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Diane: Faire la paix avec le passé
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Ebook383 pages

Diane: Faire la paix avec le passé

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About this ebook

4e livre de la série Arissiel
Ce quatrième tome de la série ARISSIEL continuera à vous tenir en alerte grâce aux nouvelles expériences du jeune Ari qui a reçu des dons particuliers et une grosse somme d'argent pour aider ceux qui l'entourent. Comment arrivera-t-il à garder sa promesse de chasteté en échange de ce qu'il a reçu dans l'au-delà avec son guide Mishaël? Malgré ses difficultés, il ouvre une résidence pour accueillir des jeunes vivant dans la rue, aidant ceux-ci à se libérer d'un passé difficile.
Dans cet ouvrage, il aide particulièrement sa maman DIANE qui se retrouve avec plusieurs problèmes. Vous découvrirez à quel point le fait de se réconcilier et de vouloir vivre dans l'amour, produit une série d'événements merveilleux dans tout notre entourage.Cet ouvrage a aussi pour but de vous faire découvrir les guérisons physiques qui suivent les guérisons de l'âme, grâce à la libération du passé, qui est possible par la réconciliation et le pardon.

Sachez qu'il n'est pas essentiel de lire cette série dans un ordre précis.
LanguageFrançais
PublisherBookBaby
Release dateMay 13, 2014
ISBN9782920932548
Diane: Faire la paix avec le passé

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    Book preview

    Diane - Lise Bourbeau

    PROLOGUE

    Je m’appelle Ari Labonté. Dans ma vie précédente, je m’appelais Arissiel Labonté et je suis mort au moment où de jeunes voleurs armés se précipitaient hors de la banque où je m’apprêtais à entrer. À la vue des policiers qui se ruaient sur eux, un des fuyards a tiré son arme à l’aveuglette et une balle m’a atteint. J’avais cinquante-cinq ans. Après ma mort, j’ai eu un choc lorsque j’ai constaté que la vie continuait. En effet, à mon décès, je me suis séparé de mon corps et j’ai séjourné dans le monde des âmes où j’ai retrouvé mes parents et plusieurs connaissances.

    Lorsque j’étais dans l’au-delà, le plus pénible était d’être témoin des événements qui se déroulaient sur la Terre, surtout ceux concernant mon ex-femme, Mona, et mes enfants, Benani et Carina. Je ne les avais pas vus depuis cinq ans lorsque je suis mort parce que je travaillais sans arrêt dans le but d’amasser une fortune. C’est donc depuis l’au-delà que j’ai appris que Benani avait épousé une femme nommée Diane et qu’ils attendaient un enfant.

    Dans ce monde des âmes, j’ai eu le privilège de rencontrer Mishaël, un guide qui m’a aidé à prendre conscience de plusieurs vérités. Il m’a prodigué des enseignements importants qui, m’a-t-il expliqué, me serviraient lorsque je reviendrais sur la Terre pour continuer mon cheminement avec ma famille. Bien que je fusse très sceptique au début, j’étais porté malgré moi à l’écouter.

    Après de nombreux enseignements que j’acceptais de plus en plus, il m’a fait une offre extraordinaire que j’ai acceptée sans en connaître toutes les implications. Il m’a appris que je recevrais un cadeau inattendu lorsque j’aurais dix-huit ans. Quand je lui ai demandé pourquoi il m’avait choisi, il m’a expliqué que ma dernière vie avait été si matérielle que j’en avais oublié le cheminement spirituel que j’avais fait au cours de mes incarnations précédentes et qu’il était là pour m’aider à le continuer. Ma prochaine vie serait le prolongement de mon évolution spirituelle.

    Je suis donc revenu sur Terre et suis maintenant le fils de Benani, mon fils dans ma vie précédente. C’est comme si j’étais mon propre petit-fils. Je dois vivre selon les promesses faites à Mishaël et accomplir ma mission qui est d’apporter amour et lumière à mon entourage et ainsi contribuer à élever les vibrations de la planète tout en apprenant ce dont mon âme a besoin. En échange, j’ai reçu des dons particuliers, dont celui d’entendre à certains moments les pensées de certaines personnes autour de moi et de voir leur passé ainsi que leur futur.

