitre 3 : Calibration des coefficients de modèle.................................................. 61
Chapitre 4 : Validation de la méthodologie de calibration des coefficients
de modèle ................................................................................................................. 64
Chapitre 5 : Conclusion de la partie 3 ....................................................................... 66

Conclusions générales et perspectives................................................................ 69

Bibliographie........................................................................................................... 73

Annexe 1 - Synthèse des justifications..................................................................... 75


Annexe 2 - Comportement dynamique des barrages poids. Méthodes de calcul .... 78

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INTRODUCTION GENERALE

1 – Le mandat du groupe de travail

Lors de la réunion de sa commission exécutive du 1er décembre 1998, le CFGB a


décidé la création d’un groupe de travail ayant pour objet le calcul de stabilité des
barrages poids avec un double objectif de :
faire le point sur les principales méthodes en usage dans les bureaux d’études
français ;
- examiner l’intérêt, pour les barrages, des méthodes de calcul semi-probabilistes
aux états-limites, et en formuler les bases pour dimensionner les barrages poids.

Ce deuxième objectif se positionne dans une perspective européenne, où les


Eurocodes s’étendent progressivement dans le domaine du génie civil. Il est apparu
important aux membres du groupe de travail d’éclairer le Comité dans cette
perspective.

2 – Les principes généraux des méthodes déterministes et probabilistes

Les méthodes actuelles de justification des barrages poids reposent sur le principe
déterministe : le projeteur s’attache à vérifier que les contraintes développées dans
la structure σ (Σ Fi), sous l’effet d’une combinaison d’actions choisie de façon plus ou
moins sécuritaire, restent inférieures à la contrainte maximale admissible, c’est-à-dire
la contrainte de rupture du matériau (f) divisée par un coefficient global de sécurité ν.
L’équation de la sécurité, ou condition d’état-limite, s’écrit alors :
σ (Σ Fi) < f / ν

Dans les méthodes probabilistes, les actions et résistances sont considérées comme
des variables aléatoires, auxquelles sont associées des probabilités de
dépassement. On compare l’aire de recouvrement des distributions des contraintes
et des résistances à une probabilité de ruine maximale admissible (pf, adm). L’équation
de la sécurité, ou condition d’état-limite, s’écrit donc :
Prob (σ > f) < pf, adm

En pratique, il est difficile de déterminer les fonctions de répartition de l’ensemble


des paramètres aléatoires. Les méthodes semi-probabilistes constituent un
compromis entre les deux approches. Sur la base d’une méthodologie probabiliste,
elles introduisent une part de déterminisme, pris en compte par des coefficients
partiels qui couvrent l’incertitude sur la connaissance des paramètres aléatoires, et
une part statistique, prise en compte par la définition statistique des valeurs
représentatives des principaux paramètres auxquels s’appliquent les coefficients
partiels.

En sus les méthodes semi-probabilistes aux états-limites se caractérisent par


l’emploi d’un vocabulaire spécifique à la prise en compte des incertitudes et à leur
traitement dans le domaine du génie civil. La démarche de vérification ainsi
normalisée est présentée ci-après. Ce schéma permettra aux lecteurs non familiers
de ces méthodes de suivre plus aisément le présent rapport, dont le plan en suit les
étapes principales.

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SITUATION DE PROJET VALEURS


REPRESENTA-
TIVES DES
CAS DE CHARGE PARAMETRES
Valeur caractéristique

ETAT-LIMITE CLASSE (ELS, ELU) Valeur de calcul COEFFI-


CIENTS
Valeur accidentelle
PARTIELS
Valeur de service DE
VALEUR
COMBINAISON Valeur
TYPE d'accompagnement
D’ACTIONS
CONDITION ASSOCIEE A
d’ETAT-LIMITE L’ETAT-
LIMITE

VALEURS REPRESENTATIVES
PERTINENTES POUR LA
VERIFICATION

COEFFICIENT DE CONDITION D’ETAT-LIMITE DE CALCUL


MODELE γd
DECLINAISONS DE LA CONDITION
D'ETAT-LIMITE DE CALCUL

> 1,00 < 1,00


FACTEUR DE DIMENSIONNEMENT

VERIFIE
NON VERIFIE

REVOIR LE
DIMENSIONNEMENT
ou autres vérifications
complémentaires

Figure 1 : Organigramme des vérifications selon la méthode semi-probabiliste


aux états-limites

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3 – Les méthodes semi-probabilistes et la justification des barrages

Les méthodes semi-probabilistes appliquées au génie civil se généralisent, dans


l’Europe communautaire, par la normalisation des règlements et par l’apparition des
Eurocodes.

La France est bien familiarisée aux règlements semi-probablistes, et à ce titre, on


peut comparer l’Eurocode 1 partie 1 (futur Eurocode 0) [euro1] aux directives
communes de 1979 [fasc79] et une partie de l’Eurocode 7 [euro7] au fascicule n°62
titre V [fasc62].

Toutefois, ces règlements (les fascicules français et les Eurocodes) excluent de leurs
champs d’application des ouvrages tels que les barrages, les centrales nucléaires,
les tunnels, les ouvrages maritimes ou fluviaux*. En ce qui concerne les barrages, les
raisons sont liées aux effets majeurs de gradients hydrauliques dans le corps de la
structure et dans les fondations, alors que les ouvrages du génie civil traditionnel
sont considérés en situation de quasi-équilibre hydrostatique.

En fait, les règlements semi-probabilistes ont été définis pour des structures dont le
comportement est supposé assez bien maîtrisé et constituées de matériaux bien
connus, ayant fait l’objet de nombreux tests en laboratoire (béton et acier en
particulier). De façon analogue, le fascicule 62 titre V s’intéresse à des fondations
« standards » et est basé sur des reconnaissances de sol relativement simples
(pénétromètre, pressiomètre).

De ce fait, les barrages sont restés à l’écart des méthodes semi-probabilistes, ce qui
peut sembler paradoxal car le probabilisme apparaissait déjà dans les notes de
calculs pour la détermination des crues exceptionnelles (la méthode du Gradex est
apparue dans les années 1970). Ainsi, les justifications de la stabilité correspondent
à des actions hydrauliques associées à une probabilité de dépassement, ce qui est à
la base des méthodes probabilistes.

L’introduction précédente semble indiquer qu’il est donc a priori assez naturel de
formuler une méthode semi-probabiliste pour le dimensionnement des barrages.

En ce qui concerne les actions de l’eau, principales actions défavorables, ce point ne


semble pas devoir être contredit. En effet, les justifications dites déterministes et
actuellement utilisées, contiennent une part de probabilisme provenant des modèles
hydrologiques et la formulation d’une méthode semi-probabiliste ne pose a priori pas
trop de difficultés.

La problématique est d’un tout autre ordre pour les fondations du barrage où les
incertitudes sur les matériaux sont importantes, incertitudes augmentées par la
présence des gradients hydrauliques susceptibles de modifier les propriétés des
matériaux. En outre, chaque fondation est unique, avec des propriétés mécaniques
propres. Il est donc difficile de fixer des règles rigides applicables aux fondations des

*
Toutefois l’Eurocode 3, qui traite des constructions métalliques, couvre la vantellerie.

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barrages et, de ce fait, le jugement de l’expert devra rester à la base des


justifications.

4 – L’intérêt de la formulation d’une méthode semi-probabiliste aux états-


limites pour les barrages poids

En premier lieu, nous remarquons de nombreuses disparités dans les différents


standards, recommandations ou pratiques relatifs au dimensionnement des barrages
poids : terminologie, hypothèses de calcul des actions, résistances des matériaux
des barrages et des fondations, justifications, critères de dimensionnement, varient
sensiblement d’un projet à l’autre.

La formulation d’une méthode semi-probabiliste aux états-limites permet :

• de structurer rigoureusement les justifications des barrages poids : les situations,


les actions et leurs effets, les cas de charges, les combinaisons d’actions et de
sollicitations, les états-limites et les critères de dimensionnement ;

• de structurer le débat sur les niveaux de sécurité à considérer dans chacune des
vérifications.

5 – Les objectifs du groupe de travail

Notre objectif est de poser les bases d’une méthode semi-probabiliste aux états-
limites pour la justification des barrages poids.

Pour ce faire, les travaux ont consisté dans une première partie, à établir une
synthèse des principales justifications des barrages poids : calcul des actions et de
leurs effets, résistance des matériaux, différentes justifications et critères de
dimensionnement. Ce travail n’a pas pour objet de réaliser un état de l’art exhaustif
en matière de justification des barrages poids. Toutefois, il propose une analyse des
principales références bibliographiques et des pratiques des membres du groupe.

Dans la deuxième partie, nous avons décliné le formalisme des méthodes semi-
probabilistes : situations, actions, cas de charges, combinaisons d’actions,
résistances des matériaux, états-limites et coefficients de modèles. Pour chacun de
ces points, nous proposons une traduction dans un format semi-probabiliste aux
états-limites.

L’objectif final est de disposer d’une méthode semi-probabiliste aux états-limites pour
la justification des barrages poids. Cette méthode prend en compte les pratiques
actuelles.

Dans la troisième partie, nous examinons la faisabilité de la calibration de la méthode


semi-probabiliste sur les pratiques actuelles. Dans ce cadre, nous indiquons la façon
dont les coefficients de modèle sont obtenus et une méthodologie pour calibrer les
coefficients de modèle est proposée. La partie 3 synthèse les résultats d’un stage
ingénieur encadré par le Cemagref et les travaux de contrôle et de validation du

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groupe de travail. Elle permet de dégager les perspectives fortes de recherche et de


développement de nos travaux.

Nous soulignons qu’il aurait été utopique, dans le cadre de ce groupe de travail, de
prétendre établir un standard semi-probabiliste parfaitement opérationnel. En effet, le
travail n’a pas pu aller jusqu’au stade de proposition de valeurs appropriées de
coefficients partiels car il conviendrait de faire préalablement des études sur les
résistances des matériaux et de calibration spécifiques après la formulation de la
méthode. Ainsi, notre travail se propose de rester un guide général laissant une large
place à l’interprétation.

De cette façon, notre rapport revêt, à ce stade, un caractère de proposition


portant sur le développement d’une méthodologie semi-probabiliste aux états-
limites pour la justification des barrages poids.

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Partie 1

Justification des barrages poids par les méthodes déterministes


(synthèse des principales recommandations et état de la pratique)

CHAPITRE 1 : PRINCIPES DE CALCUL DES ACTIONS ET DES EFFETS DES ACTIONS

Ce chapitre se propose d’indiquer les principes généraux de calcul des principales


actions et de leurs effets, intervenant dans les justifications déterministes des
barrages poids. Ce travail ne prétend pas se substituer aux recommandations
existantes, beaucoup plus complètes. Il correspond à une synthèse des principales
références bibliographiques et aux pratiques des membres du groupe de travail.

Outre les principes de calcul des actions, ce chapitre fixe les notations qui servent
tout le long du rapport, et propose des valeurs guides aux paramètres lorsque cela a
été possible.

Les actions sont classées en trois catégories :


- les actions permanentes ;
- les actions variables ;
- les actions accidentelles.

1.1. Actions permanentes

Les actions permanentes sont les actions dont l’intensité est constante ou très peu
variable dans le temps, ou varie dans le même sens en tendant vers une limite. Les
actions permanentes sont notées G.

Nota : on adopte dans la suite du rapport les unités légales du Système International
(SI).

1.1.1. Poids propre

Notations :
G0 : poids propre
γb : poids volumique des matériaux du barrage
S : surface du profil étudié

L’intensité du poids propre est représentée par une valeur nominale calculée à partir
des dessins et des coupes du projet et en prenant en compte la surface du profil
étudié (S), le poids volumique des matériaux du barrage (γb) et le poids des
équipements fixes. La difficulté principale pour le calcul de l’intensité du poids propre
est liée à la détermination du poids volumique des matériaux du barrage, qui est un
paramètre sujet à fluctuation dans l’espace (au sein de la structure) et dans le temps.

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1.1.2 – Poussée des sédiments

Notations :
G1 : poussée des sédiments
γ’sédiment : poids volumique déjaugé des sédiments (poids volumique humide des
sédiments – poids volumique de l’eau)
ϕsédiment : angle de frottement interne des sédiments
Kindice : coefficient de poussée des sédiments (l’indice précise les hypothèses
retenues)

Principe de calcul :
Le principe du calcul de l’action des sédiments revient à un calcul de poussée. Les
sédiments sont considérés non pas comme un fluide, mais comme un matériau
frottant possédant donc un angle de frottement interne.

En premier lieu, il convient de déterminer la hauteur du massif des sédiments, qui est
obtenue sans (trop de) difficulté pour les barrages existants et par des études
spécifiques pour les projets. La poussée des sédiments étant défavorable aux états-
limites à justifier, on envisage la hauteur des sédiments maximale obtenue à moyen
et long terme.

Ensuite, le calcul est mené en considérant que la poussée de l’eau agit sur toute la
hauteur du massif des sédiments et on calcule la poussée des sédiments à partir du
poids volumique déjaugé γ’sédiment.

Dans le cas général, on néglige les frottements entre le massif des sédiments et le
parement amont, ce qui revient à considérer que la résultante est perpendiculaire au
parement amont. Cette hypothèse est d’autant plus réaliste que les sédiments ont
une granulométrie fine, ce qui est le cas dans la plupart des ouvrages. En outre, elle
va dans le sens de la sécurité.

Les difficultés résultent dans la détermination de γ’sédiment et Kindice. Plusieurs


hypothèses peuvent être adoptées :

Hypothèses relatives au poids volumique déjaugé des sédiments γ’sédiment :


Pour des ouvrages existants, il peut être obtenu à partir de prélèvements de
sédiments et d’essais en laboratoire.

Notons quelques valeurs guides pour γ’sédiment :


- sédiments du barrage de Génissiat (essentiellement des limons) : γ‘sédiment = 5 à 8
kN/m3 ; [meke98]
- [usbr87] recommande d’adopter, à défaut de donnée, γ’sédiment = 9,2 kN/m3
- [tbar89] recommande en première approximation γ’sédiment = 10 kN/m3

Hypothèses relatives au coefficient de poussée Kindice :


Plusieurs choix ont été mis en avant :
- [pbar97] propose le coefficient de pression latérale des terres au repos, obtenu à
partir de la formule de Jacky : K0 =1–sin ϕ’sédiment. Avec l’angle de frottement interne
des matériaux saturés ϕ’sédiment = 30° (ce qui est une valeur usuelle pour des
matériaux fins), on obtient K0 = 0,50

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- [tbar89] propose le coefficient de poussée de Rankine : Ka = tan²(π/4-ϕsédiment/2).


Avec ϕsédiment = 15°, on obtient Ka = 0,59
- [usbr87] propose d’adopter en première approche : K = 0,39 (=36/92)

Notons que le choix du coefficient de poussée est, de façon théorique, lié à l’état-
limite étudié [mur73]. En toute rigueur, K0 (ainsi que le coefficient proposé dans
[usbr87]) correspond à l’état statique et entre dans le cadre de la justification d’états-
limites de service (cf. partie 2 chapitre 6). A contrario, Ka correspond à un
déplacement de l’ouvrage et rentre dans le cadre de la justification d’états-limites
ultimes.

1.1.3 – Poussée d’une recharge aval

Notations :
G2 : poussée de la recharge [kN]
γrecharge : poids volumique du sol de la recharge [kN/m3]
ϕrecharge : angle de frottement interne du sol de la recharge
K0 : coefficient de poussée au repos de la recharge

Principe de calcul :
Il convient de distinguer deux configurations :
1/ la recharge aval est en fait un simple remblai de pied issu de l’excavation des
fondations ;
2/ la recharge aval contribue de façon significative à la stabilité du barrage. Il s’agit
alors d’une recharge non infinie sur toute (ou une grande partie de) la hauteur du
barrage.

Dans le premier cas (remblai de pied du barrage), il convient de s’assurer en premier


lieu que le remblai en pied de barrage a été correctement mis en œuvre et
compacté. En particulier, il ne doit pas être décollé du parement aval car, si tel était
le cas, l’action ne doit pas être considérée.

Si le remblai a été correctement compacté, le calcul peut être réalisé, en première


approche, à partir du coefficient de pression latérale des terres au repos K0. La
résultante de la poussée est inclinée par rapport à la perpendiculaire au parement
aval (prise en compte du frottement entre la recharge et le parement). A défaut
d’information plus précise (ce qui est le cas général), il est proposé de retenir une
inclinaison de la poussée de δ = ²/3 . ϕrecharge . L’angle de frottement interne des
terres ϕrecharge est obtenu après prélèvement et essai en laboratoire. Si la butée de
pied est saturée, on adopte l’angle de frottement interne des matériaux saturés
ϕ’recharge.

Dans le deuxième cas (recharge aval sur une grande partie de la hauteur du
barrage), la prise en compte de la poussée de la recharge doit toujours faire l’objet
d’une étude spécifique.

Comme dans le § 1.1.2, le choix du coefficient de poussée est lié à l’état-limite


étudié. Ainsi, les coefficients de poussées K0 et Ka conviennent pour la justification
d’état-limites de service. A contrario pour la justification des état-limites ultimes, il

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peut être réaliste d’adopter le coefficient de butée Kp (Kp =1/ Ka) dans la mesure où
les études montrent qu’il est possible de mobiliser la recharge en butée.

En première approche et pour donner un ordre de grandeur, on peut procéder


comme dans le premier cas, mais en minorant le coefficient de poussée adopté à
l’aide des tables de Caquot [mur73]. Ces dernières permettent de prendre en compte
le fait que la recharge est de dimension limitée, ce qui a pour effet de diminuer sa
poussée.

1.2. Actions variables

Les actions variables comprennent les actions dont l’intensité et/ou les points
d’application varient fréquemment et de façon importante dans le temps. Les actions
variables sont notées Q [calgaro96].

Dans notre contexte, nous considérons que les actions de l’eau (poussées
hydrostatiques amont et aval et action des sous-pressions) sont des actions
variables, et ce quelles que soient l’amplitude et la fréquence du marnage de la
retenue.

1.2.1. Poussée hydrostatique amont

Notations :
Q1 : poussée hydrostatique amont
Q3 : poussée hydrostatique aval
γw : poids volumique de l’eau dans la retenue

Principe de calcul :
Le principe du calcul de l’action de l’eau de la retenue (idem pour l’eau en aval du
barrage) revient à un calcul de poussée hydrostatique.

Sauf cas particulier (barrages de torrents de Montagne), le poids volumique de l’eau


est pris égal à γw = 9,81 kN/m3, en toutes circonstances.

Pour le calcul de Q1 (et Q3), il convient de déterminer les niveaux de remplissage


représentatifs de la retenue (et en aval du barrage) compatibles avec la situation de
projet considérée. Plusieurs exemples représentatifs utilisés dans la suite du rapport
sont cités ci-dessous :

Niveau de l’eau dans la retenue :


Les recommandations existantes (notamment [pbar97], [tbar89] et [usbr87])
considèrent différentes cotes de remplissage de la retenue. Les principales cotes
considérées dans la pratique françaises sont les suivantes :

- retenue normale d’exploitation (RN) :


L’appellation « retenue normale d’exploitation » correspond plus à une pratique dans
les notes de calculs qu’à une définition précise issue de la littérature. Par ailleurs,
elle est relativement abusive car les retenues de barrages sont loin d’être exploitées,
de façon moyenne, à la cote RN. Ainsi, on ne peut pas dire de façon rigoureuse qu’il

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s’agisse du niveau auquel se situe la retenue la majeure partie de l’année, ni de la


valeur moyenne de l’action dans le temps.

La compréhension du terme par les praticiens conduit à définir le niveau RN comme


étant le niveau maximal de la retenue en exploitation normale. Ainsi, dans les
projets, la cote RN est utilisée de façon quasi systématique (en particulier pour les
barrages à évacuateur de surface non vanné), comme la cote du seuil du déversoir
de crues.

Pour établir une comparaison avec les recommandations de [usbr87], le niveau RN


correspond au « maximum controlable water surface elevation », c’est-à-dire la cote
du haut des vannes de l’évacuateur ou la cote du seuil d’un évacuateur non vanné.

- cote minimale d’exploitation normale :


C’est le seuil bas de l’exploitation normale de la retenue, en deçà duquel il est
considéré une opération de vidange. Cette cote correspond, soit à une valeur fixée
par arrêté administratif, soit (à défaut) à la cote de la prise d’eau la plus basse.

Pour établir une comparaison avec les recommandations de [usbr87], cette cote
correspond au « top of inactive capacity ».

- les plus hautes eaux (PHE) :


Elles correspondent au niveau de la retenue obtenu pour la crue de projet, arrivant
sur un barrage dont la cote de remplissage est à la RN et sans dysfonctionnement
de l’évacuateur de crue (notons que certains pays considèrent le fonctionnement de
n-1 vannes uniquement). Il s’agit d’un niveau de remplissage peu courant dans la vie
du barrage, laissant généralement une revanche (distance entre la cote des PHE et
la crête du barrage) suffisante.

Les pratiques usuelles françaises associent à la crue de projet une période de retour
de 1000 ans pour les barrages poids. Dans cette hypothèse, la probabilité de
dépassement d’un tel événement est donc de 10-3 par an. Toutefois, selon les
circonstances, des valeurs supérieures peuvent être prescrites (T=5000 ans par
exemple). Il convient d’indiquer qu’après un tel événement, le barrage est sensé être
dans un état satisfaisant. Dans la suite du rapport, nous appelons T la période de
retour associée à la crue de projet, avec des valeurs guides comprises entre 1000 et
5000 ans.

Pour établir une comparaison avec les recommandations de [usbr87], le niveau des
PHE est à rapprocher de la cote « maximum water surface » qui est la cote atteinte
pour la crue de projet IDF (inflow design flood). Toutefois, nous constatons deux
différences importantes dans ces pratiques :
- la cote « maximum water surface » correspond à la cote de la crête du barrage
sans prise en compte du parapet (qui fait alors office de revanche). De ce fait, cette
cote est supérieure a priori à la cote des PHE de la pratique française ;
- la crue de projet IDF de [usbr87] est obtenue de façon déterministe à partir de la
méthode du Débit Maximum Probable ou PMF (en fonction du barrage, adoption de
la PMF ou d’un % de la PMF). De ce fait, sa période de retour ne peut pas être
comparée avec celle des PHE, mais est a priori supérieure à la celle des PHE.

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1.2.2. Poussée hydrostatique aval

La poussée hydrostatique aval (Q3) est le plus souvent liée à la poussée


hydrostatique amont. Elle est déduite d’un calcul de ligne d’eau dans la rivière en
aval du barrage.

Toutefois sur certains ouvrages (contre-barrage aval, succession de barrages, …),


Q3 peut être une action variable indépendante de la poussée hydrostatique amont.

