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WW ASSEMBLEE REPUBLIQUE FRANCAISE NATIONALE LIBERTE - EGALITE - FRATERNITE Jean-Luc Laurent Député du Val-de-Marne Monsieur le Président de la République Palais de I'Elysée 55, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 PARIS Paris,le 2 2 JAN, 2016 Monsieur le Président de la République, Devant le Parlement réuni en Congrés, vous avez annoncé une révision constitutionnelle portant sur l'inscription dans la Constitution de la procédure d'état duurgence et extension de la déchéance de nationalité aux personnes binationales nées frangaises. Ces deux mesures figurent dans le projet de loi constitutionnelle de Protection de la Nation qui sera examiné au Parlement en ce début d’année. Depuis votre discours, extension de la déchéance de nationalité suscite un débat vif qui dépasse le simple cadre politique. Comme je I'ai exprimé publiquement, je suis hostile & cette proposition qui a une portée symbolique limitée, des conséquences pratiques minimes et sme un grand désordre dans les principes républicains qui fondent notre droit de la nationalité, Dans l'adversité, et au moment ou le monde entier nous regarde, il appartient A la France de prendre des mesures responsables. Lexclusion de la communauté est défendable, le rejet de nos difficultés sur des pays voisins et amis beaucoup moins, la fabrication d'apatrides encore moins. Je suis convaincu, comme vous et une immense majorité de nos concitoyens, de la néces: pour la communauté nationale de prononcer une condamnation forte des individus qui ont frappée, et je suis donc partisan d'une peine de déchéance civique. Cette peine complémentaire pourrait étre inscrite dans notre Code pénal et bénéficier d'un fondement constitutionnel en étant visé a l'article 34 de notre Constitution Sur le principe, je suis favorable a I'inscription dans la Constitution de la procédure d'état d'urgence pour mettre en conformité le droit et usage. Je m’inquiéte toutefois que le projet de loi constitutionnelle n’ait pas retenu la rédaction de la loi du 3 mars 1955 concemant la durée définitive de I'état d'urgence. Cette procédure extraordinaire doit en effet répondre a un « péril imminent » ou une « calamité nationale » et non & des risques durables, et parfois trés diffus. La procédure d'état d'urgence est mieux comprise et acceptée, et au final plus efficace, si elle est bien circonscrite dans le Assemblée Nationale ~ 126 rue de l'Université 75355 Paris 07 SP. temps et dans son périmétre. Sa prolongation ne saurait étre une mesure de confort et de confusion. Aussi, je trouve insatisfaisante la rédaction actuelle de l'article premier. Par ailleurs, le comité de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions présidé par M. Edouard Balladur proposait inscription de la procédure d'état d'urgence dans la Constitution en précisant qu'une loi organique en fixait les modalités. Je partage totalement cette proposition et regrette que le projet de loi constitutionnelle s'en tienne a la loi ordinaire. Il y a nécessité de refonder a froid cette procédure inscrite dans une loi datant de 1955 et de lui donner un caractére organique qui la mette a 'abri de modifications de circonstances. A la veille de débats parlementaires importants, je tenais & vous faire part de ma position et vous prie d'agréer, Monsieur le Président de la République, expression de ma trés haute considération. et vey sa Duka’ he sta! QWMawes- JEAN-LUC LAURENT Assemblée Nationale ~ 126 rue de l'Université 75355 Paris 07 SP.

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