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Lehacaut Laure

Fiche thématique :

L’éthique de l’entrepreneur dans l’histoire de notre pays

L’éthique est la théorie de l’action que l’homme doit mener pour bien conduire sa vie
et parvenir au bonheur. En fait, c’est la science de la morale et des mœurs. Il ne faut pas la
confondre avec la morale. Cette dernière correspond à l’ensemble de principes de jugements,
de règles de conduite relatives au bien et au mal. Il n’y a qu’une seule morale alors qu’il y a
plusieurs éthiques.
Ainsi, l’éthique s’insère dans tous les domaines de la société et notamment dans le domaine
de l’entreprise. L’éthique des affaires, d’abord développée aux Etats-Unis sous le terme de
business ethics, a pour enjeu la dimension environnementale et organisationnelle de
l’entreprise. Pourtant, cette dernière motivée par la seule maximisation de son profit, n’a pas
vocation à s’emparer de l’éthique.
En fait, des principes éthiques lui sont imposés par la société. Jacqueline Russ,
philosophe française, parle d’évidence éthique. En effet, les entreprises ont du mettre en place
une certaine éthique tout d’abord du fait de l’influence religieuse. L’Etat leur a ensuite
imposé une éthique minimale avant qu’elle l’intègre comme un vrai outil de management.

I Le comportement éthique de l’entrepreneur sous l’influence de la religion

Dans L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Max Weber explique que


« l’esprit du capitalisme est issu de motifs religieux », et notamment de l’éthique
protestante. Weber part de l’inégalité sociale existant en Allemagne à la fin du XVIIème siècle
entre les catholiques et les protestants pour déclarer que : « le protestantisme affirme que
l'homme est sur terre pour se livrer à des œuvres terrestres, et que le succès de ses entreprises
est le signe de la grâce divine. L'essor du capitalisme se fonde sur cette révolution des esprits,
engendrée par la tourmente luthérienne ». Le capitalisme, modèle adopté par les entreprises
des sociétés contemporaines, est donc marqué par une éthique religieuse.
Ainsi des entrepreneurs protestants sont à l’origine de grandes renommées. C’est le cas
notamment, des artisans protestants réfugiés à Sedan, comme l'imprimeur Jean Jannon (1580-
1658) ou l'inventeur des émaux Bernard Palissy (1510-1589), qui contribuent à la notoriété de
la ville.
Aujourd’hui, d’autres mouvements religieux incorporent une certaine éthique au sein
des entreprises. Le mouvement des entrepreneurs et dirigeants chrétiens qui rassemble 2000
chefs d’entreprise chrétiens, propose d’envisager l’entreprise comme une communauté et non
plus comme un simple lieu de création de richesses. L’idée principale est qu’au sein de cette
communauté, l’entreprise adopte un comportement éthique. Cela passe par le respect des lois
(respect des règlementations économiques, des lois sociales, des lois sur l’environnement) et
par la notion de développement durable. C’est un développement qui répond aux besoins des
générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux
leurs. Pour fonctionner, ce mouvement se construit au plan national en partageant des
témoignages, des idées et des projets avec les responsables socio-économiques du pays.
Mais, tous les comportements éthiques de l’entrepreneur dans notre pays n’ont pas été
guidés par la religion. L’Etat a dû imposer aux entreprises des lois incorporant une part
d’éthique.