1.2.3. action des sous-pressions

Notations :
Q2 : résultante de l’action des sous-pressions
λ : coefficient de rabattement. Nous définissons le coefficient de rabattement de la
façon suivante (voir figure ci-dessous) :

dispositif
particulier :
λ = [(Z’) – (Z)] / (Z’)

Zaval
(Z)
(Z’)

------- diagramme linéaire de sous-pression


…….diagramme bilinéaire de sous-pression

Figure 2 : répartition des sous pressions

Le coefficient de rabattement peut prendre certaines valeurs particulières :


- λ = 0 si le dispositif est totalement inefficace ;
- λ =1 si le dispositif réduit la sous-pression à la pression hydrostatique aval.

Principe de calcul :
Le principe de calcul repose sur la détermination du diagramme des sous-pressions
agissant à l’interface barrage-fondations (même démarche dans le corps du barrage
pour la détermination des pressions interstitielles). Ce diagramme fixe l’action des
sous-pressions agissant à l’interface. Ainsi selon le mode de calcul, on pourra :
- soit déterminer la répartition des sollicitations hydrauliques s’exerçant à l’interface
(ou des pressions interstitielles siégeant dans le corps du barrage) ;
- soit déterminer l’intensité de la résultante de l’action des sous-pressions. Cette
dernière est perpendiculaire à l’interface.

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Les recommandations [usbr87] et [pbar97] considèrent que les variations des sous-
pressions dans les fondations et dans le corps du barrage suivent le niveau de
remplissage de la retenue avec un effet retard négligeable. Dans ces conditions, la
résultante Q2 de l’action des sous-pressions est systématiquement liée à Q1 et Q3.

Une seule exception à cette règle : [usbr87] indique que le diagramme des sous-
pressions n’est pas affecté par les accélérations liées aux séismes compte tenu de
leur caractère transitoire, alors que les poussées hydrostatiques sont majorées par
les pressions hydrodynamiques. La pratique française dans ce domaine adopte ces
mêmes hypothèses (cf. annexe 2 « Comportement dynamique des barrages-poids.
Méthodes de calcul »). Toutefois, il convient d’indiquer que ce point fait actuellement
l’objet de travaux de recherche et que certaines études prennent en compte des
variations des pressions interstitielles lors des séismes.

Détermination du diagramme des sous-pressions :


Pour la détermination de l’action des sous-pressions, nous recommandons de
distinguer les barrages neufs et les barrages en service :
- pour les projets de barrage (barrages neufs), le diagramme des sous-pressions est
obtenu en considérant les fondations et les dispositifs particuliers mis en œuvre
(injection, drainage) ;
- pour les barrages existants, le diagramme des sous-pressions est obtenu comme
précédemment, en tenant compte des données d’auscultation disponibles après
s’être assuré de leur représentativité.

En toutes hypothèses, il convient, par des moyens d’auscultation appropriés, de


vérifier la stabilité dans le temps de la répartition des sous-pressions à l’interface et
l’efficacité des dispositifs de réduction des sous-pressions (voile d’injection, réseau
de drainage).

A défaut de dispositif particulier visant à réduire les infiltrations d’eau dans les
fondations (et dans le corps du barrage), une répartition linéaire des sous-pressions
est considérée en première approche [usbr87], [pbar97]. Notons que des cas
particuliers (parement aval colmaté par de la calcite, rejointoiement aval trop parfait,
…) peuvent donner des diagrammes plus défavorables.

Les dispositifs particuliers en fondations (voiles d’injection et système de drainage)


visant à réduire le diagramme des sous-pressions sont pris en considération à l’aide
du coefficient de rabattement λ, et conduisent à un diagramme bilinéaire.

Choix du coefficient de rabattement λ


Le coefficient λ dépend directement de l’efficacité du dispositif visant à réduire les
sous-pressions. De nombreux facteurs peuvent avoir une influence, notamment :
- la conception et la réalisation du dispositif ;
- son entretien et sa surveillance.

En outre, le coefficient λ est sujet à variation au cours du temps, compte tenu des
phénomènes de vieillissement pouvant affecter le dispositif : colmatage des drains,
perte d’efficacité du voile d’injection, etc. A ce titre, il convient donc de s’assurer, par
l’auscultation, du maintien au cours du temps de l’efficacité du dispositif de réduction
des sous-pressions.

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En première approche, nous rappelons les valeurs guides citées dans la littérature :
- en présence d’un dispositif de drainage :
* [pbar97] et [tbar89] préconisent λ = ½
* [usbr87] préconise λ = 2/3
- en présence d’un voile d’injection dans les fondations :
* [pbar97] et [tbar89] préconisent λ = 1/3
* pas de préconisation particulière dans [usbr87] : λ = 0
- en présence d’un voile d’injection et d’un réseau de drainage, les recommandations
[usbr87] et [pbar97] se rejoignent et le coefficient de rabattement global proposé
est λ = 2/3

Enfin, nous rappelons les résultats récents du groupe de travail européen « Uplift
pressures under concrete dams » [ruggeri98]. A partir de l’analyse de données
d’auscultation de nombreux ouvrages, le groupe de travail a mis en évidence que :
- les voiles d’injection peuvent réduire efficacement les sous-pressions, mais en
absence de dispositif d’auscultation permettant d’évaluer l’efficacité du dispositif, il
est recommandé de ne pas en tenir compte ;
- les systèmes de drainage constituent les dispositifs de réduction des sous-
pressions les plus efficaces et fiables.

Notons également qu’un voile d’injection aurait tendance à produire une discontinuité
dans le rabattement du diagramme des sous-pressions (pleine sous-pression en
amont du voile puis rabattement en aval) ; a contrario, un voile de drainage produirait
un abaissement sans discontinuité du diagramme linéaire.

1.3. Actions accidentelles

Les actions accidentelles proviennent de phénomènes se produisant très rarement


avec des intensités très élevées. Dans ce cadre, les pratiques actuelles considèrent :

1.3.1. Séisme

Au cours d'un séisme, l'énergie transmise par la fondation se traduit par la mise en
mouvement de l'ouvrage, structure qui malgré son caractère massif est susceptible
de se mettre en vibration. Les sollicitations mécaniques auxquelles un barrage est
alors soumis sont de deux types :
- les forces d'inertie dues à l'accélération de la structure ;
- les forces hydrodynamiques dues à la mise en vibration de la retenue qui s'ajoutent
aux forces hydrostatiques.

Dans le cadre d'un calcul simplifié, l'approche pseudo-statique est utilisée : le


chargement dynamique se traduit par l'application de forces statiques équivalentes
aux efforts dynamiques maximaux supportés par l'ouvrage (cf. annexe 2).

1.3.2. Poussées hydrostatiques exceptionnelles

Les poussées hydrostatiques exceptionnelles, correspondant à des niveaux de


retenue supérieurs aux PHE, ne sont pas examinées dans la pratique française. A ce

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16

titre, les recommandations telles que [tbar89] et [pbar97] n’en font pas état et le
niveau maximum pris en compte reste les PHE.

En pratique, les bureaux d’études prennent parfois en considération, de façon plus


ou moins formelle, des niveaux hydrostatiques supérieurs aux PHE. Par ailleurs, les
dossiers d’analyse de risques élaborés dans le cadre des PPI (plans particuliers
d'intervention) des barrages et soumis au CTPB introduisent la notion de cote de
danger, cote à partir de laquelle l'exploitant estime ne plus avoir le contrôle de son
ouvrage et donc déclenche les sirènes pour l'évacuation des populations. Il s’agit
d’une cote ultime d’alerte et elle n’a pas de lien direct avec la stabilité intrinsèque du
barrage. Elle correspond le plus souvent (il y a des exceptions), à la cote de la crête
majorée d’un mètre.

En revanche dans les recommandations de [usbr87], la cote « maximum water


surface », correspondant à un niveau de remplissage (crête du barrage sans le
parapet) et une période de retour supérieurs à la PHE, est prise en compte pour le
dimensionnement des ouvrages dans le cadre des combinaisons de charge
exceptionnelles (unusual load combinaisons).

CHAPITRE 2 – LES RESISTANCES DES MATERIAUX

Ce chapitre examine les différents paramètres liés à la résistance des matériaux du


corps du barrage, de l’interface et de la fondation. Nous définissons les notations
utilisées et nous indiquons les méthodologies expérimentales et/ou de calcul
permettant de les obtenir. Lorsque cela est possible, des valeurs guides, pouvant
être éventuellement utilisées en première approche, sont proposées.

Les résistances des matériaux intervenant dans les justifications des barrages poids
sont la cohésion, l’angle de frottement interne et la résistance à la traction. Ces
paramètres sont physiquement indissociables. Par conséquent, ce chapitre présente
les méthodes utilisées successivement dans la fondation, à l’interface et dans le
corps du barrage.

2.1. Dans les fondations

Notation :
Cfond : cohésion des fondations [MPa]
ϕfond : angle de frottement interne des fondations

Méthode :
Pour la détermination de la cohésion Cfond et de l’angle de frottement interne ϕfond
de la fondation, la méthode la plus satisfaisante consiste à examiner les courbes
intrinsèques des matériaux constituant la roche. A ce titre, les courbes de BARTON
et HOEK [hoek97] constituent une référence de base.

Sur le principe de calcul, que ce soit pour un joint de fondation ou dans la masse
rocheuse, la courbe intrinsèque de la fondation n’est pas une droite. Pour une
gamme de contraintes normales donnée, la courbe peut être approchée par une

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droite dont la pente (tan ϕfond) et l’ordonnée à l’origine (Cfond) varient en sens inverse
en fonction de la gamme de contraintes considérée (loi parabolique). Par sécurité,
les paramètres Cfond et tan ϕfond peuvent être estimés par la sécante passant par les
deux points correspondant à la gamme de contraintes considérée.

La courbe intrinsèque d’une roche passe par l’origine du fait qu’il y a toujours des
joints dans une roche de grande masse, ce qui a pour conséquence que la cohésion
des fondations Cfond, dans les gammes de faibles contraintes, est considérée le plus
souvent comme nulle, en particulier en conception de barrages neufs.

2.2. Dans le corps du barrage

Notations :
Cb : cohésion du matériau du corps du barrage
ϕb : angle de frottement interne du matériau du corps du barrage
ft : résistance à la traction du matériau
fc : résistance à la compression du matériau

Méthode :

Cas du Béton Compacté au Rouleau (BCR)


Les barrages poids sont actuellement réalisés le plus souvent en BCR. Pour ce
matériau, ce sont les joints qui imposent la cohésion à introduire éventuellement
dans les calculs.

Dans ce cas, les corrélations entre fc , ft et Cb, valables dans la masse du matériau,
ne sont plus applicables et les essais des matériaux en laboratoire ne sont pas
forcément représentatifs des paramètres à l’interface des couches de BCR.

Ainsi, l’examen des spécifications des travaux (réalisation des couches en particulier)
est primordial pour la détermination des paramètres.

Cas de la maçonnerie
Pour la maçonnerie, les paramètres ft et Cb sont généralement considérés comme
nuls.

Cas du Béton Conventionnel Vibré (BCV)


Pour les bétons traditionnels, la cohésion du béton peut être obtenue à partir
d’essais en laboratoire (à partir des courbes intrinsèques du matériau). On peut alors
utiliser les corrélations entre fc, ft et Cb, valables dans la masse du matériau et
applicables au barrage.

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2.3. A l’interface

Notation
Cinterface : cohésion de l’interface barrage-fondations [MPa]
ϕ : angle de frottement du barrage sur les fondations

Dans une première approche allant dans le sens de la sécurité, la cohésion de


l’interface Cinterface est considérée comme nulle compte tenu des perturbations du sol
au moment des excavations. Toutefois, si des spécifications de travaux particulières
ont été prévues pour la réalisation de l’interface (réalisation soignée et fondations
non altérées), on peut retenir une valeur pour le paramètre :
Cinterface = min (Cb ; Cfond) , ce minimum étant le plus souvent Cfond (cf § 2.1). Ce point
pourrait être validé en particulier à partir d’essais (carottages).

De façon analogue, on peut retenir pour l’angle de frottement ϕ la valeur minimale


entre ϕb et ϕfond.

Valeur guide
En considérant des précautions indiquées précédemment et si les fondations sont
des roches présentant de bonnes qualités mécaniques, une première approche peut
être obtenue avec : ϕ = 45 ° (contact béton-rocher sain). [pbar97]

CHAPITRE 3 – JUSTIFICATIONS CLASSIQUES DES BARRAGES POIDS (ETAT DE LA PRATIQUE)

Les principales justifications de stabilité des barrages poids rencontrées dans la


littérature sont les suivantes :
- la justification de non cisaillement qui concerne les fondations, l’interface et corps
du barrage ; [usbr87]
- la justification de non glissement du barrage sur sa fondation ; [pbar97]
- la justification de non traction du parement amont ; [usbr87] [pbar97]
- la justification de non renversement du barrage sur son pied aval ; [tbar87] [anc91]
- la justification de la résistance à la compression des matériaux, réservée
uniquement aux grands barrages. [usbr87] [tbar89]

Dans la suite, nous étudions ces dernières justifications les plus représentatives des
pratiques actuelles. Pour mémoire, notons également certaines justifications
rarement rencontrées dans les notes de calculs et liées à des considérations
relatives aux fondations (analyse des modules de déformation et résistances au
cisaillement) ne sont pas formalisées par des critères [usbr87]. Pour la justification
de la capacité portante du sol, [fasc62] propose des critères pour des ouvrages
construits sur des fondations de qualités mécaniques faibles ; toutefois, les barrages
ne rentrent pas a priori dans son champ d’application.

3.1. Niveaux de charges considérés dans les justifications actuelles

Différents cas sont envisagés dans les recommandations actuelles. Les principaux
sont les suivants :

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3.1.1. Dans [usbr87]

On distingue trois combinaisons de charges :


- les charges usuelles (usual load combinaisons), correspondant à un niveau nominal
de remplissage de la retenue (cote maximum controlable water surface elevation,
c’est-à-dire la cote RN – cf §1.2.1), avec le niveau des sous-pressions et la
poussée hydrostatique associées. On prend en compte également la poussée des
sédiments et des glaces éventuellement.
- les charges exceptionnelles (unsual load combinaisons), correspondant au niveau
de remplissage maximum envisagé (cote maximum water surface – cf §1.2.1) ;
- les charges extrêmes (extreme load combinaisons), correspond aux charges
usuelles plus les effets d’un séisme de type MCE.

3.1.2. Dans [pbar97]

On distingue trois combinaisons types d’actions :


- la combinaison fréquente ou quasi-permanente, correspondant au niveau de
service courant de l’ouvrage. Il s’agit de la combinaison de la poussée de l’eau à
RN, de la sous-pression correspondante et des actions permanentes (poids propre
et poussée des sédiments) ;
- la combinaison rare, correspondant à la crue de projet. On prend en compte la
poussée hydrostatique amont au niveau des PHE et les sous-pressions
correspondantes.
- la combinaison accidentelle, correspondant à un séisme survenant avec la retenue
au niveau RN.

Nous remarquons que les charges usuelles et extrêmes de [usbr87] sont


équivalentes respectivement aux combinaisons fréquente et accidentelle de [pbar97].
En revanche, les charges exceptionnelles de [usbr87] donnent des sollicitations
supérieures à celles obtenues avec la combinaison rare de [pbar97], compte tenu
des crues de projet retenues et des revanches prises en compte.

3.2. Justification vis-à-vis de l’effort tranchant

Nous regroupons dans ce paragraphe toutes les justifications faisant intervenir une
résistance globale d’une section généralement horizontale à un effort tranchant :
résistance au glissement et résistance au cisaillement. Les critères de
dimensionnement sont sensiblement différents selon les recommandations et les
principaux sont les suivants :

3.2.1. Justification vis-à-vis du cisaillement dans [usbr87]

La justification de la résistance au cisaillement consiste à une vérification de la


résistance globale au cisaillement d’une section horizontale dans le corps du
barrage, à l’interface ou dans la fondation. La section étudiée est supposée satisfaire
en tout point un critère de résistance de type Mohr-Coulomb. L’intégration de cette
condition de résistance sur l’ensemble de la section permet d’exprimer le critère de
dimensionnement à partir du coefficient SFF (shear friction factor) :

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20

SFF = (Cb . L + (N - U) .tan ϕb) / T

avec :
Cb et ϕb la cohésion et l’angle de frottement interne des matériaux du barrage (ou de
l’interface ou de la fondation) ;
L la longueur de la section horizontale étudiée ;
N et T les composantes normale et tangentielle des forces extérieures agissant sur la
partie supérieure de la section étudiée ;
U la résultante des pressions interstitielles régnant au niveau de la section étudiée.

Les critères de dimensionnement appliqués dans le corps du barrage sont :


SFFcorps du barrage > 3 pour les charges usuelles
> 2 pour les charges exceptionnelles
> 1 pour les charges extrêmes

Les critères de dimensionnement appliqués à l’interface barrage-fondation sont :


SFFinterface > 3 pour les charges usuelles
> 2 pour les charges exceptionnelles
> 1 pour les charges extrêmes

Les critères de dimensionnement appliqués dans les fondations sont :


SFFfondations > 4 pour les charges usuelles
> 2,7 pour les charges exceptionnelles
> 1,3 pour les charges extrêmes

3.2.2. Justification vis-à-vis du glissement dans [tbar89]

Cette justification vérifie le non glissement du barrage sur sa fondation. Le calcul est
mené de façon identique à ce qui est décrit au paragraphe précédent. On définit une
valeur F du coefficient de sécurité, identique au SFF. Les critères de
dimensionnement appliqués à l’interface barrage-fondation sont :
F >4 en fonctionnement normal
> 2,7 dans les conditions exceptionnelles

3.2.3. Justification vis-à-vis du glissement dans [pbar97]

Cette justification vérifie le non glissement du barrage sur sa fondation. Le principe


consiste à considérer le barrage comme un solide indéformable posé sur sa
fondation et soumis à des sollicitations. On exprime alors les conditions de sa
stabilité au glissement sur son sol d’assise pour obtenir le critère de
dimensionnement suivant :

N’ . tan ϕ / T > 1,5 pour les combinaisons fréquente et rare


> 1,3 pour la combinaison accidentelle

avec :
N’ et T les composantes normale et tangentielle de la résultante des actions sur la
fondations (y compris les sous-pressions) ;

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21

ϕ l’angle de frottement du barrage sur sa fondation (ϕ est ici équivalent à l’angle de


frottement de l’interface au sens de [usbr87]).

3.2.4. Justification vis-à-vis de l’effort tranchant : pratique d’EDF

Le mode de rupture supposé est un glissement le long de la ligne définissant la


section observée. La plupart du temps horizontale, cette ligne de glissement peut
néanmoins être inclinée au contact barrage-fondation.

Le coefficient de sécurité au glissement, noté Fg, dans le cas d'une section


horizontale est défini par :

Fg =(N. tan ϕ + C.L) / T

avec :
N l’effort vertical total appliqué sur l'ensemble de la section
T l’effort horizontal résultant.
ϕ l’angle de frottement des surfaces en contact béton/béton, béton/rocher,
maçonnerie/maçonnerie ou maçonnerie/rocher, selon les cas
C la cohésion le long de la partie non fissurée
L la largeur de la section non fissurée

Les coefficients de sécurité au glissement doivent vérifier :


• Fg > 1,33 en conditions normales (cote RN)
• Fg > 1,10 en conditions exceptionnelles (cote PHE)
• Fg > 1,05 en conditions extrêmes (cote RN + séisme maximal
possible)

3.2.5. Justification vis-à-vis de l’effort tranchant : pratique de Coyne et


Bellier
Dans la méthode utilisée par Coyne et Bellier, il est appliqué des coefficients partiels
de sécurité, Fφ et Fc, aux caractéristiques mécaniques des paramètres tan ϕ et C, et
dont les valeurs sont données dans le tableau qui suit :
Combinaisons de charge Fφ Fc
Cas usuels (RN) 1,5 3
Cas rares (PHE) 1,2 2
Cas extrêmes (RN + séismes) 1 1

Tableau 1 : Coefficients partiels de sécurité sur C et tan ϕ, dans la pratique de COB

Ces coefficients n’intègrent pas de sécurité sur les caractéristiques mécaniques ; ce


sont les caractéristiques mécaniques elles-mêmes qui doivent être déterminées avec
la sécurité nécessaire.

Pour ce qui concerne la cohésion C, elle n’est prise en considération (même pour le
cas usuel) que si aucun cisaillement n’est admis au cours de la vie de l’ouvrage (par
exemple lors d’un séisme).

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22

Le coefficient de sécurité F est calculé à partir de la relation :

(N − U). tanφ C.L


+
Fφ Fc
F=
T

avec :
N l’effort vertical appliqué sur l'ensemble de la section
U la résultante des pressions interstitielles régnant au niveau de la section étudiée.
T l’effort horizontal résultant.
L la surface de la base non fissurée.
Cette justification est appliquée également dans le cas de joints non horizontaux de
la fondation, constituant une direction selon laquelle les caractéristiques sont plus
faibles ; des calculs de stabilité au cisaillement doivent être faits, avec des lignes de
rupture passant par ces joints.

Pour les cas usuels (RN) et rares (PHE), ce coefficient doit rester supérieur à 1

Pour le cas extrême avec tremblement de terre SMD, on peut alors admettre un
léger mouvement en cisaillement, dont l’amplitude est vérifiée à l’aide d’une méthode
de type Newmark.

Si on admet de tels mouvements en cisaillement, les caractéristiques mécaniques


sont diminuées pour tout les cas de charges considérés (cas usuel et rare), afin de
tenir compte du franchissement possible lors d’un séisme, du pic de résistance de la
fondation. Ainsi, la cohésion n’est prise en compte, même pour le cas usuel, que si
aucun cisaillement n’est admis lors d’un tremblement de terre.

3.3. Justification du non renversement

Il est proposé dans [tbar89] et [anc91] une justification de non renversement. Cette
vérification consiste à étudier la possibilité de basculement du barrage par rapport à
son pied aval. Le critère de dimensionnement peut s’exprimer à partir des contraintes
effectives normales s’exerçant à l’interface barrage-fondation, mais on préfère
généralement l’écrire en considérant les moments (par rapport au pied aval) des
forces motrices Mm et stabilisatrices Ms :

- pour les charges usuelles : Ms / Mm > 1,5


- pour les charges exceptionnelles : Ms / Mm > 1,25
- pour les charges extrêmes : Ms / Mm > 1,1

Cette justification est très rarement dimensionnante, et d’ailleurs rarement pratiquée.


Par ailleurs, le critère de dimensionnement peut être exprimé à partir des contraintes
effectives normales s’exerçant à l’interface (vérification d’un % de la surface de
l’interface restant comprimée).