    Le jour de mes dix-huit ans, j’ai reçu deux millions de dollars de ma grand-mère, que j’appelle mamou, et qui était mon ex-femme, Mona, dans mon autre vie. Cette dernière avait hérité de la fortune d’Arissiel et voulait en donner à ses deux enfants, Carina et Benani. Mais comme celui-ci était en réaction contre son père, il a refusé l’argent. Mamou l’a donc gardé pour moi jusqu’à ce que j’aie dix-huit ans. J’ai aussi réussi à accéder à une grosse somme d’argent que j’avais déposée aux îles Caïmans lorsque j’étais Arissiel. Ce fut la surprise que Mishaël m’avait promise. À part moi, il n’y a qu’une seule personne qui connaisse l’existence de cet argent¹.

    Mishaël m’a expliqué que j’étais très riche dans cette vie-ci afin d’apprendre à me détacher de l’argent et à l’utiliser intelligemment. En échange, je devais lui promettre quelque chose, alors j’ai choisi de vivre dans l’abstinence sexuelle. Je lui avais aussi promis d’apporter de l’amour et de la lumière dans mon entourage, ce que j’ai commencé à faire assez jeune. J’ai commencé mon travail avec mon père, Benani, et que j’appelle maintenant Ben. Mon père a appartenu à une secte pendant plusieurs années, est devenu alcoolique et a tout perdu, incluant sa femme, ma mère. Il a dû faire plusieurs réconciliations avant de retrouver ce qu’il avait perdu.

    Quant à ma tante Carina, ma fille dans ma vie précédente, elle a mis au monde des jumeaux, Paul et Paula. Personne n’est au courant, mais ils sont la réincarnation de mes parents lorsque j’étais Arissiel. Carina a décidé d’aller vivre à Vancouver avec mamou parce qu’elle était tombée enceinte après une aventure et ne voulait pas du père dans sa vie ni dans celle de ses enfants.

    Carina, ses enfants et mamou sont revenus vivre au Québec en 2004, l’année où j’ai eu dix-huit ans. Carina est la deuxième personne que j’ai pu aider grâce aux enseignements de Mishaël et de mes dons. Elle s’est guérie de son trouble obsessif compulsif (TOC) et s’est réconciliée avec sa mère et le père de ses enfants.

    Avec mon argent personnel, j’ai pu m’installer dans un appartement et voyager. J’ai rencontré une jeune femme qui s’appelle Kim et avec qui j’ai beaucoup de difficulté à tenir ma promesse d’abstinence. J’ai aussi décidé de prendre une année sabbatique pour décider de ce que je voulais faire de ma vie.

    À dix-neuf ans, j’ai appris que mon père avait une maîtresse et qu’elle était enceinte de lui, ce qui a causé la deuxième séparation de mes parents. Ben est très peiné, mais étant maintenant une personne responsable, il accepte le fait qu’il a lui-même créé cette situation et est déterminé à regagner l’amour de ma mère, Diane.

    Il n’y a pas si longtemps, j’ai aidé une jeune fille qui vivait dans la rue, ce qui m’a permis de découvrir ce que je voulais faire dans la vie, soit fonder une résidence pour aider les jeunes qui sont dans la même situation. Cette résidence portera le nom de RÉSIDENCE LABONTÉ. Kim travaille avec moi sur ce projet et elle est la seule à savoir d’où provient l’argent utilisé pour mettre sur pied la résidence².

    ~ 1 ~

    Le bébé arrive

    Nous sommes le 18 février 2006. Il est encore tôt quand je reviens de ma course matinale sur ma piste préférée le long du fleuve Saint-Laurent. Je demeure toujours dans l’appartement que j’ai loué il y a deux ans quand j’ai reçu mon héritage de mamou. Je m’y sens très bien et j’aime la belle vue que j’ai sur le fleuve ainsi que le fait qu’il soit situé dans le Vieux-Montréal. Merci mille fois à l’Univers! Comme je suis privilégié! Certains ne comprennent pas comment un jeune homme comme moi peut avoir tout ce que j’ai. Il faut dire que très peu de personnes connaissent certains de mes secrets. Alors les gens ne voient que les apparences. Les promesses que j’ai faites à Mishaël ne sont pas toujours faciles à garder. Par contre, quand je les tiens, je me sens heureux, en paix et rempli de joie. C’est seulement quand ma tête prend le dessus que je vis des difficultés. Enfin, bref, c’est comme ça pour tout le monde, n’est-ce pas? Une bonne douche me fera du bien et ensuite, au boulot...

