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Vie, mort et renaissance
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Vie, mort et renaissance

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About this ebook

Des concepts aussi fondamentaux pour le bouddhisme comme karma et renaissance, présentés par quelqu’un qui pratique et enseigne le bouddhisme depuis de nombreuses années. Un livre réussi qui rend, dans un langage actuel, toute la précision des textes classiques.
Le monde dans lequel nous vivons est très différent de celui dans lequel le Bouddha est né, a vécu et enseigné. Beaucoup de personnes pensent donc que cette approche est irréaliste, utopique et impossible à appliquer au quotidien moderne. C’est une erreur. En vérité il n’y a rien dans les enseignements bouddhistes qui ne puisse être appliqué à la vie de tous les jours. Au contraire, cette vision du monde qui reconnaît la profonde interdépendance des phénomènes et des êtres et qui fait appel à la bonté, la tolérance et la non-violence dans le sens le plus large du terme, est d’une actualité rare dans un monde aussi dépourvu de valeurs humaines, où la croissance démographique et technologique ont fait de nous de puissants prédateurs.
Par la connaissance de la loi de la causalité des actes (karma), les enseignements du bouddhisme tibétain nous apprennent à mieux gérer notre existence, éprouver plus de bonheur et contribuer à la création d’un monde meilleur. Véhiculant depuis des siècles des enseignements détaillés sur ce qui se passe au moment de la mort, durant l’état intermédiaire (entre deux vies) et lors de la renaissance, ces enseignements sont d’une grande profondeur et d’une immense utilité.

LanguageFrançais
Release dateApr 6, 2015
ISBN9781310975813
Vie, mort et renaissance
Author

Tsering Paldron

Tsering Paldron was born in Lisbon, Portugal and traveled to Brussels at the age of 19 where she met a Tibetan Lama and became Buddhist. Her spiritual journey started in 1973. She did a three years' retreat in the 80's in France and has received teachings from many Tibetan lamas like Dudjom Rinpoche, Dilgo Khyentse Rinpoche, Trulshik Rinpoche and many others. She has been teaching and traveling for the past 25 years, wrote a few books. She gives regular courses, seminars, talks and meditation classes in Portugal, France, Belgium and England and is in charge of Bodhicharya Portugal.

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    Vie, mort et renaissance - Tsering Paldron

    «Je ne désire pas convertir les autres au bouddhisme, mais leur faire part de la façon dont nous, bouddhistes, pouvons apporter notre contribution à l’humanité, selon notre propre conception du monde.»

    Tenzin Gyatso, le XIVème Dalaï Lama

    Quelle est la motivation qui sous-tend nos actes? Pourquoi nous sommes-nous mariés, pourquoi avoir choisi une profession plutôt qu’une autre, pourquoi nous sommes-nous levés ce matin, avons mangé le petit déjeuner, sommes-nous partis travailler? Pourquoi avons-nous acheté ce livre, pourquoi le lisons-nous? Toutes les décisions que nous prenons, qu’elles soient importantes ou pas, ont pour but direct ou indirect l’obtention du bien-être et du bonheur.

    Nous pouvons même affirmer que le mobile de tous les efforts faits par l’humanité depuis la nuit des temps est la recherche du bonheur. La religion, la culture, l’art, la science, toutes les inventions, des plus simples aux plus sophistiquées, sont les échos de cette nécessité fondamentale qui, d’après le bouddhisme, n’est pas seulement naturelle, mais prouve aussi que notre véritable nature est sérénité et bien-être. En effet, cette soif de bonheur vient de la reconnaissance implicite que la souffrance, le désespoir et l’angoisse sont des états altérés et contre nature et que, par conséquent, vouloir nous en libérer est aussi légitime que de chercher à enlever une épine du pied.

    Mais la grande question est de savoir quelles sont les véritables sources de bonheur et comment nous pouvons les conquérir. La réponse la plus évidente est que le bonheur dépend des objets extérieurs. Être entouré de personnes qui nous veulent du bien, avoir un certain degré de confort matériel, manger à notre faim, etc.: voilà des exemples de sources de bien-être généralement reconnues. Pour la majorité des êtres le bien-être vient d’avoir un compagnon, enfants, maison, voiture, harmonie familiale et un certain degré de confort matériel, variable selon le pays, la classe sociale et, de façon générale, ce qu’ils se sentent en droit d’attendre de la vie.