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23

3.4. Justification de non traction du parement amont

Cette justification consiste à vérifier les contraintes normales au droit du parement


amont. La répartition des contraintes normales est prise selon le modèle de Navier.
Les critères de dimensionnement peuvent être exprimés à partir de la contrainte
effective normale σ’N s’exerçant le long du parement amont. Ils sont sensiblement
différents selon les recommandations et les principaux sont les suivants :

3.4.1. Justification de non traction du parement amont dans [usbr87]

[usbr87] prend en compte la résistance à la traction des matériaux du barrage le long


du parement amont, la présence ou pas d’un dispositif de drainage du corps du
barrage et le niveau de charges. Les critères exprimés à partir de la contrainte
effective normale σ’N sont les suivants :
- pour les charges usuelles : σ’N > max {(p-1) γw .h - ft / 3 ; - γw.He}
- pour les charges exceptionnelles : σ’N > (p-1) γw .h - ft / 2
- pour les charges extrêmes : l’apparition de fissure est admise ; on évalue la
longueur de la fissure et on vérifie la résistance au cisaillement sur la section
non fissurée à partir du critère SFF.

avec :
ft la résistance à la traction du matériau du barrage
He la hauteur d’eau dans la retenue
p coefficient de réduction tenant compte du système de drainage ; en absence de
dispositif de drainage, p=1 ; sinon, p=0,4 en première approche.
h hauteur d’eau au point où est calculé la contrainte

3.4.2. Justification de non traction du parement amont dans [pbar97]

Deux catégories de matériaux sont distinguées :


- la maçonnerie : aucune traction n’est admise et la règle de Maurice LEVY (qui
est la même que la règle du tiers central) est préconisée : σ’N > 0
- le béton (ou BCR) : le matériau est supposé avoir une certaine résistance à la
traction. Cette dernière est prise en compte par le critère (75% de la condition
de Maurice LEVY) : σ’N > - 0,25.γw.He

3.4.3. Justification de non traction : pratique d’EDF

Les sollicitations subies par le barrage peuvent engendrer des tractions. Si les
contraintes de traction dépassent un seuil, il y a fissuration du matériau.

La fissuration d’un profil peut être admise dans les cas de charges exceptionnelles et
extrêmes, à condition de limiter l’extension de la zone fissurée (la fissure ne dépasse
pas le voile de drainage) et de vérifier que le profil du barrage reste stable après
fissuration (cf § 3.2.3).

En conditions normales (RN), la fissuration n’est pas admise.

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24

Les contraintes sont calculées suivant les hypothèses de la résistance des


matériaux, d’après la théorie des poutres (barrage assimilé à une poutre soumise à
un chargement de type flexion composée suivant le plan moyen du profil). Pour cela,
on prend en compte toutes les forces appliquées, y compris l’action des sous-
pressions considérée comme une force extérieure. Pour une section horizontale non
fissurée, on calcule les contraintes verticales, linéaires dans la section.

3.4.4. Justification de la non-traction : pratique de Coyne et Bellier


Sauf dans le cas d’une fondation au module très élevé (module d’ordre de grandeur
correspondant au module du béton, voire plus), le calcul est effectué avec
l’hypothèse de répartition linéaire des contraintes effectives.

Au contact avec la fondation, aucune résistance à la traction n’est prise en compte.

Pour le cas usuel, on vérifie la condition de Maurice LEVY : la contrainte effective


amont ne doit pas être en traction.

Pour les cas rare et extrême, la fissuration est admise ; elle progresse jusqu’à
annulation de la contrainte effective à l’amont de la portion de la base non-ouverte ;
les limites admises sont indiquées dans la section 3.5.4.

3.5. Conditions d’ouverture de fissures

3.5.1. Conditions d’ouverture de fissures dans [usbr87]

Deux méthodes d’analyses sont proposées : la méthode statique réservée pour les
cas de charges hydrostatiques usuels et exceptionnels ; la méthode pseudostatique
réservée pour les cas de charge liés aux séismes.

- méthode statique :
Les hypothèses adoptées dans cette méthode sont les suivantes : répartition des
contraintes normales selon le modèle de Navier sur la partie non fissurée ; pleine
sous-pression dans la section fissurée ; répartition linéaire des pressions
interstitielles dans la section non fissurée.
La fissuration se produit lorsque la contrainte normale effective s’annule : σ’N<0 . Le
calcul est ensuite itératif.

- méthode pseudo-statique (séisme) :


Le calcul de la section fissurée est réalisé de façon analogue à précédemment, avec
une différence sur l’hypothèse de répartition des sous-pressions : lorsque une fissure
apparaît pendant un séisme, le diagramme des sous-pressions n’est pas modifié.
Ainsi, on continue à considérer une répartition linéaire des pressions interstitielles
dans la section.

3.5.2. Conditions d’ouverture de fissures dans [tbar89] et [pbar97]

Aucune précision opérationnelle n’est donnée dans les recommandations françaises


pour le calcul de la section fissurée. [tbar89] préconise l'application du critère de
Maurice Lévy, en considérant qu'il n'y a pas ouverture de fissure si ce critère est

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25

satisfait à au moins 75% . Il est également fait référence au critère d'Hoffmann ainsi
qu'à celui de Pelletreau, mais sans détails sur ces méthodes.

3.5.3. Condition d’ouverture de fissures : pratiques d’EDF

Le barrage est soumis à des sollicitations pouvant engendrer un état de traction en


parement amont. Les matériaux utilisés (maçonnerie, béton) présentent une
résistance à la traction faible en particulier au niveau des reprises de bétonnage ou
aux interfaces entre éléments de maçonnerie. C'est pourquoi le risque de fissuration
doit être évalué, ainsi que celui de l'extension d'une éventuelle fissure horizontale
s’amorçant en parement amont.

Le processus de calcul consiste donc à trouver la longueur de la fissure telle qu'à


l'extrémité amont de la partie non fissurée, la contrainte σ‘n dans le matériau soit
égale à la résistance à la traction retenue.

Pour une section partiellement fissurée, la contrainte σ‘n dans la partie non fissurée,
est obtenue comme au § 3.4.3 précédent, mais en considérant :
- la force de sous-pression modifiée (pleine pression dans la fissure) ;
Pour le cas de charge correspondant au séisme, le calcul est fait de façon analogue,
mais en considérant, dans la seule partie fissurée de la section, la sous-pression
majorée des effets sismiques.

- la largeur de la partie non fissurée de la section ;


- le moment résultant de toutes les forces par rapport au centre de gravité de la
partie non fissurée ;
- la distance du point considéré à la fibre moyenne de la partie non fissurée ;
- le moment d'inertie de la partie non fissurée.

3.5.4. Conditions d’ouverture de fissure : pratique de Coyne et Bellier


Pour le cas rare, une légère mise en traction de l’amont est admise, à condition que
la fissuration correspondante n’atteigne pas le rideau de drainage. En toute
hypothèse, cette ouverture ne doit pas être supérieure à 25% de la base (ce qui
correspond à un fruit intermédiaire à celui correspondant à la condition de LEVY et
celui correspondant à la condition d’Hoffman).

Pour le cas extrême, on vérifie la condition d’Hoffman, sauf pour le cas du


tremblement de terre SMD, pour lequel on peut, en statique, ne vérifier que la
stabilité au renversement (sous réserve qu’un calcul de stabilité dynamique permette
de mettre en évidence qu’un pourcentage notable de la base reste, en fait, en
compression).

3.6. Justifications vis-à-vis de la résistance à la compression du matériau

3.6.1. Résistance à la compression dans [usbr87]

La justification de la résistance à la compression du matériau est proposée dans


[usbr87] pour les barrages poids en béton. Elle consiste à vérifier que les contraintes
normales développées, d’une part dans le béton du corps du barrage, et d’autre part

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26

dans les fondations de l’ouvrage, ne dépassent pas certaines contraintes de


résistance de référence (Specified Compressive Strenght, que nous notons σ’s.c.s ci-
après), pondérées par un coefficient global de sécurité fixé en fonction du cas de
charge.

Les critères de dimensionnement appliqués dans le corps du barrage sont :


- σ’N < σ’s.c.s- concrete / 3 pour les charges usuelles
- σ’N < σ’s.c.s- concrete / 2 pour les charges exceptionnelles
- σ’N < σ’s.c.s- concrete pour les charges extrêmes

Des valeurs guides maximales de σ’s.c.s - concrete sont proposées :


- σ’s.c.s - concrete = 1500 lb/in² (10,5 MPa) pour les charges usuelles ;
- σ’s.c.s - concrete = 2250 lb/in² (15,7 MPa) pour les charges exceptionnelles ;

Les critères de dimensionnement appliqués dans les fondations sont :


- σ’N < σ’s.c.s- foundation / 4 pour les charges usuelles
- σ’N < σ’s.c.s- foundation / 2,7 pour les charges exceptionnelles
- σ’N < σ’s.c.s- foundation / 1,3 pour les charges extrêmes

3.6.2. Résistance à la compression dans [tbar89]

La justification de la résistance à la compression du matériau est proposée dans


[tbar89] pour les grands ouvrages poids en béton. Elle consiste à vérifier que les
contraintes normales développées dans le béton constituant le corps du barrage ne
dépassent pas une fraction de la contrainte à la rupture en compression du béton à
28 jours (σ’28). Le critère de dimensionnement s’écrit sous la forme :
σ’N < 0,3 . σ’28

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27

Partie 2

Développement d’une méthode semi-probabiliste


aux états-limites pour les barrages poids

CHAPITRE 1 – LES SITUATIONS DE PROJET

Dans la méthodologie semi-probabiliste, les différentes situations de projet


correspondant à différentes étapes de la vie du barrage sont examinées
successivement et font l’objet de justifications séparées.

Dans nos travaux, nous nous intéressons uniquement aux situations de projet
pouvant apparaître après la première mise en eau du barrage et jusqu’à la fin
de la vie (d’exploitation) de l’ouvrage. Nous n’étudions pas les situations de projet
relatives à la construction du barrage.

Chaque situation est caractérisée par l’intervalle de temps pendant lequel les
distributions de toutes les données (actions, résistances) peuvent être considérées
comme constantes. Classiquement, les situations sont classées en trois catégories :
durables, transitoires et accidentelles [calgaro96].

Dans cette partie, nous définissons les principales situations de projet pouvant
affecter un barrage en exploitation.

Les situations durable et transitoire sont définies principalement à partir des


différents niveaux de remplissage de la retenue ou à partir des conditions
d’exploitation du barrage.

Les situations accidentelles étudiées dans la suite sont associées à des actions
accidentelles :
- les séismes ;
- les niveaux de remplissage accidentels.

Par conséquent, nous n’étudions pas ici d’autres phénomènes naturels pouvant
survenir (glissement de terrain dans la retenue), ni les défaillances particulières des
éléments du barrage (situations accidentelles associées à des configurations
accidentelles du barrage : défaillance de vannes de l’évacuateur de crues ou de
vidange, défailance du système de drainage, etc.). Pour ces dernières situations, des
études d’analyse de risques spécifiques à chaque ouvrage peuvent être menées
pour déterminer la probabilité d’occurrence d’une situation pour un barrage donné,
ainsi que le niveau de risque résiduel accepté, et par la suite, le classement de cette
situation comme durable, transitoire ou accidentelle. Ces études devraient être
menées en cohérence avec le niveau de sécurité requis dans les calculs, en lien
avec les combinaisons types d’actions qui seront utilisées pour vérifier les différents
états-limites.

Ainsi dans la suite du rapport, les ouvrages d’évacuation des crues sont supposés
avoir un fonctionnement normal.

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28

1.1. Situation durable

On définit usuellement les situations durables pour un mode d’exploitation connu et


stable dans le temps. [calgaro96]

Les états-limites de services (ELS) et les états-limites utimes (ELU) doivent être
vérifiés dans les situations durables d’exploitation (cf. définition en chapitre 6).

Dans notre contexte, nous définissons une seule situation durable correspondant au
mode d’exploitation pour lequel le barrage a été conçu. Dans la situation durable
d’exploitation ainsi définie, le niveau de la retenue se situe dans un intervalle de
valeurs comprises entre la cote minimale d’exploitation normale (niveau minimal
autorisé d’exploitation) et une cote supérieure à celle des PHE (cote correspondant à
la valeur de calcul de la poussée hydrostatique amont – cf. partie 2 - § 2.2.4).

En situation durable d’exploitation, on distingue classiquement quatre valeurs


représentatives remarquables du niveau de la retenue :

1.1.1. Niveau minimal autorisé d’exploitation

C’est le seuil bas de l’exploitation normale de la retenue (niveau minimal


d’exploitation normale). En dessous de ce niveau, on rentre dans la situation
transitoire de vidange.

1.1.2. Niveau moyen

Il s’agit de la valeur moyenne annuelle du niveau de la retenue (sur une année


hydraulique), cette valeur moyenne ne correspondant que rarement au niveau RN.

Cette définition est théorique, car la valeur moyenne annuelle est variable pour un
même ouvrage d’une année sur l’autre en fonction de l’hydraulicité.

1.1.3. Niveau normal d’exploitation : RN

Le niveau RN correspond au niveau maximal de la retenue en exploitation normale


(cf. partie 1 - § 1.2.1).

1.1.4. Niveau des Plus Hautes Eaux : PHE

Le niveau des PHE est un niveau élevé de la situation durable d’exploitation,


correspondant à la cote de la retenue en exploitation pouvant être atteinte lors d’une
crue de période de retour importante.

Dans la littérature, le niveau des PHE est considéré comme le niveau de la retenue
obtenu avec la « crue de projet », la retenue étant supposée être à la cote RN au
début de l’événement correspondant. De ce fait, il est confortable d’associer aux
PHE la période de retour T de la crue de projet. En toute rigueur, la période de retour
des PHE est supérieure (le plus souvent légèrement supérieure) à celle de la crue de

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29

projet et la probabilité annuelle de dépassement des PHE est inférieure à 1/T si on


prend en compte l’effet du laminage.

1.2. Situations transitoires

Les situations transitoires ont usuellement une durée beaucoup plus faible que la
durée de vie de l’ouvrage, avec une probabilité d’occurrence qui reste élevée.

Les ELS et les ELU doivent être vérifiés dans les situations transitoires.

Dans le contexte des barrages poids, nous retenons une situation transitoire de
vidange du barrage. Dans ce cadre, les niveaux représentatifs de retenue sont situés
dans un intervalle de valeurs comprises entre 0 (retenue vidangée totalement) et la
cote minimale d’exploitation normale.

Pour mémoire, une modification temporaire du niveau d’exploitation normal de la


retenue pour raison de travaux peut constituer une situation transitoire pendant la
durée du chantier ou de la maintenance.

1.2.1. Niveau de retenue vide

On distingue plusieurs configurations conduisant à un niveau de retenue vide, qui


peut être obtenu :
- généralement à la fin des travaux de construction du barrage, c’est-à-dire au début
de la phase d’exploitation du barrage (première mise en eau) ;
- à l’occasion d’une vidange décennale réglementaire ;
- éventuellement lors d’un étiage très sévère.

Dans le cas général, la probabilité d’occurrence de cette situation durant la vie du


barrage est égale à 1. Il convient donc d’y imposer la vérification des ELS et des
ELU.

Il s’agit souvent, de la situation la plus sévère pour les fondations. En pratique, cette
situation est considérée pour justifier l’état-limite de capacité portante du sol pour les
barrages construits sur une fondation de qualité mécanique faible.

Comme le niveau d’eau est un paramètre favorable à la stabilité pour l’état-limite de


capacité portante, on considère que les vérifications de cet état-limite à effectuer
dans plusieurs situations de projet sont en fait couvertes par celle qui est effectuée
dans la configuration où le niveau est le plus bas, c’est-à-dire avec une retenue vide
(sous réserve que l’on soit à sécurité identique sur les autres paramètres du calcul,
notamment les propriétés des matériaux).

Pour mémoire, citons le cas particulier des barrages écrêteurs de crues où le niveau
RN correspond à un niveau très bas de la retenue, voire à la retenue vide. Pour ces
ouvrages, ce niveau correspond alors à la valeur représentative la plus faible dans la
situation durable d’exploitation.

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30

1.2.2. Défaillances d’éléments du barrage

Pour mémoire, certaines situations transitoires (non accidentelles) correspondant à


des défaillances d’éléments du barrage peuvent être examinées, en fonction des
résultats des études spécifiques d’analyse de risque sur un ouvrage donné. A ce
titre, on peut citer les situations correspondant :
- à la consignation d’une vanne d’un évacuateur de crues ;
- à la défaillance d’une pompe d’évacuation des eaux de drainage de galerie ;
- etc.

1.3. Situations accidentelles

Les situations accidentelles ont également une durée beaucoup plus faible que la
durée de la vie de l’ouvrage, mais elles se distinguent des situations transitoires par
une probabilité d’occurrence très faible. Elles peuvent provenir des effets d’actions
accidentelles ou de modifications accidentelles de l’environnement.

Nous considérons deux situations accidentelles :


- une situation accidentelle hydrostatique ;
- une situation accidentelle sismique.

Seuls les ELU sont vérifiés dans les situations accidentelles.

1.3.1. Situation accidentelle hydrostatique

Elle correspond à des niveaux très élevés de charge hydrostatique (la cote de la
retenue est supérieure aux PHE). On veut alors se prémunir contre la ruine du
barrage sous une crue de période de retour supérieure à celle de la crue de projet,
ou sous tout événement conduisant à un niveau supérieur aux PHE.

Pour définir la situation accidentelle hydrostatique, il est nécessaire considérer une


cote ultime de la retenue, au-delà de laquelle on se résout à accepter un accident
de l’ouvrage.

Plusieurs cotes ultimes peuvent être envisagées :


- la cote de danger, correspondant à la pratique des PPI des barrages. Il convient de
préciser que ce choix impliquerait de ne pas associer une période de retour à la
situation accidentelle, ce qui n’est d’ailleurs pas en opposition avec la pratique
courante des règlements semi-probabilistes existants, où les situations
accidentelles ne sont pas associées systématiquement à la période de retour du
phénomène ;
- une cote ultime associée à une période de retour fixée (100 000 ans). Ce choix
pourrait conduire, sur certains ouvrages, à des niveaux de retenue très importants
(supérieurs à la cote de danger) ;
- la cote correspondant à la PMF. Il s’agit d’une approche déterministe du niveau
maximum envisageable.

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31

Le groupe de travail propose de retenir le minimum entre ces trois précédentes


cotes.

1.3.2. Situation accidentelle sismique

Pour l’analyse de la situation accidentelle sismique, le Séisme Maximal Possible


(Maximal Credible Earthquake ou MCE), qui correspond au séisme maximal qui peut
être envisagé sur un site, est considéré.

1.3.3. Défaillances d’éléments du barrage


Pour mémoire, idem que le § 1.2.2 de la partie 2, mais conduisant à une situation
accidentelle (exemple : défaillance d’une vanne en crue).

1.4. Synthèse des situations de projet

Situations de projet Niveaux d’eau représentatifs ou Etats-limites


configuration à vérifier
situation durable d’exploitation du niveau minimum autorisé
d’exploitation à un niveau supérieur aux ELS & ELU
PHE
situations vidange retenue vide : vidange totale du barrage
transitoires autre situation transitoire défaillances ou configurations transitoires ELS & ELU
particulières
situations accidentelle sismique séisme à retenue au niveau R.N
accidentelles accidentelle hydrostatique cote ultime ELU
autre situation accidentelle Défaillances accidentelles particulières

Tableau 2 : Synthèse des situations de projet

CHAPITRE 2 – VALEURS REPRESENTATIVES DES ACTIONS AU FORMAT SEMI-


PROBABILISTE DANS LA SITUATION DURABLE D’EXPLOITATION

Les actions sont définies comme les forces ou des déformations qui s’appliquent à la
structure.

Dans la méthodologie semi-probabiliste, les actions sont introduites dans les calculs
avec différentes valeurs représentatives de différentes probabilités de dépassement,
correspondant à différents niveaux d’intensité. Dans cette partie, nous définissons
les différentes valeurs représentatives dans la situation durable d’exploitation ; pour
cela, nous utilisons la terminologie des règlements semi-probabilistes.

Comme dans le chapitre 1 de la partie 1, nous distinguons les actions permanentes


et variables, sachant qu’aucune action accidentelle n’a été retenue dans le cas de
charge défini en situation durable d’exploitation (cf chapitre 1 de la partie 2).

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32

2.1. Valeurs représentatives des actions permanentes

2.1.1. Valeur caractéristique

De façon théorique, la valeur caractéristique d’une action permanente correspond à


un fractile de la loi de distribution statistique de l’intensité de l’action. Ainsi, on définit
deux valeurs caractéristiques des actions permanentes : Gki,max valeur caractéristique
maximale et Gki,min valeur caractéristique minimale, selon que l’action a un effet
favorable ou défavorable sur l’état-limite considéré. Chaque valeur caractéristique
maximale ou minimale est obtenue à partir des valeurs basse et haute des
paramètres (par exemple, la valeur moyenne du paramètre plus ou moins tant
d’écarts type).

En pratique, si l’incertitude sur la connaissance des paramètres (l’incertitude sur la


connaissance des paramètres des matériaux et non pas l’incertitude sur la validité du
principe de calcul) n’est pas trop importante, on adopte, pour la valeur
caractéristique, une valeur nominale unique Gki correspondant à la moyenne.

Dans notre contexte, nous définissons, pour les actions permanentes et sur les
bases des principes examinés dans la partie 1, les valeurs nominales suivantes :

Valeur nominale du poids propre : G0k

Généralement, le calcul de l’intensité du poids propre ne pose pas de difficulté


particulière. Dans ce cas, nous adoptons une valeur nominale unique calculée à
partir des dessins du projet et du poids volumique moyen des matériaux : G0 = γb . S

Parfois, l’évaluation du poids volumique (γb) peut poser des difficultés, en particulier
pour les barrages anciens en maçonnerie. Dans ce cas, nous considérons les
valeurs maximale (γbmax) et minimale (γbmin) du poids volumique. Si l’on dispose d’un
échantillon de valeurs (γb) du matériau obtenues par essais en laboratoire ou par
sondages dans un barrage existant, on peut définir γbmax et γbmin comme des fractiles
de la loi de distribution du poids volumique. Nous déterminons alors deux valeurs
nominales de l’action du poids propre, G0min et G0max, en fonction de l’effet sur l’état-
limite étudié :
- la valeur nominale minimale G0min obtenue à partir du poids volumique minimum
γbmin, pour tous les états-limites à l’exception de celui de la capacité portante du
sol : G0min = γbmin . S
- la valeur nominale maximale G0max obtenue à partir du poids volumique maximum
γbmax, pour l’état-limite de capacité portante du sol : G0max = γbmax . S

Valeur nominale de la poussée des sédiments: G1k


L’action des sédiments est défavorable à la stabilité de l’ouvrage (à l’exception de
l’état-limite de capacité portante du sol où elle n’est pas prise en considération). Par
conséquent pour la détermination da sa valeur nominale, on envisage la hauteur des
sédiments maximale obtenue à long terme.