    Je n’ai même pas le temps de me doucher puisque la porte sonne. Je réponds à l’interphone. C’est Ben. Il me dit qu’il doit me voir tout de suite. Que se passe-t-il? Ça doit être sérieux pour qu’il vienne jusqu’ici à cette heure matinale plutôt que de m’appeler comme il le fait d’habitude.

    Il arrive en trombe. Lui non plus ne semble pas avoir eu le temps de se doucher : ses cheveux sont ébouriffés, sa barbe est longue et son manteau est mal boutonné. Il porte des jeans qui auraient grand besoin d’être lavés. Ça paraît qu’il vit seul : maman ne l’aurait jamais laissé partir de la maison dans cet état. Il me dit que sa maîtresse l’a appelé pour lui annoncer qu’elle avait accouché d’un petit garçon la veille. Il est dans tous ses états parce qu’elle lui a dit qu’elle ne veut pas qu’il vienne la voir ni l’enfant, pour le moment.

    Mon père a le don de me faire vivre plein d’émotions : un instant je suis en colère contre lui et l’instant d’après j’ai beaucoup de compassion pour lui et je veux l’aider. Heureusement que ça ne dure pas longtemps parce que je sais pourquoi je vis ces hauts et ces bas avec lui. En effet, je sais qu’il était mon fils dans ma vie précédente, qu’il n’était pas le fils que j’aurais voulu avoir et que je n’étais pas souvent d’accord avec lui. Il est vrai que j’avais beaucoup d’attentes à son égard et que je ne savais pas ce que signifiait l’amour inconditionnel. Je sais aujourd’hui que moi aussi, en tant que son père, ne répondais pas à ses attentes d’un bon papa.

    Grâce aux enseignements reçus de mon guide Mishaël dans l’au-delà et que je continue de recevoir, j’ai pu accepter de relever le défi de revenir sur la Terre afin de pratiquer ce genre d’amour et aider d’autres personnes à le faire. J’ai donc eu le bonheur de pouvoir aider papa à se pardonner il y a plus de deux ans, ce qui l’a sauvé de l’alcoolisme et de la déprime. Ça m’a moi-même aidé à faire la paix avec lui. Depuis, nous sommes devenus des amis et c’est pourquoi je suis davantage porté à l’appeler Ben plutôt que papa.

    Suite à tout ce travail de réconciliation et de pardon que nous avons fait tous les deux, j’ai eu le bonheur de voir mes parents se réconcilier et reprendre leur vie de couple. Ils étaient si heureux ensemble depuis ce temps. Pourquoi Ben a-t-il encore rechuté? Pourquoi avait-il besoin de se laisser séduire par une belle Italienne et de prendre de tels risques? Je dois avouer que j’ai vécu de la colère pendant un bon moment. Heureusement, je suis arrivé à revenir dans mon cœur quand il m’a expliqué à quel point il aimait toujours maman et qu’il voulait mettre un terme à cette relation, mais n’y arrivait pas.

    Mon père a de grandes leçons à apprendre dans cette vie-ci au sujet des envoûtements. Quand j’avais neuf ans, il s’est laissé envoûter par une secte, ce qui a engendré ses problèmes avec maman et l’alcool. Cette fois-ci, il s’est laissé envoûter par une femme. Il est conscient que ça s’est reproduit parce qu’il s’en voulait encore de s’être laissé envoûter la première fois. Il n’a pas encore réussi à s’accepter dans ce deuxième envoûtement, mais il sait maintenant ce qu’il a à faire pour y parvenir. Je me demande s’il y arrivera cette fois-ci!

    Ce qui lui rend la tâche plus difficile est le fait que cette femme, qui s’appelle Luisa, est tombée enceinte et qu’elle proclame que cet enfant est de lui. Il s’en veut tellement qu’il préfère continuer à avoir des doutes sur sa paternité. Il a dit à Luisa qu’il reconnaîtrait cet enfant comme étant le sien à condition qu’il puisse faire un test d’ADN qui prouverait sa paternité.

    Une autre raison pour laquelle il est difficile pour lui de s’accepter est le fait que maman lui a demandé de quitter la maison aussitôt qu’elle a appris la nouvelle, et ce, même si elle l’aime encore. Elle ne peut plus lui faire confiance et, pour des raisons inconnues, elle attend la naissance du bébé avant de décider de ce qu’elle fera au sujet de sa relation avec Ben. Il est donc retourné vivre seul et fait tout en son pouvoir pour regagner la confiance de maman. Elle accepte de le revoir régulièrement, mais elle est toujours en colère contre lui.

