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Vaincu
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Ebook395 pages7 hours

Vaincu

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Vaincu

 [vɛ̃ky]

adjectif

Qui a subi une défaite (de la part d’un ennemi, d’un rival, d’une force quelconque). S’avouer vaincu : reconnaître sa défaite. Abandonner, capituler, se rendre.

Voir l’exemple de Santos et Mariana DeGuajarado.

En tant que gardien de but de la Texas Mutiny, Santos excelle dans l’art de protéger son filet. Mais il ne s’est jamais préoccupé de protéger son mariage.

Laissant la gloire et la notoriété lui monter à la tête, il a perdu ce qui lui était le plus cher… sa femme et ses enfants. Il a une dernière chance de réparer les pots cassés avant de perdre à ce jeu qu’est l’amour, et cette fois, il est déterminé à ne pas échouer.

Mariana a été profondément blessée par la trahison de Santos. Elle en portera les cicatrices pour le reste de ses jours. Après dix ans de mariage, elle le connaît bien. Elle sait qu’il ne baissera pas les bras. Mais il ne gagnera pas si facilement. Cette fois, elle ne se fera pas avoir.

Parce que l’amour ne suffit pas.

LanguageFrançais
PublisherM.E. Carter
Release dateFeb 21, 2019
ISBN9781547571918
Vaincu

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    Vaincu - M.E. Carter

    CHAPITRE UN

    Mariana

    La voilà.

    En la regardant, j’ai du mal à respirer. Elle est belle. Magnifique, en fait. De longs cheveux foncés. De longues jambes fines. Une poitrine parfaite.

    Beaucoup plus glam que mon corps de maman. Je ne devrais pas être aussi critique envers moi-même. J’ai eu trois enfants au cours des cinq dernières années et Théo n’a que quelques mois. C’est difficile de la regarder, sachant que je ne serai plus jamais aussi belle qu’elle. Est-ce pour cette raison que mon mari m’a trompée ?

    Non. Je n’en suis pas encore certaine. Peut-être qu’il ne fait réellement que prendre une cuite avec les gars, comme il le dit.

    Mais j’ai entendu les conversations. Je suis au courant des rumeurs. Et elle possède les réponses dont j’ai besoin. Je dois seulement trouver le courage de lui poser les questions.

    Je joins les mains, j’inspire profondément, puis je m’approche d’elle.

    — Bonjour.

    Tiffany me regarde, surprise. Habituellement, la seule personne qui lui parle pendant les matchs est Quincy, la copine du capitaine de l’équipe. Tous les autres se tiennent loin, entre autres parce que Tiffany est une groupie — ou à tout le moins était une groupie. Maintenant qu’elle sort avec Rowen Flanigan, elle fait officiellement partie des FEC, ce qui veut dire « femmes et copines ».

    Une autre raison pour laquelle les gens s’en tiennent loin est parce que, apparemment, elle a elle-même joué au football. Elle ne considère pas les matchs comme des événements mondains. Elle les regarde très attentivement et ignore tout ce qui se passe autour d’elle, alors je sais qu’elle est surprise que je lui parle.

    — Je peux m’asseoir ?

    Elle regarde autour d’elle comme si elle était confuse.

    — Euh, ouais. OK.

    Elle retire ses pieds de la chaise devant elle et se redresse.

    Nous restons assises en silence pendant un moment. Elle a traversé une période difficile récemment. Il y a eu Rowen qui a fait une crise sur le terrain, ce qui lui a valu une suspension. Puis il y a eu un scandale à cause d’une photo d’elle nue. Comparativement à ce dont elle a l’air habituellement, elle a une sale tête. Ce qui est quand même plus beau que quatre-vingt-dix pour cent de la population.

    Je sais qu’elle est préoccupée à propos de qui a vu ou non la photo qui a pris d’assaut Internet, mais j’ai des questions et elle est la seule qui en a les réponses. La laisser tranquille n’est donc pas une option. Cela dit, je ne sais pas comment les lui poser. Si je suis honnête avec moi-même, je ne sais pas si j’en ai vraiment envie. Et je ne veux absolument pas que ça se termine en bagarre comme ça a été le cas avec Jessica Funderling il n’y a pas si longtemps.

    Ouais. Ça a été très difficile pour elle ces derniers temps.

    Par contre, je dois en avoir le cœur net. J’ai des décisions à prendre. Si ma plus grande peur se confirme, je manquerai de temps pour suivre mon plan. Il faut que je le fasse maintenant.