Elle est représentée par la valeur nominale unique G1max, obtenue, comme décrit en
partie 1 - § 1.1.2, en adoptant les valeurs maximales de γ’sédiment et ϕ’sédiment.

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Valeur nominale de l’action d’une recharge aval: G2k


L’action de la recharge aval est favorable à la stabilité de l’ouvrage.
Elle est représentée par la valeur nominale G2min, obtenue comme décrit en partie 1 -
§ 1.1.3, en adoptant les valeurs minimales de γrecharge et ϕrecharge.

2.1.2 – Valeur de calcul

La valeur de calcul couvre d’une part le dépassement possible dans le sens


défavorable de la valeur caractéristique, et d’autre part les incertitudes sur les
paramètres entrant dans le calcul de l’action et sur le modèle de l’action. Elle est
obtenue à partir de la valeur caractéristique multipliée par un coefficient partiel γg. Ce
dernier majore ou minore la valeur caractéristique en fonction du caractère favorable
ou défavorable de l’action.

A titre d’exemple, les coefficients partiels suivants [cetmef01] ont été adoptés pour
les ouvrages maritimes et fluviaux : γg = 0,90 si l’action est favorable ; γg = 1,20 si elle
est défavorable. Notons que ces valeurs sont identiques à celles rencontrées dans
les règlements semi-probabilistes existants en France (fascicule 62 titre V, BAEL …)
et à celles des Eurocodes au coefficient de modèle de 1,125 près.

Dans le domaine des barrages poids, les coefficients partiels γg relatifs au poids
propre pourraient être choisis a priori proches de 1, compte tenu du faible risque
d’erreur sur la détermination du profil (massif) des ouvrages (l’incertitude sur la
connaissance du poids propre est uniquement liée au poids volumique des
matériaux).

Les valeurs de calcul des actions variables sont notées Gdi. Ainsi, nous définissons
Gd0, Gd1 et Gd2 pour les valeurs de calcul respectivement du poids propre, de la
poussée des sédiments et de la l’action d’une recharge aval.

2.2. Valeurs représentatives des actions variables

Les différentes valeurs représentatives d’une action variable correspondent à


différents niveaux d’intensité, le plus souvent (mais pas toujours) associées à une
probabilité de dépassement ou à une période de retour. Dans l’ordre croissant
d’intensité, on distingue usuellement dans les règlements semi-probabilistes les
valeurs représentatives suivantes, définies par référence à la valeur caractéristique
Qki:
- la valeur quasi-permanente : ψ2i .Qki
- la valeur fréquente : ψ1i . Qki
- la valeur caractéristique : Qki

- la valeur de calcul : γQi .Qki


Dans notre contexte, les actions variables étant représentées par des niveaux d’eau,
nous choisissons de déterminer directement les valeurs représentatives plutôt que

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34

de passer par les coefficients partiels γ ou des coefficients d’accompagnement ψ.


Ainsi, nous utiliserons dans la suite du rapport les notations suivantes :
- la valeur quasi-permanente : Qqpi
- la valeur fréquente : Qfi
- la valeur caractéristique : Qki

- la valeur de calcul : Qdi

Nota : i=1: poussée hydrostatique amont ; i=2 : sous-pressions ; i=3 : poussée aval

2.2.1. Valeur caractéristique de la poussée hydrostatique amont

Notation : Qk1

Définition :
D’un point de vue théorique, la valeur caractéristique d’une action variable est définie
comme étant celle qui présente une probabilité, acceptée a priori, d’être atteinte ou
dépassée du côté des valeurs les plus défavorables au cours de la durée de
référence, correspondant généralement à la durée de vie du barrage. Ainsi, deux
paramètres rentrent dans sa définition : la probabilité (p) et la durée de référence (R),
ramenés à un seul qui est la période de retour exprimée en années (T). La valeur
caractéristique, comme toute valeur représentative, dépend de la situation de projet
dans laquelle on suppose que l’ouvrage se trouve.

En pratique, les valeurs caractéristiques des règlements semi-probabilistes ont été


définies en prenant en compte les méthodes traditionnelles de calcul. A ce titre, nous
indiquons quelques exemples :
- pour les actions variables naturelles (neige, vent, température) ainsi que les
charges d’exploitation sur les planchers de bâtiments, la valeur caractéristique
correspond à une période de retour de 50 ans ;
- pour les charges d’exploitation non exceptionnelles sur les ponts routiers (Eurocode
1), la valeur caractéristique est définie sur la base d’une période de retour de 1000
ans.

La valeur caractéristique d’une action variable intervient dans la combinaison rare


utilisée pour justifier les ELS dans les situations de projet durables et transitoires.

Nous choisissons de retenir une période de retour de 1000 ans pour la valeur
caractéristique Qk1 de la poussée hydrostatique amont.

Dans le cas général de la pratique française, ce choix revient à associer à la valeur


caractéristique Qk1, le niveau de la retenue correspondant à la P.H.E. Les
probabilités de dépassement de Qk1 sont alors respectivement de 10-3 par année et
9,5.10-2 pour 100 ans.

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35

2.2.2. Valeur quasi-permanente de la poussée hydrostatique amont

Notations : Qqp1

La valeur quasi-permanente d’une action variable correspond, de façon théorique, à


la valeur moyenne de l’action au cours du temps.

La valeur quasi-permanente d’une action variable intervient dans la combinaison


quasi-permanente, ainsi que dans les combinaisons accidentelles comme valeur de
combinaison avec l’action accidentelle.

Nous choisissons d’associer à la valeur quasi-permanente Qqp1 la valeur


représentative de l’action correspondant au niveau d’eau RN.

Remarque :
Un autre choix aurait consisté à associer à la valeur quasi-permanente le niveau
moyen de la retenue (c’est-à-dire un niveau légèrement inférieur à RN). Le choix
proposé de la cote RN est fait dans un souci de simplification. Dans le cas d'un
barrage écrêteur de crues, la valeur quasi-permanente de la poussée hydrostatique
sera associée au niveau de la retenue hors période de crues.

2.2.3. Valeur fréquente de la poussée hydrostatique amont

Notations : Qf1

La valeur fréquente d’une action variable correspond à une valeur représentative


comprise entre la valeur quasi-permanente et la valeur caractéristique. Elle n’est pas
nécessairement choisie d’après sa probabilité de dépassement, mais plutôt d’après
sa fréquence ou sa durée d’occurrence. A titre d’exemple, l’Eurocode 1 indique pour
la valeur fréquente : « pas plus de 300 fois par an ; pas plus de 5% du temps total ».

La valeur fréquente d’une action variable intervient dans la combinaison fréquente,


ainsi que dans les combinaisons accidentelles non sismiques comme valeur de
combinaison de l’action variable de base avec l’action accidentelle.

Dans notre contexte, la valeur fréquente correspond à un niveau d’eau compris entre
RN et les PHE et à une intensité pouvant se produire fréquemment dans la vie de
l’ouvrage. Ainsi, la valeur fréquente Qf1 de la poussée hydrostatique amont peut être
associée à une période de retour de 1 an (voire 10 ans).

En pratique, la valeur fréquente de la poussée hydrostatique amont, correspondant à


des niveaux de charges intermédiaires, ne présente que peu d’intérêt dans les
combinaisons d’actions déclinées par la suite (cf chapitre 4 de la partie 2). Ainsi,
dans un souci de simplification, nous choisissons de ne pas prendre en
considération les valeurs fréquentes des actions de l’eau.

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36

2.2.4. Valeur de calcul de la poussée hydrostatique amont

Notation : Qd1

Définition :
La valeur de calcul correspond à une très faible probabilité de dépassement. La
valeur de calcul couvre d’une part le dépassement possible dans le sens défavorable
de la valeur caractéristique, et d’autre part les incertitudes sur les paramètres entrant
dans le calcul de l’action et sur le modèle de l’action. Elle peut être obtenue de deux
façons :
1/ en multipliant la valeur caractéristique par un coefficient partiel noté γQ1, qui
couvre les incertitudes sur le choix de la valeur caractéristique et sur le choix du
modèle de l’action ;
2/ par détermination directe, sans passer par un coefficient partiel. Cela revient à
privilégier une démarche d’analyse de risques, basée sur la caractérisation statique
des différents niveaux de la retenue, en mettant à profit l’existence de données
statistiques (le plus souvent) pour définir les valeurs de calcul par leurs périodes de
retour.

Dans notre contexte, nous privilégions la deuxième démarche.

La valeur de calcul d’une action variable intervient dans les combinaisons


fondamentales utilisées pour justifier les ELU dans les situations de projet durables
et transitoires.

Deux choix de valeurs de calcul Qd1 peuvent être envisagés :


- retenir une période de retour de 10 000 ans pour la valeur de calcul Qd1 ;
- associer à la valeur de calcul Qd1 la valeur représentative de l’action correspondant
à la crue de sûreté (niveau de la crête du barrage hors parapet).

Nous choisissons de retenir, pour la valeur de calcul Qd1 de la poussée


hydrostatique amont, la valeur minimale entre l’intensité correspondant à la
période de retour de 10 000 ans et l’intensité correspondant à la crue de sûreté.

Pour les barrages déversant sur la quasi-totalité de la crête, on retient, pour la valeur
de calcul, l’intensité correspondant à la période de retour de 10 000 ans.

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37

2.2.5. Présentation de synthèse

Les diverses valeurs représentatives de la poussée hydrostatique amont et de la


poussée hydrostatique aval dans la situation durable d’exploitation sont déterminées
en fonction du niveau d’eau dans la retenue et/ou de leur période de retour. Le
tableau suivant récapitule nos choix.

valeur représentative notation niveau d’eau amont


valeur quasi-permanente Qqp1 RN
Valeur fréquente non prise en considération
valeur caractéristique Qk1 PHE
valeur de calcul Qd1 le niveau minimum entre :
- la crête du barrage ;
- la cote correspondant à la
crue de période de retour
10 000 ans
- ce dernier niveau pour les
barrages déversants

Tableau 3 : Valeurs représentatives de la poussée hydrostatique

2.2.6. Poussée hydrostatique aval

La poussée hydrostatique aval est, le plus souvent, liée à la poussée hydrostatique


amont, ce qui permet de faire des simplifications dans les combinaisons d’actions
examinées dans la méthode semi-probabiliste.

La poussée hydrostatique aval est déduite d’un calcul hydraulique de ligne d’eau
dans la rivière en aval du barrage, pour les valeurs de débit correspondant aux
différentes valeurs représentatives de la poussée hydrostatique amont.

Ainsi dans le cas général :

- à la valeur quasi permanente de la poussée hydrostatique amont est associée la


valeur quasi permanente de la poussée hydrostatique aval, correspondant à un
débit égal au débit réservé de la rivière ;
- à la valeur caractéristique de la poussée hydrostatique amont est associée la valeur
caractéristique de la poussée hydrostatique aval, correspondant au niveau dans la
rivière aval lié à la crue de période de retour 1000 ans ;
- à la valeur de calcul de la poussée hydrostatique amont est associée la valeur de
calcul de la poussée hydrostatique aval, correspondant au niveau dans la rivière
aval lié à la crue de sûreté ou à la crue de période de retour 10 000 ans.

Mais sur certains barrages dont le niveau aval est contrôlé par d’autres
aménagements (par exemple un barrage aval), Q3 peut être lié à Q1 et doit être
déterminé indépendamment.

2.3. Cas particulier des petits barrages n’intéressant pas la sécurité publique

Ce paragraphe est proposé pour le cas particulier des petits barrages, non classés
comme intéressant la sécurité publique et dont les enjeux aval ne sont pas

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comparables. Pour ces ouvrages, il ne serait pas raisonnable de considérer les


mêmes niveaux de charges que pour les ouvrages d’importance moyenne à grande,
représentant des risques importants pour les zones avalières.

Ces ouvrages ayant par ailleurs de plus faibles durées de vie escomptées, la
proposition d’associer des périodes de retour moins longues aux valeurs
représentatives des actions, revient à considérer des probabilités de dépassement
de ces valeurs, qui restent dans les mêmes ordres de grandeur que pour les
ouvrages plus importants.

Par conséquent, nous proposons, à l’instar de ce qui a été réalisé pour les petits
barrages en remblai n’intéressant pas la sécurité publique (cf. [pbar97]), des valeurs
représentatives de la poussée hydrostatique cohérentes avec la dimension de
l’ouvrage, sachant que le seul et unique enjeu est la préservation de l’ouvrage pour
son usage donné :

H².V1/2 <5 5 à 30
Période de retour associée à Qk 100 ans 500 ans
Période de retour associée à Qd le niveau minimum entre : le niveau minimum entre :
- la crête du barrage ; - la crête du barrage ;
- la cote correspondant à - la cote correspondant à la
la crue de période de crue de période de retour
retour 500 ans. 1000 ans.

Tableau 4 : Valeur représentative de la poussée hydrostatique pour les petits


barrages

Par ailleurs, nous proposons pour ces ouvrages de ne pas considérer de situation
accidentelle (sismique et hydrostatique), ce qui est cohérent avec la pratique actuelle
(ouvrages justifiés pour des crues de faible période de retour et non justifiés pour le
séisme).

CHAPITRE 3 – CAS DE CHARGE

A partir des situations de projet, nous indiquons dans cette partie les cas de charge
qu’il convient de prendre en compte. Ces cas de charge serviront à former les
combinaisons types d'actions, qui sont développées au chapitre 4 suivant.

3.1. En situation durable d’exploitation

G0 (poids propre) "+" G1 (poussée des sédiments) "+" G2 (action de la recharge) "+" Q1 (poussée
hydrostatique) "+" Q2 (sous-pressions) "+" Q3 (poussée hydrostatique aval)

3.2. En situation transitoire de vidange

G0 (poids propre) "+" G1 (poussée des sédiments) "+" G2 (action de la recharge)

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3.3 – En situation accidentelle hydrostatique

G0 (poids propre) "+" G1 (poussée des sédiments) "+" G2 (action de la recharge) "+" AQ1
(poussée hydrostatique accidentelle) "+" AQ2 (sous-pressions accidentelles) "+" Q3 (poussée
hydrostatique aval)

3.4 – En situation accidentelle sismique

G0 (poids propre) "+" G1 (poussée des sédiments) "+" G2 (action de la recharge) "+" Q1 (poussée
hydrostatique) "+" Q2 (sous-pressions) "+" Q3 (poussée hydrostatique aval) "+" A (action sismique)

CHAPITRE 4 – LES COMBINAISONS TYPES D’ACTIONS

Pour vérifier les ELS, on utilise les combinaisons quasi-permanentes, fréquentes et


rares. Pour vérifier les ELU, on utilise d'une part la combinaison fondamentale, et
d'autre part deux combinaisons accidentelles formées pour rendre compte des deux
situations accidentelles (sismique et hydrostatique).

Dans une situation donnée, les déclinaisons des combinaisons types d’actions pour
le calcul des ouvrages sont axées sur une action variable dite action dominante.

Dans cette partie, nous appliquons les différentes combinaisons dans le cadre de la
situation durable d’exploitation et des situations accidentelles. Pour la situation
durable d’exploitation, nous considérons que Q1 est l’action variable de base et que
Q3 est l’action variable d’accompagnement. Q2 est toujours liée à Q1 et à Q3.

La situation transitoire correspondant à la retenue vide n’est envisagée que pour la


justification des ELS et ELU liés à la capacité portante du sol [fasc62]. Les cas de
charge sont très simplifiés car les intensités des actions variables de l’eau sont
nulles. Ce cas n’est pas traité dans le rapport.

4.1. Combinaisons utilisées pour vérifier les ELS

Pour la justification des ELS dans la situation durable d’exploitation, on considère les
combinaisons quasi-permanente et rare.

4.1.1. combinaison quasi-permanente

Gk0 + Gk1 + Gk2 + Qqp1 + Qqp2 + Qqp3

Notations :
Gk0 : valeur caractéristique du poids propre du barrage
Gk1 : valeur caractéristique de la poussée des sédiments

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Gk2 : valeur caractéristique de l’action de la recharge aval


Qqp1 : valeur quasi-permanente de la poussée hydrostatique
Qqp2 : valeur quasi-permanente de l’action des sous-pressions
Qqp3 : valeur quasi-permanente de la poussée hydrostatique aval

La combinaison quasi-permanente est considérée pour la justification des ELS


réversibles, commandés par la valeur « soutenue » des actions plutôt que par un
dépassement ponctuel et ayant des effets à long terme. Elle prend en compte les
valeurs quasi-permanentes des actions de l’eau, correspondant ici au niveau de la
retenue normale (RN).

4.1.2. Combinaison rare

Gk0 + Gk1 + Gk2 + Qk1 + Qk2 + ψ03.Qk3


Notations :
Gk0 : valeur caractéristique du poids propre du barrage
Gk1 : valeur caractéristique de la poussée des sédiments
Gk2 : valeur caractéristique de l’action de la recharge aval
Qk1 : valeur caractéristique de la poussée hydrostatique
Qk2 : valeur caractéristique de l’action des sous-pressions
ψ03.Qk3 : valeur de combinaison de Q3 ; si Q3 liée à Q2, on prend Qk3 ; si Q3
indépendant à Q2, on étudie les valeurs intermédiaires de Q3 susceptibles de donner
des effets plus défavorables (la valeur de combinaison de Q3 adoptée est la valeur la
plus défavorable).

La combinaison rare est considérée pour justifier des ELS irréversibles, ayant des
effets à court terme et commandés par les valeurs ponctuelles des actions. Elle
prend en compte les valeurs caractéristiques des actions de l’eau, correspondant ici
à la retenue à la cote des PHE.

4.2. Combinaisons utilisées pour vérifier les ELU

Pour la justification des ELU, on considère la combinaison fondamentale pour la


situation durable d’exploitation et les combinaisons accidentelles pour les situations
accidentelles.

4.2.1. Combinaison fondamentale

Gd0 + Gd1 + Gd2 + Qd1 + Qd2 + γQ3.ψ03.Qk3


Notations :
Gd0 : valeur de calcul du poids propre du barrage
Gd1 : valeur de calcul de la poussée des sédiments
Gd2 : valeur de calcul de l’action de la recharge aval
Qd1 : valeur de calcul de la poussée hydrostatique
Qd2 : valeur de calcul de l’action des sous-pressions

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41

γQ3.ψ03.Qk3 : valeur de combinaison de la valeur de calcul de Q3 ; si Q3 liée à Q2, on


prend Qd3 ; si Q3 indépendant à Q2, on prend Qk3 (en supposant que γQ3.ψ03=1,00).

La combinaison fondamentale est considérée pour la justification des ELU dans la


situation durable d’exploitation. Elle prend en compte les valeurs de calculs des
actions permanentes et des actions de l’eau, correspondant ici au niveau minimum
entre la retenue remplie jusqu’à la crête et la cote obtenue pour la crue de période de
retour 10 000 ans.

4.2.2. Combinaison accidentelle hydrostatique

Gk0 + Gk1 + Gk2 + AQ1 + AQ2 + Qqp3

Notations :
Gk0 : valeur caractéristique du poids propre du barrage
Gk1 : valeur caractéristique de la poussée des sédiments
Gk2 : valeur caractéristique de l’action de la recharge aval
AQ1 : valeur accidentelle de la poussée hydrostatique
AQ2 : valeur accidentelle de l’action des sous-pressions
Qqp3 : valeur quasi-permanente de Q3 ; si Q3 liée à Q2, on prend la valeur accidentelle
AQ3

La combinaison accidentelle hydrostatique, dans la situation accidentelle


hydrostatique, est considérée pour la justification des ELU. Elle prend en compte des
valeurs accidentelles de la poussée hydrostatique et des sous-pressions.

4.2.3. Combinaison accidentelle sismique

Gk0 + Gk1 + Gk2 + AEd + Qqp1 + Qqp2 + Qqp3

Notations :
Gk0 : valeur caractéristique du poids propre du barrage
Gk1 : valeur caractéristique de la poussée des sédiments
Gk2 : valeur caractéristique de l’action de la recharge aval
AEd : valeur de l’action sismique accidentelle
Qqp1: valeur quasi-permanente de la poussée hydrostatique
Qqp2: valeur quasi-permanente de l’action des sous-pressions
Qqp3: valeur quasi-permanente de la poussée hydrostatique aval

La combinaison accidentelle sismique, dans la situation accidentelle sismique, est


considérée pour la justification des ELU. Elle prend en compte la valeur accidentelle
du séisme et les valeurs quasi-permanentes des actions de l’eau (ici le niveau RN).

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42

4.3. Synthèse

Le tableau suivant synthétise les combinaisons types d’actions à utiliser pour justifier
les états-limites en fonction de leur classement dans la catégorie des ELS ou des
ELU.

situations états- nom de la combinaison de charges


limites combinaison
durable d’exploitation quasi- Gk0 + Gk1 + Gk2 + Qqp1 + Qqp2 + Qqp3
& ELS permanente
transitoires (vidange et rare Gk0+ Gk1+ Gk2 + Qk1 +Qk2 + ψ03.Qk3 (ou Qk3)*
autres) ELU fondamentale Gd0 + Gd1 + Gd2 + Qd1+Qd2 + γQ3 .ψ03.Qk3 (ou Qd3)*
accidentelle sismique accidentelle Gk0 + Gk1 + Gk2 + AEd + Qqp1 + Qqp2 + Qqp3
& ELU sismique
accidentelle accidentelle Gk0 + Gk1 + Gk2 + AQ1 + AQ2 + Qqp3 (ou AQ3)*
hydrostatique hydrostatique
* si Q3 liée à Q2

Tableau 5 : Synthèse des combinaisons de charges

CHAPITRE 5 – LES VALEURS REPRESENTATIVES DES RESISTANCES DES MATERIAUX AU


FORMAT SEMI-PROBABILISTE

Dans ce chapitre, nous examinons les intensités des résistances des matériaux à
prendre en compte dans le cadre de la méthodologie semi-probabiliste. Au même
titre que les actions, les résistances sont considérées comme des variables
aléatoires.

Cette représentation présente des difficultés spécifiques. Les incertitudes trouvent


leur origine à la fois dans la variabilité intrinsèque des propriétés des matériaux et
dans les méthodes permettant de les évaluer (essais en laboratoire et/ou in situ). Par
ailleurs, nous avons vu précédemment (cf chapitre 2 - partie 1) les difficultés pour
évaluer les paramètres des matériaux et les divergences entre les experts sur les
méthodologies (notamment dans la fondation).