    Que va-t-il arriver maintenant que l’enfant est né? Je savais que c’était un petit garçon; j’en ai eu la vision il y a quelques mois. Je sais aussi qu’il est bel et bien le fils de papa. J’ai un demi-frère, youpi! Je sens que cet enfant tiendra une place importante au sein de notre famille.

    — Que vais-je faire? me dit Ben. Est-ce que je dois insister pour aller voir l’enfant?

    — Prends le temps de t’asseoir. Pendant que je fais du café tu vas peut-être relaxer un peu. Tu parles si vite que j’ai de la peine à te suivre...

    ...Lui as-tu demandé pourquoi elle ne veut pas te voir à l’hôpital? demandai-je à Ben une fois que nous étions bien installés avec notre café.

    — Elle a dit qu’elle est trop en colère contre moi pour me voir. Elle est aussi en colère contre elle-même d’être tombée enceinte et elle ne sait pas ce qu’elle fera de cet enfant. Elle en veut à ses parents qui lui ont dit qu’elle devait prendre ses responsabilités et assumer les conséquences de ses actes, c’est-à-dire élever cet enfant. Ils ne veulent pas qu’elle le fasse adopter parce que ça irait à l’encontre de leurs principes religieux. Ils lui dictent sa conduite même si elle est en âge de prendre ses propres décisions. Pauvre Luisa! Elle est dans tous ses états...

    ...Elle veut prendre le temps de réfléchir car elle ne se sent pas capable de s’occuper d’un enfant seule. Elle est elle-même comme une enfant : elle a peur de ses parents et surtout très peur de leur déplaire. Son père est un homme riche et elle sait qu’il peut décider de la déshériter si elle n’agit pas comme il le veut. Elle a pleuré et s’est excusée d’être si émotive. Son accouchement a été difficile et elle restera à l’hôpital encore quelques jours. Elle a terminé en disant qu’elle me rappellerait.

    — Et toi, Ben, que veux-tu faire réellement? Que ressens-tu? C’est sûr que tu veux savoir au plus tôt si tu es le père de cet enfant. Tu as hâte de savoir quelle direction maman et toi allez prendre, n’est-ce pas?

    Le pauvre! Comme il est malheureux et tourmenté. Ah! si on connaissait d’avance toutes les conséquences de nos actes, ce serait tellement plus facile d’agir. Il fixe ses souliers pendant quelques instants puis, tout à coup, il se raidit, me regarde et dit :

    — Je sais ce que je veux faire. Je vais aller à l’hôpital juste pour voir le bébé de près à la pouponnière, sans que Luisa le sache. Après tout, je ne lui ai pas promis de ne pas aller le voir. Je sens que lorsque je verrai cet enfant, je saurai quoi faire.

    — Veux-tu que j’aille avec toi?

    — Bonne idée Ari. J’accepte ton offre. Serais-tu libre dans environ une heure, le temps que je retourne chez moi pour me changer? Tu as dû remarquer que je me suis habillé vite ce matin, ajoute-t-il en riant. Je sens qu’il va déjà mieux maintenant qu’il a pris une décision. Je dois aussi passer un coup de fil pour remettre à plus tard ce que je devais faire ce matin. Nous pourrions y aller ensemble et ensuite aller manger quelque chose. Je suis trop tendu pour manger quoi que ce soit en ce moment. Ça fait un moment que nous n’avons pas pris le temps de partager tous les deux seuls, hein? Tu es tellement pris avec l’organisation de ta nouvelle résidence. Qu’en dis-tu?

    — D’accord, je te prends à ton appartement dans une heure.

    Pourquoi lui ai-je offert d’aller à l’hôpital avec lui? Ma réponse fut si spontanée que je suis certain qu’il y a une bonne raison pour que j’y aille. Je dois admettre que j’ai aussi hâte de voir ce bébé que papa...

    Après notre visite à l’hôpital, nous sommes revenus à mon appartement au lieu d’aller au restaurant comme prévu. Papa a vécu des émotions si fortes qu’il n’arrêtait plus de pleurer dans l’auto. Il a donc préféré être seul avec moi plutôt que d’être en public avec les yeux tout rouges. Je savais qu’il vivait un moment intense quand j’ai vu qu’il avait pris le temps de s’habiller avec soin pour aller à l’hôpital. C’est comme s’il allait visiter quelqu’un de spécial. Honnêtement, je croyais qu’il allait porter ses vêtements de travail afin d’être prêt pour cet après-midi. Il faut dire que Ben n’a jamais été du genre à faire bien attention à son apparence physique sauf pour des occasions spéciales. Mais, quand j’y repense, j’ai moi aussi pris le temps de m’habiller comme si j’allais à un événement spécial. Je viens juste de faire le lien avec papa... Je vais devoir me changer avant d’aller à la résidence aujourd’hui. Je dois dire que je suis l’opposé de papa à ce sujet. J’aime les beaux tissus et la sensation de douceur sur ma peau. Je n’achète pas et ne porte pas n’importe quoi!