    — J’ai des questions pour toi.

    Je me tourne pour la regarder. Elle a un mouvement de recul.

    — Je ne veux pas me battre avec toi ou quoi que ce soit. J’ai seulement besoin d’informations. Des informations honnêtes.

    — Je serai aussi honnête que possible, répond-elle calmement. Je te le dois.

    Son rire est rempli d’ironie.

    — En fait, je te dois beaucoup plus que ça.

    Elle inspire profondément à son tour et me regarde.

    — Qu’est-ce que tu veux savoir ?

    Ça y est. C’est maintenant ou jamais. J’ai besoin de ces réponses pour ne pas perdre la raison. Je ne veux pas savoir, mais je dois savoir.

    Je la regarde dans les yeux et me lance, peu importe le coût.

    — As-tu couché avec mon mari ?

    Je ne fais pas que lui poser une simple question ; je la défie. Elle ne détourne pas les yeux. Elle soutient mon regard. Puis, elle répond de la façon dont je priais qu’elle ne répondrait pas, mais dont je savais qu’elle répondrait. Elle hoche la tête.

    — Oui, affirme-t-elle doucement, ses yeux se remplissant de larmes.

    Moi, par contre, je me coupe complètement de mes émotions. C’est une conversation qui me permet de récolter des faits. Je m’effondrerai plus tard.

    — Combien de fois ?

    — Je ne le sais pas.

    Une larme glisse sur sa joue.

    — Es-tu la seule ?

    Elle essuie la larme avec la manche de son sweatshirt de la Mutiny.

    — Je ne le sais pas. Je ne crois pas, mais je n’y portais pas vraiment attention. J’étais tellement centrée sur moi-même que je me fichais des autres.

    Je me retourne pour regarder le match, mes yeux se posant sur mon mari. Il se tient devant le filet, un tee-shirt jaune vif et des gants assortis. Il est si fier d’être l’un des meilleurs gardiens de but de la ligue. Il laisse rarement passer le ballon. Il défend ce but avec ardeur.

    C’est ironique qu’il n’ait jamais protégé sa famille de la même façon qu’il protège ce maudit filet.

    — Je suis désolée, poursuit-elle doucement. J’étais égoïste et stupide. Je faisais comme si personne ne serait blessé parce que j’étais toujours loin des familles. Mais je le vois maintenant, Mariana. Je comprends et j’ai tellement honte.

    Elle se tourne pour être face à moi et elle se met à parler très vite, les larmes ruisselant sur son visage.

    — Je sais que ça ne change rien ; ça ne changera jamais rien. Mais il faut que tu saches, j’ai besoin de te dire que je suis tellement, tellement désolée. Et que ça n’arrivera plus jamais.

    Je la regarde, impassible, en mettant de l’ordre dans mes pensées. Elles sont nombreuses. Je suis fâchée. Je suis triste. Je suis soulagée d’avoir enfin des réponses. Je suis frustrée. J’ai peur. Plus que tout, par contre, je dois m’assurer qu’elle dit vrai avant de prendre ces décisions. Je dois absolument, à cent pour cent, être sûre qu’elle dit la vérité.

    — Prouve-le.

    — Quoi ? dit-elle en fronçant les sourcils.

    — Je ne peux appuyer ce qui reste de mon mariage, s’il y en a encore un, sur les dires d’une seule personne. Si je le confronte, il le niera. Je n’aurai aucune autre preuve que ta parole. Ici, ta parole ne vaut pas grand-chose.

    Elle grimace, mais je ne ressens aucune sympathie. Elle sait que je dis vrai.

    — J’ai besoin d’une preuve que tu as vraiment eu une aventure avec mon mari. J’ai besoin d’une preuve solide pour que, lorsqu’il me dira que j’ai perdu la tête, je puisse lui montrer exactement comment je sais qu’il me ment. Ma vie entière s’apprête à changer et je ne peux pas faire ça sans avoir de preuve. Alors prouve-le.

    Elle ferme les yeux et passe sa langue sur ses lèvres, se préparant pour ce qu’elle est sur le point de me révéler.

    — Quand, euh, quand son, euh, quand son orgasme approche… il fredonne.