    A partir de cette perspective de ce que sont les sources du bien-être, l’Occident, surtout depuis le début du XXème siècle, a placé dans le progrès scientifique l’espoir d’un monde meilleur, d’une augmentation de bien-être et de bonheur pour l’humanité. Et il est vrai que nous ne pouvons nier tout le confort que les technologies résultantes des découvertes scientifiques ont effectivement apporté à la société moderne. Indéniablement nous vivons plus longtemps et nos conditions de vie sont plus faciles que par le passé, mais… sommes-nous plus heureux?

    Tout d’abord le confort et les facilités matérielles ne sont pas à la portée de tous. Malheureusement de très nombreux êtres humains vivent encore dans des conditions de vie inhumaines. Des milliers de personnes meurent de faim tous les jours, des enfants sont maltraités et exploités, il y a regulièrement des catastrophes humanitaires.

    Ensuite les résultats écologiques de cette course au bien-être sont dévastateurs. Nous détruisons les forêts, tous les jours des espèces animales et végétales disparaissent. Les écologistes nous disent qu’il n’y aura bientôt plus assez de forêts, plus d’eau potable et de moins en moins d’air à respirer… Le climat change et la planète se réchauffe menaçant sérieusement notre survie.

    Avec l’avènement des crises financières en Europe et un peu partout dans le monde, l’insécurité nous mine et le rêve du progrès semble s’évanouir peu à peu. On commence à se rendre compte que le prix à payer pour cette débauche de consommation est très élevé. Et si encore tout cela était réellement synonyme de bonheur!? Mais ce n’est pas le cas. Il nous faut reconnaître que ni les voitures, ni les téléphones, ni la télévision, n’ont fait de nous des êtres humains plus accomplis ni plus heureux. Ils alimentent, oui, notre inépuisable soif de posséder tout comme le fait de boire de l’eau salée augmente la soif. Au fond, le véritable bonheur, l’authentique confort, est-ce d’avoir une voiture, un téléphone et une télévision, ou d’être en paix avec soi-même?

    La réponse que le bouddhisme offre à cette question est différente. Le Bouddha était un prince qui n’a manqué de rien. Riche, aimé, entouré de beauté et d’harmonie, Siddharta ne connaissait ni la souffrance, ni la vieillesse, ni la maladie ni la mort. Lorsque pour la première fois il prit contact direct avec ces réalités, Siddharta eut un choc: c’était donc là la destinée des hommes, cette alternance de douleur et de bien-être, cette incertitude du lendemain? Profondément touché, comprenant que face à la souffrance, à la mort et au passage du temps rois et mendiants sont aussi impuissants, Siddharta décida de rechercher une réponse universelle. La réponse qu’il trouva a indiqué une voie radicalement différente de celle que nous venons de décrire. Les bouddhistes tibétains s’appellent nang pa, «ceux qui cherchent à l’intérieur». L’approche bouddhiste de la vie et du bonheur est donc celle d’une recherche intérieure.

    Notre société vit des moments de crise, et ce n’est pas seulement au niveau économique. Nous avons tellement misé dans des valeurs matérielles que nous avons souvent perdu tout contact avec la spiritualité. Conscientes de ce malaise, de plus en plus de personnes cherchent dans le bouddhisme ce qui pourrait redonner un sens à leur vie. Grâce à sa flexibilité et non-dogmatisme le bouddhisme possède des caractéristiques très attrayantes, mais il n’est pas toujours facile de pénétrer ses notions fondamentales dans un langage accessible car la plupart des livres disponibles se destine à des pratiquants bouddhistes et présuppose une certaine vision du monde et certaines connaissances de base.

    L’approche de ce livre a deux buts: le premier c’est de présenter les notions bouddhistes de base qui permettent d’extraire des références et des valeurs sur lesquelles il est possible d’établir une éthique laïque. Il s’agit d’un premier pas menant à l’élaboration d’une forme de spiritualité séculière qui peut être intégrée à la vie de tous les jours.

    Le deuxième c’est de jeter un pont permettent d’aborder les textes précieux des grands Maîtres en évitant les écueils les plus courants de la part d’occidentaux voulant aborder la vision orientale du monde.