    — Quel choc, m’a-t-il dit quand l’infirmière a apporté le bébé tout près de nous et qu’il m’a regardé avec ses grands yeux. C’est comme s’il me reconnaissait. Il me regardait avec une telle intensité que je ne savais plus trop où j’étais pendant quelques secondes. Il n’y avait que lui et moi. J’ai senti comme une grande chaleur monter en moi. Puis, quand cette chaleur a atteint ma gorge, j’ai senti une boule qui ne pouvait pas passer. C’est à ce moment que j’ai eu les larmes aux yeux. J’ai eu beaucoup de difficulté à me retenir jusqu’à ce que je sois dans l’auto. Je sais maintenant que je n’aurai pas besoin de faire un test d’ADN. As-tu vu comme il me ressemble? Beaucoup plus que toi. Je me demande pourquoi Luisa ne me l’a pas dit au téléphone.

    — J’ai bien vu qu’il se passait quelque chose d’important pour toi. Te sens-tu mieux maintenant que tu as pleuré? As-tu envie de parler davantage?

    — Oui, oui. Tu sais bien à quel point ça me fait du bien de parler à cœur ouvert avec toi Ari. Et toi, qu’as-tu vécu quand tu as vu le bébé? J’étais tellement absorbé par mes émotions que j’en ai presque oublié ta présence à mes côtés. C’est seulement lorsque tu m’as pris par le bras pour que nous quittions que je t’ai regardé.

    — Moi aussi, j’ai été tout de suite frappé par la ressemblance entre le bébé et toi. Je ne croyais pas que nous pouvions voir une telle ressemblance chez un bébé de deux jours. Je ne peux pas lui dire ce que j’ai vu et entendu. Ben devra s’en rendre compte par lui-même. Quand le bébé m’a regardé, il m’a dit : « Allô, Ari, mon grand frère. Je suis bien content de te revoir. Tu ne me reconnais pas encore, mais une chose est certaine, nous ferons plein de choses ensemble. Moi aussi je connais Mishaël. Je m’appelle Louis et je vous réserve de belles surprises à Ben, Diane et toi. » Il a ensuite redirigé son regard intense vers Ben qui n’arrêtait pas de le fixer.

    — Tu as raison, Ari. Je ne croyais pas non plus que c’était possible. On dirait mon sosie. Sais-tu ce qui me vient à l’esprit en ce moment? Une image de Diane et moi avec cet enfant, dans notre maison. Sapristi! Que suis-je en train de dire? Je ne peux pas demander à Diane d’accepter ça. Elle va me tuer! Par contre, l’idée de vivre avec ce bébé me réchauffe le cœur. Je peux très bien imaginer Diane avec un bébé. Elle aurait tellement aimé avoir un autre enfant, mais nous remettions toujours cette idée à plus tard. Un jour, il était trop tard. Peux-tu imaginer ta mère, qui a quarante-trois ans, et moi, qui a presque cinquante ans, avec un bébé, ajoute-t-il en riant aux éclats?

    Je ne peux m’empêcher de rire avec lui. Nous rions jusqu’aux larmes. Je me laisse gagner par les émotions de papa. Le pauvre! Cette situation est pénible pour lui. Ça fait des mois qu’il est préoccupé et tendu. Il rit pour ne pas pleurer. Pendant que nous rions, j’ai des visions de maman et de papa en train de jouer avec le bébé par terre, de prendre des marches avec lui et de s’amuser comme des enfants. Je sais que c’est ce qui se passera. Est-ce que je devrais lui dire ce que je vois? Je ne veux surtout pas influencer sa décision... Il a l’air tellement désemparé et bouleversé. Tant pis, je lui dis.

    — Tu sais quoi Ben? Je vous imagine facilement tous les deux avec un bébé. Je pense même que cet enfant pourrait avoir une très bonne influence sur vous deux. Je dois dire que je suis ému à l’idée d’avoir un petit frère. Par contre, je ne crois pas que ce serait une bonne idée de demander à maman d’adopter cet enfant. Il doit y avoir une autre solution. Peut-être que le fait d’en parler nous donnera des idées.