    Mon cœur se serre. À ce moment, je sais sans aucun doute possible que c’est vrai. Mon mari a été infidèle. J’entends un bourdonnement dans mes oreilles tandis que mon cerveau tente de comprendre. Ça fait dix ans que nous sommes mariés. Nous sommes ensemble depuis presque treize. Une partie de ma vie universitaire et toutes les années qui ont suivi ont tourné autour de cet homme et de sa carrière.

    Quand je reprends mes esprits, la voix de Tiffany devient de plus en plus claire.

    — Ça ne signifiait rien. Les soirées devenaient vraiment folles. Beaucoup d’alcool, beaucoup de testostérone. C’était très facile de se laisser emporter sans y penser deux fois. Ça ne signifiait rien. Je sais qu’il t’aime.

    — Arrête.

    Je lève ma main devant elle et elle se tait sur-le-champ.

    — Ça ne fait rien que ça voulait dire quelque chose ou pas. C’est tout de même arrivé.

    Je la regarde et, pour la première fois, je prends conscience de sa détresse. C’est drôle, puisque c’est elle, l’autre femme. Aussi fâchée que je sois contre elle, je suis heureuse qu’elle se sente coupable. Je suis heureuse qu’elle pleure à cause de ça. Elle a raison de pleurer. « Les femmes doivent se soutenir » et toute cette merde, c’est bien ça ?

    Je repense à la photo d’elle nue qui s’est retrouvée sur Internet récemment et je m’aperçois qu’elle ne joue pas la comédie. Elle n’essaie pas de sauver sa réputation. Elle le regrette vraiment. Elle a appris une dure, dure leçon selon laquelle nos actions peuvent avoir des conséquences imprévues. Le fait que je la confronte est un autre de ces moments, pour elle. Et, merde, ça m’amène à ressentir un tout petit peu de compassion pour elle.

    — Écoute. J’hésite entre te détester pour ton cran et te serrer dans mes bras parce que je vois que tu le saisis. Tu comprends vraiment ce que tu as fait.

    Elle hoche la tête à nouveau, puis essuie d’autres larmes.

    — Ce que tu as fait à moi, à ma famille, à toutes les autres femmes, c’est ignoble.

    Je sens un regain de ma frustration, alors j’inspire profondément pour me calmer.

    — Mais tu ne t’es pas tenue devant Dieu et ma famille, et tu n’as pas fait le vœu de m’être fidèle. Santos, oui. C’est lui qui a brisé sa promesse, pas toi. Malgré toute la souffrance que ça m’apporte de le dire, je te pardonne. Pas en ce moment même. Ça prendra peut-être quelques semaines, mais je te pardonnerai parce que tu as eu ta leçon. Je pense qu’il est peut-être temps que tu te pardonnes aussi.

    Elle laisse échapper un sanglot et elle s’avance pour me prendre dans ses bras. J’hésite, mais je l’enlace finalement, pas en signe de pardon, mais plutôt en remerciement pour son honnêteté. Je m’éloigne et la regarde dans les yeux.

    — Cela dit, nous ne serons jamais amies. Jamais. J’espère ne jamais te revoir. Si nous nous retrouvons dans la même pièce, fais-moi plaisir et respecte-moi assez pour rester loin, loin de moi.

    — Absolument. Je respecte ça. Tu mérites cette distance.

    Je me lève pour partir, mais je me rends compte qu’il me reste une dernière chose à lui dire.

    — Je veux que tu saches que je me fiche des choses que tu as faites. Tu ne méritais pas ce que Mack t’a fait. J’espère que tu trouveras une façon d’utiliser tout ce gâchis pour aider les gens à ne pas faire les mêmes erreurs que toi.

    Elle inspire brusquement, comme si elle venait d’être giflée. Je suppose que c’est un peu ce que j’ai fait. Je ne suis pas fière d’être aussi vache. Je suis fière de ma gentillesse envers les autres, mais je n’ai pas à être aimable, maintenant. Je suis certaine qu’elle le sait.

    Je me retourne, puis je traverse la loge pour la dernière fois, attrapant mon sac à main et ignorant tous ceux qui tentent d’établir un contact visuel avec moi. Quand la porte se ferme derrière moi, je prends mon téléphone et j’appuie sur le bouton de composition rapide sur mon écran d’accueil.

    Elle répond après deux sonneries.

    — Maman, dis-je, mes larmes coulant enfin. Est-ce que les enfants et moi pouvons habiter chez toi pendant quelque temps ?