Malgré toutes ces difficultés, la méthodologie semi-probabiliste propose, dans la


mesure du possible, la traduction suivante des résistances des matériaux.

5.1. Valeur caractéristique des résistances

Les propriétés de résistance des matériaux (résistance générique notée R) sont


représentées par leur valeur caractéristique, notée Rk.

La valeur caractéristique des propriétés des sols et des roches est une estimation
prudente de la valeur de la propriété qui commande le phénomène considéré (état-
limite) ; la plupart du temps il s’agit d’une valeur moyenne sur un certain volume de
matériau. Lorsque des méthodes statistiques sont utilisées, la valeur caractéristique
doit avoir une probabilité donnée de 95% d’être atteinte ou dépassée lors d’une
hypothétique série d’essais illimitée.

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43

Dans certains cas, il peut être nécessaire de définir deux valeurs caractéristiques
pour la résistance d’un matériau, l’une supérieure et l’autre inférieure, en fonction de
l’état-limite considéré.

En pratique dans notre contexte, il est difficile de déterminer la valeur caractéristique


de la façon purement statistique. Par conséquent, elle sera obtenue par jugement
d’expert à partir de résultats d’essais sur les matériaux (théorie de l’estimation
[baguelin01]).

5.2. Différentes valeurs représentatives des résistances

Les différentes valeurs représentatives des résistances sont obtenues à partir de la


résistances caractéristiques Rk.
Pour les états-limites relevant de la catégorie des ELS en situations durable et
transitoire, on utilise la valeur de service Rk/γm, serv (en général, γm, serv est pris égal à
1, sauf à définir un taux de travail du matériau).

Pour les états-limites relevant de la catégorie des ELU en situations accidentelles, on


utilise la valeur accidentelle Rk/γm, acc.

La valeur de calcul d’un matériau, notée Rd, est obtenue à partir de la résistance
caractéristique divisée par le coefficient partiel γm, fond : Rd = Rk/γm, fond . Le coefficient
partiel γm, fond prend en compte, d’une part la réduction possible de la résistance du
matériau par rapport à sa résistance caractéristique (possible variabilité dans le sens
défavorable des propriétés des matériaux), d’autre part les éventuels défauts
localisés du matériau et les écarts entre les essais et la réalité.

Les valeurs de calcul des matériaux sont utilisées pour les états-limites relevant de la
catégorie des ELU en situations durable et transitoire.

5.3. Synthèse et méthode pour la détermination des coefficients partiels

Le tableau suivant indique la valeur représentative de la résistance à adopter en


fonction de la combinaison type d’actions considérée.

combinaison type d’actions états-limites résistance à considérer


quasi-permanente ELS Rk/γm, serv
rare ELS Rk/γm, serv
fondamentale ELU Rd = Rk/γm, fond
accidentelle sismique ELU Rk/γm, acc. sis
accidentelle hydrostatique ELU Rk/γm, acc. hyd

Tableau 6 : Valeurs représentatives de la résistance

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44

Des coefficients partiels seront à appliquer aux valeurs caractéristiques des


résistances des différents paramètres du corps du barrage, de l’interface et des
fondations. Les notations suivantes sont adoptées :

lieu de la traction paramètre coefficient partiel


fondation Cfond γm1
tan ϕfond γm2
fc fond γm3
corps du barrage Cb γm4
tan ϕb γm5
ft γm6
fc γm7
interface Cinterface γm8
tan ϕ γm9

Tableau 7 : Notation des coefficients partiels pour les résistances des matériaux

La détermination des différents coefficients partiels s’appliquant aux résistances des


matériaux est réalisée en faisant appel largement aux experts des barrages et aux
praticiens de méthodes semi-probabilistes. De façon générale, différents éléments
doivent pris en considération : [cetmef01]
- le niveau général de sécurité requis pour l’ouvrage ;
- les valeurs « historiques » de référence, issus des règlements existants ;
- des incertitudes propres au paramètre auquel ils s’appliquent (dispersion,
variabilité, données disponibles, …) ;
- de l’influence du paramètre sur les conditions d’état-limite.

CHAPITRE 6 – LES ETATS-LIMITES

Les états-limites sont les phénomènes que l’on souhaite éviter. Deux catégories
d’états-limites sont distinguées dans les règlements semi-probabilistes : les ELS et
les ELU. Leur distinction est liée aux probabilités admissibles d’occurrence leur
correspondant, elles mêmes dépendant en principe de l’importance des
conséquences de leur apparition.

Les Eurocodes et la littérature sur le sujet fixent des niveaux de probabilité


d’occurrence des deux catégories d’états-limites. Ainsi pour une période de
référence comprise entre 50 et 100 ans (durée de vie escomptée de l’ouvrage), les
ELS correspondent à une probabilité d’occurrence comprise entre 0,5 et 10-2 et les
ELU correspondent à une probabilité d’occurrence comprise entre 10-3 et 10-6. Cette
probabilité cible d’occurrence d’un état-limite est obtenue en combinant les
probabilités individuelles cible de dépassement des actions d’une part, des
résistances d’autre part.

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


45

Une approche plus pragmatique consiste à faire correspondre les ELS à des critères
de fonctionnalité de l’ouvrage, et les ELU à des pertes d’équilibre statique ou des
modes de ruine de l’ouvrage.

En toutes hypothèses, le classement d’un état-limite entre ELS et ELU peut revêtir
un caractère arbitraire ou formel, dicté par l’expérience de l’expert.

Dans ce chapitre, nous proposons d’une part le classement des états-limites dans
chaque catégorie ELS et ELU, et d’autre part la traduction au format semi-
probabiliste des critères de dimensionnement.

6.1. Proposition de classement des états-limites au format semi-probabiliste

Dans ce chapitre, nous proposons le classement de chaque état-limite dans les


catégories ELS et ELU. Pour ce faire, d’une part nous considérons les modèles
mécaniques utilisés, et d’autre part nous établissons les analogies avec les
règlements semi-probabilistes existants.

6.1.1. Etat-limite de résistance à l’effort tranchant

Etat-limite de cisaillement [usbr87]


L’état-limite de cisaillement figure dans les règlements semi-probabilistes. Ainsi, le
BAEL [bael91] et BPEL [bpel91] proposent une justification de la résistance au
cisaillement dont le principe est le suivant : sous les sollicitations d’effort tranchant,
de moment de flexion et d’effort normal, on vérifie que les contraintes tangentielles
dans une section en béton restent inférieures à une certaine valeur limite.

La justification de résistance au cisaillement proposée dans [usbr87] diffère, sur le


principe, des règlements précédents car :
- il s’agit d’une vérification globale de la résistance au cisaillement d’une section
horizontale. Toutefois, cette vérification globale repose, à l’origine, sur une
vérification des contraintes tangentielles élémentaires ;
- cette justification est demandée sous différentes combinaisons de charges allant
des conditions « normales » aux conditions « exceptionnelles ».

Dans le domaine des barrages, nous considérons que l’état-limite de résistance à


l’effort tranchant relève de la catégorie des ELU. L’Eurocode 2 [euro2] a un point de
vue similaire sur ce point.

Etat-limite de glissement [pbar97]


La justification de l’état-limite de glissement figure dans les règlements semi-
probabilistes. A ce titre, le fascicule 62 titre V et l’Eurocode 7 justifient le non
glissement des fondations superficielles (semelle ou radier) des ouvrages de génie
civil sur leur base. Dans ces règlements, la vérification consiste à s’assurer que les
efforts horizontaux appliqués à la semelle ne provoquent pas un glissement sur la
base. Cet état-limite est classé dans la catégorie des ELU.

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


46

La vérification de non glissement du barrage sur sa fondation, proposée dans


[pbar97] et [tbar89], est analogue à celle des précédents règlements semi-
probabilistes.

Dans le domaine des barrages, nous considérons que l’état-limite de glissement


relève de la catégorie des ELU.

Etat-limite de résistance à l’effort tranchant - Synthèse


En synthèse, nous considérons que l’état-limite de résistance à l’effort
tranchant (qui recouvre les états-limites de cisaillement et de glissement)
relève de la catégorie des ELU.

Toutefois il semble judicieux d’envisager aussi, à ce stade, la possibilité de le


considérer comme un ELS (à l’instar des vérifications [usbr87]), un tel ELS signifiant
la limitation du taux de travail des matériaux sous une combinaison d’actions plus
« usuelle » que celles qui sont retenues pour vérifier des ELU. La 2ème étape du
travail consistera donc à confirmer ou invalider cet ELS en même temps que seront
appréhendées les valeurs des coefficients partiels.

6.1.2. Etat-limite de renversement

La justification de l’état-limite de renversement figure dans les règlements semi-


probabilistes, et à ce titre, le fascicule 62 titre V propose une justification du non
renversement d’une fondation superficielle. Cet état-limite est classé dans la
catégorie des ELU et la vérification consiste à s’assurer qu’au moins 10 % de la
surface de la base de la fondation reste comprimée.

Dans le domaine des barrages, nous considérons que l’état-limite de renversement


relève de la catégorie des ELU. Toutefois, cette justification est redondante avec
l’état-limite d’ouverture des fissures (cf § 6.1.3 suivant) car il s’agit en fait de la même
justification. Par conséquent, nous proposons d’englober définitivement cette
justification dans celle de l’état-limite d’ouverture des fissures.

6.1.3. Etat-limite d’ouverture des fissures

Etat-limite de traction du parement amont


On peut classer les états-limites de traction parmi les états-limites d’ouverture des
fissures, l’apparition de contraintes de traction sur le parement amont du barrage
pouvant entraîner le début d’une ouverture de fissure.

Dans les règlements semi-probabilistes faisant apparaître ce type de justification


(BAEL), l’état-limite d’ouverture des fissures, lié à la durabilité des matériaux, est
considéré comme un ELS. Le critère de dimensionnement dans le BAEL relatif à cet
état-limite consiste à limiter la contrainte de traction à une valeur maximale qui varie
au choix du projeteur selon que la fissuration est considérée comme préjudiciable ou
non. Il s’agit par conséquent d’une justification analogue à celle qui est réalisée pour
la justification de non traction du parement amont.

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


47

Ainsi, nous considérons que l’état-limite de traction du parement amont relève de la


catégorie des ELS. Dans la suite, nous proposons d’englober définitivement cette
justification dans celle de l’état-limite d’ouverture des fissures.

Etat-limite d’ouverture des fissures - Synthèse


Dans le domaine des barrages, le classement dans une des catégories ELS ou ELU
de l’état-limite d’ouverture des fissures dépend de l’importance de la fissure
considérée. Pour des fissures ne représentant qu’un faible pourcentage de la section
étudiée, l’état-limite relève de la catégorie des ELS. A contrario, pour des fissures
impliquant une grande partie de la section, des sous-pressions sont susceptible
d’agir à l’intérieur de l’ouverture et l’état-limite peut se révéler fatal. Il relève alors de
la catégorie des ELU.

De ce fait, il n’est pas possible de trancher par analogie avec l’état-limite d’ouverture
des fissures du BAEL, comme cela avait été réalisé pour l’état-limite de traction du
parement amont.

Une analogie plus intéressante peut être faite avec les états-limites de
décompression du sol et de renversement d’une fondation superficielle, proposés
dans le fascicule 62 titre V :
- ELU combinaisons fondamentale et accidentelle : au moins 10% de la surface de
base restent comprimés ;
- ELS combinaison rare : au moins 75% de la surface de base restent comprimés ;
- ELS combinaison fréquente : toute la surface de base reste comprimée.

Des critères analogues peuvent être proposés pour l’état-limite d’ouvertures des
fissures dans le corps du barrage. Pour le calcul de la longueur fissurée, on adopte
la méthode décrite au § 3.5.3 de la partie 1 et on exprime la condition de non
fissuration en introduisant la résistante à la traction du matériau, laissant toute
latitude à différentes hypothèses sur les paramètres et les coefficients de sécurité :
σ’N (x) > - ft /γm6

où x est la position dans la section de longueur L où l’on examine si la fissure est


ouverte ou pas.

Ainsi, nous considérons que l’état-limite d’ouverture des fissures relève à la


fois :
- de la catégorie des ELS associé à la combinaison quasi-permanente : on
impose alors que toute la section reste non fissurée ;
- de la catégorie des ELS associé à la combinaison rare : on impose alors que
la section reste non fissurée à partir du rideau de drainage ;
- de la catégorie des ELU associé à la combinaison fondamentale : on impose
alors que la section reste non fissurée à x %, x restant à définir (cf la section
« perspectives » dans la conclusion générale du rapport) ;
- de la catégorie des ELU associé aux combinaisons accidentelles (sismiques
et hydrostatiques) : on impose alors que la section reste non fissurée à z %, z
restant à définir (cf la section « perspectives » dans la conclusion générale du
rapport).

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48

6.1.4. Etat-limite de résistance à la compression du matériau

La justification de l’état-limite de résistance à la compression du matériau (béton)


figure dans les règlements semi-probabilistes, et à ce titre, l’Eurocode 2 [euro92] et
le BAEL [bael91] proposent une justification de la résistance à la compression du
béton. D’une part, cet état-limite apparaît comme un ELS vis-à-vis de la durabilité de
la structure. Le critère de dimensionnement dans le BAEL consiste alors à limiter la
contrainte de compression à un pourcentage de la résistance caractéristique du
béton (0,6 .fck). D’autre part, il est pris en considération dans les ELU de résistance,
où on limite la contrainte de compression σbc à la valeur maximale du diagramme
contrainte déformation (α .fck / γc, avec α le coefficient de réduction et γc le coefficient
de résistance de calcul du béton).

A l’instar de ces règlements, nous considérons que l’état-limite de résistance à la


compression du matériau relève à la fois :
- de la catégorie des ELS (durabilité du matériau) associé à la combinaison
rare ;
- de la catégorie des ELU (résistance) associé aux combinaisons fondamentale
et accidentelles.

6.1.5. Synthèse du classement des états-limites

Etat-limite Catégorie Combinaison type associée


résistance à ELU fondamentale
l’effort tranchant accidentelles hydrostatique et sismique
ELS quasi-permanente
rare
ouverture ELS quasi-permanente
des fissures rare
ELU fondamentale
accidentelles hydrostatique et sismique
résistance à la ELU fondamentale
compression accidentelles hydrostatique et sismique
du matériau ELS rare

Tableau 8 :Synthèse du classement des états limites

6.2. Coefficients de modèles et conditions d’états-limites

Dans cette partie, nous proposons de traduire au format semi-probabiliste les critères
de dimensionnement relatifs aux différents états-limites. Pour ce faire, nous
considérons :
- les actions avec leurs différentes valeurs représentatives ;
- les résistances des matériaux avec leurs différentes valeurs représentatives ;
- les coefficients de modèles qui, utilisés conjointement avec les coefficients
partiels appliqués aux actions et résistances, se substituent aux coefficients
globaux de sécurité.

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


49

6.2.1. Les actions au format semi-probabiliste

Les valeurs représentatives des actions à prendre en considération dans les critères
de dimensionnement sont décrites dans les combinaisons types d’actions associées
à chaque état-limite dans les différentes situations de projet (cf chapitre 1 – partie 2).

6.2.2. Les résistances au format semi-probabiliste

Les valeurs représentatives des résistances des matériaux à prendre en


considération dans les critères de dimensionnement sont décrites dans les
combinaisons types d’actions associées à chaque état-limite dans les différentes
situations de projet (cf chapitre 5 - partie 2).

6.2.3. Les coefficients de modèle [cetmef01]

On introduit dans les critères de dimensionnement les coefficients de modèles, notés


γd. Ces derniers sont spécifiques à chaque état-limite et à chaque modèle de calcul.
Ils sont généralement appliqués à la quantité en sortie du modèle de calcul, ce qui
place généralement γd du côté des sollicitations.

L’effet des coefficients de modèle est de préserver pour l’ouvrage une certaine
distance par rapport à l’état-limite, telle qu’elle est modélisée dans la condition d’état-
limite.

Les coefficients de modèle tiennent compte :


- du niveau de sécurité général requis pour les ouvrages ;
- de façon globale le reste des incertitudes relatives à l’ensemble des modèles qui
ont été utilisés, tant du côté des paramètres d’action que de matériau ou de
résistance, ainsi qu’aux autres paramètres du calcul qui n’ont pas fait l’objet d’un
traitement particulier ;
- le cas échéant, des valeurs « historiques » des coefficients de modèles issus des
règlements existants ;
- de la référence aux coefficients globaux de sécurité « traditionnels » issus des
justifications déterministes, qui servent au calage des coefficients de modèle de
manière à s’éloigner le moins possible des dimensionnements antérieurs qui ont
donnés satisfaction.

Qu’il soit calé de façon probabiliste ou par référence aux pratiques traditionnelles des
vérifications, il joue un rôle prépondérant dans l’ajustement des niveaux globaux de
sécurité. A ce titre, le coefficient de modèle peut avoir, pour un état-limite donné, des
valeurs différentes en fonction de la combinaison type d’actions utilisée pour la
justification.

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6.2.4. Les conditions d’état-limite

Etat-limite de résistance à l’effort tranchant :

La condition d’état-limite vis-à-vis de l’effort tranchant est :

Cb /γm1,4 ou 8 . L + N’.(tan ϕb) / γm2, 5 ou 9 > γd1, 2 ou 3 .T

avec :
L la longueur comprimée de la section considérée
γd1, γd2 et γd3 les coefficients de modèle de l’état-limite de résistance à l’effort
tranchant relatifs respectivement au corps du barrage, à l’interface et à la fondation.

Ce critère laisse toute latitude à différentes hypothèses sur les paramètres et les
coefficients de sécurité.

Etat-limite d’ouverture des fissures :

La condition d’état-limite porte sur le pourcentage de la section non fissurée :


- ELS sous la combinaison quasi-permanente : toute la section doit rester non
fissurée ;
- ELS sous la combinaison rare : la section doit rester non fissurée à partir du rideau
de drainage ;
- ELU sous la combinaison fondamentale : x% de la section doit rester non fissurée.
- ELU sous la combinaison accidentelle : z% de la section doit rester non fissurée.

On peut dire que le coefficient de modèle tient ici dans la valeur limite de la
fissuration fixée pour les vérifications (x et z restant à fixer à l'issue des travaux
ultérieurs du groupe).

Etat-limite de résistance à la compression du matériau :

Les conditions d’état-limite vis-à-vis de la résistance à la compression du matériau


de la fondation et du corps du barrage sont :
- dans la fondation : γd4 . σ’N < fc fond / γm3
- dans le corps du barrage : γd5 . σ’N < fc / γm7

Ces critères laissent toute latitude à différentes hypothèses sur les paramètres et les
coefficients de sécurité.

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51

6.2.5. Synthèse

Le tableau suivant synthétise les critères de dimensionnement et leur coefficient de


modèle associé pour chaque état-limite à justifier :

état-limite coefficient de modèle condition d’état-limite combinaison


type associée
résistance γd1 dans la fondation Cb /γm1 L + N’.(tan ϕb) / γm2 > γd1 .T fondamentale,
à l’effort γd2 dans le corps du Cb /γm4 L + N’.(tan ϕb) / γm5 > γd2 .T accidentelles,
tranchant barrage Cb /γm8. L + N’.(tan ϕb) / γm9 > γd3 .T rare
γd3 à l’interface
/ toute la section est non fissurée quasi-
ouverture permanente
des fissures / section non fissurée à partir du rare
drainage
/ section non fissurée à plus de x% fondamentale
/ section non fissurée à plus de z% accidentelles
résistance γd4 dans la fondation γd4 . σ'n < fc fond / γm3 fondamentale,
à la γd5 dans le corps du barrage γd5 . σ'n < fc / γm7 accidentelles,
compression rare
des
matériaux

Tableau 9 : synthèse des critères de dimensionnement et des coefficients de modèle

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


52

Partie 3
Faisabilité de la calibration de la méthode semi-probabiliste
sur les pratiques actuelles
Introduction
L’objectif de cette partie est d’examiner la faisabilité de la calibration de la méthode
semi-probabiliste posée par le groupe de travail dans la partie 2 sur les pratiques
actuelles.

Ce travail a fait l’objet d’un stage d’élève ingénieur ISBA (Institut Supérieur du Béton
Armé) réalisé de juin à août 2001 au Cemagref [mellak01], et qui s’est inscrit dans le
cadre des perspectives proposées par le groupe de travail en mai 2001. La partie 3
fait la synthèse des résultats obtenus lors du stage et des travaux de contrôle et de
validation du groupe de travail.

Elle développe la façon dont les coefficients partiels appliqués aux matériaux sont
obtenus et propose une méthodologie pour la calibration des coefficients de modèle.

Rappelons qu’il n’est pas nécessaire de déterminer des coefficients partiels γF sur les
actions car les valeurs représentatives de l’action hydrostatique sont déterminées
directement, par des périodes de retour ou par des conditions d’exploitation du
barrage.

L’organisation générale du travail est conduite selon les quatre étapes suivantes :

proposition de jeux de - examen de la pratique semi-


probabiliste en génie-civil
Etape 1 : coefficients partiels γm
- examen de dossiers tests de
appliqués aux matériaux
barrages poids

- détermination des niveaux de


détermination des niveaux de sécurité considérés dans les notes
Etape 2 : sécurité au format semi- de calculs des barrages tests
probabiliste

- méthodologie de calibration des


calibration des coefficients de coefficients de modèle pour
Etape 3 :
modèle γd correspondant aux chaque état-limite
différents états-limites étudiés - calibration sur les barrages poids
tests

validation du format d’ensemble - comparaison des niveaux de


Etape 4 : sécurité dans les approches
déterministe et semi-probabiliste
sur un ouvrage test

Figure 3 : Organisation générale du travail de calibration

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


53

Le principe de la calibration consiste à rechercher la meilleurs équivalence entre les


niveaux de sécurité des pratiques actuelles et ceux résultant de la méthode semi-
probabiliste. Ainsi, la calibration est réalisée par référence aux pratiques
traditionnelles déterministes de vérification, de manière à s’éloigner le moins possible
des dimensionnements actuels qui donnent satisfaction. Ce principe est résumé
dans le schéma suivant.

Approches semi-probabiliste :
- résistances des matériaux :
Rcalcul = Rcaractéristique / γmi
Pratiques actuelles :
- combinaisons types d’actions :
- résistances des matériaux :
quasi-permanente, rare,
Rdéterministe
fondamentale, accidentelle
- niveaux de charges : RN, PHE,
- coefficients de modèle par état-
RN+séisme
- coefficients globaux de sécurité : si limite : γdi

- proposition des
coefficients partiels γmi
- calage des coefficients de
modèles γdi

Figure 4 : Principe de la calibration

Le travail de cette partie a été réalisé sur la base de cinq dossiers « CTPB » de
barrages poids. Il s’agit des ouvrages tests suivants :
- barrage de la Rive (révision spéciale d'un barrage ancien en maçonnerie) ;
- barrage de la Mouche (révision spéciale d'un barrage ancien en maçonnerie) ;
- barrage du Ternay (révision spéciale d'un barrage ancien en maçonnerie) ;
- barrage de Chartrain (révision spéciale d'un barrage ancien en maçonnerie) ;
- barrage du Riou (projet de barrage nouveau en BCR).