    — Tu as le don de me donner de sages conseils. En tout cas, tu peux être sûr que si cet enfant devient le nôtre je serai un père beaucoup plus attentif que je ne l’ai été avec toi. Grâce à ce que nous avons appris ensemble, je sens que je pourrai davantage mettre en pratique l’amour inconditionnel. À propos de Diane, je n’ai qu’une seule envie : lui dire la vérité, c’est-à-dire que l’enfant est né, que je suis allé le voir en cachette à l’hôpital et que je sais maintenant que je suis le papa. Et puis, que je ne sais pas encore ce qui se passera, car je ne sais même pas si Luisa gardera cet enfant.

    — C’est une bonne idée. Dire la vérité est toujours le meilleur moyen à utiliser.

    Je stationne mon auto et je prends quelques instants pour admirer l’enseigne de la résidence qu’on vient d’installer et sur laquelle on peut lire « RÉSIDENCE LABONTÉ ». C’est une belle journée d’hiver aujourd’hui. Le soleil se reflète sur la neige qui ressemble à des millions de petits diamants qui brillent. Elle est si belle cette vieille maison avec tous ces grands arbres sur le terrain. Une autre bénédiction! Quelle chance j’ai eue de trouver cette maison que les héritiers voulaient vendre à tout prix, ce qui m’a permis de l’acquérir à bon prix. En plus, elle est située sur la rue Notre-Dame, est facile d’accès et près du centre-ville. Par contre, j’ai déboursé beaucoup d’argent pour la transformer en résidence. Elle peut maintenant accueillir vingt-quatre jeunes résidents : un étage pour douze filles et un autre pour douze garçons. J’ai aussi une équipe de cinq personnes formidables pour m’aider. Je ne m’habitue pas encore à l’idée que tout ça m’appartient. En réalité, si je suis propriétaire c’est seulement parce que j’ai pu utiliser l’argent placé aux îles Caïmans. Mais, d’un autre côté, c’est moi qui ai amassé cet argent dans mon autre vie. C’est mélangeant de penser à plus d’une vie à la fois!

    Je ressens toujours du bonheur quand j’arrive ici! En même temps, je me sens stressé. Serai-je à la hauteur de ce projet qui m’habite? Je n’ai même pas vingt ans, mais j’ai l’impression d’être beaucoup plus âgé. D'ailleurs, les gens ont souvent de la difficulté à deviner mon âge : ils se demandent si je suis une personne plus âgée qui a l’air jeune ou si je suis un jeune qui a l’air plus vieux. Au fond ça m’avantage, car je peux faire des affaires avec des gens de tous âges. Mishaël, ne me laisse pas seul s’il te plaît. Tu es mon plus grand soutien et tu sais toujours m’encourager.

    Mon équipe m’attend pour une réunion générale. On doit discuter de la grande ouverture de la résidence prévue pour le 1er mars. C’est dans une semaine! Tout le monde m’accueille avec le sourire. Ça me fait tout drôle d’être leur patron. En fait, je les considère davantage comme ma nouvelle famille. Maman aussi est présente, car elle a accepté de s’occuper de l’aspect légal de l’entreprise pendant sa première année d’existence et fait son possible pour assister à nos réunions.

    Plusieurs journalistes ont été invités à l’ouverture. Grâce à Micheline (Mimi pour les intimes), notre travailleuse sociale, il y aura aussi des représentants de plusieurs organismes dédiés aux jeunes. Maman, en sa qualité d’avocate, a demandé à toutes les personnes qu’elle connaît d’être présentes, surtout celles œuvrant en politique. Nous attendons une centaine de personnes au total. Quelle journée excitante! J’ai hâte de voir le résultat de toutes ces démarches.

    Pendant que nous révisons tous les détails de la journée d’ouverture ainsi que le dépliant qui sera remis aux personnes présentes, je ne peux m’empêcher de prendre quelques instants pour observer et écouter tous ces gens qui sont arrivés dans ma vie pour m’aider. Comme je suis fier! Je suis surtout chanceux d’être si bien entouré. C’est comme si c’était leur propre résidence : ils sont aussi emballés que moi.