    CHAPITRE DEUX

    Santos

    — Mmmmmmm…

    Je commence à fredonner. Je ferme les yeux, déplace mon poids sur mes genoux et serre ses hanches plus fort. Je sens que je m’approche de l’orgasme que je pourchassais.

    La porte s’ouvre soudainement, me faisant perdre mon rythme.

    — Bordel de merde, c’est quoi ça ? je m’écrie tandis que Darren Pumin entre dans la chambre.

    — Désolé. Je croyais que t’avais fini.

    — Santos… dit Sasha en descendant sa main pour caresser son clito. Continue, Santos. Je suis si près.

    J’ignore Pumin qui entre dans la garde-robe et qui fouille à l’intérieur. Je baisse les yeux et vois le cul parfait de Sasha. Je le tape une fois. Elle crie, puis je me mets à la baiser sans relâche.

    — Hé, tu veux un cubain ? crie Pumin de la garde-robe. Je n’en sors que quelques-uns.

    — Attends. Laisse-moi finir ça.

    Je m’enfonce quelques fois de plus et Sasha se met à se resserrer de l’intérieur.

    — Je vais jouir ! hurle-t-elle, puis elle se met à crier tout au long de son orgasme.

    — Je te suis, mmmmmmm…

    Quelques secondes plus tard, mes couilles se tendent et je ressens cette sensation particulière de mon orgasme qui naît au bas de ma colonne et qui explose dans ma tête. Mes hanches continuent à faire de petits mouvements, plutôt involontairement, alors que je descends de mon extase.

    — Merde, vous êtes bruyants.

    Pumin se tient dans la garde-robe, quelques cigares à la main.

    — Personne ne t’a demandé d’assister au spectacle, crétin, je réponds en embrassant Sasha dans le cou, puis en me retirant doucement. Merci, bébé. C’est exactement ce dont j’avais besoin.

    Exténuée, elle se laisse tomber sur le ventre. Je retire le condom et le lance en direction de Pumin.

    — Ah ! crie-t-il. Garde ton sale jus loin de moi ! Et ramasse ce condom sur mon plancher, abruti.

    Je remets mon jeans en le laissant déboutonné, puis j’obéis.

    — Relaxe. Je nettoie toujours derrière moi. Je suis un vrai gentleman.

    Il ricane.

    — Ce que tu faisais là ne me semblait pas vraiment digne d’un gentleman.

    — Je peux être un gentleman et un amant cochon à la fois.

    Sasha pouffe de rire dans l’oreiller.

    — Tu vois ? Elle est d’accord.

    — Il a raison, dit-elle avec un sourire séduisant. Il est toujours gentleman quand il me tape le cul.

    Pumin lève un sourcil.

    — Ah, vraiment ? Et quelles autres choses cochonnes aimes-tu, Sasha ?

    Elle se tourne sur le côté, révélant son corps nu.

    — Pourquoi ne viendrais-tu pas ici le découvrir par toi-même ?

    — Tiens.

    Il me donne les cubains en ne la quittant pas des yeux. Il passe son tee-shirt par-dessus sa tête.

    Je prends le reste de mes vêtements et me dirige vers la porte. Pumin est appuyé contre la tête de lit. Sa queue est déjà dans la bouche de Sasha. Je n’ai aucune idée de comment cette fille peut baiser aussi souvent dans une soirée. Mais j’apprécie ses efforts. Après un match intense, rien ne se compare à un orgasme avec un corps bien chaud pour te calmer.

    Ça fait trois ans que je suis le gardien de but partant pour la Texas Mutiny. Avant ça, j’étais le gardien substitut à San Diego. J’aimais la Californie. C’est là que se trouve ma famille. Mais la famille de ma femme, Mariana, est à San Antonio. Ça fonctionnait mieux pour nous quand on m’a échangé ici. Avec trois jeunes enfants, ça permet à ma belle-mère de venir habiter à la maison quand je dois partir sur la route pour plusieurs jours.

    J’allume l’un de ces cigares de luxe, puis je sors mon téléphone de ma poche.

    Pas de texto.

    Hmm. Je regarde une deuxième fois pour m’assurer que j’ai bel et bien texté Mariana après le match.

    Je prends un verre avec les gars pour parler du match. Je rentre bientôt. Ne m’attends pas. Je t’aime.

    Ouais. Elle l’a bien reçu. C’est étrange qu’elle ne m’ait pas répondu. Elle le fait toujours. Ces temps-ci, le bébé la tient éveillée toute la nuit. Elle est probablement fatiguée et déjà assoupie.