    Donc, dans les chapitres suivants je traiterai divers aspects de la vision bouddhiste de la vie, à savoir, la naissance, la mort, la renaissance, l’existence d’autres formes de vie, la valeur de l’existence humaine et la méditation.

    Je voudrais exprimer ma gratitude à mon Lama Racine pour la confiance et l’amour avec lesquels il m’enseigne depuis bientôt quarante ans. Sa présence rayonnante m’a permis de comprendre la valeur de la naissance humaine et m’a inspiré le désir de l’imiter. C’est cela qui a donné un sens à ma vie.

    Je ressens aussi une immense gratitude vis-à-vis de tous les lamas qui, sous de multiples formes, m’ont enseigné: Sa Sainteté le Dalaï Lama, Kyabjé Dudjom Rinpotché, Kyabjé Dilgo Khyentsé Rinpotché, Kyabjé Trulshik Rinpotché, Kyabjé Rabjam Rinpotché, Khentchen Péma Shérab et bien d’autres. J’ai, en outre, une reconnaissance toute particulière vis-à-vis de Tsétrul Péma Wangyal Rinpotché sous la direction de qui j’ai fait une retraite de trois ans en Dordogne et Ringu Tulku Rinpotché pour tout ce qu’il m’a enseigné et le soutien qu’il m’a apporté. J’espère avoir pu rapporter fidèlement les paroles de ces grands êtres et le sens de leurs enseignements.

    Retour à la table des matières

    1 | La loi de la causalité des actes

    L’approche bouddhiste du monde est essentiellement humaniste, car elle se penche sur les problèmes humains et la façon de les résoudre. A l’inverse de la majorité des religions du monde, elle ne s’articule pas autour de l’idée d’un Dieu créateur et considère le karma comme la loi régissant les phénomènes.

    «D’après les écritures bouddhistes, le créateur du monde tel que nous le connaissons n’est rien d’autre que la force du mûrissement de nos propres actions passées, ou karma. N’importe quelle action que nous créons produit une empreinte dans l’esprit qui contribue à notre évolution future. En bref, le bonheur est toujours le produit d’une activité positive et la souffrance d’une activité négative.»

    Tenzin Gyatso, Quatorzième Dalai Lama

    «Prenez garde aux plus infimes aspects

    De la loi de la causalité

    Et vous obtiendrez sans effort

    Le bonheur des dieux et des hommes.»

    Shabkar

    Karma

    Le mot karma est un mot sanscrit. Il veut dire «action» et désigne l’aspect de la loi de causalité qui établit un lien entre nos actions et les expériences de bonheur et de souffrance qui en résultent. Dans cette acception, ce n’est pas un concept exclusivement bouddhiste. Tout l’Orient croyait au karma.

    L’idée de causalité, en soi, n’a rien d’extraordinaire, c’est une notion empirique. Certaines philosophies nihilistes ou existentialistes, qui prétendent que les choses naissent au hasard, sans reposer sur des causes, sont en franche contradiction avec notre expérience du monde. Le feu brûle, l’eau mouille et si nous n’avions pas établi une relation de cause à effet nous ne pourrions rien apprendre et le monde serait un chaos dans lequel nous ne trouverions aucun sens.

    Cependant, la loi de causalité va bien plus loin que ce niveau empirique. Et on constate que tout dans l’univers est le résultat de causes et circonstances et que c’est là la manière dont les choses fonctionnent. Quant au karma, il va plus loin encore, en établissant ce même lien de causalité entre la nature de nos actions et celle de nos expériences.

    Le Bouddhisme cherche à trouver des solutions aux problèmes humains. Ceux-ci se résument souvent à une recherche de bonheur et une tentative de repousser la souffrance. Cependant, quand nous regardons autour de nous nous pouvons constater qu’il existe beaucoup plus de souffrance que de bonheur. Pour quelle raison, alors que nous voulons uniquement être heureux, nous finissons presque toujours par souffrir et faire souffrir les autres?