    Carina, à mon grand bonheur, a accepté de faire du travail administratif trois jours par semaine. Kim, ma grande amie pour qui j’ai un faible, s’occupera de la comptabilité et des achats. Quant à Mimi, elle a vingt-cinq ans et a acquis quatre ans d’expérience en tant que travailleuse sociale auprès des jeunes de la rue. Elle est aussi une artiste. Elle est arrivée dans nos vies d’une façon très spéciale : elle était assise dans un café près de Carina quand elle l’a entendue dire à maman au téléphone qu’elle cherchait une travailleuse sociale pour le centre. Mimi a tout de suite été intéressée et l’a approchée. Elle est tellement dynamique. Elle veut même enseigner des techniques artistiques aux résidents qui seront intéressés.

    Deux jeunes hommes complètent l’équipe : Hugo, qui a vingt ans, s’occupera de la cuisine et Fred, qui a dix-huit ans, sera responsable de l’entretien de la résidence. Fred est le fils d’un des ouvriers qui ont fait les rénovations. Il est jeune pour travailler à temps plein, mais il n’aime pas les études. Il préfère le travail physique et veut devenir un homme à tout faire. C’est lui qui nous a présenté Hugo, son cousin. Fred a déjà emménagé dans la résidence. Nous avons utilisé une des pièces du rez-de-chaussée pour lui faire un petit appartement privé, une chambre-salon meublée incluant une salle de bain. Comme il habitait encore avec ses parents, il est bien heureux d’avoir pu s’installer à la résidence sans avoir à payer quoi que ce soit. Il n’a eu qu’à s’acheter une télévision. Quand je lui ai offert de loger à la résidence, c’était afin d’avoir un gardien le soir et la nuit. Et puis il y a Misha – mon chien très spécial – qui demeure à l’intérieur de la résidence toutes les nuits et qui est très fiable.

    Pour ce qui est des tâches ménagères, elles seront effectuées par les résidents et supervisées par Carina, une spécialiste du ménage. Heureusement qu’elle n’est plus obsédée à ce sujet comme elle l’était il y a un an. Elle a fait un très bon travail sur ses problèmes de TOC qui faisaient en sorte qu’elle avait plusieurs obsessions, dont celles de la propreté et de l’ordre.³

    ~ 2 ~

    La décision de Diane

    Ben est arrivé. Je vais enfin avoir des nouvelles. C’est une autre belle journée d’hiver aujourd’hui. La température est clémente et il fait soleil. Nous décidons d’aller marcher dans le parc pour parler. Il est calme, mais je sens qu’il est à la fois excité et inquiet.

    – J’ai attendu deux jours après notre visite à l’hôpital pour aborder le sujet avec Diane parce que je ne m’en sentais pas capable avant. Puis, j’ai pris mon courage à deux mains, je l’ai appelée, lui ai dit que j’avais une nouvelle à lui annoncer et lui ai offert de l’amener au restaurant. Elle a accepté de me rencontrer vers 19 h hier soir. Elle ne voulait pas que j’aille la chercher...

    ...Je suis arrivé au restaurant une demi-heure avant elle. J’ai choisi une banquette dans le fond du restaurant et j’étais encore en train de me pratiquer à aborder le sujet quand elle est arrivée. Je la sentais très émue. Aussitôt assise, elle m’a regardé intensément et m’a dit :

    – Je sais ce que tu veux m’annoncer Benani. Le bébé de Luisa est arrivé, n’est-ce pas? Je le vois dans ton regard. Est-ce un garçon ou une fille? L’as-tu vu?

    – C’est un petit garçon et oui, je l’ai vu. Luisa m’a appelé pour me l’annoncer, mais elle ne voulait pas que j’aille à l’hôpital parce qu’elle a eu des complications lors de l’accouchement. Je ne suis pas surpris parce qu’elle a de la difficulté à accepter qu’elle a eu cet enfant. Cette situation lui fait vivre beaucoup de colère et d’émotions. On s’est mis dans un beau pétrin tous les deux, n’est-ce pas?...

    Je lui ai ensuite dit que je sentais qu’il fallait que j’aille voir cet enfant quand même et que j’y suis allé avec toi. Elle était impatiente d’en savoir plus et m’a bombardé de questions.

    – Et puis? Que s’est-il passé quand tu l’as vu? Est-ce aussi difficile pour toi d’accepter d’avoir cet enfant? Vas-tu faire un test d’ADN bientôt?