    Je me sens mal de ne pas retourner à la maison immédiatement après le match pour l’aider. J’aime ma famille et mes enfants plus que tout au monde. Mais ce qui fait la fierté de notre équipe, c’est notre camaraderie. Nous formons une équipe unie et je me sens coupable quand je ne viens pas passer un peu de temps à nos soirées.

    J’ai une profonde admiration pour la façon dont Mariana prend si bien soin de nous. C’est une mère formidable, une cuisinière fantastique et une femme au foyer géniale. Elle gère la maison d’une main de maître. Elle connaît mes horaires, m’aide à être organisé et est ma plus grande fan depuis que je l’ai remarquée lors d’une fête à l’université.

    Sa chevelure longue et foncée, ses yeux bruns, sa peau légèrement bronzée… elle était la plus belle fille que j’avais jamais vue. C’était évident qu’elle n’était pas à sa place à cette fête. Elle ne méritait pas d’être là. Elle était trop bien pour ça à l’époque, et elle est trop bien pour ça maintenant. Elle a un cœur en or et je ne voudrais jamais la soumettre à certaines des choses qui se passent ici. Même si je m’y soumets régulièrement.

    Je ressens une pointe de culpabilité, car je suis ici, à boire, à fumer et à baiser une groupie, pendant qu’elle est à la maison avec les enfants. Mais Mariana mérite qu’on lui fasse l’amour. Elle mérite l’intimité. Elle ne mérite pas d’être baisée par-derrière comme une pute juste pour que je puisse jouir et relaxer. Je suis sûr que c’est une justification terrible, mais c’est la seule que j’ai. Je n’ai jamais compris pourquoi, mais j’ai toujours de la difficulté à me remettre de la montée d’adrénaline une fois le match terminé. Au fil des années, bien avant de rencontrer Mari, je me suis aperçu que le sexe est la seule chose qui me permet de retrouver mon équilibre. J’ai donc continué à agir de la sorte. Honnêtement, ça fait tellement longtemps que je fais ça que ça me laisse presque indifférent.

    Presque.

    Mais je refuse que ces pensées profondes reviennent.

    — Hé, mec, où t’as pris ce cigare ? me demande Nate Funderling.

    J’en sors un de ma poche arrière.

    — C’est Pumin qui les avait. Sasha l’a distrait avant qu’il puisse les distribuer.

    Funderling rigole. Lui non plus n’est pas insensible à ses charmes. Sasha est un phénomène. Il n’y a rien qu’elle ne fera pas, personne qu’elle ne baisera pas.

    — Parlant de groupies, où sont Tiffany et Rowen ?

    — Fais gaffe, mec, dis-je pour l’avertir. Tu ne veux pas que Rowen t’entende dire les mots « Tiffany » et « groupie » dans la même phrase.

    Il hausse les épaules. Personne n’aurait pu prédire qu’ils se retrouveraient ensemble. Tiffany a été la meilleure de nos groupies pendant des années avant que Rowen ne soit sorti de l’équipe de pratique pour rejoindre l’équipe régulière. Ça a tout de suite marché entre ces deux-là. Ça n’a pas pris de temps avant qu’elle cesse de coucher avec nous pour demeurer monogame avec Rowen. Je ne leur en veux pas. Ce sont de bonnes personnes.

    — Je crois qu’ils font profil bas pour un moment. Elle est encore secouée de ce qui s’est passé. Elle ne s’assoit plus dans la section 100. Elle ne s’assoit que dans la loge durant les matchs.

    Ses sourcils se lèvent en surprise.

    — T’es sérieux ? À cause de cette photo nue stupide que Shivel a publiée ? J’étais sûr qu’elle s’en serait remise maintenant.

    — Je crois qu’elle se fait encore harceler quand elle s’assoit dans les gradins, dis-je en haussant les épaules. Ils ont été la plus grosse nouvelle sportive pendant un long moment, tu sais.

    — As-tu parlé à Shivel depuis que c’est arrivé ?

    Je secoue la tête et tire sur mon cigare.

    — Il a été coupé.

    — Quoi ? dis-je lentement. À cause de la photo ? Est-ce que le papounet de Rowen a des contacts aussi loin ?

    Son père, le légendaire Ryan Flanigan, un dieu du foot parmi les hommes, est encore très, très actif dans notre sport.