Il convient d'indiquer dès à présent les limitations de l'échantillon d'étude :


- une population très limitée en nombre d'individus ;
- aucun barrage classique en BCV ;
- des ouvrages anciens en maçonnerie (examinés en révision spéciale par le CTPB),
avec des défauts connus d'injection et drainage, et qui ont amené le CTPB à
proposer un supplément de sécurité sur la crue de projet ;
- un seul ouvrage BCR pour lequel la cote des PHE est peu sensible à la crue de
projet.

De ce fait, le travail réalisé vise à poser une méthodologie de calibration du format


semi-probabiliste sur les pratiques actuelles, en visant les mêmes niveaux de
sécurité.

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54

CHAPITRE 1 : ANALYSE DES RESISTANCES DES MATERIAUX ADOPTEES DANS LES


PRATIQUES ACTUELLES DETERMINISTES ET PROPOSITION DE COEFFICIENTS PARTIELS ISSUS
DE LA LITTERATURE

1.1 – Synthèse des résistances des matériaux rencontrées dans les dossiers
tests

Cette synthèse a consisté à analyser les paramètres liés aux résistances des
matériaux et nous nous sommes efforcés de dégager pour chacun des barrages
tests :

- les résistances obtenues directement à partir d’essais in situ ou au laboratoire ;


lorsque cela a été possible, nous avons identifié le type d’essai réalisé, les
paramètres obtenus, le nombre d’essais effectués et les valeurs retenues
(minimum, maximum, moyenne, écart type, …).

- les résistances déduites à partir des essais ; il s’agit essentiellement des


paramètres « cohésion » et « angle de frottement interne » obtenus dans certains
dossiers à partir d’essais de compression simple ou de traction du matériau.

- les résistances pris en compte dans les notes de calculs ; nous avons analysé les
paramètres retenus dans les notes de calculs pour la justification des états-limites.

Le tableau suivant indique les données obtenues par l’analyse des cinq dossiers
tests. Pour chaque paramètre, nous distinguons les données issues directement ou
indirectement d’essais (notées dans la colonne « Essais ») et les données prises en
compte dans les notes de calculs (notées dans la colonne « Calculs »).

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55

Paramètres
Configuration
Cohésion Angle de frottement Compression Traction
Essais Calculs Essais Calculs Essais Calculs Essais Calculs
fondation 14 MPa 47° 71.4 MPa 11.1
MPa
corps du 2 MPa 1.0 MPa 49.5° 45° 11.3 MPa 1.3 MPa
La Rive

barrage
interface 0 MPa 45°

fondation résiduel : 38° 2.7 MPa


0 à 0.1 MPa
pic :
0.26 MPa
corps du 4 MPa 2.5 MPa 37°4 37° 17.6 MPa
La mouche

barrage
interface 0 MPa 20°

fondation

corps du 1 MPa 36.87° 1.4 MPa


Ternay

barrage
interface 1 MPa 36.87°

fondation 84 MPa 10 MPa

corps du 1.4 MPa 45° moellons : moellons :


barrage 126 MPa 9.2 MPa
mortier : mortier :
Chartrain

15.1 MPa 1.4 MPa


interface 1 MPa 45°

fondation 15 à 31
MPa
corps du 0.5 MPa 0.26 MPa 36.87° 11.5 MPa 10 MPa 1.25 MPa 0.5 MPa
Riou

barrage
interface 0 MPa 36.87° RN
45° PHE

Tableau 10 : Analyse des propriétés mécaniques « traditionnelles » des matériaux

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56

1.2 Analyse des valeurs « traditionnelles » adoptées dans les notes de calculs

1.2.1 Des valeurs des essais aux valeurs caractéristiques

Les résistances des matériaux prises en compte dans les notes de calculs des
barrages tests seront considérées par la suite comme les valeurs caractéristiques.
En effet, rien ne nous permet de douter qu’elles correspondent à la définition donnée
en partie 2 (cf § 5.1), à savoir une estimation prudente de la valeur de la résistance
responsable de l’apparition des états-limites. Elles sont obtenues ici par jugement
d’expert à partir de résultats d’essais sur les matériaux.

Le passage des valeurs des essais d’un paramètre à sa valeur caractéristique


utilisée dans la note de calculs n’est pas toujours clairement affiché. Plusieurs
critères de choix ont été rencontrés : analyse experte des données expérimentales,
prise en compte de valeurs issues de la littérature, de valeurs fixées par défaut, de
valeurs moyennes ou de valeurs minimales. Ainsi, il ne semble pas se dégager, à
l’examen des dossiers, de règles formelles de détermination des valeurs
caractéristiques à partir des essais, la pratique différant d’une note de calculs à
l’autre.

Par ailleurs, la méthodologie expérimentale permettant d’obtenir les paramètres des


matériaux est également sensiblement différente pour chaque dossier.

1.2.2 Propriétés mécaniques utilisées dans les notes de calculs

Certains états-limites recensés dans les parties 1 et 2 ne font pas l’objet de


justification. A ce titre, l’état-limite de cisaillement de la fondation n’a été rencontré
dans aucune note de calculs et les paramètres de cohésion et d’angle de frottement
interne de la fondation ne sont utilisés que pour l’interface fondation-barrrage. Ainsi,
les valeurs caractéristiques de la cohésion et de l’angle de frottement interne de la
fondation ne peuvent pas être renseignées car ces paramètres n’entrent pas dans
les calculs.

En ce qui concerne l’interface, les valeurs caractéristiques de la cohésion et de


l’angle de frottement fondation-barrage n’ont pas été déterminées directement à
partir d’essais. Elles sont obtenues par une analyse simultanée des valeurs de la
fondation et du corps du barrage.

Ce n'est que pour le corps du barrage que les valeurs caractéristiques de la cohésion
et de l’angle de frottement interne sont obtenues directement ou indirectement à
partir d’essais. Quant aux paramètres de traction et de compression du corps du
barrage, ils ne sont pas utilisés directement dans les notes de calculs. En effet, les
conditions d’états-limites relatifs aux résistances à la traction et à la compression des
matériaux ne font jamais intervenir, dans les dossiers étudiés, les résistances des
matériaux. Ainsi, les valeurs caractéristiques des résistances à la traction et à la
compression des matériaux du corps du barrage ne peuvent pas être renseignées
car ces paramètres n’entrent pas dans les calculs, sauf pour le barrage du Riou où
des valeurs minimales de résistance du BCR ont été imposées dans le cahier des
charges à l’entreprise.

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57

Le tableau suivant récapitule l’analyse des résistances utilisées dans les notes de
calculs.

Paramètre Utilisation Commentaires


Cfond non utilisée Ces paramètres ne sont pas utilisés directement dans les notes de
calculs : aucune justification de cisaillement de la fondation n’a été
tan ϕfond non utilisée
rencontrée.
fc fond non utilisée En revanche, les essais relatifs à ces paramètres interviennent pour
le choix des résistances à l’interface.
Cb utilisée Ces deux paramètres sont utilisés dans toutes les notes de calculs
des barrages tests.
tan ϕb utilisée
ft non utilisée Ces paramètres ne sont pas utilisés directement dans les conditions
d’états-limites de résistance à la compression et traction.
fc non utilisée
En revanche, les essais relatifs à ces paramètres interviennent pour
la détermination de la cohésion et l’angle de frottement du corps du
barrage.
Cinterface utilisée Ces deux paramètres de résistance n’ont pas été obtenus
directement par des essais. Les notes de calculs adoptent des
tan ϕ utilisée
résistances issues de l’analyse conjointe des essais dans la
fondation et dans le corps du barrage.

Tableau 11 : Récapitulatif des résistances utilisées dans les notes de calcul

1.2.3 Intensités des résistances indépendantes des niveaux de charges

Nous constatons que les intensités des résistances des matériaux prises en compte
dans la pratique déterministe ne dépendent pas du niveau de charge examiné, ni de
l’état-limite justifié. Ainsi, une seule intensité de résistance est considérée : la
résistance définie précédemment.

1.3 Proposition de coefficients partiels γm par référence aux règlements semi-


probabilistes existants

A défaut d’études spécifiques sur les matériaux intervenant dans la justification des
barrages poids (BCR et BCV en masse, maçonnerie, rocher), les combinaisons de
coefficients partiels appliqués aux résistances des matériaux (γm, serv ; γm, fond ; γm, acc)
peuvent être proposées, dans une première approche, par référence aux règlements
semi-probabilistes appliqués dans le génie-civil traditionnel.

Pour montrer la faisabilité de la calibration de la méthodologie semi-probabiliste,


nous proposons une combinaison de coefficients partiels γm, fond obtenue à partir des
règlements existants ou connexe (fascicule 62 titre V, BAEL, Rosa00).

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58

Coefficient Valeur γm, Référence


partiel
fond
Cfond : γm1 1,5 fascicule 62 titre 5 : coefficients partiels utilisés pour l’état-limite
ultime de stabilité d’ensemble
tan ϕfond : γm2 1,2 Rosa00 : 1,2 pour Cfond et tan ϕfond
fc fond : γm3 2 fascicule 62 titre 5 : le coefficient relatif à fc fond est adopté par
analogie au coefficient partiel appliqué à la contrainte de rupture du
sol qu’
Rosa00 : 1,4 pour les résistance issues des essais en place
Cb : γm4 1,5 BAEL : les coefficients relatifs à Cb et tan ϕb sont obtenus à partir de
ceux relatifs à ft et fc
tan ϕb : γm5 1,1 Rosa00 : idem
ft : γm6 1,5 BAEL : le coefficient relatif à ft est obtenu à partir de fc
Rosa00 : idem
fc : γm7 1,5 BAEL, Rosa00
Cinterface : γm8 1,5 fascicule 62 titre 5 : coefficients partiels utilisés dans l’état-limite
ultime de glissement
tan ϕinterface : γm9 1,2 Rosa00 : 1,2 pour Cinterface et tan ϕinterface

Tableau 12 : coefficients partiels γm, fond issus de l’analyse de la littérature

Mais ce jeu de coefficients partiels γm, fond est sujet à discussion car :
- les fondations d’un barrage poids sont le plus souvent du type « fondations au
rocher », ne rentrant pas dans le cadre du fascicule 62 titre V qui considère des
sols meubles ;
- le corps de barrage est du béton en masse, alors que le BAEL s’intéresse aux
structures en béton plus fines.

Ainsi, nous rappelons que ce jeu n'est adopté qu’à titre d’exemple pour poser la
méthodologie de calibration des coefficients de modèle. Elle permettra de calibrer les
coefficients de modèle utilisés dans les états-limites associés à la combinaison type
fondamentale.

Nous noterons, pour être complet, qu'il conviendrait de proposer deux autres jeux de
coefficients partiels γm, serv et γm, acc et de procéder également à la calibration des
coefficients de modèles correspondant aux états-limites associés à ces
combinaisons type (quasi-permanente et rare pour les ELS, accidentelles
hydrostatique et sismique pour les ELU). Ce travail n’a pas été fait dans le cadre du
stage, mais la démarche serait strictement identique.

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59

CHAPITRE 2 - NIVEAUX DE SECURITE A ADOPTER SELON LES COMBINAISONS TYPES


D’ACTIONS

2.1 Analyse des cinq barrages test

A partir des notes hydrologiques des cinq barrages tests, une synthèse les cotes
associées à la retenue normale (RN) et à la ««crue de projet»» (PHE) a été réalisée.
Les résultats sont donnés dans le tableau suivant.

Barrage Niveau T : période de Cote NGF Commentaires


retour de la crue
RN 489.25 m donnée de l’étude hydrologique
1 000 ans 490.33 m donnée calculée
Chartrain PHE 5 000 ans 490.52 m donnée de l’étude hydrologique
crue 10 000 ans 490.60 m donnée de l’étude hydrologique
exceptionnelle
crue 10 000 ans 490.67 m donnée de l’étude hydrologique
exceptionnelle maximisé
majorée
RN 507 m à donnée de l’étude hydrologique
l'automne
RN 509 m au donnée de l’étude hydrologique
printemps
Ternay 10 ans 509.93 m donnée de l’étude hydrologique
100 ans 510.26 m donnée de l’étude hydrologique
PHE environ 1 000 511.90 m donnée de la note de calcul
ans
crue de sûreté 5 000 ans 513.37 m donnée de l’étude hydrologique
RN 523.00 m donnée de l’étude hydrologique
la Rive 100 ans 524.40 m donnée de l’étude hydrologique
PHE 5 000 ans 525.50 m donnée de l’étude hydrologique
RN 638.50 m donnée de l’étude hydrologique
100 ans 638.77 m donnée de l’étude hydrologique
1 000 ans 638.86 m donnée calculée
Riou 10 000 ans 638.97 m donnée calculée
PHE 10 000 ans < T < 639.10 m donnée de l’étude hydrologique
100 000 ans
100 000 ans 639.47 m donnée calculée
RN 360.65 m donnée de l’étude hydrologique
1 000ans 361.25 m donnée de l’étude hydrologique
la Mouche PHE 5 000ans 361.46 m donnée de l’étude hydrologique
10 000 ans 361.54 m donnée de l’étude hydrologique

Tableau 13 : synthèse des cotes des retenues et des périodes de retour associées

Dans la mesure du possible, les cotes correspondant à des périodes de retour


remarquables, telles que 1 000 ans, 5 000 ans, 10 000 ans et 100 000 ans ont été
déterminées (notées « données calculées »), à partir des courbes du Gradex pour
obtenir le calcul du débit entrant et en tenant compte du laminage de la retenue et de
la capacité hydraulique du déversoir.

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60

2.2 Analyse des périodes de retour associées à la « crue de projet »

Le tableau suivant indique les périodes de retour de la « crue de projet » pour les
cinq barrages test.

Barrage Période de retour de la ««crue de


projet»» associée aux PHE
Chartrain 5 000 ans
Ternay T environ égal à 1 000 ans
La Rive 5 000 ans
Riou 10 000 ans < T < 100 000 ans,
mais plutôt de l'ordre de 10 000 ans
La Mouche 5 000 ans

Tableau 14 : Période de retour de la ««crue de projet»»

Cette synthèse met en évidence des périodes de retour des crues de projet
comprises entre 1 000 et 10 000 ans, avec une majorité de périodes de retour égales
à 5 000 ans. C'est le même ordre de grandeur qui a été adopté pour la période de
retour de la « crue de projet » sur deux autres cas récents de barrages en BCR :
T = 5 000 ans pour Touche Poupard et T = 10 000 ans pour Serre de la Fare.
Toutefois, cette observation n’est pas forcément représentative de la pratique en
France, qui associe plutôt la période de retour 1 000 ans à la « crue de projet » (cf
partie 1 § 1.2.1).

En revanche, les coefficients globaux de sécurité pris en compte dans les notes de
calculs des cinq barrages tests sont conformes aux pratiques actuelles (cf partie 1).
Ainsi, vu l’hétérogénéité des périodes de retour associées aux PHE, force est de
constater à ce stade de l’analyse que les niveaux de sécurité sont variables d’un
ouvrage à un autre.

2.3 Valeurs représentatives de la poussée hydrostatique amont

Conformément à la partie 2 du rapport (cf § 2.2.5), les valeurs représentatives des


poussées hydrostatiques, en fonction de la période de retour de la crue, retenues
dans les calculs au format semi-probabiliste sont données dans le tableau suivant.

valeur représentative cote de la retenue


valeur quasi-permanente RN
valeur fréquente sans objet
valeur caractéristique sans objet si abandon de vérifications associées à la combinaison
rare ; « PHE » dans la partie 2 du rapport
valeur de calcul T =10 000 ans
valeur accidentelle T = 100 000 ans

Tableau 15 : Différentes valeurs représentatives de la poussée hydrostatique amont

Nous nous intéressons à la calibration des coefficients de modèle intervenant dans


les conditions d’états-limites justifiés avec la combinaison fondamentale. Ainsi,
seules les valeurs de calcul de la poussée hydrostatique amont sont prises en
compte. Parmi les cinq barrages tests, nous disposons des valeurs de calcul pour
trois ouvrages :

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61

Barrage Cote correspondant à la valeur de calcul (T= 10 000 ans)


Chartrain 490.60 NGF
Riou 638.97 NGF
la Mouche 361.54 NGF

Tableau 16 : Cote de la retenue correspondant à la valeur de calcul

CHAPITRE 3 : CALIBRATION DES COEFFICIENTS DE MODELE

3.1 Méthodologie

La calibration des coefficients de modèle γd est réalisée en trois étapes résumées


dans le schéma suivant :

- résistances au
- notes de calcul des format semi-
ouvrages de probabiliste
« dimensions » données - actions au format
- calcul des états de Calcul Calcul semi- semi-probabiliste
contraintes, des facteurs déterministe probabiliste - conditions d’états-
de dimensionnement, à limites au format
partir des hypothèses semi-probabiliste
déterministes

- même niveau de
Calage des dimensionnement visé
coefficients de entre les approches
modèle déterministe et semi-
probabiliste (rechercher la
convergence des facteurs
de dimensionnement
résultant respectivement
des deux approches)

Figure 5 : Méthodologie de calibration des coefficients de modèle

3.2 – Outils de calcul

Les calculs sont menés à partir de deux logiciels :


- CADAM version 1.4.3 (juin 2001) développé par l’Ecole Polytechnique de Montréal ;
- SABET développé par EDF.

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62

3.3 Calibration des coefficients de modèle correspondant à la combinaison


fondamentale

3.3.1 Hypothèses

Nous avons calé les coefficients de modèle intervenant dans les conditions d’états-
limites justifiés avec la combinaison fondamentale, sur la pratique déterministe. Les
hypothèses des calculs dans les deux approches sont les suivantes :

Approche traditionnelle :
- niveau de charge correspondant à la crue de période de retour 10 000 ans (valeur
de calcul)
- résistances traditionnelles des matériaux prises en compte dans les notes de
calculs des dossiers
- conditions d’états-limites exprimées à partir des coefficients globaux de sécurité de
l’approche déterministe (cisaillement : 2 ; glissement : 1,3 ; résistance à la traction :
2 ; résistance à la compression : 2)

Approche semi-probabiliste :
- niveau de charge correspondant à la crue de période de retour 10 000 ans
- résistances de calculs des matériaux : Rd = Rk/γm,fond
(où Rk = Rtraditionnel des notes de calcul)
- conditions d’états-limites exprimées à partir des coefficients de modèle γdi, fond

3.3.2 Définition des différents coefficients de modèle γdi, fond

Les coefficients de modèles sont définis par état-limite. Nous avons tenté de calibrer
quatre coefficients de modèle correspondant aux états-limites de cisaillement, de
glissement, d’ouverture des fissures et de résistance à la compression. Le tableau
suivant résume les notations des coefficients de modèle.

Notation des Etat-limite Condition d’état-limite déterministe


coefficient de modèle
γd1 cisaillement SFF = (Cb . L + (N - U) .tan ϕb) / T
SFF > 2
γd2 glissement N’ . tan ϕ / T > 1,3
γd3 ouverture des fissures σ’N > (- ft / 2)
γd4 résistance à la compression σ’N < fc / 2

Tableau 17 : Notation des coefficients de modèle

3.3.3 Etat-limite de résistance à l’effort tranchant

Cet état-limite regroupe les états-limites de cisaillement et de glissement. Les notes


de calculs des dossiers tests utilisant les deux conditions d’état-limite, nous nous
sommes attachés à calibrer les deux critères.

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63

Les coefficients de modèles γd1 et γd2 sont obtenus à partir des facteurs de
dimensionnement Γ calculés sur chaque ouvrage selon les deux approches
déterministes et semi-probabilistes menées en parallèle :

γd1 = Γ1semiprobabiliste / Γ1déterministe = SFFprobabiliste / [(SFF / scoef_sécurité)]déterministe

γd2 = Γ2semiprobabiliste / Γ2déterministe

= [N’.(tanϕ/γm9)/T]semiprobabiliste/[N’.tanϕ/(T.scoef_sécurité)]déterministe

3.3.4 Etat-limite d’ouverture des fissures

Aucun des barrages tests étudiés ne présentait de contraintes de traction sur le


parement amont suffisantes pour provoquer l’ouverture d’une fissure. Par
conséquent, il n’a pas été possible d’exprimer le coefficient de modèle γd3 sous la
forme d’un rapport de la longueur fissurée « semi-probabiliste » par la longueur
fissurée « déterministe ».

Par conséquent, nous avons calé un γd3 de façon à obtenir les mêmes marges de
sécurité dans les deux approches, exprimées en contraintes, par rapport à l’état
limite d’ouverture des fissures. Ainsi, le coefficient de modèle γd3 a été défini de la
façon suivante :

γd3 = [(σ’Namont )semiprobabiliste + ft / γm6] / [(σ’Namont)déterministe + ft / scoef_séc]

3.3.5 Etat-limite de résistance à la compression

De façon analogue au critère précédent, un coefficient de modèle γd4 a été calé de


façon à obtenir les mêmes marges de sécurité dans les deux approches, exprimées
en contraintes, par rapport à l’écrasement du matériau. Ainsi, le coefficient de
modèle γd4 a été défini de la façon suivante :

γd4 = [fc /γm7 -(σ’N aval)semiprobabiliste] / [fc / scoef_séc - (σ’Naval )déterministe]

3.3.6 Résultats du calage des coefficients de modèles

Le tableau suivant résume les coefficients de modèle obtenus pour les trois ouvrages
tests servant à la calibration.

γd Riou Chartrain la Mouche moyenne γd écart type γd


γd1 1.44 1.45 1.36 1.42 0.05
γd2 1.09 1.10 1.10 1.10 0.01
γd3 1.24 1.24 1.01 1.16 0.13
γd4 1.34 1.55 1.34 1.41 0.12

Tableau 18 : Coefficients de modèle obtenus par la calibration

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64

L’approche pour les deux derniers état-limites, basée sur les marges de sécurité,
permet de calibrer les marges de sécurité entre les deux méthodes. Toutefois, elle
ne pourra pas être directement exploitée dans les conditions d’états-limites de la
méthode semi-probabiliste, dans la mesure où la référence déterministe de la
sécurité utilise une marge nulle. Pour y parvenir, il conviendrait de calibrer les
coefficients de modèle γd3 et γd4 sur respectivement les longueurs de fissure et les
rapports (σ’N aval /fc) des deux méthodes.

