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Vingt Roses Rouges
Vingt Roses Rouges
Vingt Roses Rouges
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Vingt Roses Rouges

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About this ebook

Des meurtres en série dans le Nord de la France. 



Curieux ces meurtres de jeunes femmes sans mobile apparent ! 



Une enquête classique mènerait judiciaire, si le meilleur limier de la DCPJ  n'avait pas un flair et une réflexion hors du commun.



Il fallait trouver le lien et la piste, en sortant des standards.



Une enquête à rebondissements du commissaire Yann LEROUHADEC  et de son fidèle  Félix LECHAS.



Un dénouement inattendu. 



Pas classique du tout !

LanguageFrançais
Release dateAug 18, 2018
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    Vingt Roses Rouges - Claude-Henri Tixier

    23/34

    Affaire non classée

    Le chant harmonieux des vingt et une moniales

    ¹, s'éleva du chœur de la Chapelle gothique du Carmel, résonnant sur les vieilles parois de pierres.

    Dehors, sur la façade grisâtre, le cadran solaire du lieu indiquait un peu plus de dix-sept heures, l'Office des Vêpres avait commencé.

    En cette fin d'après-midi d'été, la chaleur du soleil était encore difficilement supportable dans les champs environnants.

    Sauf dans cette chapelle et l'ensemble du couvent où la température extérieure avait du mal à vaincre la fraîcheur emprisonnée dans les antiques murs épais.

    L'hiver c'était l'inverse et peu de locaux étaient chauffés.

    Ce Carmel du XVe siècle, période d'un art précédé par la période romane et suivi par la période renaissance, disposait, pour les parties communes, d'une grande chapelle avec un chœur de moniales, d'une salle communautaire, d'un réfectoire, d'une bibliothèque, d'un jardin accolé au parc et situés sur l'arrière des bâtiments.

    Chaque sœur habitait une cellule individuelle, son espace intime, où seule la Prieure et la sœur infirmière pouvaient pénétrer.

    La vie matérielle de cette Communauté religieuse s'organisait autour du jardin potager et du jardin de fleurs.

    Le maître des lieux champêtres, un vieux jardinier, habillé à la façon des anciens, était un agriculteur à la retraite, un maraîcher, dont l'unique fils avait pris la suite de sa petite exploitation.

    De par son ancien métier, il était devenu expert en légumes à force de pratique et le plaisir de sa vieillesse s'accomplissait de façon bénévole dans le jardin des nonnes. Religieux, il aimait à rendre service à cette Communauté.

    Il avait la clé du vieux portillon métallique au quart rouillé, situé dans le mur d'enceinte de ce lieu de prières consacré à la Dieu. Il passait par là pour accéder à ses cultures sans déranger la vie du couvent, se déplaçant sur un antique vélo depuis sa ferme. Malgré ses vieilles jambes, il aurait été plus vite à pied, mais il aimait ça.

    Il avait le temps maintenant.

    C'était habituellement dans cette tranche horaire qu'il venait arroser le potager fournissant en légumes frais les repas frugaux des sœurs ; et le jardin des fleurs. Il y cultivait, aidé, bien sûr, par une partie de la communauté des nonnes volontaires pour cette tâche, un large carré de fleurs, destinées à fleurir l'autel et les diverses statues des Saints.

    Il tirait l'eau d'arrosage du puits qu'il avait fait équiper, par un ami garagiste du village voisin, d'une pompe électrique bricolée.

    Cette installation sommaire ôtait un travail pénible de maniement des seaux, et automatisait la tâche par le simple principe de gravité.

    Pendant que les rigoles en terres du jardin canalisaient l'eau jusqu'aux légumes et parterres, le vieil homme inspecta les arbres fruitiers voisins qui séparaient ce potager du parc.

    Il cueillerait tout à l'heure quelques fruits dorés pour le dessert du repas du soir du Carmel.

    Une envie d'uriner le saisit et à pas pressés, il se précipita dans le parc arboré et touffu pour se soustraire à d'éventuels regards pouvant choquer la pudeur des nonnes.

    C'était une recommandation de la Prieure.

    Il parvint rapidement au voisinage du mur d'enceinte et enfin put se soulager au pied d'un arbre centenaire.

    Au travers des taillis, où la lumière jouait encore à essayer de pénétrer l'ombre des bosquets, il aperçut une masse noire allongée sur le sol. Et tandis qu'il remettait de l'ordre à son pantalon de velours, resserrant sa ceinture, il s'en approcha et découvrit le corps inerte du prêtre du couvent, qui les visitait chaque semaine.