    Funderling allume son cigare et prend une bouffée avant de répondre.

    — Il paraît que sa suspension de six matchs et son renvoi dans l’équipe de pratique ne l’ont pas aidé à développer ses habiletés. Un nouveau milieu de terrain a surpris tout le monde avec son talent. Il fait l’équipe. Shivel est sorti.

    Je ne dis rien, parce qu’en réalité, il n’y a rien à dire. Nous avons tous été témoins du déclin de Shivel au cours de la dernière année. Il a cessé de s’efforcer à l’entraînement et a commencé à faire la fête plus souvent. Il a pris un peu de poids au ventre. Il n’est pas devenu alcoolique ou quelque chose du genre, mais les avantages du métier lui sont montés à la tête. Ça arrive. Si tu ne restes pas centré sur le boulot, ça peut tout foutre en l’air assez rapidement.

    Je passe les heures suivantes dans un brouillard de fumée et de shots de Jäger. Au moment où quelques groupies commencent à se déshabiller et à se peloter au centre du salon, je suis prêt à partir. C’est chouette de se laisser aller un peu. Mais les enfants se lèvent tôt et si je n’arrive pas à avoir au moins un cycle de sommeil complet, je serai incapable d’être fonctionnel en mode papa.

    Je demande un taxi à partir de mon application et salue les gens. Une heure plus tard, j’entre en titubant chez moi, faisant de mon mieux pour être discret et ne pas réveiller Mariana et les enfants. J’envisage d’aller dans la chambre à coucher, mais je ne veux pas réveiller Mariana. De plus, elle a horreur de l’odeur du cigare. Je ne veux pas qu’elle se réveille avec cette odeur et qu’elle commence la journée du mauvais pied.

    J’opte donc pour le canapé.

    Je m’affale sur notre canapé géant et me blottis contre les oreillers. La dernière chose à laquelle je pense avant de sombrer dans un sommeil ivre est que Mariana avait raison. Il s’agit réellement du canapé le plus confortable sur lequel j’ai dormi.

    ***

    La lumière du soleil me tire du sommeil. C’est étrange. Cette partie de la maison n’est jamais ensoleillée tôt le matin.

    J’ouvre les yeux un peu plus, puis je comprends qu’il doit être beaucoup plus tard que je ne le croyais, car le soleil brille à travers les stores.

    La maison est étrangement silencieuse. Je n’ai pas encore entendu Théo crier et aucune fille n’a mis son doigt dans mon nez ou n’a mis de barrettes dans mes cheveux. Je crois. Je passe ma main dans mes cheveux rapidement et je le confirme. Je me demande à quel point j’étais bourré pour avoir dormi malgré leur tapage. Je n’aurais pas dû boire des shots de Jäger. Ça ne se finit jamais bien pour moi.

    Je me frotte le visage, j’inspire profondément, puis je m’assois. Où est ma famille ? Mariana les a-t-elle amenés quelque part pour me laisser dormir ? C’est le genre de chose qu’elle ferait. Elle est si attentionnée.

    Je me rends au frigo pour boire de l’eau et chasser cette sensation de bouche sèche. J’étire mes bras et fais craquer mon dos. Le canapé est confortable, mais rien ne se compare à mon immense lit. On a délié la bourse pour ce matelas l’an dernier et ça en a valu la peine. J’ai hâte de m’y blottir contre Mariana ce soir. Je suis vraiment heureux d’être en congé aujourd’hui. Il n’y aura pas de fête ce soir. Passer du temps avec ma famille me manque.

    Après avoir bu deux bouteilles d’eau, je vais dans la salle de bains pour me nettoyer des saletés de la veille, m’arrêtant uniquement pour jeter mes vêtements sales dans le lave-linge. Je ne veux pas que les vêtements de Mariana soient imprégnés de l’odeur du cigare, même dans le lave-linge. Elle détesterait ça.

    Dix minutes plus tard, je suis suffisamment propre et éveillé. Maintenant que mon esprit n’est plus si embrouillé, je me demande où Mariana a emmené les enfants. Peut-être les a-t-elle sortis pour le déjeuner ? Peut-être les a-t-elle emmenés au parc ? Il est vrai qu’elle a lu quelque chose à propos d’un nouveau parc dans notre quartier qui aurait une mini-ferme fantastique. Elle a mentionné vouloir que nous y allions avec les petits. J’imagine qu’ils étaient si fébriles qu’elle a choisi d’y aller.