    Le Bouddhisme affirme que le bonheur ne peut venir que d’actions physiques, verbales et mentales constructives et la souffrance d’actions destructrices. Par exemple, quand une femme a une aventure avec un homme marié elle espère en retirer un certain bonheur. Mais, comme cette action est destructrice – dans le sens où elle provoque souffrance – son résultat ne peut être positif. En réalité, à long terme, cette action lui amène bien plus de problèmes que de satisfactions et, par conséquent, en agissant ainsi, son manque de discernement l’amène à obtenir le résultat inverse de celui qu’elle recherche. La plupart de nos actions négatives sont commises par manque de réflexion et non à partir d’une véritable intention de nuire. Malheureusement, nous retrouvons ce comportement inconséquent aussi au niveau planétaire, par exemple dans la façon dont nous gérons les ressources naturelles de la planète, les forêts, les rivières, les océans: nous agissons comme si après nous il n’y avait personne d’autre…

    Quand nous plantons un arbre nous n’espérons pas cueillir les fruits le lendemain. Mais si, par impatience, voulant à tout prix un résultat plus rapide, nous le prenons comme bois de chauffage, alors qu’il n’est encore qu’un arbuste, n’est-ce pas faire preuve d’immaturité? Or, dans une certaine mesure c’est exactement ce que nous faisons. Notre vue est très étroite et nous ne voyons que de possibles bénéfices immédiats. A cause de cela nos actions produisent souvent le résultat exactement inverse de ce que nous souhaitons.

    Il faudrait aussi savoir que notre bonheur n’est pas séparé de celui des autres, qu’il ne pourra pas être obtenu en sacrifiant les autres, en les trompant, ou en leur faisant du mal. Ce n’est ni une question morale, ni un jugement de valeurs, c’est une mécanique universelle qui découle naturellement de l’interdépendance qui existe entre toute chose.

    Partant d’une intention égoïste, une action qui fait souffrir les autres crée un processus négatif. C’est un mouvement, une ride à la surface d’un lac, un boomerang lancé dans l’espace. Ce mouvement se transmettra à la manière d’un carambolage de voitures. Sa nature destructrice, blessante, douloureuse se transmettra tout le long. Et finalement elle nous reviendra, tout de suite ou bien plus tard, sous la forme d’une expérience désagréable. Se conformer à cette loi n’est pas une question d’altruisme, mais d’égoïsme éclairé.

    Conditionnement ou déterminisme

    Ainsi, dit le Bouddhisme, notre vie est conditionnée par les effets à court, moyen et long terme de nos actions physiques, verbales et mentales. Nous sommes responsables de nos actes et de leurs conséquences, à nous donc de prendre les rênes de notre destin.

    Une des principales conséquences de cette vue du monde est celle de nous donner un sens de responsabilité. Plus question de nous dire que nous pouvons impunément tout faire, tout dire et tout penser et ensuite accuser notre Créateur, les autres ou le hasard, d’injustice et de cruauté. Fini le confort de l’enfance: faire toutes les bêtises sans réfléchir, et trouver que nos parents nous punissent sans raison. Quand on commence à envisager l’idée de karma, il faut vraiment grandir. Certains trouveront très inconfortable de ne pouvoir s’en prendre qu’à eux-mêmes.

    Quelque soit l’action que nous réalisions elle naît dans l’esprit. Même dans le cas d’actes faits sans réfléchir, dans le feu de l’action, l’intention précède l’acte ne fût-ce que de quelques microsecondes. Cette intention ne produit pas seulement des résultats extérieurs en démarrant un processus, une réaction en chaîne, elle laisse aussi une empreinte dans notre esprit. Ainsi elle nous conditionne doublement: extérieurement, elle façonne le décor dans lequel nous évoluons; intérieurement elle prédispose notre esprit à adopter une certaine attitude face à telle ou telle circonstance.

    Ainsi, en agissant négativement, non seulement nous créons une réaction en chaîne négative dans notre environnement, mais de surcroît nous prédisposons notre esprit à mal réagir. Prenons l’exemple de quelqu’un qui braque une banque. Extérieurement il déclenche tout un processus policier qui vise à l’attraper, le juger et le mettre en prison. Intérieurement, cet acte le prédispose à passer à la violence pour défendre sa peau. La combinaison de ces facteurs externes et internes conditionne toute son existence.

    On peut se demander si la notion de karma implique un déterminisme absolu ou bien si elle nous laisse encore une quelconque liberté. Peut-être avez-vous remarqué que nous avons utilisé le mot conditionnement pour parler du karma. En effet, il s’agit bien d’un conditionnement, d’un indice de probabilité et non d’une fatalité.