II L’éthique de l’entrepreneur imposée par l’Etat

Pour faire face aux scandales et éviter leur renouvellement, l’Etat a imposé des normes
coercitives aux entreprises. En effet, les entrepreneurs ont tendance à faire primer le profit sur
l’éthique. Ceci est souvent la cause de nombreuses dérives :
- la corruption : le scandale de Panamá en 1892 en est un exemple. C’est une affaire de
corruption liée au percement du canal de Panamá, qui éclaboussa plusieurs hommes politiques
et industriels français. L’affaire Stavisky en 1933 est également un scandale lié à la
corruption. L’Etat a dès lors, engagé une forte lutte contre la corruption pour aboutir à une
nouvelle réglementation en 2007 avec la loi du 13 novembre 2007 relative à la lutte contre la
corruption.
- les dérives au sein-même de l’entreprise : la première loi interdisant le travail des enfants de
moins de huit ans dans les manufactures, a été votée en 1841.La loi sur le travail des enfants
et des filles mineures dans l’industrie a été votée en 1874. Elle interdit ou limite leur emploi
dans certaines conditions et comporte des mesures de prévention sanitaire.
En 2002, dans le cadre de la loi de modernisation sociale, la lutte contre le harcèlement
sexuel a été renforcée par l'aménagement d'un dispositif répressif et la notion de harcèlement
moral a fait son apparition dans notre code du travail.
- les scandales financiers : l’exemple le plus récent est celui de la société générale en Janvier
2008. C’est une affaire de fraude interne. Ainsi, Christine Lagarde a du remettre au premier
ministre, un rapport concernant les enseignements à tirer de ces évènements. Pourtant, l’Etat
avait déjà légiféré sur le sujet avec la loi sur la nouvelle régulation économique (NRE) de Mai
2001. L'idée de la loi NRE est que le développement des grands groupes
industriels faisant appel public à l'épargne et l'augmentation du nombre
d'actionnaires appellent un fonctionnement plus équilibré et plus
transparent des organes dirigeants des entreprises françaises.
Cette insuffisance des lois montre que l’éthique doit, pour être
respectée dans tous les domaines de l’économie, être intégrée au
management des entreprises.

III L’éthique désormais incluse dans les outils de management de


l’entrepreneur
L’évidence éthique impose une logique du long terme. Ce qui pousse les entreprises à
l’établir comme un véritable outil stratégique. Ce dernier est appelé éthique de gestion. Cette
éthique doit concilier les notions de profit et d’éthique. Pour cela, elle a besoin que les
dirigeants de l’entreprise soient les acteurs prépondérants du management. Car la notion
fondamentale est celle de la responsabilité de l’entreprise et de son entrepreneur vis-à-vis des
individus et du monde.
C’est à travers la gestion des ressources humaines, le marketing et la politique
financière, que l’entrepreneur pourra mettre en place cette éthique de gestion. Il s’agit du
« management par l’éthique » ou du « management socialement responsable ».
Concrètement l’entrepreneur établit dans la communication interne et externe, des
codes déontologiques en matière d’éthique. S’établit ainsi, une relation de confiance entre lui
et ses salariés. Cette relation est également mise en place avec les consommateurs qui sont au
centre de la politique de marchéage (marketing mix). C’est une politique qui permet à
l’entreprise de se positionner par rapport à son prix, son produit, sa communication et sa
distribution. Ceci sert à l’image de marque de l’entreprise. Cette image est souvent, la
principale motivation des entrepreneurs pour appliquer un management par l’éthique. En
effet, l’éthique n’est prise en compte que si elle permet à l’entreprise de générer du profit. Car
l’image est une donnée primordiale pour les entreprises, surtout du fait de la médiatisation des
sociétés contemporaines.
Ainsi, se sont développées les entreprises citoyennes. Elles prennent en compte les
dimensions sociale et environnementale dans leurs activités et dans leurs relations avec leurs
partenaires. L’entreprise Areva a ainsi, reçu le prix d’entreprise citoyenne pour avoir adopter
une stratégie permettant d’assumer ses responsabilités en matière sociale, économique et
environnementale.

L’éthique, de plus en plus intégrée par les entrepreneurs, ne fait tout de même pas
l’unanimité. Certains auteurs expliquent que la démarche éthique des dirigeants relève d’une
démarche hypocrite.
En outre, l’éthique n’est pas une donnée stable. Elle relève d’un certain consensus. En
ce sens, elle peut changer au gré de l’évolution des mœurs, des rapports entre individus, de
l’entreprise et de la société. Ceci imposerait de nouvelles exigences auxquelles l’entreprise
devrait s’adapter.

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