    J’ouvre la porte du dressing, puis j’allume la lumière et je fouille dans mes vêtements. Je prends un pantalon de sport et un vieux tee-shirt de l’Iguana. Ça fait des années que j’ai joué pour eux, mais puisque Mariana dit qu’ils font partie de mon histoire, nous avons gardé tous les vêtements qu’ils nous ont envoyés.

    Je me retourne pour sortir, mais quelque chose attire mon regard. Il y a des espaces vides à l’endroit où elle range ses chaussures. Elle en a environ cinquante paires, mais il en manque au moins dix. Est-elle partie les donner à un organisme de bienfaisance ?

    Je tourne sur moi-même et fais le bilan de notre dressing. Il y a des espaces vides sur la tringle, là où ses vêtements sont manquants. Son tiroir de sous-vêtements est complètement vide. Le dossier contenant les documents importants comme les certificats de naissance : introuvable.

    Mon cœur s’affole. Qu’est-ce qui se passe, merde ?

    Je cours jusqu’à la chambre des filles et ouvre leurs tiroirs. Vides.

    Le placard à jouets en contient encore quelques-uns, mais la plupart ont disparu.

    Je cours à la chambre de Théo. J’espère le trouver couché en boule dans son lit en suçant son pouce, mais je suis ébranlé de trouver son petit lit vide.

    Comme ses tiroirs.

    Comme sa garde-robe.

    Pas de couches. Pas de lingettes.

    Sa peluche préférée, le singe cousu à une couverture de satin avec laquelle il se frotte le visage en s’endormant… est disparue, elle aussi.

    Je reviens au salon, la panique s’emparant de moi. La seule chose que je me dis est qu’ils ont été kidnappés. Quelqu’un est venu, a ramassé leurs trucs, et les a emmenés. L’autre alternative est trop difficile à envisager.

    Je prends mon téléphone sur la table basse et j’envoie un texto à ma femme.

    Où es-tu ??? Tu me fous la trouille ! S’il te plaît, dis-moi que vous allez bien.

    Quelques secondes plus tard, sa réponse arrive.

    Tout va bien. Nous sommes chez ma mère. La note sur la table de la cuisine t’expliquera tout.

    La note ? Je réfléchis. Quelle note ?

    Je vais en vitesse à la cuisine et y trouve bel et bien un message écrit à la main, éclairé par les rayons du soleil.

    Santos,

    Je t’aime plus que tout. Mais j’en ai assez. Je ne peux plus être mariée à un homme infidèle.

    Mon cœur se serre. Elle le sait. Comment se fait-il qu’elle le sache ?

    Les enfants et moi habiterons chez ma mère pour un moment. Tu peux les appeler ou leur parler par FaceTime quand bon te semble. Puisque tu es en pleine saison, nous pourrons organiser la garde des enfants en temps et lieu.

    Prends soin de toi,

    Mariana

    Ça ne peut pas être en train d’arriver. Ma femme ne m’a pas quitté. Je compose immédiatement son numéro et fais les cent pas dans le salon en attendant qu’elle réponde. Je suis presque surpris quand, trois sonneries plus tard, elle répond.

    — Allô ?

    — Qu’est-ce qui se passe ? je gronde dans le téléphone.

    — Je crois que c’est assez évident, rétorque-t-elle. Je fais une demande de divorce lundi.

    — Tu… je commence, étonné. Tu… tu fais une demande… mais pourquoi ?

    — Pourquoi ? s’exclame-t-elle. POURQUOI ?! Eh ben peut-être parce que j’en ai assez que tu me laisses seule à la maison tandis que toi, tu traînes avec tes coéquipiers après les matchs.

    — Bébé. Tu sais que je deviens excité pendant les matchs. C’est juste une façon de faire descendre l’adrénaline.

    — Vraiment ? Tu essaies vraiment de me calmer avec un ton condescendant et des excuses ? Tu baises des putains de groupies dans mon dos et tout ce que tu trouves comme excuse, c’est que c’est pour faire descendre l’adrénaline ?

    Je ne l’ai jamais entendue si fâchée avant. Je fais la seule chose qui me vient en tête. Je nie.

    — Quoi ? Je ne fais pas ça. Pourquoi penses-tu ça ?

    — J’ai parlé à Tiffany hier soir, Santos.

    J’en ai le souffle coupé.

    — Elle m’a tout raconté.

    Je passe mes doigts

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