    Ainsi quelqu’un qui croit au karma n’est pas, comme le pensent certains, un être résigné, une marionnette préprogrammée dans les mains du destin. Bien au contraire, croire au karma veut dire accepter la responsabilité de créer notre propre destin à chaque instant. Tout en sachant, cependant, que nous possédons de fortes probabilités de rencontrer tel scénario et d’être tenté de réagir de telle ou telle façon. Mais il nous restera toujours un certain degré de liberté, variable suivant les personnes, les circonstances et la force du conditionnement.

    Nous avons tous rencontré au cours de notre existence des situations où il nous semble impossible d’agir différemment de ce que nous faisons. Cependant, des années plus tard nous constatons souvent que nous aurions parfaitement pu faire autrement. Cela veut dire que nous avions la liberté d’agir autrement mais, par manque de liberté intérieure, nous ne l’avons pas fait.

    A la recherche de la liberté

    Si nous réfléchissons au karma, nous allons comprendre que nous avons intérêt à prendre l’habitude de réagir positivement à ce qui nous arrive. L’égoïste éclairé comprend aisément tout le bénéfice d’une telle attitude. Ne pas nuire aux autres crée un environnement plus accueillant; une attitude d’esprit constructive nous prédispose naturellement à l’optimisme. Ces deux choses peuvent s’avérer fort utiles en cas de revers de fortune. Mais comment faire pour réagir positivement lorsque tout va mal? Pour trouver l’alternative constructive dans une situation sans issue? Où allons-nous pouvoir trouver la solution inattendue?

    En fait, ce potentiel existe en nous. Il est profondément enfoui dans notre esprit et souvent ne fait surface que lorsque nous sommes sérieusement acculés. Dans certains cas extrêmes nous trouvons des solutions inattendues et très efficaces. Si cela nous arrive rarement c’est qu’en général nous glissons vers le plus facile. Là, la notion de karma et les règles qui en découlent, en mettant un frein à nos comportements négatifs habituels, peuvent nous aider à trouver des solutions originales qui sont la manifestation du potentiel de liberté fondamentale que nous possédons tous.

    Généralement les gens pensent que la liberté consiste à faire exactement ce qu’ils ont envie. Pourtant, nous venons de voir que ce que nous avons envie de faire n’est bien souvent que ce pourquoi nous sommes conditionnés et ce type de liberté est illusoire. En introduisant des points de repère dans notre vie, la notion de karma nous aide à trouver des solutions vraiment nouvelles aux conflits et aux cas de conscience et nous enseigne à mieux gérer notre existence. Plus qu’un code moral, c’est un cours de gestion. Elle ne nous impose guère un tableau rigide du bien et du mal, mais des paramètres souples d’appréciation de chaque situation en fonction de critères plus étendus que ceux que nous avons l’habitude d’utiliser – dans l’espace, l’interdépendance de notre bien et de celui d’autrui; dans le temps, la prépondérance du résultat à long terme par rapport au résultat immédiat.

    Les actions négatives du corps

    La tradition distingue dix actions négatives qui sont à éviter. Comme nous l’avons déjà dit, ces actions négatives sont celles qui sont réalisées avec l’intention de nuire et qui produisent de la souffrance. Ces actions ne sont donc pas moralement répréhensibles – elles sont surtout inappropriées dans la mesure où leur résultat est souffrance, à court et à long terme. De ces dix actions négatives de base, trois sont physiques, quatre verbales, et trois mentales.

    Tuer est la première et la plus grave de toutes les actions négatives. Il n’y a pas un seul être, même un tout petit insecte, qui n’ait pas l’instinct de la survie. S’il sent que sa vie est en danger, il essayera d’échapper. Les cochons, les vaches, les poules et autres animaux souffrent terriblement lorsqu’ils sont abattus. Puisque tous les êtres tiennent à la vie, mourir provoque toujours une grande angoisse. C’est donc le plus lourd de tous les actes nuisibles. Tuer implique dans le sens bouddhiste prendre la vie et cela ne concerne pas seulement la vie humaine. Tuer une poule, un moustique, un cafard ou un éléphant, c’est prendre la vie.

    Voler est le deuxième acte nuisible. En tibétain cela se dit, littéralement, «prendre ce qui n’est pas donné». On peut s’approprier ce qui ne nous appartient pas par la violence, par la tromperie, en trichant, en rentrant dans les ordinateurs de la Banque Centrale, par la publicité mensongère, en détournant des fonds, par la

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