    En disant cette phrase, Diane est devenue toute rouge et s’est étouffée avec sa salive. Elle a dû s’arrêter pour boire de l’eau. Elle me demandait si c’était difficile pour moi mais en s’étouffant elle m’a montré à quel point c’était difficile pour elle. J’ai dû me retenir de la prendre dans mes bras. Heureusement, c’est le moment que le serveur a choisi pour venir nous demander ce que nous voulions manger ce qui a permis à Diane de se reprendre. Ben est si ému en me racontant tout ça. Quelle expérience il a à vivre! Je sais ce qui va arriver, mais je ne sais pas par quoi ils vont passer avant d’y parvenir...

    Quand le serveur est parti avec nos commandes, elle m’a regardé intensément et elle m’a laissé prendre ses mains. J’ai donc continué la conversation.

    – Ce ne sera pas nécessaire, ai-je répondu à sa question sur l’ADN. Tu ne peux pas imaginer le choc que j’ai eu quand j’ai vu le bébé. C’est moi tout craché mais en miniature. Je ne peux pas nier ma paternité. Et tu aurais dû voir son regard! On aurait dit qu’il me reconnaissait. C’est comme s’il essayait de me dire quelque chose avec ses yeux. Peut-être que toi, tu aurais pu comprendre ce qu’il essayait de me dire. Les femmes ont beaucoup plus d’intuition que les hommes avec les bébés.

    Les émotions défilent sur son visage! Il passe de la joie à voir Diane intéressée par ce qu’il raconte à la peur de ce qui viendra, au stress de la situation puis à la surprise qu’il a eue de s’entendre dire cette dernière phrase à maman.

    Je n’en revenais pas de m’entendre dire ça à Diane. Je m’étais pourtant promis de ne faire aucune allusion au fait que je voulais qu’elle voie ce bébé. Ah! l’intuition des femmes! Elle a tout de suite deviné ce à quoi je pensais. Elle m’a alors dit :

    – Tu es en train de me dire que tu veux que j’aille voir ce bébé, n’est-ce pas?

    Ses yeux se sont remplis d’eau. Elle n’arrivait plus à me regarder. Puis, elle a pris quelques bonnes respirations, s’est contrôlée pour ne pas fondre en larmes et m’a dit :

    – Je me demande ce que je suis en train de faire ici avec toi qui me parles de TON enfant avec CETTE FEMME! Une partie de moi veut partir en courant et est en colère contre toi, alors qu’une autre partie ne peut pas faire autrement que de penser à ce petit bébé qui doit se sentir vraiment seul à cause de ses parents qui ne savent pas quoi en faire. Tu sais à quel point j’aurais voulu avoir un autre enfant, une fille de préférence. Ce qui se passe actuellement réveille mon sentiment de culpabilité. Je m’en veux de m’être laissé influencer par toutes les situations que nous vivions à l’époque et de ne pas avoir écouté mon désir d’avoir un autre enfant. Que vas-tu faire Ben? Qu’allons-nous devenir tous les deux? Je sais que je t’aime encore et que tu m’aimes aussi. Je n’ai aucun doute là-dessus. Mais je ne sais pas si un jour j’arriverai à te faire confiance. Comment puis-je être certaine que tu ne tomberas pas dans un autre piège, que tu auras assez de volonté pour résister?

    Ce fut alors plus fort que moi, je me suis levé et je suis allé m’asseoir à ses côtés. Je l’ai serrée contre moi. Je la sentais tellement désemparée, comme une petite fille qui ne voit pas la solution à son problème et qui a besoin de quelqu’un pour l’aider. Je dois avouer que je la serrais pour me réconforter aussi. Nous sommes demeurés ainsi pendant une bonne minute sans dire un mot. Puis, tout à coup, elle s’est tournée vers moi et m’a dit doucement et à voix très basse :

    – Crois-tu que je pourrais aller voir le bébé moi aussi? Est-ce une bonne idée? Est-ce que Luisa le permettra? Je ne sais pas pourquoi mais j’ai une grande envie de le voir.

    Tu ne peux pas savoir Ari comme j’étais heureux d’entendre ça. Je l’ai serrée encore plus fort. Je n’ai pas osé l’embrasser même si c’est ce que j’avais vraiment envie de faire. Je lui ai tout de suite dit que c’était la meilleure nouvelle que je pouvais entendre. Puis, notre repas est arrivé. À ma grande surprise, nous avons tous les deux mangé notre repas malgré toutes ces émotions. C’était comme si quelque chose d’important venait de se régler même si nous n’avions pris

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