3.4 Conclusions

Ainsi, nous avons proposé une combinaison de coefficients partiels appliqués aux
résistances des matériaux (issus de l’analyse des règlements semi-probabilistes) et
nous avons proposé de caler les coefficients de modèle comme la moyenne sur les
ouvrages tests majorée de l’écart type et arrondie.

Les calculs réalisés montrent la faisabilité de la calibration de l’approche semi-


probabiliste sur la pratique actuelle. Nous obtenons des coefficients de modèle
relativement stables d’un barrage à l’autre, ce qui valide la méthodologie de la
calibration.

Coefficients partiels Valeurs choisies Coefficients Valeurs


sur les matériaux pour la de modèles calibrées
calibration
Cfond : γm1 1,5 γd1 1,5
tan ϕfond : γm2 1,2 γd2 1,1
fc fond : γm3 2 γd3 1,3
Cb : γm4 1,5 γd4 1,5
tan ϕb : γm5 1,1
ft : γm6 1,5
fc : γm7 1,5
Cinterface : γm8 1,5
tan ϕ : γm9 1,2

Tableau 18 : proposition de coefficients partiels et de modèle

CHAPITRE 4 : VALIDATION DE LA METHODOLOGIE DE CALIBRATION DES COEFFICIENTS DE


MODELE

4.1 Objectif de cette étape

L’objectif de cette étape est de valider sur d'autres ouvrages réels les jeux de
coefficients partiels et de modèle obtenus lors des phases précédentes. Cette étape
est incontournable après avoir calé les coefficients de modèle : il s’agit de vérifier
que les niveaux de sécurité restent bien du même ordre entre les deux approches.

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


65

Dans cette partie, nous nous attacherons à vérifier, sur un ouvrage test, les niveaux
de sécurité liés à chaque état-limite justifié à partir de la combinaison fondamentale.

4.2 Caractéristiques du barrage test pour la validation

Le barrage retenu pour la validation est le barrage du Sep, barrage récent en BCR.

Ses dimensions et propriétés sont les suivantes :


- cote de crête : 503,6 NGF
- cote de fondation :456,5 NGF
- radier de la galerie : 464,5 NGF
- parement amont vertical
- parement aval vertical au couronnement, puis incliné
- largeur à la base : 39,1 m
- largeur de la crête : 4 m
- RN : 500,00 NGF
- PHE (crue de période de retour 5000 ans) : 501,50 NGF
- cote pour la crue décamillenale : 501,60 NGF

Propriétés du BCR obtenues lors des essais préalables au chantier :


- poids volumique : 23,5 kN/m3
- résistance à la compression (90 jours) : 12,5 MPa
- résistance à la traction (90 jours) : 1,50 MPa

Résistances du BCR adoptées dans la note de calcul déterministe :


- résistance à la compression (90 jours) : 10 MPa
- résistance à la traction (90 jours) : 1,30 MPa

4.3 Calculs au format déterministe

Les résistances adoptées sont les valeurs extraites de la note de calcul. Les charges
hydrostatiques correspondent à la retenue à la cote 501,60 NGF (crue
décamillenale).

Les conditions d’états-limites sont exprimées à partir des coefficients globaux de


sécurité.

Les facteurs de dimensionnement au format déterministe sont résumés dans le


tableau suivant :

section SFF/2 [N.tan φ / T] / 1,3 σNamont + ft /2 fc /2- σNaval


NGF
456,5 5,4 1,48 860 4450
(base)
460 5,7 X 860 4472
470 7,3 X 901 4605
475 8,5 X 875 4673

Tableau 19 : résultats au format déterministe

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66

4.4 Calculs au format semi-probabiliste

Les résistances adoptées sont les résistances caractéristiques (résistances des


notes de calcul) divisées par les coefficients partiels issus du tableau 18 du § 3.4.

Les charges hydrostatiques correspondent aux valeurs de calcul intervenant dans la


combinaison fondamentale obtenue avec la retenue à la cote 501,60 NGF (crue
décamillenale).

Les conditions d’états-limites sont exprimées à partir des coefficients de modèle


indiqués dans le tableau 18 du § 3.4.

Les facteurs de dimensionnement au format semi-probabiliste sont résumés dans le


tableau suivant :

section (Cb . L/γm4 + (N - U) .tan ϕb/γm5) /γd1.T [N.tan φ/γm5 / γd2.T] (σNamont + ft /γm6)/ γd3 (fc /γm7 - σNaval)/ γd4
NGF
456,5 5,1 1,5 823 4077
(base)
460 5,4 X 823 4092
470 6,9 X 859 4180
475 7,9 X 839 4224

Tableau 20 : résultats au format semi-probabiliste

4.5 Comparaison des résultats

La comparaison des tableaux précédents montre des facteurs de dimensionnement


tout à fait comparables pour chaque état-limite. Les légers écarts sont liés à la
majoration des coefficients de modèle réalisée dans le tableau 18, allant dans le
sens de la sécurité.

Ces résultats permettent de valider la méthodologie générale de calibration et de


vérification des coefficients de modèle.

CHAPITRE 5 : CONCLUSION

5.1 –Analyse des résistances des matériaux

5.1.1 Hétérogénéité des dossiers

Nous avons constaté de façon générale une grande difficulté à accéder aux
informations et à en établir une synthèse. Les informations sont dispersées dans les
différentes parties des dossiers, ce qui rend leur accès d’autant plus difficile.

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


67

La méthodologie expérimentale permettant d’obtenir les résistances réputées


« caractéristiques » des matériaux est différente dans chaque dossier, et nous ne
pouvons dégager de règles formelles pour déduire les valeurs à prendre en compte
dans les calculs. La pratique diffère d’un dossier à l’autre : analyse experte des
données expérimentales, prise en compte de valeurs issues de la littérature, de
valeurs fixées par défaut, de valeurs moyennes ou de valeurs minimales.

5.1.2 Les résistances de calcul indépendantes des niveaux de charges

Les résistances des matériaux prises en compte dans la pratique déterministe ne


dépendent pas du niveau de charge examiné et ni l’état-limite justifié. Cela revient à
adopter la résistance « caractéristique » pour toutes les justifications déterministes.

5.1.3 Valeurs des résistances intervenant dans les notes de calcul

Certaines valeurs des résistances des matériaux n’interviennent pas dans les notes
de calcul au format traditionnel :
- les valeurs de la cohésion et de l’angle de frottement interne de la fondation ne sont
définies dans aucun des cinq dossiers tests car l’état-limite de cisaillement de la
fondation ne fait pas l’objet de justification ;
- les valeurs de la cohésion et de l’angle de frottement à l’interface fondation-
barrrage n’ont pas été déterminées directement à partir d’essais. Elles sont
obtenues par une analyse simultanée des valeurs de la fondation et du corps du
barrage ;
- les résistances de traction et de compression du corps du barrage ne sont pas
utilisées dans les notes de calculs car les conditions d’états-limites associés ne font
intervenir, dans aucun des cinq dossiers tests étudiés, les résistances des
matériaux.

5.1.4 Proposition de coefficients partiels γm par référence aux règlements


semi-probabilistes existants

A défaut d’études spécifiques sur les matériaux concernant les barrages poids (BCR
et BCV en masse, maçonnerie, rocher), les jeux de coefficients partiels appliqués
aux résistances des matériaux (γm, serv ; γm, fond ; γm, acc) peuvent être proposées, dans
une première approche, par référence aux règlements semi-probabilistes appliqués
dans le génie civil traditionnel. Pour montrer la faisabilité de la calibration de la
méthodologie semi-probabiliste, nous avons proposé une combinaison de
coefficients partiels γm, fond obtenue à partir des règlements existants (fascicule 62
titre V, BAEL, Rosa00).

Toutefois, ce jeu de coefficients partiels γm, fond est sujet à discussion car :
- les fondations d’un barrage poids sont le plus souvent du type « fondations au
rocher » et ne rentrant pas dans le cadre du fascicule 62 titre V qui considère des
sols meubles ;
- le corps des barrages poids en BCR ou BCV est du béton de masse , alors que le
BAEL s’intéresse plus aux structures en béton plus fines ;
- pour les barrages en maçonnerie, la référence aux coefficients partiels du BAEL est
également discutable.

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


68

Il conviendrait de réaliser des études spécifiques sur ces matériaux (BCR ou BCV en
masse, maçonnerie et rocher) pour d’abord mettre au point une bonne méthode de
détermination des valeurs caractéristiques en harmonisant la pratique actuelle si
possible, puis en s’intéressant aux coefficients partiels (γm,serv ; γm,fond ; γm,acc) à
appliquer sur les dites valeurs caractéristiques dans l’approche semi-probabiliste. Ce
travail important sort du cadre de notre groupe de travail mais reste néanmoins une
étape indispensable pour évoluer vers un règlement semi-probabiliste relatif aux
barrages poids.

5.2. Analyse des charges hydrostatiques

L’analyse des charges hydrostatiques retenues dans les notes de calculs au format
déterministe met en évidence des périodes de retour des crues de projet comprises
entre 1 000 et 10 000 ans, avec une majorité de périodes de retour égales à 5 000
ans. Toutefois, cette observation n’est pas représentative de la pratique en France,
qui associe plutôt la période de retour 1 000 ans à la « crue de projet ».

En revanche, l’hétérogénéité des périodes de retour associées aux PHE indique des
niveaux de sécurité variables d’un ouvrage à un autre.

5.3. Calibration des coefficients de modèle

Compte tenu du nombre limité de barrages tests examinés, le travail réalisé visait à
poser une méthodologie de calibration du format semi-probabiliste sur les pratiques
actuelles, en visant les mêmes niveaux de sécurité.

La validation réalisée sur un seul ouvrage test permet de retrouver dans l’ensemble
les mêmes facteurs de dimensionnement pour chaque état-limite, et donc de valider
globalement la méthodologie de calibration des coefficients de modèle.

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


69

Conclusions générales et perspectives

1 - Conclusions

Les travaux du groupe de travail « barrage poids » du CFGB ont eu deux objectifs :

• examiner les pratiques françaises et les principales recommandations


internationales relatives au dimensionnement des barrages poids et établir une
synthèse des principales justifications ;
• examiner l’intérêt, pour le barrages, des méthodes de calcul semi-probabilistes
aux états-limites, en formuler les bases pour dimensionner les barrages poids et
examiner la faisabilité de la calibration de cette nouvelle approche sur les
pratiques actuelles.

Concernant le premier point, les principales références consultées sont [usbr87]


issues de la pratique américaine et les recommandations françaises [pbar97]. Les
fascicules de la CIGB ont également été examinés selon les sujets abordés. Par
ailleurs, les participants au groupe de travail ont apporté l’expérience de la pratique
interne (et souvent des méthodes internes) de leur organisme.

Le travail bibliographique n’a pas eu pour ambition d’être exhaustif, mais propose
plus modestement une synthèse des principales recommandations internationales et
des pratiques françaises. Lorsque cela a été possible, le rapport propose des
recommandations correspondant aux pratiques du groupe de travail.

Ce travail a mis en évidence des différences sensibles dans les pratiques actuelles :
hypothèses relatives aux calculs des actions et de leurs effets, cas de charges,
justifications et critères de dimensionnement. Les divergences les plus marquées ont
été constatées sur les résistances des matériaux, et plus particulièrement les
résistances des fondations. Cette problématique est liée aux incertitudes sur la
connaissance des matériaux, ajoutée à la présence de gradients hydrauliques :
chaque fondation étant unique avec des propriétés mécaniques propres, il est
logique que le jugement éclairé de l’expert soit à la base des justifications.

Un tel appel à l’expertise dans la justification des barrages et de leurs fondations est
certainement une des principales raisons qui ont, jusqu'à maintenant, écarté
systématiquement les barrages des règlements semi-probabilistes existants (cf les
différents fascicules français et les Eurocodes).

Concernant le deuxième point, le rapport du groupe de travail développe une


méthode semi-probabiliste aux états-limites pour la justification des barrages poids.
Le document proposé a une vocation de « recommandations » et le plan adopté s’est
efforcé de lui conférer un caractère pédagogique.

La formulation d’une méthode semi-probabiliste aux états-limites présente plusieurs


intérêts, les principaux étant les suivants :

• structurer rigoureusement les justifications : actions, situations, cas de charges,


combinaisons types, états-limites et critères de dimensionnement.

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


70

• répartir les niveaux de sécurité sur les différents paramètres à considérer (actions,
résistances, modèles de calcul) par une appréciation de leurs incertitudes
respectives et dans chacune des vérifications, permettant de mieux prendre en
compte les non linéarités des équations dans les modèles de calcul.
• Enfin, permettre dans un 2ème temps le calage des niveaux de sécurité par
référence aux niveaux de sécurité classiques pratiqués (calage par ajustement,
qui a été proposé dans la partie 3), ou éventuellement à des probabilités
maximales admissibles données a priori (calibration probabiliste).

En l’état, la méthode proposée n’est pas encore opérationnelle car il reste à arrêter
des valeurs guides de coefficients partiels relatifs aux matériaux et les coefficients de
modèles (laissant une place à l’interprétation des experts), l’ensemble venant se
substituer aux coefficients globaux de sécurité des pratiques classiques pour
harmoniser les niveaux de sécurité (cf § 2 « perspectives » ci-après).

La démarche de travail adoptée, qui consiste à « dérouler » successivement


situations, actions et combinaisons, résistances, états-limites et leur conditions,
pourrait être appliquée, voire directement transposée sur certains points, vers
d’autres catégories de barrages, notamment les barrages en remblai.

Dans ce travail, une réflexion a été engagée sur les justifications actuellement
considérées. Dans un premier temps, ceci a permis de regrouper les principales
vérifications déterministes dans deux états-limites : résistance à l’effort tranchant et
ouverture des fissures. Dans un deuxième temps, nous avons classé les différents
états-limites dans les catégories ELS et ELU. Ce travail sur les états-limites constitue
un point important du rapport.

Les travaux réalisés ont permis de mettre en évidence certaines différences entre les
méthodes déterministes actuelles et les approches semi-probabilistes proposées :

- la vérification déterministe des conditions de stabilité des barrages-poids


avec un niveau de retenue égal à celui des PHE (correspondant à des
probabilités de dépassement de l’ordre de 10-3 par an) s'apparente à la
vérification d'états limites de service (ELS), garantissant l'absence de tout
désordre après le passage de la «crue de projet» correspondante ;

- l'évaluation de la marge supplémentaire de sécurité par rapport à la rupture


exige de faire appel à des calculs où l'ouvrage travaille au plus près de la
rupture (ce qui conduit à introduire la vérification d'états limites ultimes -
ELU- qui correspondent à des probabilités cibles de 10-5 à 10-6 par an) ;
dans les pratiques actuelles, ces vérifications ne seraient menées que par
rapport au cas de charge sismique ;

- sans les études de calage des coefficients partiels de sécurité proposés


dans le rapport, il est prématuré d'indiquer dans quel cas les vérifications
semi-probabilistes étudiant le comportement du barrage proche de la
rupture pourraient s'avérer dimensionnantes par rapport aux vérifications
antérieures ;

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


71

- la modélisation des ouvrages traités dans ce rapport est restée sommaire ;


elle ne prend pas en compte des marges de sécurité liées, par exemple, au
fonctionnement en trois dimensions de la structure réelle.

La troisième partie du rapport propose une méthodologie de calibration des


coefficients de modèle intervenant dans les justifications au format semi-probabiliste,
de façon à viser les niveaux de dimensionnement des pratiques actuelles. Ce travail
a été réalisé dans le cadre d’un stage d’ingénieur encadré au Cemagref, avec le
contrôle et la validation du groupe de travail. Les résultats obtenus à partir de
coefficients partiels relatifs aux matériaux issus de la littérature (BAEL, fascicule 62
titre V, Rosa00) démontrent la faisabilité de la calibration. Toutefois, compte tenu
d’un nombre limité de barrages tests utilisés pour cette étude, les résultats n’ont que
valeur d’exemple.

2 - Perspectives

Perspective 1 : harmonisation des pratiques en France :

Nous avons mis en évidence lors de nos travaux une hétérogénéité des pratiques
actuelles, d'une part au niveau des différentes recommandations internationales mais
également à travers les pratiques en France. Nous avons également ressenti la
volonté des membres du groupe de travail d’harmoniser les justifications, tout au
moins en ce qui concerne les barrages français.

Ainsi, la première perspective forte de nos travaux serait l’harmonisation des


pratiques françaises de justification des barrages poids, pour aboutir à des
recommandations françaises (voire à un règlement). Le groupe de travail voit
plusieurs intérêts majeurs à une telle évolution :
- pour la vérification des barrages existants, cela permettrait d’homogénéiser les
niveaux de sécurité des ouvrages ou de les différencier, mais sur des bases
communes liées aux enjeux en cas de rupture ;
- cette homogénéisation des pratiques renforcerait la position française (position
faible actuellement compte tenu des hétérogénéités constatées) dans une
perspective à moyen terme d’une harmonisation des pratiques européennes, à
l’instar de ce qui s’est fait pour les Eurocodes ;
- de renforcer à l’export le savoir-faire de l’ingénierie française.

Les travaux liés à cette première perspective pourraient être engagés à court terme
dans le cadre d’un mandat donné à un nouveau groupe de travail du CFGB.

Perspective 2 : proposition d’une méthode semi-probabiliste opérationnelle :

Nous avons vu que pour rendre la méthode proposée opérationnelle, il reste à fixer
définitivement les intensités des charges à prendre en compte, à déterminer les
coefficients partiels et de modèle. Ce point constitue la deuxième perspective de
recherche. Pour ce faire, différentes études doivent être engagées :

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


72

Perspective 2.1 : détermination des valeurs caractéristiques et des


coefficients partiels relatifs aux résistances des matériaux

La référence aux règlements semi-probabilistes existants pour l’obtention des


valeurs caractéristiques et des coefficients partiels relatifs aux résistances n’est pas
satisfaisante. En effet, les matériaux intervenant dans les barrages poids (corps du
barrage : BCR ou BCV en masse ou maçonnerie ; fondation : rocher) diffèrent
sensiblement de ceux considérés dans la littérature (sol meuble pour le fascicule 62
titre 5 et béton de structure pour le BAEL). Ce point est particulièrement sensible
pour les résistances des fondations des barrages poids.

A l’instar des études menées pour le béton, l’acier ou les sols d’assise dans le cadre
des règlements semi-probabilistes, il convient donc d’engager des travaux
spécifiques sur les matériaux intervenant dans les barrages poids, et en particulier
les matériaux des fondations. Dans ce cadre, un état de l’art des essais in situ et au
laboratoire doit être réalisé pour proposer des méthodologies formelles permettant
d’obtenir les valeurs caractéristiques au sens des Eurocodes : type d’essai, nombre
d’essai, … Parallèlement, il conviendrait de rassembler et d'exploiter les données de
terrain et de laboratoire obtenues lors d'études de barrages ces dernières décennies.
A partir de ces travaux, des études, éventuellement fiabilistes, pourront être
engagées pour définir les coefficients partiels relatifs aux résistances.

Ce travail important, relevant de la recherche-développement, dépasse le cadre d’un


groupe de travail de la CFGB et doit faire l’objet d’un programme spécifique d’études
(collaboration avec des laboratoires universitaires, financements à définir, …). En
revanche, le groupe de travail « barrage poids » du CFGB constituerait un cadre
idéal de contrôle et de validation de ces études. Des synergies seraient aussi à
rechercher au niveau européen, en particulier au travers du GT européen sur les
barrages poids.

Perspective 2.2 : calibration des coefficients de modèle

Des études de calage par référence aux pratiques déterministes doivent être
engagées afin de calibrer les coefficients de modèle par référence aux pratiques
actuelles. A défaut, des coefficients nouveaux devront être proposés. Ce travail doit
être réalisé à partir de nombreux cas de barrages existants et la collaboration des
principaux bureaux d’études français est indispensable pour accéder à des dossiers
suffisamment renseignés.

Ce travail (d’importance moindre que celui concernant la perspective 2.1) peut être
mené à travers des stages d’étudiants TFE ou DEA . Comme pour la perspective
2.1, le groupe de travail « barrage poids » du CFGB constitue un cadre idéal de
pilotage et de validation de ces études.