    Le cadavre, allongé sur le dos, avait un œil crevé.

    Au plus vite que ses vieilles jambes puissent aller, il se précipita pour avertir la Mère Supérieur présidant aux destinées des lieux.

    Il passa par le portillon et alla tambouriner à la grande porte d'entrée du couvent.

    Le couvent était en prière, et il fallut plusieurs minutes pour qu'une sœur, dévolue à cette tâche, ne vienne lui ouvrir.

    Il se précipita vers la chapelle en brandissant sa vieille casquette de toile découvrant son crâne blanc, aux cheveux rares, tranchant avec son teint buriné.

    Au grand dam de la nonne, lui courant après.

    On ne dérangeait pas les moniales en prière.

    Il fit irruption dans la chapelle en criant des mots confus, résonnants dans cette enceinte de recueillement, affolé, gesticulant en tous sens, interrompant l'Office.

    Un murmure de réprobation parcourut les rangs des carmélites, s'élevant jusqu'à la voûte sur croisée d'ogive.

    La Mère Prieure prit un air sévère, et fusilla du regard, l'impudent jardinier. Parmi les plus jeunes sœurs, certaines cachaient leur fou rire derrière leurs livres de prières.

    Le jardinier fit son rapport à voix basse à l’oreille de la sœur, une main en porte-voix.

    La Prieure sortit ensuite, suivie du vieil homme.

    Arrivée dans le couloir menant à la chapelle, après l'exposé de la nouvelle par le jardinier, elle se précipita vers le potager et le parc pour constater par elle-même.

    Le prêtre était effectivement mort.

    Le vieil homme ne s'était pas trompé ; l'ecclésiastique gisait bien là.

    Puis, de retour à son bureau, elle appela les gendarmes.

    La nouvelle se répandit, on ne sait comment, telle une traînée de poudre, dans le couvent. Et la prière à la Vierge Marie, devint une prière pour l'âme du prélat.

    *****

    Les enquêteurs arrivèrent assez vite.

    Aux premières constatations, ils durent se rendre à plusieurs évidences :

    Toutes les carmélites y compris deux novices étaient réunies en prière dans la chapelle.

    Le vieux jardinier avec son fragile équilibre physique n’aurait pu lutter contre ce jeune abbé vigoureux.

    Personne n'avait rien vu, rien entendu.

    L'arme du crime n'était pas sur place, et avait perforé l'œil ainsi que le cerveau du prêtre.

    Sur le mur d'enceinte, des deux côtés, les gendarmes relevèrent des traces d'escalades sur le vieil enduit. Des traces légères, mais significatives d'après eux. Tout le monde n’en était pas convaincu.

    Des signes de lutte entouraient la scène de crime.

    Les enquêteurs conclurent, peut-être un peu trop vite, à un crime de rôdeur.

    Peut-être un vagabond, vivant de petites besognes, d’aumônes ou de larcins.

    Un pauvre bougre fut alors recherché pour être entendu par les gendarmes. Il avait été signalé comme errant dans la région. Certains l’avaient aperçu dans les environs du couvent, la veille ou l’avant-veille du jour du meurtre, peut-être le jour même.

    Les témoins n’étaient pas vraiment d’accord sur le jour exact. Au presbytère du village la vieille servante de l’abbé, témoigna avoir reçu cet homme la veille du crime. Il était venu chercher de l’aide auprès du prêtre.

    Le jeune prêtre aurait téléphoné à l’évêché situé à une soixantaine de kilomètres de là, et y aurait transporté en voiture, l’homme, tôt, au matin du meurtre.

    Ce témoignage, correspondant à la déclaration du chemineau, semblait le mettre hors de cause.

    La servante n’avait pas vu partir l’abbé et le vagabond. Seule la phrase indiquant ce déplacement était connue de cette femme.

    Aucun témoin oculaire de ce voyage.

    Deux gendarmes furent dépêchés le lendemain à l’évêché pour vérification.

    Il s’avéra que le bougre était bien présent dans les bâtiments de l’évêché depuis le matin du meurtre et que Monseigneur l’avait embauché pour divers menus travaux en échange du gîte et du couvert pour quelques jours.

    Il bêchait le jardin, le jour de visite des gendarmes.

    Cet homme put être considéré enfin comme hors de cause.

    Il était, de toute façon, inimaginable pour tous les enquêteurs, qu'une nonne ait pu réaliser une telle chose.

    Bien des questions restèrent sans réponses.

    Pourquoi un rôdeur aurait-il escaladé le mur d'enceinte d'un couvent ?

    Pourquoi avoir tué un prêtre ?

    Que faisait le prêtre à cet endroit ?

    Le médecin légiste ne put donner qu'une approximation large de l'heure de la mort. Trop vague pour orienter les recherches dans une direction ou dans une autre.

    Après deux mois d'enquête, l'affaire s’éteignit faute d’éléments tangibles et ce dossier finit aux archives, sur l’étagère des affaires non-classées.

    Série macabre

    Six ans plus tard ; dans la chambre d'un vieil appartement du centre-ville de

    Rennes, Béatrice

    quitta les bras de son amant, s'assit, nue sur le bord du lit et alluma une cigarette.

    Le ciel bas qu’elle regardait au travers des vitres, ne donnait pas envie de sortir.

    Elle traversa l’appartement et prit une douche chaude, sous laquelle elle resta longtemps, puis lentement se rhabilla.

    Encore un petit tour par la salle de bains pour profiter du miroir, se maquiller et elle était prête à partir.

    Elle embrassa goulûment une dernière fois son copain, retraversa les pièces.

    Puis, après avoir claqué la porte palière, descendit les marches d'escaliers jusqu'au hall d'immeuble, et sortit dans la rue.

    Dehors, la pluie menaçait.

    Elle remonta le col de son manteau rouge, s'enfonçant dans les bourrasques ; direction l'abribus.

    Elle était parcourue de frissons causés par le contact avec la fraîcheur de l'extérieur. Elle repensait à la chaleur du lit et du corps de son amant, et à ces trois heures de plaisir.

    Le bus arriva rapidement, quasiment vide, comme tous les dimanches à cette heure-là.

    Elle devait rejoindre son appartement en colocation et ne pas trop traîner pour se coucher tôt. Cette escapade l'avait épuisée, mais aussi demain elle commencerait tôt son travail à l'hôpital.

    Sa colocataire Virginie devait déjà être rentrée, si elle n'était jamais sortie.

    Elle était bizarre Virginie !

    Elle sortait beaucoup, sans cesse à la recherche d'aventures masculines. Elle prenait souvent des râteaux, car elle faisait toujours le premier pas. Parfois ça marchait ; mais ces aventures étaient courtes et ne dépassaient que rarement la semaine. Elle se faisait toujours larguer.

    Une énigme !

    Il est vrai qu'elle n'était pas très jolie.

    Quand Béatrice descendit du bus, il était presque vingt heures. Elle continua à pied pendant encore environ dix minutes.

    Il avait commencé à pleuvoir, un crachin breton léger.

    Enfin elle parvint dans sa rue et devant son immeuble.

    C'était un bâtiment sans grâce et sans originalité, vestige des années soixante où la priorité était de fournir des logements modernes pour une population en plein boum. L'esthétique n'étant pas une préoccupation première à l'époque.

    Elle entra dans le hall triste.

    La cage d'escalier sentait la soupe de légumes.

    La porte de l'appartement n'était pas verrouillée.

    Cela signifiait que Virginie était là.

    Béatrice entra et posa son trousseau de clés sur la petite crédence au plateau de marbre reconstitué, située dans l'entrée. Accrocha son manteau à l'une des patères murales, près de la table.

    Elle appela Virginie et n'obtint pas de réponse.

    Ses clés étaient pourtant posées près des siennes !

    Béatrice fila alors vers sa propre chambre, pour se changer. Dans le couloir, elle passa devant la porte fermée de Virginie, et comprit pourquoi celle-ci ne l'avait pas entendue.

    En passant un jogging pour être plus à l'aise, elle songea que sa copine avait probablement ramené un mec, et était en pleine séance de galipettes.

    Cette perspective la fit sourire et lui fit penser aux siennes deux heures plus tôt. Le parfum que son compagnon avait laissé sur sa peau transporta son esprit vers l'appartement précédent et à ce qui s'y était passé sous les draps.

    Elle rêva à quelques moments de plaisir.

    Elle était partie à regret, comme toujours. Il fallait rendre le logement, au copain de son homme.

    Sans faire trop de bruit pour ne pas déranger les ébats de son amie ; Béatrice se dirigea vers la cuisine.

    Elle poussa la porte, puis un hurlement.

    Au sol gisait Virginie, une mare de sang autour de la tête.

    Une odeur fade emplissait l'espace.

    La jeune femme avait un œil crevé, et deux roses rouges entre les dents.

    Béatrice ressortit de la pièce en se précipitant vers la salle de bains voisine. Puis vomit dans le lavabo.

    Désemparée, elle ne savait que faire. Virginie était visiblement

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