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


73

BIBLIOGRAPHIE CONSULTEE POUR L’ELABORATION DU RAPPORT :

[ancold91] ANCOLD (Australian National Committee On Large Dams). Guidelines


on design criteria for concrete gravity dams. Novembre 1991
[baca96] Projet national BaCaRa 1988-1996, le béton compacté au rouleau - les
barrages en BCR, Presses de l’école nationale des Ponts et Chaussées, 1996
[bael91] CSTB, Règles techniques de conception et de calcul des ouvrages et
constructions en béton armé suivant la méthode des états-limites. Règles BAEL
1991, 1992
[baguelin01] BAGUELIN, F., KOVARIK, J.B., Une méthode de détermination des
valeurs caractéristiques des paramètres géotechniques, In Revue Française de
Génie Civil, à paraître, 2001
[bpel91] BPEL 91 révisé 99, Règles techniques de conception et de calcul des
ouvrages et constructions en béton précontraint suivant la méthode des états limites
[calgaro96] CALGARO, J-A, Introduction aux Eurocodes, Presses de l’ENPC, 1996
[cetmef01] CETMEF, CD ROM ROSA 2000, Recommandations pour le calcul aux
états-limites des ouvrages en site aquatique, Compiègne, 2001
[china99] The standards Compilation of Water Power in China, Department of
Standardization China Electricity Council, China Electric Power Press, 1999
[euro91] Eurocode 1. ENV 1991 – 1. Bases de calcul et actions sur les structures
[euro92] Eurocode 2. ENV 1992 – 1. Calcul des structures en béton – Partie 1 :
Règles générales et règles pour les bâtiments
[euro97] Eurocode 7. ENV 1997 – 1. Calcul géotechnique – Partie 1 : Règles
générales
[fasc62] Fascicule n°62 titre V. Règles techniques de conception et de calcul des
fondations des ouvrages de génie civil, 1993
[fasc79] Fascicule spécial n°79-12 bis – Instruction technique sur les directives
communes de 1979 relatives au calcul des constructions. Paris, 1979
[hoek97] HOEK, KAISER, BAWDEN-BALKEMA, Support of underground
excavations in hard rock, Rotterdam, 1997
[icold88] ICOLD/CIGB, Dam design criteria – the philosophy of their selection,
Bulletin 61, Paris, 1988
[indi85] Indian Standard- criteria for design of solid gravity dams, Indian standard
institution, march 1985
[kovarik98] KOVARIK, J-B., De l’application des Eurocodes aux ouvrages
maritimes et fluviaux. In Revue Française de Génie Civil, vol2 – n°5 / 1998.
[lopez00] LOPEZ, S., application des Eurocodes au calcul des barrages-poids,
mémoire de 3ème année de l’ENTP, juin 2000
[meke95] MEKERTA BELKACEM, Etude des propriétés géomécaniques des
sédiments d’envasement de la retenue du barrage de Génissiat, Thèse de l'école de
Géologie de Nancy, 1995
[mellak01] MELLAK, M., Calibration d’une méthode semi-probabiliste aux états-
limites pour la justification des barrages poids, mémoire ISBA, août 2001
[mur73] SETRA – Division des Ouvrages d’Art. Ouvrage de soutènement –
MUR 73, 1973
[norw86] The Norwegian Regulations for planning, construction and operation of
dams, Norwegian Water Resources and Energy Administration, November 1986
[pbar97] Petits barrages – recommandations pour la conception, la réalisation et le
suivi, Cemagref/ENGREF/CFGB, Paris, 1997

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


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[peyras98] PEYRAS, L., Méthodes actuelles d’évaluation de la sécurité des


barrages poids en maçonnerie ou en béton, mémoire DEA, août 1998
[peyras00] PEYRAS, L., BONELLI, S., ROYET, P., Formulation des actions de l’eau
dans une méthode semi-probabiliste aux états-limites pour la justification des
barrages-poids, CIGB, BEIJING, septembre 2000
[rosa00] ROSA 2000, Recommandations pour le Calcul aux Etats Limites des
Ouvrages en Site Aquatique, Presse ENPC. Paris, 2000
[ruggeri98] RUGGERI, G., Uplift pressures under concrete dams – Progress report,
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[tbar89] Technique des barrages en aménagement rural, ministère de l’agriculture,
Paris, 1989
[usbr87] Design of small dams, United States Department of Interior – Bureau of
Reclamation, 3ème reédition 1987

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


75

ANNEXE 1 – SYNTHESE DES JUSTIFICATIONS

1 - Etat-limite de résistance à l’effort tranchant

Catégorie d’état-limite : ELU

Situations concernées :
- situation durable d’exploitation
- situation transitoire (vidange et autres)
- situations accidentelles sismique et hydrostatique

Combinaisons type d’actions à considérer :

En situation durable d’exploitation :


Combinaison fondamentale : Gd0 + Gd1 + Gd2 + Qd1 + Qd2 + γQ3.ψ03.Qk3 (ou Qd3*)
Combinaison rare : Gk0 + Gk1 + Gk2 + Qk1 + Qk2 + ψ03.Qk3
En situation accidentelle sismique :
Combinaison accidentelle sismique : Gk0 + Gk1 + Gk2 + AEd + Qqp1 + Qqp2 + Qqp3

En situation accidentelle hydrostatique :


Combinaison accidentelle hydrostatique : Gk0 +Gk1 + Gk2 + AQ1 + AQ2 + Qqp3 (ou AQ3*)
*si Q3 liée Q2

Résistance des matériaux :

En situation durable d’exploitation : la résistance de calcul


- dans le corps du barrage : (tan ϕb)d =(tan ϕb)k / γm3, fond ; (Cb)d = (Cb)k / γm4, fond
- à l’interface : (tan ϕ)d =(tan ϕ)k / γm6, fond ; (Cinterface)d = (Cinterface)k / γm7, fond
- dans les fondations : (tan ϕfond)d =(tan ϕfond)k / γm1, fond ; (Cfond)d = (Cfond)k / γm2, fond

la résistance de service :
- dans le corps du barrage : (tan ϕb)d,serv=(tan ϕb)k /γm3, serv ; (Cb)d,serv = (Cb)k /γm4, serv
- à l’interface : (tan ϕ)d, serv =(tan ϕ)k / γm6, serv ; (Cinterface)d,serv = (Cinterface)k / γm7, serv
- dans les fondations : (tan ϕfond)d, serv =(tan ϕfond)k /γm1, serv ; (Cfond)d,serv =(Cfond)k /γm2, erv

En situation accidentelle sismique : résistance accidentelle sismique


- dans le corps du barrage : (tan ϕb)d =(tan ϕb)k / γm3, acc. sim ; (Cb)d = (Cb)k / γm4, acc. sim
- à l’interface : (tan ϕ)d =(tan ϕ)k / γm6, acc. sim; (Cinterface)d = (Cinterface)k / γm7, acc. sim
- dans les fondations : (tan ϕfond)d =(tan ϕfond)k / γm1, acc. sim ; (Cfond)d = (Cfond)k /γm2, acc. sim

En situation accidentelle hydrostatique : résistance accidentelle hydrostatique


- dans le corps du barrage : (tan ϕb)d =(tan ϕb)k / γm3, acc. hyd ; (Cb)d = (Cb)k / γm4, acc. hyd
- à l’interface : (tan ϕ)d =(tan ϕ)k / γm6, acc. hyd; (Cinterface)d = (Cinterface)k / γm7, acc. hyd
- dans les fondations : (tan ϕfond)d =(tan ϕfond)k / γm1, acc. hyd; (Cfond)d = (Cfond)k /γm2, acc. hyd

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76

Conditions d’état-limite :

Dans la fondation :
- en situation durable d’exploitation : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd1, fond .T
Cb . L + N’ .tan ϕb > γd1, serv .T
- en situation accidentelle sismique : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd1, acc.sim .T
- en situation accidentelle hydrostatique : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd1, acc.hyd .T

Dans le corps du barrage :


- en situation durable d’exploitation : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd2, fond .T
Cb . L + N’ .tan ϕb > γd2, serv .T
- en situation accidentelle sismique : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd2, acc.sim .T
- en situation accidentelle hydrostatique : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd2, acc.hyd .T

A l’interface :
- en situation durable d’exploitation : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd3, fond .T
Cb . L + N’ .tan ϕb > γd3, serv .T
- en situation accidentelle sismique : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd3, acc.sim .T
- en situation accidentelle hydrostatique : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd3, acc.hyd .T

2 - Etat-limite d’ouverture des fissures :

Catégorie d’état-limite : ELS et ELU

Situations concernées :

- situation durable d’exploitation


- situation transitoire (vidange et autres)
- situations accidentelles sismique et hydrostatique

Combinaisons type d’actions à considérer :

En situation durable d’exploitation :


Combinaison quasi-permanente : Gk0 + Gk1 + Gk2 + Qqp1 + Qqp2 + Qqp3
Combinaison rare : Gk0 + Gk1 + Gk2 + Qk1 + Qk2 + ψ03.Qk3
Combinaison fondamentale : Gd0+ Gd1 + Gd2 + Qd1 + Qd2 + γQ3.ψ03.Qk3 (ou Qd3*)

En situation accidentelle sismique :


Combinaison accidentelle sismique : Gk0 + Gk1 + Gk2 + AEd + Qqp1 + Qqp2 + Qqp3

En situation accidentelle hydrostatique :


Combinaison accidentelle hydrostatique : Gk0 +Gk1 + Gk2 + AQ1 + AQ2 + Qqp3 (ou AQ3*)
*si Q3 liée Q2

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Résistance des matériaux :

En situation durable d’exploitation :


- ELS combinaisons quasi-permanente et rare : la résistance de calcul ft / γm5, serv
- ELU combinaison fondamentale : la résistance de calcul ft / γm5, fond

En situation accidentelle sismique :


- résistance accidentelle sismique ft / γm5, acc. sis

En situation accidentelle hydrostatique :


- résistance accidentelle hydrostatique ft / γm5, acc. hyd

Conditions d’état-limite :

En situation durable d’exploitation :


- ELS combinaison quasi-permanente: 100% de la section non fissurée
- ELS combinaison rare : section non fissurée à partir du rideau de drainage
- ELU combinaison fondamentale : section comprimée à 50%

En situation accidentelle sismique et hydrostatique :


- section comprimée à 50%( à déterminer)

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ANNEXE 2 – COMPORTEMENT DYNAMIQUE DES BARRAGES POIDS.


METHODES DE CALCUL

1. Introduction :

Cette note effectue un rapide bilan des différentes méthodes classiquement mises en œuvre dans le
cadre d’une analyse au séisme des barrage-poids. Dans le cas d’études simplifiées il faut noter le
caractère quelque peu arbitraire du choix de certains paramètres qui diffèrent d’ailleurs suivant les
pratiques et les règlements.

2. Détermination de l'aléa sismique :

Les recommandations CIGB (ref. 1) font apparaître deux niveaux de séismes à prendre en compte dans
les projets :

- le MCE (maximum credible earthquake) correspond au séisme maximal qui peut être
envisagé sur un site. Pour ce séisme la stabilité de l'ouvrage ne doit pas être remise en cause et
l'ouvrage ne doit pas connaître de dommages susceptibles de remettre en cause sa sécurité. Le MCE
correspond donc à la notion déterministe du plus grand séisme pouvant se produire sur un site,

- le DBE (design basis earthquake) est un niveau de séisme pour lequel on souhaite protéger
l'ouvrage de manière à ce que son utilisation ne soit pas compromise. Ce niveau correspond donc à des
séismes dont la période de retour correspond approximativement à la durée de vie de l'ouvrage. Il
s'agit donc là d'une approche probabiliste.

La pratique en France est de n'étudier le comportement des ouvrages que pour le séisme qui
conditionne la sécurité des ouvrages, c'est à dire le MCE.

Le séisme de référence est en général défini par les paramètres macrosismiques suivants :

- intensité épicentrale
- profondeur focale
- distance épicentrale
- sismicité induite sur le site

A partir de ces données, différentes corrélations permettent de définir les paramètres nécessaires au
calcul mécanique (cf. R.F.S. 1.2.c):

- magnitude
- spectres de réponse
- accélérogrammes correspondant aux spectres de réponse

3. Méthodes de calcul pour l'analyse du comportement au séisme des barrages-poids.


Méthodes bidimensionnelles

3.1. Efforts exercés au cours d'un séisme sur un barrage

Au cours d'un séisme, l'énergie de déformation générée par la libération des contraintes mécaniques le
long des zones de failles par la mise en jeu des différents mécanismes de rupture (cisaillement,
extension, chevauchement) se transforme en ondes de vibrations qui se propagent dans la croûte
terrestre en s'atténuant. Ces ondes sont de différents types : ondes de compression, ondes de
cisaillement, ondes de surface.

Version définitive – janvier 2002 CFGB - GT Barrages poids


79

L'énergie de déformation transmise par la fondation se traduit par la mise en mouvement de l'ouvrage,
structure qui malgré son caractère massif est susceptible de se mettre en vibration. Les sollicitations
mécaniques auxquelles un barrage est alors soumis sont de deux types :

- les forces d'inertie dues à l'accélération de la structure,

- les forces hydrodynamiques dues à la mise en vibration de la retenue qui s'ajoutent aux forces
hydrostatiques.

3.2. Méthode pseudo-statique

Dans le cadre d'un calcul simplifié, l'approche pseudo-statique est utilisée : le chargement dynamique
se traduit par l'application de forces statiques équivalentes aux efforts dynamiques maximaux
supportés par l'ouvrage.

Les forces d'inertie sont celles d'un solide rigide soumis à l'accélération maximale au sol. La prise en
compte de la composante verticale fait l’objet de pratiques différentes suivant les règlements :

- composante verticale négligée,


- composante verticale égale à la composante horizontale multipliée suivant les auteurs par un
facteur variant entre 0,3 et 2/3.

La composante horizontale s'exprime sous la forme :

F = α S γb où

- α coefficient sismique
- S section de l'ouvrage
- γb : poids volumique de l'ouvrage

Le coefficient sismique est pris en général égal à l'accélération maximale au sol.

Certains auteurs préconisent l’application d’un coefficient d’abattement de 0,67 pour le calcul des
efforts mais n’appliquent pas ces coefficients pour le calcul des contraintes.

Les forces hydrodynamiques s'appliquant sur la face amont d'un barrage sont traditionnellement
calculées par la méthode de Westergaard qui a évalué la répartition de la pression exercée sur un mur
soumis à un mouvement périodique et établi une formule simplifiée dans le cas où la compressibilité
de l'eau peut être négligée :

P(y)= 7/8 αγw(hy)0,5 où

- γw : poids volumique de l'eau


- h : profondeur de la retenue
- y : profondeur considérée

Zanghar a étudié l'influence de l'inclinaison du parement amont du barrage et développé une


formulation dynamique simplifiée sous la forme :

P(y)=0.5 αhγwCm (x (2-x) + (x (2-x))0,5) où

- x=y/h

- Cm peut être approché par la formule suivante

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Cm = 0.735 (2θ/π) où

θ exprimé en radian est l'angle du parement amont par rapport à


l'horizontale (π/2 pour un parement vertical)

Le ratio r des forces hydrodynamiques (exprimées par la formule de Westergaard) sur les forces
d'inertie pour un barrage-poids triangulaire s'écrit donc :

β= (7/12) αγwh2 / f 0.5 h2 α γb = (7/6f) γw / γb où

- f est la somme des fruits du barrage

Ce rapport est voisin de 0.6 pour un barrage-poids dont la somme des fruits est égal à 0,8. Pour un
barrage-voûte mince ce rapport peut atteindre 2 à 3. Pour un barrage en remblai ou en enrochements,
les forces hydrodynamiques sont négligeables.

Dans les calculs dynamiques, il est généralement admis, compte tenu de la brièveté des sollicitations
ne permettant pas aux variations de pressions interstitielles de se propager dans l'ouvrage, que le profil
de sous-pressions adoptés est identique à celui adopté en conditions statiques.

3.3. Méthode de Chopra

La prise en compte d'une accélération uniforme pour le calcul des forces d'inertie revient à négliger la
mise en vibration du barrage qui induit une amplification des accélérations en crête. C'est pourquoi
Chopra a proposé (ref. 7) une méthode simplifiée qui permet de calculer la distribution des forces
d'inertie en fonction de la hauteur ainsi qu'une distribution des forces hydrodynamiques qui prend en
compte la flexibilité de l'ouvrage.

Cette méthode est basée sur la prise en compte du premier mode de déformation dynamique de la
structure (cette méthode peut donc être considérée comme une méthode modale spectrale) et permet
d'évaluer la distribution sur la hauteur de l'ouvrage des forces dynamiques (forces d'inertie +
hydrodynamiques).

Utilisant des abaques paramétrées (voir annexe) elle comprend les étapes suivantes :

1. Calcul de la période propre du barrage : T=12 Hb / √E où

- Hb hauteur du barrage
- E module d'Young du barrage

2. L'abaque 1 permet de déterminer le rapport R1=T'/T où

- T' est la période propre du système barrage + retenue,

en fonction du rapport Hr / Hb où Hr est la hauteur de la retenue, les courbes étant paramétrées par le
module d'élasticité du béton,

3. Calcul du rapport R2= T0 / T' où

- T0 période propre de la retenue est calculée par la formule T0= 4H/C où C=1440 m/s
célérité des ondes de compression dans l'eau

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4. Calcul de la force dynamique variable en fonction de la hauteur y au dessus de la base du barrage :

- f(y)=α1 (A(T')/g) (γb ψ(y) + g P1(y)) où

- α1= 4 (coefficient de normalisation),


- A(T')= accélération lue sur le spectre de réponse à la période T',
- γb = poids volumique du barrage,
- ψ(y) = déformée modale (normée à 1 en crête),
- P1(y) pression hydrodynamique en fonction de la hauteur,

L'abaque 2 fournit le terme g P1(y)/wH où w est le poids volumique de l'eau en fonction du rapport y/
H ; les courbes sont paramétrées en fonction du rapport R2. La figure 1 fournit la déformée modale
ψ(y).

Les résultats fournis par cette méthode ont été comparés sur le barrage de Pine Flat avec les résultats
d'un calcul dynamique transitoire. Cette méthode donne des résultats voisins lorsque le premier mode
de vibration est seul pris en compte dans le calcul transitoire, mais majore les contraintes de tractions
par rapport au calcul transitoire effectué avec plusieurs modes propres.

Globalement cette méthode apparaît conservative, en particulier parce que l'effet de la fondation n'est
pas pris en compte .

3.4. Calcul dynamique linéaire transitoire

L'analyse du comportement dynamique d'un ouvrage peut être menée en calculant la réponse
transitoire de l'ouvrage au cours du séisme.

Des codes de calcul aux éléments finis, permettent de simuler le comportement dynamique élastique-
linéaire d'un barrage-poids en prenant en compte les interactions barrage-réservoir et barrage-
fondation.

L'hypothèse de linéarité, permet de simplifier le problème en effectuant un calcul sur la base des
modes propres du barrage ou du système barrage-fondation. Le problème mécanique qui comporte un
nombre d'équations un peu inférieur à 2N équations, où N est le nombre de noeuds du modèle aux
éléments finis, est ainsi ramené à un problème à 10 ou 20 équations suivant le nombre de modes
propres considérés dans l'analyse.

Pour l'analyse du problème couplé fluide structure, les équations peuvent être résolues dans le
domaine des fréquences ce qui revient par transformation de Fourrier à résoudre un problème
harmonique. La compressibilité de l'eau peut être prise ou non en compte.

Une telle analyse peut être complétée par une approche de Newmark qui permet d’intégrer au cours du
séisme les déplacements le long d’une interface lorsque le critère de stabilité au glissement est
dépassé. Ainsi peuvent être estimés les déplacements maximaux relatifs le long d’une interface atteints
au cours d’un séisme.

3.5. Caractéristiques dynamiques des matériaux

Les mesures in-situ, tant les essais de vibrations forcées que les mesures de vitesse sismique en
forages mettent en évidence une augmentation des modules d'élasticité dynamiques de 20 à 50 % par
rapport aux modules statiques. Cette majoration des modules s'explique par l'augmentation des
modules de déformations des matériaux avec les vitesses de déformations.

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Un accroissement dans les mêmes proportions (30 à 50 %) de la cohésion et de la résistance à la


traction est également constaté. Cet accroissement est en particulier évoqué pour expliquer le parfait
comportement d'ouvrage au cours de séismes pour lesquels des calculs en retour ont mis en évidence
l'apparition de contraintes de tractions de 3 à 5 MPa.

La valeur du paramètre amortissement est également l'objet de discussions. Sa valeur est fonction des
niveaux de dissipation d'énergie dans la structure en particulier au droit des zones à comportement
non-linéaire comme les joints de construction entre plots ou les zones de fissuration.

C'est pourquoi à faible niveau d'excitation comme cela est le cas pour les essais d'excitation forcée ou
les mesures de vibrations ambiantes, des niveaux d'amortissement de 2 à 3 % sont constatés. Pour des
forts niveaux de séismes des amortissement de 7% sont admis. Une valeur moyenne couramment
utilisée dans les calculs est 5%.

4. Prise en compte des effets tridimensionnels

L'analyse du comportement au séisme des barrages-voûtes fait l’objet d’une analyse tridimensionnelle,
mais dans certains cas une telle analyse peut également être mise en œuvre dans le cas de barrages-
poids lorsque l’aspect tridimensionnel du comportement des ouvrages ne peut être négligé. La
fondation et la partie proche de la retenue sont représentées. Différentes méthodes peuvent être
utilisées en fonction des méthodes mises en œuvre dans les codes de calcul :

− prise en compte ou non de la masse dans la fondation


− méthode de résolution du problème couplé (équations intégrales, modèle fini, modèle semi-
infini, dégré de liberté pris en compte...)
− conditions de radiation en fond de retenue

Le calcul permet de connaître les contraintes maximales dans la structure au cours du séisme pour les
niveaux maximum et des niveaux intermédiaires de retenue.

5. Calculs non-linéaires

Des développements dans le domaine de la modélisation du comportement des barrages en béton


soumis à un séisme touchent à plusieurs domaines.

L'amélioration de la prise en compte de l'interaction fluide-structure par l'étude des effets de la


compressibilité de l'eau, les phénomènes d'absorption en fond de réservoir. Ces travaux s'appuient en
particulier sur des essais dynamiques sur ouvrages.

La simulation du comportement non-linéaire des barrages. Cette simulation passe par l'amélioration de
la modélisation du comportement du béton soumis à une fissuration, en premier lieu en statique.
Différentes approches sont actuellement utilisées :

- la mécanique linéaire et non-linéaire de la rupture,


- la mécanique de l'endommagement,
- les modèles élastoplastiques,
- les modèles de fissuration discrète, comme les modèles avec éléments d'interface (éléments joints).

Des développements sont également faits pour prendre en compte le développement des pressions
interstitielles tant en conditions statiques qu'en conditions dynamiques. Des modèles couplés de
comportement sont particulier développés sur le principe des contraintes effectives avec prise en
compte de l'effet de la fissuration du matériau sur la variation des perméabilités.

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De nombreux développements apparaissent également nécessaires pour une meilleure prise en compte
de la sollicitation sismique. Des recherches sont réalisées à l'amont dans le domaine de la
détermination du mouvement du sol, travaux qui s'enrichissent à mesure de l'acquisition de nouveaux
enregistrements de mouvements forts et de la mise au point de méthodologie d'analyse et de
classement en fonction des caractéristiques des séismes et des propriétés mécaniques des terrains de
fondation.

Des travaux sont également consacrés aux différents effets de sites en particulier les effets de site
géométriques qui induisent des amplifications en parties supérieures des appuis de barrages. La prise
en compte d'un modèle de propagation d'ondes dans la fondation des ouvrages apparaît donc devrait
permettre d'avancer dans cette voie. Différentes méthodes de couplages entre les modèles de champs
d'ondes proches et lointains sont étudiés par différentes approches.

Des développements sont menées pour mieux prendre en compte le comportement dynamique des
fondations de barrage en particulier le comportement des différentes discontinuités.

Références

1 STEEGB. Effets des séismes sur les barrages. Guide d'évaluation. 4/3/1997.

2 Conception parasismique des barrages. Génie parasismique. 1985

3 Une révision du calcul sismique des barrages. CIBG bulletin 27. mars 1974.

4 Séismicité et conception des barrages. CIBG bulletin 46. 1983.

5 Choix des paramètres sismiques pour les grands barrages. CIBG bulletin 72. 1989.

6 Selection of design criteria for concrete dams subjected to seismic action. M. Copen. CIGB Q 35 R 14

7 Dynamic methods for earthquake resistant design and safety evaluation of concrete garvity dams.
A.K. Chopra and F. Corns CIGB Q 51 R6.

8 Seismic analysis of concrete dams. G. Tarbox. K. Dreher. L. Carpentier. CIGB. Q51 R11.

9 Complexity, uncertainty and realism in the seismic safety evaluation of concrete dams : linear
analysis. R. Dungar. Hydropower and dams Mai 1994.

10 Seismic safety evaluation of gravity dams. F. Ghrib, P. Léger, R. Tinawi, R. Lupien, M. Veilleux.
Hydropower and dams. Issue 2. 1997.

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